Chapitre 17 : révélation familiale

- C'est frustrant quand même.

- De quoi ? demanda Crìs à son frère.

- Almarica qui dort, répondit-il en la pointant du pouce. Elle a plein de réponses, mais on pourra pas les avoir avant son réveil.

Crìs hocha la tête. C'est vrai que c'était frustrant.

« - T'inquiète. Almarica n'est pas une grooooosse dormeuse. Elle se réveillera rapidement. »

- Guemnir me dit que ça ne devrait pas durer trop longtemps.

- Ah bon ? C'est une bonne nouvelle alors. Et euh ... Rapidement pour lui, ça veut dire ... ?

« - La dernière fois que c'est arrivé ... Elle avait bien dormi une semaine. Mais les circonstances n'étaient pas du tout les mêmes. Je dirai donc ... moins d'une semaine. »

- ... Moins d'une semaine.

Romy grimaça.

- Si elle pouvait se réveiller avant demain, ce serait la meilleure des solutions, conclut Crìs.

- Ouais. Et Ash nous ferait pas de crise cardiaque.

Crìs acquiesça d'un claquement de langue, se remémorant avec un pincement au cœur l'état dans lequel leur ami était parti prendre sa douche. Kiwi, Violet, et maintenant Helen ... ? Ça ferait trop. Surtout si tout est encore à cause des Saint Souls. A se demander comment avait il fait pour ne pas devenir fou, ce pauvre môme ...

- Au fait, y'a un truc qui me chiffonne.

- Hum ?

- Julian. C'est moi ouil connaît bien Helen ?

- Baaah ... Si je me souviens bien, il disait être un pote des parents de Ciela et Ash. Pas étonnant qu'il ait traîné avec Helen.

- La réaction qu'il a eu quand il a appris pour Helen, c'était pas une réaction qu'aurait eu une simple connaissance.

Crìs perdit son sourire. Romy avait raison.

- Tu soupçonnes un truc ?

- Dans le mille. Qui sait, peut-être que dans leur jeunesse, ils se sont connus ... ?

- ... Intimement ?

- LES GARS ! Ça suffit ! rugit Amélia.

- Hé, on fait que blaguer.

« A moitié », pensa Crìs avec un grand sourire.

- Laissez Julian en paix. Le pauvre, il n'a pas besoin de ça, grommela Sheena.

- Je me demande s'il n'a pas ... Quelque chose sur le cœur, lança Ciela, achevant de trier le bazar ménager que Julian leur avait ramené.

Quelque chose sur le cœur ? Comment ça ?

- Je veux dire ... Avant que l'Inexistante ne l'aide. Il était quoi ?

- Ciela, ça ne nous concerne pas.

Elle plaqua vivement la pile de pulls qu'elle venait de faire sur la table et se retourna vers eux.

- NON SANS BLAGUE ? s'écria-t-elle avec force. JE SAIS BIEN QUE ... Oh, pardon. Pardon. Pardon.

Elle se mit à fixer ses pieds, ses poings serrés si fort que ses phalanges en devinrent blanche. Puis, elle s'élança vers le couloir, suivie de près par Amélia qui claqua la porte derrière elle sans ménagement.

Crìs ouvrit de grands yeux. Wow. Ciela n'était pas bien. Mais alors pas bien du tout. Remarque. Pas étonnant avec tout ce qui était entrain de se passer. C'était même un miracle qu'ils tiennent encore debout. Enfin, façon de parler étant donné qu'il était actuellement assis par terre, contre le canapé. Sheena, assise sur le fauteuil qu'occupait Julian quelques minutes avant, le journal intime de Shana sur les genoux, regarda ses deux amies partir avec inquiétude. Romy lui fit signe de ne pas bouger : Amélia était déjà partie à sa poursuite, ça irait. Ciela ne s'énervait que très rarement, et généralement, c'était explosif. Une fois, Ash l'avait comparé à une cocotte minute. Elle gardait tout en elle, le plus longtemps possible, pour éviter de gêner qui que ce soit avec ses soucis ou ses problèmes, mais malheureusement, elle finissait toujours par craquer. Et ça finissait en cris ou en larmes, puis en loooooongs moments de culpabilité, avant de recommencer le même cycle. Et Ash se lamentait pour ça. Il espérait qu'elle apprenne toute seule à se sortir de ce cercle vicieux. Il avait tenté de l'aider mais à chaque fois il rencontrait un mur.

Malgré lui, son regard glissa sur Sheena. Elle était un peu dans le même style que Ciela, mais ces derniers temps, elle s'affirmait un peu plus. En repensant à l'espèce de ... De demande en mariage de tout à l'heure, il ne put que sourire. Oh, Sheena ... Il y a un an, ne serait-ce qu'imaginer ça l'aurait envoyé à l'hosto. Elle était devenue ... Plus brave, plus affirmée, plus ... Incroyable. Et il se félicitait d'être à ses côtés. Son premier je t'aime. Et son dernier, il espérait.

« - Crìs, t'es vraiment fleur bleu. »

Il sourit encore plus. Soudain, il reçu un coup dans les côtes qui le fit redescendre sur terre, et il faillit basculer sur le côté.

- Ça fait mal, Romy ! lui siffla-t-il en massant la zone que le coude de son frère venait de percuter.

- J'en avais marre de ce sourire niais, se moqua-t-il avec un sourire ... crispé.

