Chapitre 6.
Et, à mon plus grand étonnement, lorsque je me suis retourné vers la porte, elle était en train de coulisser lentement vers le plafond. Par un signe de main, M. Fargo m'invita à passer devant. Je me suis donc avancé dans l'humidité et la fraîcheur de la crypte, manquant de trébucher à la première et unique marche devant moi. Cette crypte était très peu éclairée, si peu, que j'arrivais à peine à distinguer les murs. Ces murs de pierres, qui me donnaient l'impression qu'ils allaient se refermer sur moi, semblaient soutenir cet endroit depuis un bon moment déjà. J'ai rapidement pu remarquer que des trous, d'une taille similaire à ceux pouvant accueillir un cercueil, arboraient les murs des deux côtés. Même si cet endroit paraissait lugubre et hors du temps, il ne demeurait pas moins encore utilisé aujourd'hui : la propreté du lieu et l'entretien du manoir dehors en témoignait. Un malaise s'immisça au plus profond de moi, quand, quelques pas plus loin, ces emplacements auparavant inoccupés le devenaient. Une plaque, avec un nom bouchait la cavité où le défunt reposait. J'arrivais à lire quelques noms, mais pas tous à cause de la pénombre : Ana Leguey, Romain Leroy, Mélissa Pley, Pascal Bounard, Camilla Bounard, Gloria Pley... Tous ces gens, ces personnes, hommes et femmes, réunis au même endroit, dans la paix et le silence macabre de ce souterrain... J'étais subjugué de voir que, certains avaient vécus il y a une centaine d'années, et d'autres, une dizaine d'années à peine... Je me suis senti ridiculement petit face à ces simples chiffres, pourtant juste gravés sur une plaque de marbre.
Puis, à force de progression sous les voûtes de la crypte, une salle se présenta face à moi. Je m'y introduisis, toujours en tête du duo taciturne que nous formions. Cette salle était somptueuse. Je n'avais plus l'impression d'être dans cette crypte, un peu glauque, que je venais de quitter à l'instant. En face de moi, se trouvait un splendide cercueil décoré modestement, et parfaitement conservé, le rendant assez épuré pour être une merveille. La salle était largement mieux éclairée que le reste du caveau, et les voûtes, formaient de superbes arches soigneusement décorées. Sur ce cercueil, trônait fièrement le même genre de plaque en marbre que dans le reste du caveau, avec les mêmes dimensions. Sur celle-ci était inscrit :
Adrien Pley
19 avril 2003 - 6 mai 2052
Même si je respectais entièrement les lieux, je n'avais toujours aucune idée de ce pourquoi M. Fargo m'avait emmené ici, devant cette sépulture, dans ce caveau très peu accueillant, jusqu'à cette salle. Encore une fois, il avait décidé de garder le secret, jusqu'à ce qu'il m'adresse la parole :
- Tu te demandes ce que tu fais ici, pas vrai ?
- Oui, d'ailleurs je n'arrive toujours pas à comprendre comment est-ce que j'ai pu ouvrir cette crypte, c'est forcément une erreur, me persuadais-je.
- Non, sache que le nom que tu as fasse à toi, est un grand homme, tant pour le monde de l'innovation que pour ta famille... C'est ton arrière grand-père Alan, avouait-il enfin. Il était brillant, réellement brillant, insistait-il sur un ton émotif.
- Je... Je ne l'ai jamais connu et mes parents ne m'ont jamais parlé de leurs grands-parents, pourquoi est-ce que vous me parlez de lui ?
- Un héritage... Tu es le seul héritier légitime de ton arrière grand-père.
- Et mes parents ? lui demandais-je, étonné de sa révélation. Mais... il était riche ? ajoutais-je sur un ton entre la blague et l'opportunisme.
- T'expliquer ce pourquoi tes parents ne sont pas légitimes à cet héritage serait trop compliqué, et douloureux pour toi, m'expliqua-t-il. En revanche, si tu veux insinuer qu'il avait un gros compte en banque, reprenait-il sous le ton de l'humour, absolument pas ! Mais, grâce à sa création, je pourrais facilement dire que tu fais parti des plus grosses richesses mondiales.
- Quoi ?! m'exclamais-je interloqué. Mais, pourquoi je ne le connais pas s'il a créé quelque chose d'aussi gros ?
- On l'a assassiné et on lui a volé son projet, son nom n'est jamais apparu nul part.
