Chapitre 102

Je ne sais pas combien de temps j'attends ainsi, dans cette relative accalmie, en espérant que ce moment dure pour toujours. Je n'aurais jamais imaginé que des bras d'hommes puissent être aussi réconfortants, j'avais plutôt tendance à les trouver menaçants. Mais peut-être est-ce seulement parce qu'il s'agit de Royce. Si la comète arrivait à cet instant, je ne suis pas certaine que je parviendrais à trouver la motivation pour me détacher de Royce et lever la tête vers le ciel.

Je ne pense à rien, surtout pas à l'allure de point final que présente cette situation. Je me contente de profiter du moment, de la chaleur qui se dégage de mon mécanicien, de son odeur masculine et addictive. Je ne crois pas que j'arriverais à aimer un jour une autre odeur que la sienne, je songe en inspirant une bouffée de son parfum dans lequel se mêlent celui d'un gel douche pour homme, une infime trace d'essence de voitures et cette fragrance musquée qui n'appartient qu'à Royce.

- Je rêve ou t'es en train de me renifler? lâche soudain ce dernier avec une légère trace de son humour sombre dans la voix.

Zut! Moi qui pensais être discrète. Je me recule brusquement, embarrassée, me cognant le front au menton de Royce au passage. Je me masse la zone douloureuse en jetant un coup d'œil à la dérobée en direction de mon mécanicien. Je ne suis pas si discrète que ça et croise aussitôt son regard qui paraît vaguement amusé. C'est toujours comme ça avec lui. Vaguement, légèrement, imperceptiblement. Il est tellement opaque que l'on ne peut jamais être sûr de ce qu'il pense. En ce moment toutefois, il me semble bien qu'il se moque de moi.

Je rougis en faisant de mon mieux pour soutenir ses prunelles pâles et attentives. Je songe un instant à m'enfoncer la tête dans le sable mais finalement, ce que j'hésite à appeler un éclair de lucidité ou une absence de filtre qui frôle la pathologie me pousse à l'honnêteté.

- Tu sens bon, je m'entends avouer en me demandant si je dois me frapper ou m'applaudir mentalement.

Ma franchise a au moins l'avantage de couper la chique à Royce dont les yeux s'agrandissent légèrement de surprise. Ses lèvres s'entrouvrent mais il ne répond rien et me fixe en silence comme s'il essayait de résoudre une énigme compliquée. Je ne prétendrais pas que cette étrange tendance chez lui me déplaît, que sa façon de me regarder avec un intérêt non dissimulé, quel qu'en soit la teneur, ne me réchauffe pas de l'intérieur. C'est peut-être triste mais c'est tout ce que j'ai alors je considère que j'ai le droit de m'en réjouir un tout petit peu.

Quand son regard devient trop difficile à soutenir et que mes joues atteignent la température nécessaire pour faire fondre l'acier, je me détourne. Mes yeux tombent par hasard sur un vendeur ambulant de glaces qui passe à proximité, slalomant précautionneusement entre les serviettes, et je saute sur l'occasion de me distraire un instant de mon centre d'intérêt principal. J'appelle le monsieur d'un signe de la main tout en me penchant pour saisir par l'oreille mon sac panda et en extirper mon porte-monnaie.

- Je vais prendre un cornet au chocolat s'il-vous-plait, je demande poliment quand le vendeur pose sa grosse glacière à côté de moi. Et... tu veux quelque chose? je demande à Royce.

Sans surprise, il secoue silencieusement la tête pour décliner. Je m'y attendais mais je ne peux pas m'empêcher de me renfrogner légèrement. Je ne compte plus le nombre de fois où il a refusé la nourriture que je lui proposais.

Le bonhomme me tend ma gâterie glacée et s'éloigne de nouveau après que j'ai payé. J'enlève l'emballage collant de sucre et commence à déguster ma glace sous le regard toujours attentif de Royce.

- Ça t'arrive d'accepter ce qu'on te propose? je lui demande sur un ton un peu boudeur en léchant le chocolat froid.

