Chapitre 13

Une semaine avait passé depuis ce fameux soir, ce moment hors du temps passé près du télescope. Hermione n'arrivait pas à ôter ces images de sa tête, les ressassant sans cesse, essayant de trouver une logique à ces derniers. Mais comment expliquer que son professeur, le parrain de son meilleur ami ait pu poser ne serait-ce qu'une seconde ses lèvres sur les siennes ? Le fait était qu'elle n'arrivait juste pas à le réaliser. Evidemment, elle ne cherchait pas de logique à ce geste, mettant cela sur le compte de la biéraubeurre, ou de la situation assez particulière dans laquelle ils se trouvaient. Les souvenirs de James, le télescope, le grenier, la danse écourtée… Comment expliquer cette douce caresse autrement ?

Pendant six jours, les six derniers jours qu'ils avaient passé au Square Grimmaurd, Hermione avait tenté de passer le moins de temps possible avec Sirius. Elle était particulièrement gênée de se retrouver dans la même pièce que lui, encore plus lorsque sa fiancée était présente. Ariane… La jeune fille n'osait même plus regarder son professeur. Pourtant, elle pensait que ce qui était arrivé n'était pas de sa faute. Mais elle en doutait de plus en plus. N'avait-elle pas aguiché Sirius ?

Un soupir s'échappa de sa gorge. Elle ne savait même pas « aguicher » un garçon, comment pouvait-elle savoir si elle l'avait fait ou pas ? Elle ne se sentait pas particulièrement coupable, juste… Mal. Ce n'était pas comme si elle avait voulu ce baiser…

Hermione se redressa dans son lit et passa une main sur son visage. « Je n'ai pas désiré qu'il m'embrasse. Vraiment pas ». C'était facile de se répéter ces mots insignifiants. Se persuader de leur véracité était autre chose.

La jeune fille replia ses jambes et jeta un coup d'œil vers la fenêtre de son dortoir. La neige tombait par intermittence, et la lune jouait à cache-cache avec les nuages. Cela faisait plusieurs nuits qu'elle n'arrivait pas à fermer l'œil, n'arrivant même plus à se concentrer sur un livre. Elle avait besoin d'explication, mais ne trouvait pas le courage d'aller voir Sirius afin qu'il lui dise réellement ce qui s'était passé, et pourquoi c'était arrivé. Elle ferma les yeux, et s'allongea dans son lit. Si le sommeil ne venait pas seul, il fallait peut être lui forcer la main…

- Hermione, je sais que c'est difficile… Mais tu dois comprendre…

Le visage de Sirius était flou devant ses yeux, apparaissant et disparaissant tout aussi vite.

- Hermione, s'il-te-plaît…

- Non… Je ne veux pas… Je ne veux pas savoir…

Une main se mit à la secouer brutalement, mais elle résistait du mieux qu'elle pouvait. Ce n'était pas possible. Pas comme ça. Elle ne voulait pas que cela se passe de cette façon, elle n'était pas prête à entendre ce qu'il avait à lui dire. Elle se mit à fendre l'air avec ses bras afin qu'il s'en aille enfin, qu'il la laisse tranquille.

- Hermione ! Je ne veux pas me retrouver avec des bleus ! J'ai déjà assez de problèmes avec ton foutu chat !

Chat ? Mais pourquoi parlait-il de Pattenrond ? Au fur et à mesure, la voix mélodieuse de Sirius se transforma en quelque chose de plus féminin, mais pourtant de plus déterminé et rageur. Ginny ?

- Oui, Ginny. Alors si tu pouvais arrêter de faire des cabrioles dans ton lit, ça m'arrangerait. Les garçons m'ont demandée de venir voir ce que tu faisais et pourquoi tu mettais autant de temps à te préparer. Ils vont être surpris quand je vais leur dire que tu n'es pas préparée du tout. Allez, bouge !

Ginny tira d'un coup sec sur la couverture qui recouvrait les jambes d'Hermione, la laissant à moitié dénudée.

- Hé bien, tu ne portais pas ce genre de… Choses, auparavant, dit-elle en désignant sa nuisette.

