Run with me
Cette histoire ne m'appartient pas. Seule la traduction est mienne.
oeuvre originale :
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auteur original :
http://archiveofourown.org/users/melodiesatmidnight/profile
et ses réseaux sociaux :
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Merci à Tartelettes et Lyan.
♀♂
Un cri brisa le silence de la nuit.
Cela aurait dû choquer les voisins, mais ce n'était pas la première fois pour Taehyung, quoiqu'être habitué à l'entendre ne signifiait pas sa haine envolée. Pas même un peu. En réalité, c'était le contraire. À chaque fois que Taehyung se faisait réveiller par ce cri déchirant, sa colère explosait violemment et l'engloutissait.
Durant les premiers jours, il ouvrait automatiquement les yeux et se précipitait hors de sa chambre, mais c'était de l'histoire ancienne. C'était comme une simple alarme qu'il éteignait d'un geste de la main - le cri hystérique et incrédule ne l'énervait plus ; cela ne le touchait pas. Seulement quand cela commençait à jouer avec ses nerfs, le tirant hors de son sommeil sans rêve, il ouvrait paresseusement ses yeux et prenait son temps pour sortir du lit, grognant en ouvrant la porte.
C'était comme un film qu'on repassait en boucle.
Taehyung se souvenait de tous les détails, toutes les scènes, toutes les lignes. C'était comme un feuilleton entièrement scripté avec une trame de fou, répété encore et encore pour une peformance sans audience. Pas d'applaudissement, pas de standing ovation. Il n'y avait que des larmes limpides et des verres brisés. Des poings aux jointures blanches et des joues pleines de bleus. Des yeux au beurre noir et des lèvres rouges. Quand l'horloge sonnait minuit, la situation se retournait. Les mains qui carressaient affectueusement les mèches de cheveux se retrouvaient serrées autour du cou qui portait ce collier, ce collier offert lors d'un anniversaire. Cette bouche qui autrefois embrassait chaleureusement le front crachait désormais du venin aux oreilles. Le feu des projecteurs n'était pas sur Cendrillon et son prince charmant allant dans leur carrosse. Il était sur ce front écrasé contre le mur et ces boucles d'oreilles tordues. C'était lorsque la liqueur commençait à prendre le contrôle, abusant de l'amour qui avait autrefois éclos dans sa famille.
Éclats de verre et sanglots implorants n'auraient pas arrêté pas la scène, rien ne l'arrêterait. Taehyung s'était débarrassé de son idée de Happy End - ce qu'il voulait ce n'était pas du bonheur, il voulait juste que sa douleur s'appaise. Une fin. Parce que ça ne s'arrêtait jamais. C'était un cycle de promesses brisées et de mensonges amers. Une répétition de "Je t'aime" et de "Je ne le ferai plus".
Il était près de la porte du salon quand il s'arrêta et compta.
Un.
Deux.
"Connard!"
Il grogna. Il n'y avait pas de quoi être fier de connaître le nombre de secondes qu'il restait avant que le vase de la cuisine ne se casse.
Prang!
Et voilà.
Taehyung ouvrit brutalement la porte, très énervé parce que ce n'étaient que des putains de gamineries. Au moment où il s'avanca dans la pièce, les promesses de coupures et de blessures résonnèrent partout autour de lui - comme toutes les autres nuits, pensa-t-il, pourquoi ses pieds avaient-ils encore cet esprit d'aventure ?
"Taisez-vous." dit-il, sa voix posée avec fatigue et paresse. "Les gens dorment bordel."
Il n'avait pas hésité, même s'il avait vu les mains de son père empoigner la racine des cheveux de sa mère, les tirant et les tordant rudement. Elle peut supporter ça, pensa-t-il amèrement. Ce n'était rien comparé à ce qu'elle avait subi durant les jours précédents.
"Écoute un peu ton fils, salope." cracha-t-il en faisant un clin d'oeil à Taehyung.
"Fais gaffe, papa." prévint Taehyung, sa colère commençant à monter. Il n'y avait qu'une seule chose qu'il considérait comme étant sa faiblesse - les insultes et les coups dirigés vers lui n'étaient rien, même s'il en restait des cicatrices permanentes, il ne pouvait en revanche supporter des injures envers ceux qu'il aimait. Et salope dépassait les limites, elle restait sa mère, peu importait l'indécence avec laquelle elle avait pu le traiter.
"J'dis ce que j'veux putain!" brailla-t-il, les coins de sa bouche formant des bulles, à un pas de la folie. "Qu'est-ce qu'un chaton comme toi pourrait faire pour m'arrêter ?"
La moquerie était grande, Taehyung serra la machoire. Haine est un bien grand mot, et il regardait l'homme devant lui avec tellement de cette haine que quelque chose en lui se brisa; se cassa.
"Tu parles pas à un chaton." répondit Taehyung, sa voix baissant d'une octave.
Son père s'avanca vers lui de ses pas lourds. Il titubait mais son visage rouge était une preuve qu'il était bien plus qu'énervé - furieux même, mais Taehyung ne tremblait pas; ne s'en souciait guère quand tout ce à quoi il pensait était ô combien ce serait ravissant de faire s'arrêter de battre le coeur de son père et comment sa poitrine serait vide alors que la vie se traînerait hors de son corps.
Taehyung rit doucement lorsqu'il se souvint comme il tremblait les premiers jours. Ses jambes frémissaient tellement, il pensait s'évanouir sur le moment. Il persifla se remémorant les jours où il s'excusait alors que ses genoux ne le soutenaient plus, et la colère se leva quand il découvrit que ce poing était encore là, devant lui. Il était seulement question du nombre de fois et de la violence avec laquelle il avait frappé son corps et combien de côtes cassées il lui avait causé à la fin.
Aujourd'hui, se tenant droit et courageux, Taehyung était immunisé contre les menaces malfaisantes et les giffles violentes. Il pouvait même rendre l'appareil avec dix fois plus de force, mais une once de respect l'en retenait - il le savait, il savait que c'était ridicule, stupide, idiot de sa part, mais il était impossible d'ignorer la petite voix qui résonnait dans sa tête. Elle lui disait que peut-être, peut-être, avec des mots doux et des excuses forcées, son père pourrait se calmer et guérir, juste un peu.