Il hausse un sourcil interrogateur, interpellé par mon air agacé. Il a replié une de ses jambes pour appuyer son avant-bras sur son genoux et m'observe, la tête légèrement inclinée d'un côté.

- Tu ne manges jamais rien qui vient de moi, je précise.

- J'ai pas besoin que tu me nourrisses.

Je fronce les sourcils en essayant de donner un sens à ses paroles mais n'en trouve aucun. Que je le nourrisse? Ce n'est pas du tout ce que je fais. C'est juste une glace. Et puis, il ne me semble pas que cela le dérange de manger les repas que Rose prépare. Par contre quand je lui ai proposé des cookies ou quand j'ai cuisiné le jour du cyclone, il a refusé d'y toucher. Est-ce que...

Mes pensées se fanent d'elles-mêmes quand Royce se penche soudainement vers moi. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il m'a immobilisé le poignet dans sa main droite et et croque dans mon cornet. Stupéfaite, je le regarde mâcher l'énorme morceau de chocolat comme s'il s'agissait d'un muffin et j'ai mal aux dents rien qu'en le voyant faire. Il hausse un sourcil comme pour demander si je suis contente et je lui adresse un grand sourire une fois le choc passé.

Après ça, je finis mon cornet en silence, le cœur un peu plus léger. Autour de nous, les discussions se sont taries. Certaines personnes chuchotent, d'autres - surtout les enfants - se sont endormies et j'espère pour elles que quelqu'un se chargera de les réveiller au moment de la comète. La partie de football improvisée est depuis longtemps terminée et les jeunes ont coupé leur musique pour mon plus grand soulagement.

Je ne sais pas quelle heure il est mais si j'en juge par le degré d'obscurité, je dirais très tard. Je bascule la tête en arrière pour reluquer les étoiles et, en mon fort intérieur, je prie la comète de prendre tout le temps qu'il lui faut pour se montrer. J'ai parfaitement conscience que tel le glas, elle sonnera la fin de quelque chose, même si je ne peux pas vraiment le nommer.

Cette pensée provoque en moi un sentiment d'urgence et je reporte précipitamment mon attention sur Royce, regrettant même de l'avoir quitté des yeux une seconde.

Je suis toujours installée entre ses jambes et me concentre sur son visage pour en enregistrer les moindres détails comme si c'était la dernière fois que je le voyais. C'est faux bien sûr, mais c'est l'impression que j'ai. Mes yeux s'arrêtent sur la petite cicatrice en demi-lune sur sa pommette qui me fascine depuis le premier jour. Cette même cicatrice que j'ai embrassée en rentrant du feu de camp.

Ma main droite se lève sans ma permission mais s'arrête à quelques centimètres du visage de Royce pour attendre la sienne. Il ne réagit pas et je prends ça pour un assentiment. J'effleure du bout des doigts la petite marque qui fait un léger relief sur la peau. Je repasse plusieurs fois dessus avec précaution, comme si elle était encore douloureuse ce qui n'est sûrement plus le cas.

- Comment tu t'es fait ça? j'interroge Royce d'une voix hésitante en me demandant aussitôt si je ne viens pas de faire une boulette.

Je sais d'où vient Royce et même si j'ai du mal à me figurer réellement le genre de vie qu'il a mené... qu'il mène, je me doute que la violence en est une partie intégrante. Je n'ai pas envie de raviver des souvenirs douloureux à cause de ma curiosité déplacée. Je me crispe légèrement, m'attendant à voir le regard de Royce se durcir pour imiter à nouveau l'indifférence. Mais cela n'arrive pas. À ma grande surprise, un léger rictus se dessine sur ses lèvres conçues pour le péché.

- C'est Diego qui me l'a faite, répond-t-il en m'observant, un éclat amusé dans l'œil.

- Quoi? je m'exclame sans dissimuler le choc que m'inspire cette révélation. Mais pourquoi il aurait fait ça?

- Il a sûrement des tas de trucs à me faire payer. Mais en fait il a pas fait exprès. C'était y a des plombes, on était gamins et on s'entraînait au lancer de couteau. Sauf qu'il était vraiment nul et son poignard m'a frôlé la tronche.

