Chapitre 50~

50ème chapitre pour les 50k de vues 🎉🎉🎉😂

C'est le week-end et je suis actuellement en train de choisir ma tenue pour aller rejoindre Jake. J'hésite entre une robe fleurie ou une tenue plus « correcte » qui fasse tenue de bureau. Je ne comprends même pas pourquoi je me prends la tête avec ça. Une tenue de bureau, pourquoi ? Nous sommes samedi. C'est chercher le problème là où il n'y en a pas, je n'ai qu'à prendre cette robe et voilà. La tenue de bureau sera pour Ryan, lundi. Je me maquille légèrement, enfile des bottines, un joli béret grenat et une veste marron. Je pars le rejoindre dans un bar qui est en hausse de popularité récemment. J'avais envie de visiter, au moins une fois et ce lieu fera également  « terrain neutre » quant à ma discussion avec Jake. J'arrive dehors et je le vois adossé à un arbre près de l'entrée de mon immeuble. Il porte toujours sa tenue de travail.

(N'a-t-il aucun moment de répit ?)

Maintenant que j'y pense... Quelle excuse a-t-il dit à Ryan ? Ou bien tout simplement la vérité ? Il l'aurait laissé me voir ? J'en doute.

(Comment aborder cette situation ?)

Jake fume tranquillement, échappant quelques bouffées alors que je me rapproche.

(Essayons de détendre l'atmosphère...)

Samantha : « Salut Jake... Pas de limousine aujourd'hui ? »

Il jette sa cigarette à terre après une dernière bouffée.

Jake : « Malheureusement non. Elle n'est pas ma propriété mais celle de l'entreprise. »

(A-t-il seulement une vie en dehors de servir Ryan ?)

Je commence à avoir de la peine pour lui.

Samantha : « Tu sais, tu n'étais pas obligé– »

Jake : « J'y tenais. »

Samantha : « D'accord. »

Sans plus un mot, nous avançons vers notre destination. Je me contente de baisser les yeux et de regarder où je vais. Avec une main dans la poche et une autre qui tient une nouvelle cigarette, Jake reste silencieux et instaure même une certaine distance entre nous.

(Il a accepté que l'on se voie mais acceptera-t-il également de m'écouter et de me pardonner ?)

Je pousse un soupir lorsque soudain, je me cogne à un poteau.

(Ça m'apprendra à ne pas regarder devant moi...)

Jake : « Samantha, tu vas bien ? »

Je soupire à nouveau.

Samantha : « Non, ça ne va pas. »

(Je n'attendrai pas une minute de plus.)

Samantha : « Jake, je suis terriblement désolée. Je t'ai accusé à tort, sans preuve, je m'en veux énormément. C'est juste qu'au début, tu n'arrêtais pas de dire du bien de Ryan. Et qu'ensuite, tu changes d'avis soudainement. Et j'ai reçu ces menaces et j'ai paniqué. Je n'ai pas réfléchi, je t'ai immédiatement désigné comme coupable parce que tu étais le dernier à m'avoir parlé, à m'avoir « averti » que Ryan n'est pas celui qu'il prétend être. C'était un timing de merde, j'ai directement sauté aux conclusions. Je crois que je ne pourrai me le pardonner. Tu ne mérites pas ça, j'ai été vraiment horrible et affreuse et... et... Je suis tellement désolée ! »

Je n'ai pas pu retenir un sanglot.

Samantha : « Même si je ne suis pas sûre... que tu puisses me pardonner... Je voulais au moins que tu saches que... je regrette... »

Jake : « Samantha... »

(N'en dis pas plus, je sais. Tu m'en veux à mort. Je comprendrai. Mais parfaitement. Laisse-moi juste... me préparer mentalement.)

Jake : « J'accepte tes excuses. »

Samantha : « Quoi ?! »

Je lève la tête et Jake me sourit chaleureusement. Comment quelqu'un peut-il avoir un aussi bon fond ?

Il pose sa paume chaude sur ma joue et essuie une larme de son pouce.

Jake : « Pourquoi tu es surprise ? Tu ne croyais tout de même pas que j'allais laisser une lady pleurer. »

(Quel gentleman...)

