Chapitre 1. [TERMINÉ]
Imaginez un adolescent obsédé par la ponctualité. À un tel point que depuis toujours, et, contre sa volonté, son corps et son esprit s'offrent et se disputent quotidiennement une bataille sanglante : la sortie de son sommeil. Trop souvent, le corps n'étais pas en mesure de faire face à l'autorité écrasante de l'esprit, alors il émergeait lâchement avant même que le réveil ne sonne. Ajouter à cela une torture mentale indécente en cas de retard, et vous obtenez ce que je suis, à quelques détails près. Cette obsession vire au ridicule quand on sait que, autour de moi, la ponctualité est loin d'être une règle d'or ! Ç'en est même loin d'être une règle tout court ! À cause de cette fixation pour les horaires, la plupart des gens pensent que je suis un adolescent parfait, ou que, dans tous les cas, j'étais destiné à le devenir. Je n'ai jamais pu comprendre ça. C'est typiquement le genre de phrase que tout le monde peut sortir à tout le monde tout le temps. Ce que les gens ne savent pas, c'est ce que je ne veux pas leur montrer, ce que je garde en moi.
Ce qui a sûrement entrainé cet idolâtrement de la ponctualité c'est ce que j'appelle la « culture du non-dérangement » inscrite au fond de moi depuis gamin. Je hais plus que tout au monde sentir que j'ai le pouvoir de déranger quelqu'un. Même si je sais pertinemment que je ne le dérangerais jamais, je n'aime pas imposer ma présence et être en position de demande. C'est un mélange curieux de timidité et de... gentillesse ? Je ne sais pas. À vrai dire, je n'ai jamais vraiment aimé me sentir sur le devant de la scène devant des gens que je ne connais pas bien. Que peut-il y avoir de pire que de se sentir scrutés par les autres ? Une pauvre petite brebis à la merci d'une féroce meute de loup.
Évidemment, ce jour-ci ne devait pas être une exception : j'étais déjà presque prêt à partir quand mon réveil sonna aux alentours de huit heures dix. Un dernier coup de peigne pour essayer de rattraper un semblant de coupe de cheveux, et je pouvais y aller. En ce matin d'hiver, où il commençait à faire particulièrement froid, le temps était un peu hésitant, personne ne pouvait deviner si le Soleil allait rester caché, ou s'il se déciderait à sortir dans la journée. En tout cas, qu'il y ait un beau temps, ou pas, j'étais motivé à aller assister à l'unique cours de ma journée, c'était celui que je préférais, et de loin. De toute façon, tout le monde aime le cours de M. Itasac. En plus d'être très jeune, il enseigne sa matière comme personne ! Jamais les sciences informatiques n'avaient été si bien représentées. C'est bien l'un des seuls cours auquel je ne voudrais rater aucune minutes, comparer à bien des autres que je voudrais voir disparaître.
J'avais donc fini de me battre pour que quelques-uns de mes cheveux récalcitrants tiennent à leur place, quand j'ai pu m'apprêter à partir. Je devais traverser la maison, vide, et en verrouiller la porte. Mes parents étaient partis travailler plus tôt que moi ce matin et, par conséquent, on ne s'était pas vus. Je suis sorti de la maison, bien couvert. Comme je prenais les cours plus tard, le bus était déjà passé, ce qui voulait dire qu'il fallait que j'aille jusqu'au lycée à pied. Heureusement pour moi, il n'était qu'à quelques dizaines de minutes d'ici, encore fallait-il avoir une cadence de marche militaire. Je devais donc sortir du quartier résidentiel, aussi monotone et répétitif que n'importe quel autre sur Terre, pour atteindre le boulevard que je détestais tant. Au passage, je saluai Monica, ma voisine, qui, de son âge relativement avancé, était aussi vivace que généreuse. La voisine parfaite. Après être enfin sorti de ce labyrinthe d'habitations, j'empruntai le grand boulevard ennuyant, celui qui menait au lycée. Il suffisait simplement de suivre ce bout de route interminable pour atteindre l'entrée de l'établissement.
