Royce
Il veut pas se caser entre ses jambes tant qu'il y est? J'arrive pile au moment où il lui propose de le "nettoyer". C'est quoi ce plan drague de merde? Même moi je peux trouver mieux que ça.
J'ai finalement pas besoin de le repousser, Lily s'en charge toute seule en rigolant, épargnant au passage la gueule de ce minable.
Je le supportais déjà mal avant mais depuis la fête étudiante, je peux plus le sentir. Je lui jette un coup d'œil pour lui faire comprendre que la récréation est terminée.
Je dois être plutôt convaincant parce qu'il finit par se tirer après une dernière pitrerie. Tant mieux, à force de passer mon temps à penser à la même fille, j'avais peur de m'être ramolli. Faut croire que je le suis qu'avec elle mais ça n'arrange pas mes affaires non plus.
Comme avec les autres employés, Lily me passe un sandwich. Je m'en empare en fouillant dans la glacière à la recherche d'une canette fraîche que je décapsule aussitôt pour en vider la moitié d'une traite. Putain, j'avais soif.
Quand je repose les yeux sur elle, son regard est baissé pour éviter le mien. Elle fixe la pointe de ses baskets couvertes d'écritures rose. J'essaye de lire ce qui est écrit mais je ne parviens pas à déchiffrer grand chose. Des paroles de chanson d'amour, je crois.
La plupart du temps, ce genre de détails me mettent mal à l'aise. Les graffitis à paillettes sur ses pompes, ses chemisiers de petite fille sage, son rire juvénile, les accessoires qu'elle met dans ses cheveux... tous ces trucs me rappellent en permanence à quel point elle est jeune et à quel point mes pensées sont déplacées.
Depuis quand t'en as quelque chose à foutre, ducon? Royce Walters donne dans la morale maintenant?
Elle continue d'éviter mon regard, la peau un peu pâle. Elle avait pas l'air aussi mal à l'aise avec Quinn, je songe amèrement.
- Alors, tu m'embrasses pas aujourd'hui? je demande pour la dérider ou juste lui tirer une réaction.
Dans le mille. Elle tressaille et relève aussitôt ses yeux agrandis de surprise vers moi, la bouche entrouverte en un o parfait que j'évite de regarder. Elle s'empourpre dans la seconde comme je l'avais espéré et je me retiens de sourire.
Elle pensait quand même pas que j'allais oublier? Elle regarde les autres employés un peu plus loin d'un air inquiet avant de revenir sur moi, l'air de me poser une question silencieuse.
Merde. Elle croit que je parlais sérieusement? Que je lui demanderais vraiment de me mettre un smack sur la joue devant toute la troupe?
Non pas que ça m'ait dérangé hier. C'était bizarre mais pas désagréable. Mais j'ai même pas envie de penser à la manière dont la regarderaient les autres s'ils la voyaient faire ça. Elle a pas besoin d'être associée à mon nom, elle l'est déjà bien assez pour sa sécurité.
- Je déconnais, arrêtes de flipper, je la rassure en ricanant.
Mais encore une fois, sa réaction n'est pas celle que j'attendais. Elle n'a pas vraiment l'air soulagée et se contente de hocher la tête avec un léger "ah".
J'entame mon sandwich en la regardant écarter ses mèches en sueur de son front. Le geste me rappelle qu'elle a aucune raison valable d'être là.
- Qu'est-ce tu fais là, la mo... Lily?
Je me suis repris au dernier moment en me rappelant notre discussion sur la plage. J'ai toujours pas compris sa réaction à ce moment là mais elle avait l'air vraiment contrariée par l'idée que je la considère comme une gosse. Si elle pouvait entrer dans ma tête, je pense qu'elle préférerait cette option.
- Pas grand chose, elle répond avec un soupir, je suis désolée de ne pas pouvoir aider. Mais je veux quand même assister aux travaux.
Pourquoi je suis pas surpris?
- Tu sers à rien et tu vas juste choper une insolation, je lâche en sachant déjà que je gaspille ma salive- elle n'en fera qu'à sa tête.
- Vous aussi. Et il est hors de question que je reste enfermée dans la maison alors que tout se passe dehors.