Hermione grommela, et s'appuya contre ses oreillers.

- Je n'avais pas le temps de chercher un pantalon dans mes valises hier soir. J'étais vraiment fatiguée, le trajet m'a épuisée. Quelle heure est-il ?

- 8 heures ! Les garçons t'attendent. Je crois que Ron m'a parlée d'un cours de Défense contre les forces du mal qui a lieu à… Attends que je me souvienne…

- 8h30… Par Merlin, je suis vraiment en retard, finit Hermione en courant vers la salle de bain afin de se brosser les dents.

Ginny finissait de plier les draps de son amie, afin qu'elle ne perde pas de temps.

- Oh, Sirius ne te dira rien, ce n'est pas si grave si tu arrives avec 10 minutes de retard, tu sais bien.

La bouche pleine de dentifrice, Hermione répondit néanmoins.

- Je ne veux pas me faire remarquer aujourd'hui.

Ginny déposa les draps pliés au pied du lit et alla voir Hermione dans la salle de bain. Elle resta un moment silencieuse sur le pas de la porte avant de se lancer.

- Hermione, c'est moi ou tu essaies vraiment d'éviter Sirius ? Il s'est passé quelque chose ?

La principale intéressée faillit s'étouffer avec sa brosse à dents. Elle plongea sa tête dans le lavabo afin de se rincer, et croisa le regard interrogateur de son amie dans le miroir en relevant la tête. Elle soupira avant de se retourner pour prendre la serviette de bain.

- Je ne pense pas que je puisse t'en parler. Surtout ce matin. Si tu veux bien m'excuser, je dois aller m'habiller.

Sur ces paroles, Hermione se dirigea vers la porte. Mais Ginny n'était pas décidée à la laisser passer. Elle haussa un sourcil ironique et croisa les bras.

- Oh non. Sois tu me dis ce qui se passe, du moins dans les grandes lignes, soit tu restes dans cette salle de bain, ratant ainsi une heure de cours, une occasion d'apprendre de nouveaux sorts, et donc d'améliorer ta note pour la fin d'année. Ah, et tu rateras aussi l'occasion de faire gagner des points à Gryffondor. Tu n'as qu'à choisir.

Hermione ouvrit grand ses yeux, horrifiée.

- Ginny… Non, je t'en prie.

- Tu n'as qu'à choisir. Et choisis bien, tu n'as droit qu'à une chance, cachottière.

Hermione cligna rapidement des yeux avant de lâcher d'un trait :

- Sirius m'a embrassée. D'accord ? Je peux passer maintenant ?

Mais Ginny ne bougeait pas.

- Ginny ! S'il te plaît, je vais être en retard !

- Je n'y crois pas là. Il doit y avoir une erreur. Il n'a pas pu faire ça. C'est le parrain d'Harry. C'est ton professeur… Bon sang, non ! Dis moi que c'est pas vrai !

En disant cela, elle avait libéré l'entrée, laissant à Hermione le champ libre. Cette dernière en profita pour aller dans le dortoir afin de préparer ses affaires. En jetant un coup d'œil à l'horloge magique, elle s'aperçut qu'il lui restait encore une dizaine de minutes.

- Ecoute Ginny, tu m'as posée une question, je t'ai répondue. Si tu veux de plus amples détails, je te conseille d'attendre un peu. Je n'ai même pas les idées claires concernant cette situation, je ne sais pas pourquoi il a fait ça, pourquoi j'ai répondu à son baiser, je…

- Tu QUOI ? Hermione ! Non, je n'y crois vraiment pas là.

La jeune fille secouait sa tête de gauche à droite, en regardant son amie comme si elle la voyait pour la première fois. Après avoir fourré son parchemin dans son sac, Hermione le jeta rapidement sur son dos et se tourna pour faire face à Ginny.

- Je sais, c'est insensé. Mais je t'expliquerais quand j'aurais du temps. Et des arguments. Vraiment, Ginny, je suis en retard là. Et je t'en prie, ne dis rien à ton frère. Et rien à Harry, évidemment… Enfin, ne dis rien à personne s'il te plait. Je te fais confiance.