Quand Taehyung était un enfant, il se demandait à quoi pouvait ressembler un homme possédé, et il avait finalement obtenu des réponses - ce qu'il ne savait pas, c'était que ce serait son propre père qui lui en montrerait un exemple.
"Combien de fois dois-je te le dire," siffla-t-il alors que son père essayait de l'étrangler contre le mur. "Que je déteste quand tu me touches."
"M'parle pas comme-"
Taehyung releva son coude, frappant la mâchoire de son père avec force.
Crack!
Il sourit.
"Taehyung!"
Son sourire tomba lorsqu'il regarda sa mère.
Elle parraissait si frêle et terrifiée dans le coin de la pièce, elle était parcourue de tremblements. Un voile d'incrédulité recouvrait ses yeux injectés de sang, et Taehyung sourit une nouvelle fois.
"Tout ira bien m'man." dit-il doucement. "Il ne nous fera plus jamais de mal."
Et il eut envie de rire.
Il eut envie de rire parce qu'il savait que sa mère faisait semblant, l'étincelle de satisfaction qui avait brillée dans ses yeux quand le sang de son mari s'était répandu sur le sol, son envie de le voir tourmenté, Taehyung avait tout vu. Et il voulait rire parce qu'il n'était pas le seul à être malsain dans la famille, et toute la famille n'était pas facile à guérir de toute façon.
"Tu sais," son père cracha du sang, se relevant. "t'es une erreur, gamin."
Le bruit d'un verre brisé résonna dans le silence de la nuit.
Taehyung ouvrit les yeux, inconscient de les avoir fermés. Son coeur martelait contre sa poitrine comme s'il voulait en sortir. Cette phrase l'avait froissé, endommagé, et elle repassait en boucle dans sa tête. Sa respiration se faisait difficile et Taehyung sentit ses yeux brûler de larmes.
"Tu devrais pas être vivant." Il se prit un coup de pied féroce dans la joue et il gémit, alors que la douleur explosait dans sa mâchoire et se répandait comme de la lave. "Devrais même pas respirer en ce moment."
Taehyung pouvait sentir l'odeur de l'alcool l'envelopper, l'odeur qu'il détestait le plus mais dont il trouvait le goût correct. Il aurait pu aimer l'alcool, si seulement il n'en connaissait pas le pouvoir qu'il avait sur les humains - comment il avait changé son père en Satan, comment il avait foutu sa famille en l'air.
Et peut-être, pensa-t-il, sa famille n'avait-elle jamais été bien.
"M'man." se surprit-il à geindre.
Aides moi. Je t'en prie, aides moi.
"Regardes," l'homme pointa sa femme du doigt. "cette pute bouge même pas pour t'aider."
Taehyung regarda, et aussi douloureux soit-il, ce connard avait raison. Sa mère était spectatrice de ce traîtement alors qu'il prenait des coups à sa place. Elle n'avait pas touché au téléphone à sa gauche, et il était sûr que s'il avait été dans cette putain de situation désespérée, il aurait composé le numéro des urgences sans hésiter.
Mais tout compte fait, cette pensée ne devait pas être partagée.
"J'aurais pu te tuer y a longtemps."
"Qu'est-ce qui te retient ?" cracha Taehyung. "Tu es déjà un pécheur."
Le vieil homme rit. "C'est pas une question de pécher ou pas gamin. Tu vois, je pourrais te tuer, ça rendrait les choses plus faciles, non ? Mais j'ai pas envie, parce que si je te tuais, Taehyungie, je perdrais mon précieux punching-ball."
Taehyung sentit le creux de son estomac en feu.
Il se dit qu'il ne valait mieux pas que ce feu parvienne jusqu'à ses pensées, car il savait que quelque chose de mauvais allait se produire, ses trippes le lui criaient tellement fort qu'il avait du mal à garder son calme.
Ton père est abusif.
Une petite voix murmura au fond de sa tête.
Ta mère est impitoyable.
Ta famille est foutue.
Tu es seul.
Les mots s'insinuaient en lui, le poignardaient, et le monde devint flou. Ce n'était plus que lui, et ses pensées si dangereusement proches de sa souffrance que seule la promesse de l'irréparable raisonnait.
Ton père est fou.
(Aidez-moi.)
Ta mère est insensible.
Ta famille est foutue.
(S'il vous plaît.)
Tu es seul.
(Je vous en prie!)
Tu es-
"Monstre!"
Taehyung hurla. Il hurla jusqu'à s'en brûler la gorge et s'arracher les cordes vocales, mais il n'en avait que faire. Sa main saisit inconsciemment les débrits d'une bouteille de verre brisée, en s'avançant droit vers l'homme qu'il détestait de tout son être, et d'un geste bestial, poignarda cette peau fragile. La colère l'étouffa lorsque sa mère cria - sa mère cria et Taehyung se déchaîna telle une furie contre son père, parce que sa putain de mère avait crié pour lui mais était restée complètement muette quand il était sur le point de mourir.
Taehyung ne vit pas l'étincelle de terreur qui brillait dans les yeux de son père, et même s'il l'avait vu, Taehyung savait qu'il s'en foutrait. Il n'avait pas la tête à se faire du soucis pour ça quand les yeux de son père s'écarquillaient - l'homme sentait l'objet aiguisé pénétrer son estomac, trouant la peau et allant droit vers son poumon gauche.
Du sang gicla partout, souillant le T-shirt blanc et trop grand de Taehyung. Il poignarda pronfondément - si profondément, plus que ce qu'il avait prévu, mais il ne retira pas sa main même s'il sentait toute la chair, sentait les organes internes du bout de ses doigts, sentait la moiteur du sang, sentait des veines se briser et la peau se tordre.
"Inhumain." Il cracha le mot en retirant la bouteille de verre, d'une lenteur insensée. Sous lui, la douleur cruelle fit hurler son père et Taehyung ne put qu'en sourire, de son rictus rectangulaire.
"Gros porc." il frappa encore, un autre endroit.
"Sans coeur."