C'est bien ce que je me disais. Elle s'ouvre une brique de jus pour clore la discussion mais je n'y pense déjà plus, les yeux braqués sur la petite paille qu'elle vient de glisser entre ses lèvres. Comme le reste, sa bouche est adorable. À tel point que ça en devient pénible.
Putain.
J'ai envie de goûter à cette bouche.
Ça sort d'où ça, Walters?
En principe, je déteste embrasser. C'est pas du tout ma came, une vraie perte de temps que j'évite quand c'est possible. Mais je suis prêt à faire une exception pour cette bouche, pour Lily. J'ai l'impression de passer mon temps à faire des exceptions pour cette fille.
Je me colle à la barrière pour arrêter de fixer ses lèvres et éviter de la faire flipper mais je croise le regard agacé de Quinn et ne résiste pas à l'envie de l'emmerder. Je me cale contre la cuisse de Lily en le regardant droit dans les yeux, amusé de le voir pâlir. Je n'arrive pas à savoir si Lily lui plaît et qu'il me prend - à tort- pour un concurrent ou s'il s'inquiète de voir un mec comme moi tourner autour d'elle, à raison cette fois.
La fille se tend en me sentant envahir son espace mais je me garde bien de m'écarter. Je promène un regard neutre sur les bêtes qui broutent un peu plus loin. J'ai encore du mal à croire qu'on se casse tous le cul pour l'une d'entre elles.
Qu'est-ce que Chris serait pas prêt à faire comme connerie pour satisfaire cette gosse assise à côté de moi. Ça me va bien de dire ça, c'est pas comme si j'avais accepté de l'emmener en pleine nuit à une course illégale et de la laisser participer juste parce que j'ai pas été capable de la regarder dans les yeux et de rester sur un non catégorique.
- Si ton truc marche vraiment et que ce cheval la boucle une fois qu'on lui aura construit l'abri, on est d'accord que t'auras plus besoin de passer tes nuits dans le pré pour le réconforter? je lance en vidant ma bière.
Je n'arrive pas à décider si je préfère qu'elle renonce pour des questions de sécurité ou si je suis complètement cuit et que je ne veux pas faire une croix sur du temps volé avec elle.
J'espère vraiment que c'est pas la deuxième option. Si je me mets à vouloir traîner avec une fille que je peux même pas baiser, je sais pas où je vais.
- Je pense que si. Je serais soulagée s'il ne souffre plus la journée mais mon plan vise plutôt à l'habituer à une présence humaine, ça n'a rien à voir.
Vu le soulagement qui m'envahit, ça devait être la seconde option.
Merde.
- T'es impossible, je râle sans savoir si je m'adresse à Lily ou à moi même.
Elle me jette un coup d'œil un peu perdu et tapote nerveusement ses genoux avec l'air de réfléchir à je ne sais quoi.
- Si ça te gène de jouer les gardes du corps, ça ne me pose pas de problème, Royce. Je t'assure, je pourrais demander à Jace ou Bo...
Je me tends en la fusillant du regard. Je n'ai pas la moindre envie de la savoir seule dans ce pré avec la version rousse de Casanova. Ni avec cet indien complètement mordu.
- Non, je la coupe brutalement sans la laisser terminer avant d'ajouter en la voyant baisser les yeux. Ça ne me dérange pas.
Elle hausse les sourcils, surprise. Est-ce que je lui ai déjà donné l'impression que trainer avec elle est une corvée? Je suis vraiment un enfoiré fini.
Ça n'empêche pas ses lèvres roses de s'étirer légèrement. Pas assez pour creuser ses fossettes mais elle est quand même en train de me sourire, sans que j'aie rien fait pour le mériter.
Pour une fois, croiser mon regard n'a pas l'air de la déranger. Elle me fixe de ses grands yeux expressifs que je n'arrive pas à déchiffrer. Je ne sais pas si elle s'est rapprochée ou si c'est moi mais la distance déjà faible qui nous séparait semble s'être encore réduite.
Sa cuisse nue et beaucoup trop douce est collée contre mon bras et son visage est tellement près que je peux compter ses cils blonds et les taches de rousseurs sur son petit nez. Ses lèvres s'entrouvrent quand elle expire et m'envoie son haleine fruitée au visage.
Je pense que je donnerais ma Camaro et Hunter pour savoir ce qu'elle pense en ce moment. Non, quand même pas. Juste Hunter.
