S comme Saigner

Flashback de la journée d'hier :

La tête contre la fenêtre du bus, Elle caressait distraitement ses cicatrices sur son poignet.

Ses pensées voyageaient. Voyageaient dans sa vie.

Elle se remémorait toutes ces soirées d'horreur à subir son père alcoolisé. Qui lui mutilait le corps.

Il lui donnait des coups de pieds dans les côtes,
Des coups de poing dans l'estomac,
Des gifles sur les joues...

Il s'énervait pour un oui ou pour un non.

Le diner est froid ?

Coups de ceinture

Pas rentrée à l'heure ?

Gifle

T'es rentrée mouillée ?

Coup dans les côtes

Et ça depuis qu'elle avait cinq ans.

Elle se revoyait, assise sur son lit à panser ses blessures en pleurant. Sa mère entrait dans sa chambre, une lèvre fendue et une échymose sur la joue. Elle la prenait dans ses bras et elles pleuraient ensembles.

Mais soudain, elle fut tirée de ses pensées par la voix mécanique qui annonçait son arrêt.

Elle se leva, prit son sac, et se dirigea vers la sortie. Mais elle percuta une dame avec une tonne de maquillage tenant un petit chien dans les bras.

"Mademoiselle, vous pourriez faire un peu plus attention quand même !"

Elle fut fascinée par la réaction de la dame.

Si elle avait su le calvaire qu'elle vivait, aurait elle réagit autrement ?

"Mademoiselle ? Je vous parle, écoutez moi tout de même !"

Le bus s'arrêta et elle s'appretait à partir quand la dame lui retint le poignet avec un force qu'elle ne lui soupçonnait pas.

"Hè pas si vite jeune fille ! Je parie que tu en as profité pour me voler mon portefeuille !"

Un homme s'interposa et écarta la grand mère. Elle parut fortement indignée qu'on intervienne ainsi dans sa petite histoire.

"Hey vous deux on se calme ! Toi (il pointa la jeune fille du doigt) tu va dire pardon à cette dame (elle s'éxecuta), et vous vous allez arrêter d'embêter cette fille et vous allez verifier dans votre sac, je parie que votre portefeuille est dedans !"

La dame au chien vérifia et émit un gromellement lorsque elle le trouva.

La fille marmonna un "merci" à l'homme et se mordit les lèvres en s'appercevant qu'elle avait raté son arrêt. Sachant que le prochain était dans vingt minutes, elle retourna s'asseoir et attendit.

Quand arriva l'arrêt, elle s'éclipsa avant que le bus ne ferme ses portes. Malheureusement, la dame descendait également. Elle lui lança un regard noir et dit :

"Tu ne perds rien pour attendre ! Un jour j'arriverais à prouver que tu m'as volé quelque chose ! Tu es bien jolie, mais ce ne sont pas tes tâches de rousseur qui te sauveront !"

Elle se mit à sprinter sur cinq cents mètres pour que la dame ne puisse pas la suivre –ce dont elle doutait fortement mais on n'est jamais trop sur– et ralentit au premier tournant. Il était dix-huit heures trente, elle avait largement dépassé l'heure que son père lui imposait et elle était loin de chez elle.

Et elle savait parfaitement ce qui l'attendait.

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