Chapitre 85
Royce n'a rien trouvé à redire à ma petite réflexion digne d'une midinette. Il a juste soupiré d'exaspération ou d'autre chose que je ne suis pas en mesure d'identifier et m'a intimé de faire demi-tour alors que l'on arrivait au bout de la fête foraine. On marche à présent dans la direction opposée pour nous rapprocher de l'entrée, ou devrais-je dire, de la sortie.
Je ne suis pas pressée. Au contraire, je suis secrètement soulagée par la foule toujours compacte qui nous ralentit et me donne une excuse pour me serrer contre mon mécanicien. Il lit des messages sur son portable et je me tends un instant, inquiète à l'idée que son humeur n'amorce une nouvelle descente comme cela a été le cas les deux fois où il s'est servi de son appareil aujourd'hui mais son expression ne se modifie pas et je profite de sa distraction passagère pour l'observer tout mon soûl.
Je ne manque aucun détail. Ses mèches ébouriffées qui paraissent d'un noir encore plus sombre dans la nuit et retombent en pagaille sur son front. Ses cils épais qui dessinent des ombres dansantes sur ses pommettes creuses. Le pli sévère mais séduisant de ses lèvres. Sa légère barbe qui forme une ombre presque bleutée sur sa mâchoire et que je brûle d'envie d'effleurer du bout des doigts. Les manches courtes de son T-shirt qui s'étirent pour entourer son biceps imposant. Le fin duvet sombre sur ses avant-bras puissants et bronzés. L'endroit où son haut s'est légèrement remonté quand il a sorti son portable pour révéler une ceinture noire ainsi que l'élastique blanc de son boxer...
Stop! Bon sang de bonsoir!
Je me force à relever les yeux en rougissant et croise le regard mi-intrigué mi-amusé de Royce qui n'a pas l'air d'avoir loupé une miette de mon minutieux examen. Zut!
- T'apprécies la vue? me nargue-t-il en rangeant son portable, qui ne semblait plus vraiment l'occuper dans sa poche arrière.
- Frimeur, je marmonne en prenant une teinte un peu plus foncée, lui tirant un de ses ricanements rauques qui me donnent chaud sans raisons apparentes.
Je lui tourne le dos et me dirige vers le vendeur de barbe-à-papa le plus proche, contente de trouver un prétexte pour me détourner de Royce mais également parce que leur fumet sucré et entêtant me nargue depuis que j'ai pénétré dans cette foire. Royce me rejoint en une enjambée et je suis bien obligée de le regarder pour lui en proposer.
- Tu en veux une? je lui demande en criant pour couvrir les hurlements des gens dans le manège du criquet juste à côté.
Il jette un regard vaguement dégouté à la mousse rose qui se forme dans le bol tournant et secoue la tête. Je suis en train de payer le vendeur après m'être emparée du bâtonnet de ma sucrerie quand une voix m'interpelle, du moins c'est ce que je crois.
- Excuse-moi?
Je me retourne pour me rendre compte que la fille qui vient de parler ne s'adresse pas à moi mais à Royce et que c'est Miss piercing au nombril. Je crois que mon estomac vient de tomber dans mes converses. En tout cas je ne le sens plus.
C'est pas vrai, elle nous a pistés ou quoi?
Royce, toujours à côté de moi, lui jette un regard froid et vide, ce même regard que j'ai croisé le jour de mon retour sur cette île mais elle ne se laisse pas démonter par son manque d'intérêt évident. Elle fait un nouveau pas vers nous et je me raidis alors qu'elle lui adresse un grand sourire, dévoilant un autre piercing sur la langue cette fois, tout en replaçant ses mèches pourtant déjà parfaitement ordonnées. Elle le dévore littéralement du regard, un peu comme je le faisais il y a quelques minutes.
- J'aimerais bien faire ce manège, lâche-t-elle en battant outrageusement des cils et en désignant le manège criquet d'un ongle peint en mauve, mais je suis pas sûre de vouloir monter toute seule. Est-ce que ça te dérangerait de m'accompagner?
