Chapitre 7
Sirius se dirigeait vers ses appartements. Arrivé devant la porte, il murmura le mot de passe.
- Maraudeur.
La porte bascula, laissant place à un lieu tout à fait charmant. Rouge et or. Il n'avait pas oublié sa maison.
Un feu crépitait doucement dans la cheminée, tandis qu'il s'affalait sur le canapé qui se situait au centre de la pièce. Etre professeur à Poudlard n'était pas de tout repos, et il l'avait découvert tout au long de cette semaine. Dorénavant, il comprenait les professeurs qui avaient du subir les assauts des jeunes maraudeurs il y a de cela plus de vingt ans.
- Vingt ans déjà..., souffla-t-il.
Il se souvenait de James et de Remus. Ses deux plus fidèles amis. Aucun des deux ne l'avait laissé tomber, et il regrettait amèrement la mort de son meilleur ami. Jamais il ne se pardonnerait cela, même s'il savait pertinemment bien qu'il n'y était pas pour grand chose.
Sirius se leva, et se dirigea vers les photos qu'il avait agencées sur la cheminée. Il y en avait une petite dizaine, certaines étaient magiques, d'autres non. Son regard effleura une photo de Harry dans les bras de sa mère. Lily... Elle, si douce, si aimante, et pourtant avec un caractère volcanique. Son mariage avec James lui avait arraché des larmes de bonheur. Ils étaient si heureux tous les deux...
Il continua son inspection, et prit dans ses mains une photographie qui lui tenait particulièrement à coeur.
- Ariane...
Une jeune femme aux longs cheveux blonds lui dédiait des clins d'oeil, et semblait marcher dans ce qui ressemblait vaguement à un champ. Sur la photo, on apercevait un homme qui la tenait par la taille, sans pour autant voir son visage.
La revoir l'avait mis dans tous ses états. Il revenait à Poudlard justement pour ne pas rester seul à ressasser ses mauvais souvenirs, et elle était là, encore plus belle que dans ses rêves.
- Mais ouvre toi par Merlin !
La voix semblait provenir de devant sa porte. Fronçant les sourcils, Sirius alla ouvrir.
- Hermione ?
- Enfin ! Cela fait vingt minutes que je t'attends dans la salle de Défense contre les Forces du Mal !
Il écarquilla les yeux, et la laissa entrer.
- Désolé, je n'y avais plus pensé.
Daignant enfin le regarder, Hermione s'aperçut qu'il n'était pas vraiment dans son assiette. Elle décida de de radoucir.
- On peut annuler si tu veux... Demain, ce serait parfait.
- Nous serons dimanche demain, et je ne veux pas que Dumbledore m'accuse d'esclavagisme, lâcha-t-il dans un petit rire. Non, on va faire ça ce soir. Je n'ai rien prévu, mais on va se débrouiller.
Il semblait être à la recherche d'un objet quelconque, et sembla le repérer près d'une armoire. Il l'inspecta, et se retourna vers elle.
- Voila. Ce sera parfait pour ce soir.
- Pardon ?
- Epouvantard, Hermione. Epouvantard. Ce sera ta première épreuve.
- Mais... Ce sont les troisièmes années qui étudient cela !, lâcha-t-elle d'un ton dédaigneux.
- Et alors ? Quelque chose à objecter Miss Granger ?
Sirius ne plaisantait pas. Il avait repris sa fonction de professeur, et Hermione comprit qu'elle n'avait pas à tergiverser - et encore moins à le tutoyer - ce soir.
- Non professeur.
- Très bien. Tu m'aides à disposer ces coussins par terre ? On ne sait jamais.
Il se permettait de la tutoyer, et elle ne pouvait pas le faire ! C'était une situation pour le moins gênante, et elle n'avait pas pensé à cela en acceptant ces cours de rattrapage. Frustrée, elle s'exécuta quand même.
- Vous redoutez que je me sente mal devant un épouvantard ?
Hermione insista bien sur le mot épouvantard, de sorte à ce qu'il pense qu'elle n'avait nullement peur.
- Les femmes sont de petites natures, vous le savez autant que moi.
Le vouvoiement maintenant. Au moins, ils étaient sur un pied d'égalité.
- Je ne parierai pas là-dessus néanmoins.
Les coussins étaient élégamment disposés par terre, devant l'armoire. Sirius se permit de donner quelques directives.
