Chapitre 18 : Questionnements
Ma discussion avec Orphée m’a réellement chamboulé. Je ne sais pas quoi penser de ce qu’il m’a dit. Enfaite, je ne sais même pas s’il était sérieux ou s’il blaguait encore. Pour vrai, notre relation est impure et à cause de cela je ne sais plus où j’en suis, c’est horrible, je perds pied. Et je crois que plus j’essaye de comprendre plus je m’égare.
Il faut que tout cela s’arrête, c’est plus supportable. Comme si ma mère ne me donnait pas assez de fil à retordre, maintenant il faut que le ciel se mette à m’en vouloir.
Je soupire, passant ma main dans mes cheveux et posant mon front sur la table.
Je nage en plein brouillard. Et dans ma tête y’a un blizzard.
Il faudrait peut-être que j’appelle Eglantine, elle a toujours su me rassurer et me montrer le bon chemin. Mais elle est à l’autre bout du monde ! Je ne veux pas la déranger, il doit faire nuit chez elle et puis franchement à part me prendre pour un fou, que va-t-elle penser quand je lui expliquerais que j’ai un problème avec un ange déchu. Et si j’appelle Gwenn’ elle va penser que j’ai replongé et que je suis en plein trip, déjà que ma mère a des doutes, autant ne pas en rajouter. Le seul à qui je pourrais éventuellement me confier serait Nolahn lui il n’ira rien dire à notre mère mais je suis pas vraiment d’humeur à supporter ses sarcasmes et puis il est beaucoup trop perspicace, il ferait tout de suite le rapprochement avec Orphée depuis que je l’ai amené chez moi. C’est mort. Il faut que je fasse face seul et je crois bien en être incapable cette fois.
Lentement je me lève et quitte la salle informatique, sous les regards interrogateurs de certains élèves. Orphée, qui travaillais en groupe avec Alphy’ dans la pièce à côté ne put pas me voir sortir, ce qui m’arrangeait. J’avais besoin d’être seul pour réfléchir, pas que celui qui cause tout mon tourment soit constamment à mes côtés pour ne rien faire d’autre qu’augmenter mon trouble, croyant m’aider. Mon voisin de table, binôme imposé par le professeur, ne daigne même pas lever les yeux vers moi et c’est très bien ainsi, je ne vais pas m’en plaindre. Lyës et Adry’ étaient aussi dans l’autre salle, comme si même le professeur avait compris qu’il me fallait être seul, ce que mes amis ne semblaient pas réussir à assimiler.
Une fois dans le couloir, je marche sans trop savoir vers où. Mes pas me portent jusqu’à la bibliothèque, par habitude surement. Néanmoins, une fois devant la grande porte, j’hésiter à entrer. Cet endroit n’était plus une grande salle jamais fréquentée, maintenant tous mes amis y viennent alors je ne suis pas sûr que ce soit l’endroit idéal pour m’isoler. D’un autre côté, ils sont tous dans la salle informatique parce que nos professeurs ont eu la merveilleuse idée de nous rajouter des cours d’info le samedi matin -Qui d’ailleurs ne sont pas réellement des cours d’info mais plutôt de la bureautique- et pour couronner le tout, ils ont choisi de mélanger les classes et de nous faire travailler en binôme, tout ce que j’exècre. Je pousse donc le lourd bâtant de bois et pénètre dans la bibliothèque.
Parcourant les allées, j’essaye de me vide l’esprit. Chose inutile puisque depuis toujours je me suis demandé quel était le concept de ‘’faire le vide‘’. Comment peut-on ne penser à rien ?
C’est tout bonnement impossible, à moins d’être en état de mort cérébrale.
Si je ne peux pas ne penser à rien, je peux toujours m’occuper l’esprit pour submerger le problème, noyer le poisson comme on dit.