Sérieusement? Franchement, qu'est que c'est que cette excuse complètement stupide? Même moi qui suis la reine des phrases ridicules et pathétiques, je ne m'abaisserais pas à ça. Je bous intérieurement. Mon sang est en ébullition et une angoisse sourde et répugnante me ronge l'intérieur. Je déglutis en fixant d'un oeil vague mes converses pour éviter de dévisager celle que je ne peux même pas considérer comme une rivale. Je ne suis pas dans la course.
Et puis, soudain, un bras lourd se pose sur mes épaules. Celui de Royce qui s'est rapproché de moi. Je lève des yeux incrédules vers lui mais les siens sont toujours braqués sur la fille avec la neutralité d'un magistrat.
- Oui, se contente-il de répondre d'une voix presque robotique.
La fille lui adresse une moue déçue mais s'éloigne en levant le menton. Je reste un moment immobile, sonnée.
Je n'en reviens pas que Royce ait fait ça... pour moi? Pour quelle autre raison?
Je suis du regard la brune qui monte seule dans le manège et me demande si Royce m'aurait dit non, à moi aussi. Après tout il m'a déjà cédé pas mal de caprices, je songe en fixant les places encore vides de l'attraction. Je pourrais peut-être...
- N'y penses même pas, lâche mon mécanicien en me relâchant et en s'écartant de moi.
Je lui adresse un sourire innocent comme si je ne voyais pas de quoi il voulait parler mais renonce à mon idée. J'ai assez abusé de son stock de patience déjà très limité pour la soirée.
Je mange en vitesse ma barbe à papa qui a largement eu le temps de dégouliner sur ma main droite et désigne le petit bâtiment qui abrite les toilettes d'un geste de la main.
- Je reviens, préviens-je Royce en m'éloignant.
Je dois faire la queue derrière une file de mamans épuisées et de fillettes pressées pour accéder au lavabo et faire disparaître le sucre qui me colle aux doigts. Je passe ensuite ces derniers dans mes cheveux pour essayer d'y remettre un peu d'ordre mais c'est peine perdue: mes boucles blondes se sont emmêlées et partent dans tous les sens. Ma mère ferait une syncope si elle les voyait et elle comparerait sûrement ma tignasse à un plat de spaghetti- oui, elle peut être très inventive dans ses comparaisons quand elle est énervée. Cette idée m'amuse plus qu'autre chose et je laisse tomber ma vaine tâche pour libérer la place.
Dehors, je mets un moment à repérer Royce. Mes yeux passent la foule pressée au peigne fin et je finis par le trouver, un peu à l'écart. Il s'est assis dans la bande d'herbe qui borde les extrémités de la fête foraine et, le dos contre un tronc d'arbre, il porte distraitement une cigarette à ses lèvres. Son regard traîne dans le vide. Il ne m'a pas encore remarquée.
Je me fraye un chemin entre les forains excités pour le rejoindre tout en examinant les traits brouillés par la fumée de son visage pour avoir une idée de son état d'esprit qui semble changer toutes les trente secondes. Evidement, je n'arrive à rien. Son visage demeure fermé comme 99% du temps.
Il finit par me remarquer quand je foule la pelouse et son regard indéchiffrable se rive au mien. J'essuie mes mains soudain moites contre le devant de mon short - on va dire que c'est la chaleur estivale- en m'approchant.
Je m'arrête devant lui, mes converses à quelques centimètres de sa bottine gauche. Il me fixe, les traits vaguement crispés et les prunelles distantes. On dirait que son humeur sombre est de retour, elle n'est jamais très loin. Je me fige et attends qu'il parle le premier.
- On rentre? demande-t-il d'un ton neutre en écrasant sa cigarette pourtant encore entière dans l'herbe.
- Est-ce qu'on peut rester encore un peu? Il y aura peut-être un feu d'artifice.
Comme si ce genre de choses pouvait l'intéresser. Mais il hausse les épaules et colle l'arrière de sa tête au tronc d'arbre sans protester. Intimidée par son air froid, hermétique au monde extérieur, je danse d'un pied sur l'autre, mal-à-l'aise.
