L'homme au regard perçant pivote vers moi, un sourire espiègle jouant sur ses lèvres. Ses yeux bleus, d'une teinte si vive qu'ils semblent presque luminescents, m'examinent avec une curiosité presque insolente.

Je vacille légèrement sous son regard, cherchant à retrouver un semblant de contenance. « Euh... merci. Mais je m'en serais sortie toute seule, vous savez », dis-je en me redressant avec un brin de défi.

Son sourire s'élargit, révélant une rangée de dents d'une blancheur éclatante, contraste saisissant avec le monde sombre qui m'entoure. Il est grand, bien trop grand, et sa peau d'une pâleur inquiétante accentue son aura impressionnante.

« Oh, ça, je n'en doute pas une seule seconde », rétorque-t-il, un sarcasme évident dans sa voix. « Vous aviez l'air si... maitresse de la situation. »

Je lui adresse un bref signe de tête, préférant ne pas prolonger cet échange étrange, et me détourne pour quitter la taverne. Mais avant que je n'aie pu faire un pas, une main ferme mais étrangement douce se referme sur mon bras.

« Pas si vite, ma jolie. »

Je me fige, une vague d'alarme déferlant en moi. Ses doigts, bien que froids comme la pierre, ne serrent pas assez fort pour faire mal, mais suffisamment pour m'empêcher de me dégager. Je le fixe, horrifiée. Qui est-il ? Et que me veut-il ?

« J'ai besoin de te parler », ajoute-t-il, son ton toujours léger mais teinté d'une fermeté inébranlable.

Je baisse les yeux vers sa main puis vers la porte de sortie, mes pensées tourbillonnant dans ma tête.

« Écoutez », dis-je d'un ton sec, essayant de ne pas céder à la panique, « je ne sais pas qui vous êtes, mais vous feriez mieux de me lâcher, vous ne savez pas qui vous avez en face de vous ! »

Un rictus amusé étire ses lèvres. « Oh, crois-moi, je sais exactement qui tu es. »

Mon estomac se noue. Il sait ? Non, ce n'est pas possible.

Comme pour répondre à mes pensées, il s'approche légèrement, ses yeux semblant sonder mon âme. « Et si j'étais toi, je ne ferais pas ce que tu es en train de planifier », murmure-t-il.

Je plisse les yeux. « Ah oui ? Vous n'êtes pas moi. Essayez de m'arrêter, pour voir. »

Dans un élan de défi, je m'arrache de son emprise et tente de courir vers la porte. Mais avant même que je n'aie pu faire trois pas, il est là. Ses mains se posent doucement de chaque côté de mes hanches, m'immobilisant avec une facilité déconcertante. Sa bouche s'approche de mon oreille, et je sens son souffle froid effleurer ma peau.

« Dans d'autres circonstances, je t'aurais laissée courir, juste pour le plaisir de te voir essayer. Mais un conseil, ma douce : ne joue jamais à ce genre de jeu avec un vampire. Je suis bien trop rapide pour toi. »

Mon cœur rate un battement. Ses paroles me glacent le sang. Je me retourne lentement, mes yeux s'écarquillant d'horreur.

« Vous... Vous êtes un vampire ? » chuchoté-je, ma voix tremblante.

Il incline légèrement la tête, son sourire se faisant plus carnassier. « Et toi, tu es perspicace. »

Je recule d'un pas, mais son regard me cloue sur place.

« Alors, dis-moi, ma jolie », commence-t-il, son ton soudain sérieux, « que fait une sorcière royale toute seule dans un endroit aussi... sordide ? »

Mon estomac se noue davantage. Il sait. Il a tout vu.

« Vois-tu, un dangereux criminel s'est enfui de chez nous, du pays des vampires », poursuit-il en croisant les bras, sa voix redevenue détendue. « Je suis venu ici pour le traquer et l'éliminer avant qu'il ne cause des dégâts irréparables et n'entraîne nos deux mondes dans une guerre. »

Je reste silencieuse, mon esprit tentant de digérer ses paroles.

« Malheureusement », continue-t-il, un soupçon de regret dans sa voix, « il a fait une victime avant que je ne l'intercepte. Une jeune femme. »

Je déglutis difficilement, comprenant où il veut en venir.

« Et devine quoi ? » ajoute-t-il, son regard devenant plus intense. « Cette victime, c'est toi. »

Je secoue la tête, horrifiée. « Non, c'est impossible... »

« Oh, mais si. Je l'ai tué. J'ai vu ton corps. Et pourtant, te voilà. Vivante. Et c'est là que ça devient intéressant. »

Ses yeux brillent d'une lueur inquisitrice, presque fascinée.

« Maintenant, explique-moi une chose », dit-il en s'approchant un peu plus. « Comment se fait-il que tu sois toujours en vie après une morsure ? Les femmes ne survivent jamais au venin d'un vampire. Jamais. »

Je reste silencieuse, paralysée. Puis, désespérée, je tente un mensonge.

« Je... Je n'ai pas été mordue. J'ai perdu connaissance avant qu'il ne puisse m'atteindre », balbutié-je.

Un sourire narquois éclaire son visage. « Ah oui ? Intéressant. »

Avant que je ne puisse réagir, il tend la main vers mon cou. Ses doigts froids effleurent ma peau, et il tire doucement sur mon châle, dévoilant deux marques distinctes de crocs.

« Mauvaise nouvelle pour toi, ma belle. Tu mens très mal. »

Je porte instinctivement ma main à mon cou, reculant d'un pas.

« Maintenant, écoute-moi bien », dit-il, son ton redevenant sérieux. « Tu es en train de muter. Le venin ne t'a pas tuée, et ça, c'est une anomalie. Une très grande anomalie. Tu as besoin de quelqu'un pour te guider, et, malheureusement pour toi, cette personne, c'est moi. »

« Je ne préfère pas », répliqué-je, ma voix pleine de défi.

Il hausse les épaules avec une nonchalance feinte. « Tu n'as pas vraiment le choix, ma douce. Les règles ont changé. Et en passant, tu ne fais plus vraiment partie du monde des sorciers. »

« Bien sûr, et vous allez me transformer en bête de foire ? Non merci », craché-je.

Il éclate de rire, un rire chaud mais moqueur. « Une bête de foire ? Non. Mais si tu continues à t'obstiner, tu risques de devenir une bête tout court. Tu as besoin de moi. Alors, arrête de me résister et réfléchis un peu. Tu veux des réponses, non ? »

Je reste silencieuse, ses paroles résonnant en moi. Il a raison. J'ai besoin de comprendre ce qui m'arrive. Et, de toute façon, où pourrais-je aller ?

« Très bien », finis-je par murmurer, hésitante. « Mais si vous essayez quoi que ce soit, je vous tuerai. »

Son sourire s'élargit, et il incline légèrement la tête. « Tu peux essayer. Mais pour l'instant, suis-moi. »