"Satan."
"Animal !"
"Misérable !"
Cela devenait une répétition de mots et de coups et Taehyung n'était pas conscient du nombre de fois où le verre brisé avait transpercé ce corps faible et sous son contrôle. Taehyung ne pouvait pas s'en soucier - il était tellement engourdi par cette colère brûlante et aveuglante. Alors, quand il tourna et retourna le verre dans la chair, il était sourd aux lamentations étouffées de son père, il ignorait les cris d'hystérie et d'horreur qui sortaient de la bouche de sa mère. Il n'avait aucune raison de s'inquiéter, n'est-ce pas ? Hein ? Il n'avait aucune raison de s'arrêter non plus, puisqu'il ne sentait ni remord ni culpabilité alors qu'il attaquait toujours plus, sans trembler.
En fait, il se sentait puissant.
Soulagé.
Libre.
"Taehyung !"
Taehyung se tourna vers la voix, vers sa mère qui avait les yeux incrédules. Il se sentit étrange en la regardant - en aimant l'horreur figée dans ses traits. Et il étira ses lèvres, souriant largement à sa mère, la moitié du visage couverte de ce liquide rouge-rose.
"Oui, m'man ?" chantonna-t-il et leva ses bras en l'air, prêt à attaquer une nouvelle fois.
"Arrête, Taehyung!"
Le jeune homme regarda étrangement sa mère. Arrêter ? Pourquoi ? Pourquoi devrait-il arrêter ce sentiment si exhaltant ? Taehyung ne comprenait pas, mais il n'était pas sur de le vouloir. Il commençait à peine à aimer buter ce connard - Oui, il savait ce qu'il faisait, il savait qu'il battait et poignardait, et qu'il retournait le couteau dans la plaie, il le savait, parce qu'il était encore sensé. Mais "sain" était une limite dans son esprit, et Taehyung refusait d'être défini par des limites. Et, pour la première fois de sa vie, il ne pensait à rien. Et qu'est-ce que c'était bon, tellement bon que Taehyung décida de le faire plus souvent.
"Kim Taehyung !"
Son cerveau s'arrêta de fonctionner à l'entente du nom. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait plus entendu son nom entier être prononcé, pire, être crié dans le silence de la nuit. Taehyung haïssait ce nom - Kim. Kim était le nom de famille qu'il avait hérité de son abusif de père. Kim voulait dire sourires forcés et bijoux étincelants, costumes de luxe et cheveux peignés. Kim signifiait un bonheur feint pour la façade de sa famille. Kim voulait dire fermer les rideaux et espérer que personne n'aurait l'idée d'y regarder entre et surprendre ce qui se passait dans le salon à deux heures du matin. Kim signifiait cacher l'amour abusif qui était enraciné dans cette famille.
"Tu..." Sa mère ne criait plus maintenant, cela ressemblait plus à un murmure. "Tu l'as tué."
Sa santé mentale était de retour.
Ses doigts relâchèrent leur prise autour du goulot de la bouteille, et la perte de contact le fit lentement se tourner vers sa main, elle creusait un trou sanglant dans la poitrine de l'homme mort. La peau était déchirée en lambeaux, preuve même de brutalité et sauvagerie.
Taehyung cligna des yeux devant le corps face à lui, devant sa propre action. Qu'avait-il fait ? Qu'avait-il fait ?
"Assassin..."
Son oreille tressaillit à l'entente de ce léger chuchotement. Il l'ignora, pensant qu'il s'agissait de la voix au fond de sa tête. Mais cela se répétait, devenait plus fort à chaque fois, et il du tourner la tête vers sa mère en espérant, en implorant que ce n'était pas elle.
"Meurtrier." C'était plus ferme, et les lèvres de sa mère avaient bougé. Taehyung priait toujours pour que ce ne soit pas elle. "Tueur. Tueur. Tueur! Tueur! TU-"
"ARRÊTE!"
"TUEUR! TU-"
Sa rage explosa, il se leva pour aller s'agenouiller à côté d'elle. Il avait toujours détesté ses cris, c'était dérangeant. Agaçant. Où se croyait-elle ? Au théâtre ? À l'Opéra ? Taehyung voulait que ça s'arrête, plus que tout. Même si ça voulait dire serrer ses mains autour de son cou. Même si ça voulait dire couper ses cordes vocales. Même si ça voulait dire l'étrangler à mort - Taehyung voulait juste un peu de silence -
L'étrangler à mort ?
Les yeux de Taehyung s'ouvrirent brusquement - il ne les avait pas fermés, ils s'étaient juste écarquillés net - et son souffle tressaillit alors qu'il se rendait compte que ses veines ressortaient, ses mains étranglant effectivement sa mère à mort.
"Tu...eur..." sa mère murmurait encore, vainement et Taehyung souhaitait que ce murmure ne soit pas trop silencieux car il avait besoin de l'entendre.
Ce fut ses derniers grammes de sagesse qui le firent battre en retraite. Il se sentait malade en ressentant quelque part en lui les dernières traces de folie le dévorer.
Qu'as-tu fait ?
Taehyung regarda autour de lui. Il regarda à gauche - les débris de bouteille avec laquelle son père lui avait presque éclaté la crâne étaient toujours là. Devant lui se trouvait sa mère, terrifiée dans son coin, toujours soufflant cet unique mot qui l'avait tué. Il ne chercha pas à regarder à sa droite. Il ne voulait pas voir le corps. Il ne voulait pas voir cette oeuvre d'art qu'il avait créée.
Monstre.
Il baissa le regard vers ses mains couvertes du même liquide qui sortait de ses lèvres quand il les mordait trop fort, pour retenir ses larmes quand la ceinture s'abattait sur lui, le gosse fragile de quinze ans qu'il avait été. Il jeta un coup d'oeil à son T-shirt, tacheté de chair et de peau séchée - pire que les tâches détestables qu'il obtenait quand on le poussait à terre. Il savait que peu importait le nombre de fois qu'il le laverait, ce rouge ne partirait jamais.
C'est toi le monstre.