Hermione posa rapidement un baiser sur sa joue avant de dévaler les escaliers. Ginny resta plantée là encore quelques minutes avant de se décider à quitter la pièce. Décidemment, Hermione l'étonnait de plus en plus.

Elle avait oublié. Oublié qu'il y avait 15 volées de marches qui séparaient le dortoir des gryffondors à la salle de Défense contre les forces du mal. Evidemment, les garçons ne l'avaient pas attendue, croyant qu'elle ne descendrait jamais.

Alors qu'elle était arrivée dans le couloir, elle prit deux minutes pour respirer, au bord de l'asphyxie. De toute façon, elle était déjà en retard, il n'y avait plus personne devant la porte. La jeune fille en profita pour ajuster sa robe de sorcier qui avait la fâcheuse manie de se retrouver dans des positions somme toute peu décentes quand sa maîtresse avait la mauvaise idée de courir.

Hermione prit une grande inspiration et se dirigea vers la porte qui était ouverte. Elle s'apprêtait à frapper pour signifier sa présence, quand son professeur se tourna vers elle. Sa main resta en suspens, tandis que son regard s'accrochait à celui de Sirius.

- Je… Je suis désolée, je…

Elle bafouillait. Hermione Granger bafouillait. Elle se mordit la lèvre tandis que Sirius l'observait, l'air amusé.

- Vous pouvez vous installer, miss Granger.

Elle ne se fit pas prier deux fois et se dirigea rapidement vers la place que ses deux comparses avaient gardée pour elle. Harry l'observait bizarrement tandis qu'elle prenait ses parchemins et son livre pour les mettre sur la table.

- Tu es vraiment affolante ces derniers temps, Hermione.

La jeune fille secoua la tête, et entreprit de recopier les deux phrases que son ami avait écrites pendant son absence.

- Je me suis réveillée en retard.

- Je ne parle pas que de ça, tu sais très bien que…

- Harry, si tu pouvais faire moins de bruit pour que je suive, je t'en serais vraiment reconnaissante, l'interrompit-elle en reportant son attention sur ce que Sirius disait.

Vexé, le jeune homme se détourna, et Hermione se remit à respirer normalement. Son trouble était de plus en plus difficile à cacher, et elle se demandait comment de temps elle allait tenir ainsi.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la salle de défense contre les forces du mal, Hermione fut rattrapée par Sirius.

- Je crois que nous devons parler, commença-t-il.

- Je n'ai rien à dire, professeur.

- Arrête de m'appeler ainsi, Hermione, nous ne sommes pas en cours… Je ne sais pas où commencer, mais je voudrais juste m'excuser pour l'autre soir. Tout est arrivé tellement vite, tu es partie ensuite, je… Je sais que je n'aurais pas du faire une chose pareille, ce n'est pas bien, j'ai le double de ton âge, je… Je suis ton professeur, par Merlin ! Je ne sais vraiment pas comment expliquer ce qui s'est passé, je suis désolée Hermione.

Tout le long de son discours, Hermione n'avait pas bougé, se contentant de cligner des yeux comme pour lui dire qu'elle avait compris. Elle ravala la boule qui commençait à grossir dans sa gorge, et répondit.

- Très bien. Je vais être en retard. Bonne journée.

Elle tourna les talons, et se précipita dans le couloir comme si elle avait le diable aux trousses.

Evidemment, elle n'avait pas cours juste après. Harry et Ron ne l'avaient toujours pas attendue, et elle se rendit à la bibliothèque dans le but de travailler sur son parchemin de potions qu'elle devait rendre dans deux jours.

Elle s'installa au fond, loin des discussions d'étudiants de première année qui ne pensaient qu'à s'amuser, découvrir de nouveaux sorts pour être « aussi fort qu'Harry Potter ». En temps normal, Hermione souriait en entendant ces souhaits, mais elle voulait juste être seule aujourd'hui.

