Royce
Le soleil n'est même pas encore levé quand j'ouvre les yeux. Je passe une main sous les draps à la recherche de mon portable et jette un coup d'œil à l'écran.
J'ai dormi trois heures, ce sera toujours ça de gagné. En tout cas, c'est plus qu'hier.
Mon taf au Tom's commence pas avant midi, ça me laisse largement le temps de passer au garage de Chris pour bosser sur l'Aston Martin qu'il a ramenée hier. Techniquement, je suis en congé jusqu'à son retour mais il m'a filé les clefs. Cette enflure sait parfaitement que je ne peux pas me passer de ses jouets. J'espère pour lui qu'il s'attend pas à des remerciements.
Je me redresse pour m'asseoir sur mon lit défait mais ferme aussitôt les yeux.
Putain!
Je me passe deux doigts sur les tempes en sentant un putain de mal de crâne se ramener en force. J'ai mal géré les choses au Lust hier. J'étais pas déchiré mais tout juste. Ça ne doit plus se reproduire. Je ne peux pas perdre le contrôle si près du but. Je ne peux plus.
J'évite de perdre plus de temps et quitte ma chambre pour rejoindre la salle de bain. Dans le couloir, j'écarte quelques fringues délaissées de mon chemin dont certaines ne sont même pas les miennes et maudis Hunter pour laisser traîner son bordel chez moi. Je me demande pourquoi je permets encore à ce con de squatter ici, en repoussant du pied sa Fender qui gît sur le sol de mon salon.
Un gémissement endormi dans mon dos attire mon attention et je me dévisse la nuque pour jeter un coup d'œil à peine intéressé à la meuf qui squatte mon canapé.
Merde. C'est le signe que j'étais bien parti: la plupart du temps, j'évite de les ramener ici et je me contente de conclure l'affaire chez elles ou mieux, dans les toilettes du bar.
Je déteste que mon espace soit envahi. J'imagine que, l'esprit embrumé par l'alcool, j'ai dû penser que mon sofa était un bon compromis. Je jette un bref coup d'œil à la fille.
J'ai le vague souvenir de l'avoir levée mais sans plus. Ça devait pas être un coup mémorable. Son visage ne me dit pas grand chose. Son maquillage s'est étalé et lui laisse des traînées noires sur la face et ses cheveux ressemblent à un putain de nid d'oiseaux. Mais elle est plutôt bien foutue, ça compense.
Avec un soupir agacé, je donne un coup de pied dans le canapé. La meuf sursaute et me jette un regard endormi avant de m'adresser un sourire coquin.
Je suis plus d'humeur chérie.
Est-ce qu'elle sait qui je suis au moins? J'aurais dû lui demander avant. Tant pis.
Son sourire s'efface quand elle voit mon expression. C'est bien, elle a capté. Bonne fille. Elle se redresse et croise ses bras sur sa poitrine. Rien que je n'aie pas déjà vu.
Je hausse les épaules et me détourne d'elle en prenant la direction de la salle de bain.
- Faut que tu sois partie quand je sors de la douche.
J'entend son "connard!" juste avant de claquer la porte, indifférent. Je me déshabille en vitesse et entre dans la cabine trop étroite.
Sous la douche, le jet glacé me prend par surprise. Putain! Le chauffe-eau est encore en rade. J'avais vraiment besoin de ça. Faudra que je répare cette merde ce soir.
Avec un soupir, je ramasse mon gel douche. Les muscles bandés pour supporter le froid, je termine de me laver. C'est supportable. J'ai connu pire et l'eau des douches en taule était rarement tiède.
Je sors de la cabine, croise le regard gris du connard dans la glace et décide de sauter la case rasage. En sortant, je suis satisfait de constater que la meuf s'est cassée. Un problème de réglé.
Je m'habille sans prendre la peine de me sécher avec ce qui traîne sur un dossier de chaise et enfile mes bottes dans l'entrée.
Rambo profite de ma position pour essayer de me lécher la joue mais je le repousse d'une tape sur l'épaule. Pas méchante. Ce chien est un des rares êtres vivants que je supporte.
En me levant, je remplis sa gamelle de croquette juste assez pour qu'il tienne la journée. Je ne sais pas encore vraiment où je vais traîner alors je préfère le laisser là. Il peut râler mais c'est le même prix.