Taehyung se sentit détruit par sa propre constatation. Il ne voulait pas y croire, mais c'était un cri dans son esprit déjà mort, une lumière dans l'obscurité. Il s'occupa l'esprit à se convaincre lui-même que ce n'était pas grave d'être un monstre, que c'était parfaitement normal. Il était de toute façon le produit de violence familiale et de mal sans fin.
Mais qui allait-il tromper, qu'est-ce qui était bien dans le fait d'être un monstre ?
Taehyung mordit ses lèvres.
Il se cassa le bras pour la première fois à neuf ans, il avait remis ses os fracturés à leur place - il n'avait pas pleuré. À seize ans, son premier rencard l'avait lâché de la plus cruelle des manières - une affaire avec son propre meilleur ami. La douleur le submergeait, mais il n'avait pas pleuré.
Et maintenant, il n'allait pas pleurer juste à cause d'une prise de conscience. Taehyung refusait que ses yeux le brûlent. Il n'allait jamais laisser les larmes limpides s'échapper de ses yeux, c'était une promesse dont il avait fait le serment.
Alors Taehyung s'élança contre la porte, l'atmosphère fraîche d'une nuit noire lui mordant le visage alors qu'il fermait les yeux, reniant ses larmes.
Et, il commença à courir.
Il s'en fichait, il n'avait besoin d'aucune direction. Il voulait juste courir, sentir le vent carresser son visage, chercher un échappatoire. Taehyung irait n'importe où ses pieds étaient prêts à le porter, même si ses jambes étaient douloureuses, tant qu'il était loin, loin de son massacre, il aurait toujours assez de souffle pour courir.
Son coeur battait au même rythme que ses pieds foulant la route silencieuse. Il chercha des souvenirs du temps où il avait été vraiment heureux, et il éprouva le sentiment que sa vie entière n'était qu'un mensonge puisqu'il n'en trouva aucun. De la sueur tombait goutte à goutte de sa frange et coulait le long de sa mâchoire. La fatigue commençait à se répandre en lui mais il en voulait plus. Il voulait se faire dévorer, détruire par la douleur pour oublier ce qu'il avait fait. Maudit soit son souffle alors que sa gorge demandait de l'air. Maudite soit sa rationalité alors que les regrets s'emparaient de lui. Maudite soit la réalité alors qu'il se sentait noyé dans son esprit, pas de sortie, pas d'évasion.
Taehyung se rendit compte qu'il connaissait la route qu'il suivait, et il se demandait pourquoi, pourquoi son subconscient avait décidé de l'emmener sur ce chemin, celui où une certaine maison s'y trouvait appartenant à une certaine personne qui était la dernière au monde qu'il voulait voir, qu'il voulait charger de son fardeau. Une certaine personne qui, Taehyung le savait, ouvrirait sa porte et le laisserait entrer, le réparerait pour que Taehyung puisse commencer une nouvelle journée le lendemain. Une certaine personne qui serait blessée de le voir comme ça, et blesser cette certaine personne était la dernière chose au monde que désirait Taehyung. C'était une autre raison pour lui de se détester - Taehyung avait besoin de Kim Namjoon quand il ne le fallait vraiment pas.
"Non Taehyung, ne fais pas ça." se murmura-t-il à lui-même.
Mais il n'écouta pas. Et il se retrouva debout devant la porte boisée, une branche de gui oubliée depuis Noël de l'an passé. L'odeur du bois était faible, mais ce fut suffisant pour dissiper le brouillard dans sa tête.
Mais pas celui dans ses yeux.
Il savait qu'il ne devrait pas refaire ça, pas encore une fois. Taehyung s'était promis de n'aller chez Namjoon que lorsqu'il portait une chemise décente, ses converses noires lacées, et deux tickets pour le nouveau film des Avengers - Namjoon n'arrêtait pas de s'extasier sur le film et Taehyung levait les yeux au ciel, en disant que Le Monde de Dory était meilleur. Taehyung n'apportait rien d'autre que son T-shirt blanc souillé de sang, et ses mains tremblantes. Taehyung n'apportait rien d'autre que les morceaux restants de son existence et son dernier gramme de santé mentale. Taehyung apportait un allé simple vers l'enfer.
Sans raison particulière, Taehyung se dirigea vers l'arrière de la maison et fixa la fenêtre couverte de rideaux blancs pendant des secondes qui semblèrent durer une éternité. Il ne sut pas exactement à quel moment il s'était accroupi au sol pour jeter des petits cailloux. Une partie de lui souhaitait que Namjoon ne se réveille pas, ce dernier n'avait pas besoin de voir Taehyung au bord de craquer. Mais une part plus grande de lui-même avait déséspérement besoin de voir ce tendre sourire et ces yeux en amandes.
"Taehyung ? Qu'est-ce que-"
Le jeune homme releva la tête et aperçut les yeux endormis de son aîné. Il se détestait d'avoir réveillé Namjon, mais il n'était pas non plus dans son état normal. Et quand il essaya de sourire comme il le faisait d'habtude, seule une grimace apparue et il remarqua le front d'un Namjoon confus se froncer.
Un silence régnait entre les deux hommes, et Namjoon essayait de rester éveillé en clignant des yeux. Sa vision commençait à s'éclairer et il nota le fait que la frange de Taehyung était trempée de sueur. Il remarqua qu'il était essoufflé, et si Namjoon ne connaissait pas bien Taehyung, il aurait pensé qu'il faisait un jogging à cette heure - Taehyung était imprévisible de toute façon. Mais Namjoon ne connaissait que trop bien Taehyung et il savait qu'il avait assez compris pour ne rien demander, pas même quand il vit les mains tremblantes de Taehyung.
Sans un mot, Namjoon ouvrit en grand la fenêtre, une invitation à entrer pour Taehyung et il ignora la manière dont ce dernier hésitait et mordait ses lèvres, parce que Namjoon savait que de toute façon il viendrait à lui, que ça lui plaise ou non. Et Namjoon adorait les fois où Taehyung ravalait sa fierté et venait à lui. Namjoon aimait toutes les fois où il pouvait être un foyer pour Taehyung.
