Je tourne le verrou de ma porte et hésite. Je suis sur le point de montrer mon appartement à Ryan. Il n'a rien d'extraordinaire, il est même un peu en piteux état. Je me demande si ce sera à la hauteur de ses espérances. Est-ce qu'il en a pour moi d'ailleurs ?

La porte s'entrouvre à peine qu'une masse poilue se jette sur moi. Je tombe par terre et je me fais attaquer par une multitude de léchouilles.

Samantha : "Max... Stop ! Arrête ! Arrête mon grand ! Hahaha..."

Ryan me regarde, ahuri, pendant que j'essaie d'éloigner Max. Je lui demande de rentrer dans l'appartement et j'arrange un peu mes vêtements –qui sont totalement foutus–, avant de faire entrer Ryan. Je le fais patienter au salon pendant que je cherche à boire. Je n'ai rien de "luxueux", il se contentera d'un jus de fruit. Je reviens au salon et ce qui s'y passe me dépasse : Ryan et Max sont face à face et se dévisagent longuement. Ils ne font rien d'autre. Ryan est assis, bras croisés, jambes croisées, et Max est en face de lui, également assis.

Samantha : " Euh... Tout va bien ?"

Ryan : "Ton chien me regarde mal."

Je pouffe de rire avant de déposer le verre de Ryan sur la table basse. Max est aussi doux et moelleux qu'une guimauve avec les gens de mon entourage. C'est bien la première fois qu'il se méfie d'une personne. Quant à Ryan, je ne comprends pas pourquoi ça l'affecte. Peut-être qu'il adore les animaux et que voir Max le rejeter lui fait mal au cœur ? Mais Max reste assis devant lui, guettant ses gestes. Je crois qu'il est prêt à bondir –non de joie– sur Ryan dès qu'il baissera sa garde.

Je me tourne vers Ryan puis vers Max.

Samantha : "Ryan, arrête. Il ne te connait pas. C'est normal. Allez, bouboule, toi tu viens ici."

(Oui, je l'appelle par tous les surnoms, il sait que c'est lui. Parce que c'est mon petit bébé.)

Ryan repose sa tête sur sa main et croise les jambes tandis que Max vient à moi, tel le foufou qu'il est. Voyant cela, Ryan grince des dents.

Je caresse le ventre de Max et je le porte, lui et ses vingt-deux kilos et demi, sur le canapé à côté de Ryan. À peine je pose mon popotin qu'il me lèche à nouveau, se levant même sur deux pattes pour m'empêcher de bouger. Je suis prise d'un fou rire.

Ryan : "Ah non, ça suffit !"

Ryan chasse Max avec ses mains, et ce dernier grogne.

Samantha : "Ryan, qu'est-ce que tu fais ?!"

Ryan : "Tu passes ton temps à chouchouter ce cabot. Je trouve que c'est bien impoli de ta part d'ignorer ton invité."

(Ça c'était méchant. Pourquoi il a autant les nerfs à fleur de peau ?)

Samantha : "Alors déjà, tu ne l'appelles pas «cabot». C'est mon fidèle ami. Qu'est-ce qui ne va pas ? Dis-moi."

Il se contente de hausser les épaules et ne me répond pas.

(Ah les hommes, je vous jure...)

Si j'ai bien compris la situation, Ryan se met en colère à cause de Max parce qu'il trouve que je ne lui donne pas assez d'intention ? On dirait un gamin de cinq ans. Selon lui, le problème c'est Max et comme d'habitude, je vais succomber à ses désirs, encore une fois...

(J'étais sur la bonne voie pourtant...)

Je porte Max dans mes bras et l'emmène dans ma chambre pour l'y enfermer.

Samantha : "Désolé mon grand, je reviendrai te chercher après."

Il baisse ses oreilles et me regarde tristement. Je déteste le voir comme ça mais je ne veux pas non plus que Ryan me fasse la gueule toute la soirée. Nous venons à peine de nous réconcilier, j'en ai marre des disputes.

Je reviens au salon et m'assoit à côté de Ryan. Nous sommes les seuls dans la pièce, personne ne parle, ce silence est très pesant. Je ne sais pas comment l'aborder. Je me recroqueville et pose ma tête sur mes genoux. Je respire bruyamment. Je suis sur le point de craquer.

Doucement, je sens une caresse sur ma tête.

