Chapitre 11

La neige tombait par intermittence depuis plusieurs heures. Le nez à la fenêtre, Hermione se demandait si elle n'allait pas passer les trois-quarts de ses vacances enfermée dans cette chambre. Peut-être aurait-elle du aller en France avec sa mère. Au moins, elle n'aurait pas eu à affronter les regards de ses "amis".

Rien n'allait depuis ce fameux jour où ils étaient arrivés. Et tout continuait à aller de travers. Cela faisait maintenant deux jours que son altercation avec Ariane avait eu lieu, et l'ambiance au sein du manoir était lourde. Certes, Ron, Harry et Ginny continuaient à s'amuser comme aux premiers jours, enchaînant les parties d'échecs version sorciers, sans oublier les quelques farces et attrapes confiés par les jumeaux. Bref, tout allait bien pour eux. Ginny avait bien tenté de faire parler Hermione sur cette discussion avec Ariane, mais la jeune fille n'avait rien dit. La petite amie d'Harry n'avait pas insisté, se fiant aux regards satisfaits d'Ariane. Ainsi, elle croyait que tout allait bien entre les deux jeunes femmes, sans savoir qu'elle se trompait lourdement.

Depuis ce fameux jour, Hermione l'évitait autant que possible. Elle pensait que Sirius était au courant de ce qui s'était passé entre elles, mais ce dernier n'était pas venu la voir ensuite. "Il a du penser que c'était tout ce que je méritais", ne cessait-elle de ruminer. Cette constatation la rendait malheureuse. Elle avait pensé que Sirius aurait pu l'aider face à Ariane. C'était quelqu'un d'intègre, et il était vraiment agréable avec elle.

Mais elle n'avait pas réfléchi au fait qu'Ariane était sa fiancée. Ce titre lui octroyait de nombreux privilèges. Il était plus facile pour elle de faire croire à Sirius qu'elle n'était qu'une oie blanche, chose qu'elle n'était pas, évidemment.

Depuis deux jours, Hermione ne parlait quasiment pas, se refermant sur elle même. Bien sûr, elle profitait de ces nombreux moments de libre pour réviser ses cours, ce qui lui faisait un peu oublier son exclusion presque volontaire. Mais elle avait trouvé le jour précédent un endroit parfait pour ses moments de solitude.

Ce jour-là, elle marchait dans le manoir, afin de décompresser un peu. Tout était calme, il était presque minuit, bref, elle était la seule à être réveillée. Elle n'avait pas oublié son écharpe en quittant sa chambre, la maison était mal isolée, elle pouvait attraper froid à n'importe quel moment.

Hermione ne savait pas vraiment où aller, elle laissait ses pas la guider. Elle monta deux immenses escaliers, puis emprunta un petit couloir assez bas. Hagrid n'aurait sûrement pas pu se faufiler dans cet endroit. Tout était poussiéreux, et la jeune fille jugea adapté de ne pas éternuer. Quelques minutes de marche plus tard, elle tomba sur une petite porte délabrée, couverte de toiles d'araignée. Hermione la poussa avec précaution, de peur qu'elle ne tombe en lambeaux la minute suivante. Après avoir fait un bruit de tous les diables, elle s'ouvrit assez afin de laisser passer le corps frêle de la jeune fille.

La pièce qu'elle découvrit alors contrastait beaucoup avec l'étroitesse du couloir qu'elle venait d'arpenter. Il s'agissait d'une pièce aux dimensions confortables, plus grande que sa chambre de jeune fille chez ses parents, mais n'arrivant toutefois pas à dépasser la chambre qu'elle occupait ici.

L'endroit était rond. C'était la première chose qui était venu à l'esprit d'Hermione quand elle était entrée. Tout n'était que rondeur, donnant à la personne présente une sensation de bien-être, de sécurité. Malgré les ravages du temps, la poussière semblait avoir simplement effleurer les quelques meubles qui constituaient la pièce.

Mais l'attention d'Hermione était attirée par quelque chose en particulier. Au milieu de la pièce, à droite de la commode où elle pouvait apercevoir une bougie, trônait un télescope. Il paraissait intemporel, à la pointe de la technologie, mais pourtant assez ancien. En approchant de plus près, elle pouvait remarquer les vis qui lâchaient ici et là, preuve que cet objet était artisanal.

Après l'avoir descendu avec précaution afin qu'il arrive à sa hauteur, Hermione osa jeter un coup d'oeil à travers la lunette. Là, elle aperçut les étoiles. C'était différent des cours d'astronomie de Poudlard. Ici, elle pouvait rêver, à l'abri des autres.