Il remit de l'ordre dans son lit lorsqu'il entendit le bruit de secousse des arbres devenir plus proche. Il arrangea les coussins pour qu'ils aient l'air confortables - il savait combien Taehyung aimait les choses douces, et il n'avait gardé son oreiller de Thomas le Train que pour Taehyung, ça le calmait quand il venait à ces heures-là.
"Désolé - hyung." La voix était profonde et vibrante, elle aurait pu être séduisante si elle n'avait pas été cassée. Namjoon ferma les yeux une fraction de seconde, appréciant la voix de son cadet parce que depuis combien de temps ne l'avait-il pas entendue ? Elle lui avait presque manqué.
"C'est pas gra-"
Il stoppa tout mouvement en voyant le jeune homme. Il savait que la vie de Taehyung était un beau bordel, que Taehyung n'avait pas été élevé avec amour et qu'il avait eu sa vie foutue - mais Namjoon ne s'était jamais attendu à le voir porter des habits couverts de sang. Il était trempé de ce liquide rouge. Taehyung semblait s'être échappé d'un abattoir.
"Taehyung." La voix de Namjoon était rauque alors qu'il parcourait d'un coup d'oeil le corps de Taehyung. À l'entente de son vrai prénom sortant de la bouche de son aîné, Taehyung se sentit plus dévasté que jamais. Pourquoi Namjoon l'avait-il appelé "Taehyung" ? Est-ce que ça n'avait pas toujours été "Tae" ? Qu'est-ce qui avait changé ?
"Viens." Namjoon avala avec difficulté. "Je - Je vais te nettoyer."
Taehyung hocha simplement la tête, les mots restaient coincé dans sa gorge brûlante. Sa gorge le brûlait de dire ce qu'il voulait à son aîné, comme qu'il était désolé. Ou il voulait confesser son péché. Les mots démangeaient Taehyung de sortir, mais ils ne le firent pas. Il avait les lèvres scellées et il aurait tout donné pour savoir où se trouvait la clé.
Namjoon revint avec une serviette chaude dans les mains en lui faisant signe d'enlever ses vêtements. Il savait que ce n'était pas vraiment le moment de regarder les côtés apparentes de plus jeune alors il se fit violence et arracha ses yeux des courbes - car elles étaient, elles aussi, couvertes de rouge.
"Tae," et avant que Namjoon ne puisse finir sa phrase, un soupir de soulagement s'échappa de Taehyung. Il était là, son surnom. Il avait tellement manqué à Taehyung, parce que pour cette nuit, c'était "Kim Taehyung" et il n'aimait pas ça. Tae était mieux. Tae sonnait chaleureusement et familièrement.
"Est-ce que tu veux rester cette nuit ?"
"Je peux ?" Taehyung ferma les yeux lorsque la serviette chaude se posa contre son cou. Il pouvait sentir les doigts de Namjoon à travers le tissu.
Il se sentit heureux de pouvoir ressentir le sourire légendaire de Namjoon. Il ouvrit ses yeux et fut accueilli par ceux de Namjoon. "Je suis ta maison."
Et ce fut tout ce qu'il fallu au garçon perdu pour fermer ses yeux et se laisser submerger par ses besoins - il avait besoin d'être avec Namjoon ce soir-là. Peut-être pour toujours, parce qu'il ne pensait pas pouvoir revenir, non, pas après ce qu'il s'était passé.
"Hyung." murmura Taehyung, les lèvres tremblantes alors que Namjoon enlevait le sang sur ses joues. "Joonie hyung."
"Oui, Tae ?" Namjoon descendit vers son torse, et il fronça les sourcils, réalisant quelque chose. "Tae, ce..." sa voix se brisa. "Tu n'as pas de contusion."
Taehyung se força à rire. "Est-ce que c'est pas génial ?"
Namjoon resta silencieux, fixant toujours le corps de Taehyung. Il tira sur les mains de Taehyung toujours rouges mais sans blessure apparente. Et puis il demanda d'une voix faible et fragile, plus fragile encore que l'atmosphère.
"Taehyung, à qui est ce sang ?"
Taehyung ne répondit pas. À la place il regarda dans les yeux de son aîné, ses yeux si attachants qui étaient toujours chaleureux et condescendants. Il ne les trouvait pas chaleureux ce soir. Il les trouva confus et pétrifiés, et c'était de sa faute.
"Taehyung..." Namjoon poussait le plus jeune à lui répondre et quelque chose à l'intérieur de Taehyung se serra avec tristesse.
"Tae." lâcha-t-il d'une voix enrouée. Il regarda Namjoon d'un regard anéanti et une supplication silencieuse, serrant les mains du plus vieux. "C'est Tae. Je t'en prie."
Il put voir la surprise s'inscrire sur le visage de Namjoon mais tout ce qu'il espérait c'était qu'il comprenne - c'était pour ça qu'il était venu, n'est-ce pas ? Parce que Namjoon aurait compris, Namjoon comprenait toujours.
"Tae," Namoon lui sourit et Taehyung laissa sortir un soupir de soulagement. "Tae, bébé, à qui est ce sang ?"
Un moment passa et Taehyung pensait que Namjoon n'attendait pas de réponse, mais quand il leva les yeux, il remarqua la patience avec laquelle il restait avec lui, voulant vraiment une réponse de sa part mais il n'insistait pas. Son hyung attendit.
"Mon père." répondit finalement Taehyung entre ses dents serrées. Les vestiges des images de ce qu'il s'était passé revinrent dans son esprit et ils étaient trop cruels pour lui, il ne pouvait pas les voir encore une fois, il ne pouvait plus le supporter. Il était devenu quelqu'un qu'il ne connaissait pas - inhumain et barbare, comme son père quand personne ne regardait.
Namjoon prit ses mains dans les siennes, et enlaça Taehyung dans un câlin addictif - celui que Taehyung recherchait le plus et celui qu'il ne voulait jamais relâcher. C'était ironique, pensa Taehyung, qu'il l'obtenait d'un hyung plutôt que d'une mère. Mais il se rendit compte bien assez tôt qu'il ne pouvait même pas imaginer sa mère faire ça - dessiner des cercles dans son dos et carresser ses cheveux patiemment, calmer l'enfant apeuré pour qu'il puisse dormir d'un sommeil sans rêve. Taehyung ne pouvait imaginer personne d'autre que Namjoon pour être sa maison. Et le jeune homme décida qu'il n'en serait jamais autrement.
