Chapitre 6
- Idiote.
Un coussin vola à travers la pièce et atterit sur le mur opposé.
- Mais quelle idiote !
Un cri rageur et étouffé émana des draps, et un bruit sourd envahit la pièce. Hermione s'était jetée sur son lit, un oreiller sur la tête. Au bout de quelques instants cependant, elle l'enleva afin de respirer à son aise, et s'assit en tailleur au milieu de son lit.
Son cerveau fonctionnait à mille à l'heure, des pensées contradictoires envahissaient son esprit, et pourtant, elle parvenait toujours à retrouver le fil de la conversation entre la Hermione sage et posée, et celle qui ne sait même pas faire quelque chose avec ses mains.
- Mais qu'est ce que j'ai fait ?
Un gémissement lui échappa, et elle se cogna la tête avec son oreiller. Bien sur, elle n'éprouva aucune douleur, mais c'est le geste qui compte, comme le dit si bien le dicton moldu.
- J'ai réagi comme une moldue.
Elle était habituée à parler à voix haute, et ce, depuis sa plus tendre enfance. Son père s'amusait de cette habitude, tandis que sa mère essayait de la reprendre le plus possible. "Tu auras des ennuis plus tard avec ça, Hermione chérie", disait elle avec un air soucieux.
Mais en ce moment, ce n'était que trop bénéfique.
-Une moldue ! Je n'en reviens pas.
Après avoir embrassé Sirius, elle avait pris ses jambes à son cou, comme si Voldemort lui-même la poursuivait... Enfin... Vous-Savez-Qui. Elle ne se permettait de dire son nom que dans l'intimité cadenassée de ses pensées. Et ne s'en privait pas.
Hermione fit la moue, et sortit de son lit. Il était neuf heures, les garçons n'étaient surement pas couchés. En montant dans sa chambre, elle avait entendu quelques bruits qui venaient d'un endroit retiré de la Salle Commune, mais elle n'était pas en état de leur dire qu'elle était là, et encore moins de les rejoindre.
Pourtant, ils s'inquièteraient de ne pas la voir revenir.
Avec un soupir, elle mit ses sandales et descendit les escaliers sans hâte. Arrivée en bas, elle se dirigea vers le petit groupe de Gryffondors qui se tenait près de la cheminée.
- Coucou.
- Oh, Hermione, on ne savait pas que tu étais rentrée, s'exclama Ginny en la voyant arriver. Viens nous rejoindre, il y a de la place près de Ron.
Avec un sourire gauche, elle s'asseya, et avisa Harry et Ginny qui étaient tout près l'un de l'autre. Le jeune garçon lui jetait des coups d'oeil gênés de temps à autre, tandis que la cadette des Weasley rougissait à vue d'oeil.
- Mme Pince a fermé plus tôt ce soir ?
- Non. J'étais juste un peu fatiguée. Le premier jour n'est jamais facile.
- C'est Hermione Granger qui parle là ? s'étonna Ron.
- Je ne suis pas sur-humaine Ron. Je travaille peut-être excessivement trop. Vous me le rappelez assez souvent, je dois encore le dire à voix haute ?
Elle était énervée. Sans savoir pourquoi, mais elle était énervée. Elle en avait assez de devoir se justifier de ne pas être bien. Elle n'était pas leur mère bon sang !
- Bon... Je monte me coucher.
- Hermione... commença Ron.
- Ca va Ronald. Je ne suis pas fâchée.
- Tu ne m'appelles pas Ronald en temps normal.
Il l'avait suivit alors qu'elle se dirigeait vers l'escalier.
- A croire que j'ai muté dans la nuit. Vraiment Ron... Je suis juste à bout de force. On se voit demain. Bonne nuit.
Sans ajouter un mot de plus, elle monta les escaliers, et entra dans sa chambre. Un bruit de serrure notifia à Ron que la discussion était terminée. L'âme en peine, il retourna voir ses amis.
