1) Saut, lait et salle de bio...
Je m'étais assise, mes maigres fesses appuyées sur le rebord du toit de l'école et je balançais mes petits pieds dans le vide.
C'était dangereux, et j'en jouais. J'examinais les élèves de secondaire en récréation. Qu'Ils en profitent, ces porcs!
Ils s'empiffraient et crachotaient des discours plats à la gueule de leurs comparses sur quelques sujets, dénués de sens et d'intérêt
Demain, quand leurs bouches s'agiteront, dans un ballet crade, bruyant et discordant, ce seront des mots d'une peine factice pour moi qui en sortiront.
Je leur laissais quelques minutes, pour s'apercevoir de ma présence, ce qu'ils ne firent pas. Ce qu'ils n'avaient jamais fait, d'ailleurs.
Mais à quoi bon vouloir qu'on me remarque? Je n'étais pas drôle, ni même amicale. J'avais la langue mauvaise, aussi. Quand je parlais.
Et je n'étais pas jolie. Non; j'étais carrément laide.
Ce matin, ayant déjà prit ma décision, je m'étais arrêtée devant le miroir, juste pour admirer celle qui allait être la reine de la journée.
La reine me sembla n'être qu'une souillon dans la glace cruelle.
Elle me faisait face et ses lèvres fines esquissèrent une moue de dégout.
Des cheveux bruns, un peu gras, encadraient son visage émacié. Elle avait des pommettes prononcées et une peau translucide qui lui donnait un air maladif, mais c'était ses yeux qui me firent tiquer.
D'un marron chiasse consternant, ils lui mangeaient le visage, roulaient doucement dans leurs orbites, tout globuleux et injectés de sang qu'ils étaient. Et surtout, ils avaient cette lueur de profonde et amère...tristesse?
J'avais secoué la tête et m'en était allée poser mon corps rachitique sur mon Trône, placé comme il se devait autour de la table du petit déjeuner. Table d'ailleurs déjà entièrement envahie par ma ô cômbien douce famille qui fixait son entière concentration sur la télé. j'écoutai à mon tour et râlai intérieurement. Une journaliste piaillait joyeusement ;... découvert hier, aux alentours de quatre heures, que la maladie due à la malnutrition... Tout ça avec le sourire, et c'est moi qu'on disait morbide...
Le trône en question était une petite chaise pliante rajoutée à la va vite, place la plus éloignée du Père de Famille. J'avais soupiré, m'était emparé d'un toast cramé, et avait lancé à la cantonade ;
- 'Sauriez pas où est le lait?
Comme à toutes les rares fois où j'oubliais, dans une folle initiative, ma situation; Je ne me ramassai que des regards.
Celui dédaigneux de mon père, apeuré de ma mère, ceux moqueurs et méprisants de Justine, dans son horrible ensemble fushia, et Max Le bel abruti caractéristique. Imbéciles d'ainés. Je vis aussi l'expression choquée d'Alvin, qui du haut de ses six ans, croyait dur comme fer que j'étais muette.
J'allai chercher le lait au frigo et était revenue m'assoir en me demandant comment accéder au toit de l'école; parce que je me voyais mal perchée le mince rebord de la fenêtre de la salle de bio.
Ça n'avait aucune élégance et je voulais que mon suicide soit le chef d'oeuvre de ma vie.
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Le thème de cette histoire m'a été donné par Judith Akili Mali -meilleure pote de métro jamais créée et nommée la plus inventive par mes soins.
Merci, Haki ! 💚
( Et non, je ne suis pas suicidaire, en vrai. Sincèrement désolée pour votre imagination morbide !)
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