Décidément, plus les révélations de M. Fargo étaient misent au grand jour, plus je tombais de haut, à chaque fois.
- Qui ? Et c'était quoi ce projet ?! continuais-je de le mitrailler de questions.
- Il est évident que tu le connais, puisqu'il ne s'agit pas moins que de S.E.L.M.A.
J'étais abasourdi, mais, au moins, je comprenais mieux ce que nous faisions ici, loin de l'endroit où je devrais être actuellement. Voilà enfin le lien qui unit M. Fargo et cette crypte ! Voilà enfin le lien qui m'unit avec M. Fargo !
- Vous voulez dire que mon arrière grand-père a créée un truc aussi inhumain et abominable que S.E.L.M.A. ?
- Je t'ai déjà dit qu'il avait été volé ! me rétorqua-t-il. D'ailleurs, est-ce que tu sais pourquoi S.E.L.M.A. s'appelle-t-elle comme ça ?
- Bah, c'est l'acronyme de Service d'Émissi...
- Tiens, prends plutôt ça, tu comprendras mieux que ce n'est pas qu'un simple acronyme, me coupa-t-il en me tendant un journal très usé.
Je l'ai pris, et j'ai commencé à le feuilleter. Les premières pages n'étaient pas intéressantes du tout, je ne les comprenais même pas à vrai dire. Des gribouillis et du texte en désordre, sur une page censée être blanche, mais penchant plus sur un teint jaunit. C'est vers le milieu du carnet que le texte était plus soigné et lisible. C'était clairement un journal intime :
Septembre 2016
J'ai rencontré une fille au collège, elle est dans ma classe. Quand je l'ai regardé, pour la première fois, j'ai été troublé, j'ai passé la journée à la regarder, comme si j'étais obligé de le faire. Je sais que ça parait absolument cliché le coup de foudre au premier regard, mais là, j'y crois. Elle a un visage d'ange, un sourire somptueux et, de ce que j'ai pu lui parler (très peu), elle a l'air de rire à mes quelques interventions minables. Je ne sais pas quoi en penser... En plus, son nom sonne excellemment bien... Selma... On dirait vraiment un nom d'ange...
Décembre 2016
Je suis définitivement sous le charme de cette fille... Mais je n'ai toujours pas eu le cran de plus lui parler plus que d'habitude. La seule fois où j'ai l'occasion d'entrer en contact avec elle, c'est par le biais de ses copines, que je connais depuis pas mal de temps, et les discussions, si on peut les appeler comme ça, ne durent que quelques minutes, à mon plus grand regret...
Jeudi 11 mai 2017
Ce matin, devant la salle de physique, j'ai pu me joindre rapidement au groupe de Selma, et leur parler un peu. Une des filles à émis l'hypothèse que j'aurais une possible attirance envers Selma. Elle avait vu juste ! Bien évidemment, on a tous les deux fait une grimace. La mienne n'était pas sincère, j'aurais espérer que la sienne non plus, mais ça, il m'est impossible de le savoir...
Lundi 19 juin 2017
Fin d'année oblige, on était que six aujourd'hui en cours. Je crois que j'étais le seul à venir de mon plein gré, tous les autres y étaient poussés par leurs parents. En soit la seule chose qui me retenait vraiment, c'était Selma, rien d'autre...
Mercredi 21 juin 2017
Ce matin on était quatre. J'étais toujours le seul à venir par envie. C'était la dernière journée de cours de l'année. Je ne m'en suis rendu compte qu'une fois que je n'avais plus Selma proche de moi. Je suis rentré, suis parti m'isoler dans ma chambre et j'ai pleuré en écoutant la musique la plus déprimante que je pouvais trouver. J'avais l'impression d'être faible, un moins que rien... En fait, ce n'était pas une impression, mais la stricte vérité... Sombre après-midi... Sombre début de vacances...
Août 2017
Je suis définitivement dans une tristesse que je n'avais jamais traversée. Ça fait plusieurs nuits d'affilées que je rêve de Selma, de passer du temps avec elle, de lui parler, qu'on rigole ensemble... Il est agréable de vivre ça, mais le réveil est brutal et me replonge dans une réalité bien fade. J'ai peur qu'elle devienne une obsession pour moi... Même si je crois bien que c'est déjà trop tard... Et ce n'est pas ma lâcheté qui va m'aider à fixer ça...