Crìs lui tira la langue et attendit que son frère se retourne pour malaxer plus intensément le bleu qu'il allait sans doute avoir. Mince. Romy avait frappé fort. Trop fort. Plus qu'il ne le voulait, sans doute. C'est alors qu'une petite main blanche se glissa sous son bras et se posa doucement sur la partie douloureuse. Une agréable sensation de fraîcheur apaisa instantanément la brûlure qui lui dévorait les nerfs. Il poussa un soupir de soulagement, et se retourna vers Sheena, le sourire aux lèvres.

- Merci, mon petit bonhomme de neige.

- De rien.

Doucement, il se retourna vers elle et la prit dans ses bras, rasséréné par la fraîcheur dégagée par sa petite amie.

- Tu es aussi agréable qu'une brise un jour de chaleur torride.

- Merci du compliment ... ?

Il la sentit pouffer contre son torse.

- Ça va, ton bleu ?

- T'inquiète pas, ça va aller.

- Romy a frappé fort ! gronda-t-elle.

- Il n'a pas fait gaffe, tout va bien, tenta-t-il de l'apaiser.

Trop mignonne. Elle fusillait du regard le dos de son frère qui s'était remis à jouer avec les cheveux d'Almarica, formant des petites oreilles de lapins sur ses mèches les plus longues, sans doute plongé dans ses pensées.

- Il a l'air assez ... Perturbé, murmura Sheena tout bas en le pointant du menton.

- C'est cette histoire avec Amélia, je crois, lui répondit-il sur le même ton..

- Tu pense qu'il s'est passé un truc là haut ?

- Ouais. J'essaierai de lui tirer les vers du nez, un peu plus tard.

- Je me demande si tout finira bien ...

- Tout finira bien, Sheena. Tout finira bien, promis.

- Comment tu peux en être sûr ? demanda la Reine des Glaces en levant la tête vers lui.

Il sourit à ses deux grands yeux bleu glacier, et lui plaqua un baiser furtif sur le front.

- Parce que moi, Crìstobal Altafuente, Héros du crépuscule, vainqueur de Ganondorf le Roi des Voleurs et compagnon de route de Midona la princesse Déchue, te le promets ! Ma parole est de triforce d'or !

Elle éclata de rire et un sourire lumineux embellit ses traits fins.

- J'ai rien compris.

Il fit mine d'être offusqué, et hoqueta violemment. Vive la théâtralité.

- Sheena ! Par la Déesse Hylia, je t'ai décidément mal éduquée ! Ta culture vidéo-ludique est ... désertique.

- Pendant les vacances d'été, t'auras tout ton temps.

- Comment ça ?

- Amélia m'a proposé de rester à l'académie cette année avec tout le monde durant les vacances d'été. Pour une fois, on sera tous les cinq durant deux mois ! Enfin sept avec Ciela, Nancy et Almarica ! Peut-être même huit si Al' arrive à retrouver Philios ...

Un sourire dément naquit sur ses lèvres, et Romy sentit une excitation plus que certaine naître dans sa poitrine à l'idée de tout ce qu'ils pourraient faire tous ensemble à l'académie cet été si jamais Sheena et Amélia se décidaient à en effet rester avec eux. Ils passeraient deux mois de pure insouciance. Ce serait ... Oui ce serait un véritable bonheur.

- Ce serait parfait, lui souffla-t-il. Ce serait vraiment parfait, Sheena.

Elle laissa retomber sa tête contre son torse, et elle l'entoura de ses bras. Elle n'arrivait même pas à faire le tour de sa taille avec ... A côté de lui, Sheena était une petite poupée fragile. Parfois, quand il la tenait dans le creux de ses bras, ainsi, il se disait que s'il serrait trop fort, elle se briserait, comme une fragile statue de glace.

« - Dis, tu veux que je sorte les violons, monsieur Nuage-Rose ? »

- Sérieusement, Guemnir, tu gâches tout.

* * * * *

Ash descendait les escaliers, marches deux par deux, quand il aperçut Ciela lui filer sous le nez, sortant hors de la maison ... En larmes ? Amélia, qui poussa un juron purement français, s'apprêta à la rejoindre quand elle aperçut Ash.

- Qu'est-ce que ...

- Tu. Vas. La. Chercher. Tout de suite ! martela-t-elle en pointant la porte d'entrée de son index, autoritaire.

Ash lui lança sa serviette mouillée et la bouteille de shampoing, avant de sauter les dernières marches, prêt à rattraper sa petite amie. Il sauta sur le perron, fouillant rapidement du regard la rue devant la maison. Bon sang de bonsoir mais où comptait-elle bien aller ? Si jamais il devait se mettre à courir après elle ... C'est alors qu'un cri strident retenti non loin de lui, lui faisant se dévisser la tête sur la droite, suivi d'un grand « BOUARF » et d'un bruit de chute remarquable. A quelques pas de lui, Ciela venait de se rétamer par terre de tout son long.

- Et mer ... Ciela ? l'appela-t-il un peu inquiet en la rejoignant à petites foulées.

Elle ne se releva pas. Ash craignit qu'elle ne se soit assommée, mais il entendit une sorte de grognement qui lui rappelait fortement les siens lorsqu'il était obligé de se lever à sept heures un jour de week-end.

- Donc, tu comptes te relever un jour ou l'autre, ou ça se passe comment ?

- ... Nan. Veux pas.

