Chapitre 35~

C'est fou ce de constater à quel point un petit rien et tout bascule. Je suis passée d'un dîner hyper tendu avec Jenny à une nuit magnifique avec Ryan. Puis d'une dispute ridicule à des souvenirs d'enfance qui me réchauffent le cœur. J'ai bien fait d'être tombée sur Sarah. Ryan ne m'aurait même pas dit ces choses. Il croirait peut-être que c'est sans importance mais c'est faux. Ce sont ces petits détails à son propos qui m'intéressent.

Je tape à la porte de Lisa, plus calme qu'avant mon appel. Ça l'étonne d'ailleurs. Elle me fait entrer et immédiatement je m'affale sur son canapé-lit. Il est encore tout défait mais je m'en moque. Lisa habite dans un studio. Pas trop grand pour une personne mais un peu petite pour deux. Les murs sont d'un blanc immaculé. La cuisine se trouve à ma droite, dans un coin. Elle est petite mais ça suffit pour une personne. Derrière moi il y a son bureau avec son ordinateur. La porte de la salle de bain est à côté. À ma gauche une petite véranda.

Lisa : "Ça va mieux, on dirait."

Je m'étire et échappe un couinement.

Samantha : "Exact. Mais pas assez pour régler mes problèmes."

Lisa : "Qu'est-ce qui s'est passé ?"

J'inspire pour rassembler mon courage. Je raconte tout à Lisa à commencer par le dîner jusqu'à ma petite discussion avec Sarah. Et bien sûr, entretemps, je lui raconte les détails de ma nuit. Pas en intégrale, je me le réserve. Mais vu sa réaction, je crois qu'elle est satisfaite de mon récit. Je lui avoue que je suis perdue également. Ryan change de comportement aussi vite qu'une girouette pendant un mauvais temps. J'en ai marre de devoir prédire ses actions, par peur de le laisser s'enfermer sur lui-même ou comme aujourd'hui, de le voir s'éloigner. Je dois faire attention, l'écouter attentivement et faire comme il le souhaite. Je me demande s'il pense à moi... À tous ces efforts, à toutes ces fois où je me suis faite silence parce que j'appréciais la manière dont nous étions ensemble. Il n'a pas l'habitude qu'on lui dise non, on dirait un enfant. Mais peut-être, est-ce normal ? Sa figure paternelle est partie trop tôt, sur qui pouvait-il prendre exemple ? Il s'est façonné lui-même l'image d'un homme. Et un homme pour lui, c'est ce qu'il est quand il prend son rôle de PDG. Il a l'air d'avoir jeté toutes ses émotions à la poubelle lorsqu'il enfile ce costume "d'homme". Pourtant ce n'est pas que ça. Cette image d'homme fier à grande prestance ne fait pas tout. Moi j'aime celui qu'il est quand il est avec moi. J'aime son côté de frère sur-protecteur, j'aime quand il est galant au restaurant, j'aime quand il est avenant, j'aime quand il me prend dans ses bras et lorsqu'il m'embrasse, je sens son sourire s'étirer sur mes lèvres. J'aime quand il me parle de son passé, j'aime quand il sourit, tout simplement et que je vois ses mini-fossettes. Il est trop craquant.

Bref, en gros... J'aime cet homme qu'est Ryan Carter. Je ne l'admettais pas mais c'est bien la vérité. Et je me déteste d'être autant accro à lui. Il me manque. Je déteste lorsque l'on se dispute. Je déteste qu'il s'éloigne au lieu de régler le problème. J'ai juste envie d'oublier ce qui s'est passé ce matin et de faire comme si de rien n'était mais c'est impossible. Maintenant que je me rends compte de mes sentiments... Qu'est-ce qu'il ressent pour moi ? Et si ce n'était pas la même chose ? Qu'est-ce que je ferai ? Est-ce que je m'accrocherai encore à ce discours de "Il faut en parler et tout s'arrange" ? Bien sûr que non. Serai-je capable de toujours travailler à ses côtés s'il s'avère que je suis la seule à m'imaginer des films ? Seul l'avenir nous le dira...

Je suis restée chez Lisa jusqu'à midi et demie environ. Je lui ai fait part de mes pensées.

Lisa : "Fais attention à toi."

