Chapitre 16
— On rentre ! hurla une voix masculine, voulant se faire entendre à travers tout le parc.
Taeyong, reconnaissant son père, se tourna pour le regarder. Il était assis sur un banc, une bière à la main, une cigarette dans l'autre. Sa barbe de trois jours montrait bien son manque d'entretient envers lui-même.
Le petit garçon regarda à travers tout le parc pour regarder où était sa sœur. Il scruta les aires de jeu, regarda si elle ne jouait pas dans le sable ou avec quelqu'un qu'elle aurait rencontrée. La petite fille était très gentille et amicale, elle se faisait des amis très vite malgré son jeune âge. Elle était l'aînée de deux ans de Taeyong. Elle lui ressemblait beaucoup alors elle ne se gênait pas à laisser le garçon de quatre ans seul. Elle savait que s'il y avait un problème, la personne qui retrouverait son frère aurait juste à regarder son visage pour savoir avec qui il était.
Enfin, maintenant, le noiraud fut légèrement stressée de ne pas voir son aînée. Elle n'était pas entrain de faire du toboggan ou de parler à un inconnu. Le petit garçon trouvait ça étrange. Pourtant, leur père n'avait pas l'air de s'en faire. Il prit le poignet de son fils, trouvant qu'il mettait trop de temps à venir vers lui.
— Mais...Soyeon ? dit le noiraud d'une petite voix, inquiet pour sa sœur disparue.
— Bah elle connaît le chemin pour rentrer à la maison. Ça fait une heure qu'on est là je me fais chier alors on se barre.
Taeyong fut trainé par son géniteur à bout de bras. Le petit voulait pourtant rester, non pas pour jouer mais pour retrouver sa sœur. Comment allait il faire s'il ne la retrouvait pas ? Ce n'était très certainement pas ses parents qui allaient demander de la chercher. Bien trop occupé à se défoncer pour penser à leurs enfants.
Mais, alors que l'homme à la barbe de trois jours força son fils à avancer, ce dernier vit Soyeon entrain de parler avec une petite fille qui semblait pleurer. Taeyong voulu crier son nom pour qu'elle vienne à eux mais en était incapable. Il ne pouvait lui hurler de venir, de le rejoindre pour ne pas le laisser seul dans ce calvaire. Aucun mot ne pouvait sortir de sa bouche. Ils traversèrent le passage piétions sans regarder, voyant les voitures défiler.
Quand Soyeon les remarqua enfin, il était trop tard. Le père continua de tirer sur le petit bras du garçon, le forçant à avancer avec lui.
— Taeyong ! cria la fillette en traversant le passage piétons.
Alors, devant les yeux de son frère, une voiture qui roulait à toute vitesse passa. La jeune fille fut fauchée par l'auto, ne lui laissant même pas le temps de dire un mot. Une nouvelle fois, le noiraud voulu hurler mais aucun son sorti de sa bouche. Il était complètement muet, comme si une main sur sa bouche l'empêchait d'hurler ce qu'il ressentait.
L'action fut tellement brutale pour Taeyong qu'il ouvrit enfin les yeux, en sueur et essoufflé. Le lit qu'il partageait avec Jaehyun était couvert de sa transpiration, tout comme lui. Le brun dormait encore, les sourcils froncés.
Ce n'était qu'un cauchemar. Un cauchemar comme il en faisait souvent. Il les détestait ceux-là. Ceux qui lui rappelaient des souvenirs douleurs qu'il faisait son maximum pour oublier. Comment vivre en voyant même son pire traumatisme en rêve ? La mort de sa sœur n'allait donc jamais le laisser...
Taeyong quitta le lit. Il enfila un short pour ne pas sortir de la chambre complètement nu. La lune éclairait tellement la maison qu'il ne prit même pas la peine d'allumer le flash de son téléphone pour attraper le sachet dans lequel contenait sa précieuse cire de cannabis. Il prit aussi son tabac et ses slims pour pouvoir se rouler un joint comme il l'avait fait des milliers de fois.
Il sortit ensuite de la chambre, faisant attention de ne pas faire grincer la porte, ne voulant pas réveiller le bel homme antérieurement à ses côté. Il consulta son portable, il était trois heure du matin. L'heure parfaite pour penser à soi.
Il passa par la bée vitrée pour se retrouver dans le grand jardin des Jeong. Il faisait atrocement chaud, il ne pouvait rester à l'intérieur pour rouler son joint. Il le fit alors sur la terrasse, la Lune pour seule lumière. Ce rencard entre lui et elle devenait bien plus intime quand il sella la feuille d'un coup de langue sur la colle, la tassant avec son pouce et l'allumant avec son clipper. Ce gros caillou à des millions de kilomètres de lui était très certainement sa plus grande confidente, son plus bel amour et le seul qui était capable de l'écouter. Elle était sa muse. Des rendez-vous avec la Lune, il en avait si souvent qu'il avait l'impression d'avoir une intimité avec elle.