Il leva les yeux au ciel et s'accroupit devant sa petite amie, le menton dans la main.

- Du coup j'attends que tu te fasse écraser par une bagnole ou qu'un oiseau décide de faire de tes cheveux un nid ?

Elle leva vers lui un regard doré mi-courroucé, mi-amusé. Ses joues maintenant striées de poussière et de larmes étaient maculées de saleté.

- Allez, debout.

Il la prit par les épaules et la redressa aussi facilement que si la Belge ne pesait que quelques kilos. Décidément, Ciela était un vrai poids plume.

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? demanda-t-il en lui essuyant les joues avec ses manches.

Elle se dégagea doucement et termina elle même le travail, en reniflant.

- Ça va ... Et toi ? C'est à toi qu'il faut demander ça, bougonna-t-elle.

- Fenror m'a ... calmé. J'étais fatigué. Vraiment. Je ... J'ai fait tout un foin pour que dalle.

- Que dalle ? Ash, arrête. C'est pas que dalle ! Je ...

Elle le quitta des yeux et tapa du talon par terre. Elle avait l'air frustrée.

- Je veux juste rentrer. J'en ai marre de tout ça. Je veux que ça s'arrête. Je ... Je m'inquiète pour toi, pour Helen, pour Philios, pour Almarica, pour ... Même pour Romy bordel ! Et ce pauvre Julian ... Et ... Et ... Je sais que tu es terrorisé, et j'aimerais pouvoir t'aider plutôt que de juste être là comme une potiche, et ... JE VEUX ÊTRE UTILE ! explosa-t-elle.

Ciela qui jurait, il aurait décidément tout vu. En un sens, il comprenait plus ou moins ce sentiment. De l'impuissance. Il repensa à l'affreux sentiment qui l'avait ravagé lorsqu'elle avait disparu à Halloween. Un violent frisson le secoua. Avec le désespoir et le manque, l'impuissance était pour lui la pire des choses.

- Ciela ...

- J-je suis désolée. J'aurais pas dû dire ça, se rétracta-t-elle en secouant vivement la tête.

- Ça va. T'as le droit de craquer.

- Mais non merde ! Je ...

Il la stoppa immédiatement dans son discours et la fixa dans les yeux.

- Hé, ça va. Tout va bien Ciela. Tu as le droit de pleurer, d'être fatiguée, de péter un câble, il n'y a aucun problème. Je suis désolé pour tout à l'heure, j'ai été brusque.

Elle le regarda avec ses grands yeux dorés et se laissa mollement tomber contre son torse. Ash poussa un long soupir, et se mit à lui frotter le dos ... Avant de froncer les sourcils.

- Je rêve ou tu es en train de t'essuyer le visage sur ma veste ?

Il la sentit ricaner et il leva les yeux au ciel, avec cette fois-ci un petit sourire en coin à l'appui.

- Va prendre une douche au lieu de salir mes affaires.

- Héhé.

- Sale môme. Qu'est-ce que je vais faire de toi plus tard, hein ?

- Tiens tu parles comme P'pa.

Ce fut à son tour de rire.

- Allez, viens, on rentre.

- Attends, on peux rester dehors tous les deux encore un peu s'il te plaît ?

- C'est pas comme si on avait autre chose à faire ... acquiesça-t-il.

Elle glissa sa petite main entre ses doigts, et les serra fort. Ash sentit que Ciela était encore tendue, mais rien qu'un peu de sommeil ne pourrait régler. Vivement, vivement qu'ils rentrent tous à l'Académie. Ils allèrent s'asseoir sur le perron, devant la maison, observant sans vraiment la voir la rue déserte devant eux. Il n'y avait pas un chat dehors, mais dans les maisons en face, Ash pouvait apercevoir quelques mouvements, de temps en temps ... Il entendit même un aboiement ou deux. Il ne devait pas être loin de midi, maintenant. La plupart des habitants du quartiers devait déjà être au travail. C'était ... paisible. Vraiment.

- Au fait Ash. Tu ne trouves pas Julian un peu étrange ?

- Bah si un peu, comme nous tous, mais il n'est pas dangereux. C'est un chic type, et un vrai lui, contrairement à son frère.

- Non, pas dans ce sens là, mais dans le sens ... Il cache quelque chose. Enfin, je sais que ce ne sont absolument pas mes affaires mais ... Enfin, je me demandais ... Si tout allait bien pour lui.

- Tu peux pas t'en empêcher hein. De te mêler de ce qui ne te regarde pas.

- Je sais, je sais mais ... Il me fait penser à un chiot battu.

- Un chiot ... Oh bon sang de bonsoir, Ciela. C'est quoi cette comparaison ?

- Mais ! Bon d'accord c'était peut-être un peu ... abusé, mais ... Enfin, regarde ! On dirait Philios !

Ash perdit son sourire. Il s'en était aperçu, que Julian avait dû en voir des vertes et des pas mûres durant sa vie, ne serait-ce qu'avec son frère, ou le fait qu'il soit un Blood Element mais de là à le comparer à Philios ?

- Pourquoi tu dis ça ?

- Regarde le ! Épaules voûtées, sourire triste, nuque courbée ... On dirait qu'il ploie littéralement sous la culpabilité.

Ah. Tout de suite, la comparaison prenait bien plus de sens. Parce que c'est vrai que question culpabilité ... Philios tenait la palme.

- Ça ne doit pas être quelque chose de grave, sinon l'Inexistante ne serait pas venue l'aider.

