Chapitre 32 : les Gardiens de Windy-Hill - Partie 02
« Amé ... Amélia ... Amélia, AMÉLIA ! »
Qui criait comme ça ? Ça faisait mal à la tête, vraiment mal à la tête. Que cette personne cesse de hurler, enfin ! Mais qui hurlait ? Et pourquoi ? Amélia ... C'était son nom, oui. Mais qui hurlait, à la fin ? La voix était familière ... Oui, ça lui rappelait quelque chose. Une voix qu'elle connaissait bien ... La voix de ... de ... Ro ... Romy. Roméo Altafuente.
Amélia ouvrit doucement les yeux. Ils distinguèrent un bleu, très pur. Le ciel. Le ciel, mais le ciel masqué par un assemblement de multitudes de ... têtes. Celles de ses amis. Crìs. Sheena. Ash. Ciela. Almarica. Et Romy.
- T'as un nom de fille, on te l'a jamais dit ?
Les visages inquiets ou angoissés se transformèrent tous en un instant. Sheena commença à pleurer, Ash soupira, Ciela lui fit un merveilleux sourire ... et Crìs se tordait d'un rire nerveux tandis que Romy la fixait d'un air abasourdit. Pourquoi étaient-ils tous chez Liz, l'amie de Julian ? Et où était Julian ? Sa maison avait perdu son toit ? Non, impossible ... Elle fronça les sourcils, et tenta de se remémorer toute l'histoire ... Des fleurs étranges, Leedna, une conversation floue ... Elle avait vu et entendu des choses floues, très floues. La dernière chose dont elle se souvenait fut la colère de Leedna. Leedna était furieuse. Pourquoi ? Leedna s'était mise en colère, et lui avait cédé la place ... Mais Amélia ne savait plus si elle avait forcé Leedna à le faire, ou si la guerrière l'avait poussée en avant. Héberger deux âmes dans un seul corps, c'est dur, tout de même.
- Je n'ai pas de nom de fille ! s'écria Romy, fébrile.
- Si, répondit Amélia en marmonnant, encore brumeuse. Romy Schneider.
- Je m'appelle Roméo Altafuente. Romy c'est mon surnom, Amy.
Elle fronça les sourcils. C'est vrai.
- Tu es trop bête.
Le Romy normal aurait réagi à cette insulte en s'offusquant. Celui là se contenta simplement de lui faire un grand sourire. Un sourire démentiel. Ce n'était pas drôle. Elle bougea légèrement la tête, remarquant qu'elle était au sol. Amélia écarta les doigts. Oh, c'était piquant. Piquant et doux à la fois. De l'herbe. Elle était dans l'herbe ? Ses souvenirs étaient flous, si flous ...
- Elle risque d'avoir un temps d'adaptation, murmura Ash, à sa gauche, qui était sorti de son champ de vision. En Janvier, lorsque Svelja et Fenror ont pris possession de nous pendant quelques heures, j'ai bien mis quinze minutes à me rappeler de mon nom de famille. C'est très perturbant. Là, ça fait plus de vingt heures que Leedna a pris le pas sur Amélia. Il va y avoir besoin d'un temps d'adaptation ...
- Je m'appelle Amélia Sailor. Euh, non. Non. Euh ... Lafleur ? Ah non ! Loiseau. Comme les trucs qui volent.
Un silence incrédule accueillit ses divagations.
- Vous voyez ? répondit Ash, avec un soupir.
- Ah bah, ça va pas être simple.
Amélia se redressa soudainement en entendant l'étrange voix quelque peu nonchalante, faisant fi de sa tête qui se mit à tourner comme une toupie, et trouva ... Un parfait inconnu à quelques pas d'elle, avachi contre les marches d'un escalier en bois qui menait à ce qui lui semblait être une grande maison coloniale. Elle se retourna vivement, écartant du mieux qu'elle pouvait Romy qui la tenait contre elle, et poussa un hoquet de stupeur en voyant la longue avenue qui s'étendait devant elle. Une avenue qui n'avait rien avoir avec New York, et plutôt tout à faire avec une petite ville campagnarde. Bon dieu. Mais où étaient-ils ? Que s'était-il passé ? Sa tête se mit à tourner de plus en plus vite, et Amélia se sentit basculer en arrière. Romy la rattrapa en l'intimant au calme. Mais elle avait besoin de se rappeler. Allez. Elle devait se souvenir. Oui, elle devait se souvenir. La dernière fois, elle était chez l'amie de Julian. Avec un thé. Et Leedna ... Oui. Elle avait passé du temps dans un champ fleuri. Un grand champ fleuri. Un des souvenirs de Leedna. Leedna lui avait construit un refuge mental, à partir des souvenirs du temps où elle était encore en vie. Ou alors, c'était elle qui avait envahi le refuge de Leedna. Elle ferma les yeux, se concentra ... Des bribes de souvenirs lui revenaient, des conversations ... Et elle se souvint avoir pleuré dans le champ de fleurs. Pourquoi avait-elle pleuré ? Elle avait entendu quelque chose. À travers Leedna, elle avait entendu quelque chose, qui l'avait bouleversée au point d'en pleurer. Mais quoi ? Qu'est-ce qui avait bien pu la choquer au point d'en pleurer ? Elle repensa à la gifle, et à l'agression. C'était si violent qu'elle avait encore en tête le bruit sec qu'avait fait la main sur sa joue. Ça la fit frissonner. Pour elle, ça devait remonter à quelques minutes. Mais combien de temps s'était-il écoulé depuis que Leedna avait pris la barre ?