Je le dévisage, horrifiée, alors qu'un sourire tordu éclaire momentanément son visage dur comme s'il évoquait un souvenir relativement heureux. Suis-je la seule à me rendre compte que les mots "gamins" et "lancer de couteau" n'ont strictement rien à faire dans la même phrase? En cet instant, je prends une nouvelle fois conscience du monde, de l'univers qui me sépare de Royce. Je fais toutefois de mon mieux pour dissimuler ma réaction et hoche la tête avec sérieux comme si je trouvais normal que deux enfants se soient entraînés à viser au poignard, comme s'il n'y avait pas plus divertissant comme... jeu éducatif.

- Vous aviez quel âge? je demande en adoptant un ton nonchalant auquel Royce ne semble pas se laisser prendre si j'en crois son nouveau rictus entendu.

- J'en sais rien. La dizaine, je suppose.

C'est bien ce que je pensais. À cet âge-là, Nathan et moi n'avions pas d'autre préoccupation que la sortie des épisodes de Zorro et les balades à cheval.

- Ah. Et vous avez fait quoi après?

- Tu veux dire, après que je lui ai démonté la gueule?

Je sursaute mais me reprends rapidement.

- Oui, après ça, s'entend.

Royce plisse les yeux comme s'il essayait de deviner à quoi je joue mais je m'échine à garder une expression flegmatique comme si on discutait d'un potentiel retour à la mode des jeans taille basse ou des cours du pétrole.

Il se penche en avant, les bras appuyés sur ses deux genoux et la manœuvre amène son visage à une trentaine de centimètre du mien. Mon pouls s'emballe mais je ne recule pas et lui rends son regard. Il ouvre la bouche et semble réfléchir à ce qu'il va dire, comme pour déterminer jusqu'où vont mes limites.

- Quand on s'est lassés des couteaux, on a décidé de s'entraîner au revolver, lâche-t-il d'une voix neutre sans me quitter des yeux.

Je déglutis bruyamment alors que mes battements de cœur se qualifient pour l'épreuve de sprint des jeux olympiques. Une sueur froide me dégringole le long de la nuque mais, pour être honnête, je m'attendais à une réponse de la sorte. Je sais déjà que Royce a une arme à feu et pas n'importe laquelle. Je me doute également qu'il sait s'en servir. Cette information ne m'apporte rien de nouveau si ce n'est qu'il a appris à tirer beaucoup trop jeune.

Je ne lui demande pas où diable des enfants peuvent se procurer des revolvers, ni s'ils s'en sont déjà servi sur autre chose que des cibles en bois. De nouveau, je prends sur moi et hausse les sourcils, imitant un intérêt poli en demandant.

- Et alors? Est-ce que Diego s'est montré moins mauvais dans cette activité?

Royce bascule la tête en arrière et un rire rauque lui échappe, faisant vibrer son torse et tressauter sa pomme d'Adam. Je déglutis, perturbée comme à chaque fois que j'entends ce son aussi séduisant qu'inhabituel. Cette histoire de revolver est rapidement reléguée aux oubliettes.

J'ai envie de l'embrasser.

Cette pensée survient de nulle part et je m'empresse de l'écarter comme on enfoui le désordre sous notre sommier pour éviter que nos parents le voient.

- Tu connais Diego depuis quand? je demande par curiosité mais également pour m'empêcher de penser aux lèvres si joliment ourlées de mon mécanicien.

- Une vingtaine d'années, répond-t-il en haussant une épaule.

Donc quand ils avaient à peu près quatre ou cinq ans, je réalise. Je ne peux pas m'empêcher de m'attendrir devant une image fictive de Royce et Diego en version bambins. J'imagine deux garçons couverts de terre, les vêtements usés à force de se bagarrer et de traîner dans la rue. Je vois un petit Royce avec une tignasse brune ébouriffée et pleine de nœuds et un visage dur malgré ses traits enfantins.