Lundi 3 septembre 2018
Jour de rentrée... J'ai pris pour la première fois le bus en direction de mon nouveau lycée. J'étais pas très enthousiaste. Je l'ai été beaucoup plus en voyant Selma, qui attendait à l'arrêt de bus. Malheureusement, elle n'est pas dans le même lycée que moi, mais celui d'à côté. Petite déception, mais quelle joie de comprendre que je pourrais croiser ce visage aussi angélique tous les matins avant d'aller en cours.
Jeudi 28 novembre 2019
Ce matin, j'ai à nouveau croisé Selma en montant dans le bus. Cette fois-ci, Marina, l'amie qui est avec elle assez souvent le matin, ne l'accompagnait pas. Comme d'habitude, je laisse tout le monde entrer dans le bus. On était plus que tous les deux dehors, et je l'ai laissée passer. Elle m'a regardée et m'a sourit. Action totalement anodine pour elle, geste sans égal de mon point de vue. Ma journée a tout de suite été plus gaie. J'en suis encore touché quand j'écris ces lignes...
La nuit d'avant, j'avais encore rêvé d'elle... Même si je ne crois pas aux rêves prémonitoires, j'aimerais bien que ça m'arrive plus souvent, c'est tellement agréable de savoir que je ne suis pas invisible pour elle...
Mardi 7 janvier 2020
Finalement, croiser Selma chaque matin et chaque soir dans le bus me rend plus malheureux que comblé de joie... Évidement, elle ne peut pas savoir qu'elle cause mon chagrin, bien que ce soit plutôt mon incapacité à agir qui entraîne cette profonde tristesse. Je suis incapable de tenir un jeu de regards avec elle, et, si, lors d'un détour maladroit de mes yeux, nos regards se croisent, je fuis les siens immédiatement. Le voilà le manque de courage...
Jeudi 12 mars 2020
Presque quatre ans. Quatre putains d'années où j'ai pas été capable de bouger mon gros cul et de faire quoi que ce soit pour aller lui parler, ou même l'aborder. Et c'est pas les occasions qui manquaient, je suis juste un gros lâche, bien débile. J'ai l'impression d'être un putain de psychopathe peureux et, franchement, ça me gave. J'arrête pas de me poser des questions, tout le temps, ça me ronge de l'intérieur... Dès que je fais le vide dans ma tête, une seule image me vient, et c'est elle... Je ne serais jamais en paix...
Tous les regrets et le chagrin que j'accumule depuis des années se transforment en rage et en colère, je le sens. Mais je vais rien faire, comme d'hab parce que je suis qu'une petite merde qui a peur de la moindre chose qu'il doit affronter...
Après la lecture de ces quelques pages, la fraîcheur du caveau avait été comme annulée, je me sentais à nouveau à une température ambiante. Je m'arrêtais là, mais le journal continuait, jusqu'à la fin du carnet. Je ne pensais pas être à ce point touché par les écrits d'une personne que je n'avais jamais rencontré ou connu. Pour lui, il était clair que cette femme était très importante... Il l'a aimé pendant des années, que dis-je, sa vie, sans qu'elle ni sache rien...
Voyant que j'avais finis de lire la partie la plus intéressante du carnet, M. Fargo reprit de nouveau la parole :
- Tu comprends mieux le nom que ton arrière grand-père a choisit pour sa création ? Comme il ne savait lui dire comment elle comptait pour lui, il a nommé le plus gros projet de sa vie en son nom.
- C'est grave romantique, lançais-je sur un ton beaucoup trop léger pour parler de cette situation.
Je lui tendis le carnet pour qu'il le reprenne mais il ne bougea pas.
- C'est le tien maintenant. À quoi bon me servirait-il alors que je ne suis pas un membre de sa famille ? Comme tu peux le voir, ce carnet est très usé. C'est en partie parce qu'il l'emmenait partout avec lui, pour pouvoir écrire, dessiner, ou juste gribouiller à n'importe quel endroit et n'importe quand.
Je pris soin de ranger ce carnet à l'intérieur de mon blouson, sans trop l'abîmer, ou plus qui ne l'était déjà en tout cas.
Comme lors de ma rencontre avec lui, j'avais un amas de question concernant mon arrière grand-père et ce qu'il avait créé.
- Vous savez qui lui a volé son projet ? Et pourquoi il en a fait une chose si terrible ?
