Chapitre 54~

Après avoir pris son ordinateur portable dans son bureau, Colin me montre à présent une série de graphiques dont je ne comprends traître mot.

Colin : « Commençons depuis le début. »

Il regarde Ryan qui acquiesce. Ensuite, il me montre un diaporama.

Colin : « Tu es au courant que Carter Corp. œuvre pour la restauration de l'eau en Afrique du Sud, plus particulièrement au Cap occidental. Et que, dernièrement, quelqu'un s'amuse à capoter le projet. D'abord, en malmenant le chantier. Plutôt, en le sabotant. Jusqu'à maintenant, nous ignorons qui sont les infiltrés qui ont déterré les tuyaux et les conduits. 'fin, nous connaissons les commanditaires mais pas les exécuteurs, ceux qui ont fait le sale boulot. Lorsque nous avons voulu en savoir plus sur ces derniers, il s'avère qu'ils n'ont jamais fait partie de la société de construction. C'étaient des employés-fantôme. Avant de nous rendre compte de leur présence, ils avaient disparu. »

Ryan : « C'était l'incohérence que tu as souligné. D'ailleurs grâce à toi, nous avons fait des vérifications et restreint l'accès au chantier ainsi qu'à nos informations. Désormais, plus aucune data ne doit filtrer. »

Colin : « Ouais, c'était bien vu. »

Je suis gênée de les entendre me flatter comme ça, le rouge me monte aux joues. Pourtant je n'ai rien fait de particulier, juste mon travail. Hum, pas réellement. J'avais décidé de fouiner dans le bureau de Ryan et il m'a surprise en beauté avec ses allusions. C'était taquin, mais également coquin.

(Non mais à quoi je pense ?! Ce n'est pas le moment, concentre-toi !)

Samantha : « Est-ce que les sabotages continuent ? »

Colin : « Ils deviennent grave. Il n'y a même pas quelques jours, un camion s'est fait intercepté par des bandits de la route en tout genre. Ils étaient armés. Heureusement, personne n'a été blessé. Mais on ne peut pas en dire autant des matériaux. »

Samantha : « C'est terrible... C'est quoi cet acharnement ? Carter Corp. fait cela pour leur venir en aide, quel est le but de ruiner ce projet ? »

Ryan : « Ce ne sont pas tant les habitants du pays qui nous barrent la route. Au contraire, ils étaient tous heureux de savoir que l'eau courante arriverait bientôt chez eux. C'est un tout autre ennemi. »

Samantha : « Qui... ? »

Ryan ne répond pas immédiatement, il semble songeur.

Ryan : « Nous n'avons pas réellement de preuves, assez ''accablantes'' pour le juge mais avec ce que nous avons rassemblé, tout porte à croire que c'est l'œuvre de la compagnie ''Royal Oil''. »

Royal Oil, plus communément appelé « El imperio del Apadrinamiento »... plus grande entreprise d'exploiteur de pétrole connue à ce jour, fondée par... Don Diaz. Jamais personne n'a réussi à le détrôner. D'où le nom donné à son entreprise plus tard. Ce sont ses concurrents eux-mêmes qui l'ont surnommé ainsi. Bien sûr, il s'est fait devancer à quelques reprises mais il reprenait toujours les rennes et restait numéro un mondial. Et ce, depuis plus de vingt ans déjà.

(Ce qui signifie qu'il était déjà à la tête du marché avant même que je ne sois née, c'est fou !)

Samantha : « Qu'est-ce que Don Diaz vient faire là dedans ? »

(En quoi fournir de l'eau à un pays défavorisé a un lien avec un exploiteur de pétrole ?)

Ryan : « Disons... que j'empiète sur son territoire. Il ne tient pas à me voir sur une terre qu'il convoite. »

Colin : « Royal Oil a des vues sur le Cap Occidental parce qu'apparemment, il y existe un énorme gisement de pétrole là-dessous. Ils veulent nous faire déguerpir pour avoir le monopole. »

Samantha : « Et c'est tout ? Juste parce qu'ils veulent le pétrole, ils vont priver des milliers de gens de leur accès à l'eau ? C'est totalement immoral ! »

Ryan soupire lourdement et repose sa tête sur son poing appuyé sur son bureau.