Sans aucune surprise, j'étais le premier à être venu si tôt. Même si la grille était déjà ouverte et que j'aurais pu entrer pour me mettre au chaud, je me sentais obligé d'attendre que les autres arrivent, et de suivre la petite coutume que nous entretenions. Depuis plusieurs années déjà, on formait une petite bande, qui se rejoignait tous les matins devant cette grille. Attendre en été n'était pas désagréable, mais dans un froid hivernal comme celui-ci, le temps était décuplé. Pour une fois que mon corps et mon esprit s'accordaient sur un sujet !
Malheureusement, certains ne partagent pas la même philosophie que moi : notamment deux amis qui ont un réel problème avec la ponctualité, enfin, je crois. D'abord, il y a Kleden, un très bon et, très vieil ami. Son majeur et unique problème : il est régulièrement, pour ne pas dire systématiquement en retard. C'est le genre de personne qui est capable de répondre qu'il est à cinq petites minutes du point de rendez-vous alors qu'il vient à peine de se réveiller. L'autre cas, largement moins excessif : c'est Bryan. Son motif, inexcusable selon lui : « besoin vital de manger son beignet au chocolat le matin». Beignet qui, bien entendu, doit nécessairement provenir de la boulangerie au coin de la rue du lycée qui n'ouvre que cinq minutes avant la sonnerie de huit heures. Cependant, ses retards sont absolument ridicules comparé à ceux de Kleden, qui peuvent parfois atteindre plusieurs heures... Et puis aujourd'hui Bryan n'avait aucun motif ! La boulangerie était déjà ouverte, bondée de clients, attirés par le doux parfum des viennoiseries chaudes.
Heureusement pour moi, je n'ai pas trop eu à attendre ce matin, quelques minutes après mon arrivée, les plus ponctuels de la bande commençaient à arriver. L'un des premiers à d'ailleurs été un jeune homme aux cheveux soigneusement disposés sur le côté, un beignet au chocolat à la main ! Ce que j'aime observer, quand on est tous réunis, c'est la manière dont toute la bande s'organise, sans même se concerter. Elle forme un cercle, et au fur et à mesure que quelqu'un arrive, le cercle s'agrandit spontanément. Je trouve ça fascinant. De la communication inconsciente et une synchronisation globale, ç'en est presque hypnotisant. Tout le monde discute et rit, une bonne ambiance pour commencer une journée ! Et dans un éclat de rire, il était primordial que Swann, la seule fille du groupe, souligne avec un ton très taquin, presque moqueur, que Kleden n'était toujours pas là. En soit elle n'avait pas tellement tort, d'ailleurs cette remarque à bien amusé Bryan, qui faillit presque recracher le morceau de beignet qu'il avait dans la bouche alors qu'il voulait déglutir.
Quand la cloche a retenti, on s'est tous séparés en plusieurs petits groupes, plus ou moins de même taille, allant respectivement dans nos salles. Pour ma part, j'allais rejoindre les gens de mon groupe devant la porte, déjà ouverte, de la salle de numérique. Kleden n'était toujours pas arrivé, ce qui ne m'inquiétait absolument pas. Monsieur Itasac finissait de s'installer, puis nous encouragea à entrer, et à nous asseoir. Comme souvent, il avait la dégaine d'un adolescent : un sweat à capuche bleu, les manches retroussées, un jean noir et de fines lunettes rectangulaires. Cette dégaine, couplée à sa manière d'animer un cours, fait de lui l'enseignant le plus charismatique que je n'ai jamais rencontré. Une fois assis, il pouvait débuter son cours. À peine quelques minutes après qu'il l'ait commencé, on frappa :
- Entrez, lança monsieur Itasac, coupé dans sa phrase.
- Bonjour, désolé, j'ai eu un problème sur la route... répondit Kleden, à bout de souffle.
Rien que d'un simple coup d'œil, on savait que c'était lui. Tout convergeait vers une seule et unique conclusion : son sprint matinal avait bien été effectué ! Pas de demi-mesure chez lui : un visage rouge vif, un torrent de sueurs dégoulinant le long de ses joues creusées par chacune de ses inspirations profondes et les cheveux en pétards, le tout à neuf heures du matin, ce ne pouvait être que lui. Il venait s'assoir au fond de la salle, juste à côté de moi :
- Salut Alan, me dit-il, le plus silencieusement possible, pourtant avec la respiration d'un cheval exténuée.