- N'oublie pas que l'Inexistante n'a pas vraiment les mêmes valeurs que nous ... grimaça Ciela.

Il repensa à ses sept ans de cauchemars ... Yep. Définitivement pas les mêmes valeurs.

- Vrai ... Mais sincèrement, il ne m'a pas l'air d'être un tueur de série.

- Ouh là non ! Quand même pas ! Mais ... Je sais pas j'ai un drôle de pressentiment quant à son sujet. Un ... sentiment familier ? Quelque chose comme ça ? Mais j'arrive pas à mettre le doigt dessus, c'est perturbant.

Ash hocha la tête, pensif.

- Je comprends mais ... Ne te retourne pas la tête à l'envers. Si cela se trouve, tu te focalises là dessus parce que tu es perturbée et fatiguée ...

Ciela hocha lentement la tête, apparemment peu convaincue. Quand elle avait quelque chose en tête, elle arrivait rarement à s'en défaire ...

- Tu as sans doute raison, pardon.

- Allez, ça va aller. Almarica se réveille et on rentre.

- Ouais ...

Il passa un bras autour de ses épaules et l'attira contre lui, lissant une de ses mèches blondes. Elles commençaient à s'estomper. Ça lui ferait bizarre de voir Ciela redevenir entièrement brune. Il s'était habitué à cet étrange de mélange vanille-chocolat. Instantanément, ses pensées se concentrèrent de nouveau sur ce que lui avait dit Fenror. Décidément, c'était pas son jour aujourd'hui.

- Ash ?

- Huuuum ?

- Merci. Pour tout. Je t'aime.

- ... Je t'aime aussi, Ciela.

Elle enfouit son visage dans son cou, soufflant sur une de ses mèches rebelles et y cala son front. Machinalement, Ash posa sa joue sur sa tête, et ferma les yeux, profitant de la brise qui soufflait paisiblement dans l'air. Ash ne savait pas pourquoi, mais il avait l'étrange sensation qu'il devait profiter de ses rares moments de quiétude, à cent-pour-cent. Il n'en avait pas assez profité avec Helen et Erick ...

* * * * *

- Mariez-vous, faites des gosses et payez-moi comme nounou ... marmonna Romy, en créant un léger courant d'air à l'attention des deux tourtereaux qui se câlinaient sur le perron de la maison de Julian.

Affalé sur le manteau de la fenêtre qu'il avait ouvert à l'intention d'échapper aux effusions de tendresse de son frère et de Sheena, voilà qu'il en tombait sur d'autres ... Mais c'est pas possible, il était maudit. Il poussa une sorte de mi-grognement, mi-soupir, résigné par son destin amoureux quelque peu pourri. Romy ne put s'empêcher de se repasser la scène de l'étage en tête, une énième fois. Ils discutent. Il la prend dans ses bras. Elle le prend aussi dans ses bras. Et c'est si fort, si puissant. Bon dieu il a été à deux doigts de l'embrasser ! Et il laissa ses pensées vagabonder ... Qu'aurait-il fait, si, comme Ash et Ciela ou Crìs et Sheena, ils étaient en couple ? Il aurait osé le faire. Il aurait osé prendre son visage entre ses mains, oser caresser ses joues de son pouce, son regard plongé dans ses splendides iris verts, avant de l'embrasser. Il ferma les yeux, et imagina chaque seconde de ce petit fantasme dans son théâtre mental.

- Te quiero, la Flora ... souffla-t-il, malgré lui.

Il redescendit immédiatement sur terre et poussa un juron en se passant la main sur le visage. Mais quel crétin ! Voilà qu'il commençait à prendre ses désirs pour des réalités. Si ça continuait ainsi, il irait droit dans le mur ...

« - Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu ne veux pas te donner la moindre chance ? »

- Kryos ! Nom de ... Arrête de me faire peur comme ça ! Préviens avant de ... De me parler.

« - Très bien. Et je fais quoi ? Je t'envoie un mail ? Ting ! Mail reçu ! Expéditeur : monsieur Spock ; destinataire : monsieur je réfléchis jamais ; Objet : arrête de dire des inepties et de t'auto-flageller. »

Romy leva les yeux au ciel en sifflant vivement. Même si la plupart du temps Kryos était aussi stoïque qu'un rocher, parfois il était pris de sacrées crises d'ironisme, comme en ce moment même. Crìs, en apprenant ça, avait ri à gorge déployé puis s'était exclamé que Kryos avait dû prendre cette habitude au contact de Guemnir, qu'il qualifiait d'ailleurs de « taré foudroyé ».

- Entre toi et Guemnir, je me demande vraiment lequel de vous deux est le plus agaçant.

« - Fenror. »

- Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

« - Et ne change pas de sujet. Je te parle d'Amélia la douce pas si douce, moi. »

- Et bien moi je dis que le sujet est clos. Je peux savoir pourquoi est-ce que tu as tendance à te mêler de mes histoires d'amour ?

« - Parce que ça fait de l'animation. Et mis à part The Legend Of Zelda ou tes magazines de mode, j'ai pas grand-chose d'autre qui m'intéresse, là haut. »

- Depuis quand tu t'intéresses à la mode toi ?

« - Depuis que tes cours de chimie et de physique chimie ont cessé de m'intriguer. J'ai déjà tout retenu. Et franchement, il n'y a pas grande différence. »

- Je vois pas en quoi la mode c'est scientifique.