Après avoir sorti ses livres et ses parchemins déjà noircis de travaux préparatoires, elle soupira et essaya de se concentrer. Peine perdue. Toutes les cinq minutes, son esprit vagabondait, et elle ne pouvait s'empêcher de penser à Sirius et à ses « excuses ». Mais pourquoi s'était-il excusé ? Et surtout, pourquoi était-elle touchée par cela ? C'est vrai, elle aurait du être heureuse. Il s'était excusé, fin de l'histoire, elle pouvait dès lors oublier ça, elle pouvait redevenir la Hermione qu'elle était avant, studieuse, et ne pensant qu'à ses études qui étaient prometteuses.

Etait-ce de l'amour qu'elle ressentait pour son professeur ? Pour le parrain de son meilleur ami ? Cela semblait tellement incongru et idiot. Elle, Hermione Jane Granger, le meilleur élément de Poudlard, qui ne se sentait bien qu'en compagnie de ses livres, attirée par la personne qui lui était interdite ?

Alors que sa raison se livrait un duel sans pitié avec ses sentiments, un bruit sourd venant de sa gauche la sortit de ses pensées.

- Bonjour, Hermione.

La jeune fille releva la tête pour croiser le regard rieur de Luna Lovegood.

- Luna… Je ne m'attendais pas à te voir ici.

- C'est ma place habituelle. J'aime être à l'écart des autres, pour peaufiner des articles du Chicaneur parfois. Mon père a décidé de me laisser quelques articles dans chaque numéro, il croit en mon talent de journaliste. Je dois dire que cela me rend fière. Mais je ne suis pas vaniteuse pour autant, je sais que je dois travailler dur pour garder ce privilège.

- Hé bien, je suis heureuse pour toi, Luna.

- Merci beaucoup. Je dois par ailleurs travailler pour mon cours de Défense contre les forces du mal. Sirius Black est réellement un bon pédagogue, tu ne trouves pas ? Et puis, il est vraiment très beau, même si ce genre de chose ne m'intéresse que très peu. Tu ne trouves pas ?

Hermione ouvrit la bouche, sans trouver quelque chose à dire.

- Je… Heu… Ne m'intéresse pas non plus à ce genre de choses.

- Ha bon ?, répondit Luna, les sourcils froncés. J'ai vraiment l'impression qu'une… Comment dire. Une alchimie, voilà, une alchimie s'opère quand vous êtes ensemble. Comme tout à l'heure en fait.

- Tout à l'heure ?

- Après votre cours. J'étais là, j'ai tout entendu. Je devais demander au professeur Black quelque chose concernant le sort de Tentacula. Mais je ne dirais rien, je te le promets. Si tant est que j'ai compris quelque chose à votre conversation, qui, je l'avoue, n'était pas des plus intéressantes. Bon ! Je dois y aller, Hermione. Bonne journée !

- Luna, att…

Trop tard. La jeune fille avait déjà disparu derrière une étagère. Qu'avait-elle pu bien comprendre à leur discussion ?

Ariane fixait le parchemin accroché en face de son bureau en faisant tourner sa bague de fiançailles autour de son doigt. Sirius n'avait avancé aucune date concernant leur hypothétique mariage. Que devait-elle en penser ? Etait-il annulé ? Repoussé aux calendes grecques ?

Avec un soupir, elle sortit de son siège et alla se poser nonchalamment près de la fenêtre, alors que la nuit commençait à tomber. Sirius ne pouvait décemment pas faire une chose pareille. Ils avaient mis du temps à se trouver, elle n'allait pas le laisser s'en aller de cette façon.

Ariane connaissait pourtant son penchant à l'indépendance, cette peur obsessionnelle de l'engagement. Son éternel côté baroudeur qui l'avait tant charmé au début pouvait finalement se révéler être un défaut majeur, et un obstacle à leur union. Azkaban l'avait changé, elle le savait. Elle espérait toutefois qu'il ne voyait pas le mariage comme une prison.

Elle se demandait toujours sur quoi leur future union était basée. Etaient-ils amoureux ? Elle l'était, enfin, le pensait. Mais lui ? Son regard l'échappait toujours après l'amour, il préférait sortir prendre l'air que de rester près d'elle, attendant son sommeil. Etait-ce de l'amour, ou une relation uniquement basée sur une entente –assez exceptionnelle, elle devait l'avouer – au lit ?

