Chapitre 105
Non, ça n'est pas en train d'arriver. Ça ne peut pas être en train d'arriver. Mais j'ai beau serrer les paupières de toutes mes forces, quand je les ouvre de nouveau, le mirage cauchemardesque ne s'efface pas. Pour la simple et bonne raison que ce n'en est pas un. Il me faut bien un instant pour intégrer cette information. Quand elle parvient à mon cerveau avec un bruit d'alarme, je me redresse vivement comme après un électrochoc et mon front heurte brutalement celui de Royce qui n'a toujours pas pris la peine de bouger.
Aie !
Il s'écarte sans broncher alors que je grimace de douleur en réfléchissant à toute vitesse. En m'agenouillant dans le sable, je croise de nouveau le regard estomaqué de Dallas et mon propre estomac n'en mène pas vraiment large.
Mince, mince, mince !
Il nous a vu. Il nous a vu alors qu'on... je ne sais même pas quoi dire. Je visualise parfaitement l'image que l'on devait renvoyer, même protégés par l'obscurité. Je nous imagine tous les deux dans le sable, nous embrassant, Royce étendu sur moi, et mes oreilles se mettent à bruler avec une intensité redoublée. Oublions toutes les fois où j'ai cru vivre les moments les plus embarrassants de ma vie, celui-ci bat tous les records et si cette plage pouvait s'ouvrir pour m'avaler, je sauterais dans le cratère à pieds joints.
Dallas est toujours parfaitement immobile, le visage aussi pale que celui d'un mort et l'air hagard. Autour de nous, il me semble que les gens ramassent les uns après les autres leurs affaires pour rentrer et la plage se vide progressivement mais les mouvements me paraissent flou et effacés, les sons sont masqués par les battements assourdissants de mon propre cœur qui tambourine dans mes oreilles. J'ai l'étrange sensation qu'il ne reste plus que nous trois. Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai jamais été dans ce genre de situations de toute ma vie.
Un réflexe aussi humain qu'inutile me pousse à me tourner vers Royce pour chercher du soutien. C'est peine perdue. Il est installé dans le sable, un bras nonchalamment appuyé sur son genoux replié, et fixe mon palefrenier préféré d'un œil froid et indifférent. Il n'y a vraiment que lui pour toiser quelqu'un tout en étant assis. Le masque est de retour. À moins qu'il n'en ait pas besoin. Après tout c'est lui-même qui m'a dit s'être lassé de jouer un rôle. Pour ce que j'en sais, le vrai Royce est peut-être celui qui me fait face en ce moment. J'ai très bien pu me bercer d'illusions, ce ne serait pas une nouveauté. Mon regard court encore un instant sur l'expression pierreuse de Royce et mes derniers espoirs s'envolent comme des oiseaux fatigués vers le ciel. Il est déjà parti.
Dallas semble s'être repris. Ses prunelles passent de choquées à acérées et ses traits se froissent de colère.
- Lily, viens ici, lance-t-il sur le ton qu'il employait quand Nathan et moi venions de faire une bêtise mais ses yeux restent braqués comme deux phares allumés sur mon mécanicien insolent.
Je me relève d'un bond et m'avance vers lui, les mains jointes dans le dos et les joues en feu. Je suis consciente de l'image que je renvoie : celle d'une enfant fautive sur le point de se faire méchamment sermonner. Une part de moi voudrait se rebeller et clamer que je n'ai rien fait de mal, que je me suis juste comportée comme tous les jeunes de mon âge mais, à l'instar d'une flammèche au sommet d'une toute petite bougie, elle est bien trop faible et rapidement étouffée.
Et puis, je ne suis pas stupide, je sais que le problème ne vient pas seulement de là, cela dépasse une adolescente travaillée par ses nouvelles hormones qui se laisse embrasser par un garçon dans le sable. Non, il s'agit de Royce. Royce le criminel. Royce le chat noir de l'île. Je l'ai tout de suite compris à l'expression de Dallas et au regard scandalisé – je n'exagère même pas - qu'il a posé sur mon mécanicien. Et j'aimerais pouvoir le défendre. Je le voudrais vraiment. Mais comment défendre quelqu'un qui ne veut pas l'être ? Je me sens soudain très seule.