« - Mais si voyons c'est clair comme ... Romeo. Arrête de tenter de me faire changer de sujet. Pourquoi est-ce que tu refuses de ne serait-ce que considérer cette possibilité ? »

- Parce que dans le cas contraire, je risque de me prendre la plus grosse claque de ma vie.

« - Ta peur du rejet te paralyse. »

- Mais ce n'est pas que ça ! Je n'ai pas envie de la perdre ! Imagine ce qui pourrait se passer si jamais ... Imagine. Je vais la voir. Ça ne lui plaît pas. Et là, c'est fini de chez fini. Elle prendrait ses distances, cesserait de me parler ... Non.

« - Amélia est une de tes meilleures amies non ? Elle a énormément d'affection pour toi, pas vrai ? »

Romy ricana. Combien d'amitié « pure et sincère » avait-il vu se briser parce que Cupidon avait joué de la flèche ? Non, il ne supporterait pas que ça arrive avec Amélia. Il l'avait déjà vu rembarrer plusieurs prétendants avec autant de délicatesse qu'un hippopotame coléreux en proie à une rage de dents. Non merci, il ne voulait pas être un de ces énièmes gus.

- Et puis imagine le foutoir que ça mettrait dans le groupe ? Les tensions, tout ça, tout ça ... Non, ce ne serait pas supportable.

« - ... Sérieusement, tu me fais penser à Philios. »

- Qu'est-ce qu'il vient faire là, lui ?

« - Disons que Philios avait un don pour soutenir Almarica en toutes circonstances malgré toutes les horreurs qu'elle pouvait lui envoyer. Enfin, Amélia ne te traite pas comme un moins que rien, bien sûr, mais ... Tu comprends la métaphore. »

- ... T'es entrain de me traiter de victime là, non ?

« - Exactement. Mais ... »

- C'est bon, c'est fini, j'arrête de réfléchir et de t'écouter.

« - Romy arrête de faire ton enfant. Philios et Almarica ont toujours eu une sorte de lien très particulier, dès le départ. Comme vous deux. »

- Madre de dios, sous prétexte que Philios et Almarica ont eu un ... Une sorte de Happy Ending, nous aussi on devrait en avoir une, parce qu'on se ressemble ? C'est ridicule comme raisonnement.

« - ... Dis moi Romy. A quoi ressemblaient les prétendants d'Amélia ? »

- Prétendants ? Le mot est trop beau pour ces guignols ... ricana-t-il.

Il se crispa à ces mauvais souvenirs. Sourires brillants de blancheur, bodybuildés à souhait, et condescendance à l'appui, ils étaient tous les parfaites copies conformes les uns des autres. Tout ce qu'ils voyaient en Amélia n'était ni plus ni moins qu'un trophée que l'on exhibe avec fierté. « Hé, j'ai eu l'Imprenable les gars ! Regardez, regardez, c'est moi et pas vous ! », en quelques sortes. En repensant à ces immondes personnes qui avaient osé s'approcher d'elle ... Une rage froide et sourde monta en lui. Parce qu'en plus, plusieurs, blessés dans leur ego surdimensionné de ''tombeur de ces dames'' par le rejet d'Amélia, n'avaient pas hésité à dire des horreurs sur elle dans son dos. Il avait été à deux doigts de les étouffer. Fort heureusement, ils s'étaient très vite calmés. Et ce n'était pas par la grâce du ciel ou du saint esprit.

« - C'est bien ce que je me disais. »

- De quoi tu parles ?

« - Rien, rien. »

- T'es VRAIMENT insupportable.

« - Mais si je comprends bien, tu as l'intention de rester ainsi jusqu'à la fin de ta vie ? »

- Non, jusqu'à ce que je cesse de l'aimer ... ainsi, et que ... Bah je me trouve quelqu'un d'autre.

« - Jusqu'à quel point pense-tu que tu ne la mérites pas, Romy ? »

Il resta sans voix. Qu'est-ce que Kryos venait de dire ? Immédiatement, des dizaines d'arguments de défense naquirent sur sa langue, mais aucun ne franchit la barrière de ses lèvres. A quoi bon nier la vérité ? Il se voilait la face, après tout. Amélia était ... Tout. Absolument tout. Elle était insupportable, impétueuse, elle l'exaspérait à jouer la commandante, à les regarder comme s'ils n'étaient que des enfants ingérables, et quand elle était de mauvaise humeur, c'était pire que tout. Mais elle était plus que ça. Plus que « Mademoiselle intello gosse de riche, froide comme la glace et arrogante comme une princesse ». Elle était belle, ça, il ne pouvait pas le nier, mais il n'y avait pas que ça. Elle était loyale à ses principes et ses amis et n'hésiterait jamais à faire tout pour eux. Elle avait bien plus de connaissances que la plupart des jeunes de leur âge, et savait bien les utiliser. Amélia était aussi droite, noble, forte, mais également joueuse, juste et gentille. Il savait aussi qu'elle manquait parfois de confiance en elle. Amélia était ... Elle était ... Elle était tout pour lui. Et il était fou amoureux d'elle. Amélia, sa fleur favorite. La plus belle rose sur laquelle il n'ait jamais posé les yeux.

- Je ... Regarde-moi. Regarde-moi, Kryos. Je ne suis qu'un guignol, qui n'apporte que des problèmes autour de lui. Alors oui, Amélia mérite mieux que moi, qui ne pourrais que lui nuire. Je me considère déjà très chanceux d'être à ses côtés.