- Quel jour on est ?
- On est le 11 Mai, petite, répondit l'inconnu.
Demain. C'était demain, se dit-elle. Et il ne serait pas rentré à temps. Elle se tourna vers Ash. Il avait le regard voilé. Il savait. Il avait compris ce qu'elle pensait. Quant à Sheena, elle regardait à son opposé, les yeux larmoyants ...
Demain, ça ferait deux ans que leurs êtres chers étaient partis. Et ils ne seraient même pas sur leurs tombes pour ça. Sur le moment, elle en voulut à l'Inexistante, de les avoir envoyés dans l'inconnu plutôt que de les rapatrier, le soir de l'attaque. Elle lui en voulait terriblement. Mais au lieu de les ramener chez eux, elle les avait envoyés dans un trou paumé, Amélia ne savait même pas où ... Il y avait vraiment de quoi devenir dingue. Non, mieux même. Il y avait vraiment de quoi en pleurer ...
* * * * *
Deux chocolats chauds (absolument succulents par ailleurs) et quelques viennoiseries plus tard, Erick avait le ventre rempli à craquer. Il en avait même la nausée par ailleurs. Mais comme il n'était pas sûr que madame Page apprécie une flaque de vomi sur le beau sol de sa pâtisserie, il ferait tous les efforts du monde pour s'abstenir. Le sourire idiot qu'il avait sur les lèvres depuis que Nancy avait commencé à lui parler de son frère et de leurs amis ne le quittait pas. Ils étaient ... Ils n'avaient pas changés. Ils étaient restés les mêmes. Nancy venait de lui raconter tout ce qu'il s'était passé les six derniers mois. Et plusieurs fois, il était passé du rire à l'inquiétude. Oui, ils n'avaient pas changé. À toujours tendre la main à leur prochain, même leurs anciens ennemis. Avec toutefois de la hargne, vu la manière dont ils avaient battu Nancy à froid, durant les premiers temps. Il avait tellement, tellement envie de les revoir, tous ... Et Ash lui manquait le plus. Nancy était en train de lui raconter en détails la manière dont ils avaient trouvé le journal de Shana, quand elle s'arrêta soudainement, le visage assombri. Elle se tortilla quelques secondes, puis finit par ouvrir la bouche, presque réticente :
- Tu ... as appelé Ash, pas vrai ? demanda Nancy après quelques minutes d'un silence très apaisant. Avant l'attaque. Tu l'as appelé. Ash m'en avait parlé. Il disait que Unknown avait tenté de le prévenir.
Erick baissa le regard sur sa tasse vide. Oui, il avait appelé Ash. Depuis toujours, Erick avait le numéro de téléphone de son frère en tête, presque marqué au fer rouge, juste au cas où, leur avait enseigné Helen. Ash avait fait de même avec lui. Et même en partant de l'île, Erick n'avait pas oublié. Alors, quand il avait entendu parler du plan de Rezher sur l'île ... Il avait décroché un combiné quelconque, le premier qui lui avait tombé sous la main, et il avait appelé. Il n'était même pas sûr de pouvoir atteindre Ash. Peut-être avait-il changé de numéro. Peut-être ne répondrait-il pas en voyant un numéro inconnu. Il y avait beaucoup d'inconnues dans l'équation. Mais il avait osé quand même. Il avait appelé. Et lorsqu'il avait entendu sa voix, il avait paniqué. Il avait débité un avertissement tellement stupide et incongru qu'Ash avait dû le prendre pour un fou mais ... Après autant de temps, entendre sa voix ... Il avait juste ... Sa gorge se serra à se souvenir. Et il se remémora la voix de son frère. Dire que deux ans auparavant, sa voix était encore quelque peu fluette, la voix d'un enfant. Celle qu'il avait entendue ce jour-là était plus grave. La voix d'un ado blasé. Une voix parfaite pour Ash. Il n'aurait pas pu en imaginer une autre, vraiment.