Je ne m'arrête pas dans la cuisine -à part des canettes de bières vides et des restes de pizzas et de tacos, pas une trace de nourriture dans cette pièce- et ramasse mes clés de voitures sur le plan de travail avant de me tirer.
Le soleil qui commence à se lever ne parvient pas à éclairer la rue lugubre devant l'immeuble. Au lieu d'être plongée dans une obscurité prometteuse d'emmerde, elle est baignée d'une lumière jaunâtre qui repeint les bâtiment en une couleur maladive.
Je passe devant un clochard qui encombre le trottoir sans lui jeter un regard. Des relents de poubelles me prennent à la gorge quand je rejoins ma bagnole et je suis soulagé de pouvoir m'allumer une clope après avoir démarré.
Le trajet jusqu'au domaine des Williams est rapide, surtout quand on roule à 160.
En me garant sur leur parking, je note que la voiture de Dallas n'y est pas. Tant mieux, il commençait à me les briser depuis que sa petite protégée est tombée sur Rachel et moi dans son bureau.
C'est quand même pas mon problème si elle est venue traîner par là. Et ça n'avait jamais gêné ce palefrenier que je squatte sa pièce pour faire mes petites affaires.
Une fois dans le garage, je repère immédiatement la caisse en question. Une Valkyrie.
Putain!
Chris déconnait pas, elle est bandante. Bien plus que la fille que j'ai levée hier. Je ne m'interroge pas sur sa provenance, Chris gère son business comme il veut, c'est pas mon problème.
C'est sûrement une des raisons pour lesquelles il m'a embauché: je ne pose pas de questions et je me fous complètement de savoir si il est dans la légalité ou non. De toute façon, je vais pas la ramener alors que mon existence même -dissociée de mes actes- est à peine légale.
Deux minutes plus tard, je suis sous le capot de l'Aston pour regarder ce qu'elle a dans le bide. C'est pour ce genre de bijoux que je ne peux pas rester longtemps éloigné de ce garage, même si je préférerais de loin crever sous ses pneus que l'avouer à son propriétaire.
J'ai besoin de ma marge de liberté, aussi mince soit elle, et ça inclut ne pas dépendre des décisions de Chris. Je sais qu'il peut me virer d'un instant à l'autre si la raison, quelle qu'elle soit, qui l'a poussé à m'accorder le bénéfice du doute ne lui paraît plus suffisante. J'ai mon taf au Nord qui me rapporte assez de thune mais ce n'est pas pour l'argent que je reviens ici et cet enfoiré le sait. Ces voitures... c'est mon salut. La seule chose qui me fait tenir.
Quelle ironie que la personne qui m'ait transmis cette addiction, ce filet de sécurité, soit également celle qui a détruit ma vie. Cette idée me donne la gerbe. J'évite de trop m'arrêter dessus et me concentre sur les pièces flambant neuves qui composent la caisse. Je les manipule avec une putain de précaution à laquelle les meufs que je saute n'ont jamais droit.
De temps en temps, je vais piocher les pièces dont j'ai besoin dans les étagères. C'est aussi une des raisons pour lesquelles je préfère de loin bosser ici. Pas besoin d'aller désosser une autre caisse pour taffer.
- Tu sais ce que tu veux acheter?
- Pas vraiment, je vais juste jeter un coup d'œil mais mon père dit que c'est ici que je trouverais les meilleures.
Je lève les yeux, agacé, en entendant les voix qui se rapprochent. L'une des deux me dit vaguement quelque chose mais je ne vois personne, ils ont dû s'arrêter à côté du garage.
Merde.
Je m'occupe pas du business. Chris est pas là, s'il perd des clients, c'est pas mon problème. Je vais les renvoyer chez eux en vitesse.
- Alors elle est où cette meuf? J'ai vu personne. Avoue que tu l'a inventée, mec.
- Mais non. J'te jure. C'est la fille Williams, je l'ai vue. J'étais à coté d'elle pendant le dîner de Chris.
Cette fois, j'identifie la personne qui parle. C'est ce con qui a passé une soirée à draguer la nièce de Chris avec autant de subtilité qu'un chimpanzé en chaleur. Je redresse la tête, aux aguets sans raisons particulières.