Ryan : « Business is business, la plupart des gens dans cette entreprise se contre-fichent des Droits de l'Homme, Don Diaz en premier. »

(Comment peut-on être aussi... inhumain et indifférent ?)

Samantha : « Comment ça ? Je croyais que ce n'était plus lui à la tête de l'entreprise ? »

Colin : « C'est le cas. En ce moment, c'est son fils Marcello qui est à la tête. Cependant, cela ne l'empêche pas de monitorer dans l'ombre. C'est carrément une affaire de famille. Pas étonnant que ce soit ''El imperio'', traduction de ''l'Empire''. Cette entreprise, c'est un héritage familial et il faut perpétuer les traditions. J'serai pas étonné si Don Diaz faisait un lavage de cerveau à son fils pour qu'il applique ses méthodes. »

Ryan : « A moins qu'il ne soit tout aussi pourri de la moelle, ce sera de famille. »

Samantha : « Et donc, comment avez-vous découvert que c'était lui, -ou eux- ? »

Colin et Ryan se regardent, gênés. Ils sont réticents à me répondre.

Ryan : « Comme je disais... ce ne sont pas de ''réelles preuves'' acceptées dans un tribunal car... Nous ne les avons pas obtenues... ''légalement''. »

Samantha : « C'est-... à-dire ? »

Colin : « J'ai piraté des systèmes et récupéré des données personnelles de niveau top secret, possibles de me foutre en prison si je me fais choper. »

Samantha : « QUOI ?! »

Ryan tenta de me calmer mais j'ai le cerveau en ébullition. C'est un problème d'ordre mondial là ! Ce n'est pas qu'une simple querelle et rivalité entre deux entreprises. Non ! Si Royal Oil est au courant que des informations ont fuité chez eux et qu'ils remontent jusqu'à Carter Corp., jusqu'à Ryan, jusqu'à Colin... Que va-t-il advenir de nous ? Pas que nous, les pauvres habitants d'Afrique deviendront alors des dommages collatéraux dans la colère de Don Diaz alors que ces derniers sont innocents, déjà qu'ils n'ont pas été très gâtés du côté de la vie.

Colin : « Ne t'en fais pas pour moi, j'ai effacé toute trace pouvant conduire à Carter Corp., ils n'en sauront rien. »

Samantha : « Mais, et si... ? »

Ryan : « Spencer sait faire son travail, il me l'a déjà bien prouvé avant. Je lui fais entièrement confiance. »

(Ce n'est donc pas la première fois que Ryan et lui adoptent ce genre de méthode...)

Au final, Carter Corp. non plus n'est pas blanc comme neige. J'ignore ce que Ryan a pu faire avant pour avoir ce qu'il voulait. Ma parfaite image de lui s'effrite petit à petit...

Les princes charmants n'existent que dans les contes de fées, ici c'est la réalité.

Samantha : « Puisque les preuves ne sont pas recevables, comment allez-vous faire pour accuser Don Diaz ? »

Ryan : « Nous ne pouvons l'accuser ni directement ni sans être extrêmement prudent. Ce n'est pas n'importe qui, il a sa place dans l'Histoire. »

Samantha : « Nous sommes dans de beaux draps... »

Je m'affale sur le fauteuil derrière moi et soupire fortement. J'ai besoin d'une pause. Décidément, la vie new-yorkaise n'est jamais de repos. Et même si elle l'est, ce ne sera jamais de longue durée. C'est alors que je me rends compte de quelque chose : Ryan n'a pas la vie facile. Il est vrai que j'avais des tonnes de préjugés à son sujet, aucune d'elles ne s'est avérée juste jusqu'ici. Ai-je donc jugé Ryan trop vite ? Fortement possible. Mais j'ai appris à le connaître, à l'apprécier et à l'aimer. Cette pression à laquelle il est soumis chaque jour... ça doit être invivable. Et encore, je ne suis pas totalement à sa place. Il m'a simplement expliqué ce qui se tramait en ce moment et j'en suis déjà toute exténuée. Honnêtement, je ne décèle aucune solution à ce problème. Je me sens inutile, encore une fois. Je souhaite alléger le poids sur ses épaules mais comment ?