La jeune fille passa une heure ainsi, tournant le télescope dans tous les sens afin d'observer - et d'admirer - les différentes constellations.

Un peu plus tard, elle s'apprêtait à partir quand sa main effleura une gravure sur le télescope. Après avoir frotter un peu afin d'enlever la poussière qui s'était logée dans les creux, elle plissa les yeux afin de voir ce qui était gravé : Sirius.

Avec un sourire, elle quitta la pièce, et se fit la promesse de revenir autant de fois qu'elle le pourrait.

Et ce soir, elle avait envie d'y aller. Bien sûr, elle savait qu'il était un peu idiot de vouloir observer les étoiles alors qu'il pleuvait et que les nuages obscurcissaient presque totalement le ciel. Mais rester dans cette chambre ne lui disait rien qui vaille non plus. Elle se leva de son fauteuil et prit son écharpe qui traînait sur le bureau. Après l'avoir mise autour de son cou, elle se faufila discrètement hors de sa chambre.

Arrivée dans le couloir, elle chuchota "Lumos" afin d'y voir un peu plus clair. Satisfaite, elle continua son chemin.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Ariane plissa les yeux en distinguant de la lumière dans le bureau adjacent à sa chambre. Après avoir appelé Sirius plusieurs fois, sans réponse, elle enfila un peignoir afin de voir ce qui se déroulait à côté.

Sirius était assis à son bureau, les yeux dans le vague.

- Chéri ? Ca ne va pas ?

Sirius sursauta, ne s'attendant pas à voir sa fiancée ici. Cette dernière s'approcha, et passa ses bras autour de son cou.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne dors pas ?

- Je pensais au bal de demain. Est-ce que c'est une bonne idée ? Nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour le préparer...

- Ne t'inquiète pas... Tout va très bien se passer. Remus et Tonks seront là également... Et Molly et Arthur ont promis qu'ils viendraient. Ce sera fabuleux, tu verras.

Elle glissa sur ses genoux et l'embrassa. Mais Sirius semblait toujours préoccupé.

- Hermione n'a pas de cavalier...

- Et... ? Je ne vois pas où est le problème. De toute manière, elle est toujours enfermée ces temps-ci, je doute qu'elle descende demain soir. Arrête de te faire du souci... Tu t'occupes trop des autres, et ne penses jamais à toi... Il arrive même que je me sentes délaissée tu sais...

Avec un sourire, elle se pencha une nouvelle fois vers lui et l'embrassa encore. Mais, au lieu d'un simple baiser, elle lui mordilla les lèvres afin qu'il ouvre la bouche, approfondissant leur étreinte. Au bout de quelques minutes, Ariane se débarrassa de son peignoir.

- Attends...

- Quoi ?

Sirius remit le peignoir sur les épaules de sa fiancée.

- J'ai encore certaines choses à voir pour demain. Je sais qu'il est tard, mais je dois vraiment le faire ce soir. Désolé.

Ariane se leva à contrecœur, puis resserra les pans de son peignoir.

- Je comprends. Mais ne tarde pas trop, il est déjà minuit.

Elle sortit du bureau, et quelques minutes plus tard, arrêta de bouger dans le lit, signe qu'elle dormait.

Les yeux de Sirius tombèrent alors sur une photo qui datait d'août. Sur cette photo, Harry était devant avec Ginny et lui enserrait tendrement les épaules. Derrière eux, il y avait, de gauche à droite, Ron, lui-même et Hermione. Cette dernière semblait gênée, et ne cessait de lui jeter des regards furtifs, qui n'avait bien évidemment pas remarqué lors de la prise de cette photo.

Hermione...

Il ne savait qui croire. Ariane lui avait bien entendu expliqué ce qui s'était passé dans le bureau, lui disant qu'Hermione lui avait très mal répondu, et qu'elle ne s'avait pas s'il fallait lui pardonner cet affront. Sa fiancée semblait affectée par cette soudaine rébellion, elle lui avait assuré avoir une très grande amitié pour la jeune fille.

Mais il connaissait également qu'Hermione n'était pas ainsi. Il la savait calme, douce, aimante avec ses amis. Alors, oui, peut-être qu'elle avait dérapé. Mais tout ça ne tenait pas debout, et il fallait qu'il mette cette histoire au clair. Mais pas ce soir, ni demain. Il avait une fête à préparer, et il n'était pas l'heure de régler des conflits.

