Chapitre 8
Jarek
Fait chier, merde! J'étais si près du but. Et il a fallu que je fasse une putain de crevaison. J'ai appris au fil des ans à ne jamais crier victoire trop tôt, mais quelles étaient les risques que j'éclate un pneu à un millième de secondes de la ligne d'arrivée ?
Par chance, à l'exception du pneu, rien n'est brisé. Je suis parvenu à stabiliser ma caisse sans perdre le contrôle, mais ça aurait pu être la catastrophe.
ÇA L'EST !!! Cet enfoiré d'Estéban va réclamer son dû dans quelques instants. Je connaissais les risques de perdre la course, mais j'avais bon espoir de remporter.
Je suis passé à un cheveu. Un putain de cheveu ! Parlant de cheveux, je viens d'apercevoir une crinière châtaine aux reflets caramel qui m'est étrangement familière. Impossible qu'elle appartienne à Ray. Elle ne sait même pas que je course et elle ignore ce qui se passe dans cette partie de la ville. J'ai toujours tenu à l'éloigner de mes activités illégales.
Pourtant, mon regard est instantanément attiré vers la demoiselle, qui à une chute de rein époustouflante. Ses pantalons moulent parfaitement son fessier rebondi. Ses cheveux balaient sa taille fine, découverte par un haut très court de la même couleur que les bandes sur ma voiture. Si je la connaissais, j'aurais pu croire qu'elle avait décidé de porter ces couleurs pour m'encourager.
Je suis incapable de détacher mon regard de ses courbes et j'attends qu'elle se retourne afin de mieux l'observer. Elle accompagne un groupe de filles, qui se dirige vers le vainqueur. Je ne suis guère surpris. Gagner une course, c'est remporter également toutes les demoiselles dont on rêve. Elles se jettent littéralement à nos pieds.
Toutefois, ce soir, je rentrerai seul. Aucune de veut coucher avec un perdant, quand bien même il soit arrivé deuxième. Ici, ce qui importe, c'est de gagner.
Ça ne me dérange aucunement de rentrer seul. J'aurais peut-être aimé, le temps d'un instant, décompresser et me perdre dans la chaleur d'une fille, mais j'ai autre chose en tête. Je dois à tout prix informer mes employés et amis que je vais perdre le garage. Estéban a une dent contre moi depuis mon arrivée dans cette ville et il ne va pas laisser passer cette chance de m'humilier. J'ignore ce qu'il veut faire avec cette bâtisse, mais il va probablement m'en informer dans quelques minutes. Cet enfoiré n'en a pas besoin. Il possède tout ce qu'il veut. La seule chose qu'il n'a pas, c'est le plein contrôle de la ville, ce qui n'arrivera pas aussi longtemps que je m'y trouverai et c'est pour cette raison qu'il essaiera de détruire mon business. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que je connais tous les vendeurs de pièces de cette ville et que c'est moi qui contrôle la vente de ces beaux petits bijoux. Même s'il me prend mon garage, il ne pourra pas me bannir d'ici.
Je dois à tout prix rentrer afin d'avertir Ray. Nous devrons trouver un autre endroit où loger. Ce ne sera pas bien difficile car je connais des gens qui pourront nous loger. Un pote possède même des appartements et nous dégottera certainement des chambres...jusqu'à la prochaine course où je détrônerai ce connard d'Estéban.
L'inconnue se tourne enfin et ma fébrilité de découvrir son visage s'évanouit aussitôt que je l'aperçois. Putain ! C'est Ray. Je la reconnaîtrais n'importe où avec ses grands yeux marron et son expression emplie d'innocence. D'accord, je ne connais absolument pas les formes de son corps, que la jeune femme n'a jamais mis en valeur. Pour ma défense, j'ai toujours refusé de poser mes yeux sur son corps pour ne pas être tenté de la toucher. Vivre avec une jeune femme qui est devenue plus que désirable a parfois été difficile, mais je suis parvenu à garder mes distances avec elle. J'ai toujours refusé de la toucher après ce qu'elle a vécu avec ce pervers de Windwood. Je sais qu'elle en a fait des cauchemars durant plusieurs années, mais je me suis toujours refusé à aller la consoler dans sa chambre. Je ne voulais pas lui rappeler de mauvais souvenir. L'autre fois était une terrible erreur. J'ai failli perdre le contrôle. Et je suis près de le perdre pour une autre raison.
Je fonce directement dans sa direction. Ray m'a aperçue et s'est immobilisée, se demandant probablement si elle devrait s'enfuir ou m'affronter.
Chérie, tu vas regretter d'avoir poser les pieds ici.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ? éclaté-je en arrivant à sa hauteur.
Je croise les bras sur ma poitrine, démontrant à quel point je suis hors de moi.
Ses amies me fixent, les yeux ronds comme des billes. Elles savent qui je suis et je les connais également car elles évoluent dans ce monde. J'ai même couché certaines d'entre elles. Mais j'ignore pourquoi Ray se trouve avec elles. Elle n'a pas d'amie dans cette ville. Je le sais car elle ne sort jamais. Alors, pourquoi ce soir ?