Ryan : « bon, maintenant que ton ''ami'' n'est plus là, tu voudrais bien arrêter de bouder et venir dans mes bras ? »

(Parce que tu crois que ce sera aussi facile ?)

Je jette un coup d'œil vers lui et effectivement, il a les bras grands ouverts, prêts à m'accueillir. Il me fait ce demi-sourire séducteur et irrésistible.

(Ne pas faiblir, ne pas le laisser me démonter, ne pas-,)

Oh et puis merde !

Je plongerai presque dans ses bras tellement j'ai pris de l'élan. Je me maudis intérieurement d'être autant molle face à lui. Je concède trop facilement et Ryan le sait parfaitement. Il me serre contre lui et je sens son cœur battre. Il resserre son étreinte, je sens son souffle chaud au-dessus de ma tête et son odeur sur son torse. Il caresse mes cheveux, hume leur parfum et dépose un baiser sur mon front. Il me resserre encore et repose à nouveau son menton sur ma tête tout en expirant lentement. Ses battements prennent un rythme ralenti, sa respiration se fait plus calme. Il est tout chaud comme une bouillote humaine. Je me sens bien. Et lui aussi. Je ne comprends pas ce qui lui a pris avec Max.

Peu de temps après, nous avons décidé de regarder un film, peu importe lequel, juste celui qui passe à cette heure-ci. Nous nous vautrons sur mon vieux canapé grinçant, son bras autour de moi. Mais avant ça, j'ai demandé à Ryan si je pouvais faire sortir Max. Il était réticent mais j'ai su le convaincre. Alors maintenant, il dort à nos pieds, ronflant quelque fois. Ce qui a arraché un sourire à Ryan.

(Qui c'est qui a fait la gueule tout à l'heure, hein ?)

Tout ça pour un chien ! Je lève discrètement les yeux au ciel en repensant à cette idée absurde. Alors que le film défile devant nos yeux, je me rends compte alors d'une chose.

Samantha : « Pourquoi tu ne veux pas m'emmener chez toi ? Enfin, ton ''réel'' chez toi. »

Silence.

Samantha : « Ryan ? »

Il retire son bras, agacé, et ne me calcule plus du tout. Ryan vient d'entrer en mode « coffre-fort », il ne dira point mot. Il fixe l'écran mais son regard est vide. Ça me gonfle. J'en ai plus qu'assez, à chaque fois c'est la même rengaine. Je cède facilement face à lui mais quand vient son tour pour me fournir une information, même infime qui soit, il se referme et ne laisse personne pénétrer son espace personnel. Sa carapace est dressée entre moi et ses pensées. Je ne dirai pas qu'il a un cœur de pierre, je me demande seulement s'il en a un...

Je me dirige vers la salle de bain, Max à mes trousses et m'y enferme. Dès que je retourne le verrou, je me laisse aller, adossée à la porte. Max me léchouille et ça me réconforte un peu. Que Ryan fasse ce qu'il veuille. Qu'il parte ou qu'il reste n'a plus d'importance. Ça me rappelle qu'il m'a dit qu'il m'expliquerait tout, après cet « incident de la garçonnière ». Je n'ai rien mentionné après cette dernière mais il me reste tant de choses inconnues à propos de Ryan. D'accord, il a une vie privée mais j'en fais partie désormais... ou pas ? Je ne sais plus. Max se met à couiner et je me retrouve à le calmer.

Samantha : « Hé, mon beau... T'inquiète, je vais bien. Ne t'en fais pas... »

Je niche mon visage dans ses poils soyeux tout en continuant de le caresser. J'aime bien l'odeur du shampoing que j'utilise pour Max. Il se met sur deux pattes et pose une de ses pattes avant sur mon épaule. J'entends alors toquer à la porte.

Ryan : « Sam, ouvre-moi. »

Samantha : « Qu'est-ce que tu veux ? »

C'était presque inaudible mais Ryan a grincé des dents.

Samantha : « Dis-moi... Est-ce que je t'ennuie, Ryan ? Après tout, je viens de casser ton programme pour aller dîner je-ne-sais-où et je t'ai « contrarié » à propos de ton domicile à l'instant même. Je parie que tu préfèrerais quand-même les filles de ta garçonnière, parce qu'elles ne disent rien, elles. Elles sont dociles, toutes à tes pieds, t'obéissant au doigt et à l'œil. C'est le pied, pas vrai ? Tu peux être direct hein, je m'en fiche. »

J'entends un énorme coup à la porte qui me fait tressaillir. Max grogne.

