Chapitre 4
Dès que j'ouvre les yeux ce matin, j'ai la certitude que cette journée va être formidable. D'autant plus qu'il fait un temps radieux et que Marie-Antoinette a gardé le silence pendant le petit déjeuner, pour mon plus grand bonheur.
Il est neuf heures précises. Je rentre dans la galerie des glaces, je n'ai jamais eu aussi hâte de me rendre à la réunion des ministres.
Mr Styles est là, un peu en retrait. Il est nonchalamment appuyé contre le mur et contemple scrupuleusement la foule. Son air sérieux me fait rire. Il est beau comme ça, les bras croisés et les cheveux ébouriffés. Son teint buriné et son air courroucé contrastent avec les pâleurs cadavériques et les moues aguicheuses des aristocrates. Cet homme est si différent de tous ceux que j'ai pu connaitre, plus vrai et plus attirant.
Je m'arrête au milieu de la salle. Une fois n'est pas coutume, les nobles se rassemblent alors autour de moi tels des vautours, prêts à se jeter sur le moindre mot que je laisserais échapper. Je sais que tous me scrutent avidement, j'ignore le regard perçant d'un brun aux iris émeraude.
D'un ton sans appel, j'exige :
- Qu'on m'amène La misandrie.
Deux petits comtes la poussent au centre de la pièce comme une malpropre, ils me lancent ensuite des grands sourires pour que je les remarque bien. Elle rougit un peu, sans se départir de son insupportable sourire arrogant.
Je lance d'une voix forte :
- La prochaine fois que vous voudrez voir les écuries propres, faites le vous-même. L'esclavage n'est pas quelque chose que je tolère à l'intérieur de ce palais. Que ce soit la dernière fois que j'entends votre nom cité dans un scandale. La prochaine fois vous récurerez tous les sanitaires du château.
Elle me susurre à l'oreille, peu troublée par mes menaces :
- Je ne vous savais pas si agressif sire. Vous êtes si docile au lit.
Je me retiens de la frapper. Ce ne serait pas convenable. En mon for intérieur, je la couvre d'insultes. Si j'avais été plus jeune, je lui aurais tiré la langue. Cette peste ne perd rien pour attendre.
Personne n'a entendu la menace qu'elle a susurrée. Mon honneur est sauf. Nous avons couché une seule et unique fois ensemble, c'était il y a une éternité.
L'assemblée retient son souffle, s'attendant surement à ce que je réponde une réplique cinglante. Je choisis de rester digne en gardant le silence.
Mon attention est détournée par un rire gras. Mr Styles, évidemment.
Il lance, sarcastique :
- Ce n'est pas vraiment ce que vous espériez comme réaction, n'est ce pas votre altesse ?
Je ne lui jette pas un coup d'œil, préférant l'ignorer.
Après avoir lancé un regard circulaire à la foule qui se délecte du spectacle, je tourne les talons pour pénétrer dans la salle de réunion.
Les nobles se mettent à piailler de plus belle. La cour n'est pas habituée à ce que je sorte de mes gonds. D'habitude, je suis le premier à appliquer les conventions à la lettre. Ils me surnomment même le roi mou, ils me jugent incapable de gouverner le royaume. Comme si eux le feraient mieux.
C'est renfrogné et de nettement de moins bonne humeur que j'écoute d'une oreille distraite mes conseillers argumenter sur la possible expansion de mes jardins.
Les paroles de Gemma me reviennent en pleine face. Je suis le roi, j'ai le pouvoir de faire changer les choses. Je prends mon courage à deux mains et m'interpose dans leur discussion futile :
- Il y a de graves problèmes de famine dans mes campagnes. Comment pouvons-nous y remédier ?
Ils se mettent tous à rire de bon cœur, je ne comprends pas vraiment la raison de leur hilarité.
Le ministre des finances finit par se calmer :
- Voyons, sire, ce n'est pas à vous de vous occuper de ça. Nous sommes là pour ce genre de question.
- Et donc, concrètement, quelle est votre solution ? La situation ne se règlera pas seule.
Leur rire devient gêné. J'ai touché un point sensible. Aucun ne répond. Ils ne font rien pour y remédier. Je ne sais même pas pourquoi cela m'étonne encore.
- Sire, vous préfériez des teintures argentées ou dorées pour le bal de demain ?
J'ai envie d'hurler, de leur cracher à la figure que ce n'est pas crucial. Des milliers de personnes meurent de faim dans mon propre pays, alors qu'ici on se remplit la panse sans effort. C'est injuste. Je suis le roi et je ne suis même pas capable de faire bouger les choses.
Je me lève, et sans un mot, je sors. Je ne veux pas être complice de leur déni.
Mr Styles est encore là, accoudé à une fenêtre. Il contemple les jardins et le canal qui s'étendent à perte de vue. Il m'a forcément entendu, vu le fracas que j'ai fait pour sortir, mais ne se retourne pas.
Alors que je vais me réfugier dans mes appartements, il dit sans se me regarder :
- Donc vous êtes le roi. Je n'aurais jamais pu l'imaginer.
Je m'arrête.
Ce n'est pas un jugement, juste une constatation.
J'explique :
- On ne choisit pas qui l'on est.
- Mais on choisit qui l'on décide de devenir.
Je pouffe tristement.
- Ce n'est pas si simple vous savez.
- Évidemment. Ils sont plutôt chouettes vos jardins. Et les forêts là bas, vous y chassez parfois ? Il doit y avoir de grosses bêtes.
Il n'insiste pas plus, je lui en suis reconnaissant. On parle un long moment, surtout de chevaux et de gibier, en évitant consciemment les sujets qui fâchent. Il m'explique qu'il péchait avec son père. Il a des étoiles dans les yeux quand il en parle. Son enthousiasme est communicatif. Je lui raconte les plus belles chutes de Liam, qui est un piètre cavalier, et il rit de bon cœur.
Je lui propose :
- Il y a un bal demain. Ce sera déguisé et masqué. Tous ceux qui habitent ce palais sont conviés. Vous feriez nous l'honneur de votre présence ?
Il ricane, des adorables fossettes se creusent dans chacune de ses joues. Il est si jeune.
- Ce sera avec grand plaisir. J'aime faire la fête. Par contre, il est possible que Gemma ne puisse pas venir, cette vaurienne a attrapé froid en se promenant la nuit dans les jardins.
- Rien de grave ?, je demande, le front plissé par l'inquiétude.
- Non. Elle est vaillante, elle s'en remettra vite. J'espère simplement que cela lui servira de leçon.
Si jeune et pourtant si responsable.
Nda :
-Qu'en avez-vous pensé ?
Louis est roi, mais n'a pas tant de pouvoir que ça.
-Que va-t-il bien pouvoir se passer au bal entre Louis et Harry ?
Ils ont vécu leur rencontre officielle, qui s'est relativement bien passé.
-Je me rends compte que j'écoute pas mal de musiques en écrivant. Est-ce que ça vous intéresserait que je les mette en début de chapitre ou alors carrément une playlist que je compléterai au fur et à mesure ?
Merci de votre soutien
Kiss Xx
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