- Tu comptes rester debout?
- Hum... non.
Franchement, je préférerais qu'il recommence à se moquer de mon puéril accès de jalousie. Je m'apprête à le contourner pour m'asseoir à coté de lui mais, sur un coup de tête que je vais sûrement regretter, je m'avance et me laisse tomber sur les genoux entre ses grandes jambes légèrement écartées. Ma spontanéité lui tire au moins une réaction. Ses sourcils remontent pour se cacher sous ses mèches brunes en bataille et ses yeux s'animent légèrement. Il ne me repousse pas ce qui est plutôt bon signe. Non?
Ce que je n'avais pas anticipé dans la démarche, c'est le trouble qui ne manque pas de m'envahir devant cette proximité avancée. Une dizaine de centimètres me sépare de son torse. Son regard me scrute de beaucoup trop près. Il est partout autour de moi et mon coeur réagit en assommant mes côtes avec acharnement.
Je tente de me calmer en me rappelant que ce n'est pas la première fois que je l'approche d'aussi près. Hier soir par exemple, sous le ponton...
Zut. Mauvais idée, ne surtout pas penser au ponton, je songe en avalant ma salive de travers. Sans réfléchir, je pose les mains sur ses cuisses pour me stabiliser mais le souvenir encore cuisant de sa réaction sur le parking de l'hôpital me pousse à les retirer aussitôt, comme pour échapper à une brûlure. Je les coince prudemment entre mes genoux pour éviter d'être tentée et la nervosité m'envahit maintenant que je me remets à penser à la vive colère de Royce.
- Qu'est-ce que t'as? demande soudain ce dernier d'un ton un peu plus concerné.
- Rien, je mens en m'adressant au col de son T-shirt.
- Si. Dis moi ce que t'as, ordonne-t-il, sourcils froncés, en se redressant légèrement pour scruter mon visage comme il en a pris l'habitude, réduisant au passage l'espace déjà restreint qui nous séparait.
Je me résous à lever le menton pour observer ses traits. Il n'a pas l'air énervé. Juste... Inquiet? Je ne suis pas sûre. Je me fais probablement des idées, c'est devenu ma nouvelle spécialité. En tout cas, il attend une réponse.
Je prends une rapide inspiration qui m'emplit de son odeur masculine et enivrante malgré l'infime pointe de tabac froid qui s'y est superposée.
- Tu as dit que tu ne voulais pas que je te touche, je souffle.
J'ai parlé très bas en espérant que les bruits de la foire avaleraient mes mots mais Royce a dû m'entendre parce qu'il s'est aussitôt raidi. Son regard métallique s'assombrit, comme un nuage vient recouvrir un ciel déjà gris, et même les lumières colorées de la fête ne parviennent pas à s'y refléter alors qu'il se rive au mien.
- Ça ne me dérange pas que tu me touches, finit-il par lâcher d'une voix grave et aussi profonde que le Pacifique.
- Mais... tu as dit que...
- Je sais. J'aime pas qu'on me tripote le dos, c'est tout.
Je hausse les sourcils, surprise par cet aveu qui semble lui coûter si on en juge par la tension dans ses épaules.
- Oh. Pourquoi?
- C'est comme ça, tranche-t-il sèchement en crispant la mâchoire comme pour me mettre au défi d'insister.
Evidemment, ce n'est pas mon intention. Appuyer sur les points faibles des gens n'a jamais été dans ma nature, même si cela ne m'empêchera sûrement pas de ressasser la question en boucle pendant une de mes prochaines insomnies.
- D'accord, j'acquiesce.
L'expression de Royce ne se modifie pas mais ses muscles se détendent brusquement et son torse redescend quand un léger soupir lui échappe. Je lui souris, soulagée que mon toucher ne le dérange pas et pose les mains sur ses cuisses dures de chaque côté de moi comme pour profiter de la permission qu'il vient de me donner.
Son regard descend se poser sur ma main droite et je ne comprends pas immédiatement ce qu'il cherche en la soulevant. Ce n'est que quand il la retourne, paume vers le ciel que je saisis. Ses yeux se rivent à l'intérieur de mon poignet et je l'imite à contre-coeur.