"Je l'ai tué." dit Taehyung. Cela aurait dû être inquiétant qu'il le dise presque normalement, presque. Et Namjoon ne sut quoi dire parce que - bon sang, il savait combien la famille Kim était foutue, mais merde, il ne se serait jamais attendu à ce que cela parte aussi loin. "Je l'ai tué, hyung."
"Ouais -" Namjoon avala. "Ouais, je - j'ai entendu." Il ne put trouver de meilleure réponse.
"Que devrais-je faire ?" demanda-t-il. "Est-ce qu'ils - est-ce que m'man va appeler la police ? Je suis un meurtrier - mon dieu, reste loin de moi hyung, je risque de te faire mal, je ne peux pas, non va-t-en, je suis désolé je-"
Namjoon resserra son étreinte en l'entendant bégayer. "Tae, bébé." il se força à parler d'une voix grave, espérant paraître assez sérieux pour que Taehyung l'écoute. Ce qu'il fit. "Tu ne me feras pas de mal."
"Mais j'ai-"
"Regardes moi dans les yeux et dis moi que tu vas me tuer."
Taehyung regarda son aîné dans les yeux, brouillé de larmes mais il ne dit pas un mot. Comment pourrait-il le tuer ? Comment pourrait-il ne serait-ce que lui faire mal ?
"Tu vois ?" il vit le sourire tendre de Namjoon. "Tu ne peux pas. Et je vais m'occuper de tout, d'accord ? Tu n'iras pas derrière les barreaux. Je peux te l'assurer."
Les yeux de Taehyung étaient toujours écarquillés d'horeur, et son regard s'illumina d'une étincelle d'incrédulité.
"Je sais ce que j'ai fait, hyung. Ne-" il étouffa un sanglot. "Je ne veux pas de traitement de faveur. Je-"
Monstre. Poignarder.
Inhumain. Poignarder.
"...hyung."
Gros porc ! Poignarder.
Sans coeur ! Poignarder. Satan ! Poignarder. Poignarder. Animal ! Misérable ! Assassin ! Meurtrier !
Et il ne se souvint plus ce qu'il se passa ensuite, exceptée cette vague de frisson qui se répandait à l'intérieur de lui. Le poignardage était devenu une drogue pour lui, et il se souvint y devenir addicte. Et puis - du sang. Du sang partout. Tout était rouge et-
"Kim Taehyung !"
Ses yeux s'ouvrirent grands, pas à cause du nom, mais par la force de la voix de Namjoon qui était aussi terrifiante que ce qu'il avait fait.
"H-hyung ?"
"Pour l'amour de dieu, finalement." Namjoon soupira, ses épaules se décontractant face à la pression retombante. "Ok - J'ai besoin - voilà le deal. Plus de secrets, Tae. Tu me dis ce qu'il s'est passé et j'écouterai, c'est ce qu'on fait toujours, hein ? Je ne m'enfuirai pas et on va traverser ça ensemble, bébé. Comme d'habitude."
Taehyung plongea son regard profondément de les yeux de son hyung et ne trouva rien que cette promesse qu'il savait impossible de briser, et il sentit les tremblements de son corps s'apaiser.
Mais il eut aussi envie de pleurer ; envie de se faire avaler par le sol et éviter d'avoir cette conversation avec Namjoon alors qu'il n'était qu'à un pas de la folie. Malgré tout, il savait que l'honnêteté était la base de leur relation, et pour ajouter à la liste, il savait qu'il ne pourrait pas fuir, pas devant Namjoon car il le respectait assez pour le laisser jeter des cailloux sur sa fenêtre à des heures insensées, et le respect était une chose que ses parents ne lui avaient jamais accordé.
"Je l'ai tué." répéta-t-il lentement.
"Au début, c'était- je ne voulais pas le faire. Je me souviens de poings...et de l'alcool, je crois. Et il a dit, il a dit-" Taehyung fit une pause pour garder son sang-froid. "Il a dit que j'étais une erreur. Que j'étais, hm, un enfant non désiré."
Un silence surgit entre les deux âmes solitaires et Namjoon ne pouvait pas croire ce qu'il entendait. Taehyung, son Taehyung, l'enfant au sourire le plus lumineux et au coeur le plus doux, dont le rire pourrait illuminer la journée de n'importe qui, comment ne pouvait-il pas être désiré ? Comment quelqu'un d'aussi pur et aussi attachant et qui était le meilleur cadeau que l'univers ait offert à Namjoon d'après lui était non désiré ?
ll voulait faire quelque chose pour le jeune homme dans ses bras, si vulnérable et trop exposé à la violence familiale. Namjoon voulait faire quelque chose, n'importe quoi pour lui, l'enfant qui supportait tout le poids du monde. Mais pour le moment, le cerveau en lequel il avait tant confiance ne lui offrait aucune solution, et il était clairement frustré contre lui même d'être si inutile.
"Maintenant que j'y pense, il avait raison." Taehyung rit et Namjoon tressaillit en entendant à quel point ce rire était forcé. Il pria et supplia pour que Taehyung ne dise pas ce qu'il pensait qu'il allait dire. "Peut-être que mon existence est une -"
"Bénédiction." coupa Namjoon, fermant les yeux.
Le plus vieux se sentait énervé que Taehyung se sous-estime autant, alors qu'il était tellement plus que ces mains tremblantes et ces doigts souillés de sang, que ces lèvres bleuies et ces joues violacées. Et c'était à la fois malsain et beau de réaliser, en cette situation, qu'il pouvait aider Taehyung et l'aimer comme il le fallait, quelque chose que personne n'avait fait pour cet enfant.
"Kim Taehyung." et l'autre le fusilla du regard, mais Namjoon continua. "C'est le nom d'un idiot pour lequel je suis dévoué. Alors ne te dérobes pas à ce nom bébé, parce que malgré toutes les erreurs desquelles tu es constitué, je pense que je peux te supporter et t'aimer."