- Mia m'a dit que vous étiez voisins? C'est comme ça que vous vous êtes rencontrés?

Il continue de me dévisager mais ne me répond pas et je remarque que ses traits se sont légèrement crispés. Je m'empresse d'enchaîner, paniquée à l'idée de le voir se refermer alors que je commençais enfin à en apprendre un peu sur lui.

- Et les autres?

- Les autres? répète Royce sur un ton un peu las.

- Hunter et Michael. Tu les connais depuis longtemps?

Il se passe une main sur la barbe de deux jours qui assombrit ses mâchoires, l'air de se demander ce que je cherche en posant ces questions.

- Moins que Diego, finit-t-il par répondre. J'ai connu Hunter au Lycée. C'était un vrai boulet mais il était bon en mécanique et il en avait dans le caleçon alors on l'a intégré à nos... activités.

Je note la légère hésitation qu'il marque avant de prononcer dernier mot mais je ne le questionne pas là-dessus, certaine que je n'obtiendrais pas de précisions de ce côté-là. Je me concentre donc sur l'autre mot qui a retenu mon attention dans sa phrase et médite là-dessus. Royce est allé au lycée?

Bien sur qu'il est allé au lycée, idiote! Comme tout le monde.

Je ne sais pas pourquoi, je n'y ai jamais songé. Dans ma tête, c'est comme s'il avait toujours été l'homme qui se tient devant moi aujourd'hui. Implacable, sombre et surtout adulte. Je n'arrive pas à me le figurer comme un adolescent normal avec un sac-à-dos, des interros à réviser et des problèmes de lycéen.

Quand je lui fais part de ces pensées, il m'adresse un regard presque indulgent et confirme mes doutes.

- Ouais, en vrai j'y ai pas souvent mis les pieds. J'ai passé plus de temps en exclusion que dans les salles de classes. Et quand j'étais pas exclu, je séchais.

Ah. Je ne pense pas avoir déjà séché un cours, sauf en étant excusée pour des "raisons familiales" qui se trouvaient la plupart du temps être des défilés ou des séances photos imposées. Finalement, ce que Royce vient de dire ne m'étonne pas vraiment, en tout cas cela me paraît plus vraisemblable que lui, faisant tranquillement ses devoirs dans une salle d'études. Il a l'air d'attendre que je fasse un commentaire mais aucun ne me vient. Sa jeunesse a beau être aux antipodes de celle que j'ai connue, qui suis-je pour la condamner? Je n'ai pas l'habitude de porter des jugements de valeurs et ce n'est pas aujourd'hui que cela commencera.

- Et Michael? je demande sans parvenir à réprimer complètement une légère grimace en songeant à l'albinos antipathique.

Royce ricane en percevant mon expression.

- Quoi, il te plait pas? se moque-t-il.

Je hausse les épaules, peu désireuse de parler en mal de l'un de ses amis.

- Qu'est-ce que tu veux savoir? demande mon mécanicien.

- Comment est-ce que tu le connais? Il a l'air... je ne sais pas, il ne vous ressemble pas beaucoup.

J'ai remarqué sa différence dès le premier jours où je les ai vus tous les quatre. À côté des trois autres, il a l'air tellement fluet. Sans compter les tenues coûteuses que je l'ai vu porter à plusieurs reprises et qui contrastent grandement avec le style de rue de ses camarades. Et puis son attitude n'est pas la même non plus. Ça a peut-être quelque chose à voir avec son corps qui, contrairement à ceux de ses amis, n'a pas été taillé pour servir d'arme, mais il me semble plus discret, comme s'il restait en retrait et se fondait dans le décor ce que ne l'empêche pas d'ouvrir un peu trop sa bouche pour lâcher des méchancetés quand ça lui chante.

Malgré ces quelques particularités, il n'en émane pas moins de lui cette aura dangereuse qui semble se dégager de ses compères. Je dirais même qu'il paraît par quelques aspects bien plus menaçant que Hunter qui ressemble plutôt à un adolescent enfermé dans un corps trois fois trop grand.