Une légère trace à peine perceptible dans la pénombre demeure. Vraiment trois fois rien. J'aurais pu me cogner et me faire ça toute seule, c'est d'ailleurs bien mon style. Quand je relève la tête vers Royce, ses traits se sont refermés comme des huîtres.
J'aimerais savoir ce qu'il pense, ce qui mine son humeur. Est-ce à cause de ce stupide bleu? Royce ne m'a pas l'air d'être le genre de personne à s'encombrer de remords mais je ne trouve pas d'autre explication.
Je retire ma main et il ne fait rien pour la retenir.
- Ce sera sûrement parti demain, je lâche doucement avec un haussement d'épaule au cas où ce soit la raison de son air distant.
Ma remarque semble le faire tiquer et son regard se stabilise sur moi.
- Il faut qu'on mette quelque chose au clair tous les deux, lance-t-il soudain de cette voix basse qui fait vibrer l'air autour de nous, qui me fait vibrer moi.
Alors que je me serais sûrement enthousiasmée mentalement sur la façon dont il a prononcé le "tous les deux" de son timbre rauque, c'est un désagréable frisson d'appréhension qui me traverse à ses paroles.
Mettre les choses au clair, ce n'est jamais bon signe lorsque l'on vous dit ça. Je hoche la tête mais me crispe dans l'attente de la douche froide - que dis-je, glaciale- qui ne va pas tarder. Ça ne loupe pas.
- Ne va pas t'imaginer des choses. Le fait que je t'aie embrassée ne change rien. Ce qui s'est passé hier... ça ne voulait rien dire, d'accord? J'ai été plutôt clair la-dessus.
J'ai un mouvement de recul instinctif, comme quand on sent le coup arriver et qu'on s'écarte légèrement pour l'éviter sans que ça ne change quoi que ce soit à la douleur. Le sang quitte brusquement mon visage et, l'espace d'un infime seconde, je me demande si le bonheur que m'inspirent parfois mes sentiments pour cet homme froid assis en face de moi vaut ce genre de moments atrocement pénibles où le rejet m'écrase le coeur.
Royce scrute mon visage et, je ne sais pas s'il y décèle mon mal-être, mais son expression se modifie subtilement. L'argent métallique dans ses prunelles implacables semble se liquéfier et ses traits s'adoucissent imperceptiblement.
Je me raidis quand ses grandes mains rêches me saisissent par les cuisses pour me faire glisser dans l'herbe et me rapprocher de lui. En cet instant, j'ai tout sauf envie de le respirer, de m'étourdir de sa proximité.
Je respire par la bouche et garde les yeux obstinément rivés à son torse en espérant que la brûlure qui les humidifie légèrement n'est que passagère et passe inaperçue.
- Lily. Regarde moi.
Je déglutis, bats des paupières pour faire disparaître les stupides poussières qui semblent s'être logées sur mes deux globes oculaires et obtempère. Royce me dévisage un instant sans rien dire, son regard préoccupé fouille le mien et il laisse échapper un soupir avant de reprendre la parole.
- Je suis obligé de te dire ça. Je prétends pas savoir ce qu'il se passe là-dedans, précise-t-il en tapotant doucement ma tempe de son index, mais je dois te prévenir. Je ne veux pas que tu te fasses des idées. Tu m'as l'air du genre à donner dans les sentiments et il faut que tu saches que c'est pas mon cas. Ça me dérange pas du tout de te servir de cobaye pour t'entrainer mais ça doit s'arrêter là.
Je cligne des yeux, surprise par ce flot de paroles, bien plus long que tout ce que j'ai jamais entendu sortir de la bouche de Royce et essaye de démêler le tout pour assimiler ses propos. Quelque chose pique ma curiosité, non pas dans les phrases qu'il a prononcées, mais plutôt dans son attitude en les prononçant. Cette façon qu'il a eu de me mettre en garde en secouant légèrement la tête et avec un imperceptible rictus amer comme si ce scénario lui paraissait trop ridicule pour être une option. Comme si l'idée que je puisse avoir des sentiments pour lui était de toute façon risible.