Après une minute d'un des silences les plus gênants de ma vie – plus encore que celui qui a suivi le moment où j'ai trouvé par mégarde une boite de préservatifs dans le sac-à-dos de Nathan alors qu'il était juste à côté de moi – mon texan préféré reporte son attention sur moi. Je m'étais préparée à lire de la déception sur son visage, où de la réprobation. Mais ce que je découvre au fond de ses prunelles assombries est très différent et bien pire. C'est de la pitié. Son front est plissé et ses lèvres sévères s'affaissent aux commissures avec un dépit évident. Je reçois son expression comme un coup de marteau sur la tête. Douloureux.
Évidement que je lui fais pitié, je songe en m'insultant mentalement pour ma propre bêtise et mon absence grotesque de discernement et d'amour propre. Dallas sait comment Royce se comporte avec les filles. Il est au courant puisque cela se passe généralement dans son propre bureau. Et maintenant, il doit me voir comme toutes les autres. Les blondes, brunes et rousses. Et il aura raison parce que c'est ce que je suis. Je ne suis rien de plus qu'un nom supplémentaire sur une liste sûrement honteusement longue.
Un sentiment familier m'envahit, me moule comme une seconde peau, recouvre toute la surface de mon corps à l'instar d'une fine pellicule de sueur. Visqueuse. Je le reconnaîtrais entre mille. C'est de la honte. J'ai beau savoir que je n'ai en théorie rien fait de vraiment répréhensible, je ne peux pas m'en empêcher. Je baisse les yeux pour ne plus croiser le regard désolé de mon palefrenier et serre mes bras autour de moi dans le but vain d'apaiser les tremblements qui m'on repris. Une chair de poule désagréable danse le long de mon épiderme. Mais cette fois, le froid ne vient pas de l'extérieur, il me grignote le cœur sans aucune pitié.
- On t'avait dit de te tenir loin d'elle. Loin d'elle ! C'était la seule condition !
La voix glaciale de Dallas me pousse à relever la tête pour intercepter le regard encore plus froid qu'il adresse au mécanicien de la propriété. Royce ne cille pas. Son visage reste aussi lisse que la surface d'un lac un soir d'été. Il se contente de se soulever légèrement pour extirper son briquet et un paquet de cigarette de la poche arrière de son jean. Le silence se prolonge alors qu'il s'en allume une, protégeant l'extrémité de sa main, et je ne manque pas les poings de plus en plus crispés de mon palefrenier qui perd patience.
- Je te parle, putain ! s'emporte Dallas faisant ressortir son accent texan et attirant l'attention des quelques personnes encore présentes aux alentours.
Je me crispe en sentant les regards curieux peser avec insistance sur mes épaules. Royce ne réagit toujours pas. Abattue, je le regarde souffler une bouffée de fumée qui s'élève en volutes pales vers le ciel sombre. En la suivant machinalement des yeux, je note que la comète s'est effacée et que les étoiles se sont quasiment toutes éteintes. Seule la lune nous fait encore grâce de sa lueur blafarde et presque inquiétante.
Un glapissement de surprise m'échappe quand, à bout de patience, Dallas donne un violent coup de pied dans la bottine droite de Royce. C'est comme s'il venait de verser un seau d'huile sur une flamme. S'il cherchait à attirer l'attention du mécanicien, c'est une réussite.
Comme s'il était parcouru d'une décharge, Royce bondit sur ses pieds d'une façon qui l'apparente plus à un félin enragé qu'à un homme. Il est tellement vif que le mouvement m'apparaît flou, presque inexistant. Un instant il est en train de fumer tranquillement dans le sable et la seconde suivante, il est planté face à Dallas, le regard meurtrier et le front à quelques centimètres de celui du texan.