Il avait souvent songé au futur de son frère, après son départ désespéré. Ce qu'il deviendrait, s'il garderait ses amis, si Ash se souviendrait de lui, s'il finirait enfin par se réconcilier avec l'école, que deviendrait-il dans le futur ... À l'époque, il ne pensait qu'à la vengeance. Il ne pensait qu'à venger ses précieux amis. Alors il avait abandonné Ash. Il avait abandonné son frère, avec la très ferme intention de ne jamais revenir sur l'île, même les pieds par devant. Il était sérieux, lorsqu'il disait qu'il anéantirait l'organisation, même s'il devait y laisser la peau. Pire, il voulait y laisser la peau. La culpabilité, le chagrin et la haine de lui même l'avaient aveuglé avec une force inouïe. C'était dur, de se haïr. C'était encore plus dur de s'aimer.
- J'ai appelé Ciela aussi, finit-il par dire, après un long silence. Judith avait réussi à se procurer son numéro de téléphone. Je voulais les envoyer au Sous-Sol. Alors j'ai tenté de lui indiquer comment y aller, mais j'étais tellement pressé que j'ai fait n'importe quoi. Mais ils ont fini par y arriver.
- Ciela a retrouvé le journal de Shana, et Sheena le trimbale toujours avec elle. Tu savais qu'Ethan y avait inscrit des prophéties ?
Erick eut un temps d'arrêt. Oui, il le savait. Ils le savaient tous, en fait. Mais personne ne savait ce que Ethan voulait dire. Il écrivait tellement mal ... Incapable de le déchiffrer. Lorsqu'ils demandaient à ce dernier ce qu'il écrivait, il disait simplement qu'il laissait des messages aux prochains propriétaires du journal. Ça brossait Shana dans le mauvais sens du poil. S'ils avaient su ...
- Il voulait laisser une trace. Je suppose qu'il a réussi.
Nancy vida ce qui lui restait de sa tasse, avec un joli sourire, quelque peu rêveur. Elle lissa l'une de ses boucles blondes, les yeux rivés sur la table, dans le vague.
- Ça nous ... Ça les a beaucoup aidé. Et je pense que ça les aide encore. Tu crois que Ethan a pu les voir avec le journal ? Dans ses visions ? Qu'il savait que c'était eux, qui l'obtiendrait ? demanda-t-elle en laissant échapper sa mèche de cheveux.
- Possible. Fort probable, même. Ça expliquerait sa nonchalance lorsqu'il évoquait l'avenir du journal de Shana. Elle était furieuse à cette pensée, et Séraphina un peu inquiète. Moi pas tant que ça, c'était un compte rendu du Sous-Sol, mais c'était à peu prêt tout. Malgré les rumeurs débiles de l'époque sur le Sous-Sol, n'importe qui aurait pris ça pour un traquenard, ou des élucubrations. Seul Ethan était ouvert à cette idée, et surtout parfaitement calme. C'est juste ... logique.
- Qu'avez-vous vu, dans le Sous-Sol ?
Erick haussa les épaules. Oh, des tonnes de trucs qu'ils n'auraient jamais dû voir.
- L'Inexistante, principalement. Et Almarica aussi. Et de très nombreuses fioles d'Alchimie.
Nancy blêmit à cette évocation, et rangea une nouvelle fois ses cheveux derrière ses oreilles. Un tic courant, semblait-il. Elle touchait souvent ses cheveux.
- Était-elle déjà Marika, à l'époque ?
Il fronça les sourcils, confus. Nancy hocha la tête, comme s'il avait répondu à sa question.
- Oui, logique, marmonna-t-elle. Almarica a réagi comment en vous voyant ? Enfin ... Je veux dire, a-t-elle tenté de vous chasser ?
- Pas vraiment. Elle s'attendait à notre venue, même. Elle savait que l'Inexistante voulait nous accueillir. Almarica nous connaissait, également. Je crois qu'elle avait un œil sur tout le monde, à l'Académie. Nous n'étions pas de dangers potentiels, et elle en avait conscience. On était juste des gosses curieux. Le secret du Sous-Sol nous stimulait simplement. Et on était suffisamment honnêtes et matures pour comprendre la catastrophe que ça engendrerait si tout le monde savait pour ici. Alors on a fait une sorte de répertoire pour satisfaire la curiosité de Shana, et on est partis en promettant de ne pas revenir. Sur le coup, on avait du mal à dormir. On avait réussi à trouver le Sous-Sol, et on était les seuls à connaître son emplacement ! Enfin, à part Helen, Almarica, et l'Inexistante. Après, le temps a passé et ... C'est juste devenu un fait. On connaissait l'emplacement d'un lieu légendaire sur lequel nous n'avions plus le droit de revenir, c'est tout. Shana finit par cacher le journal dans la grille de la piscine, avec un code quelconque. Elle avait prévu de le reprendre avant de quitter l'académie, à la fin de sa scolarité ici, parce qu'elle ne pouvait se résoudre à le détruire. À ses yeux, ça représentait tellement de choses ... Mais ... le mois de Mai est arrivé, et tout s'est précipité. Quand j'ai quitté l'île, j'ai oublié ce journal. Tant mieux, d'ailleurs. Ça vous a aidé, pas vrai ?