- Comme vous le savez Miss, un épouvantard est l'incarnation formelle de vos peurs les plus enfouies. Et pouvoir le combattre est justement un gage de votre confiance en vous. Ce qui vous manque cruellement, nous le savons tous les deux.
En l'entendant parler, elle ne pouvait s'empêcher de le comparer à Rogue. C'était effrayant.
- Nous commencons quand vous vous sentirez prête.
Elle serra fortement sa baguette dans sa main, respira profondément, et acquiesça.
- Je suis prête.
Sirius tapota alors sur l'armoire du bout de sa baguette, et elle s'ouvrit. Un nuage de fumée s'en échappa, et Hermione dut plisser les yeux afin d'apercevoir quelque chose. Soudain, un cri perçant et assourdissant se fit entendre, et Sirius dut plaquer ses mains contre ses oreilles. Hermione, elle, semblait tétanisée.
Elle se voyait, elle.
Son double hurlait, et pleurait, penchée sur un corps qui semblait sans vie. D'autres corps gisaient autour d'elle, et elle aperçut les visages de Ron et de Ginny. En tout et pour tout, Hermione distinguait six formes. Dont elle et la personne qu'elle tenait dans ses bras. Elle commençait à se sentir mal, ses yeux se remplir de larmes, elle ne pouvait pas les laisser ainsi !
- Non...
Alors qu'elle s'apprêtait à s'approcher afin de porter en aide à ses amis, Sirius sortit de son état léthargique, se précipita sur elle, et l'arrêta dans son geste.
- Hermione ! Ce n'est pas la réalité !
Elle continuait néanmoins à se débattre entre ses bras. Laisser ses amis mourir devant ses yeux lui était intolérable.
- Je ne peux pas ! Sirius !
- Riddikulus !
Les formes humaines disparurent soudainement, et Hermione se laissa glisser par terre. Des larmes traçaient des sillons sur ses joues, elle semblait perdue.
- Sirius... Ils étaient morts... Je...
- Ce n'était pas réel... Viens là...
Il la prit doucement dans ses bras, sans la brusquer, et caressa ses cheveux.
- Ce n'était qu'un épouvantard Hermione, chuchota-t-il dans son oreille. Ce que tu viens de voir n'est qu'une représentation de ta plus grande hantise. Ce n'est ni la réalité, ni un futur proche. Ca va aller ?
Il sentit qu'elle hochait la tête contre son torse, mais ne la lâchait pas pour autant.
- Tu dois me trouver terriblement pathétique en ce moment, murmura-t-elle.
- Oh, mais pas qu'en ce moment.
Ils se mirent à rire doucement, et Hermione finit par se libérer de l'étreinte de Sirius. Elle resta assise sur les coussins près de lui.
- Je me sens terriblement mal à l'aise. Je n'aurai jamais pensé que... Ce serait "ça", ma plus grande peur.
Son professeur soupira bruyamment avant de répondre.
- Nous vivons des temps très difficiles Hermione. Je ne te révèle rien en te disant cela. Voldemort peut se manifester à n'importe quel moment. Quelqu'un qui t'est proche peut se révéler être un espion. Qui te dit que je n'en suis pas un par exemple ?
- Ne dis pas de bêtise.
- Ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres. Personne n'est fiable en temps normal, et encore moins maintenant. Ta plus grande peur, celle de voir tes proches morts, est totalement légitime. C'est même une des peurs les plus censées que cette armoire a du livrer ces derniers temps.
Hermione repensa à l'araignée géante de Ron, et sourit.
- Mais ce n'est pas la forme qu'a pris cet épouvantard qui est à remettre en cause. C'est ta capacité à mettre tes émotions de côté Hermione.
La jeune fille se renforgna, et passa une main dans ses cheveux. Elle baissa la tête.
- Je sais... Je n'ai pas pu faire face. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais voir mes amis... Ma famille même... Alors que j'était vivante...
- C'est la plus grande crainte d'un être humain. Survivre alors que les autres partent. Comment survivre après ça ? Méritons-nous plus de vivre que d'autres ? Je ne pourrai pas répondre à cette question, même si je le voulais.
Hermione releva les yeux vers Sirius et comprit qu'il ne parlait plus d'elle. Ses traits s'étaient fermés, et il se releva prestemment.
- Je pense que nous devrions arrêter là pour ce soir.
- Sirius, je...
- Rentre te coucher. Il est déjà très tard.