Ariane ferma les yeux et s'entoura de ses bras, comme pour se réchauffer. Et il y avait Hermione Granger. Cette pimbêche qui ne faisait rien pour arranger tout ça. Il s'était passé quelque chose le soir de Noël, Ariane était prête à le parier. Si tel était le cas, Dumbledore devait être informé, cela lui semblait être l'évidence même. Ainsi, elle ferait d'une pierre deux coups. Elle éliminerait la rivale, et une étudiante qui l'impressionnait par son impertinence et son intelligence hors pair.

Un sourire aux lèvres, elle se promit de garder un œil sur cette jeune fille, qui ne l'importunerait plus longtemps…

Alors qu'elle s'apprêtait à ranger ses affaires pour rejoindre ses appartements, elle sentit une présence près de la porte. Elle se retourna doucement pour rencontrer le regard troublé de Sirius. Il n'esquissa aucun mouvement, et ce fut Ariane qui fit un pas vers lui.

- Sirius ? Je te vois rarement dans la tour d'astronomie, quelque chose de spécial à me dire ?

Son fiancé baissa les yeux avant de faire un pas vers elle également.

- Non, rien d'inhabituel, tout va très bien. Je voulais juste… Te faire une surprise.

Ariane sourit timidement, elle s'approcha de lui et se blottit contre lui.

- Ca me fait vraiment plaisir, je ne m'y attendais pas, murmura-t-elle au creux de son oreille.

Sirius ferma les yeux et la serra plus fort contre lui.

- Je suis désolé…

Ariane se libéra légèrement de son étreinte afin de pouvoir le regarder dans les yeux.

- Désolé ? Pourquoi donc ?

Sirius la regarda fixement pendant de longues secondes, avant de relâcher complètement son étreinte. Il passa une main sur son visage, d'un geste las. Ariane fronça les sourcils et le força à la regarder.

- Qu'est ce qui se passe, Sirius ? Tu me fais peur depuis quelques temps, je n'arrive plus à te comprendre… Explique-moi, je t'en prie.

Sans qu'elle puisse se l'expliquer, elle était paniquée. Elle détestait ne pas comprendre, surtout quand quelqu'un s'éloignait d'elle sans qu'elle puisse faire quoique ce soit.

De son côté, Sirius ne pouvait s'expliquer ce qui se passait. Pourquoi était-il venu voir Ariane ce soir ? Il avait encore un nombre impressionnant de cours à préparer mais il n'arrivait pas à se concentrer assez pour pouvoir faire quelque chose de correct. Il était alors sorti, était passé devant la salle commune des Gryffondor, pensant discuter avec son filleul pendant quelques instants, mais l'image d'Hermione restait fixée dans son esprit. Il savait très bien que voir Harry impliquait voir Hermione, alors il s'était abstenu et était monté dans la tour d'astronomie, sans trop savoir pourquoi.

Depuis qu'ils étaient revenus du Square Grimmaurd, Ariane et lui ne se voyaient plus souvent. Elle restait la plupart du temps dans la tour d'astronomie, et Sirius n'aimait pas particulièrement cet endroit. Ils n'avaient donc plus vraiment le temps de se voir, hormis le matin au petit déjeuner, et certains soirs quand elle décidait de lui rendre visite.

Mais Sirius n'arrivait pas à se faire à l'idée. Il était fiancé à Ariane. Comment cela était-il possible ? Lui, maraudeur de son état, était fiancé. Il aurait du être marié depuis fort longtemps, il le savait, mais sa détention à Azkaban avait mis fin à tous ses rêves de famille. Merlin, une famille ! C'était ce à quoi il aspirait secrètement, depuis qu'il avait assisté au mariage de James et Lily, presque vingt ans auparavant. Quand Harry était né, il avait ressenti en lui une joie intense, et avait eu, lui aussi, l'envie de fonder un foyer.

Se voyait-il fonder un foyer avec Ariane ? Cette question, fondamentale, le tourmentait depuis le jour où il lui avait demandé sa main. Ils s'entendaient bien, c'était indéniable. Mais était-ce suffisant pour se voir finir ses jours aux côtés d'une femme ? Ne manquait-il pas quelque chose de primordial, cette chose qu'il avait vue entre James et Lily, et qu'il ressentait quand il était près d'Hermione ?

