💼ARRIVÉE : LE QUAI NUMÉRO TREIZE ET LE W.B.II💼
« Rivière manqua de peu son arrêt. Il se jeta dehors, reçut son pied incertain dans le ventre d'une fumée opaque, qui lui serpentait autour des chevilles. Le jeune homme grimaça. Lui était habitué aux bas quartiers, aux pavés lucides dans un air à peine brumeux. Ces scories voletants le faisaient toujours tousser plus que raison.
La pointe de son pied se perdit dans une ombres noire comme une gueule de loup.
Il leva la tête.
À cet instant précis, Jonathan Rivière laissa échapper un gargouillis borborygmesque ayant ma foi de nets et certains airs de famille avec les vocalises d'un évier qu'on débouche. Sa pomme d'Adam le long du cou qui se tordait vers le soleil, fit trois sauts d'étouffement.
Le soleil se planta dans son œil.
Rivière crut bon de s'étrangler à nouveau.
Tatsin !
Dans les lueurs éblouissantes, immense comme une tour de Babel, empêtrée dans une longueur inimaginable de câbles vieillis — et franchement violant allègrement toutes les normes de sécurité — se dressait l'ombres branlante des tours du quai numéro treize. »
Extérieur : dans la rue, quartiers industriels de Mathusalem ⇒
« La tour, devant lui, ruisselante d'ombre et de craquements étranges, était proprement immense — si haute disaient certains (et Rivière en cet instant les rejoignait de tout son être) qu'elle semblait, de sa pointe, griffer le soleil, et toujours – malgré le brouillard – vous éblouir de rayons trouants.
C'était autrement un patchwork immonde d'architecture branlante, mal fichue, qui semblait crouler à chaque seconde. La tour penchait salement, avec ses cordes et échafaudages abandonnés qui grinçaient doucement dans un vent de fumée.
Rivière allait s'en coltiner un torticolis, il en était certain. »
Extérieur : dans la rue, devant la porte de la tour du quai numéro treize ⇒
« Rivière n'avait pas franchement envie de savoir combien de marches comptait cet escalier affreux, mais à son sens ça faisait beaucoup trop — soit un chiffre qu'il fixait comme une constante à partir du moment où on ne voyait même plus la fin de l'entreprise.
L'escalier tournicotait dans la tourelle branlante, avec des paliers inégaux, couvert de poussière et parfois de piles de livres, posés sur certaines marches en colonnes païennes. L'endroit était proprement étrange, bien que Rivière aurait bien eu du mal à expliquer pourquoi. Dans la poussière quasi pourpre dansaient des grains d'or solaire, qui virevoltaient vieillis au milieu de l'air opaque, — et l'escalier de bois se dressait en tortillon plancheux d'obscurité dans la tourelle qui penchait. La voix d'Abe lui parvint :
« Allez, gamin ! » »
intérieur, devant l'escalier de la tour du quai numéro treize ⇒
« Le jeune homme tourna la tête. Le vieux, engoncé dans l'ombre, avait installé son fauteuil roulant — et lui dedans — à l'intérieur d'une drôle de nacelle de gros bois et de métal rouillé, qu'on avait vissés ensemble dans ce qui ressemblait de façon inquiétante à une pulsion suicidaire. Des cordes s'enroulaient autour de treuils artisanaux aussi solides que des colliers de nouilles qui donnaient à Rivière une envie de monter dans la nacelle à peu près égale à celle de se jeter par la fenêtre de la tour quand il serait arrivé en haut. Le jeune homme déglutit. La petite cabine mal fichue, aux airs de cage à oiseaux, était hissée dans le jour en colimaçon de l'escalier. »
intérieur, nacelle permettant de mener à l'étage ⇒
À l'étage ⇒
« Les arcs-boutants du quai d'aéronef désaffecté se soulevaient lourdement, allaient se perdre au ciel dans d'épaisses obscurités. Une fois en haut de la tour du quai numéro treize on retombait sur un sas immense, là où autrefois venaient s'apponter les dirigeables, de l'époque où le ciel de Mathusalem était tout déchiqueté de machines et de cuivre.
Le quai numéro treize, qui éraflait les nuages comme un éperon de métal et de cuivre, encore troué par des travaux inachevés — Le quai numéro treize avec ses arcs rouillés empêtré par les filins abandonnés des échafaudages et son large sol à peine arrimé aux tours vacillantes de la grande gare de Mathusalem, presque posé en équilibre sur les clochers des tourelles, grinçant comme un bateau échoué au moindre coup de vent. Le quai numéro treize ; où avaient vécu les Bones, seuls dans leurs hauteurs à déchirer les nuages.
Cependant les apparences sont trompeuses — et le quai numéro treize, on le savait, était désaffecté depuis des lustres. Plus aucun aérostat à vapeur ne venait s'y apponter comme autrefois, pour aller pulluler dans le ciel grisâtre. — D'ailleurs les ailes des dirigeables venaient parfois frôler les grandes arches de cuivre, mais sans jamais s'y arrêter. Tout en haut de la tour, il restait donc le vide plein d'échos du quai presque mort, ...et les deux larges sillons métalliques dans le sol, qui autrefois venaient accueillir les aérostats à l'arrêt.
Un seul appareil s'y appontait parfois :
...Le William Bones II. »
À l'étage : quai numéro treize ⇒
À l'étage : devant le W.B.II ⇒
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