Sirius rangea les quelques papiers qui traînaient sur son bureau et prit la direction du couloir. Après avoir allumé sa baguette, il descendit au rez-de-chaussée afin de voir quelle pièce allait être transformée en piste de danse.

Alors qu'il commençait à réfléchir quant à l'agencement de chacune des pièces, un bruit sourd se fit entendre deux étages plus haut. Fronçant les sourcils, il n'y prêta pas attention. Mais deux minutes plus tard, un "aïe" ténu le fit changer d'avis. Il se dirigea vers l'escalier et monta au deuxième étage. Arrivé là, il aperçut une lumière tremblotante tourner à gauche.

Il ne s'avait pas de quoi il s'agissait, mais partit dans cette direction, la baguette levée en cas d'agression. Il arriva devant un petit couloir dont le plafond lui arrivait au torse, et l'emprunta. La pluie tombait sans discontinuer sur le toit, et le bruit était multiplié par dix dans ce semblant de cavité. A sa droite, il apercut une lumière et poussa doucement la porte.

- Il y a quelqu'un ?

La voix féminine le fit sursauter et il poussa franchement la porte.

- Hermione ? Qu'est ce que tu fais là ?

Il pointa sa baguette sur le visage de la jeune fille, qui avait l'air d'une personne prise en flagrant délit.

- Je... Je suis désolée, je ne savais pas que je n'avais pas le droit d'être ici...

Sirius alla s'asseoir près d'elle, sur la couverture qu'elle avait installé. Après avoir déposé sa baguette, il se tourna vers elle et lui sourit.

- Ce n'est pas interdit, ne t'inquiète pas. C'est juste que... Je ne m'attendais pas à te voir ici.

- Tu viens souvent ici ?

- Oh, presque jamais.

Hermione leva un sourcil interrogateur.

- Que fais-tu ici dans ce cas ?

- Le bruit, ma chère Hermione.

- Le bruit ?

- Tu faisais un vacarme d'enfer, si tu veux tout savoir. J'ai voulu vérifier ce qui se passait là-haut, c'est tout.

La jeune fille vira au cramoisi.

- Désolée de t'avoir réveillé. Je pensais pourtant avoir été discrète. Ce n'est pas le cas, dirait-on.

- Je ne dormais pas, ne t'inquiète pas. Je pensais au bal de demain, figure-toi. Ca promet d'être un grand soir.

Hermione se contenta de hocher la tête.

- Tu n'as toujours pas de cavalier ?

- Non. Et je ne comptais en chercher un si tu veux mon avis.

- Je peux savoir pourquoi ?

Sans répondre, Hermione se pencha vers le télescope et régla l'objectif. Elle jeta un coup d'oeil à Sirius en lui désignant l'appareil.

- Tu l'as fabriqué toi-même ?

Avant de répondre, Sirius s'avança afin de toucher des doigts l'endroit où il avait gravé son nom.

- Oui. J'étais très fier de ce télescope à l'époque.

Hermione sourit en regardant par l'objectif.

- Pourquoi ? Tu ne l'es plus maintenant ?

- Oh, si. Je l'avais monté lors de mes vacances loin de Poudlard, lorsque j'étais chez James. C'était un peu notre passe-temps. Nous ne pouvions pas faire des farces à Rogue pendant les vacances, alors on fabriquait ce qu'on pouvait. Sans magie, évidemment. Je crois que nous avions passé au moins un an sur ce télescope. Arrivés à Poudlard, nous continuions à travailler sur des plans. Pour les mettre en pratique les vacances suivantes. James adorait ce télescope.

A la seconde où il avait prononcé le nom de son défunt ami, Hermione avait cessé de regarder le ciel, portant toute son attention sur Sirius. Ce dernier semblait perdu dans ses pensées, un petit sourire désabusé sur les lèvres.

- C'est un peu un cadeau qu'il m'a laissé avant de partir. Il avait tenu à ce que je grave mon nom sur cet objet. J'étais réticent au début, je voulais que nos deux noms soient accolés. Il n'a jamais voulu.

Hermione s'approcha de lui et lui prit la main.

- Pourquoi n'écrirais-tu pas son nom sur le télescope ? Aujourd'hui, je veux dire. Ce serait un peu... Comme s'il était toujours là.

Sirius leva un regard interrogateur vers elle, puis il regarda le télescope.

- C'est une bonne idée, Hermione. Une très bonne idée.

Il s'agenouilla près du télescope, puis pointa sa baguette près de l'endroit où était écrit "Sirius". Un "James" vint se graver à quelques centimètres de la première marque un peu plus tard.