— Je suis sortie avec des copines, répond-elle sèchement. En quoi ça te pose un problème ?
— Un problème ? Ray, cet endroit n'est pas pour toi.
— Ah ouais ? réplique-t-elle en croisant à son tour les bras sur sa poitrine. Tu me trouve trop « nerd » pour cet endroit ?
— Là n'est pas la question.
Elle est trop pure pour fréquenter les gens qui gravitent dans ce monde. La plupart trempent dans les activités illégales, il se passe de la drogue...et des putes. Toutes ces femmes cherchent la compagnie d'hommes. À l'exception d'une minorité qui adorent les voitures. Mais elles sont très rares. Et elles ne tournent pas autour des mecs comme des vautours. Elles sont faciles à repérer car leur corps est couvent incliné sous le capot de leur caisse.
C'est ainsi que cela fonctionne. Mais je ne peux le lui dire, pas devant ses « amies » qui ont déjà été mes amantes.
— Arrête d'embêter ma sœur, Jarek, fait une voix que je reconnais aussitôt.
Estéban s'amène avec ses potes. Je sens que la conversation à venir n'aura rien d'amical. L'air ambiant se refroidi instantanément. Alex et Emilio se joignent à moi, se doutant bien de la tournure de cet échange. Ils se placent derrière moi et attendent, en fidèles alliés.
Cette salope de Maria embrasse son frère sur les joues en le félicitant pour son exploit.
— Félicitation, grand frère, lui dit-elle.
— Merci, Maria.
La bouche de Ray s'entrouvre de stupéfaction. Pendant quelque secondes, je peux apercevoir les rouages de son cerveau faire le lien entre les deux frangins. Bon...elle est encore plus ignorante que je ne le pensais puisqu'elle ne connait même pas les filles avec qui elle est venue.
— C'est ton frère ? questionne Ray, apparemment sous le choc.
— Oui, nous sommes venus l'encourager.
Eh oui, chère Ray ! Tu as sympathisé avec l'ennemie.
— Hey ! s'exclame Estéban à l'encontre de Ray. C'était toi au garage, l'autre jour.
Ce n'est pas vraiment une question puisqu'il connait la réponse.
Cet enfoiré se tourne enfin vers moi.
— J'ai remporté la course, affirme-t-il. Je t'offre le choix, Jarek. Soit tu me remets ta caisse, soit ton garage.
Mon garage vaut beaucoup plus que ma voiture, mais jamais je ne me séparerai de cette dernière.
— Ce sera le garage, annoncé-je durement.
— Ainsi soit-il. Mais tu dois également me laisser tout ce qu'il y a à l'intérieur, dont tes employés.
Je grince des dents.
— Ce qu'il y a à l'intérieur m'appartient, lui dis-je en m'avançant vers lui, agressif. Ça ne faisait pas partie du deal.
Un sourire narquois étire ses lèvres.
— Maintenant, si. Je garde tous les outils.
— Tu n'en as pas besoin.
— Effectivement, mais tout ce qui s'y trouve à l'intérieur du garage m'appartient.
Ce fils de pute se tourne vers Ray, que je vois déglutir.
— Tu y travailles, non ?
— Plus maintenant, déclaré-je.
Je n'ai jamais été aussi content qu'elle bosse ailleurs.
Estéban me jette un regard circonspect.
— C'est vrai, affirme Maria. Ray a commencé à travailler chez moi la semaine passée. Elle m'aide à apprendre le langage des signes pour que je communique mieux avec Lilia. Et elle travaille également dans le restaurant d'oncle Roberto.
— Quoi ?
Je m'adresse à Ray, qui tressaille à cause de l'agressivité de mon ton.
— Tu travailles pour les Rodriguez ? m'emporté-je. Sais-tu qui ils sont ?
— Euh...non.
Elle parait sincère, mais je ne peux retenir ma colère. La famille Rodriguez est la plus influente de cette ville. D'origine mexicaines, ses membres ont immigré au pays il y a des centaines d'années et ont bâti un empire. Roberto possède le restaurant le plus apprécié du coin et, plus que tout, son frère Alfredo Rodriguez, le père d'Estéban, est le concessionnaire automobile de voitures électriques que tous les riches s'arrachent. Elles se vendent plus de cent mille dollars et il faut les commander deux ans en avance pour en avoir une. C'est à cette entreprise que les Rodriguez doivent leur fortune. Estéban a grandit dans le monde des voitures et a même travaillé au garage de son oncle. Il n'a aucun intérêt à prendre mon garage minable à ses yeux puisqu'il peut avoir tout l'argent qu'il veut. À moins qu'il soit en froid avec ses parents. Ça ne m'étonnerait même pas puisque ce type n'en fait qu'à sa tête. Son père a peut-être découvert le pot-aux-roses concernant son trafic de drogue. Bref, je me fiche de sa relation avec sa famille. Tout ce qui m'importe, c'est de protéger Ray. Cet idiot a le culot de la regarder comme si elle lui appartenait et ça me met hors de moi.