Je m'accroche à la barrière pour éviter de faire une connerie.
C'est ce casse-couille de Chris qui me remet les idées en place en toussotant comme un con pour signaler sa présence. Lily sursaute et s'écarte, surprise.
Williams se plante devant moi, de l'autre côté de la barrière et m'assassine de son regard froid en croisant les bras sur son torse pour être plus imposant. Ça ne change rien au fait que je suis plus grand que lui.
S'il pense pouvoir m' intimider, il peut toujours se mettre le doigt dans l'œil. Profond.
Je sais qu'il n'est pas aussi posé et innocent que ses chemises impecs le laissent penser. Le Nord n'a pas de secret pour lui et il a déjà été impliqué dans de sales affaires la-bas, même si toutes ont été étouffées. Il doit sûrement savoir se servir de ses poings mais il ne ferait pas le poids face à moi, même si je serais curieux de voir ce qu'il vaut sur ce terrain là.
Son regard d'avertissement est parfaitement clair et ce n'est pas la première fois qu'il me le sert: "Ne traîne pas autour de ma nièce". Les lettres sont presque écrites sur son front.
Et je n'ai rien à opposer à ça. Parce qu'il a raison. Si ça avait été une autre fille, je l'aurais sautée direct juste pour l'emmerder et lui prouver que personne - lui encore moins - ne peut me dicter ma conduite. Mais c'est Lily et l'idée ne m'effleure même pas.
Je soutiens le regard de Chris pendant une minute pour la forme mais j'ai déjà perdu ce combat. Une rage sourde me tord les tripes sans que je ne sache contre qui elle est dirigée quand je tourne les talons.
L'après midi est encore plus pénible que la matinée. Les travaux avancent vite mais pas assez à mon goût, le soleil me tape sur la tête et sur le système, Quinn m'emmerde avec ses coups d'œil réprobateurs - comme si j'en avais quelque chose à branler de sa désapprobation, mon débardeur trempé me gêne mais il est hors de question que je l'enlève et Lily s'est tirée.
Je ne sais pas exactement à quel moment mais elle a dû finir par céder aux conseils de son oncle - ça m'étonnerait que ce soient les miens qui l'aient décidée- parce que la dernière fois que je me suis retourné pour lui jeter un coup d'œil, poussé par cette nouvelle pulsion ridicule qui veut en permanence savoir où la gamine se trouve, elle était plus là.
Je ne sais pas non plus ce que son oncle lui a raconté mais quand il est parti, elle faisait une drôle de tête et je me suis fait violence pour ne pas la rejoindre et exiger des explications.
Agenouillé dans l'herbe devant le muret en construction, la nuque douloureuse à force de rester incliné vers l'avant, je suis en train d'étaler une nouvelle couche de ciment frais sur les briques quand le palefrenier annonce une pause.
Les mecs soupirent de soulagement et s'étirent mais ca n'arrange pas du tout mes affaires. Je déteste faire traîner les choses en longueur. Je préférerais en finir et me tirer.
Je me relève en soupirant d'agacement sans prêter attention à mes muscles fatigués qui me font pour le moment penser aux pièces détachées complètement déglinguées de la dernière Chrysler que j'ai démontée au Tom's. Mais même comme ça, je pourrais facilement mettre quelqu'un en miette si l'envie m'en prenait. Comme s'il avait entendu mes pensées et souhaitait se porter volontaire pour faire baisser ma tension, Quinn se plante devant moi.
- Walters, lâche-t-il pour me faire comprendre qu'il veut s'adresser à moi.
Je ne réponds pas et me contente d'attendre en le regardant dans les yeux. Mon silence semble mettre mal-à-l'aise ce pro de la tchatche. Tant mieux.
Il se reprend quand même plutôt rapidement et réintègre son air trop confiant en regard de son petit gabarit.
- Faut que tu laisses tomber. Je sais pas à quoi tu joues mais oublie, lâche-t-il en fronçant les sourcils l'air sérieux pour une fois.
Je me garde bien de changer d'expression mais je ne peux pas m'empêcher d'être vaguement curieux. De quoi est-ce qu'il parle? De Lily? Comment est-ce qu'il peut savoir qu'elle m'intéresse? Il insiste, l'air frustré par mon silence.