Vers vingt-deux heures les trois compères se séparèrent. Les septièmes années ayant des dortoirs séparés, Ron monta dans sa propre chambre. L'attitude de Hermione le dépassait complétement. Elle avait tellement changé... Il ne la reconnaissait plus. Cette Hermione-là ne riait plus à ses blagues, ne le taquinait plus...
Pour dire vrai, il était vexé.
Sans se déshabiller, il s'allongea sur son lit et fixa le plafond. Il tenta en vain de fermer les yeux, et finit par se rouler en boule dans ses draps. Il n'était qu'un pauvre
type. Peut-être aurait-il eu sa chance avec la jeune fille s'il ne s'était pas comporté ainsi. Il avait accumulé les bêtises, et ce, depuis les vacances chez Sirius.
Perdre l'amitié de Hermione serait la pire chose qui pourrait lui arriver. Ainsi, il se décida de mieux se comporter en sa présence.
- Plus de phrases puériles et inconsidérées. Merlin... Ca ne va pas être simple.
Alors que la semaine touchait à sa fin, les relations entre les deux Gryffondors semblaient s'être apaisées. Nous étions un samedi matin, et c'était un jour de flottement dans l'emploi du temps des septièmes années.
- Ahh. J'ai toujours envié les dernières années pour ça.
- Mais quel flemmard. Tu ne m'étonnes pas Harry, répondit Hermione.
Allongés dans l'herbe, ils regardaient le ciel. Hermione tourna la tête et rencontra le regard du jeune garçon.
- Sirius n'est pas trop accaparé par ses cours ?
- Oh, tu sais, ce n'est plus un gamin. Tu t'inquiètes ?
- Non, pas vraiment. Juste qu'il avait l'air légérement fatigué hier après-midi.
- Pourtant le cours était sympa non ?
- Bien sur, soupira-t-elle.
Le premier cours de Défense contre les Forces du Mal avait eu lieu vendredi. Hermione était quelque peu gênée, les paroles de Sirius revenaient sous forme d'écho dans sa tête. "Il te manque de l'assurance".
- Je sais..., avait-elle soufflé.
- Miss Granger ?
Trente regards se tournèrent simultanèment vers elle. Celui de Sirius capta son attention.
- Vous savez... ?
- Hem. Excusez moi, je réfléchissais à voix haute.
Surpris par sa réplique, il avait continué son cours comme si de rien n'était, mais Hermione avait bien senti le regard des autres élèves sur elle pendant l'heure de cours. Effectivement, ce n'était pas à son habitude de lâcher des morceaux de pensée en plein cours. Mais pouvait-il en être autrement ? Ces derniers temps, tant de pensées se bousculaient dans son esprit qu'elle ne parvenait pas à faire le tri. Le regard de Sirius y était inmanquablement pour quelque chose, mais Hermione ne pouvait pas savoir pourquoi. Ou peut-être ne voulait-elle pas le savoir ? Qui plus est, Ron semblait avoir changé. Il était totalement imprévisible dans ses réactions, beaucoup plus mûres. C'était totalement hallucinant. A croire que le monde venait de se retourner. Pourtant, le ciel était toujours au dessus de sa tête.
- Tu ne vas pas rejoindre Ginny ?
Hermione sentit la gêne de son ami, et esquissa un sourire.
- Harry ?
- Elle est avec Colin.
- Ah ?
- Ils révisent !
Un silence s'édifia entre eux, et Hermione se releva en position assise. Elle continuait de regarder au loin, vers le lac.
-Tu sais... Vous n'avez pas à cacher votre amour.
- Ce n'est pas l'avis de Ginny.
Le jeune garçon s'asseya à son tour, et commença à jouer avec un brin d'herbe.
- Elle n'a pas envie d'être la petite amie du Survivant, ajouta-t-il, cynique.
Hermione comprit qu'il avait envie de parler. Ainsi, elle ne bougea pas.