- Salut mec, lui ai-je répondu, en tâchant de rester tout autant silencieux que lui.
Après l'avoir brièvement salué, monsieur Itasac reprenait le déroulement de son habituel monologue, détaillant la période d'examen qui approchait à très grands pas. Dans sa bouche, le mot "examen" paraissait avoir une toute autre dimension. Ce n'était ni une option, ni un choix, ni même une contrainte, mais bien une formalité. Ce qui comptait avant tout, c'était ce qu'il y avait après ! Le monde curieux - si ce n'est effrayant - des études supérieures. Mon avenir à moi formait une belle ligne bien droite, sans écart et déjà tracée. Après la remise des diplômes je filerais dans une université d'informatique, là où je resterais cinq années supplémentaires avant de recevoir un nouveau diplôme - quelques lignes dans un fichier dématérialisé, en somme - et deviendrai salarié, non sans mal, d'une des grosses boîtes du pays. La question des examens ne se posait donc pas. En revanche, mon cas ne reflétait pas la globalité. Kleden, restait fidèle à lui même. Vivre au jour le jour, sans savoir que faire le lendemain. C'est optimiste, mais loin d'être réaliste. Il faut savoir reposer les pieds sur Terre, retomber dans la réalité d'Éternara : sans avenir, ton existence importe peu.
Le cours magistral dispensé, on pouvait sortir ! La vie entre ces murs n'est rythmée que par un seul son. Celui de la cloche. Un bruit monotone et pourtant annonciateur d'une bonne nouvelle : une heure de moins à subir. Cette fois-ci elle annonçait l'heure du repas. Une nouvelle fois en sortant, Kleden et moi, nous sommes regroupés avec les autres, à deux pas du restaurant scolaire. Soit dit en passant, je n'ai jamais compris pourquoi le titre "restauration" lui avait été attribué. En toute objectivité, et au vu de la qualité discutable de certains repas, qui pourrait dignement apprécier un tel service sans y être contraint ? À mon plus grand bonheur, je n'aurais pas à expérimenter de nouvelles textures inconnues de mon palais ce midi. Kleden, le malheureux, ainsi que tous les autres n'auraient pas cette chance. Une dernière sonnerie les séparait de la fin de leur journée. Finalement, je me suis éclipsé, en pleine direction de l'arrêt de bus. Pour une fois qu'il y en avait un qui m'évitait de marcher dans ce boulevard déprimant... Une fois sous l'abribus de verre, il me restait encore une dizaine de minutes à tuer. Alors, comme tout adolescent lobotomisé que je suis, j'ai dégainé mon téléphone pour traîner sur les réseaux sociaux et me faire submerger de publicité, ou pseudo-propagande pour vanter l'efficacité de S.E.L.M.A.
J'exprime toujours un malin plaisir à prendre le bus. Vous savez pourquoi ? Il est toujours à l'heure ! Depuis que S.E.L.M.A. a remplacé les conducteurs par d'autres IA, ils ne sont plus jamais en retard. Et puis, il faut dire qu'Elle en a fait une priorité. Rendre les transports accessibles à tous, tout le temps et sans incident. Et pour ce faire, il fallait virer les chauffeurs, de simples humains trop peu performants, et construire des voies entièrement réservées aux bus, tram et trains : que ce soit sous terre ou au dessus de votre tête, vous pouvez être sûr d'en apercevoir au moins une. L'argument - ou plutôt l'outil marketing - présenté aux usagers : « Plus efficace, plus rapide, moins dangereux. ». Pour une fois, ç'avait eu du sens. Un an après, le bilan tombait : "Dans tous le pays, le dispositif a su montrer son efficacité. Sur les 7,91 milliards de trajets ,786 retards ont étés enregistrés dont 26 de plus de quinze minutes. [...] Les accidents impliquant un véhicule de transport en commun de personnes ont chutés de 99,2 % et ont atteints 292 accidents (36 363 en 2143) dont 6 ont causés la mort d'au moins un usager.". Et le rapport continuait encore et encore, soulignant à quel point cette décision n'avait eu que du bon. Ici, tout le monde l'avait lu mais, honnêtement, combien étaient tombés dans le panneau ? Je ne suis pas contre qu'Elle protège - ou du moins prétende le faire - la population et tente de nouvelle choses. Mais de là à nous mentir, à des centaines de millions de citoyens ? Un schéma bien connu s'est alors répété : des gens se sont soulevés - majoritairement les chauffeurs sans job -, et on tentés de faire bouger les choses. Les chauffeurs ont obtenus gain de causes et ont tous été indemnisés gracieusement ad vitam æternam. Les autres manifestants ont curieusement tous disparus... Voilà comment Elle fait pour apaiser la population : Elle achète son obéissance ou les fait disparaître. L'un dans l'autre, le silence reste maître.