Enfin une bonne idée. J’ai qu’à devenir workaholic, comme ça j’aurai une vie de merde dans une entreprise de merde et un beau matin, je me réveillerais dans mes draps salles de mon sommeil, me rendant compte que je suis seul, que j’ai quarante ans que ma vie est pourrie, complètement fichue alors je péterais un plomb, ferai un burn-out puis serai pris en charge par un psy qui essayera de me faire croire que la vie est pleine de jolie chose et que ma petite vie bien rangée c’est le paradis et comme un idiot sans personnalité je me forcerai à y croire me mentant à moi-même jusqu’à ne plus me rendre compte de ce qui est vrai et de ce qui est faux et alors je pourrais crever, ‘’je me chercherais un dieu, pour tout me pardonner‘’ comme l’a si bien dit Balavoine, et au terme de ma misérable existence je remarquerais que frustré de ne rien avoir réussi j’ai passé ma vie à être un gros con. Super idée, le scénario classique du pseudo bourgeois qui ignore qu’il ne faut pas jouer les riches quand on a pas un sou.
Soupirant de nouveau, j’ouvre le premier livre qui vient, un livre de sciences occultes -quelle ironie, s’il y a un dieu quelque part il doit réellement se jouer de moi- et je commence à lire distraitement avant de brusquement stopper ma lecture.
Pourquoi avais-je pris ce livre, en ce jour et l’avais-je ouvert à cette page ?
Je reposais mes yeux sur le bouquin, partant m’assoir dans un coin, lisant attentivement ce coup-ci.
‘’La déchéance fut longtemps considérée comme un acte irréversible avant que certains démons viennent se vanter de pouvoir l’inverser, contre bon payement. Ledit payement peut sensiblement varier mais il s’agit toujours d’une âme jeune et pure, d’un sacrifice humain donnant l’âme d’une jeune personne entre quinze et vingt ans au démon invoqué. Une âme pure qui a été damné injustement est d’autant plus recherchée par les démons qui raffolent de la partialité. ‘’
Alors quoi, je trouve aider Orphée quand il ne vcommenteut plus être aidé ? C’est ça le plan ? Je devrais me sacrifier pour Orphée ?
D’un côté, il est vrai que cela réglerait tous les problèmes. Et puis quoi que dise Orphée, je sais que ses ailes lui manquent et que ma vie n’a au final que très peu d’importance… Il faut que je trouve comment invoquer un démon, après tout, faire des recherches n’engage à rien.
Ayant une nouvelle piste je me mets en action, ouvrant tous les livres relatif au sujet, certains semblant plus sérieux que d’autres, ceux de la réserve notamment. De ce que j’ai retenu, il me faut un catalyseur, objet ou personne capable de faire la liaison entre les deux mondes que je compte joindre un instant pour le passage d’un démon dans notre monde. Il me faut donc un objet qui appartient à la fois aux enfers et à la terre. Je regarde le talisman d’Orphée un instant, me demandant s’il pourrait faire l’affaire, appartenant au monde des anges il est peut-être capable de m’aider à faire la jonction avec l’enfer. Enfin tout cela est très théorique, si je me lance dans quelque chose de cette envergure, il faut que je sois sûr de ma réussite.
C’est la tête toujours pleine de doute mais le cœur gonflé d’espoir que je m’endormi, à même le sol, épuisé par ma trop courte nuit. Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, assis là par terre, mais quand je me suis réveillé, une idée avait germée dans mon esprit. Il fallait que je trouve l’émissaire, même si j’avais promis à Orphée de ne pas chercher à m’en approcher, il allait être mon catalyseur. Peu à peu, sans que je m’en rende compte, mes recherches devenaient des actions, qui elles engageaient réellement à quelque chose. Et sans même en parler avec personne, je me mis en tête de régler le problème, seul.
Je sorti mon téléphone, à la recherche d’informations supplémentaires sur le net, maintenant que ma recherche allait être un peu plus pointue j’aurais moins de chances de tomber sur des âneries, bien que même ainsi, la toile restait maculée de sottises.
Orelsan a raison, ‘’Si c’est écrit sur internet, c’est p’t-être faux mais c’est p’t-être vrai‘’
Au bout d’un certain temps, je ne sais pas vraiment combien, quelqu’un s’assoit à mes côtés. Je lève la tête pour tomber dans les yeux désormais bleus d’Orphée.
« Hey toi, tu vas bien ? » Me questionna-t-il.
Je me tournais vers lui, fermant le livre sur mes genoux d’un geste rapide, essayant de cacher mes recherches, ce qui sembla échapper à mon vis-à-vis, heureusement. J’hochais la tête, ne sachant pas réellement si je mentais ou pas.
Après tout, pouvais-je dire que j’allais bien ? Alors que je m’apprête à me sacrifier ?