Nancy hocha lentement la tête, semblant ailleurs, et ce fut tout. Un doux silence apaisant flotta entre eux, et il se perdit dans ses pensées, son regard accrochant une mèche rebelle de la jeune fille ... Ils avaient tout deux brisé un secret personnel ce matin. Erick n'avait réussi à raconter précisément ce qu'il s'était passé le 12 Mai, à personne. Pas même les enquêteurs ou Helen. Ça faisait ... trop mal. Beaucoup trop mal. Et Nancy, en l'espace de quelques minutes, lui avait fait déballer son ... sa malédiction. Ou plutôt, il lui avait tout déballé. C'était si simple, de lui parler, à Nancy. Un peu trop même. Il aurait dû se méfier, il se serait méfié avec n'importe qui d'autre. Mais pas avec elle. Il y avait quelque chose chez Nancy Whitehead, qui le mettait à l'aise. Ce qui s'était passé ce matin lui avait beaucoup coûté. Mais à elle aussi. Après tout, c'était lui qui, le premier, l'avait forcé à s'ouvrir.
Lui s'était dévoilé quasiment de manière inconsciente, comme si quelqu'un d'autre s'était décidé à lui raconter cette histoire. Elle, elle l'avait fait en plein état de conscience, quasiment forcée par un jeu d'enfant débile. Ça le dégoûtait de lui-même. Et ce gage plus que stupide ... Il n'avait pas pensé que Nancy le suivrait dans sa connerie, et elle l'avait fait et il s'en voulait. Terriblement, profondément. Elle ne méritait pas ça, la gamine. Il promena son regard sur son visage. Des cernes profondes, un teint blafard, négligé, des vêtements beaucoup moins ''flashy'' ... Elle avait perdu du poids, aussi. La pauvre. Seuls ses superbes cheveux n'avaient pas bougé d'un iota. Peut-être étaient-ils plus court ?
Erick se souvenait de Nancy comme d'une petite peste qui profitait de ses bonnes notes et de sa jolie bouille pour faire ce qu'elle voulait, y compris harceler les autres. Erick ne l'avait jamais supportée. Il n'avait jamais su qu'auparavant, elle avait été de l'autre côté de la barrière. Et qu'elle y avait été renvoyée très violemment. Passer de Victime à Bourreau, puis Victime à nouveau, ça n'avait rien d'agréable. C'était un cercle vicieux, même. Il comprenait pourquoi la Nancy d'avant était devenue ça. Et il était désolé. Mais au moins, elle s'en était sortie. Elle en avait bavé, mais elle était encore là. C'était ... Vraiment quelqu'un de bien, dans le fond. Malgré les crasses qu'elle avait pu faire.
- Ça va ? lui demanda-t-elle, l'arrachant à ses pensées.
- Euh, pourquoi ?
- Tu as d'énormes cernes.
- Rien de nouveau donc.
- Et un teint très cireux.
- ... Euh, gueule de bois ?
- On dirait que tu vas t'effondrer.
- N'exagère pas, s'il te plaît !
Elle se pencha en avant vers lui, et il lut dans son regard une réelle inquiétude. Ça le surprit. De toutes les personnes sur cette île, il ne pensait pas vraiment que Nancy puisse s'inquiéter pour lui. Elle eut alors un temps d'arrêt, et elle détourna le regard, l'air embarrassée. Il se contenta de hausser un sourcil, et elle fronça les siens.
- Je n'ai pas l'habitude qu'on me regarde dans les yeux, dit-elle, en grommelant.
- Pourquoi ? l'interrogea-t-il, réellement surpris.
- Parce qu'ils sont rouges, idiot.
Rouge sang. En effet. Elle tira sur ses cheveux blonds, avant de les remettre derrière son oreille. Grand signe de nervosité, comprit-il. Il pencha légèrement la tête, intriguée. L'ancienne Nancy ne semblait pourtant pas avoir de problème avec l'attention des autres. Celle-la, si. Jusqu'à quel point tout ce qu'il savait au sujet de la jeune fille n'était qu'un masque ? Étrangement, ça lui donnait envie de gratter ce qu'il restait encore de sa carapace, et de son rôle de sorcière. Nancy avait été une horrible garce avec beaucoup de monde. Mais il avait compris que la culpabilité la rongeait plus fortement que de l'acide. Et même si Sheena lui avait pardonnée, même si elle semblait s'être rachetée, et qu'apparemment, on semblait avoir fait table rase de ses actions, Nancy continuait à vivre dans l'ombre de son passé. Mais en quoi était-ce étonnant, avec tout ce qu'elle avait sur les épaules ...
Elle se frotta les paupières, et une profonde fatigue marqua ses traits. Il se redressa, en faisant semblant de bailler. Cela provoqua une amusante réaction en chaîne, où la moitié du café se retrouva soudainement à faire de même. Il adorait embêter le monde. Nancy frissonna, et se massa l'épaule gauche, le regard soudainement brumeux.
- Tu as dormi la nuit dernière ? la taquina-t-il.
Elle secoua lentement la tête.