- Elle était bonne? demande l'autre.
- Carrément. Un peu coincée sur les bords et pas très réactive mais carrément baisable.
Le regard fixé sur l'entrée du garage, je sens mes narines frémir.
- Tu rêves si tu penses te la faire, bro. Son oncle se transforme en putain de pitbull quand il parle d'elle. Il te ferait la peau et tu l'a vu? Il a pas le corps de ton vieux.
- Laisse mon vieux en dehors de ça, man!
- En plus elle est sûrement mineure.
- Je m'en branle. Je vais me la faire, t'inquiète même pas. Elle m'a pas l'air difficile comme meuf. Je passerais lui rendre une petite visite quand j'aurais le temps.
Cette fois, j'ai complètement délaissé la voiture. Mes mains se ferment et se rouvrent sur le vide, elles me démangent. Tout compte fait, je pense que je vais accueillir ces mecs.
Je me redresse quand ils pénètrent en même temps dans le garage et réprime un sourire cynique en voyant leur mouvement de recul quand ils m'aperçoivent. Bien.
Je ne connais pas le mec à dreadlocks mais l'autre est bien celui du dîner. C'est celui-là qui se reprend en premier. Il approche en affichant un air sûr alors que je suis certain qu'il est en train de faire dans son froc. Il est pâle comme un cadavre, on dirait qu'il s'apprête à dégueuler. Il s'arrête à deux mètres de moi.
- Je... je cherche une caisse. Je veux voir ce que vous avez en stock.
En plus il bégaye comme une fillette. Facile. Je m'avance dans sa direction et le regarde prendre sur lui pour ne pas reculer vers son pote. Des mecs comme lui, je les casse en deux pour m'échauffer.
Le visage fermé, je tend la main vers lui. Il me jette un regard surpris et hésite un instant. Son regard flippé fait la navette entre mon bras et ma tronche.
C'est pas avec ce genre de tête que tu vas choper, l'avorton.
J'attend qu'il se décide sans changer d'expression. Je peux presque voir ses pensées défiler en live dans ses yeux. Il se repasse en boucle les détails sordides qu'il a lu dans les journaux à propos de moi, de mes chefs d'accusations. C'est jouissif.
Il se décide au bout d'une bonne minute et tend son poignet. Je m'empare de sa main sans le lâcher du regard. Et je serre. Fort.
Sur son visage, la stupeur est succédée par l'angoisse et enfin, la douleur. Cette expression me procure une satisfaction évidente même si je parviens à rester neutre. Je continue de broyer ses phalanges en silence. Il tire brutalement sur son bras pour se dégager mais je ne lâche pas prise. Son pote a l'air de se demander s'il doit intervenir mais il semble choisir de s'abstenir et se tient tranquille.
J'accentue la pression sans prêter attention aux glapissements du gamin. Un craquement sonore retentit quand l'os se déplace, rapidement couvert par un cris de douleur. Ses genoux heurtent le sol et je daigne enfin le lâcher. Ça chiale comme un môme et ça veut baiser.
Je le regarde se relever d'un bond et reculer en serrant sa main blessée contre son torse.
- Chris est absent, je lâche alors d'un ton froid. Et il vous vendra que dalle.
Pour une fois, c'est une vérité qui sort de ma bouche. Chris aurait surement fait bien pire que moi en entendant les paroles de ce mec. Mr dreadlock ne se trompait pas: quand il s'agit de sa nièce, Williams fait pas de quartier.
Je les regarde se tirer comme des animaux, la queue entre les jambes, avant de retourner à mon travail. Je ne m'explique pas pourquoi j'ai fait ça. J'aimerai dire que c'est par égard pour Chris mais je n'ai d'égard pour personne. On dira que j'ai juste saisi la première occasion pour évacuer la pression, c'est tout. Ce gars était une cible parfaite.
J'ai pas deux minutes pour me concentrer qu'un nouveau bruit me fait relever les yeux. Quoi encore, bordel? Si ces deux mecs sont revenus, je ne donne pas cher de leur peau.