Samantha : « J'espérais que tu me pardonnes. Mais j'espérais également que tu n'allais pas me rendre la tâche facile. »

Jake : « A t'entendre, on dirait que je suis un monstre. »

(Idiote !)

Samantha : « NON ! Surtout pas. Ce n'est pas ce que je voulais dire... »

Il rit légèrement, essayant de masquer sa bouche.

Jake : « Je te taquine. »

Je rougis.

Je découvre un nouveau Jake, compatissant et attentionné. Je savais déjà qu'il est bien élevé, humble. Mais il est tellement gentil que j'en reviens à penser que je ne le mérite pas.

Jake : « Dis-moi... tu veux toujours aller dans ce bar ''chic'' dont tu m'as parlé ? »

Eh bien... la principale raison pour laquelle je voulais y aller, c'est pour m'excuser mais je l'ai déjà fait donc...

Samantha : « Non, nous ne sommes pas obligés d'y aller. Tu as un endroit en tête ? »

Il secoue négativement la tête.

Jake : « Je pensais qu'on pourrait juste s'acheter des cafés et se promener. »

Samantha : « Ce n'est pas une mauvaise idée, je suis partante ! »

Il me sourit et mon cœur rate un battement. Qu'est-ce qui m'arrive ? J'avoue qu'avant, je ne l'ai pas détaillé mais Jake est un très bel homme. Il a beau avoir des traits durcis, il est galant et compréhensif. Il m'écoute et ne me juge pas. Il est une perle rare : trop de qualités pour être vraies.

Nous nous arrêtons dans un petit Coffee Shop, commandons nos cafés et repartons aussitôt. La température s'est rafraîchie ces derniers jours. Prochainement, l'hiver viendra en moins de temps qu'il ne le faudra. Et j'ai hâte.

Nous nous baladons dans New-York, sous les vents automnaux, sirotant nos cafés, regardant parfois les passants qui nous regardent à leur tour. Jake a réduit la distance entre nous. Est-ce parce que je me suis excusée ? Ou parce qu'il ne savait pas tellement comment gérer la situation ? Peu importe, désormais. Il est une personne que j'apprécie énormément, je n'ai pas envie de le perdre sur un malentendu.

Samantha : « Jake, tu es vraiment trop gentil. »

Jake : « Tu trouves ? Mon but n'est pas réellement d'être ''gentil'' mais j'analyse seulement la situation. De n'importe quel point de vue. Je ne prends pas un parti, je fais et dis seulement ce qui me semble juste. Je ne suis pas du genre à juger trop vite. »

(Ouch, une pique. Mais je le répète : je le mérite.)

Jake : « Enfin, depuis que j'ai quitté l'armée, je ne le suis plus. »

Samantha : « C'est-à-dire ? »

Jake se crispe. Oui je suis trop curieuse et évoquer la guerre pourrait être encore un sujet délicat pour lui vu comment il grimace mais il tente de le cacher quand même.

Jake : « Dans une bataille, tout ce qui importe c'est la victoire et rien d'autre. Même si tu touches un allié, les ordres sont les ordres. Et l'exécution de ces ordres est primordiale. Tu n'as pas le temps de penser par toi-même sinon tu mourras. Nous n'étions que des pions. Notre seule fonction était de foncer tête baissée. Maintenant que je me suis retiré, je ne veux plus recommencer les mêmes erreurs, plus jamais. Alors je comprends que, dans ton cas, tu sois paniquée en recevant ces menaces. Après tout, qui ne le serait pas ? »

(Ryan, peut-être ? Toi ?)

Samantha : « Qu'est-ce qui t'a poussé à rejoindre l'armée ? Euh... Si tu veux en parler bien sûr... »

Jake : « On va dire... que j'étais un enfant à problème. Dès ma majorité, on m'a envoyé là-bas pour me ''corriger''. Mais plus les années passèrent, je trouvais ça moins pénible. J'ai fini par m'habituer aux champs de bataille et j'y ai développé un certain sens de patriotisme. Mais chaque homme a sa faiblesse, sa limite. J'ai atteint la mienne. Je ne supportais plus tout ce sang versé, tout ça pour... Je ne sais même plus en fait. Et c'est ça qui m'a fait prendre conscience... que je ne savais même pas pourquoi je me battais. Le patriotisme auquel je croyais... eh bien... oh, excuse-moi, j'ai trop parlé. »

Samantha : « Pas du tout. J'aime bien t'entendre parler. Et on dit que parler fait du bien. Tu ne te sens pas plus relaxé ? »

Jake : « Oui, tu as raison. Cependant, je ne pense pas que je parlerai comme ça à tout le monde. C'est juste que... il est vraiment facile de te parler, Samantha. »

Hop, un nouveau petit rougissement et un nouveau « petit » battement de cœur.