- Je t'ai cherché pendant quelques heures avant de laisser tomber, mais impossible de fermer l'œil. J'avais trop de choses en tête.
Erick perdit son air mutin. Elle était vraiment inquiète pour sa personne. Il ne le méritait pas. Il soupira silencieusement, et se leva, doucement.
- Je pense qu'on devrait rentrer. On a des heures de sommeil à rattraper, tous les deux.
Elle hocha de nouveau la tête, et suivit son mouvement. Ils débarrassèrent comme ils purent leur table pleine de miettes et de tasses de chocolats, et ramenèrent tout à madame Page avant de lui dire au revoir en bonne et due forme. Puis ils ressortirent sans un mot.
- En parlant de teint cireux, Nancy ...
- Oui ?
- T'es presque aussi moche que moi.
Elle éclata de rire.
* * * * *
« Almarica avait peur pour lui. Sa respiration était difficile, et il lui broyait la main, mais au moins, il était en vie. La question était, pour combien de temps encore le resterait-il ? Et à cette idée, elle avait envie de pleurer. Tout, plutôt que de perdre Philios. Absolument tout. Elle devait l'aider, mais comment ? Son impuissance l'écrasait, et la culpabilité lui broyait la poitrine. Si jamais Philios n'était pas venu pour elles, il n'aurait jamais été ... Zelmaria posa sa main libre sur son épaule.
- Tout est de ma faute ... souffla Almarica, laissant libre cours à ses larmes. Si je ne m'étais pas isolée ...
- Ce n'est pas ta faute. Ce n'est pas ta faute si ces hommes nous ont piégés. Si l'on va par là, c'est moi qui n'aurais jamais dû m'enfuir. Le Roi n'aurait jamais mis ma tête à prix et ...
Se contorsionnant malgré les chaînes et la poigne de Philios, Almarica prit la jeune fille dans ses bras, du plus fort qu'elle put.
- Si on va par là, j'aurais dû sagement obéir à mon frère et me marier à cet homme qu'il m'avait désigné comme époux. Et j'aurais vécu une vie que je n'aurais jamais voulu, prisonnière des exigences de personnes à qui je ne devais rien. Aurais-tu voulu finir ta vie au service de ce Roi de pacotille ?
Zelmaria releva un regard mouillé vers elle. Et elle secoua la tête.
- Pour rien au monde je n'aurais voulu ça, moi non plus. Je suis contente d'être partie.
- Moi aussi.
Une détermination nouvelle montait en elle. Elle était Almarica Reïsha, sœur de Fenror l'Inconnu, Alchimiste talentueuse, et future Ishtar aguerrie. Son chemin n'allait pas s'arrêter ici, ni celui de Zelmaria ou de Philios. Zelmaria se redressa soudainement, en respirant fortement, ayant suivi le même cheminement de pensée qu'elle. Elle se détacha doucement de Philios, qui se recroquevilla sur lui même, à moitié inconscient, et plaqua ses mains à terre.
- Le sol est poussiéreux. Ce n'est pas du sable ... Mais je peux toujours essayer.
- Comment ça ? demanda Almarica en serrant Philios contre elle, tentant de le positionner de manière moins crispée et douloureuse.
- Je vais nous trouver une porte de sortie. Je suis une Oracle des Sables. Et il est temps que je serve à quelque chose.
Elle prit une grande inspiration, se releva, en marmonnant une série de mots incompréhensible, puis s'agenouilla à terre, les paumes jointes, les yeux mi-clos, avant de s'asseoir gracieusement sur ses talons, et de plaquer doucement les mains à terre.
- Ô, seigneurs des Terres et des Cieux, êtres immémoriaux, maîtres de ce qui est advenu et de ce qui est à advenir, je vous demande humblement votre aide quant à mon problème : montrez-moi la voie.
Soudainement, Almarica crut distinguer une lueur dorée dans les prunelles sable de sa partenaire de cellule, et entre ses doigts, la poussière remua, comme secouée par une brise inexistante. Et Zelmaria leva légèrement les doigts de la terre, un fin voile de particules accroché à ses doigts, comme si la jeune fille manipulait une marionnette invisible. Et la poussière se souleva. Les grains de terres se mêlèrent les uns aux autres, pour former à une vitesse hallucinante de sombres figures aux contours grotesques et fuyants dont elle ne distinguait pas la forme. Tout s'enchaînait à une vitesse hallucinante, sous le regard perçant de Zelmaria, qui surveillait son ballet de terre avec une telle concentration que des perles de sueurs glissaient le long de ses tempes. Et au bout de ce qui lui sembla être une éternité, Zelmaria relâcha sa concentration, hors d'haleine, le regard empli de larmes. Elle laissa échapper un long sanglot en s'empoignant les cheveux, sa respiration saccadée résonnant dans toute la hutte.
- Je le savais, je le savais, je le savais, je le savais ... réussissait-elle à murmurer.
