Chapitre 15
Toujours la main dans le sac, Taeyong aidait son cadet à préparer sa salade de fraise comme il le faisait régulièrement quand Chittaphon rentrait du marché le jeudi. Cela faisait un peu plus de deux jours que la dispute au bar était passée. Les parents du brun n'avaient pas trop posé de questions sur sa pauvre main coupée même si sa mère s'était inquiétée.
Les deux garçons étaient devenu un peu plus proches qu'avant. Toute cette supercherie paraissait plus vraie maintenant qu'ils avaient discuté et couchés ensemble. Il y avait une complicité qui s'était installée entre eux.
Johnny, accueilli comme un dieu dans la famille Jeong, fut malheureusement réveillé par le vacarme que faisait les deux faux amoureux. Jamais il n'avait connu la maison aussi bruyante depuis que son compagnon et le brun étaient petits. Il se demandait ce qu'il pouvait bien se passer dans la cuisine.
Le blond prenait beaucoup de risque en allant dormir dans la chambre de Ten mais ne s'était toujours pas fait repérer. Non pas que son aventure avec le plus jeune le gênait mais il savait que ça n'allait pas plaire au maître de cette maison. Enfin, il ne fut pas étonné en se réveillant de se retrouver seul dans le lit. C'était jeudi, jour de marché et donc jour des fraises.
Il sourit en voyant Taeyong se jouer de l'handicap de son faux compagnon. Enfin, faux, ce n'était plus qu'une question de temps selon lui avant que ce petit mot change et toute leur relation avec ça. Chittaphon rigola, couvert de la chantilly qu'il avait fait l'erreur de sortir pour se manger une fraise ou deux avant de continuer son travail. Le plus grand essaya de surplomber son aîné mais ce dernier était plus rapide et vicieux, il le faisait tourner en bourrique alors qu'il voulait juste récupérer le bol rempli de la précieuse salade. Plus importante qu'un bijou aux yeux du sportif de haut niveau. Sur les mains du farceur, il vit la fameuse crème fouettée qui s'était retrouvée sur le visage de son cher et tendre.
En parlant du loup, il vint tout juste de voir son aîné entre deux rires qu'il essayait d'étouffer pour ne pas réveiller la famille Jeong. Ses lèvres fendues en sourire réchauffaient le cœur du blond qui était vraiment heureux de savoir que le noiraud l'était aussi.
— J'arrive trop tard pour demander des fraises ? dit Johnny avec beaucoup d'ironie.
Il s'avança vers le plus jeune et l'embrassa comme ils le faisaient tous les matins, seuls dans la chambre qu'occupait Ten. Il fallait dire que le plus vieux en avait marre de se cacher quand ils étaient hors de leur lit. De toute façon, Chittaphon allait devoir quitter son travail pour aller au Etats-Unis avec lui. Les Jeong allaient bien savoir la raison à un moment ou un autre.
— Si Taeyong me rend ma salade t'en auras mais il a pas l'air décidé ! rouspéta le brunet contre le noiraud qui lui tira la langue.
— Tu veux trop faire ton bonhomme à faire des trucs avec que t'as une main en moins aussi ! se justifia le plus vieux de tous en reposant le bol couvert de chantilly sur le plan de travail en marbre. J'te donne ce que tu mérites mon garçon : une punition !
— J'ai pas quatre ans ! Tu me punis pas ça va pas !
— J'm'en fous ! J'suis ton aîné pour moi tu seras éternellement un gosse !
Jaehyun qui tentait, en vain, de bomber le torse pour impressionner le noiraud se fit bien vite à l'idée qu'il était bien plus têtu que lui. Quand il se recourba, faisant une tête de chien battu et une moue d'enfant, Taeyong roula des yeux. Il en avait marre de bien s'entendre avec le brun. Il commençait à l'apprécier et, ça, c'était pas bon. Pourtant, comment ne pas tomber sous le charme d'un garçon aussi mignon et beau que lui ? Taeyong se le demandait bien.
Prit de pitié par le plus jeune et d'un grand élan de générosité, il poussa la salade jusqu'à lui pour qu'il puisse la réceptionner avant qu'elle ne s'écrase au sol. Jaehyun l'attrapa puis sautilla de joie avant d'aller chercher une cuillère dans un placard.
Taeyong alla de l'autre côté de l'îlot central, du côté des fenêtres qui donnaient sur le jardin et, par extension, une piscine olympique et la mer. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il y avait une piscine dans cette maison alors qu'il suffisait de faire quelques pas en plus pour profiter d'un environnement naturel avec de meilleures vertus que le clore.
