38_ Ashtray Cender.

"Ruby-chan, je doutes que tu me reconnaisses.
Si tu te souviens de moi, viens me rejoindre demain dans la clairière de la forêt vers minuit.
Sinon, brûle ce mot.

Ashtray Cender."

Je relisais ce mot en boucle depuis que j'étais rentrée dans ma chambre dans la nuit.
Lançant un regard vers ma fenêtre habituellement ouverte, je remarque le soleil briller timidement.
Aucune chance pour lui de faire fondre cette étendue de neige au sol, sur les arbres et sur le toit du manoir.

Je soupire un léger instant avant de ranger la lettre en remarquant l'heure qu'il était.
7h.
J'avais pas dormi, encore.

Pas que mon lit soit désagréable, au contraire.
Je suis juste insomniaque.
Et quand je le suis pas, j'ai des problèmes de sommeil, comme Toby.

On prend des médicaments, en plus de ceux qu'on avale pour traiter notre bipolarité et schizophrénie, mais ça ne fonctionne pas vraiment avec moi.

Plus je prends de médicaments, moins ils font d'effet.
Du coup, je ne dors que 10 minutes par jour.
Génial, hein ?

Donc je me retrouve toujours avec des cernes sous les yeux dès que mes médicaments ne fonctionnent pas.

Je me lève en silence et me dirige vers mon armoire pour en sortir une tenue identique à celle sur moi puis entre dans ma salle de bain, me regardant dans le miroir.

Ouais, une belle gueule de zombie.

Je vais pour faire couler l'eau et, attendant que le liquide devienne chaud, je regarde mon reflet et pose mon index et mon majeur sur ma lèvre inférieure.

'Il m'a niqué la lèvre, l'enfoiré..
♡ Mais tu as aimé !~
◇ Tu ressens pas la douleur, ferme la.
Merci de ton soutien, Ruzo.
◇ Avec plaisir.'

J'ignore le commentaire de Saphir et me déshabille pour me glisser sous l'eau, lâchant un nouveau soupir.

Ashtray..

~~~

Lavée et habillée, je sors de ma chambre avec une brosse en main et une serviette de l'autre, séchant comme je le pouvais mes cheveux.

En couinant, je me dirige vers les escaliers pour les descendre et une fois en bas je me fais tirer en arrière jusqu'à poser mon fessier sur le canapé du salon.

Je relève la tête, surprise, pour trouver Peter derrière le dossier du canapé avec un grand sourire.

- J'peux m'occuper de tes cheveux, si tu veux ! J'ai prit l'habitude avec Rox !
- Euh.. Si tu veux, oui.

Peter, passion cheveux.

Il sourit à nouveau et prit ma brosse et ma serviette pour sécher mes cheveux plus calmement.
Faut avouer que je m'acharnais comme une débile envers mes cheveux au point d'avoir la coupe de Sonic.exe.

Passons..

Finalement, il avait réussit à me sécher les cheveux -j'applaudis bordel-.

- Euh.. Tes oreilles, je les sèche aussi ou pas ?
- Nah, laisse.
- Ok !

Sur cette approbation, il lâcha la serviette pour prendre la brosse tandis que je commençais quant à moi à sécher ma queue.

Je ne sentais même pas les coups de brosse démêler mes cheveux, même s'il venait à me les tirer.
Il fait ça bien, en vrai.

Après quelques minutes, il me tendit ma brosse et me sourit joyeusement.

- Voilà !
- Merci, Peter. Mais, pourquoi cette soudaine gentillesse ?
- Pour te remercier de nous avoir fait habiter ici, avec Roxanne.
- C'est pas grand chose, tu sais.
- Oh si, pour nous ça signifie beaucoup. On avait qu'une hâte ; partir. Et grâce à toi on est même dans un endroit sûr dans lequel on peut se venger des CH.

Il me remercie à nouveau et partit avec un grand sourire.
Je le regarde partir silencieusement, puis soupira à nouveau avant de brosser ma queue.

Putain de noeux.

Après avoir réussi par miracle à faire en sorte que mes poils soient bien doux et sans noeux, je pris ma serviette et ma brosse pour les ranger dans ma chambre et ressortir calmement, retournant sur le canapé du salon pour me plonger dans mes pensées.

Je pensais vraiment pas qu'Ashtray me retrouverait aussi facilement..
Et dire que j'étais tellement obnubilée par les retrouvailles avec mon frère que j'en oubliait mon meilleur ami.
J'ai honte..

Finalement, je me lève et sortis du manoir.

Le froid vient frapper mon corps me forçant à frissonner, puis je me dirige vers la forêt pour rejoindre la ville.

Regardant calmement les bâtiments, mes yeux bicolores se posent sur le cimetière non loin de la végétation.

Je me dirige vers l'endroit que je connaissais à présent comme ma poche, mais au lieu d'aller comme à mon habitude devant la pierre tombale de mes parents -et celle inutile de mon frère à présent-, je cherche avec précaution le nom qui m'a forcé à venir ici.

Je m'arrête devant une pierre tombale et lu le prénom ;

«Mikaël Stan Sallaque »

Je laisse un nouveau soupir sortir d'entre mes lèvres et m'agenouille devant la tombe, les oreilles inclinées en arrière.

- Mike.. Désolée.. Je.. Je t'aimais, évidemment que je t'aimais. Mais tu étais pour moi un ami, un frère que je devais protégé. Et j'ai failli à cette promesse. Je ne mérite même pas d'être en vie, je ne mérite même pas d'être encore en vie et toi ici. Ça devrait être moi, sous terre. Mais je ne comprends pas, Mike.. Pourquoi êtes devenus des CH ? Je.. J'aurais pas dû vous mentir, ce n'est pas digne de moi. Vous le savez plus que quiconque..

Et durant presque une heure ou deux, je parlais toute seule devant le prénom de mon ami.

Les larmes avaient coulés sur mes joues pour rejoindre le sol couvert de gravier.

Je suis horrible.
Encore hier, je m'amusais avec les pâtes, et maintenant je me rends compte à quel point je suis horrible pour avoir tuer un de mes protégés.

Et si je venais à tuer les autres ?..
Fred, Gaëtan, Lorenzo, Valentin..

Si j'étais obligée de les tuer ?

Rien que d'y penser, mon cœur se met à se serrer dans ma cage thoracique.

Quelle amie, je fais.
Trahir ses propres amis pour avoir la vie sauve.
Je savais qu'un jour, notre amitié se finirait.
Mais je ne pensais pas que ça se passerait comme ça..

Reposant mes iris sur la pierre froide et couverte par la neige, je serre les dents avant d'étreindre la tombe dans mes bras, pleurant jusqu'à ce que mes larmes s'arrêtent d'elles-mêmes.