C'est pas eux mais la nièce de Chris qui vient de renverser une caisse d'outils. Je me redresse pour scruter son visage. Ses yeux sont fermés, paupières plissées comme si elle voulait disparaître. Elle a à peu près la même expression que quand elle m'a chopé avec Rachel. Je me demande quelle tête elle aurait fait si elle était arrivée quelques minutes plus tard, après que j'ai sorti le matos. J'aurais bien aimé voir.
Qu'est-ce qu'elle vient foutre ici? Elle a une piscine, des écuries, un putain de parc de je ne sais pas combien d'hectares et faut qu'elle vienne envahir mon espace.
J'attend qu'elle rouvre les yeux en pianotant sur le capot. Elle porte des vêtements de marques bien assortis comme d'habitude, même si ses tennis couvertes d'écritures rose détonnent avec le reste, et un collier qui doit valoir plusieurs mois de ma paye dans le Nord. Pourtant, elle bouffe et copine avec les employés. Je pige pas. Non pas que j'en ai quelque chose à foutre.
Elle finit par rouvrir les yeux. Si leur couleur plutôt atypique paraît terne et sans éclat sur Chris, elle rend le visage de la petite fascinant.
Fascinant? Je me donnerait un coup de pied dans les côtes juste pour l'avoir pensé. Non, pas fascinant, juste étrange.
J'attend qu'elle expose la raison de sa visite à moins qu'elle soit juste venue sniffer une dose des relents de gasoil qui polluent l'air ici mais elle est trop occupée à balader son regard sur ma personne. Ben tiens.
C'est la même histoire que ce premier jour où elle m'est rentrée dedans. Je pourrais facilement penser qu'elle me mate mais son regard n'a rien de lascif. Il est juste concentré et curieux. Rien à voir avec ceux des meufs qui me reluquent parce qu'elles ont envie de moi.
Bon, on va pas y passer la journée.
- Tu voulais quelque chose?
Elle rougit. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi timide. Dans mon milieu, les filles n'ont pas vraiment intérêt à l'être. Et moi, je ne devrais pas prendre autant de plaisir à la mettre dans l'embarras.
- Oh...euh...oui!
Elle cligne plusieurs fois des paupières, l'air un peu perdue alors que ses joues restent colorées d'un rose soutenu façon dessin animé.
- Je cherchais un vélo, elle lâche après une minute.
Son accent anglais, presque musical, me prend pour la millième fois au dépourvu. À première vue, je trouvais qu'il lui donnait l'air snob mais je n'en suis plus certain. À part ses fringues, cette fille n'a pas grand chose de snob.
- Un vélo?
Elle cherche un vélo dans un garage à voiture? Ok.
- Oui, je me disais qu'il y en avait peut-être un dans ce garage.
- Pourquoi est-ce qu'il te faut un vélo?
Je ne sais même pas pour quelle raison je pose la question. Qu'est-ce que ça peut bien me faire? Elle veut faire de la bicyclette, qu'elle fasse de la bicyclette. J'ai plus important à foutre que m'occuper des hobbies d'une gamine.
- Je dois aller en ville, elle répond.
Si Chris voulait qu'elle sorte, je pense qu'il lui aurait laissé un moyen de transport. Encore une fois, ce ne sont pas mes affaires et encore une fois, je l'ouvre quand même:
- Tu en as pour trois quart d'heure à vélo.
Je m'oblige à me détourner pour mettre fin à cette conversation ridicule et replonge dans le cambouis. Je pense que ne pas parler à cette fille comptait parmi les consignes on ne peut plus claires que Chris m'a adressées concernant sa nièce. Je ne l'en blâme pas, à sa place je suppose que j'aurais pas du tout envie non plus qu'une ordure comme moi s'approche de cette gosse.
- Et bien, ce serait bien pire à pieds.
Qu'est-ce qu'elle fait encore là? Elle ne me regarde plus et fouille le garage de ses grand yeux concentrés. Je préférerais qu'elle sorte et me laisse me concentrer, bordel.
Je jette un coup d'œil à ma montre. Et merde! Il est déjà dix heures. Je dois être au Tom's dans une demi-heure. J'interromps les recherches de Lily en espérant qu'elle consentira à partir après ça.
- Il n'y a pas de vélo ici.
- Ah.