Cependant, c'est la fin de son petit laïus qui retient rapidement mon attention et balaye momentanément le reste de mes pensées.
- Me servir de cobaye? je répète, perdue.
Il hausse les sourcils comme pour me signaler que je suis longue à la détente et lorgne sur mes lèvres de façon suggestive. Je m'empourpre quand je réalise qu'il fait référence à notre petite séance de baiser d'hier mais ne renonce pas à le questionner, troublée par la manière dont il a présenté les choses.
- M'entraîner pour quoi? demandé-je.
Sa moue narquoise disparaît et ses lèvres forment un pli amer, comme s'il venait d'avaler un médicament infect, juste avant qu'il ne les ouvre pour répondre en recouvrant une expression imperturbable.
- C'est ce que tu veux, non? Savoir y faire pour quand tu te trouveras un gentil mec à la fac. Le genre de gars qui te tiendra la main dans la rue et t'emmènera au resto.
Il n'a pas l'air d'attendre une vraie réponse et hausse les épaules comme si sa déduction allait de soi. Je n'ose pas répondre et même si je le faisais, je ne saurais pas quoi dire. Une partie de moi a envie de s'offusquer, de le contredire en lui avouant qu'il est le seul homme que j'aie jamais eu envie d'embrasser. De lui crier que c'est à lui que je veux donner la main dans la rue, avec lui que je veux manger au restaurant. Mais je n'en fais rien. Ses avertissements flottent encore dans ma tête, dangereusement près de la surface.
" Le fait que je t'ai embrassée ne change rien".
"Ça ne voulait rien dire".
Le risque d'endurer un nouveau rejet maintient mes lèvres scellées. Royce s'est tu, les bras appuyés sur ses genoux repliés, il m'observe en silence. Il semble attendre une réaction de ma part mais je n'en ai aucune. Des pensées de toutes sortes se bousculent comme une foule désorganisée à l'intérieur de ma boite crânienne. Et l'une des voix semble crier plus fort que les autres dans ma tête, elle me rappelle insidieusement un détail qui ne m'a pas échappé dans les paroles de Royce.
" Ça ne me dérange pas du tout de te servir de cobaye."
Cela veut-il dire qu'il est d'accord pour m'embrasser encore?
J'ai beau essayer de ne pas y songer, c'est comme tenter de chasser une abeille qui nous tourne autour quand on a une canette de soda tropical ouverte à la main: impossible.
Mais je ne veux pas que Royce décrypte cette idée et le ridicule pincement d'excitation qu'elle provoque en moi à travers les vitres transparentes qui me servent de regard. Désireuse de lui couper cet accès facile, je me redresse et pivote sur moi-même pour lui tourner le dos. Assise dans l'herbe entre ses jambes, j'ai quelques secondes d'hésitation, puis la pensée que je n'aurais peut-être pas de nouvelle occasion d'être aussi proche de Royce m'effleure et j'arrête de réfléchir.
Je me laisse aller en arrière et m'appuie contre son torse.
Sa chaleur m'enveloppe aussitôt, presque contre son gré, et je sens sa poitrine se soulever derrière moi au moment où son soupir m'effleure une oreille.
- Lily?
- Mmh?
- T'as rien écouté à ce que je t'ai dit ou quoi?
J'incline la tête en arrière contre son sternum et aperçoit son visage à l'envers. Je n'arrive pas à savoir s'il a l'air amusé ou juste exaspéré. Bah. Peu importe.
Je hausse les épaules et lui adresse mon regard le plus innocent en me justifiant.
- Quoi? Je n'ai pas de tronc d'arbre pour m'adosser moi, je fais avec les moyens du bord.
Il ne répond pas et je prends cela comme un assentiment. De toute façon, même s'il avait voulu protester, il ne le pourrait pas parce que le premier feu d'artifice, d'un vert sapin vient de déchirer le ciel dans une bruyante explosion.
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