3) Immonde hystérie.
Je me réveillais. Encore.
Et je me rappelai. Hier, je m'étais réveillée. Les membres curieusement fripés. Le teint bleuâtre. Toujours à cette même date, et ma sœur portait son ensemble rose pétant qui me sortait par les yeux. La noyade ne marchait pas non plus, alors pour vérifier mes suppositions, après avoir passé l'ajournée à simuler un fièvre terrassante, je décidai des me trancher les veines.
Et me voilà, en pleine forme, avec une très jolie estafilade au poignet, ouvrant les yeux sur le cinq mai pour la quatrième fois consécutive. J'en devenais malade.
Mes dents vinrent mordre mon oreiller terne et essayèrent de le déchirer sauvagement, jusqu'à ce que mes gencives irritées soient en sang. Je roulais au bord du lit, me penchai en crachant le goût métallique et fut prise d'un soubresaut. Je vomi mes boyaux sur la moquette jaunie.
Immonde.
Pas seulement la gerbe qui maculait mon sol, non. Ma vie l'avait été et la mort se refusait à moi. Elle me rejetait.
Je posai un orteil à terre, délicatement, et me levai comme une rose avant de me jeter contre un mur, des cris déchirant mes cordes vocales. Je hurlais, je pleurais en griffant les murs, détachant le papier peint tristement fleuri, mes ongles crissant sur les parois qui s'effritaient.
Mes doigts étaient dans un état pitoyable quand les infirmiers de l'asile arrivèrent, sous le pâle soleil de la même fraiche matinée que celle d'hier. Et que celle de demain, sûrement.
/
J'étais dans un état comateux, enfin, je crois. Je suppose.
Ma si charmante famille, au lieu de prendre la peine d'essayer, juste essayer de me raisonner, de me parler, de me comprendre, avait honteusement appelé des infirmiers d'un asile proche.
D'après mes souvenirs, ils avaient défoncé la porte - pas fermée, au passage-, m'avaient plaqué contre le mur et m'avaient planté une seringue dans le cou. Exactement comme on le fait au bétail, lorsqu'ils sont à juste titre effrayés par l'abattoir. Mais moi, je n'avais pas peur, je n'étais plus effrayée, j'étais bien au delà, maintenant.
Juste entre la folie et l'acceptation morbide. J'hésitais encore.
Je me sentais alitée, sûrement encore dans l'ambulance, vu les bruits, de klaxon, de la sirène, des roues qui butaient sur les crevasses de la route, et des voix des infirmiers que je devinai assis près de moi.
Savaient t'ils que j'étais consciente ? J'en doutais sérieusement. Ces deux là disaient des obscénités sur ma soeur, qui apparemment les avait un peu chauffés quand ils me portaient comme du gibier abattu. Elle ne restera jamais qu'une salope en toutes circonstances.
-M'étonnes pas qu'elle ai pété un câble, cette pauvre fille, rit grassement l'infirmier.
Ha, on parlait de moi.
-Quelle baraque ! Lugubre j'te dis, avec toutes ces croix !
-Ouais, normalement tout le monde est sous le choc ou triste, mais là, rien ! Ils s'en fichaient presque, répondit l'autre.
A ce moment, j'ai cru qu'ils ne pourraient rien dire qui puisse me déprimer plus mais j'avais au combien tort.
-Combien de temps avant d'arriver a l'hôpital ?
- ho ! bien trois minutes, par contre, elle, elle dormira bien jusqu'à demain matin avec la dose qu'on lui a mise !
Et ils rirent, ces incapables !
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