Une moue déçue tord ses lèvres naturellement rose de poupée et une petite ride de contrariété se creuse entre ses sourcils. À ce point là? Elle comptait réellement faire toutes les bornes qui nous séparent du centre à vélo? Qu'est-ce qu'elle a de si urgent à faire en ville qui ne puisse pas attendre le retour de son palefrenier?
- Où est-ce que tu veux aller en ville? je demande en claquant avec précaution le capot de l'Aston.
Je dois filer si je ne veux pas que Tom m'emmerde. Pas que j'en aie quelque chose à cirer mais chaque fois qu'il me cherche, on se rapproche de mon point de rupture. Et je n'ai pas plus envie que lui d'arriver au moment où mes nerfs vont lâcher. Je préfère garder le contrôle.
- J'ai des petites courses à faire, elle répond d'une petite voix en rougissant de nouveau.
L'espace d'une seconde, je m'interroge sur les raisons de sa gêne avant de me reprendre. Pas le temps pour ce genre de conneries. Je lui passe devant en lui conseillant vaguement de charger la gouvernante de ses courses.
Dehors le soleil est au beau fixe et me tape déjà sur le système. Qu'est-ce que je ne donnerait pas pour qu'il gèle? Je déteste ce temps que la masse attend chaque année avec une écœurante impatience et cette île est coincée dans un été perpétuel. Mon enfer personnel. Je songe déjà que je vais souffrir dans l'autre garage. Tom est trop radin pour installer un système de climatisation, je pense qu'il préférerait s'étouffer dans sa propre sueur.
- Rose n'est pas là, lance la fille quand je pénètre sur le parking. Et puis il s'agit de courses personnelles. En plus, Rose n'est pas à ma disposition.
Bordel, elle m'a suivi? Qu'est-ce que j'y peux à ses problèmes? J'essaye l'ignorer même si le "Rose n'est pas à ma disposition" m'interpelle. Elle est bien la seule dans son milieu à penser ce genre de chose. Je me demande d'ailleurs si elle les pense vraiment ou si elle joue la comédie. Mais je suppose que c'est de la mauvaise foie: n'importe qui comprendrait en quelques jours que cette fille n'a rien de vicieux ni de faux. Elle est juste naïve et faible.
- Whaou, lance sa voix fluette dans mon dos quand je m'arrête près de ma caisse.
J'ai beau essayer de ne plus lui prêter attention, ma tête pivote toute seule vers elle pour vérifier de quoi elle parle. Ses yeux allumés d'un éclat admiratif sont posés sur ma camaro. Quoi, ma voiture lui plait? Je la dévisage, intrigué malgré moi. Elle ne m'a pas l'air d'être une fille à caisse.
- C'est la tienne?
J'acquiesce en silence.
- Elle est vraiment jolie, c'est une voiture de collection, non?
Mes yeux sont comme hypnotisés par le tracé de ses doigts qui courent sur le pare choc arrière avec douceur comme si elle caressait de la porcelaine. Une bouffée de satisfaction pure comme je n'en ai pas ressentis depuis des plombes me parcourt et mon ego décolle comme si elle venait de complimenter mon physique.
Relax Walters. Elle parle juste de ta caisse.
Mais ma caisse est justement la seule possession à laquelle je tiens, le reste peut brûler que je ne hausserais pas un sourcil. J'essaye de garder un air indifférent en lui répondant.
- Oui. Une camaro ss 1969.
- Elle a l'air rapide.
- Elle l'est.
Très même. Je croise un instant ses prunelles bleu caribéen avant qu'elle ne baisse son regard trop expressif. Elle fixe le sol et danse d'un pied sur l'autre dans un malaise évidemment.
Elle est du genre trop bien élevée pour son propre confort et je suppose qu'elle se demande comment prendre congé poliment. D'humeur clémente, je lui facilite la tâche en lui tournant le dos pour m'installer au volant. De toute façon, je me suis trop attardé. La confrontation avec Tom est inévitable. Dommage pour lui.
Je m'apprête à claquer ma portière sans plus de cérémonie quand la voix de la fille m'interpelle de nouveau.
- Tu vas en ville?
Qu'est-ce que ça peut bien lui faire? Je lui jette un coup d'œil, sourcils froncés et hoche la tête en attendant des explications. Elle me fait perdre mon temps, bordel.
Sa question suivante me cloue sur place.
- Je peux venir avec toi?
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