Quand la fumée de sa cigarette empoisonnée sortie de part sa bouche et son nez, il se sentit bien mieux. Le shit ne lui faisait presque plus d'effet mais, il aimait quand même en fumer pour se détendre. Quand il fumait, il se sentait en harmonie avec lui-même, avec son corps et avec la nature et son environnement. Il entendait son cœurs battre, il régulait sa respiration et entendait ses muscles se tendre et se détendre. Le son des feuilles dans les arbres, des animaux, aussi petit soient-ils, dans le jardin, la mer s'écrasant sur le sable, se faisant manger par la Lune petit à petit.
Il ferma les yeux, se concentrant sur son corps et ce qu'il fumait. Il avait besoin de cette harmonie pour ne pas se faire du mal. Oui, la drogue était sa mutilation mais, quand il voyait sa douleur, elle disparaissait plus vite. Ce n'était que quand les traces s'en allaient que la rechute était bien plus grave. Taeyong n'était pas courageux, il détestait remonter les pentes trop raides.
Sa main formant un poing se rapprocha dangereusement de son épaule, prête à frapper. Le noiraud se retenait de ne pas se la démolir en lui infligeant des coups trop forts, l'ayant déjà fracturée une fois. Il allait le faire, il allait se faire ce mal qui lui faisait si peur. Il devra la remonter cette pente trop raide pour être agréable. Mais, alors qu'il trouva enfin le courage de se frapper, son téléphone vibra.
Il ouvrit les yeux, voyant le nom sur l'écran de son téléphone. C'était un appel en FaceTime qu'il demandait. Il décrocha alors.
— Coucou Jaemin, chuchota le plus vieux, ne voulant pas réveiller toute la maison.
— Taeyong ! Il faut que je te raconte un truc !
Le susnommé rigola en voyant le visage tout excité de son ami. Il reconnu d'ailleurs les toilettes de ce dernier. Il se dit qu'il avait dû s'isoler pour pouvoir appeler le noiraud discrètement.
— J'ai couché avec Jeno tout à l'heure, c'était magique ! s'excita t'il en se remémorant ce moment. Il vient de s'endormir je pouvais pas t'appeler avant.
— Oh, vraiment ? Il est gentil ? J'espère qu'il est un minimum attentionné et qu'il te fait des cadeaux !
— C'est Lee Jeno, Taeyong. Sa présence sur terre est un cadeau, sourit il en rapprochant son téléphone de son visage. Sa bite aussi est un don que l'univers lui a fait. J'ai jamais vu un truc pareil faire des aussi belles choses !
Les deux amis restèrent en appel un bon petit moment. Jaemin racontait au plus vieux ces deux dernières semaines qu'il avait passé avec le bleuté. Il lui racontait leur premier bisou, leur premier date et, enfin, leur première fois.
Taeyong ne disait rien sur ce que, lui, avait vécu durant cette moitié de mois. Il attendait que son ami ait terminé son histoire pour lui raconter quelques parties de la sienne. Le blond avait l'air si heureux qu'il ne put l'interrompre. Il n'avait plus envie de se faire du mal maintenant qu'il était avec Jaemin. Il était vraiment chanceux avoir quelqu'un comme lui à ses côtés.
L'histoire fut assez longue pour que le noiraud pose son téléphone pour rouler un nouveau joint. Il voyait également les tous premiers rayons de soleils qui se reflétaient dans la mer basse. Ils étaient étouffés mais présents.
— Et toi ? Ça se passe bien avec la famille de Jaehyun ? Même avec Jaehyun lui-même en fait.
— Écoute, ce sont des gros connards, aussi riches que le président avec des caractères plus trempés que celui de Jaehyun. L'homme de maison est sympa, on s'entend plutôt bien et...Jaehyun...
Il se stoppa. Comment pourrait-il décrire le brunet à son ami ? Il n'allait pas lui dire que ce dernier était, en fait, éperdument amoureux de lui, qu'il voulait que leur relation soit réelle et, en plus du reste, qu'ils couchaient ensemble presque tous les soirs depuis quatre jours. Le noiraud aimait énormément Jaemin mais, il avait trop honte pour avouer tout ce qu'il faisait avec le footballeur.
— On ne cherche plus à se tuer. Il est même plutôt gentil et drôle quand il veut.
— Ooooh...tu te le tapes ? demanda le blond en faisant danser ses sourcils pour taquiner son aîné.
— Tu sais quoi mon Jaemin ? Tu devrais aller te coucher, il est tard. Bonne nuit mon loulou on se reparle plus tard !
Le plus jeune n'eut même pas le temps de râler que Taeyong avait déjà raccroché. Il soupira, soulagé de ne pas avoir eut à lui parler de sa relation avec Jaehyun. Il ne savait même plus comment les qualifier. Lui, il n'avait clairement pas envie de sortir avec quelqu'un pour le moment. Il était trop jeune, il voulait s'amuser et, surtout, il n'avait pas assez confiance en son cadet pour ça. De plus, il était toujours pétrifié par la peur quand il voyait sa mâchoire se contracter quand il parlait avec Taeil ou quand il jurait à la moindre bourde qu'il commettait.
Pour se rassurer, il regarda la Lune qui saluait le soleil. Ce dernier se levait de plus en plus. En plein mois de juin, la boule de feu pointait le bout de son nez très tôt.
— Ma muse...qu'est-ce que je vais faire...?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top