Un frisson glacial la secoua, et Almarica resserra sa prise sur Philios avec tant de force qu'elle lui arracha un couinement de douleur. Que lui arrivait-il ?
- Zelmaria ... ?
- Ils arrivent. Ils arrivent, pleurait l'Oracle des Sables, son visage enfoui entre ses mains.
Mais de quoi parlait-elle à la fin ? Étaient-ils ... Perdus ? La jeune oracle empoigna sa chaîne qu'elle secoua sans ménagement, comme si elle tentait de l'arracher du piquet dans lequel était accroché le maillon, profondément enfoncé dans le mur de leur geôle en terre.
- La terreur va changer de camp. Ils vont apprendre le vrai sens de ce mot. Et ils vont l'apprendre dans la douleur et le sang.
Un frisson parcourut le dos d'Almarica. Le sang et la douleur ? La terreur ?
- Zel ... suffit, coassa Philios, ayant retrouver un semblant de conscience.
S'apercevant de son réveil, Zelmaria pleura de plus belle, répétant en boucle deux petits mots, entre ses dents :
- C'est fini. C'est fini.
C'est à ce moment-là que la porte de leur misérable hutte s'ouvrit en un horrible craquement, la lumière se déversant dans leur prison, les aveuglant tous. Et y entra la femme de la veille. Celle qui avait failli tuer Philios. Zelmaria feula comme un animal sauvage, soudainement en proie à une colère quasiment hystérique.
- T-toi ... Toi ! balbutia Philios en la pointant d'un index tremblant, trop épuisé pour ne manifester ne serait-ce qu'une émotion particulière.
Elle s'avança sans un mot, son visage aussi inexpressif que celui d'une statue.
- Je t'ai vu ! Je t'ai vu, et tu vas souffrir pour tes crimes, cracha Zelmaria.
- Les seuls crimes qui sont à punir, sont les vôtres, déclama alors la femme, la main fermement posée sur ce qui lui parut être une sorte de longue épée, d'un ton monocorde.
Zelmaria ricana silencieusement, son visage maculé de terre et de larmes.
- Je ne retournerai jamais là-bas. Et lui non plus.
- Les ordres sont les ordres. Vous retrouver a été suffisamment dur, et intégrer cette bande de criminels fut une épreuve dont je me passerai fort bien à l'avenir. Alors maintenant, vous allez venir avec moi, auprès de Sa Majesté, et lui seul décidera de vos sorts de traîtres. À toi, et à ce faux prince de malheur, dit-elle en jetant un regard presque dégoûté sur Philios.
Un spasme de rage secoua Almarica.
- Si tu le veux, tu devras me passer sur le corps.
- Je n'aurai aucun mal avec ça. Tu n'es pas une priorité. Et tuer une Reïsha ne sera qu'un plaisir amplement mérité, lui répondit-elle sur un ton glaciale, commençant à
dégainer son épée.
C'est alors qu'une grande ombre surplomba la guerrière. Une ombre qui la prit par surprise, plaçant une longue lame sous sa gorge, la désarmant d'un coup sec de sa main libre. Un regard doré brûlant de fureur et une longue natte rouge apparurent alors dans le champ de vision d'Almarica. Fenror. Fenror était là.
- Touche les, et tu mourras, dit alors son frère à la femme, sa voix soudainement bien trop grave sans l'habituel timbre joyeux du second prince du royaume de Domitien.
C'est alors qu'une longue plainte surgit de derrière le Reïsha et sa prisonnière, plainte amplifiée par une multitude d'échos dans le village des bandits. Une plainte de terreur.
- Ils sont là, et vous allez connaître le sens du mot terreur, déclama Zelmaria, dans un souffle.
Fenror était arrivé, emmenant avec lui les autres. Et à entendre ce qu'elle entendait, Almarica comprit enfin ce que Zelmaria avait vu. L'arrivée de ses amis, et la leçon qu'ils étaient en train de donner aux bandits. Personne ne s'en prenait à eux sans en subir les conséquences. Pas même des bandits sans foi ni loi. Almarica ferma les yeux, remerciant les Dieux de ce miracle. Puis elle se pencha vers un Philios de nouveau inconscient, plus pâle que jamais.
- Tiens bon, Philios. Nous rentrons à la maison. »
* * * * *
Crìs poussa un long soupir, la main posée sur l'épaule de son frère. Amélia était enfin revenue. Ça allait soulager tout le monde, très certainement. Son frère, déjà, qui était à cran depuis leur départ de New York. Et personnellement, il restait inquiet pour Amélia. La savoir de retour lui allait parfaitement bien, même si elle était ... étrange. Quoi qu'il en soit, elle lui avait beaucoup manqué.
- Votre amie va bien ? demanda Zack, toujours affalé sur ses foutues marches.
- On peut dire ça ... marmonna Ash. Mais elle a besoin de repos. Et d'un minimum de confort ... On peut rentrer ? S'il vous plaît. Elle ...