Colin coupe le fil de mes pensées.

Colin : « Je vais vous laisser, je retourne à mon poste maintenant. »

Ryan : « Oui, encore merci Spencer. »

Il affirma d'un hochement de tête seulement et lorsqu'il passe devant moi, il me regarde lourdement. J'ignore quel sous-entendu se cache derrière cette expression mais je le découvrirai plus tard. Colin semble encore avoir des choses à me dire. Après qu'il ait claqué la porte, mes yeux se posent sur Ryan et il semble enfin respirer.

Samantha : « Tu sais, si tu as autant confiance en Colin, pourquoi continuer de l'appeler Spencer ? »

Ryan : « Je garde un minimum de professionnalisme, pour qui on me prendrait sinon ? »

(Alors comme ça, on est d'humeur taquine, hein...)

Je me lève et avance doucement vers lui. Il se redresse en me voyant arriver à pas légers, tel un félin qui vient de verrouiller sa cible. Je pose une fesse sur son bureau et croise les jambes, veillant à ce qu'il distingue très clairement que ma jupe se relève à une lenteur calculée. Lorsque j'obtiens son attention, je sors de son champ de vision pour contourner son bureau fait de Pernambouc. Je me poste alors derrière son fauteuil et même si ce dernier me cache entièrement la vue, j'essaie d'entourer Ryan de mes bras. J'y arrive avec un peu de mal mais c'est bien de ressentir mes paumes sur sa poitrine. Il pose ses mains sur les miennes.

Ryan : « A quoi tu joues ? »

Il prend alors une de mes mains et c'est avec celle-ci qu'il me tire gentiment et me guide à venir auprès de lui. Je me retrouve alors sur ses cuisses, mon dos collant son torse. Il enroule ses bras autour de mes hanches et repose son front sur mon épaule. Si tout ce dont je suis capable pour le moment, c'est de le réconforter alors je ferai tout pour qu'il aille mieux. Ensuite, je sens son souffle chaud remonter le long de ma nuque et s'arrêter au niveau de mon oreille droite.

Ryan : « Tu sens bon. »

Sa voix rauque et basse soufflant à mon oreille ne manque pas de fournir des frissons dans tout mon corps. J'essaie de me retourner pour voir son visage et je rencontre de belles prunelles d'un gris profond. Il se détache un peu de moi, ce qui me permet de me tourner un peu plus. Je pose une main sur sa joue et m'approche pour déposer un baiser affectueux sur ses lèvres. D'abord innocent et enfantin, Ryan en réclamait plus. Malheureusement ma position ne le permettait pas, ce qu'il comprit bien assez tôt d'ailleurs. Il me poussa légèrement, m'incitant à me lever et dès que je lui fais face à nouveau, il s'empare fougueusement de mes lèvres. Son impatience me fait reculer et je me heurte au bureau. Il pose alors ses mains sur mes fesses et me soulève pour que je vienne m'asseoir sur le plan de travail. J'échappe une petite exclamation. J'en profite alors pour enrouler mes jambes autour de ses hanches, quitte à remonter indiscrètement ma jupe jusqu'à ma taille ! Je resserre un peu plus mes jambes contre lui, et l'attire vers moi en enroulant mes bras autour de sa nuque, l'obligeant à me coller pendant qu'il explore voracement ma bouche. Sa langue caressant la mienne, entamant une valse impatiente, remplie de désir. Je gémis de bien-être. Mon cœur devient un véritable feu d'artifice dans ma cage thoracique. Je passe mes mains dans ses cheveux et il pose les siens à ma taille, ouvrant la fermeture-éclair de ma jupe et essayant de retirer mon haut. Je ris entre deux baisers parce qu'il a vraiment du mal. Je me détache de lui à contrecœur et retire mes vêtements moi-même sans oublier de lui retirer sa veste par la même occasion. Ensuite, nos baisers reprennent. Je mords sa lèvre et il échappe un grognement âcre. Je déboutonne sa chemise, l'enlève aussi rapidement que possible et caresse avidement son torse sculpté par ses superbes tablettes de chocolat. Lorsque Ryan frotte son bassin contre moi, je ressens une braise ardente s'accroître dans mon bas-ventre. Les picotements que me procure ce seul contact sont à la fois une délicieuse excitation et une exquise douleur. Instinctivement je suis le mouvement en ondulant les hanches. Je sens une certaine bosse entre mes cuisses. Ryan tire sur mes cheveux et je penche la tête en arrière, lui offrant mon cou qu'il ne tarde pas à mordiller. C'est fou, j'ai l'impression d'être en manque, comme si cela faisait des lustres qu'il ne m'a pas touché comme ça. Il descend sur mon épaule droite et s'attarde sur ma clavicule. Il mord un bon coup, je me tends et n'hésite pas à enfoncer mes ongles dans la chair de son dos. Il aspire et lèche la parcelle de peau qu'il vient de mordre. J'expire d'aise. Nous sommes tous les deux haletants, nos respirations sont saccadées. Je plonge mes yeux dans les siens. Il me tarde que nos corps se touchent directement, peau contre peau. Les vêtements deviennent une véritable gêne. Je descends ma main sur la ceinture de Ryan, ce dernier passe une main au niveau de l'agrafe de mon soutien-gorge. Un dernier rempart, plus qu'un seul. Il pourra alors me posséder comme il le désire.