~~~

Reniflant une dernière fois, je lance un regard à la pierre tombale depuis l'entrée de la forêt avant de pénétrer à l'intérieur, croisant les bras sous ma poitrine.

Et si Ashtray était aussi un CH ?

Je m'arrête soudainement à cette idée.
Les larmes me reviennent.
Je sens mes jambes me lâcher.

Je tombe sur l'amas de neige et frissonne longuement, le regard dans le vide.
Non..
Je devrais aussi le tuer ?..

- Je pensais t'avoir dit de me rejoindre à minuit.

Je relève subitement la tête pour regarder la personne m'ayant adressé la parole.

Avec un sourire que je reconnaissais entre mille, le garçon me tendit la main, m'invitant à me relever.

Avec hésitation, je me saisis de sa poigne et pose mes pieds sur le sol, me retrouvant debout devant le blond.

Ce blond.
Ce blond aux yeux pers jaune.
Ce blond portant un débardeur noir et une veste de sport ouverte malgré le froid.
Ce blond qui aime le chant, le tir à l'arc.

Ce blond qui m'avait tant manqué.

- Ta main est froide.

Me fit-il remarquer.

Je baisse le regard sur nos mains encore en contact et je serre les dents, me retenant de hurler et de pleurer à nouveau.

- Je suis content de te revoir, Ruby-chan.
- Ashtray..

Ce surnom qu'il m'avait donné depuis l'âge de 7 ans.
Ce surnom qui m'avait fait détester Masky lorsqu'il avait commencé à m'appeler ainsi.
Ce surnom qui me faisait rappeler la douleur de notre séparation.

Ce surnom...
Il l'avait dit...

Sans qu'il ne comprenne, je me jette dans ses bras et le serre de toutes mes forces.

- Ashtray !
- Eh bien, tu m'as pas oublié tant que ça.
- Je suis désolée ! J-je voulais pas arrêter de penser à toi ! M-mais j—
- Oï, calme-toi Ruby-chan, tout va bien...

Il me serra doucement à son tour d'un sourire joyeux.
Je souris à mon tour, les larmes au coin des yeux.

