12) Docteur Pellir
Genius trip
Assis dans une sorte de cabinet qui sentait la réglisse, nous baissions la tête devant une Mme Pellir visiblement énervée. Le médecin en cheffe tapotait lentement du bout de ses doigts desséchés un bureau blanc. Des dossiers s’y entassaient par dizaines, et obstruaient un peu la vue. Ce qui nous arrangeait bien.
- On me dit que vous refusez de vous soigner ?
Mona, dans un coin, redressa toute sa masse fièrement.
-Je ne suis pas folle, répliqua mon…amie ? Et lui non plus, continua t-elle me pointant.
Définitivement, mon amie.
- Personne n’a dit que vous étiez fous, déclara la vieille. Quand elle soulevait un sourcil, ses rides se soulevaient, et rendaient son front blafard encore plus plissé.
-Vous êtes seulement...déséquilibrés…De plus, votre placement, à tous les deux, pourrait être singulièrement écourté si vous coopériez!
Moi, je pensai à ma famille et Mack pensa sûrement à… Merde…Je ne savais pas.
En y réfléchissant, Mack restait une énigme –dont je l’avoue, je ne cherchais pas tant que ça la solution. Ce n'était pas du désintérêt, mais vu la façon dont on s’était rencontré, je doutait que ce soit très joyeux.
Et puis, même si nous nous étions, contre toute attente, facilement attachés l’un à l’autre, cela faisait objectivement peu de temps que nous nous connaissons.
Quatre jours, trois heures, vingt-six minutes.
Je ne saurais pas dire combien de secondes. Quatre jours aussi que mon attention était en baisse.
Et le temps ! Du vrai. Celui qui passe, et ne recommence pas. Sans qu’on sache pourquoi, mais à notre plus grand soulagement.
Pellir reprit, après nous avoir observés minutieusement.
-J’espère que vous ne recommencerez pas vos…gamineries.
Elle continua ses jérémiades revêches durant des minutes interminables, et nous força à promettre de ne plus nous enfuir à la vue des médicaments.
Ensuite, elle nous congédia d’un signe de la main.
Mona-La-Grasse s’empressa de nous suivre pour nous raccompagner mais le docteur Pellir lui demanda de rester.
-Juste pour quelques secondes. Attendez dehors, les enfants, ajouta t’elle.
Je fermais la porte mais je perçus une phrase, des mots dans un soupir exaspéré. Qui ne m’étaient sûrement pas destinés.
- Mona, êtes vous sûre de bien leur donner le traitement de nuit ? Ils sont bien trop excités!
En fouine avide d’informations, je laissai la porte un rien entrouverte. La voix molle de l’aide soignante répondit ;
- Ma foi, oui ! Enfin, que depuis qu’on les a retrouvés endormis dans le parc, parce qu’ avant, y étaient pas turbulents…
La voix du docteur claqua dans l’air, acide, comme si elle se retenait de crier.
- Vous n’avez pas à juger de ce qui est bon de faire ou pas. Vous n’êtes pas médecin.
-Compris madame, marmonna honteusement Mona.
-D’ailleurs, vous l’administrerez tout de suite, cette fois, à la patiente qui arrive demain. Je ne tolérerais plus aucune liberté de votre part.
*
Je me tournais vers mon amie, qui n’avait apparemment rien écouté, vu qu’elle grommelait toujours sur l’utilisation du mot « enfants »
- Un traitement de nuit ? Demandais-je à Mack.
Mon amie, me regarda l’air étonné.
-Hein ? Tu parles du truc là, qu’ils nous mettent dans les veines quand ils pensent qu’on dort ?
- Quoiiiiii ?!
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