C'est tout ce qu'elle me répond. Je lui dit que je vais cogiter là-dessus et penser à une occasion pour le dire à Ryan. C'est beaucoup trop pour que je le garde pour moi-même, j'ai besoin de lui dire. J'ignore complètement comment il va réagir et je me demande si je peux encaisser... ce qui vient après. J'ai beaucoup d'appréhension.

Avant de partir, j'emprunte quelques vêtements à Lisa et lui promets de lui rendre quand on se verra au travail. Quand j'arrive chez moi, Max couine puis fait semblant de m'ignorer. Je lui ai manqué on dirait. Il fait toujours ça quand je mets trop de temps à rentrer. Pour me faire pardonner, je double sa ration de croquettes, il est aux anges. Puis il redevient le grand foufou et me saute dessus. Le reste de l'après-midi, j'ai hésité à contacter Ryan. J'ai pensé qu'il valait mieux lui dire en face, c'est plus approprié. Le soir j'ai regardé un film avec Max sur mes pieds puis je me suis couchée.

***

J'ai répété mon texte dans ma tête une centaine de fois. On croirait voir une lycéenne qui va se déclarer pour la première fois. J'ai presque honte de moi, je suis une adulte, enfin ! Ryan va arriver dans quelques minutes et je stresse. Je l'attends devant la porte de mon bureau, elle donne vue à l'ascenseur. Alors lorsqu'il sortira de là, je vais l'accoster. Et justement quand j'entends le "Ding" de l'ascenseur, mon cœur lui aussi ne cesse de faire "Ding" mais à grande vitesse. Je viens à sa rencontre mais c'est à peine s'il me regarde.

(Quoi ?!)

Il me contourne et me dépasse pour aller vers son bureau. J'essaie de le rattraper. Vu qu'il n'y a personne aux alentours, je me permets d'être familière.

Samantha : "Euh, Ryan, j'ai besoin de te parler."

Ryan : "Ce n'est pas le moment, Samantha."

Il m'a coupé net, d'un ton sec. C'est tout sauf ce que j'espérais.

Samantha : "Il s'est passé quelque chose ?"

On sent l'inquiétude dans ma voix. Je le suis toujours jusqu'à son bureau.

Ryan : "Tu pourrais arrêter les questions ? Et évite de me suivre, s'il te plaît."

(Je ne comprends pas.)

Samantha : "Mais qu'est-ce que j'ai fait ?!"

J'ai hurlé malgré moi, il fait volte-face et me regarde férocement. Il se tient droit, bombe son torse, fronce les sourcils. Il soupire en pinçant l'espace entre ses deux yeux puis il me regarde de haut. Je ne l'ai jamais vu avec une telle expression auparavant.

(Est-ce... De la haine ? Il me déteste ? Pourquoi ?)

Ryan : "Il ne s'est rien passé, rien qui te concerne."

Samantha : "Alors pourquoi tu es aussi froid ?"

Il grince des dents et ne me regarde même pas dans les yeux.

Ryan : "Écoute, j'ai pas mal pensé et je crois... qu'on devrait arrêter de se fréquenter."

(Pardon ?!)

Mon cœur craque et se brise en mille morceaux, là, juste devant lui, mais il n'a pas l'air de le voir. Plutôt, il ne veut pas le voir. Je fais du mieux que je peux pour retenir mes larmes mais c'est impossible.

Ryan : "C'est malsain. Je suis ton supérieur, on ne devrait pas faire ça. Il vaut mieux arrêter avant que ce ne soit trop tard et que ça aille plus loin."

J'échappe un sanglot et mes larmes suivent. Comment peut-il faire ça ? Juste au moment où j'allais me déclarer en plus...

Samantha : "Tu es sérieux ?"

Il se mord la joue intérieurement.

Ryan : "Je ne plaisante jamais, Samantha. Arrêtons-nous là. À partir d'aujourd'hui, je ne suis plus que Monsieur Carter pour toi. Et toi, tu es ma secrétaire, c'est tout. Et nous en restons là."

Il tourne le dos et s'enferme dans son bureau. Et là, j'éclate en sanglots. Je crie, je pleure, ma poitrine me fait mal, j'ai du mal à respirer. Comment est-ce possible ?! Tous mes espoirs viennent de couler. Et maintenant, je fais quoi ? J'ai tellement mal... Je ne le pensais pas capable d'être plus froid qu'il ne l'était déjà. Une chose est certaine, je dois arrêter d'être aussi naïve : je ne le connais pas tant que ça. Et si tout ça était faux ? Qu'il avait tout prévu depuis le début ? Pourquoi maintenant, pourquoi pas avant ? Il est inutile de se poser autant de questions désormais. C'est fini.

