chapitre 17
Taeyong revint à pas de loup dans sa chambre. Les draps étaient dans le même état que quand il les avait quitté. Jaehyun était toujours entrain de dormir, allongé de tout son long mais laissant assez de place pour le noiraud. Il se dit qu'il devait avoir l'habitude de dormir avec quelqu'un d'autre.
Les gens disaient qu'il avait eu beaucoup de copines, beaucoup de conquêtes. Il ne connaissait pas le point de vu du concerné mais, de ce qu'il avait entendu durant des repas avec la famille, il sortait avec beaucoup de filles.
Ses pensées divaguèrent alors sur le mariage que Jaehyun était sensé avoir. Il devait épouser Hanjin, si ça mémoire était bonne. Comment une famille peut imposer un mariage arrangé à ses enfants pour perpétuer leur nom ? Taeyong en voulait un peu au brun pour l'avoir utilisé sans lui dire pourquoi mais, c'était dans le contrat.
Le plus vieux vint s'asseoir sur le lit, se tournant vers son cadet pour le regarder. Il avait l'air si paisible en dormant, c'était presque trop beau pour être réel. Jaehyun avait la bouche légèrement ouverte, les sourcils relâchés et les mains proches du corps avec les poings serrés. Malheureusement pour lui, ses cinq point de suture l'empêchaient de totalement la fermer. Quand il le voyait comme ça, l'ébène oubliait la supercherie, le mensonge qu'ils avaient créé de toutes pièces et leur haine qui s'était transformée avec le temps.
Avec douceur, il passa sa main dans les longs cheveux du brun. Ils étaient épais, bouclés et doux même si légèrement emmêlés avec le sommeil.
Il n'en revenait pas de lui-même. Cette situation était improbable, il s'en rendait compte. Lui, Lee Taeyong aux côtés de Jeong Jaehyun. Lee Taeyong le junki, l'alcoolique, l'orphelin. Jeong Jaehyun, le footballeur, l'enfant de riche avec les notes qui allaient avec la beauté, le tombeur. Le plus vieux entrain de lui caresser les cheveux avec des yeux remplis d'un sentiment qu'il ne connaissait que trop peu.
— Comment je vais faire avec toi ? chuchota t'il en laissant glisser sa main jusqu'à sa joue. Je connais rien de toi...
Taeyong souffla en regardant encore une fois le beau visage du brun recouvert par les premiers rayons de soleil. Tout était si calme et, même s'il y avait du bruit, il était bien trop occupé à admirer son cadet pour le constater. Il avait l'impression d'être enfermé dans une bulle, de ne pas être capable d'en sortir mais, de ne pas forcément le vouloir. Jaehyun lui avait fait beaucoup de mal, beaucoup trop pendant trop longtemps. Pourtant, maintenant, il pensait aux moqueries d'un garçon qui ne connaissait pas les codes pour des amitiés saines ou encore, qui n'était pas capable de se faire un avis différent des autres. Pas qu'il ne le voulait plus, mais tout simplement qu'avec une famille aussi conservatrice que la sienne, ceux qui ne suivaient pas leur chemin sont des délinquants.
La main posée sur sa joue se fit rejoindre par celle du plus jeune qui commençait à se réveiller. Peut-être l'avait il regardé trop intensément ? Peut-être avait-il parlé trop fort ? Enfin, le voilà entrain d'ouvrir ses yeux, un faible sourire sur ses lèvres.
— Je t'ai réveillé ?
— T'es mélancolique...tu peux juste m'aimer tu sais...je t'en voudrais pas.
— Je serai la plus grande de tes groupies si je ne savais pas à quel point notre relation pourrait être mauvaise.
— Pourquoi ? Pourquoi ne pas tenter ?
— Parce que la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe, dit-il en s'avançant pour déposer un baiser sur le haut de son crâne. Je ne veux pas être celui qui va salir ta pureté.