- Oui, soufflait-il, je connais l'identité de l'homme qui l'a volé et assassiné.
- Vous pouvez pas l'atteindre ? Le punir ? suggérais-je, avec une légère soif de vengeance et d'amertume.
- Il a déjà été puni. Il est mort. Cependant, on peut encore arrêter S.E.L.M.A. et tenter de préserver le génie de son créateur en la mettant hors d'atteinte, et pourquoi pas, faire en sorte de la bidouiller pour qu'elle puisse lui rendre honneur.
J'acquiesçais d'un hochement de tête, puis pris quelques temps pour me recueillir devant cette plaque de marbre. Il n'est pas facile de penser à quelqu'un qu'on n'a jamais connu, et qui, n'a même pas vécu à notre époque. Mais, de ce que venait de me révéler M. Fargo, en plus du contenu de ce vieux carnet, on ne pouvait lui retirer son humanité : il méritait ces pensées.
En finissant par remarquer la disparition de l'unique chose qui me rassurait ici, M. Fargo, l'inquiétude s'amplifiait en moi. Pris par la peur de me retrouver seul, dans ce lieu un peu effrayant, bien que plus accueillant que le couloir, je criai de toutes mes forces le nom de cet homme.
- Cameron ! chuchotais-je à peine.
Terminant la simple et la seule chose que je devais dire, je me rendais compte que je ne l'avais pas crié, mais plutôt chuchoté avec un ton un peu affolé. Cet endroit me rendait vraiment anxieux et me faisait perdre le contrôle que j'avais de moi. Soudain, une voix un peu plus lointaine répondit finalement à la requête que j'avais envoyée, pourtant de manière très peu puissante.
- Je suis juste dans le couloir de la crypte ! Pas la peine de t'inquiéter ! haussait-il la voix, de manière à être plus audible que mon cri puéril.
Je le rejoignis aussitôt. Il avait dans sa main une épaisse clé USB, qu'il rangea dans la poche intérieure de son manteau dès qu'il remarqua que je l'avait vue. Sur celle-ci était inscrit le numéro 3, et elle revêtait d'une couleur bleue fantôme.
- Qu'est-ce que c'est ? le questionnais-je sur cette étrange chose.
- La principale raison de ma venue, me répondit-il du tac au tac. Non pas que te faire découvrir cet endroit, et la vérité, ne soit pas une de mes priorités, mais je n'ai jamais eu l'occasion de récupérer cette chose. Et c'est peut-être même la clé vers la désactivation S.E.L.M.A.
- Et... elle marche comment ?
- Je n'en ai aucune idée. Pour une fois que je n'en sais pas plus que toi ! plaisantait-il de bon cœur.
Nous commencions à nous diriger vers la sortie, persuadé de ne plus avoir à revenir dans ce lugubre lieu. La porte franchie, et Dembe en vue, mon inquiétude finit par redescendre un peu. Cependant, alors que nous passions à peine le cadre de cette porte de barreau qui nous avait ouvert les portes de la crypte, une sonnerie retentit, d'un ton grave et long.
- Ça ne sent pas bon du tout, me lança M. Fargo.
Sans même nous concerter, nous commencions simultanément à courir, vers Dembe, l'arme au point. Sans perdre de temps, Cameron leva la main pour ouvrir l'escalier, et, c'est en sortant que j'ai pu remarquer que des faisceaux rouges scintillaient dans le manoir, à notre droite. Ils ressemblaient à ceux d'un musée. Cependant, je ne pense pas que les musées soit protégés par des gardes aussi imposants que ceux que j'ai pu voir. Ils étaient en formation, tous groupés, arme en main et tenue équipée. On aurait presque dit une unité d'intervention spéciale... Bref, l'observation que je venais de faire ne présageait rien de bon pour la suite de notre fuite, d'autant plus qu'ils semblaient, eux aussi, se diriger vers la sortie. Théoriquement, nous étions plus proches de cette sortie qu'eux. En réalité, eux étaient plus nombreux et mieux équipés. Notre seule solution était de courir, qu'importe ce qu'il pourrait se passer. Une fois de plus, ma lenteur d'analyse se fit ressentir, puisque Dembe pris cette décision alors que je venais à peine d'apercevoir le groupe commando. Aussitôt, M. Fargo le suivit, comportement que j'ai également adopté quelques fractions de secondes plus tard. Cette fois-ci, nos foulées étaient amplement plus grandes. Par conséquent, nos pas étaient eux aussi beaucoup plus lourd sur le gravier, et très largement audible, même de loin.