Taehyung se figea en entendant ces paroles adressées à lui, et il pensait s'être changé en glace quand quelque chose fondit en lui. Il se sentait étourdi alors que le besoin de trouver une échappatoire grandissait - et ce fut le moment où il réalisa que cette échappatoire se trouvait juste devant lui.
Alors Taehyung, se sentant téméraire et audacieux, se pencha en avant, ce qui les rapprocha de manière impossible.
"Tae- hmf !"
Namjoon resta de glace.
Il savait que Taehyung était avide de tout. Tout, sauf lui.
Mais hélas! voilà où ils en étaient, les lèvres de Taehyung se reposant sur celles charnues de son hyung et il ne réalisa même pas que le plus vieux avait besoin de temps pour tout comprendre, vu que son cerveau avait décidé de s'éteindre le moment même où leurs lèvres se touchèrent. Et cela prit trois lentes secondes à Namjoon pour décider que penser n'était plus nécessaire à présent que son propre corps semblait savoir quoi faire.
La prochaine chose qu'il su : c'était une confusion de langues et de dents.
Sentir les larmes de Taehyung ruisseler sur son visage le fit embrasser le plus jeune avec plus de désir, alors il pourrait le débarrasser de sa souffrance - et il voulait que le plus jeune sache qu'il pouvait le ressentir aussi, la tristesse de Taehyung; les peurs de Taehyung; les battements de coeur de Taehyung. Avec ce baiser, Namjoon lui fit silencieusement comprendre qu'il n'avait pas à traverser ça tout seul, que cet incident ne changerait rien, que Namjoon ne partirait pas.
"Hyung..." Il entendit ce dernier l'appeler. Il lui répondit d'un 'hmm', ses lèvres ne le quittant jamais tandis que ses mains voyogeaient sur le corps décharné de Taehyung. Il sentit la peau de celui-ci frissonner au contact de ce léger touché, alors il agrippa fermement la taille de Taehyung, comme s'il s'agissait d'une confirmation qu'il serait toujours la pour le serrer.
"Fais moi tout oublier, je t'en prie." murmura Taehyung.
Et si cela devait faire Taehyung se sentir mieux, qui était Namjoon pour dire non ?
"Tu es sûr ?" demanda-t-il cependant. "Je ne veux pas te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas. Ma confession- ne la laisse pas te peser, je- je comprends si tu ne ressens pas la même chose, Tae."
"Hyung," Taehyung passa ses doigts entre les racines des cheveux de Namjoon, les saisissant assez étroitement et l'embrassa de plus belle. "J'ai saigné tout ce temps en t'aimant, comment cela ne pourrait-il pas être réciproque ?"
Et Namjoon n'ajouta rien, il était trop enivré par la saveur qu'avait Taehyung et il le souleva doucement en connectant ses lèvres avec la mâchoire tranchante de celui-ci. Il ne laissa pas de marque, non, même sans, le jeune homme lui appartenait, il n'y avait aucune raison d'infliger des marques à cet enfant qui en était déjà recouvert.
Tout tournait, rapide et brûlant. Les lèvres de Namjoon étaient charnues, habiles et si avides, elles firent frissonner un Taehyung timide qui n'était pas aussi doué que son aîné, parce que merde, où Namjoon avait-il appris tout ça ? Et Taehyung arrêta de penser, il ne voulait rien savoir, décidant que les lèvres de son aîné n'étaient pas si pulpeuses pour rien. Namjoon, d'un autre côté, ne considérait pas en mal les lèvres de son cadet parce que, d'après lui, les lèvres de Taehyung étaient humides et incroyables, si adictives qu'il ne pourrait jamais en être rassasié.
Ils marchèrent sur un ou deux trucs avant d'arriver au lit de Namjoon, et il fit descendre Taehyung doucement, bien étendu sur les draps. Il prit un moment et se redressa vers l'arrière, juste pour regarderTaehyung et lui sourire tendrement, et Taehyung se demanda s'il n'était pas en train de rêver- parce qu'ils avaient tellement eu faim l'un de l'autre, les choses commençaient à devenir sérieuses, et pourtant Namjoon s'était arrêté pour lui sourire tendrement, ses faussettes apparaissant et tout ce qu'il pouvait penser était Qu'est-ce. qui. se. passe. bordel.
Le plus jeune amorça un mouvement pour se relever un peu mais s'arrêta car Namjoon était déjà là, au dessus de lui, et il fondit sous son regard intense. C'était si perçant, si vif que Taehyung se sentit frissonner alors qu'il regardait ces yeux l'emprisonner, le faisant se sentir exposé et sensible.
"Magnifique." entendit-il Namjoon murmurer, beaucoup moins inconsciemment. "Tellement magnifique."
Et alors, juste au moment où Namjoon se décida à relever son T-shirt et à caresser sa peau de ses doigts sûrs, Taehyung entendit quelque chose de tellement distant mais de si éclatant - quelque chose dont il avait peur.
"Hyung-"
"Merde." Namjoon se releva frénétiquement en chuchotant, lui aussi ayant entendu les sirènes. "Merde, Taehyung, on doit partir."
"Où ?" des larmes s'accrochaient au bord de ses yeux de biches tandis qu'il se relevait aussi. "Où ça hyung ? Je ne connais aucun endroit, je-"
"Tu crois que j'en connais un ?" coupa Namjoon, frustré. Taehyung recula à l'entente de cette voix, et Namjoon leva presque la voix une nouvelle fois s'il n'avait pas vu l'étincelle de peur dans ses yeux. "Je ne suis sûr de rien, Tae. Je ne sais même pas si on pourra s'échapper avant qu'ils ne nous attrapent."
Et, comme si elles l'avaient entendu, les sirènes devenaient plus proches et c'était garanti qu'elles venaient jusque chez Namjoon. Quelques secondes plus tard, ils purent entendre quelqu'un frapper à la porte.
"Ouvrez !"