Hermione hésita un instant, continuant à l'observer. Voyant qu'il lui avait déjà tourné le dos et qu'il ne semblait pas décidé à parler d'avantage, elle n'insista pas.
- Très bien...
Elle se dirigeait vers la porte quand il l'appela.
- Au fait Hermione... Qui tenais-tu dans tes bras ?
- Pardon ?
- L'épouvantard je veux dire.
Elle s'humecta rapidement les lèvres avant de répondre.
- Je n'ai pas vu son visage, désolée. Bonne soirée.
La porte se referma sans bruit sur la jeune fille. Dès que le déclit se fit entendre, Sirius s'asseya dans le canapé, la tête entre ses mains. Cette soirée avait été plus éprouvante qu'il ne l'avait pensé, autant pour Hermione que pour lui. Peut-être que cette idée farfelue de revenir à Poudlard n'était pas si bonne que cela après tout. Mais il avait pris des engagements en tant que professeur, et il ne pouvait pas se permettre de faire faux-bond.
Son regard effleura l'horloge magique qui ornait la cheminée. Il était vingt et une heures trente.
Sirius soupira, et ses pensées se dirigèrent vers Hermione. Il l'avait chassée sans prendre des gants. Elle devait se sentir terriblement mal à l'aise après ce qui venait de se passer ce soir. Il se promit de se faire pardonner très vite.
Alors qu'il comptait rejoindre sa chambre, il jeta un coup d'oeil à l'endroit où se trouver l'épouvantard quelques minutes auparavant.
Hermione lui avait dit qu'elle ne savait pas qui se tenait dans ses bras, mais Sirius savait pertinemment bien qu'elle avait vu de qui il s'agissait.
- Un mystère de plus à résoudre pour les maraudeurs..., ironisa-t-il avant de monter les escaliers.
Le lendemain, Hermione prit une douche rapide avant de descendre rejoindre ses amis pour le cours de divination. Elle s'était réveillée assez en retard, et n'avait pas eu le temps d'aller prendre un petit déjeuner. Elle avait du se décider entre son estomac et sa propreté, et la seconde alternative avait eu plus de charme à ses yeux.
Toute la nuit, elle avait fait des rêves pour le moins troublants. Elle avait sans cesse revu la scène de la soirée précédente, et s'était réveillée à plusieurs reprises, en sueur.
Ces cours de rattrapage n'était pas de trop, et Hermione s'en rendait d'autant plus compte aujourd'hui. Si elle voulait combattre aux côtés de ses amis, elle devait faire un effort. Toutes ses connaissances en histoire de la magie, ou en runes ne lui seraient d'aucune utilité devant une horde de mangemorts tous plus assoifés de sang les uns que les autres, et elle en était consciente.
- Hermione, tiens !
Ron lui jeta une pomme qu'elle attrapa au vol.
- Oh, merci.
- On ne t'a pas vu au petit déjeuner, alors j'ai pensé que tu avais peut-être faim.
Hermione le gratifia d'un sourire reconnaissant, avant de continuer son chemin vers la salle de divination.
- Tu as bien pensé. Où est Harry au fait ?, ajouta-t-elle en jetant des coups d'oeil autour d'elle.
Son ami haussa les épaules.
- Il est peut-être déjà en cours. Nous nous dirigions vers la salle quand j'ai pensé à te prendre un en-cas. Je l'ai laissé seul.
- D'accord.
Ils marchaient depuis quelques instants, quand Ron se racla la gorge.
- Ecoute Hermione... Hier soir, tu es rentrée drôlement tard... Et je...
- Ron, l'arrêta-t-elle. J'étudiais à la bibliothèque !
- Et bien justement. Je suis parti vérifier. La bibliothèque est fermée pour cause de travaux. Peeves, tu comprends.
- Mais quel toupet ! Ron ! Tu m'espionnes ou quoi ?
- Nonononon ! Je me faisais du souci !
Les sourcils froncés, la jeune fille tapa du pied.
- C'est ça ! Et je m'appelle Mimi Geignarde aussi ! Je n'en reviens pas ! Tu as peut-être pensé que j'étais... Je ne sais pas moi... Avec cette fouine de Malefoy ?
Ron ouvrit des yeux grands étonnés avant de murmurer :
- C'est le cas ?
- Par Merlin !
Elle tourna les talons, plus qu'énervée. Décidemment, il ne changerait jamais.
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