- Je la comprends bien sur. Qui a envie de vivre dans l'ombre de celui qui a vaincu Voldemort ? Enfin... Pas tout à fait.
Harry était toujours préoccupé par cette menace invisible. Voldemort se terrait quelque part en Europe, mais aucun de ses sbires ne se manisfestait. Ne pas savoir qui combattre était très frustrant et destabilisant.
- Elle m'aime. Je pense. Elle ne me l'a pas encore dit, mais je le devine à ses gestes...
Il se tourna vers Hermione.
- Tu ne l'as pas remarqué ?
La jeune fille esquissa un sourire avant de lui répondre.
- Oui, je l'ai remarqué Harry. Dis lui ce que tu ressens. Je confirme que ce ne seras pas quelque chose de simple... Bien au contraire, tu as beaucoup de poids sur tes épaules, même si nous faisons de notre mieux pour t'en délester... Mais avoir quelqu'un de si proche dans ta vie ne peut être que bénéfique. Pour toi. Pour elle, et pour le monde des sorciers également. Mais ne te referme pas sur toi Harry. Je t'en prie, ajouta-t-elle en se levant.
Elle lui tendit une main qu'il prit afin de se relever.
- Ton amitié m'est précieuse Hermione. Merci.
Il la prit dans ses bras, et en fermant les yeux, Hermione se remémora tous ces instants passés avec Harry. Il y avait eu des hauts et des bas, certes. Mais ils avaient toujours vaincu ensemble. Harry sans Ron et Hermione n'existait pas. Plus maintenant.
- Allez, vas la rejoindre, dit-elle en s'éloignant doucement.
Avec un sourire, il s'exécuta, la laissant seule.
Elle décida alors de marcher dans le parc. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et avant d'aller s'enfermer dans la bibliothèque du château afin de travailler d'arrache-pied, profiter de ce temps superbe n'était pas de refus.
- Hermione, attends !
Elle se retourna brusquement et aperçut Sirius qui se dirigeait vers elle.
- Oh. Bonjour.
- Je pensais te trouver ici avec Harry. Je vous avais vu depuis ma salle de cours.
- Ah. J'oubliais que tu passais tes journées à peaufiner tes fiches de Défense contre les Forces du Mal.
Sirius était un professeur très consciencieux, trop peut-être.
- Exact, sourit-il. Harry n'est pas là ?
- Il est parti rejoindre Ginny.
- Il s'en enfin décidé à se déclarer ? Ce n'est pas trop tôt. Et toi ? Ron ne fait toujours pas le premier pas ?
Alors qu'il prononçait ce prénom, le regard de Hermione se fit plus sombre. Elle commença à marcher, mais Sirius la suivait toujours.
- Pourquoi me parles-tu de Ron ?
- ... Je pensais qu'il se passait quelque chose entre vous. Désolé si je me mêle de ce qui me regarde pas.
Haussant un sourcil, elle lui jeta un regard en coin. Il ne semblait pas tellement désolé, il paraissait plutôt être franchement amusé.
- Pour votre gouverne M. Black, je ne sors nullement avec Ronald Weasley. Et en effet, cela ne vous regarde pas.
- Oh ! Miss Granger, désolée d'avoir porté atteinte à votre vertu !
Se pinçant les lèvres pour ne pas rire, Hermione se mit à marcher de plus en plus vite. Sirius la suivait sans mal, mais au bout d'un moment, il s'arrêta. Surprise, la jeune femme se tourna vers lui, et aperçut le sourire victorieux de son professeur.
- Vous attendez enfin votre vieux professeur ?
- Non, mais je rêve !
Elle roula les yeux, et se détourna de lui. Une voix s'éleva derrière elle, tandis qu'elle se dirigeait vers le château.
- Ce soir, dix neuf heures Miss Granger. Ne soyez pas en retard !
Un sourire aux lèvres, elle disparut entre les portes de Poudlard.
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