Il regarda Jaehyun manger sans rien dire. Johnny et Chittaphon avaient quitter la pièce pour faire un tour sur la plage. L'américain voulait profiter un maximum de son amoureux, ce qu'il comprenait totalement. Lui, il restait avec le footballeur qui dégustait ses fraises comme si c'étaient les premières qu'il mangeait de sa vie.
— Even if this tour is over, I'll still love you to the moon and back...like a eternal starlight, chanta le plus vieux, comme inspiré par une chanson qu'il n'avait pas l'habitude de chanter de base.
— Tout ça ? rigola le brunet en le regardant du coin de l'œil, un sourire narquois aux lèvres.
— Ta gueule ? l'interrogea t'il réthoriquement, l'inventant simplement à faire ce qu'il avait dit. Ça me vient comme ça alors pour pas oublier ça sort.
— Tu chantes bien. Je t'ai sous-estimé j'avoue.
— J'suis pas un grand chanteur. Je rap bien mieux.
— Oh génial ! Count up the bands, stickin' up.
— No rubber band is big enough.
— Tu connais tes classiques, pas mal.
Taeyong rigola. Le tester sur du Post Malone était un jeu qu'il était sur de gagner. Il trouvait ça à la fois drôle qu'il veuille le tester sur ses capacités et ridicule pour ne pas croire quelqu'un qui te dit se qu'il fait.
— T'écoute quoi comme style de musique du coup ? demanda le plus jeune, sachant très bien que le noiraud allait se jeter la tête la première dans une longue liste.
Ce qu'il espérait fut concluant. Entre les groupes de kpop, les rappeurs et chanteurs, Jaehyun n'avait pas le temps d'en placer une. L'ébène débitait des noms à la chaîne, citant leurs chansons les plus connues et ses préférées à celles qu'il ne pouvait supporter. Il lui parlait de son amour pour le groupe The Rose, les rappeuses Cardi B et Doja Cat ou encore pour le chanteur Novo Amor.
Jaehyun ressentait la passion dans ses mots. C'était exactement ça qu'il voulait en demandant ça. Il voulait voir Taeyong heureux, parler d'un sujet qui le passionne plus que la drogue. Il pensait que, en l'incitant à parler de ce qu'il aimait avec lui, il allait se sentir plus à l'aise et ouvert. Il réagissait parfois à ce que le plus vieux disait mais se contentait simplement d'écouter ou prendre des notes dans son IPhone quand il lui conseillait des sons.
Toujours en l'écoutant, le plus jeune s'approcha de lui. Il laissa ses fruits pour porter une totale attention à son aîné. Il avançait petit à petit durant les quinze minutes où Taeyong parlait de musique. Quand il fut enfin à sa hauteur, le plus vieux n'avait presque pas remarqué qu'ils étaient aussi près l'un de l'autre. Il s'arrêta alors de parler, ne quittant néanmoins pas son sourire.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda l'ébène.
— Je peux t'embrasser ?
Taeyong pouffa timidement devant le grand dadais qui baissait limite la tête pour le regarder. Sans plus attendre une réponse, le plus vieux attrapa ses joues, se mis sur la pointe des pieds et l'embrassa. Le baiser était intense, puissant en émotions. Le sourire du protagoniste et l'amour révélé du footballeur rendait ça encore plus beau et précieux. Taeyong détestait les compte de fées mais il avait l'impression d'en vivre un, et il aimait ça. Les mains du plus jeune sur sa taille, il sentait qu'il exerçait assez de pression pour l'aider à rester sur ses orteils.
Plus rien n'existait maintenant qu'ils étaient là, tous les deux dans cette cuisine encore à moitié couvert de pédoncules de fraises et de crème fouettée. Ça rendait le moment encore plus unique. Ils avaient les yeux fermés mais, ils étaient sûrs de graver ça d'une pierre blanche, de ne pas oublier.
— Je t'apprécie vraiment, Tae...soupira le cadet une fois qu'il eut interrompu leur échange pour parler.
Le susnommé posa son front sur le torse du brun. Il était gêné mais, une gêne positive, qui lui donnait envie de sourire et de ne jamais s'arrêter. Il ne pensait pas à la drogue, à ses parents ou à leur situation compliquée. Il n'était fixé que sur ces mots aussi agréables à entendre qu'il le faisait rougir.
— Ça fait plaisir de voir que ça va entre vous ! les surpris Johnny en compagnie de Ten, les espionnant depuis le jardin.
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