- Je sais pas pour quelles raisons tordues tu lui tournes autour mais arrête. Tu peux t'amuser avec toutes les meufs que tu veux sur l'île, dans le Nord, dans tes bars à putes, mais laisse Lily tranquille.
Je plisse légèrement les yeux en essayant de savoir ce qui le motive. Il la veut lui aussi?
Aussi? On redescend sur terre, Walters.
J'avais prévu de l'ignorer. Je ne m'explique pas pourquoi je lâche:
- Qu'est-ce qu'il y a, t'as peur de la concurrence, Quinn?
Putain! Y a pas de concurrence qui tienne, bordel. Je fixe quand même attentivement le rouquin pour ne pas louper sa réaction. Il hausse les sourcils, l'air surpris, puis me fixe d'un regard neutre, l'air songeur. À quoi il réfléchit, ce con? Et pourquoi est-ce que je suis encore là?
Il secoue la tête et reprend finalement, sans relever ma remarque.
- Je te laisserais pas lui faire du mal. Je sais ce que tu fais. Lily t'aime bien mais toi, t'en a conscience et t'en joues. Tu t'amuses avec elle sûrement comme tu le fais avec toutes les autres mais...
Je ne l'écoute plus. Lily m'aime bien? Qu'est-ce que c'est que cette merde? Pourquoi il balance des conneries pareilles, lui? Est-ce qu'il essaye de me faire réagir ou est-ce qu'elle lui a dit un truc... Non. Je ne vais même pas y réfléchir et m'encombrer la tête pour rien. Il se fout de ma gueule.
Je serre les dents pour m'empêcher de le questionner comme un con. Je ne m'abaisserais pas à son niveau. Je repère la pile de sacs de sable à stocker et m'éloigne de Quinn sans rien ajouter pour aller en attraper un sur le tas. Il est lourd mais sans plus quand je le balance sur mon épaule. Ce pré me sort par les yeux, j'ai besoin de me casser de là.
J'enjambe la barrière plutôt que de faire un détour pour trouver l'ouverture. Je suis à mi chemin des écuries dans lesquelles les sacs doivent être entreposés provisoirement quand Chris m'interpelle, dans mon dos.
- Walters.
Putain, c'est pas bientôt fini? Je m'arrête sans me retourner, les épaules raides, et le laisse me contourner pour me faire face.
- J'ai pas eu l'occasion de te parler tout à l'heure alors je le fais maintenant.
Je contiens mon agacement. Qu'il balance ce qu'il a à dire directement. Je déteste qu'on tourne autour du pot et qu'on me fasse perdre du temps. Mais Williams aussi donc s'il tarde à cracher le morceau, c'est que c'est moche.
Je sens l'embrouille à plein nez. Et je ne me trompe pas.
- Ce qu'il s'est passé hier, c'était la dernière fois, c'est clair? il lâche d'une voix glaciale.
Sept putains d'années en taule à réprimer la moindre de mes réactions me permettent de conserver une expression neutre. Je ne lui ferais pas le plaisir d'avoir l'air surpris même si... putain, je m'y attendais pas.
Comment est-ce qu'il peut savoir pour la course? J'étais sûr d'avoir bien calculé mon coup pourtant. J'ai dû sous-estimer son réseau d'information. Merde. Est-ce qu'il en a parlé à Lily? C'est pour ça qu'elle faisait cette tronche en début d'après-midi?
Je hausse une épaule, l'autre toujours sous le sac de sable.
- C'est tout?
Il ne répond pas tout de suite et je fais mine de m'éloigner. Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est sa main qui s'accroche à une de mes épaules par derrière pour m'arrêter. Putain! Il sait pourtant qu'il doit garder ses distances! Je me dégage violemment et fais volte-face, les dents serrées.
La bête à l'intérieur de moi menace de briser ses chaines mais je la retiens à temps pour éviter de me jeter à la gorge de mon boss provisoire.
- Ne me touche pas, putain! je siffle.
Il a reculé de deux pas pour me rendre mon espace vital et levé les deux mains en signe d'apaisement. Ça ne l'empêche pas d'être toujours en colère.
- On avait un accord! il s'énerve après m'avoir laissé trente secondes pour me calmer en serrant les mâchoires face à mon manque d'intérêt apparent. Tu devais te tenir loin d'elle!