Samantha : « Je serai là si tu as besoin d'une oreille attentive. »

Nous stoppons notre marche pour nous regarder. Je me perds alors dans ses profonds yeux noisette. Je peux le sentir qu'il en a vécu des choses dans l'armée. Et ça n'a jamais été une partie de plaisir. Jake réduit de plus en plus la distance entre nous, nos torses vont presque se toucher quand... Un immense vrombissement de voiture se fait entendre et lorsque j'ai tourné la tête pour voir d'où venait le bruit, la voiture en question fonçait sur moi ! Jake m'entoure de ses bras et saute en arrière pour échapper à la voiture. Il atterrit sur le dos avec tout mon poids qui s'effondre sur lui. La voiture s'est enfuie comme si elle n'a jamais essayé de m'écraser. Certains passants se regroupent autour de nous mais personne ne nous vient en aide. Ils demandent juste ce qui s'est passé et reprennent aussitôt leur chemin. La vie New-Yorkaise.

Samantha : « Oh mon Dieu ! Jake, ça va ? Tu n'as rien de cassé ? »

Il marmonne quelque chose d'incompréhensible avant de me répondre.

Jake : « Un peu sonné mais je m'en sortirai. Toi ça va ? »

Samantha : « Oui... Grâce à toi. Merci... »

Ce n'est qu'en relâchant son étreinte que je remarque que Jake m'a fortement serré dans ses bras. Heureusement qu'il a eu ce réflexe sinon...

Samantha : « Qu'est-ce que c'était que ça ?! »

Jake : « Ne restons pas ici, viens. »

Sans perdre plus de temps, il prend ma main dans la sienne et nous quittons les rues de New-York pour la pelouse verdoyante de Central Park.

Jake : « Je ne pense pas qu'on nous suivrait jusqu'ici. »

Il sort son paquet de cigarettes "applati" –par ma faute– de la poche intérieure de sa veste et en allume une, même si elle est toute flasque. Je m'aplatis à mon tour sur un banc froid près de la marre aux canards.

Samantha : « Tu crois... que c'était prémédité ? »

Jake : « J'en ai bien l'impression. »

Samantha : « Mais comment ?! »

Jake : « Peut-être... es-tu suivie. »

Samantha : « Jake, ça ne me rassure pas du tout ! »

Colin avait raison. Je ne suis en sécurité nulle part. Alors dois-je passer le reste de mes jours enfermée chez moi ? Comme une prisonnière ? Je ne tiens pas en place et fais les cent pas devant le banc. Jake me prend par les épaules, son regard est ferme.

Jake : « On finira par connaître le coupable. Crois-moi, il le paiera cher. »

Samantha : « Et pendant que vous le démasquiez, je fais quoi ? Je déteste être assise sans rien faire. Cette histoire doit cesser ! »

Jake : « Tu n'as pas à te mêler de ça. Monsieur Carter a pris un gros risque en t'entraînant dans cette histoire. Et ça, je ne l'ai déjà pas apprécié. Je ne tiens pas à t'exposer à plus de danger, je ne me le pardonnerai pas si jamais un mal t'arrivait. »

Samantha : « Pourquoi tu... vas aussi loin pour moi ? »

Il fait deux pas en arrière et évite mon regard.

Jake : « Tu es quelqu'un de bien, belle et intelligente. Carter a de la chance de t'avoir. Et si j'étais à sa place... enfin, si j'avais quelqu'un comme toi... je la chérirai comme le bien le plus précieux au monde. Donc je suis prêt à tout, même à aller "aussi loin" comme tu dis. »

Je suis sans voix.

Il jette sa cigarette et l'écrase de son pied.

Jake : « Viens, je te ramène chez toi. »

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