— Sans toi, j'ai plus que mes larmes pour pleurer Taeyong. On pourrait tellement s'apporter toi et moi...
— Je veux pas que tu te fasses des illusions. Laissons nous encore quelques temps.
Jaehyun se redressa pour venir embrasser le noiraud. Son hygiène bucco-dentaire ne l'inquiétait que peu. Il préférait se concentrer sur le goût de Taeyong, le goût d'un garçon qu'il aimait.
>>>>
La mère accompagnée de Chittaphon venaient de servir le plat de ce soir. Le rôti était coupé en tranche, encore saignant à souhait, comme le père l'aimait, les légumes cuits à la vapeur étaient quant à eux très croustillants, les pâtes fondantes et les sauces faites maison étaient également prêtes. Rien de mieux qu'une sauce au bouillon de veaux et au vin rouge pour accompagner ces belles tranches de viande.
Jaehyun était à pas loin de tourner de l'œil en voyant le sang dans le plat. Végétarien jusqu'à la moelle, il ne pouvait à peine supporter l'odeur. Il espérait que les carottes, les haricots verts et les courgettes allaient être assez délicieuse pour lui faire un plat copieux.
Ten servit les personnes à table avant de partir dans la cuisine pour finir le repas. Johnny le regarda faire, n'hésitant pas à quitter la table de temps en temps pour aller voir comment se débrouillait son amoureux. Ils n'avaient toujours pas annoncé leur relation mais ça ne serait tarder. L'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre était très visible, tout le monde se doutait qu'il y avait quelque chose entre eux.
Taeyong avait le regard baissé. Il regardait le bas de son short, ses mains sur ses genoux en se mordant la lèvre inférieure. Il repensait à sa discussion de ce matin avec Jaehyun, celle qu'il avait eu avec la Jaemin quelque heure plus tôt ou même le cauchemar qu'il avait fait avant de se réveiller en sursaut.
Voyant que son compagnon était en pleine réflexion, il posa sa main sur celle de son aîné. Il la serra en la ramenant vers lui, contre sa cuisse. L'ébène releva la tête pour le regarder, ses yeux étaient pétillants, ils étaient brûlants de beauté.
— Mangez avant de vous sauter dessus, râla Jongin, se rendant bien à l'évidence que son petit frère sortait définitivement avec un homme. Je pensais pourtant que les parents apprenaient la bienséance à leurs enfants. Mais bon, nous n'avons pas tous la même éducation à ce que je vois.
Taeyong reçu le pique du grand frère et fronça les sourcils. Il en avait plus que marre d'être pris pour un abruti par Jongin. Il voyait bien que sa présence le dérangeait, tout comme son attitude, sa façon de parler, de vivre et ses idées. Il ne les exprimait pourtant pas mais, les droitards avaient un don pour repérer les gauchos et les insulter comme s'ils avaient kidnappé un membre de leur famille. Puéril, se disait Taeyong. Cette fois, il n'allait pas se laisser marcher dessus par un mec né avec une cuillère en argent dans la bouche.
— Ma mère était une pute et mon père était alcoolique, cracha l'ébène en s'essuyant les lèvres avec la serviette en coton antérieurement dans un rond de serviette en bois de chaîne. J'ai été placé trop tôt pour qu'ils aient le temps m'apprendre tes p'tits trucs de bourgeois. Néanmoins, s'il y a bien un truc que mon père m'a appris, c'est mettre des pains dans la gueule de ceux qui me font chier. Ne me provoque pas trop Jongin. T'es peut-être blindé mais il faudra bien plus qu'une liasse de billets pour réparer ton p'tit minois quand je lui aurais fait bouffer le sol.
La table fut silencieuse. Jaehyun ne savait pas comment réagir, tout comme le reste des personnes présentes. Seul Jisung avait affiché un grand sourire sur son visage, continuant de couper sa viande en profitant du spectacle.