Ryan : « Mais arrête de dire n'importe quoi ! La ferme, tu m'entends ?! Je t'interdis de parler de toi comme ça. Je le répèterai une nouvelle fois, et autant de fois qu'il le faudra pour te convaincre : ''Tu n'es pas comme elles, Samantha. Tu es différente''. Si j'étais réticent à l'idée de t'emmener chez moi, dans ma vraie résidence, c'est parce que je ne voulais pas que les mêmes erreurs se reproduisent. »

Samantha : « T'en as d'autres des garçonnières ? »

Il souffle.

Ryan : « Ce n'est pas ce que je veux dire... Je n'arrête pas de gaffer avec toi. C'est loin d'être ce que je souhaite. Cette histoire de... de garçonnière, c'est une énorme erreur. Cet incident t'a marqué, je le sais. Tu as découvert une de mes parties sombres. Une partie dont je ne suis pas fier. Je m'en veux que tu aies eu à le savoir... surtout de cette manière. J'aurai préféré balancer ça aux oubliettes. C'était déjà de l'histoire ancienne. Cela faisait longtemps que je n'ai pas eu de relation. De vraies relations. Tu te rappelles tout ce que je t'ai dit après notre première nuit ? J'étais sincère. J'aimerais prendre mon temps avec toi, pour bien construire les bases, tu vois ? J'avoue... que j'ai un peu pris peur quand tu m'as questionné sur mon vrai domicile. Je ne voulais pas aller trop vite à nouveau, au risque de reproduire ce qui s'est déjà passé. J'ai sauté des étapes et regarde où est-ce que ça nous a mené. Donc oui, je me suis refroidis mais pas parce que je ne te fais pas confiance, mais parce que j'ai peur de foirer une nouvelle fois. Je ne sais rien faire d'autre à part me renfermer su moi-même quand je suis bloqué... Oui, je te montrerai ma maison mais pas tout de suite. Je t'en fais la promesse. S'il te plaît, Samantha, ouvre-moi cette porte. »

Ryan a... peur ?! Le Grand Ryan Carter a peur ?! Peur de l'échec ? Peur de foirer ? Peur de... me perdre ?

Je fais volte-face à la porte et pose ma main dessus.

Samantha : « Ryan, je ne lis pas dans les pensées. Il faut que tu t'ouvres un peu plus à moi pour que je te comprenne. Pour que l'on ''construise les bases'', tu vois ? »

Ryan : « Très bien, je... Je vais essayer. Mais ne t'attends pas à de grands résultats dès le début. »

Il m'arrache un sourire. Il fait moins le têtu, il m'écoute et ça fait très plaisir.

Samantha : « Tant que tu feras des efforts, il y aura toujours des résultats. »

Tout en parlant, je tourne le verrou pour ouvrir la porte et je le vois appuyé au mur, main sur le front. J'avance vers lui, il reste immobile, analysant peut-être mes actions. Je pose ma main sur sa joue et il ferme les yeux à mon contact. Sa joue est chaude. Il pose sa main sur la mienne et inspire.

Ryan : « Très bien, voici mon premier effort : j'aimerais que tu viennes dîner avec Jenny et moi. Pour que l'on mette cette histoire au clair une bonne fois pour toute. »

Je déglutis.

La notion de « petit » et de « grand » varie bien selon les personnes et pour moi ce dîner, c'est un grand effort, un énorme effort même. Pourtant j'ai ouvert ma bouche pour déblatérer, je dois assumer mes paroles. Une relation ne marche pas à sens unique.

Je sens que ce dîner sera de toute couleur.

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Comme promis, voici un nouveau chapitre 😍
Alors voilà, après mon PC, je vous présente ma misère du moment (oui j'ai la poisse je crois 🙄) : Quand j'allais faire la correction de ce chapitre, avant-hier, j'ai remarqué qu'il n'était pas complet !!! 😱 Je n'ai pas compris pourquoi, peut-être était-ce un bug de Wattpad ? Mais y avait même pas la moitié du chapitre 😔 ça m'a dépité 😭
Donc j'ai réécrit tout le chapitre parce que je ne me rappelais plus du fil des idées que j'avais... Et celà à deux jours seulement de la date de publication :v mais bon, j'y suis arrivée à temps (≧▽≦)