Hermione… Tout le problème était là. Sirius était persuadé que toutes ces questions n'auraient pas eu lieu d'être s'il ne ressentait pas quelque chose de fort pour la jeune fille. Tout était arrivé si vite, qu'il ne savait pas comment réagir face à ça. Alors il s'était excusé. Il ne savait pas si c'était la bonne solution, mais c'était la seule qu'il avait trouvé. Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Lui dire qu'il ne pensait qu'à elle depuis presqu'un mois, que ne se passait pas un seul jour sans qu'il imagine ses lèvres près des siennes ? Il ne voulait pas passer pour un vieux pervers, bien qu'il se demandait parfois s'il n'en était pas un. Hermione n'était pas faite pour lui. Elle était trop jeune, trop… Bien.

Perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu Ariane lui parler. Ainsi, il fut surpris quand il s'aperçut qu'elle le secouait frénétiquement.

- Sirius, je voudrais juste savoir ce qui te tracasse, nous sommes fiancés quand même.

En regardant son visage presque implorant, Sirius se sentit soudain terriblement mal à l'aise. Pouvait-il se permettre de continuer à faire croire à Ariane que leur mariage était encore possible, alors que lui-même en doutait depuis le commencement ? Ils se connaissaient depuis longtemps. Rien n'avait été laissé au hasard dans leur relation, la jeune femme s'occupant de presque tout, planifiant tout dans leur vie. L'idée du mariage venait d'elle, et il avait presque l'impression d'avoir été embarqué sans s'en rendre compte dans toute cette histoire.

Il croisa ses yeux d'un bleu vif, et décida de ne plus se mentir une minute de plus. De ne plus mentir à Ariane.

- Ariane… Je crois que l'on devrait repousser le mariage à une date… Ultérieure.

En disant ses mots, il lâcha ses mains qu'il tenait, et les fourra dans sa poche, comme si le seul contact de la jeune femme le mettait mal à l'aise.

Ariane le regarda fixement pendant quelques instants avant de lâcher un petit rire nerveux.

- Repousser le mariage ? Tu veux rire, Sirius ? Je te ferais remarquer que nous n'avons, d'une part, toujours pas décider d'une date, nous n'avons donc rien à repousser. Et puis, tu veux annuler nos fiançailles, c'est ça ? Tu me quittes, c'est bien ce que je dois comprendre ?

- Je pense juste qu'il serait mieux de… Faire une pause. Je suis désolé. J'aurais du te parler de ça avant, je ne sais pas quoi dire.

- Nos familles sont liées, Sirius ! Tu ne peux pas me faire une chose pareille !

Elle avait haussé le ton, et Sirius tiqua en l'entendant prononcer cette phrase.

- Nos familles étaient peut-être liées quand j'avais vingt ans. Je n'ai plus de famille, Ariane, tu le sais mieux que personne, je sais que tu m'as suivie de loin en loin, tu sais ce que j'ai traversé comme épreuves. Nous n'en avons jamais parlé, certes, tu as préféré fermer les yeux sur Azkaban, sur cette partie sombre de mon existence qui fait de moi ce que je suis maintenant. Tu es importante pour moi, je ne le nie pas, mais j'ai juste besoin… De temps. Je t'en prie, essaie de comprendre ça.

Il n'avait pas l'intention de s'étendre plus sur ce sujet. Ariane sembla le comprendre et n'insista pas. Néanmoins, Sirius vit dans ses yeux que le sujet n'était pas complètement clos pour elle. Une trêve. Elle lui accordait une trêve.

- Très bien. Je te laisse du temps, Sirius. Mais sache que pour moi, nos fiançailles ne sont pas rompues. Je ne le permettrais pas.

Sur ces mots, elle se détourna de lui, retourna derrière son bureau et fit mine de se plonger dans la lecture d'un parchemin. La discussion était close, et elle le lui signifiait toujours de cette manière. Il devait prendre « congé », et c'est ce qu'il fit.

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