« - Très joli discours, mon ami. Mais tu veux savoir la vérité ? Tu vas t'autodétruire. Que va-t-il se passer, le jour où elle tombera amoureuse d'une autre personne que toi ? »

Romy baissa la tête. Et agita distraitement ses doigts, créant un filet de courant d'air glacial qui s'enroula autour de ceux-ci comme des rubans glacés.

- Je vais d'abord vérifier si c'est un mec bien, puis s'il n'est pas là uniquement pour l'argent de son père ou autre chose du même acabit, et enfin ... Je les laisserai en paix.

« - Romeo Altafuente. Et toi dans l'histoire ? Que vas-tu devenir ?

Il n'osait même pas y penser. A la douleur qui lui ravagerait le cœur et l'âme si jamais ça arrivait. Au départ, il aurait sans doute du mal à s'y faire, et peut-être même devrait-il s'éloigner des deux tourtereaux ? Non. Il en serait incapable. Paradoxalement, il l'aime trop pour ne plus la voir, mais souffrirait autant à ses côtés qu'éloigné d'elle. Il souffrirait à ses côtés et crèverait loin d'elle. Ça deviendrait un véritable enfer. Un cercle vicieux des moins enviables. Peut-être finirait-il par s'y habituer, après tout ... Une image surgit dans ses pensées : Amélia, dans les bras d'un autre, l'embrassant, le câlinant, lui murmurant tous les mots doux du monde, le regardant comme s'il était son monde ... Il perdit le contrôle des rubans d'air qui se muèrent en bourrasques glaciales, et allèrent balayer la rue de fond en comble. Ça le tuerait. Ça le tuerait à petit feu que d'assister à ça. Dans tous les cas, Amélia ne lui apporterait que de la douleur. Mais ... Malgré tout ça ... Il n'y arriverait pas. Il ne pourrait jamais, au grand jamais, la quitter. Il ne pourrait que l'aimer. Peut-être que la douleur était dûe au fait qu'elle n'était qu'un premier amour ? Sans doute. Peut-être qu'une fois à la fac, il réussirait à l'oublier ? Sans doute. Peut-être que lorsqu'il se trouverait une autre personne, il réussirait à passer autre chose ? Sans ... Jamais. Jamais. Jamais. Parce qu'à ses yeux, aucune autre fille ne pourrait jamais lui arriver à la cheville. A côté d'Amélia Loiseau, elles lui paraîtraient ... fades. Bor ... C'est pas en pensant ainsi qu'il allait y arriver ... Il enfouit sa tête entre ses mains, tentant d'avaler l'énorme boule d'émotion qui lui paralysait les cordes vocales, et d'empêcher les larmes qui lui brûlaient les yeux de couler. Il était vraiment pathétique. Kryos n'intervint plus. Et là, il se retrouva vraiment seul face à lui même.

* * * * *

Julian poussa un long soupir et se redressa sur son lit, essuyant ses joues mal rasées maculées de larmes. Il s'était laissé aller comme un bébé ... Ça lui avait fait du bien, mine de rien. Ça lui avait permis de se calmer un peu. Allez, les enfants et la demoiselle endormie allaient avoir besoin de lui. Il se releva lentement, faisant craquer ses os, et attrapa son portefeuille au vol, sortant de la chambre sans faire attention à son entourage, triant les papiers qui encombraient ce dernier. Ça lui apprendra à tout le temps garder ses tickets de caisse ... A ce rythme là, son bon vieux portefeuille ne tiendrait pas l'été ... Julian descendit lentement les escaliers, absorbé dans ses compte financiers, quand il faillit rentrer dans Ash et Ciela.

- Ouh ! Pardon.

- C'est rien. La vache, que ça caille dehors ! grelotta Ciela.

La météo avait pourtant prédit une vague de chaleur estivale sur la ville jusqu'à la fin du mois. Étrange.

- Comment vas-tu, Ash ? l'interrogea Julian en rangeant son portefeuille.

- Mieux que tout à l'heure. Merci, lui répondit-il avec un sourire qui lui rappela étrangement celui de Gloria.

- Tant mieux alors. Il est pas loin de midi. Je vais faire les courses. Je n'ai pas de quoi nourrir huit personnes dans mon frigidaire, surtout si l'on compte vos ventres à pattes d'amis espagnol, les taquina Julian.

- Attendez ! Je viens vous aider ! l'interpella Amélia en descendant les marches quatre à quatre.

- J-je ...

- J'ai besoin de prendre l'air et de voir du décor ! Et j'ai toujours rêvé de visiter un peu New York, le coupa la française en s'attachant ses cheveux encore légèrement humide avec un élastique.

Avec un sourire mesquin, elle renvoya à Ash une autre serviette et deux bouteilles de shampoing qui rattrapa le tout avec un grognement.

- Bon et bien ... Allons-y !

Il attrapa un vieux sac usé qu'il utilisait pour ses courses, et ouvrit la porte pour laisser Amélia passer devant lui.

- On devrait revenir dans une heure, maximum, lança le Blood Element au jeune couple.

Puis il descendit les marches du perron avant de guider Amélia dans les rues, vers le Walmart le plus proche du coin.

- Julian, je peux vous poser une question ?

- A-allez-y ...