- De l'eau, du thé ... Oh, boudieu, j'ai envie de thé. Vous n'avez pas de thé à me donner ? s'écria Amélia, le regard voilé.
« Boudieu ». Sérieusement ? L'inconnu jeta un regard curieux sur Amélia en penchant la tête.
- Oui ... Votre amie a besoin de repos, hein.
- JE VEUX DU THÉ !
- Oui, oui, tu en auras, la calma Romy.
Même si Leedna s'était bien nourrie ce matin, ça ne semblait pas empêcher Amélia d'avoir envie de ... thé. Il se rappelait du mois de Janvier, quand Fenror et Svelja avaient pris le dessus de Ciela et Ash le temps d'une journée de cours. Au retour de leurs amis, ils étaient aussi incohérents que des bugs informatiques, et Ash s'était goinfré de chocolat jusqu'à vider sa réserve personnelle, tandis que Ciela avait passé la soirée suivante à lire des livres à l'envers. Leurs deux amis étaient ... plutôt faciles de caractère, en général. Mais durant cette soirée-là, ils avaient été véritablement insupportables. Et connaissant Amélia, qui était bien moins simple qu'eux, ils allaient sans doute en baver. Et le thé n'était que le commencement. Ciela, qui devait pressentir la même chose que lui, lui fit une grimace peu avenante. Il y répondit avec une bien pire.
Zack se leva vivement, en époussetant inutilement son jean, avant de monter sur le perron pour frapper vivement à la porte.
- Rina. Ouvre. C'est un ordre, assena-t-il, vivement.
Crìs tiqua, un peu mal à l'aise. Il n'arrivait pas à cerner Zack. Certes, ce dernier ne semblait pas leur vouloir le moindre mal, mais la tension vive qu'il avait ressenti entre la vieille femme et le jeune homme ne le mettait pas en confiance. Clairement, elle ne les aimait pas. Et ce n'est pas que ça dérangeait Crìs d'entrer dans la maison de quelqu'un qui semblait vouloir les étrangler ... Mais ça dérangeait Crìs d'entrer dans la maison de quelqu'un qui semblait vouloir les étrangler. Zack frappa de nouveau à la porte, l'air sombre.
- Rina, il y a urgence ! Je n'ai que faire de ton ...
Un bruit sec les fit tous sursauter, et Zack recula de deux pas, rapidement. La porte s'ouvrit alors, vivement, et leur apparu Rina, la mine toujours aussi sévère. Elle s'était changée, en des vêtements un peu plus chic, et ses cheveux blancs reposaient en une parfaite tresse blanche sur son épaule, étrangement très semblable à celle qu'Almarica aimait bien faire. Son pantacourt accordé à une chemise blanche parfaitement repassée lui donnait un air plus jeune, plus cool, presque. Mais son air fermé, aussi sévère qu'autoritaire, n'inspirait toujours rien de bon.
- Nous avons des invités, vu que MONSIEUR souhaite laisser entrer ces inconnus dans NOTRE maison. Alors, j'ai dû faire un peu de ménage. Si MONSIEUR me le permet, bien sûr.
Sa phrase, dégoulinante de sarcasme, ne parut pas plaire à Zack. Loin de là. Il lui jeta un regard effrayant, en croisant les bras.
- Il va falloir que nous ayons une petite conversation.
- Comme tu voudras ! s'écria la vieille femme en levant les yeux au ciel.
Puis elle entra dans la maison, les invitant à faire de même d'un mouvement de la main. Zack entra à son tour, et ils le suivirent, Romy et lui soutenant une Amélia presque comateuse, qui débitait des âneries.
Le vestibule était exactement comme il se l'imaginait. Un grand couloir en bois, bordé de vieux meubles anciens finement taillés, de tableaux, et un vieux tapis aux couleurs ternes se chargeait de les acceuillir. Pour un peu, Romy se serait cru comme dans un de ces films historiques du XVIIIème siècle. C'était d'autant plus perturbant que tout était très propre. Comme si la poussière n'avait aucunement sa place ici. Rina était probablement une dingo du ménage.
- Au salon, se contenta de dire la dame en avançant dans le couloir d'un pas très raide.
Ils obtempérèrent sans un mot, ne daignant pas aggraver la situation déjà assez précaire, étant donné l'évidente colère de Zack, qui avait couru après Rina, en l'appelant d'un ton qui n'augurait rien de bon. Ils devaient être en train de se disputer dans le ''salon''. En attendant qu'Amélia, qui s'était laissée tomber à terre après avoir trébuchée, arrive à se relever en cessant de réclamer du thé sans arrêt, Crìs jeta un coup d'œil presque désintéressé autour de lui. Les murs étaient entièrement tapissés d'un vieux papier peint orné de fleurs quelconque sur un fond beige très discret. Des cadres contenant de jolies peintures de paysages sous différents temps et saisons étaient accrochés à même les murs, donnant une agréable touche de couleur vide à tout ça. C'était très joli. Certains lui paraissaient être irréalistes, dépeignant des lieux bien étranges, l'air tout droit sortis de films fantasy, ou d'un rêve particulièrement amusant. Ça le fit sourire. Zack et Rina avaient de bon goûts, en matière d'art.