Juste au moment où je m'apprête à ouvrir sa braguette, son interphone sonne.

(Vous voulez un tue-l'amour ? Choisissez un interphone ! Ça casse totalement l'ambiance.)

Toute la tension d'il y a quelques instants est retombée. Ryan inspire calmement et met de la distance entre nous. Il pose ses mains sur mon épaule et me regarde avec des yeux de chien battu.

Ryan : « C'est le boulot. »

Il appuie sur le bouton de l'interphone.

Ryan : « Oui ? »

Blonde : « Monsieur Carter, votre prochain rendez-vous est là. »

Ryan : « Très bien, faites-le patienter encore quelques minutes. »

Il éteint l'interphone et reprend sa chemise par terre. Je ne peux m'empêcher de rechigner. C'était une occasion parfaite ! Stupide interphone, stupide blonde mais surtout, STUPIDE RENDEZ-VOUS ! Comment je fais pour faire redescendre la tension, là maintenant ? Je n'en ai pas eu assez, je veux encore une dose de Ryan ! Je veux son corps contre le mien, son souffle contre ma peau... Mes lèvres contre les siennes ! Qu'est-ce que ça me frustre...

Je descends du bureau et me rhabille à mon tour. J'arrange un peu mes cheveux avant dire au revoir à Ryan. Je pense qu'il est dans le même état d'esprit que moi mais il ne l'exprime tout simplement pas.

Samantha : « Bon... eh bien... J'y vais. »

Il me sourit platement, caresse ma joue et dépose un bisou sur mon front.

Ryan : « Passe une bonne journée, chérie. »

Rien que ce surnom me remonte un peu le moral. Une idée me vient alors en tête.

Samantha : « Tu sais... Et si... nous terminons... ce que nous faisions... ce soir ? Genre, chez toi ? Pas la garçonnière, hein. Ton chez-toi. »

Il hausse un sourcil inquisiteur avec ce demi-sourire arrogant et provocateur. Il a parfaitement compris où je voulais en venir parce que ses yeux sont d'une lueur malicieuse et vilaine.

Ryan : « Cela me semble... être une merveilleuse idée, Mademoiselle Hope. »

Samantha : « Alors à ce soir... Monsieur Carter. »

Je lui fais un petit clin d'œil et me dirige vers la porte de sortie en me déhanchant délibérément. Cette soirée s'annonce... aphrodisiaque.

***

Alors ouais, vous allez me détester mais... le prochain chapitre n'est pas ce que vous attendez xD Je le réserve pour un bonus~

Et pour celle qui a deviné que c'était Don Diaz depuis le début, bravo ! 😉
Bon peut-être que je suis tout simplement nulle pour faire durer les mystères 😅

Comment vous trouvez l'histoire maintenant ? J'ai peur de m'éloigner du contexte général 🤔 (ça en fait des chapitres depuis 😅)
Je remercie encore celles qui me lisent, celles qui prennent le temps de voter et de commenter 😘😘😘

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