Pour raison x ou y, la jeune fille le mettait ... Quelque peu mal à l'aise. Remarque. Il n'avait jamais été à l'aise avec les membres du sexe opposé.

- Après l'académie, où êtes vous parti faire vos études ?

- A Paris ! Ville de l'excellence. Mes parents avaient de bonnes relations et d'excellents pistons. Malgré mes réticences, ils ont tenu à ce que j'aille finir mes études là bas. Ils voulaient me voir devenir banquier, je crois. Ils n'ont pas très bien réagi lorsqu'il se sont rendus compte que je n'avais pas la moindre envie de suivre le chemin de mon père, dit-il avec une pointe d'humour.

Amélia lui fit un grand sourire. Grand. Très grand. Trop grand.

- Jus de tomate ?

Il se raidit. Et s'arrêta. Avant de baisser un regard rond vers la jeune fille, confus. Comment pouvait-elle connaître ce surnom qui datait de Mathusalem ... ?

- J'me disais aussi. Il n'existe pas trente-six mille Julian Blood Element sur cette planète, dit-elle en hochant la tête.

- Mais tu ... NON. TU ... Tu es la fille de Mathieu ? éructa-t-il.

Mathieu Loiseau. Il avait été le premier français avec qui il avait fait pleinement connaissance dans la ville des lumières, alors qu'ils n'étaient que deux jeunes fraîchement diplômés, paumés dans les couloirs de la Fac d'économie. Julian avait souvent croisé Mathieu dans les couloirs de la Saint-Elena Academy, mais il ne lui avait jamais adressé la parole. Cependant, lorsqu'on était deux jeunes Elements perdus dans une ville et une fac que ni l'un ni l'autre ne connaissait, ça rapprochait. Ils s'étaient tout deux vite rapprochés, et avaient développé amitié sincère. Après la perte de Céleste, Aïdan, Gloria et Henry, il s'était peu à peu éloigné d'Helen, pour au final se retrouver seul. C'était la première fois qu'il avait des contacts amicaux avec quelqu'un depuis de très longs mois. Julian avait hérité du drôle de surnom de « jus de tomate » à cause de son péché mignon que se révélait être le jus de tomate. Mathieu avait trouvé ça très drôle, compte tenu de ses yeux et son Element. Julian ne s'était pas gêné pour l'appeler « thé vert » à son tour, et les surnoms étaient restés. Malheureusement, il avait perdu tout contact avec lui treize ans auparavant, après ... Après son petit passage en enfer.

- Mon père vous estime beaucoup. Il parle de ses années études comme des meilleures de sa vie. Par contre ... Ça l'a énormément inquiété, de ne plus recevoir de vos nouvelles. Et comme vous n'êtes sur aucun réseau social ...

Julian secoua la tête, avec un sourire triste.

- Amélia Amaryllis Rose Loiseau. Ton père était très fier de ...

Il s'arrêta soudainement. Et baissa son regard vers Amélia.

- Joyeux anniversaire.

Amélia faillit trébucher sous le coup de la surprise, et bégaya un peu.

- Je ... Euh ... Vous vous ... souvenez de mon anniversaire ?

- J'ai toujours été doué pour ces choses là, se contenta-t-il de répondre avec un petit sourire, en continuant à avancer.

Amélia le rattrapa, en lui jetant un coup d'œil intrigué.

- Que vous est-il arrivé ? Pourquoi avez vous coupé les ponts avec mon père ? Il me parlait souvent de vous comme étant un excellent ami. Je ... C'est une question qui le hante beaucoup.

Julian baissa le regard. Et prit une grande inspiration.

- J'ai ... perdu ma femme et ma fille.

Ce fut au tour d'Amélia de s'arrêter.

- Je ... Je suis désolée. Mais quelle idiote. Si j'avais su, jamais je n'aurais posé la question ... Toutes mes condoléances.

- Tout va bien. Et puis ... Je me plais à croire qu'elles ont une belle vie, toutes les deux. Elles ne sont pas mortes.

- Quoi ?

- Elles ... Elles sont parties.

- Parties ? Comment ça, parties ? Oh, pardon. Ce ne sont pas mes affaires.

Julian secoua la tête.

- Pas de soucis. Je comprends ta curiosité.

Julian aurait aimé s'arrêter là. Il aurait dû, il le savait. Mais ... Tout ce qui s'était passé ces derniers jours avaient fait remonter trop de choses. Beaucoup trop de choses. Et malgré lui, les mots sortirent tout seul. Il avait gardé tout cela en lui pendant plus d'une décennie, sans se plaindre ... Il aurait aimé que ça reste ainsi. Mais malheureusement, rien ne se passe jamais comme l'on aurait aimé.

- Je ... Je travaillais dans une Start-Up qui n'était malheureusement pas très fructueuse ... La boite a rapidement mis la clé sous la porte et je me suis retrouvé sans travail avec ma femme et ma fille d'à peine deux ans sur les bras ... J'étais pieds et poings liés. N'importe quelle proposition de travail m'aurait allé ! Puis une de mes connaissance m'a pistonné pour un travail me correspondant tout à fait ... à Londres. J'ai dû y aller seul, nous n'avions pas assez d'argent pour tous partir ... Le contrat ne durait qu'un an et promettait de déboucher sur une promesse de travail bien plus prometteuse à New York. C'était pour un an. Juste pour un an. Ce ... Ce fut dur pour moi, et pour ma femme, qui n'a jamais vraiment accepté l'idée que je parte. Elle pensait que je l'abandonnais ... Mais ... Six mois après mon arrivée, j'ai perdu contact avec ma femme. Elle ne répondait plus à mes appels, à mes lettres, à rien ... Rien du tout. Même l'argent que je leur envoyais ne trouvait plus destinataire. Je suis directement reparti à la fin de mon contrat, rongé par l'inquiétude ... Mais rien. Rien du tout. L'appartement était vide. Et personne n'a pu m'aider. J'ai dépensé toute mon énergie à tenter de les retrouver ... Mais rien. Rien du tout. Elles avaient tout bonnement disparues, sans laisser de trace. Et ... J'ai sombré.

