Chapitre 7: Qui suis-je ?
Je fais nerveuseument tourner mon sylo, en fait, j'essaye de ne pas trembler, car depuis que je me suis réveillé, j'ai comme l'impression d'être pris de spasmes de temps à autres.
Une main s'abat alors violament sur la mienne, plaquant mon stylo sur la table avec un bruit sec, je me tourne vers la personne que j'ai visiblement agacée, Alys.
Elle me foudroie du regard.
-"Bon tu va me dire ce qu'il s'est passé ?"
Dois-je vraiment lui expliquer que la maison d'à côté de chez moi est vivante, que ce matin mes yeux étaient violets, et que la fille qui est à côté de la fenêtre m'évoque une apparition fantomatique habitant cette maison ?
Mais d'un autre côté, Alys semble posséder un radar à mensonge.
Le mieux serait de lui présenter une version abrégée des faits, juste omettre les détails un peu fantastiques...
-"Très bien, puisque tu insiste, j'ai passé la nuit dans la maison d'à coté, j'ai perdu connaissance, et je ne me suis réveillé qu'à six heures, et c'est pour ça que je suis poussiéreux et fantomatique !"
Alys lève un sourcil en guise de réponse, je vois bien qu'elle n'est toujours pas satisfaite. Sa main jusqu'à présent sur la mienne glisse lentement de son coté de la table, ce détail m'arrache un sourire, qui n'échappe pas à ma voisine, qui lève les yeux au ciel.
Une sonnerie à devenir sourd retenti, je vois un attroupement d'élèves se jeter dans la mêlée qui bouche le couloir, la récrée, je vais pouvoir poser mes questions à la fille au cheveux noirs, je me tourne vers elle, pour m'apercevoir qu'elle n'est plus là, mais comment a-t-elle pu partir aussi facilement ? Je crois apercevoir sa chevelure dans la foule, et tente de la rattraper.
Je la suis dans un dédale de couloirs, rien ne peut me trahir dans ma filature, rien à part une basket qui crisse sur le sol... La fille se retourne brusquement, normalement, dans un lycée plein d'élèves chaussés comme moi, ce son ne devrait pas provoquer une telle réaction... Elle fond sur moi avec véhémence :
-"Tu me suis ! Qu'est-ce que tu me veut ?"
Cette agressivité m'est familière, mais je n'ai pas vraiment peur, je suis dans un endroit publique, ou plutôt un couloir désert, mais cela n'a pas d'importance, j'ai des questions, et j'aurai des réponses :
-"C'était toi dans la maison hier, je te reconnais, cette maison est abandonnée, ça se voit, qu'est-ce que tu cherche ? Il y a un truc de surnaturel là-bas, dis moi ce que c'est.
-Tu crois pas que tu en a déjà assez fait ? Tu as peut être vu des choses, mais tu as de la chance d'être encore quelqu'un de normal, alors fouine pas trop tu veux !"
Je sens une témérité jusqu'alors inconnue monter en moi, je continue mon interrogatoire :
-"Si, je fouine, cette maison est juste devant ma fenêtre, il y a des meubles qui disparaissent, il y a toi..."
La fille bondit sur moi et me plaque au mur, l'une de ses mains serre légèrement ma gorge, le plus dérangeant dans tout ça n'est pas la douleur de mes omoplates écrasées, mais plutôt le contacte gelé de sa main sur mon cou, elle reprend, avec une voix rauque, presque bestiale:
-"Arrête ! Ne remet jamais les pieds dans cette maison, plus jamais tu m'entends ?"
Une fois de plus son agressivité à outrance en vient à m'énerver, moi aussi, elle veut que l'on se comporte comme des chiens enragés, d'accords, honneur aux dames...
Mon bras droit lui saisi l'épaule, lui arrachant une grimace, je constate que je ne vois plus mes ongles, je les sens, un peu plus loin, enfoncés dans sa chair. D'un mouvement léger et maitrisé, je l'envoie s'étaler sur le mur d'en face, je crois percevoir de la surprise dans ses yeux, et un soupçons de peur, qui a été le plus rapide cette fois ? Qui ne s'est pas empalé la main une fois de plus sur je ne sais quel objet ?
Cette dernière pensée laisse ma bouche se tordre d'un rictus de douleur, je regarde ma main droite, du sang imbibe le bandage, et un autre sang, colore mes doigts au niveau des ongles. La fille au cheveux noirs à disparu une fois de plus, je réalise alors ce qu'il vient de se passer, je l'ai frappée, pire, je l'ai blessée. Je me précipite aux toilettes, j'essaye de laver mes mains sans trop mouiller le pansement, j'examine mon reflet dans le miroir, j'ai un teint cadavérique, et je crois voir les dernières nuances d'une couleur que je n'ai que trop vue ces derniers temps s'estomper dans le gris de mes yeux, le sang du bout de mes doigts ne s'en va pas, j'ai même l'impression qu'il y en a de plus en plus, je regarde alors plus en détail le dessous de mes ongles, pour découvrir avec horreur que chacun arbore un pourtour sanglant, comme s'ils avaient tous été retournés.
La sonnerie retenti à nouveau, je dois regagner ma salle, je ferme mon poing droit de sorte à cacher mes ongles contre le bandage, et retourne en classe. Je sursaute presque en découvrant la jeune fille aux cheveux noirs, l'air de rien, à sa place, finalement un petit ongle dans l'épaule n'est rien comparé à une tige en métal dans la main, visiblement ça ne l'arrête pas.
Alys lance un regard inquisiteur à ma main ensanglantée, tandis que je réouvre ma trousse maladroitement avec ma main gauche.
"-Ça s'est réouvert, mais ne t'inquiète pas, tout va bien."
Alys m'écarte de mon propre conflit contre ma trousse et l'ouvre délicatement, puis elle plante son regard indéfinissable dans le mien.
"-Qui te dit que je m'inquiète ?"
Visiblement satisfaite de mon air ahuri face à cette boutade qui a un petit goût de vengeance, Alys laisse sa main regagner son coté de la table, je souri malgré moi. Elle regarde devant-elle et murmure:
-"Et tu crois pas que me dire de toi même toute la vérité ne serai pas plus simple ? Tu sais, je trouverai des réponses quand même..."
Un petit sourire malicieux se dessine discrètement sur ses lèvres, l'air de rien, son regard tend vers ma main droite ouverte, et mes ongles amochés.
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