J'ai déjà vu cette expression sur son visage taillé à la serpe et elle n'augure rien de bon. Ses traits se froissent comme du papier à dessin pour lui remodeler une mine sinistre, à des lieux de son masque flegmatique. À ses pieds, sa cigarette s'éteint dans le sable après avoir émis un léger crachotement. Je me tends alors que mon angoisse atteint son paroxysme mais mes jambes sont comme paralysées. Je n'ai pas la moindre idée de la façon adéquate de réagir. J'ai peur d'envenimer la situation en m'interposant.
- Ne me touche pas, le laquais, crache Royce d'une voix venimeuse que je ne reconnais pas vraiment. Je sais que j'ai dit que je touchais pas aux vieux mais j'ai mes limites.
En cet instant, il me fait presque peur. Mais Dallas ne recule pas ni ne baisse les yeux. Dedans luit une colère presque égale à celle de Royce.
- T'avais une seule règle à respecter, le mécano. Une seule putain de règle et il a fallu que tu la brises.
Entendre Dallas jurer me fait le même effet que le bruit des ongles que l'on racle contre un tableau à craies.
- J'ai pas d'autres règles que les miennes. Je reçois d'ordres de personne.
Il me semble avoir déjà entendu cette rengaine de cette même bouche. C'est étrange et complètement hors de propos mais Royce ne m'a jamais autant fait penser à un étalon sauvage, fier et têtu, qu'en cet instant précis.
- Ah, ouais ? Qu'est-ce que c'est que le bip que j'entends ? s'entête Dallas avec un léger ricanement moqueur qui sonne faux en mettant sa main en éventai derrière son oreille, faisant mine d'écouter un son imaginaire. Ce serait pas un bracelet électronique ? Dommage pour un gars qui n'aime pas les règlements, hein ?
Royce se fige et se yeux se plissent pour devenir deux fentes meurtrières. Un muscle bat vigoureusement à sa tempe et je remarque que ses mains se sont mises à trembler juste avant qu'il ne les serre en deux poings pour le dissimuler. Mon angoisse grimpe en flèche comme la jauge de mercure d'un thermomètre que l'on aurait plongé dans de l'eau bouillante mais le mécanicien semble se contrôler. Il ne répond pas à la pique de Dallas, se contentant de l'assassiner du regard sans broncher. Et un silence écrasant nous enveloppe. Le bruit répétitif et mouillé des vagues qui s'échouent régulièrement sur le sable n'en parait que plus assourdissant.
La plage a fini par se vider complètement, les derniers badauds se sont éloignés, sûrement ennuyés par l'absence d'action. Pauvre d'eux. D'un côté, j'en suis soulagée mais le face à face des deux hommes n'en parait que plus inquiétant. La tension entre eux semble s'être cristallisée et elle est presque palpable, étouffante. Ce n'est que quand Dallas recule d'un pas en soupirant et qu'une goulée d'oxygène bienvenue intègre mes poumons assoiffés que je prends conscience d'avoir retenu mon souffle.
- Qu'est-ce que ça t'a apporté de faire ça ? demande-t-il alors que sa colère froide semble se noyer dans une flaque de lassitude.
Son air abattu fait remonter une nouvelle vague de honte dans ma poitrine et je sens l'hémoglobine quitter silencieusement mon visage quand le regard verrouillé de Royce se pose une fraction de seconde dessus. J'ai le temps de voir ses sourcils charbonneux se froncer et ses lèvres dures se pincer imperceptiblement avant qu'il ne reporte son attention sur mon palefrenier.
La phrase qui s'échappe alors de ses lèvres me glace le sang.
- Pas grand-chose en fait, lâche-t-il sur ce ton blasé que je déteste.