Taehyung était si terrifié que les larmes commençaient à couler. Il avait franchement redouté que cela arrive, et c'était en train d'arriver. Cela arrivait, et ce soir viendrait sa fin - il pouvait déjà se voir derrière les barreaux, seul et isolé. Attrapé pour sa culpabilité, et étiqueté comme un meurtrier. Meurtrier. C'était ce qu'il était. C'était ce qu'il serait toujours.
Le voyant comme ça, Namjoon attrapa sa joue et sécha les larmes claires, disant tendrement "Je suis pas toujours sûr de tout, bébé. Mais si tu pouvais juste me faire confiance et courir avec moi cette nuit-"
La porte du rez-de-chaussée s'ouvrit violemment et un puissant "Cherchez-le !" se répercuta dans le silence.
"Taehyung, réveilles-toi." La voix de Namjoon était pressée. "Réveilles-toi, je t'en prie. Je ne peux pas me permettre de te perdre, bébé. Pas toi."
Les yeux de Namjoon reflétaient la promesse d'une vérité sincère, la peur était évidente alors qu'elle rampait furtivement çà et là - la supplication hurlait à Taehyung de revenir à lui. Et pour la première fois, Taehyung pardonna quelqu'un ayant levé sa voix contre lui. Seulement Namjoon.
Et juste au moment où il entendit des bruits de pas dans l'escalier, tels un troupeau de chevaux, il prit Namjoon par le bras et le tira vers la salle de bain, où la fenêtre donnait sur l'arrière-cour, et une arrière-cour sonnait comme une échappatoire à ses oreilles. Il détestait la façon dont il rendait le bras de Namjoon rouge, mais ce dernier semblait si soulagé qu'il soit revenu à lui que Taehyng ne put que lui adresser un sourire - c'était bon d'être de retour.
"Allez," dit-il à son aîné qui hésitait à sauter par la fenêtre, se sentant téméraire encore une fois. "Tu as peur ?"
"Tu es horriblement joueur là." Namjoon plissa les yeux. "Un peu flippant."
"Petit chaton effrayé." se moqua Taehyung.
"Va te faire foutre."
"Hm, plus tard bébé."
Et ce fut suffisant pour faire sauter Namjoon par la fenêtre, son visage fendant l'air froid, rafraîchissant la chaleur de ses joues - Taehyung était toujours sauvage avec les mots et il aurait pu y être habitué (mais il ne l'était pas). Il atterrit en sécurité, ce qui fut surprenant, considérant le fait qu'il pouvait se casser les deux jambes en trébuchant sur ses lacets défaits.
"Hyung !" appela Taehyung d'au dessus. "T'es vivant ?"
"Tais-toi !" cria-t-il en retour, moins stupide. "Ouais, je respire encore !"
"Attrapes-moi si tu peux !"
"Quoi ?" Namjoon roula des yeux. "Non, merde attends, je ne peux pas-"
Quand il vit le corps de Taehyung trois secondes avant qu'il ne le percute, il ne put que fermer les yeux.
"Je te jure..." grogna-t-il, la douleur naissant dans son dos. Taehyung lui apporterait sa mort, et il repensait à sa décision, si courir avec Taehyung était bien pour sa sécurité. Après tout, quand il était avec ce gamin, ils étaient un peu comme dumb and dumber. "Tu pèses plus lourd qu'un cochon..."
"Au moins je ne lui ressemble pas moi." rit Taehyung en se relevant pour le bien du plus vieux. "Allez hyung, tu bouges trop-"
"Le voilà !"
Un jet de lumière l'aveugla pour quelques secondes et il tira Namjoon sur ses pieds rapidement, ne se retournant pas pour être sûr qu'il s'agissait des flics. Il lança un regard de côté à Namjoon et l'aîné était lui aussi à sa vitesse maximum, comme s'il essayait de rester à ses côtés - et Namjoon ne brisait jamais ses promesses de toute façon.
Le nuit était jeune, et alors que la sueur gouttait des cheveux de Taehyung, il sentait le poids sur ses épaules se libérer lentement. Ses poumons étaient dégagés et il pouvait respirer librement, l'assaut du vent le ravit, il se sentait indompté. La seule chose pouvant l'arrêter était sa fatigue, mais dès que sa vitesse décroissait, Namjoon courait devant lui, faisant passer tout ça pour une compétition et il pouvait le voir sourire - puis Taehyung courrait plus vite, refusant sa défaite, refusant de s'incliner devant sa propre fatigue parce que ce sentiment d'être déchaîné; d'être vraiment bien, était si étranger qu'il en était devenu addictif.
"Tae !" Il entendit le cri de Namjoon. "On les a semés !"
Il rit du soupçon de joie qu'il décelait dans la voix de Namjoon - un peu saccadée, mais il savait qu'il courrait toujours.
"Cours avec moi, hyung !" il mit son aîné à l'épreuve, l'air sérieux.
Et Namjoon ne fit rien que se soumettre.
Namjoon ne fit rien d'autre qu'écouter les cris et les pleurs du plus jeune, et les gens penseront que Taehyung est fou, qu'il a perdu la raison, mais Namjoon savait mieux qu'eux - il s'agissait juste de Taehyung guérissant les plaies de son coeur. Il le regardait alors que Taehyung s'épandait et trébuchait, un cri intense crevant son corps entier, ses yeux fermés, sa bouche raide et grande ouverte. Taehyung évacuait la douleur par ses cris, et Namjoon était là pour écouter, pour aimer tous les fragments de larmes qui coulaient et se mélangeaient au sang qui restait, il était la pour le relever quand il s'effondrait. Namjoon était là pour l'aimer entièrement.
"Ca va ?" cria Namjoon.
"Je vais bien !" répondit Taehyung, un sourire sur ses lèvres. "Je vais bien si je suis avec toi !"
Namjoon se mit à hauteur de Taehyung, affichant ses fossettes légendaires. Avec une voix plus claire que l'atmosphère, il dit "Le sentiment est partagé, Kim Taehyung."
Et ils rirent tous les deux en gardant leur rythme, ne savant pas quand s'arrêter - peut-être plus tard, quand ils verraient une station essence ou une voiture déverrouillée qu'ils pourraient voler, mais certainement pas maintenant. Pas quand leurs âmes étaient à leur apogée, ils courraient, ils étaient libres.
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