"Passons aux choses sérieuses."

Ces mots résonnaient en moi. J'ai tellement peur.

Carter : "Mademoiselle Hope, savez-vous pourquoi nous vous avons convoqué ?"
Samantha : "Hum... non."

Il me fait un sourire en coin qui n'annonce rien de bon pour moi.

Il va me dénoncer.

Il passe un nouveau coup d'œil à Monsieur Leviels et ce dernier hoche discrètement la tête.

(Mais arrêtez de vous faire des signes ! Ce silence va me tuer, je vous jure !)

Leviels : "Mademoiselle Hope..."
Samantha : "O-Oui...?"

Instinctivement, je pose ma main sur ma poitrine. Je sens mon cœur battre, il est sur le point d'exploser. Ma respiration est bloquée, j'ai des sueurs froides.

Leviels : "Mes félicitations, vous êtes promue !"

(Quoi ?!)

Samantha : "Pardon ?!"

C'est alors que Carter éclate de rire. Si un jour on m'avait dit que je verrai le Big Boss rigoler... ou le voir en face même... J'aurai trouvé ça plus qu'absurde. Mais non, c'est ce qui se passe maintenant. Mes yeux de merlan frit passent de Leviels à Carter.

Carter : "Excusez-moi. Je n'avais aucune intention de me moquer de vous, croyez-moi. Vous sembliez tellement sérieuse et stressée puis votre regard a changé en l'espace de quelques secondes après l'annonce de Monsieur Leviels."
Samantha : "Euh... C'est une blague ?"

Carter est surpris.

Carter : "Loin de là Mademoiselle ! Je n'ai pas le temps pour des blagues aussi infantiles."

(C'est sûr... il dirige une multinationale après tout.)

Carter : "Donc laissez-moi le répéter : Mademoiselle Samantha Hope, vous êtes promue ! Désormais, vous travaillerez à cet étage en tant que mon assistante personnelle."

Je n'y crois pas. Pincez-moi, je rêve !

Samantha : "Mais je n'ai rien fait qui puisse m'obtenir une promotion !"
Leviels : "Vous êtes bien modeste. Cependant vous méritez cette promotion. Le dernier dossier que vous avez traité a beaucoup augmenté nos profits. Vous avez réussi à convaincre un client qui était un gros investissement pour l'entreprise. Je vous dis chapeau."

(Le... dernier... dossier... traité... Celui de Matt ! Non, ce serait injuste pour lui !)

Je me lève brusquement, ce qui ne manque pas d'étonner mes patrons.

Samantha : "Vous savez... Je n'ai vraiment rien fait. Celui qui mériterait une promotion, c'est mon collègue Matt Ortega. Nous avons traité le dossier ensemble."

Carter semble offusqué. Il me parle fermement.

Carter : "Malheureusement, notre décision est prise et nous vous avons choisie. D'ailleurs, il me faut une secrétaire dans les brefs délais, la dernière a du partir pour raisons personnelles. Mais si ça peut vous rassurer, je veillerai personnellement à rémunérer ce... Monsieur Ortega. Alors Mademoiselle Hope, acceptez-vous cette promotion ?"
Samantha : "euh... Je..."
Carter : "Oui ou non ?"

(Quelle pression... Que faire ? Je ne mérite pas cette promotion. Ce serait injuste envers Matt. Pourtant, Carter a pris la peine de me le dire en face. Si je refuse, je lui aurai fait perdre son temps. Et ce n'est pas une bonne idée que de faire la forte tête à son patron.)

J'inspire et regarde Carter droit dans les yeux.

Samantha : "J'accepte."

Carter semble ravi et Leviels me sourit chaleureusement.

Carter : "Nous voilà fixés."
Leviels : "Bienvenue parmis nous, Mademoiselle Hope."
Samantha : "Merci beaucoup."
Leviels : "Bon, excusez-moi, j'ai un rendez-vous dans quelques minutes. Bonne continuation !"

Tout en se dirigeant vers la sortie, son téléphone sonna et il ne tarda pas à répondre. Il me semble bien occupé...

Carter : "Revenons à nous, je vais vous faire visiter votre bureau."
Samantha : "O-Oui !"

(Zut j'ai oublié que l'on est seul désormais.)

Malaise.

Il se lève et me demande de le suivre. Je laisse une certaine "distance de sécurité" entre nous. Nous arrivons devant une porte et il me laisse entrer en premier.

Je ne pus m'empêcher de m'émerveiller. C'est époustouflant.

Samantha : "C'est mon bureau ? À moi toute seule ?"
Carter : "Bien sûr."