En y pensant bien, ce n’est pas réellement un sacrifice puisque je suis damné et appelé à mourir. Reste juste à me prouver qu’il est mieux pour lui de redevenir un ange.
« Tu viens manger ? »
« Où ? »
« Où tu veux. »
« Ouais, ça me fera du bien de manger un morceau. »
Il me sourit avant de me relever par le bras et de lier ses doigts aux miens. Nous sortons de la bibliothèque, Orphée me souriant doucement.
« Crêpes ? » S’enquit Orphée.
« Pourquoi pas. »
Nous sortons du lycée, et, pour aller plus vite je prends mon vélo, rangé dans le parc à vélo depuis que je n’ai plus mon appartement.
« Tu pédales, j’ai la flemme. »
Surtout que la crêperie pas plus proche est à une trotte d’ici.
« Si tu veux. »
« Cool ! » Souris-je.
Il monta sur le vélo et je m’assis devant sur le guidon. Nous faisons à peine un mètre avant que le vélo ne vacille et ne manque de tomber.
« Fait gaffe un peu ! » M’exclamais-je, apeuré.
« Hey, m’engueule pas, c’est dur à manier cet engin ! »
Je ne pus retenir mon rire.
« Attends t’es en train de me dire que tu ne sais pas faire de vélo ? Genre, il te faudrait les petites roulettes ? »
« Ne te fous pas de moi ! Y’a pas de vélo au paradis je te rappelle. »
C’est vrai, j’ai trop souvent tendance à oublier d’où il vient ces temps-ci, encore une preuve qu’il faut que je lui fasse retrouver sa condition d’ange.
« Ok, descends, je vais pédaler, ce n’est pas grave. »
Nous échangeons nos postions, Orphée prenant place sur le guidon avant que je remarque quelque chose : je suis trop petit pour voir par-dessus son épaule.
J’ai honte, je suis vraiment nain.
Je demande alors piteusement à l’ange de se mettre derrière, debout sur les supports accrochés au milieu de la roue. Il s’exécute riant quand il comprend pourquoi je lui demande de changer de place.
« Tu n’avais pas dit que tu arrêtais de te moquer de ma taille ? » M’insurgeais-je.
« Moi ? J’ai dit ça ? » Interrogea-t-il, satirique.
« Oui, toi, tu as dit ça. » Soupirais-je, las de me battre contre des moulins au sujet de ma taille depuis ma plus tendre enfance.
Je suis Cirano de bergerac nouvelle génération, mais en taille mini et sans le nez turgescent.
Bien vite je prends de la vitesse quand la rue commence à descendre, Orphée serrant ses bras sur mes épaules ; puis je le sens se détacher de moi. Il pousse un cri euphorique, étendant ses bras dans le vent.
Je souris de le savoir heureux mais mon sourire ne tarde pas à faner quand il ajoute :
« J’ai l’impression de voler à nouveau. Si tu savais comme cela me manque. Pourfendre le ciel, battre les nuages de mes ailes et voir le soleil décliner. Oh Mahé si tu savais, si tu savais comme c’était beau, quand j’étais seul là-haut. »
Aussi idiot que cela puisse paraître, les larmes me montèrent aux yeux. Pourquoi me disait-il ça, il se doutais que j’allais me sentir coupable non ? Non, je n’avais pas le droit de lui en vouloir, si j’avais été un peu plus courageux, je serais parti au moment où, dans cette rue, j’ai compris que ce qui m’arrivait n’était pas normal. Si je n’avais pas été aussi peureux, je serais parti à ce moment-là et je n’aurais pas fait partie de l’équation et le problème aurait été beaucoup plus simple. Maintenant je sais. Je sais que quoi qu’il puisse dire, ce qu’il souhaite au plus profond de lui, c’est de pouvoir voler à nouveau alors le moins que je puisse faire c’est de l’aider à y parvenir, maintenant que je sais comment faire.
Trop absorbé dans mes pensées et mes planifications, je ne l’entends pas murmurer doucement dans mon dos.
« Mais être simplement ici avec toi Mahé, c’est encore plus beau. »
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🎉🎉CHAMPIONS DU MONDE BORDEL !!!!🎉🎉
⚽️🏅🇫🇷
Prochain update : Demain
Avec amour et dévotion,
ParadoxalementParadoxale.
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