Satisfait, Sirius se releva, puis tendit sa main droit à Hermione. Cette dernière hésita une fraction de seconde, puis la prit, afin de se relever également.

Ils étaient face à face désormais. Sirius replaça une mèche rebelle derrière l'oreille gauche de la jeune fille, sans lui lâcher la main. Hermione était troublée par cette soudaine proximité. Son regard se faisant fuyant, et elle n'arrêtait pas de mordiller ses lèvres. Une chaleur l'envahit, sans qu'elle puisse faire quoique ce soit pour la réfréner.

Sirius, quant à lui, ne savait pas ce qui lui prenait. Il n'avait pas décidé de se rapprocher de cette manière de la jeune fille. Pourtant, tout en lui l'avait poussé à lui prendre la main, à remettre cette mèche derrière son oreille, à l'observer ainsi. Tout en faisant ce geste, il avait su, au plus profond de lui même, que ce petit être n'aurait jamais pu faire face à la froide Ariane. Comment aurait-elle pu ?

Un silence pesant s'installa entre eux, silence qu'Hermione brisa.

- Je... Je crois qu'on ferait mieux de descendre...

Elle dégagea doucement sa main de la sienne, et la fourra dans sa poche.

- Oui, je pense aussi.

Sirius se détourna, gêné, et se dirigea vers la porte, tout en s'assurant que la jeune fille le suivait. Il quitta la pièce, s'engagea dans le petit couloir, et au bout de cinq minutes, ils étaient devant la chambre d'Hermione. Avant d'entrer, elle l'embrassa avec douceur sur la joue.

- Merci pour ce moment, Sirius.

- Tout le plaisir était pour moi, jeune fille. Repose-toi bien, demain est un jour important.

- Oui, souffla-t-elle en disparaissant derrière la porte.

Sirius resta là quelques secondes, en proie à des sentiments contradictoires. Puis, alors qu'il se dirigeait vers sa chambre, il se mit à penser qu'il n'avait jamais vécu pareille osmose avec Ariane. Sa fiancée.

Sans bruit, il ouvrit la porte et se glissa dans le lit où Ariane dormait profondément. Il l'embrassa doucement sur le front avant de s'assoupir également.

Le lendemain, Sirius et Ariane se réveillèrent très tôt, l'esprit accaparé par cette soirée. Tandis que Sirius commençait à déplacer les murs, Ariane s'amusait à accrocher un peu partout, à l'aide de la magie évidemment, des guirlandes de toutes les couleurs ainsi que des paillettes sur les murs. La salle à manger avait été remise à neuf, tandis que le salon ressemblait plus à une discothèque qu'à un lieu chaleureux.

- Que penses-tu du rouge pour le sol ? demanda Ariane à Sirius.

- Ca me paraît un peu agressif. Tu devrais alterner à mon avis. Un carreau blanc, un rouge.

- Tu as raison, comme toujours. C'est un plaisir de travailler avec toi, dit-elle en l'embrassant.

Hermione arriva à ce moment précis et s'éclaircit la gorge. Ariane se retourna brusquement et lui adressa son plus beau sourire. Hermione ne sut s'il fallait le lui rendre. Elle s'était faite avoir une fois, pas deux.

Alors, elle l'ignora superbement.

- Sirius, tu as besoin d'aide ?

- Non, pas pour le moment... Je t'appellerais si c'est le cas.

- Très bien.

Sans un regard pour son professeur de divination, elle se dirigea vers la cuisine afin de se préparer un petit-déjeuner.

De son côté, Ariane ne semblait pas être le moins du monde atteinte par ce comportement.

- Quelle idiote quand même.

- Ariane... Tu es sûre qu'elle s'est montré grossière avec toi l'autre soir ? Je ne sais pas, mais ce n'est pas son genre.

La jeune femme entrouvrit la bouche, puis la referma.

- Tu ne crois tout de même pas que je t'ai menti ?

Sirius arrêta de déplacer la table basse et s'assit dessus en se passant une main dans les cheveux.

- Je n'ai pas dit ça... Peut-être as-tu juste mal interprété. Ça arrive à tout le monde, tu sais.

- Je ne suis pas tout le monde, Sirius Black. Et tu le sais très bien. Sur ce, la conversation est close.

Elle se détourna, et se dirigea vers la cheminée afin de la décorer également. Après avoir laissé passé une à deux minutes, il soupira, sachant très bien qu'elle ne reviendrait pas sur sa décision. Parfois, il se demandait comment il avait pu être emporté dans cette relation qui, il le savait, ne le satisfaisait pas.

Il finit par se relever et continua de déplacer la table basse.

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