- J'ai d'accord avec personne. T'as parlé et j'ai entendu.
Il pâlit légèrement et serre les poings mais se reprend très rapidement et glisse ses mains dans ses poches. Je le trouverais peut-être décontracté si j'utilisais pas le même genre de techniques pour cacher mes emportements.
- Je pensais qu'elle t'intéressait pas, il lâche durement.
- Ça n'a pas changé.
Mon ton est froid et j'ai répondu sans l'ombre d'une hésitation. Mentir n'a jamais été un problème pour moi. C'est même une seconde nature.
- Qu'est-ce que tu cherches, alors?
Nouveau haussement d'épaule pour le faire enrager.
- J'ai insisté pour qu'elle vienne parce que je savais que ça t'emmerderait, je lance finalement avec un début de rictus narquois qui colle bien au personnage.
J'ai balancé ça pour donner une cible à sa colère mais l'effet n'est pas du tout celui que j'attendais. Il hausse les sourcils, l'air surpris et demande:
- C'est toi qui lui a proposé de venir à cette course?
Je hoche la tête sans ciller mais encore une fois, sa réaction n'est pas la bonne. Au lieu de s'emporter, il pince les lèvres et prend cet air calculateur qu'il doit sûrement aborder avant des ventes importantes, quand il cherche à deviner la prochaine manœuvre d'un client potentiel. J'aurais préféré sa colère, elle est plus amusante. Ce regard là me mettrait presque mal à l'aise si c'était possible.
- Je vois, lâche-t-il finalement comme pour lui même avec un air vaguement moqueur complètement déplacé par rapport au contexte. J'avais mal interprété la situation il semblerait, il ajoute avec un rictus narquois qui ne me plait pas du tout.
- Parle clairement ou ferme ta gueule, je m'agace.
- Même si on dirait pas, je connais bien Lily. J'ai tout de suite deviné qu'elle avait dû insister pour aller à cette course et elle me l'a confirmé tout à l'heure. C'est quand même sympa de ta part de la couvrir.
Il se fout de ma gueule? Je me crispe et serre les poings. Il a intérêt à préciser sinon, je risque de m'en servir. Il a l'air de capter parce qu'il ajoute:
- Lily a toujours été comme ça. Le genre irrésistible à qui on peut rien refuser. Déjà quand elle était gamine, les garçons gravitaient comme des mouches autour d'elle, ça foutait son père en rogne. Mais j'aurais jamais imaginé que tu serais l'un d'eux.
Je sens le moindre de mes muscles se tendre comme pour sortir de sous ma peau mais je garde le silence, les mâchoires tellement serrées que je ne serais pas surpris de me fendre une molaire.
Je me concentre pour garder la face pendant que Chris me dévisage avec ces yeux que j'ai l'habitude de voir sur un visage beaucoup plus avenant mais les questions fusent sous mon crâne.
Qu'est-ce qu'il pense avoir deviné?
À quel point il est proche de la vérité? Plus que moi?
Il s'imagine quoi? Que j'en pince pour sa nièce? je songe sans pouvoir retenir un reniflement dédaigneux. Parce que c'est pas le cas. Je reconnais que cette gamine est un peu trop présente dans mes pensées ces derniers temps et que j'aimerais bien la mettre dans mon pieu mais ça s'arrête là. Je n'ai vraiment pas le temps pour ça. Je ne pense même pas être capable de ce dont Chris m'accuse implicitement. Il me manque trop de choses. Je suis comme un putain de puzzle qu'un gosse aurait essayé de résoudre en arrangeant les pièces n'importe comment et en forçant pour les obliger à s'imbriquer.
Je n'ai pas le temps de m'avancer un peu plus dans ces réflexions tordues et complètement inutiles parce que Chris reprend en retrouvant ses intonations froides d'homme d'affaire à qui on ne dit pas non.
- Mais que ce soit bien clair, tes motivations ne changent rien. Je suis soulagé d'apprendre que ton intérêt pour Lily n'a rien à voir avec un de tes plans tordus pour emmerder le monde mais je ne veux pas que tu t'approches d'elle. Tu l'oublies. Contrairement au reste de l'île, je n'ai rien contre toi, Royce. Mais si tu lui fais du mal, j'hésiterais pas à te descendre.
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