J'ai compris que nous avions été repérés quand j'ai entendu des sommations venant de derrière nous. Nous n'écoutions pas, nous courions, les obligeant à commencer de tirer, à vue. Certes, leurs équipements pouvaient clairement nous terrasser, mais nous avions l'avantage de l'obscurité, cette pénombre angoissante. Dembe, une nouvelle fois, eut un réflexe héroïque, en nous tirant tous deux sur le côté droit du petit chemin de gravier, pour nous mettre à l'abri des tirs, derrière un arbre. Il tenta de répliquer avec quelques balles, les obligeant d'arrêter de tirer pendant quelques temps.
- Ils sont trop nombreux et trop bien équipés, on peut rien faire, nous dit-il, tout en tirant encore quelques balles dans la direction des Tanks.
- Il reste encore un dernier espoir, pourvu qu'il se dépêche ! avoua M. Fargo, d'une toute petite voix.
- Lequel ?! lui demandais-je paniqué.
Je pensais vraiment mourir ce soir-là. Je commençais à voir mon corps, inerte, sur le sol, le sang coulant à flot de mon dos, criblé de balles. Au plus les pas du troupeau de gardes s'amplifiait, au plus je pensais, et je voyais cette image.
Je dirais qu'ils étaient encore à une dizaine de mètres à peine, quand cette idée disparut de ma tête. L'espoir revint. Pour cause, j'apercevais les phares arrière d'une voiture familiale rouler à très vive allure dans la direction de la troupe armée. Les tirs reprirent dès lors que les bœufs eurent vue cette menace. Ces rafales ne stoppèrent cependant pas la trajectoire linéaire de ce véhicule, qui s'arrêta à notre niveau. Dembe reprit aussitôt les tirs en direction de la troupe, qui avait commencé à se replier, tout en continuant de tirer eux aussi. Les coups de feu de Dembe entraînèrent la fin de ceux ennemis. En un rien de temps après la fin des tirs, M. Fargo m'agrippa le bras, et me tira dans la voiture de toutes ses forces, lui avec. On fut rejoint quelques secondes après par Dembe, qui sauta dans la voiture, littéralement. À peine avait-il mis le pied dans la voiture, qu'elle démarra en trompe, laissant la troupe de gardes comprendre qu'ils avaient échoués à leur mission.
Je n'avais toujours aucune idée de l'identité du conducteur, ou plutôt de notre sauveur. Cependant, c'est un point qui s'éclaircit rapidement lorsque Cameron engagea la conversation avec lui ; je pus reconnaître sa voix.
- Tu en as mis du temps, se plaignait M. Fargo.
- Mon fils est malade, j'allais pas l'abandonner comme ça ! se justifiait Glen.
- Et nous on a failli mourir ! T'allais pas nous laisser comme ça ! commenta Dembe.
- Évidemment que non, valida Glen. T'es prêt à appuyer sur la détente ? demanda-t-il à Cameron.
« Sur quelle détente pouvait-il bien appuyer ? », me demandais-je. C'est lorsque nous nous engagions sur la route principal que j'ai pu le découvrir. De sa poche, M. Fargo sortit sereinement un bouton, qu'il pressa sans tarder. Au même moment, une énorme détonation se fit sentir, provenant de derrière nous. En me retournant, je constatais, qu'il s'agissait, au loin, de la voiture que Dembe avait l'habitude de conduire, en flamme, et totalement méconnaissable.
- Vous venez vraiment de faire sauter la voiture ?
- S'ils veulent tenter de remonter la piste sur nous, bon courage, en rigolaient-ils.
- Vous mettez souvent de l'explosif sur les voitures ? consultais-je M. Fargo.
- Tout le temps, me rétorqua-t-il le plus sérieusement possible. Il est préférable de prévenir ce genre de situations que de me retrouver le dos au mur avec les chasseurs de tête de S.E.L.M.A. à mes trousses.
- Mais vous en avez déjà ! lui fis-je remarquer.
- Plus que j'en ai déjà, si tu préfères ! rectifia-t-il le tir, à ma demande.
On dit que l'amour est aveugle, mais la peur l'est encore plus ! Comment pouvaient-ils penser que mettre de l'explosif dans la voiture dont ils se servaient était une bonne idée ?
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