Chapitre 2
Je m'apprête à rentrer dans le bureau maudit quand une frêle main m'intercepte. C'est la douce femme à la jolie robe jaune. Elle me demande :
- Sire, serait-il possible que mon frère vienne travailler dans vos écuries ?
Les brouhahas s'intensifient. On entend distinctement depuis la foule :
- Regardez cette pauvre fillette sortie des champs, elle essaye de se prostituer. C'est dommage pour elle, le roi ne mange pas de ce pain là. Il les préfère plus dodues.
Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui tente de me provoquer. Je l'ignore comme toujours. La Duchesse de Misandrie n'a pas supporté que je désigne un autre homme que son époux en tant que ministre des finances. Son mari ne sait même pas compter.
Effrayée, la demoiselle se rétracte :
- Non, non. Ce n'était pas une bonne idée. Vous avez à faire. Ce n'est pas important.
Je lui souffle à l'oreille, pour qu'elle seule m'entende :
- C'est réglé. Vous l'emmènerez voir Liam qui lui donnera un emploi.
Elle se répand en remerciements que je balaie de la main.
Le sourire aux lèvres, je pénètre dans le bureau.
***
La demoiselle de ce matin se nomme Gemma. Elle est arrivée de Rouen il y a deux jours. Je suis entrain de lui faire visiter le parc et ses alentours. Elle reste bouche bée devant le Trianon avant de s'exclamer :
- C'est l'endroit parfait pour organiser des pic-nic entre amis.
- Pourtant il n'y en a jamais eu un seul, et ce n'est pas près de changer.
Elle fronce les sourcils, décontenancée.
Son innocence m'amuse. Je lui explique qu'aucune dame de la cour ne se risquerait à s'asseoir à même l'herbe, de peur de salir leurs toilettes.
De toute manière, je n'ai pas d'amis à proprement parler. Tous ceux qui me côtoient le font par intérêt. Liam est la seule personne qui sait tout de moi dans ce château, nous avons été éduqués ensemble. Mes premiers combats à l'épée en bois furent contre lui.
On passe un très agréable moment. J'apprends qu'elle est fiancée au baron de Petivillage. Je suis rassuré, il fait parti des gentilshommes les plus honnêtes, ne trichant qu'occasionnellement aux jeux d'argent. Il est l'un des rares à m'être resté loyal depuis mon accession au pouvoir.
J'intime à Gemma de ne surtout pas hésiter à me faire part de la moindre menace ou intimidation qu'elle peut subir. Elle ne prend pas mon avertissement au sérieux, ce qui m'agace. Dans deux semaines, elle pleurera car toutes ses robes auront été brulées par une des sbires de la Misandrie.
Elle m'a dit que sa famille avait d'importants problèmes financiers. Ses parents, paysans, ont subis les aléas météorologiques de cette terrible année, les récoltes ont été bien maigres. C'est pour cette raison que ses parents l'ont envoyé à la cour, pour se marier. Elle a refusé tout geste de générosité de ma part.
Ce n'est pas la première fois que j'entends parler de ces problèmes de famines dans les campagnes.
Mais il y a plus important, le bal masqué qui doit se tenir la semaine prochaine. Mes différents ministres travaillent d'arrache pied pour le rendre parfait. Il est même possible des feux d'artifices soient lancés. Le spectacle sera révolutionnaire.
***
Une calèche vient de me réveiller de ma courte nuit en entrant dans la cour, il est extrêmement tôt. Le soleil n'est pas encore levé. D'une humeur exécrable, je m'accoude à la fenêtre, bien décidé à distinguer le responsable.
Un jeune homme récupère sa valise du carrosse. Le coche fait demi-tour créant un nuage de poussière qui aveugle momentanément l'individu. Il vient assurément de la campagne, son teint buriné, sa mine rougie ainsi que ses chaussures boueuses et démodées ne mentent pas.
Sa perruque est incroyablement réaliste, bouclé et soyeuse à souhait.
***
Je me rends au bureau d'un pas lourd. Le chemin me parait plus long chaque jour. Les nobles s'entassent, plus nombreux encore qu'hier. On me complimente sur ma beauté et ma fraicheur, je sais pourtant que j'ai d'immenses cernes. Leur hypocrisie est consternante.
Gemma n'est pas parmi eux, je ne sais si cela doit me rassurer ou m'inquiéter.
***
Le ministre de la finance expose des longues listes de chiffres ennuyantes.Via la vitre, j'aperçois le voyageur de ce matin. Il est fascinant à s'occuper de Tornade de cette manière. Tant d'attention et de douceur transparaissent de ses gestes. Mon cheval de chasse est l'un des biens qui m'est le plus cher, cela me rassure que Liam engage quelqu'un de compétent pour s'en occuper avec précaution.
Le comptable toussote, ramenant mon attention aux colonnes de données abstraites griffonnées. Visiblement, il souhaite que je trouve une solution miracle. J'émets l'idée d'augmenter les impôts pour réduire les dettes. Personne ne conteste ma décision. Ils applaudissent tous avec réticence, pour être poli.
Ils ne voudraient pas me fâcher, je suis le roi.
Nda :
Je me suis rendue compte que je n'avais pas fait d'avertissement pour les homophobes et autres bornés. Qu'ils aillent manger des pruneaux.
L'économie et moi ça fait 432, j'ai fait quelques recherches mais j'espère qu'il n'y a pas de grosses bêtises. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le signaler.
Larry se parle dans le prochain chapitre !!
- Comment imaginez-vous la rencontre entre le roi et le gueux ?
- Comment trouvez-vous Louis ?
Petite dédicace à Samus aran
Kiss Xx
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top