Je me voyais déjà bâtir quelque chose avec lui mais je me suis trop avancée. J'ai fini par me brûler les mains. J'étais si heureuse, qu'après tout ce temps, j'ai enfin rencontré quelqu'un.

(Trois mois, ce n'est rien. Rien du tout.)

J'essaie de me lever mais mes jambes sont encore tremblantes. Je prends appui sur la porte du bureau de Ryan.

(Dommage qu'elle soit insonorisée.)

J'ai tellement envie de savoir à quoi il pense.

(Et voilà, encore une fois. Je dois arrêter. Ça n'a plus d'importance.)

Ça n'a plus d'importance.

Je dois me répéter ça dans la tête. Je dois oublier. Mais comment oublier alors qu'il est toujours dans mon champ de vision ? Je dois partir.

Je reviens dans mon bureau à la hâte et prend mon sac. Je cours vers l'ascenseur, comme si ma vie en dépendait.

(Je dois sortir d'ici.)

Dans l'ascenseur je pleure encore et je me regarde.

Je suis horrible.

Mon maquillage a coulé, je ne ressemble à rien. Ça me rappelle que c'est ici que tout a commencé. Enfin, pas tout à fait. Ça a commencé en boîte mais j'ignorais qui il était à ce moment-là. Je me remémore ses paroles, sa manière de me toucher, de m'hypnotiser, il pouvait m'ordonner n'importe quoi, je l'aurais fait.

(Putain.)

Je me déteste d'avoir pensé ça. Cela prouve à quel point je suis-, non, j'étais mordue.

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent, je me précipite pour sortir. Mais je tombe nez à nez sur Jake. Il me regarde, très surpris.

(Vu comment je suis...)

Jake : "Samantha, qu'est-ce qui s'est passé ?"

Je renifle en frottant mon nez et regarde par terre.

Samantha : "Rien."

Il fronce les sourcils et prend mes épaules. Je n'ai aucune force pour lutter.

Jake : "Ce n'est pas «rien». «Il» t'a fait quelque chose ?"

Je lui fais les gros yeux. Ça se voit tant que ça ? Est-il au courant de quelque chose?

Samantha : "Jake, tu sais ce qu'il se passe ?"

Voyant qu'il a dit une bourde, il tente d'éviter le sujet.

Jake : "N-non, je ne sais rien."

Samantha : "Tu mens."

Il se mord la lèvre inférieure. Je le croyais droit et juste. Je ne pensais pas qu'il puisse mentir, me mentir.

Samantha : "Pourquoi tu le protèges ? Tu étais bien celui qui m'a averti de ne pas m'approcher de lui. Pourquoi tu es de son côté maintenant ?"

Jake : "Samantha, ce n'est pas ce que tu crois..."

Il passe une main dans ses cheveux. Sérieusement, que ce soit l'un ou l'autre, aucun d'eux n'a osé me parler droit dans les yeux. Je commence à perdre patience. Je croise les bras et fronce les sourcils à mon tour.

Samantha : "Jake, dis-moi ce qui se passe. Et ne tente même pas d'éviter le sujet."

Il fait une tentative pour me prendre l'épaule, encore une fois, mais j'esquive. Là, je suis déterminée. Après quelques minutes, il ne dit toujours rien.

Samantha : "Très bien, si tu ne veux rien dire, je m'en vais."

Jake : "A-Attends... !"

Samantha : "Ne me touche pas !"

J'ai crié, quelques passants se sont retournés et Jake fait un pas en arrière. Il culpabilise mais je m'en fiche. Tant que je n'aurai pas mes réponses, il peut faire n'importe quelle tronche, je ne flancherai pas.

Matt : "Princesse ? Ça va ?"

Je me tourne en direction de cette voix familière. Matt, tu tombes à pic. Je me mets à côté de lui et il toise méchamment Jake, qui, soudainement, semble paniqué.

Samantha : "Matt, est-ce qu'on pourrait s'en aller, s'il te plaît ?"

Matt : "O-Ouais, si tu veux."