J'ai beau réfléchir, je ne vois pas de réplique qui aurait pu me faire plus mal. Je déglutis tandis que mon moral se trouve une nouvelle place permanente dans mes talons. Mais alors que je m'attendais à ce que Dallas s'emporte à nouveau, estomaqué par ce manque évidement de respect envers moi, il n'en fait rien. Les plis qui froissaient son front s'atténuent et son expression se détend légèrement pour imiter ce qui ressemble vaguement à de l'espoir.
De l'espoir ? C'est à n'y rien comprendre. Les deux hommes se fixent un instant dans le blanc des yeux et j'ai l'étrange sensation qu'un détail m'échappe.
- Pas grand-chose ? répète Dallas sur un ton interrogateur.
Le palefrenier semble avoir complètement oublié ma présence, toute son attention focalisée sur son interlocuteur. Qu'est-ce qu'il cherche au juste en donnant à Royce une occasion de m'enfoncer un peu plus ? Occasion que le mécanicien ne manque pas. Je devine que la suite va être encore pire en avisant son rictus froid.
- Je l'ai pas baisée si c'est ta question.
Je vacille légèrement sous le choc et recule d'un pas. Dallas tressaille devant la grossièreté de Royce mais ça n'empêche pas un vif soulagement de marquer son regard pale. Alors c'est ce qu'il pensait ? Que j'avais... couché avec Royce ? Je suppose que je ne peux pas lui jeter la pierre.
J'ai envie de vomir. Je vais vomir. Mes yeux fixent presque sans le voir l'inconnu brun en face de moi. Ils passent en revue comme à contrecœur ses traits immobiles, son regard insensible et absent, le pli sévère de ses lèvres. Est-ce que j'ai vraiment embrassé ces lèvres-là il y a moins d'une demi-heure ? Cela me semble surréaliste.
Je recule de nouveau, de plusieurs pas cette fois, alors qu'un bourdonnement désagréable envahit mon crane. Un vif élancement de douleur me traverse la plante du pied mais je ne tressaille même pas. J'ai dû marcher sur un bout de verre. Un profond sentiment de lassitude semble avoir balayé gêne et douleur et je l'accueille à bras ouvert, soulagée de ne plus ressentir, ne serait-ce que pour un petit moment. J'ai juste envie de rentrer à la maison, de plonger le visage dans mon oreiller à l'odeur de lavande et d'oublier cette horrible soirée. De l'effacer complètement de ma mémoire, qu'elle n'ait jamais existé.
Comme aucun des deux hommes n'a prononcé un mot depuis plusieurs minutes, j'ose d'une petite voix, comme si parler fort risquait de briser le calme éphémère et illusoire qui flotte entre nous :
- Dallas, j'aimerais rentrer s'il-te-plait.
Il se tourne aussitôt vers moi et son attitude donne bien l'impression qu'il vient juste de se rappeler ma présence. Son regard m'étudie soigneusement et, le front encore un peu plissé, il hoche la tête.
- Oui, on va y al... Lily ! Tu saignes !
Les yeux baissés, je jette un coup d'œil peu concerné au morceau de bouteille de bière taché d'hémoglobine qui gît dans le sable près de mon talon. Je n'ai pas le temps de rassurer Dallas qu'il s'est déjà accroupi en face de moi et me tapote la cheville pour me pousser à lever le pied. Son geste me rappelle celui que l'on a pour obliger un cheval à présenter le dessous de ses sabots dans le but d'en contrôler la santé. Dans un autre contexte, l'idée me ferait surement sourire. Mais je ne suis pas vraiment d'humeur et la proximité soudaine de Royce qui vient de s'approcher et de se pencher par-dessus Dallas pour inspecter également les dégâts exacerbe mon besoin de fuite. Mais qu'est-ce qu'il cherche au juste ? Comme d'habitude, je n'ai pas la moindre idée de ce qui peut parcourir son fichu cerveau.
- C'est bon, je me suis juste un peu coupée. Je mettrais un pansement à la maison, je proteste d'une voix éteinte.