Mon bureau se trouvait non loin du bureau de Carter. À l'intérieur, presque toute la pièce est composée de baies vitrées qui illuminent la pièce plus que jamais. À ma gauche se situe une étagère avec des livres, des bibelots, des décorations. En face de moi, il y avait mon poste de travail : un ordinateur high-tech, une lampe de bureau, un téléphone fixe, divers dossiers, un mug. À ma droite, il y avait carrément un petit salon ! Canapés, table basse, tapis, la totale !

(Ce n'est pas un bureau ça ! Il ne manque plus qu'un lit et ça deviendrait un mini-appartement.) 

Carter : "Vous appréciez ?"
Samantha : "Oui, beaucoup ! Merci, Monsieur Carter."
Carter : "Parfait."

Ni une ni deux, il se retrouve en face de moi, me fixant tel un prédateur sur sa proie, un sentiment de déjà-vu. Je suis troublée par son insistance. J'allais lui demander quel était son problème mais il m'a devancé en prenant la parole.

Carter : "Maintenant que nous sommes seuls... Nous pouvons arrêter ce simulacre. Personne ne pourra ni nous entendre, ni nous voir. Dites-moi pourquoi vous vous êtes enfuie de l'ascenseur. Vous saviez que c'était moi."

Samantha : "Oh."

Je n'ai rien trouvé de mieux à dire. Sa franchise m'a complètement coupé la parole. Mais il fallait bien que cette discussion arrive. Tôt ou tard. Mais je ne savais pas qu'il serait le premier à mettre les pieds dans le plat. Il m'a pris de court, je ne m'attendais pas à une telle honnêteté, une telle confrontation directe ! Que dire...

(Mais quelle question ! La vérité bien sûr !)

Samantha : "Ce n'était pas raisonnable. Vous êtes mon patron ! J'étais prise par le moment, c'est tout. Ça ne devait pas arriver."

Carter : "Alors si vous saviez qui j'étais dans cette boîte, vous ne m'auriez pas non plus embrassé."

Samantha : "Évidemment ! Je ne vous aurai même pas approché."

Carter : "Pourquoi ?"

Samantha : "Je ne suis pas ce genre de personne. Sortir en boîte, faire des rencontres... Embrasser quelqu'un, qui plus est mon patron..."

Il se rapproche encore et je fais un pas en arrière afin d'installer une certaine distance de sécurité. Carter me regarde de haut avec un demi-sourire.

Carter : "Je ne suis pas celui qui a supplié de continuer. Vous avez aimé, n'est-ce-pas ? Avouez."

Je vire au rouge instantanément. Il fait exprès de m'embarrasser, ce n'est pas croyable.

Samantha : "À ce moment-là, si j'avais su qui vous étiez,... j'aurais décliné l'offre,... À coup sûr."

Carter : "À coup sûr ? Vraiment ?"

Il s'approche à nouveau, me pousse presque et je remarque que je suis fait comme un rat, littéralement. Il a fait exprès de se rapprocher de moi pour me coller au mur afin que je ne puisse pas m'enfuir. Il appuie une de ses mains au mur pour m'immobiliser et je reste figée. Ses yeux pétillent d'une certaine impatience et il fixe mes lèvres depuis un moment déjà.

(Ça ne va pas recommencer !)

Je le repousse de mes deux mains mais il est baraqué tel un building. Mes mains seules n'arrivent pas à le repousser. Il saisit l'une d'entre elles par sa main de libre et serre fortement mon poignet.

Carter : "Regardez-moi dans les yeux et répondez à ma question : qu'est-ce que ça aurait changé si vous me connaissiez ou non ?"

Cette fois-ci, je brûle de rage.

Samantha : "Absolument tout ! Je sais rester professionnelle ! Je ne mélange pas avec la vie privée ! Tout votre contraire."

Il me toise et serre encore plus mon poignet. J'échappe un petit cri de douleur, j'aurai du me taire. Je ne savais pas qu'il pourrait être aussi brutal et autant... dominant. Malgré la douleur, je soutiens son regard pour lui faire comprendre à quel point je suis en colère. Malheureusement, cela ne marche pas, il semble plutôt enjoué de la situation.

Carter : "Sachez mademoiselle que j'obtiens toujours ce que je veux. Je pourrais vous faire succomber à nouveau."

Il venait de chuchoter à mon oreille. Sa voix rauque et basse fait parcourir un frisson dans tout mon corps. Un peu plus et mes jambes vont me lâcher. Il prend mes deux mains et les posent au dessus de ma tête tout en insérant une de ses jambes entre les miennes. Il me plaque au mur, je suis totalement prise au piège. Il n'est qu'à quelques centimètres, je sens son souffle. J'ai le pouls qui accélère, je ferme les yeux car j'ai peur de ce qu'il va me faire. C'est alors que je sens ses lèvres humides au contact de ma peau brûlante. Il dépose des baisers sur ma joue tout en descendant vers mon cou. Il s'attarde dessus et mordille. Je n'arrive pas à tenir en place. Tandis que sa main gauche me retient toujours, sa main droite se pose sur ma joue alors qu'il embrasse mon cou. Ensuite, il suit les formes de mes courbes tout en me caressant délicatement et s'arrête à mon bassin. Il passe alors sa main dans mon dos.