— Putain, Jaehyun, t'as vraiment trouvé un taré ! rigola le plus jeune des frères en essayant de mâcher sa bouchée. Je savais que t'étais charitable mais de là à te taper un gamin de famille d'accueil, j'suis étonné ! Tu peux nous dire si tu restes avec lui par pitié ou parce que tu trouves qu'il fait une bonne vaginette ?
— Ferme ta gueule Jisung, grogna le brun en serrant encore plus sa main contre celle de son faux petit ami.
— Ouais, ferme bien ta gueule p'tit merdeux. Une bouille ça se ruine aussi facilement qu'écraser un moucheron alors toi nous plus me cherche pas des noises.
— Tu devrais la fermer aussi Taeyong, soupira Jaehyun, lui faisant presque mal tellement il utilisait de la force.
— Me touche pas si c'est pour me faire mal, connard, chuchota le noiraud en tournant sa tête vers son cadet.
— Ferme la simplement, c'est bientôt fini.
— Mais je vais pas me laisser faire alors que des putains d'enfants de bourgeois me taclent depuis que je suis arrivé !
Le père de famille commença à sérieusement s'énerver et son fils du milieu le voyait. Il voulait faire descendre la pression pour que tout se passe bien et qu'il n'ait pas à quitter la maison pour se calmer. La pression qu'il exerçait sur la main de son cher et tendre était sa façon de le contrôler, de ne pas créer une nouvelle guerre mondiale.
— Quittez la table, vous deux, ordonna le père en pointant son fils et son copain de sa fourchette.
— Papa attends, c'est bon il va se cal-
— J'm'en fiche Jaehyun. Ta pute est mal élevée alors tire un peu sur la laisse et tu la maîtrises sinon c'est moi qui le fait. Je sais éduquer les chiens.
— Ouais...désolé, soupira le brunet en baissant la tête, déjà prêt à partir accompagné de celui qu'il aimait.
— Tu déconnes ou quoi ?? rouspéta Taeyong à son cadet, voyant qu'il remettait sa serviette sur la table pour la quitter.
Le noiraud ne comprenait pas comment Jaehyun faisait pour ne pas péter un plomb, lui aussi se le demandait. Le père Jeong l'avait traité de pute et de chien mais, ce dernier était bien plus puissant et effrayant que ses enfants. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'être en colère contre cette famille. Il en avait marre des gamins privilégiés qui ne se rendaient pas compte de qui ils étaient et qui faisaient comme si tous ceux qui n'étaient pas comme eux étaient le bas peuple. Taeyong savait qu'il était pauvre, mal éduqué, qu'il défiait l'autorité mais il n'avait pas besoin qu'on le traite comme une sous merde.
Jaehyun voyait bien que son faux petit ami était très remonté. Il n'avait qu'une seule envie : l'embrasser et le prendre dans ses bras. Seulement, ce n'était clairement pas le moment. Il venait d'insulter toute sa famille et lui montrer une quelconque marque d'affection serait cautionner ses actes. Même s'il était complètement d'accord avec le fait qu'il ne se laisse pas faire, il ne pouvait pas montrer ça à ses parents.
Quand il se leva pour partir comme lui avait demandé plus tôt son père, Taeyong le regarda faire. Dans son regard, ses mots étaient complètement lisible. Ils retranscrivaient que, s'il quittait cette table sans rien dire, rien ne pourra rattraper son erreur. Jaehyun ne voulait pas laisser tomber le noiraud mais, que pouvait-il dire pour apaiser le cœur insoumis du plus vieux ? Peut-être que la vérité pourrait fonctionner ? Peut-être qu'il fallait juste qu'il se laisse aller s'il voulait enfin pouvoir s'exprimer ?
— Je suis amoureux de Taeyong. Que vous l'apprécierez ou non ça m'est égal mais, respectez le. Je veux vivre avec lui alors commencez à l'apprécier sinon le reste de nos vies sera long.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top