Prologue

Elle m'a enterrée vivante.

Cette putain de salope m'a enterrée vivante.

Je n'ai pas bien de la difficulté à réaliser ma situation, coincée entre les quatre parois en bois du sarcophage sorti à l'occasion de la fête d'Halloween. Comment ne pourrais-je pas le reconnaitre, après y avoir passé une nuit entière ?

Cette fois, j'ignore combien de temps j'ai passé assommée dans cette boite. Probablement pas bien longtemps puisque j'entends encore la fête au-dessus de moi. En tout cas pas assez longtemps pour qu'on remarque mon absence apparemment.

Contrairement à ma dernière nuitée dans ce littéral cercueil, j'ai énormément de difficulté à respirer. À la place de l'air, c'est de la terre qui s'introduit par les crevasses et tombe sur mon visage, dans ma bouche ouverte pour respirer désespérément.

Il faut que je trouve un moyen de sortir et vite.

J'essaie de m'extirper de là, seulement les liens fortement noués autour de mes membres, la migraine, mais aussi la douleur résultant des plaies qu'il m'a infligées rendent la tâche presque impossible. Chaque mouvement est une torture et m'épuise plus qu'autre chose. Je tente même de crier, mais ma gorge me fait affreusement souffrir. C'est à peine si je perçois ma propre voix.

Comble du désespoir, plus je bouge, plus j'épuise ma faible réserve d'oxygène. Je voudrais laisser cours à la panique qui m'enserre la gorge et pleurer mon sort, mais je suis également consciente que ça me condamnerait plus vite. Je dois me calmer et trouver un moyen de sortir sans dépenser trop d'énergie.

Mon téléphone.

Il faut que j'appelle quelqu'un, les secours, Alex, n'importe qui. J'essaie de me défaire des liens qui m'entravent pour atteindre ma botte rose, celle où j'ai précédemment caché mon téléphone, sans succès. Plus je force, plus les fibres de la corde s'enfoncent dans ma peau, me la lacérant davantage. Je tente de donner des coups de pied, de crier de nouveau pour qu'on me porte secours, mais la musique de la fête qui bat son plein là-haut doit enterrer ma voix.

Épuisée, je repose ma tête sur le fond du cercueil où je peux sentir mon sang qui a commencé à devenir collant. Si la rareté de l'oxygène ne l'avait pas déjà fait, la texture de mon hémoglobine m'indique que j'ai largement dépassé le temps d'un mauvais canular dans cette boite enterrée je ne sais où, et que si je ne sors pas immédiatement, elle sera réellement ma sépulture.

— Bordel...

Je tente de penser à une solution, mais le manque d'oxygène et le fait que je suis encore légèrement dans les vapes couvrent mes réflexions d'un épais brouillard. Tout ce à quoi je pense c'est que j'ai mal, que je vais sans doute mourir et que ça va m'apprendre à fourrer mon nez là où je ne dois pas.

Papa m'avait prévenue pourtant...

Je ne sais pas si c'est parce que je me sens proche de la mort, mais en repensant à lui, je fonds en larmes et je redeviens la pauvre fillette que j'étais quand je l'ai perdu.

— Papa...

Je sais que pleurer consomme plus de mon oxygène, mais à ce stade, je n'en ai plus rien à faire. Je ne veux plus avoir mal, je ne veux plus avoir peur.

J'ai obtenu ce que j'étais venue chercher, alors je peux...

Je peux...

Je...

Une vibration en provenance de mes jambes me ramène à moi, moi qui étais en train de glisser vers les abysses. La sonnerie de mon téléphone retentit dans la minuscule boite dans laquelle je suis contrainte.

On m'appelle.

Je me dandine pour essayer de faire tomber le téléphone de ma botte ou simplement accrocher le bouton avec ma peau, mais sans doute à cause de la transpiration, l'écran ne réagit pas. Tandis que je me débats avec le peu de force qu'il me reste, je ressens la fatigue me saisir et l'air me semble toujours plus difficile à respirer, toujours plus rare.

La sonnerie s'arrête.

Je pousse une misérable plainte en réalisant que c'était assurément là ma seule chance de m'en sortir. À présent immobile, désillusionnée, j'attends que la mort vienne me réclamer quand la sonnerie reprend, m'arrachant de nouveau au désespoir d'une mort par asphyxie. Dans un ultime effort, je bouge ma jambe.

La sonnerie s'arrête.

Non...

Mes forces me quittent, ma tête tourne, ma migraine empire, mes poumons me brulent la poitrine, mes paupières s'effondrent sous leur propre poids.

— Allo ? Marley ? Tu m'entends ? Tu es où ?

J'ouvre faiblement les yeux quand j'entends Alex crier au téléphone pour se faire entendre par-dessus la musique des festivités.

— Alex... à l'aide...

Ma voix n'est plus murmure à peine audible.

— Marley, tu es où ? Je te cherche depuis tout à l'heure.

— Sarcophage...

— Quoi ?

— Sarco... pha...

— Sarcophage ? Marley, je t'entends mal ! Marley ? Marley ! Marley  !

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