J'étais seul sous cet abribus, qui se recroquevillait presque au dessus de moi. Le verre, parfaitement transparent et encore plus lisse, brillait sous les premiers vrais rayons de soleil de la journée. Les mêmes qui vinrent se refléter sur l'écran et m'éblouissaient tout aussi vite. Soudain, alors que mes yeux se perdaient dans la réalité factice entre mes doigts, un claquement métallique raisonna au milieu de la cohue habituelle de la chaussée. Relevant la tête, pris de court, je compris alors que ce claquement n'était qu'une invitation : celle de grimper dans le bus. Bus aussi neutre, insignifiant et dénué d'identité que ce qui l'entoure. Une carrosserie blanche immaculée, mettant en valeur les mêmes cinq lettres, toutes entrecoupées par un point, d'une typographie nette, autoritaire, et d'un noir perçant : S.E.L.M.A. Je me suis empressé de m'engouffrer entre les portes, faisant face au tableau digital, où jadis se trouvaient les chauffeurs. « Mardi 11 février 2144, Aurion, 11°C, Ligne 12B. Bonjour Alan !». La voix féminine robotisé, en harmonie avec le tableau ne formaient qu'un pour me souhaiter la bienvenue. Sans grande surprise, les sièges du bus étaient presque tous vides. Une mère et son fils se trouvaient à l'avant et un quarantenaire se camouflait derrière les sièges du fond. Naturellement, je me suis installé à l'équidistance exacte, optimisant ma distance entre moi et les autres.
Dans une douceur remarquable, le trajet à repris son tracé, zigzaguant entre les voitures autonomes des plus aisées, et les précurseurs dont le fonctionnement reposait sur une conduite humaine des plus modestes. Le bus a finalement rejoint unes des fameuses routes réservées à sa circulation, dans un virage plus serrés que les autres. J'ai voulu occuper mon temps en me replongeant dans mon téléphone, mais, tous ces signaux qui m'assaillaient juste pour écouler mon temps m'en ont écœuré. Alors, j'ai tenté de regarder à travers la vitre. Pourquoi l'ai-je fais ? Excellente question. Je savais pertinemment que ce boulevard ne pourrait changer son aspect morne et fade qu'il avait toujours endossé. Puis, en portant mon attention devant moi j'ai observé la mère et son jeune fils. La mère soucieuse ne cessait de le moucher et des quintes de toux grasses le prenaient. Et même s'il n'était pas dans sa meilleure forme, il trouvait tout de même le moyen de s'émerveiller devant la grandeur du spectacle qui se dressait derrière la fenêtre : les bâtiments surplombant le sol et la masse compacte fourmillant tout autour.
Les efforts fournis ce matin ont sûrement étés bon pour mon exercice physique, mais le refaire en bus est objectivement, beaucoup plus agréable ! En un rien de temps, nous avions remontés tout le boulevard, et je m'apprêtais à sortir à l'arrêt suivant. Il était temps de le quitter cet endroit ! Voir ces écrans projeter en boucle les mêmes messages me donnait la migraine. Pourquoi en faire autant pour nous persuader que tout allait bien ? C'est souvent quand on enfonce une porte ouverte qu'on cherche à cacher quelque chose. Et que se passerait-il si quelqu'un viendrait à la fermer, cette porte ? Brutalement mon esprit se mit en alerte, et un terrible doute s'en dégagea. La porte. Le genre de doute dont je ne préoccupe jamais : « Avais-je bien fermé la porte à clef ? ». En soit, il n'y avait rien de fondamentalement inquiétant. Le quartier où nous vivions était loin d'être connu pour sa criminalité ou son banditisme éclatant. Mais, sans savoir pourquoi, cette obsession pris du terrain. Comme une dose de panique se répandant dans mes veines, l'angoisse et l'obsession formaient désormais une paire. De l'extérieur, mon visage avait du se décomposer, se blanchir, devenant bientôt aussi pâle que la carrosserie du bus. Je me suis donc pressé de regagner le quartier et ai littéralement englouti d'une traite les trois marches du palier, pour arriver devant la porte. Mon pouls s'était accéléré, la torture du doute et la vitesse pour rejoindre la porte n'en était pas pour rien.