— En quoi leur famille me concerne-t-elle ? me demande Ray.
— Tu travailles pour nous, lui répond Estéban avec un sourire salace. Je peux te demander tout ce que je veux...
Je fais un pas de plus vers lui dans le but de lui défoncer la gueule, mais Alex et Emilio me retiennent.
— En fait, c'est pour moi qu'elle travaille, déclare Maria, alors ne songe même pas à la toucher, Estéban.
Finalement, cette fille est moins conne que je ne le pensais. Elle a une tête sur les épaules, contrairement à son abruti de frère, qui s'adresse encore à Ray.
— Tu habites chez Jarek, non ? lui demande-t-il. Tu n'as plus de loyer, maintenant. Alors, tu pourras venir habiter chez moi.
Je ne le permettrai pas.
— Elle ne t'appartient pas, enculé, lui lancé-je avec agressivité.
— J'ai remporté ton garage, ainsi que tout ce qu'il y a à l'intérieur, se vante-t-il. Donc, si elle y vit, elle est à moi.
Je jure que je vais le tuer. J'ai protégé Ray durant toutes ces années et jamais il ne me l'enlèvera.
Me l'enlever ? Merde ! Je me comporte comme si elle était à moi. Je fais pitié.
— Ray vit chez moi depuis que je l'ai embauchée, ment Maria.
Je cesse de me débattre afin de me libérer de la poigne de mes potes, estomaqué.
— Elle se cherchait un logement et la chambre de grand-maman était vide depuis son décès, explique-t-elle.
Ray aussi semble interloquée, mais elle se reprend rapidement et acquiesce.
— Le garage était trop loin et les taxis coûtent une fortune, ajoute-t-elle.
— Je vois...
Estéban semble aussi déçu que s'il venait de perdre sa caisse. Et encore ! Il ne course jamais avec la même, alors il ne doit pas estimer beaucoup les voitures.
— Dans ce cas, je vais probablement vous rendre visite plus souvent, dit-il à sa sœur.
— Joue donc ton rôle d'oncle de temps en temps, lui reproche-t-elle, mécontente. Ta nièce te connait à peine.
— C'est vrai, je pourrais également prendre des cours de langage des signes, dit-il, l'air amusé.
J'ignore s'il baratine ou pas, mais l'envie de l'étrangler est plus forte que jamais.
— Pas besoin de connaître dix langues pour jouer avec un enfant, Estéban, lui lance Maria. Si tu es trop lâche pour jouer à la poupée dix minutes, alors pas la peine de venir.
Nous éclatons tous de rire et le concerné devient écarlate. Maria a une forte personnalité et plaît beaucoup à la gent masculine. C'est la seule qui soit capable de remettre son frère à sa place. J'ignore pourquoi elle le taquine ainsi devant ses potes, mais c'est toujours plaisant à voir. Peut-être Maria s'est-elle prit d'affection pour Ray. Elle semble l'apprécier, sinon elle n'aurait pas menti à son frère.
— On y va, annonce Maria à ses amies. Tu viens, Ray ?
Cette dernière n'a pas visiblement pas le choix de la suivre peur de se trahir devant Estéban, alors elle acquiesce et suit ses nouvelles amies.
Je retiens Ray par le coude juste avant qu'elle ne tourne les talons. Un courant parcourt mon bras aussitôt que ma main touche sa peau. J'ai l'impression que mes doigts crépitent de plaisir en touchant son épiderme doux comme du velours. Merde ! Pourquoi cette fille me fait-elle cet effet ? Je la connais depuis l'adolescence, alors je ne devrais rien ressentir pour elle. C'est impossible.
— Viens chercher tes affaires pendant la nuit, lui chuchoté-je à l'oreille afin qu'elle seule m'entende. Demain matin, il sera trop tard.
Je sais qu'Estéban va s'approprier mon garage aussitôt que possible, mais cette nuit, il va faire la fête. C'est toujours ainsi que ça se passe.
— Où vas-tu loger maintenant que tu n'as plus de garage ? me demande-t-elle à voix basse.
— Ce n'est pas ton problème, lui réponds-je. Je connais des tas d'endroit où rester. Viens seule, cette nuit, et assure-toi que personne ne te suit.
La jeune femme hoche la tête et nos chemins se séparent. Pourtant, je n'ai pas dit mon dernier mot. J'ai bien l'intention de récupérer Marélie. Son prénom entier est gravé dans mon esprit comme son doux visage, sa personnalité singulière et son parfum fruité. Je la ramènerai par n'importe quel moyen, et ce, même si je dois briser l'armure que je me suis forgée il y a de cela bien des années...
Alors, que pensez-vous de l'histoire jusqu'à présent ? Elle vous réserver bien des surprises !
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