- Laissez-moi en paix, je suis une grande dame, je peux marcher seule !
Amélia repoussa Romy qui l'avait aidée à la relever, avant de tenter de marcher par elle-même, mais finit par basculer sur le côté, moins de trois pas plus loin. Elle s'effondra sur un guéridon, que Romy rattrapa de justesse, le vase qui reposait dessus roulant sur le tapis à leurs pieds. Ash lâcha un juron, et ramassa l'objet, heureusement vide et intact, tandis qu'Almarica courait aux côtés de leur amie à terre, et que Romy relevait doucement la petite table sur ses trois pieds, replaçant dessus à la va vite un grand et joli napperon en dentelle qui la recouvrait auparavant. Crìs acheva de stabiliser la pauvre petite table, et de replacer le joli travail en dentelle correctement, posant le vase au centre du joli dessin fait en plein milieu du napperon, tandis que son frère accourait vers une Amélia quelque peu choquée par sa chute.
- Ça suffit les bêtises, espèce de française têtue ! Tu es exaspérante ! gronda Almarica. Dorénavant, tu la boucles, et tu laisses les garçons t'aider. Sinon, je te promets que je te fais avaler une potion qui te fera devenir verte.
Amélia, déjà en train de râler, ferma la bouche d'un claquement sec, les yeux grand ouverts, et hocha lentement la tête. Bien, elle semblait ENFIN calmée ... Romy aida de nouveau Amélia à se relever, qui, soudainement plus docile, se laissa faire sans protester. Ciela se rapprocha d'Almarica, à quelques pas de lui.
- Eh, tu as vraiment une potion comme ça ?
- Oui, je l'ai créée par accident ...
Elles continuèrent leur conversation en suivant Romy et Amélia, laissant derrière elles Crìs ... Et Sheena. Cette dernière, restée en retrait depuis son entrée dans la maison, avait son attention rivée sur l'un des tableaux accrochés aux murs, représentant une grande forêt auréolée de rayons de soleil dorés, les feuilles vertes des arbres dessinées avec une telle précision qu'il aurait pu s'amuser à les compter. Les détails étaient impressionnants. La personne ayant décider de peindre ce tableau avait dû y passer des jours ... Le résultat était bluffant. Pas étonnant que la jeune demoiselle en soit ébahie. Un jour, peut-être devrait-il lui proposer de l'amener au musée ...
- Eh, Sheena, tu viens ?
- Hum ...
- Sheena ? Dépêche-toi, on doit rejoindre les autres, allez !
Elle finit par lentement détacher son attention, pour reporter son regard sur lui, l'air complètement perdue. Son visage avait pris la teinte de ses cheveux. Alarmé, Crìs la rejoignit en deux pas, inquiet.
- Sheena, eh, ça va ?
Elle se frotta les yeux, perturbée.
- Je suis très fatiguée. Je ne me sens pas ... bien.
- Eh, tu vas pas tomber malade, j'espère ? lui dit-il en apposant doucement une main sur son front.
- je n'ai pas de fièvre, grommela-t-elle en balayant sa main, un peu bougonne.
Il lui fit un petit sourire, auquel elle répondit de son mieux.
- On est tous très fatigués, c'est normal. Et cet endroit me met mal à l'aise, répondit Sheena d'une petite voix.
Crìs posa sa main sur la tête de la jeune fille, avec tendresse. Il avait vraiment hâte de partir, lui aussi.
- On rejoint les autres ? proposa-t-il.
Elle acquiesça doucement, avant de jeter un dernier regard troublé vers le tableau, et de le suivre.
- Il a quoi, ce tableau ? demanda Crìs, curieux.
- Je n'aime pas ce qu'il signifie.
- Comment ça ?
- ... Rien, ce doit être juste moi.
- Mais qu'est-ce que tu raconte ?
Elle secoua la tête, le regard vide.
- Rien. Je manque juste de sommeil. Et moi aussi, tout compte fait, j'aurais besoin de thé ...
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Mais non, mais non, tout va bien. Enfin, pour le moment.
Philios, pauvre Philios, on sait qu'il va survivre, mais tout de même ! Et non, Zelmaria n'est pas folle. Mais elle n'en est pas loin. Vous comprendrez.
J'aime bien Nancy et Erick. Écrire leurs interactions me plaît, il y a quelque chose chez eux qu'il n'y a pas chez les autres.
Zack et Rina sont deux personnages très importants pour la suite. J'en ricane déjà ! J'espère que ça vous plaira !
Halloween approche ! Vous allez le fêter ? Ou pas ? Eh, profitez-en pour vous gaver de bonbons, faut bien se faire plaisir dans la vie ...
Allez, à la prochaine, bande de feuilles d'automne enflammées !
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