Il m'avait manqué, ce chanteur..

~~~

Après quelques minutes de câlin, on s'est décidé à marcher un peu dans la forêt.

Il marchait avec un sourire heureux, ses mains dans les poches.
Il portait toujours ses mitaines en cuir.

- Alors comme ça, t'es connue.
- Oui. Faut dire qu'être une pâte effrayante c'est un scoop.
- Ahah ! Ouais tu m'étonnes !
- Au fait, tu n'avais pas été adopté ?
- Si, mais ma famille adoptive avait omis un détail.
- Quel genre de détail ?

Il s'arrêta, je fis de même, et me regarda.

- Tu te rappelles de Maxwell et Ilona ?
- Oui..
- Eh bien, ceux qui m'ont adopté sont leurs parents.
- . . . Je comprends pas.

J'étais réellement perdue.
Maxwell et Ilona ont été abandonnés par leurs parents dans un hôpital après l'accouchement.
Ils ont grandit à l'orphelinat pendant quelques années.

Je ne les avais pas connu très longtemps, mais ils m'avaient toujours protégés des plus grands lorsque j'avais 5 ans, eux 9.

Un jour, ils fêtaient leur anniversaire.
Étant des jumeaux, on avait tous fait des cadeaux en commun -pas très cher évidemment-.

Et la gouvernante leur a apprit qu'ils allaient être adoptés.
Ils étaient tellement heureux...

Le lendemain, ils sont partit avec leur nouvelle famille d'accueil.
Et depuis, nous n'avons jamais eu aucunes nouvelles.

- Je comprends pas... Pourquoi avoir adopté un enfant s'ils en avaient déjà eu avant ?
- Et bien, figure-toi que ces aussi eux qui ont adoptés Maxwell et Ilona.

J'ouvris en grand la bouche, choquée.
Attends, mais c'est illogique !

- Pourquoi avoir fait ça ?! Ils auraient pas dû les abandonner si c'est pout les adopter plus tard !
- C'est aussi ce que je me suis dit. Mais le lendemain de mon adoption, les gentils parents que j'avais rencontré la vieille s'étaient avérés de véritables enfoirés.
- C-comment ça ?

Il soupire doucement en passant une de ses mains dans ses cheveux, les flocons de neige s'étant posés sur ces derniers tombant au sol.

- Léon et Flora nous ont mit à la cave en nous disant de faire le ménage. C'était un vrai dépotoir. Maxwell et Ilona -ils avaient bien grandi- m'ont dit qu'ils nous prenaient pour des boniches pendant qu'ils nettoyaient la pièce. Ça m'a dégoûté. Ils avaient peur de leurs propre parents et ont souhaités ne jamais plus être adoptés si toutes les familles traitées les orphelins ainsi..
- Vous avez fait quoi ?
- Après avoir nettoyer la cave, Léon et Flora nous ont autorisés à sortir. Puis Ilona s'est fait entraîner par son père à l'étage. Il l'a violé et battu. J'entendais des cris, des claques, des coups, des pleurs. C'était horrible. On était impuissants, Maxwell et moi.

Il serre vivement les poings, ses phalanges devenant blanches.

- Flora n'a rien fait. Elle buvait un verre de vodka et nous regardait avec amerturme. Elle nous jugeait du regard... Dans la nuit, je suis sorti de ma chambre pour rejoindre les jumeaux. Maxwelle consolait sa sœur sur son lit. Ils étaient en larmes. Ils m'ont... ils m'ont demandé de les tuer.

J'écarquille les yeux en entendant ses paroles.

- Quoi ?!
- Ouais.. Moi aussi j'ai failli crier ça. Mais j'voulais pas réveiller les parents et je leur ai demandé pourquoi. Ils m'ont dit qu'ils en pouvaient plus. Et ils savaient que c'était le seul moyen pour être en paix.
- . . .
- Je ne voulais pas, au début. Mais ils me suppliaient. Ils pleuraient. Ils étaient désespérés. Je leur ai donné un de mes CD de chanson et je me suis retourné en leur souhaitant de vivre heureux, en haut. Je suis sortit de la maison par une fenêtre à l'étage et je suis partit. J'entendais au loin ma musique et des cris d'agonie. Ils ont tué Flora et Léon avec eux..

Les larmes coulaient sur les joues de mon ami, et je sentais que mes yeux aussi me picotaient.
D'un accord silencieusement, on se fit un nouveau câlin, laissant nos larmes couler.

Ilona...
Maxwell..
Merci de m'avoir si souvent protégés..
Je vous oublierais pas..
Je vous le promets..

2.019 mots.

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