Il passe son bras autour de ma taille et je sursaute. J'avoue que je ne m'y attendais pas. Mais je suppose que c'est une manière de me protéger... contre Jake. Je lui lance un dernier regard presque meurtrier et nous partons.

Lorsque nous sommes assez loin, Matt me lâche et j'expire un bon coup.

Samantha : "Pardon de t'avoir mêlé à ça, Matt..."

Il me sourit tendrement.

Matt : "Ce n'est rien, princesse. C'était qui ce type ?"

Je regarde dans le vide.

Samantha : "Il est... Ça te dit de parler autre part ? Dans une ruelle, ce n'est pas l'idéal."

J'ai besoin de me confier. Et j'ai confiance en Matt. J'espère seulement qu'il ne va pas trop me juger... Je lui fais un demi-sourire et il acquiesce d'un hochement de tête.
Ne trouvant pas de lieu assez convenable, nous marchons jusqu'à Central Park et prenons un banc. Je joue avec mes mains, ne savant pas par où commencer. Matt ne me brusque pas, il attend sagement que je parle et le sourire qu'il me fait me donne du courage et un peu de réconfort.

Samantha : "L'homme de tout à l'heure... C'est le chauffeur de Ry-, Monsieur Carter."

Matt : "Ah ouais ? Il te voulait quoi ?"

Son ton est nonchalant mais je sens qu'il meurt d'envie de connaître l'histoire.

Samantha : "J'en sais rien. Je... Je me suis disputée avec Carter. Et ça a vraiment mal fini."

Matt : "T'inquiète, princesse. Ça va s'arranger."

(Si seulement tu savais...)

Je secoue négativement la tête.

Samantha : "J'en doute. Matt, c'est plus compliqué que ça entre Ryan et moi. Je n'oserai plus le regarder en face sinon je risque de pleurer."

À nouveau, je sens mes larmes monter. Je cache mon visage avec les mains et Matt me tapote le dos.

Matt : "Qu'est-ce qu'il a fait ? Attends... «Ryan» ?"

Il parle plus sèchement. L'explosion est imminente. Je lève les yeux vers Matt et il me sonde.

Matt : "Pou-Pourquoi tu l'appelles par son prénom ? Sam, dis-moi ce qui se passe. Ne me dis pas..."

Je me contente de hausser les épaules et de me recroqueviller.

Matt : "Ah non ! Putain, Sam, non ! C'est le boss, enfin ! Et tu..."

Il ne termine pas sa phrase et je ne savais pas que c'était parce que je pleurais. Je ne l'ai pas remarqué non plus. Jusqu'à ce que je sente une chaleur descendre le long de ma joue. Il s'immobilise et cesse de parler. À la place, il me prend dans ses bras et me serre très fort. J'étouffe quelques sanglots dans sa chemise et je m'en veux de salir une si belle chemise. Je renifle et il efface mes larmes de ses pouces.

Samantha : "Ce n'est pas comme si je le voulais, Matt. Ç-Ça m'est tombé dessus comme ça et il a fallu que ce soit lui."

Matt : "Excuse-moi, j'ai été pris de court. Mon intention n'était nullement de te juger. Je suis ton ami, je suis de ton côté."

Samantha : "Merci, Matt."

Il dépose un bisou sur ma joue, malgré mes larmes. Je suis sûre qu'il a un mauvais goût salé sur la bouche. Il me décroche un sourire.

Tout à coup, j'entends un coup de klaxon au loin. Nous nous retournons là où vient le bruit et nous remarquons une Ferrari rouge garée devant le portail de Central Park. À la simple vue de la superbe voiture, Matt grince des dents et je vois en lui, l'expression qu'avait Ryan en me regardant.

(C'est typique des hommes cette expression ? Faudrait carrément imposer une marque déposée si ça continue.)

Sans le savoir, Matt resserre sa main sur mon bras. Le conducteur de la voiture sort et je n'en crois pas mes yeux.

(C'est quoi ce bordel ?!)

***
Après des jours et des jours d'hésitation, j'ai créé la page Facebook^^
Pour ceux/celles qui veulent la suivre, voici le lien : https://www.facebook.com/The-Common-Name-844671059219741/
Sinon, savez-vous que l'histoire va prendre une toute autre tournure à partir de maintenant ? 🤔

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