En face de moi, Royce plisse les yeux et sa main frotte distraitement le dessus de son crâne.

- Sur certains points, il me ressemble plus que les autres, lâche-t-il sombrement le regard braqué sur un point invisible dans l'air alors que sa mâchoire se contracte presque convulsivement.

Il se tait pendant une seconde, l'air plongé dans des pensées qui semblent tout sauf agréables et je n'ose plus rien dire. Ses prunelles finissent par se poser de nouveau sur moi et il adopte un air plus neutre en reprenant sans développer ses paroles précédents.

- Il vient d'une famille de bourges dans le Sud, c'est pour ça qu'il se sape comme un bouffon et qu'il a un corps de mauviette si c'est ce que t'entends quand tu dis qu'il nous ressemble pas.

- Oh. Mais pourquoi est-ce qu'il...

Je me tais sans savoir comment formuler ma pensée mais mes interrogations sont plutôt évidentes. Pourquoi est-ce que quelqu'un d'aisé irait volontairement risquer sa peau dans les bas quartiers de l'île en traînant avec d'ancien détenus?

Royce me dévisage, une lueur cynique au fond des yeux.

- Pourquoi est-ce qu'il traîne avec des mecs comme nous? devine-t-il bien que je ne l'aurais jamais formulé en ces termes. Et toi, qu'est-ce que t'es en train de faire?

- Ce n'est pas pareil, je proteste en m'insultant mentalement dans toutes les langues que je connais et même d'autres que j'invente pour lui avoir tendu cette perche. Moi je ne prends pas de risques.

- C'est ce que tu crois.

Je me fige avec l'impression saisissante que l'on est en train de me verser un filet d'eau glacé le long du dos. Toutefois, je refuse de m'appesantir sur ce sujet et de donner un nouveau prétexte à Royce pour couper brusquement les ponts. Ponts qui, je le précise, sont déjà très fragilisés. Et puis, la différence entre Michael et moi, c'est que moi j'ai une raison de traîner dans les pattes de Royce qui est que je n'arrive tout simplement pas à faire autrement.

Je me tais pour ne pas lancer de débat perdu d'avance sur le sujet et attends que Royce reprenne ses explications. Il finit par y consentir après quelques instants d'un silence un peu pesant.

- Il a pas le choix, son père l'a mis à la rue quand il avait quinze ans en se rendant compte qu'il était pas de lui. Il avait plus une thune, c'est ce qui l'a obligé à venir squatter nos quartiers.

- Et après? je demande sans prendre la peine de dissimuler l'indignation que m'inspire une telle injustice.

Dans l'existence, les actes que je condamne se comptent sûrement sur les doigts de la main mais l'abandon d'un enfant en fait partie. Tout d'un coup je n'arrive plus à mépriser l'albinos filiforme.

- Il a dû vite comprendre qu'il tiendrait pas longtemps dans le milieu, chez nous, soit tu manges soit tu te fais manger.

- Qu'est-ce qu'il a fait? je ne peux pas m'empêcher de le questionner, captivée par ses confidences inattendues.

- Il est venu demander notre protection. On avait déjà notre réputation à l'époque et il savait qu'on viendrait pas lui chercher des problèmes s'il était dans notre camp.

- Et qu'est-ce que tu as demandé en échange?

Sous ses sourcils qui se haussent, le regard de Royce s'accroche au mien et une lueur surprise les éclaire un instant alors que le coin de ses lèvres s'incurve légèrement vers le haut.

- Ça, la Miss, ça te regarde pas.

Je soupire de frustration, ma curiosité piquée au vif malgré la petite voix de la sagesse au fond de mon crâne qui me souffle que je n'ai peut-être pas envie de savoir. Je n'ai pas le temps d'essayer d'insister - ce qui serait de toute façon complètement inutile - parce que mon téléphone portable se met à sonner dans mon sac, la musique filtrant à travers l'ouverture.

Je m'en empare et m'apprête à décrocher mais le nom qui s'affiche à l'écran me dissuade de le faire.

Maman

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