La porte me faisait alors face. J'ai agrippé la poignée, d'un mouvement brusque, et je l'ai poussé tout aussi violement pour qu'elle s'ouvre. Rien. Elle ne s'était pas ouverte. Soulagement. Il suffit parfois d'une petite seconde de doute pour que la panique s'installe et vous ronge. Plus sereinement, j'ai pu sortir le trousseau de clef de mon sac et j'ai déverrouillé la porte pour pouvoir entrer dans la maison, encore vide. Pour ne pas avoir à faire face à un nouveau doute, j'ai décidé de refermer directement derrière moi. Et, par mesure de précaution - de la paranoïa -, j'ai préféré vérifier, parce qu'on n'est jamais trop sûr de soi. La preuve en est.
Ce après quoi j'ai directement foncé dans les escaliers pour me ruer dans ma chambre. J'étais soulagé d'être rentré aussi tôt. Comme sur le palier, j'ai engloutis les marches deux par deux. Une fois dans ma chambre, j'ai posé mon sac, mes chaussures et mon manteau, même si ça ressemblait plus à des lancers. Ma procrastination s'est alors manifestée. C'est décidé, je ne travaillerais pas tout de suite. Mon lit me tendait alors tendrement les bras, mais un message me dissuada d'aller m'y étaler. « Tu viens jouer ? ». C'était Kleden. J'ai esquissé un sourire. "Jamais en retard pour les bonnes choses !" ai-je pensé. Je me suis donc empressé d'aller manger, pour le retrouver au plus vite.
Pour aller jusqu'à la cuisine, je devais une énième fois passer par les escaliers. En descendant, j'ai manqué de tomber à cause de mon inattention : j'étais collé à mon portable, en train de répondre à Kleden. Mon talon frappa sèchement la marche. Le bruit m'a plus fait peur que mal. Je me suis alors figé, au milieu des marches, pour lui répondre : « Je mange vite fait et j'arrive. ». Par peur de me casser quelque chose, ou même de casser mon précieux objet, j'en ai détaché mon regard et l'ai rangé... En bas des marches, l'habitude a pris le relais et a orienté mon corps tout entier vers la cuisine, en passant par le salon. L'habitude n'aurait pas dû prendre le contrôle. Dès lors que, mon cerveau remarqua une chose qui n'était pas dans la routine, il me repassa les commandes. Cette vision c'était celle d'une silhouette. Je me suis glacé sur place. Elle me tournait le dos : elle admirait paisiblement le jardin comme si de rien n'était. Au vu de sa taille et de sa morphologie c'était vraisemblablement une silhouette d'homme. Il était bien habillé : des chaussures bien cirées, un long manteau noir lui descendant aux genoux et, le plus curieux : son étrange couvre-chef. Un chapeau. Noir. J'ai tout d'abord rationnalisé la situation en admettant que ce puisse être un cambrioleur. Mais ça ne collait pas. Depuis quand faut-il se mettre sur son 31 pour cambrioler ? Il avait certes des vêtements pour se camoufler, mais pas de quoi passer inaperçu. Et puis, comment a-t-il pour entrer au juste ? La porte ? Impossible ! Une fois, pas deux ! Les fenêtres au rez-de-chaussée ? À moins de briser un carreau, il n'y a aucun moyen. Et même en supposant qu'il soit entré par une fenêtre ça ne collait pas ! Monica, notre voisine, aurait appelé la police après avoir entendu un tel son ! En même temps que ma réflexion s'étoffait, je me suis mis à rebrousser chemin à pas de loup, pour qu'il ne me remarque pas. Malheureusement, mon semblant de chute dans l'escalier avait dû l'avertir de ma présence. Il savait que j'étais là, dans son dos...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top