Je n'ai même pas l'énergie de soupirer. Mais Dallas oui et il ne se gêne pas pour le faire bruyamment en me dévisageant comme s'il avait affaire à une gamine capricieuse. Pour le capricieuse je ne sais pas mais pour le gamine, il a probablement raison.
- Lily, laisse-moi vérifier que t'as pas de bout de verre dans le pied, proteste-t-il.
Je m'exécute, peu encline à débattre et secrètement soulagée qu'il oublie mes... frasques pendant au moins quelques instants. J'essaye de ne pas prêter attention à Royce qui se penche un peu plus, sourcils froncés quand je lève le pied pour exposer l'estafilade ensanglantée sous mon talon.
Dallas presse les contours de la plaie et je serre les dents malgré la douceur dont il fait preuve, le même genre de gestes délicats qu'il aurait pour un poulain.
Je t'aime Dallas. Je suis désolée de te décevoir.
Je pense ces mots avec force comme pour les lui transmettre mentalement.
- Ça va, me rassure-t-il en se redressant. C'est propre et pas très profond. On va rentrer pour désinfecter ça.
Je hoche la tête en fixant le sable sombre plutôt que de regarder la silhouette tout aussi sombre de Royce qui s'éloigne de plusieurs pas pour reprendre ses distances. Dallas ne fait pas semblant de ne pas le remarquer et le fixe sans une once de sympathie alors que son regard s'aiguise de nouveau. À présent le mécanicien est à une poignée de mètres de nous, immobile, les poings enfoncés au fond de ses poches. La nuit lui mange une partie du visage, dissimulant complètement son expression qui, de toute façon, doit être aussi lisible qu'une page blanche.
- Ne crois pas que je ne sais pas ce que tu cherchais, siffle Dallas à son intention en posant une main sur mon épaule.
Royce s'est immobilisé mais ne réagit pas. Il semble attendre une explication. Ou alors, il s'en fiche. Le silence se prolonge jusqu'à ce que le quinquagénaire reprenne la parole d'une voix d'où suinte un profond dégoût.
- J'ai entendu parler de tes petits jeux. Oui, je suis au courant pour cette putain de liste, précise-t-il et je suis surprise de voir Royce sursauter légèrement alors que son regard sombre se pose sur moi et que ce petit muscle s'agite sous la peau de sa mâchoire. Tu l'as peut-être entubée elle. T'as peut-être même entubé Chris. Mais moi tu m'auras pas. Et en parlant de Chris, tu peux être sûr qu'il sera mis au courant de ce que j'ai vu dans l'heure.
- Dallas ! je m'écrie, horrifiée, alors que le voile anesthésiant qui recouvrait et protégeait provisoirement mes pensées se retire brusquement pour céder de nouveau la place à une panique fourbe. Tu ne vas pas...
Mais mon palefrenier me fait taire d'une pression sur l'épaule et je déglutis en priant pour qu'il bluffe. Si Chris l'apprend... Oh mon dieu, faites que ça n'arrive pas !
- À ta place, je commencerais dès maintenant à ramasser mes affaires parce que ça m'étonnerait que tu bosses encore ici demain, poursuit-t-il sans pitié. Et ne t'avise plus jamais de poser tes mains sur elle.
- T'as fini ? demande Royce d'une voix dénuée d'intonation.
Il n'attend cependant pas la réponse à sa question et tourne les talons pour s'éloigner sans un regard en arrière. Il a pris la direction de la propriété. Pour récupérer sa voiture et s'en aller, je réalise en écoutant le chuintement que produisent ses bottines dans le sable.
Le cœur en feu, je fixe les contours de son grand corps. Je ne bats pas une fois des paupières même si mes yeux me brûlent, irrités par l'air salé. J'ai trop peur de le voir s'évaporer comme un mirage. Il disparaît tout de même au bout de quelques minutes derrière la rangée de palmiers serrés qui dissimulent les escaliers de la plage. Je crois qu'un petit bout de mon cœur s'en va avec lui.
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