(Ce n'est pas juste, il profite de la situation !)

Je rouvre les yeux et il est là, tout sourire, satisfait parce que je suis rouge comme une tomate et parce qu'il voit qu'il me fait effet. Pourquoi mon patron un jeune PDG ? Non seulement il est riche, mais il est aussi sexy. Personne ne peut lui résister ! Pourquoi je n'ai pas eu un vieil cinquantenaire par exemple ? Hein, pourquoi ?

Je sors de mes pensées par une douleur que je sens au niveau de mon cou. Carter se mord la lèvre inférieure.

Carter : "À présent, n'importe qui pourrait voir que vous êtes mienne."

Samantha : "Pardon ?!"

Il pose un doigt là où j'ai un picotement.

Carter : "Il est beau ce bleu."

J'en reste bouche bée. Dites-moi qu'il ne l'a pas fait... Carter me lâche puis j'essaie de sentir par le toucher la marque qu'il m'a faite mais je ne détecte rien. Il me faut un miroir.

Samantha : "Vous. Êtes. Méprisable."

Carter : "N'oubliez pas que je suis votre employeur. Je ne tiens pas à vous renvoyer de sitôt et je sais que vous avez besoin de ce poste. J'espère que vous compreniez votre situation. Je vous laisse votre journée, j'ai du travail qui m'attend."

Quoi, c'est tout ?! Encore une fois, il me laisse sans que je n'ai le droit de rétorquer quoique ce soit. À croire qu'il aime me troubler.

Carter : "Je vous enverrai un mail pour le prochain travail à faire. Au revoir, mademoiselle."

Le voilà qui part. Il franchit la porte et disparaît entièrement de ma vue. Je m'écroule par terre. Comment vais-je faire ? Je ne peux ni travailler ni être tranquille dans ces conditions. Je dois être sur mes gardes, de peur que Carter m'assaille à nouveau. Je suis convaincue qu'il le fera encore. Devrais-je porter plainte ? Non, ce serait une histoire encombrante, on n'attaque pas une multinationale sans y être préparé. D'ailleurs, avec quel argent pourrais-je payer le procès ? C'est justement pour ça que je suis ici. J'ai besoin de gagner ma vie. Je n'ai donc pas le choix, je dois supporter Carter, du moins l'empêcher de me traiter comme un objet. Je touche à nouveau le suçon qu'il m'a fait. Pour qu'on ne le remarque pas, je lâche mes cheveux, en espérant que ça marche.

(Je ne suis pas à lui, et je suis encore moins sa chose. Je suis un être humain et qu'il le veuille ou non, je vais l'obliger à me traiter comme tel.)

J'allais lui dire ses quatre vérités quand un autre imprévu survint.

Blonde #1 : "Si vous cherchez Monsieur Carter, il est en déplacement pour tout le reste de la journée."

(Je me sens bête.)

Samantha : "Mon-Monsieur Carter ? Mais nooon, j'allais vers, hum... euh... je cherchais les toilettes, voilà ! Oui c'est ça !"

Elle ne semble pas du tout convaincue, je la comprends. Même moi je sais que je ne suis pas crédible. Le ton aigu que j'emploie est tout sauf naturel. Quel mauvaise actrice je suis.

Blonde #1 : "Les toilettes c'est à l'opposé."

(Bordel...)

Samantha : "Ah ! Oui, c'est vrai ! Où avais-je la tête ! Hahaha...! Bon euh... Je vais donc aux toilettes, hein ! Qui se trouvent de l'autre côté... opposé, c'est ça ? C'est qu'on s'y perd ici ! Tout se ressemble tellement et je viens d'arriver aussi !"

(Je m'enfonce... Pitié, que quelqu'un m'aide à la boucler !)

Samantha : "Alors euh... J'y vais. Toilettes. Salut !"

Quelle humiliation... Et devant cette blonde détestable en plus... Elle s'est juste contentée de lever les yeux au ciel. Quand est-ce que je vais arrêter de faire des boulettes ?

***

Alors, je me suis rendue compte récemment que c'était bête de ma part de dire "bonne lecture" qu'à la fin du chapitre :v
Sinon, premier "long" chapitre 😊 je vais continuer sur cette lancée 😉