Il n'osait même pas regarder Amélia. Il pleurait encore. Il n'en pouvait plus. Il n'en pouvait tout simplement plus. Julian était au bout du rouleau, et tremblait comme une feuille. Tout ce qu'il avait refoulé en lui depuis que la petite fille lui avait offert une seconde chance venait de remonter à la surface. Il venait de tout cracher. Son incompréhension, sa tristesse, ses regrets, ses terreurs. Julian voyait flou, trop flou, et son rythme cardiaque ... Trop vite, trop rapide, trop ... Il n'avait plus de souffle. Les mauvais souvenirs remontèrent, et tournèrent dans sa tête, comme un kaléidoscope. Encore, encore ça revenait ...

- Julian. Julian, vous m'entendez ?

Amélia. Il sentit quelque chose lui agripper doucement les doigts, fermement. Doucement, il sentit la main d'Amélia le soutenir et l'amener au banc le plus proche. Il s'y installa lourdement, les sacs vides à ses côtés. La jeune fille s'accroupit devant lui, sa main toujours dans la sienne.

- Julian, tout va bien. Regardez-moi. Julian ? Respirez profondément.

Avec un hochement de tête saccadé, il s'exécuta. Grande inspiration par le nez. Un, deux, trois. Grande expiration par la bouche. Un, deux, trois. Et il recommença, au moins une bonne dizaine de fois. Après une durée de temps indéterminée, il finit par être calmé.

- Merci, Amélia, lui murmura-t-il, la gorge sèche.

- Par rapport à ce que vous avez fait pour nous, ce n'est pas grand-chose, lui dit-elle avec un grand sourire.

Il ne put retenir un petit sourire tremblotant.

- Je suis réellement désolée pour ce qui vous est arrivé. Je n'aurais jamais dû vous poser cette question, se désola-t-elle.

Amélia paraissait vraiment inquiète pour lui. Une vague de culpabilité l'envahit. Il n'aurait jamais dû en parler ... Mais ce qui était fait était fait. Il ne pouvait pas revenir en arrière. Il secoua la tête.

- J'espère simplement qu'Hannah et Shana vont bien.

Amélia fronça soudain les sourcils, et pencha la tête sur le côté.

- Oh, ma femme et ma fille.

- H-Hannah et ... Shana ? Heuuuuu ... Ce sont ... C'est une sacré coïncidence.

- Oh ?

- Sheena avait une mère et une sœur s'appelant ainsi.

Julian perdit son sourire. Et il eut l'impression que le monde s'arrêta de tourner. Que les gens arrêtèrent de marcher. Que le voitures arrêtèrent de rouler. Que les oiseaux arrêtèrent de chanter. Ne restait plus que ses battements de cœur, maintenant devenus lents, si lents ... Sheena venait de New York, apparemment. Sheena était une Reine des Glaces, apparemment. Sheena ... Sheena ... Il se représenta sa petite taille. Son sourire. Sa façon d'agir, d'être ...

- Brighten ? demanda Julian, articulant chacune des syllabes du nom.

- C'est son nom de famille, comment le connaissez vous ?

Julian ferma les yeux. Et prit sa tête entre ses mains. Il y a treize ans. Juste avant son départ. Ils avaient passé une autre nuit ensemble, lui et Hannah. Leur dernière. Ils n'avaient pas pris de précaution. Aucune. L'âge pouvait concorder. Et ... Et ...

- Sheena est ma fille.

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Hé. Pauvre Julian. Attendez qu'on s'marre, c'est pas encore fini.

BREFOUILLE ! Avant tout, merci. J'ai l'impression d'être une grosse ingrate, parce que ... Vous êtes toujours là, à être au rendez vous et ... Bah merci. Vous êtes tous géniaux. Je tiens aussi à remercier ma pauvre correctrice qui s'est encore tapé un gros chapitre sans doute plein de fautes. T'es courageuse, bravo. Tu veux une médaille en chocolat ? (Vous savez, c'est une correctrice multifonction. Elle est drôle aussi.)

Je dirais qu'on est vers ... La moitié du tome 2. Yey ! Déjà. Il sera bien plus court que le tome 1. Enfin j'espère ? La vache comment vous avez pu vous enfiler 82 chapitres comme ça ? XD (Si je compte le pro et l'épi) Vous êtes vraiment courageux. Merci !

Donc le bac ! Pour moi, c'est fini. Et vous ? Courage pour ceux qui sont encore en épreuves (*petit regard pour ceux/celles qui passent le bac de français*). Vous allez tout déchirer !

Almarica, petite princesse aux bois dormant, cesse de ronfler tu veux ? Héhé.

Au fait ... Windy Hill. Faudrait pas oublier, non ?

A la prochaine bande de fêtard têtards !

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