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Il se tenait là, droit, imposant, son regard glacial balayant la salle comme une lame prête à trancher. Il inspira profondément avant de prendre la parole :
« Mon peuple, sorciers et sorcières de ce royaume, ces derniers jours, des rumeurs se sont répandues, mais sachez qu'elles ne sont pas sans fondement. Oui, le monde d'Orion est en péril. Ce que je vais vous dire n'est pas une menace, mais une réalité que nous devons affronter ensemble : la guerre est à nos portes. Une guerre mondiale. »
Son ton était dur, presque brutal, et chaque mot résonnait comme un coup de marteau dans la pièce. Je sentis un frisson me parcourir.
« Pour cela, j'ai pris une décision. Une décision qui, je l'espère, assurera notre survie. Chaque fils et chaque fille de sang bleu du royaume des sorciers sera soumis à un entraînement rigoureux. Vous apprendrez à vous défendre, à protéger notre héritage, et surtout, à ne jamais faillir face à nos ennemis. »
Un murmure d'inquiétude parcourut les rangs, mais le roi, d'un simple regard, fit taire toute réaction.
« Et ce n'est pas tout, » reprit-il, sa voix encore plus froide. « Une alliance a été conclue avec William, le roi des Dragons. Il enverra certains de ses soldats ici, au palais, pour vous enseigner l'art du combat, une discipline que nous n'avons jamais maîtrisée. Ce sera dur. Ce sera impitoyable. Mais c'est le prix à payer si nous voulons survivre. »
Je restais immobile, retenant mon souffle. L'idée que des Dragons viennent ici était déjà difficile à avaler, mais la suite me glaça le sang.
Le roi fit une pause, puis tourna lentement la tête vers moi. Ses yeux, durs et accusateurs, se plantèrent dans les miens. Mon cœur rata un battement.
« Quant à toi, Crystal... » dit-il, d'une voix tranchante comme un éclat de verre.
Je sentis les regards des autres se tourner vers moi, certains pleins de mépris, d'autres avides de voir ce qui allait suivre.
« Ton cas est particulier. Bien que ta mère ait été l'une des nôtres, ton père, lui, reste un mystère. Un mystère qui n'a jamais été résolu et qui ternit encore notre lignée. Pendant toutes ces années, nous avons été bienveillants, peut-être trop. Nous t'avons permis de vivre ici, de manger à nos tables, de dormir sous notre toit. Mais aujourd'hui, les temps ont changé. Nous ne pouvons plus nous permettre cette générosité. »
Chaque mot était une gifle. Mon visage me brûlait de honte, mais je refusais de baisser la tête.
« Tu n'auras pas le droit de participer à cet entraînement, » continua-t-il sans la moindre hésitation. « Tu ne fais pas partie de ce peuple. Et dans ces temps de guerre, où l'unité est vitale, il est évident que ta place n'est pas ici. »
La tension dans la pièce se faisait encore plus lourde, et je vis Ryan, le frère du roi, se redresser sur son siège, l'air visiblement choqué par les mots de son frère.
« Mais... Jack, as-tu perdu l'esprit ? ! » s'exclama Ryan, sa voix tremblant d'indignation. « Ce n'est pas juste. Elle a grandi parmi nous. Elle... elle est l'une des nôtres, elle mérite sa chance. »
Le roi le fixa un instant, ses yeux brillants de froideur. Puis, d'un ton glacé, il répondit :
« Ryan, tu oublies une chose. Les Dragons ne doivent pas savoir qu'un "fils du péché" a été accueilli ici, sous notre toit. Il en va de notre réputation. Et tu sais aussi bien que moi que nos ennemis n'attendront qu'une brèche pour nous attaquer. Il n'y a pas de place pour la faiblesse. »
Ryan, se repliant sous ce regard, garda le silence, la colère bouillonnant encore en lui.
« Je te donne trente jours pour quitter le palais. Utilise ce temps pour trouver un endroit où aller. Mais sache une chose : nous n'avons plus les moyens de te tolérer parmi nous. »
Les mots du roi étaient un couperet, tranchants et définitifs. Les murmures qui suivirent approuvaient la décision, certains avec un calme évident, d'autres un peu trop bruyants, comme s'ils attendaient ce moment. Il y en avait même quelques-uns qui avaient l'air de se réjouir, comme si mon départ était enfin une victoire pour eux.
Le roi se redressa, mettant un terme à la conversation.
Je sentais la chaleur de la honte me monter au visage, mais je ne pouvais pas pleurer ici. Pas devant eux. Je n'avais pas le droit. Mais mon cœur était brisé.
Je me levai lentement, mes jambes flageolantes, mon esprit tournant en rond. Je n'étais plus en mesure de tenir tête à ce qu'il venait de dire. Le regard des autres sur moi, pleins de jugement et de mépris, m'étouffait. Je fis quelques pas, puis m'arrêtai dans l'encadrement de la porte. Je jetai un dernier regard à la salle, à ceux qui m'avaient toujours regardée avec dédain, et je partis.
Je franchis le seuil, mes yeux déjà embués de larmes que je ne laisserais pas couler. Je quittais la salle sans un mot, sans un bruit, mais à l'intérieur, tout s'effondrait.
Je marchais, le sol froid sous mes pieds, ma tête remplie de tourments. La porte se referma derrière moi avec un bruit sourd. Je n'avais aucune destination en tête. Tout ce que je voulais, c'était fuir cette salle, ces regards qui me condamnaient, ce poids sur ma poitrine.
Mais avant même que je puisse m'éloigner, une silhouette apparut derrière moi, me rattrapant presque instantanément. Je m'arrêtai brusquement, l'air gelé m'envahissant, et je tournai lentement la tête.
Ryan. Il était là, juste derrière moi, un pas trop près. Ses yeux, pleins d'inquiétude, brillaient dans l'ombre de la lumière vacillante. Il se tenait là, sous la lueur des chandelles, avec un air de quelqu'un qui hésite, mais je pouvais aussi voir qu'il n'avait pas l'intention de me laisser partir si facilement.
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