Pour le coup je ne l'avais pas vu venir celle-là.

Comment Kiara peut-elle être autre chose qu'humaine alors qu'elle ne présente aucun pouvoir particulier ?

— Vas-y, parle, je veux tout savoir !

Mon père se retourne vers moi.

— Retrouvons d'abord ce collier et on aura une discussion après.

— Hors de question. Elle est quoi ? Dis-le-moi !

Il ne me répond pas ce qui a le don de m'exaspérer. Il quitte la bibliothèque en direction du bar du château.

— Luke, va au bar chez Lety et retrouve-moi ce collier.

Je soupire, contrarié et m'éclipse.
Je fonce au bar le Lety, il n'y a plus que trois soulards accoudés au bar, complétement soul. Je fouille minutieusement celui-ci mais je ne trouve aucune trace du collier. Je regagne le château et mon père m'indique que de son côté aussi c'est un échec. On regagne la pièce où Kiara s'est assoupie. Esteban est assis à ses côtés.

Connard !

Mon père fait un signe de la main à Esteban pour qu'il nous rejoigne à l'extérieur sans réveiller Kiara. Mon père referme la porte délicatement et s'éloigne un peu avant de reprendre la parole :

— Esteban, il faudrait que vous accompagniez Luke au bungalow de Kiara, pour rechercher son collier.

Hein ? C'est quoi ses conneries ?

— Sûrement pas ! grondé-je en fixant d'un œil noir Esteban.

Je n'ai qu'une envie...étriper cet enfoiré, alors faire équipe avec lui, il n'en est pas question.

— Luke, il était avec Kiara ce matin, il saura mieux que quiconque les endroits où elle est allée. Prends un peu sur toi, mon fils !

Fais chier !

Je soupire car je sais que mon père a raison. Je pèse le pour et le contre mais la peur de perdre Kiara l'emporte. Je file vers l'ascenseur pour descendre au deuxième sous-sol afin de prendre une voiture. Je suis toujours ravi d'admirer ma collection de belles voitures. De nombreux modèles dont certains rarissimes sont exposés là, comme dans un musée et deux d'entre elles sont des exemplaires uniques au monde. J'opte pour la Bentley grise pour cette escapade et regagne le perron du château où m'attendait Esteban.

Connard !

J'inspire profondément, je vais devoir me coltiner 7 heures de route aller/retour avec cet abruti. Il s'installe sur le siège passager sans un mot. La tension est palpable dans la voiture.

— Votre altesse, j'aimerais savoir pourquoi vous avez tant d'animosité envers moi, alors que jusqu'à présent on s'entendait plutôt bien ?

Je tourne la tête légèrement vers Esteban, surpris qu'il ose prendre la parole et me reconcentre à nouveau sur la route pour éviter de l'étriper. Un bon quart d'heure s'écoule avant qu'Estéban ne revienne à la charge.

— Luke, il faut que nous discutions ! On ne peut pas laisser les choses s'envenimer comme ça.

Il ne peut pas fermer sa gueule ?

— Taisez-vous !

— Ça servirait à quoi ? On n'avancera pas. Vous avez des sentiments pour Kiara ?

J'explose. Je lâche le volant une fraction de seconde et cogne violemment Esteban contre la vitre qui se brise sous l'impact avant de reprendre le volant.

— JE VOUS AI DIT DE LA FERMER ! hurlé-je.

— Vous pourrez me frapper autant que vous le voudrez mais Kiara est mienne et elle le restera.

Je vais le buter ! Sérieux je vais tuer ce fils de pute !

Je pile au beau milieu de la route avec des envies meurtrières. Je lorgne la boite à gants où je sais pertinemment que j'y trouverait un pieu mais il capte mon intention.

— Si vous faites ça Luke, comment croyez-vous que Kiara réagira ? Votre relation amicale sera bel et bien terminée.

— On n'a pas une relation amicale, imbécile. Elle m'appartient, elle m'a choisi en premier.

— Mais c'est avec moi qu'elle veut être, Luke. Je pense sincèrement qu'elle aurait pu vous choisir mais votre arrogance et votre caractère l'empêcheront à jamais d'être à vous.

— Depuis son arrivée au château, je trouve que vous avez changé. Je suis intimement persuadé que vous cachez quelque chose, Esteban et je vous fais la promesse que je finirai par découvrir ce que c'est pour pouvoir vous tuer en personne.

Je reprends la route.

— Je ne cache strictement rien. Vous êtes juste jaloux de ma relation naissante avec Kiara.

Quel enfoiré !

— JE NE SUIS PAS JALOUX, VU QU'ELLE EST MIENNE. VOUS N'ÊTES QUE SON JOUJOU.

— Vous ne pouvez pas vous appropriez quelqu'un qui ne veut pas de vous !

Je pile à nouveau. Heureusement que la route est déserte à cette heure de la nuit.

— QUI NE VEUT PAS DE MOI ? TAISEZ-VOUS AU LIEU DE DIRE DES CONNERIES. ELLE ÉTAIT À DEUX DOIGTS DE ME VIOLER CET APRÈS-MIDI DANS MA CAISSE. SI JE N'AVAIS PAS REFUSÉ SES AVANCES ELLE NE SERAIT PAS ALLÉE SE CONSOLER DANS VOTRE LIT. JE L'ATTIRE, ELLE ET MOI ON A UN LIEN QUE VOUS N'AUREZ JAMAIS, hurlé-je avant de redémarrer en trombe en poussant l'accélérateur au maximum.

— Elle a vraiment voulu le faire avec vous cet après-midi ? me demande Esteban surpris.

Je souris, mais d'un sourire carnassier. Je suis heureux d'avoir réussi à toucher Esteban.

— Oui, elle a enjambé le levier de vitesse et s'est posée à califourchon sur moi. Elle m'a supplié de la prendre sur une aire d'autoroute mais j'ai refusé. Elle était frustrée sexuellement voilà pourquoi elle s'est retrouvée dans votre lit ce soir.

Je sais que c'est faux, et que c'est surtout lié à la discussion qu'on a eu dans la remise de la bibliothèque, mais je veux faire mal à Esteban, par tous les moyens possibles.

— Je lui demanderai de choisir en rentrant, me dit Estéban.

— Elle est vulnérable donc vous allez la fermer et la laisser reprendre des forces.

— Pourquoi doit-on rechercher son collier ? Qu'est-ce qu'il a de si important ?

Je ne réponds pas, ne faisant pas confiance à Esteban et je m'égare dans mes propres pensées :

Si Kiara n'est réellement pas totalement humaine, qu'est-elle donc ? Comment un simple collier peut-il la protéger ? Et qu'y avait-il dans cette fiole miraculeuse ?

Voir Kiara dans un tel état m'a profondément affecté. Esteban interrompt ma réflexion.

— Si le collier est tombé dans la mer lors de la séance de parachute ascensionnel, vous allez louer des palmes et un tuba ? pouffe Esteban, en regardant par la fenêtre brisée.

Je dois me battre contre moi-même pour résister à l'envie de lui enfoncer un pieu dans le cœur. Je ne réponds pas et regarde fixement la route devant moi, les doigts crispés sur le volant pour me calmer.

— Il y a une chose que je ne comprends pas, votre Majesté.

Il ne peut pas se la boucler sérieux ?

J'inspire profondément. Rien que le son de la voix de cet idiot commence à me rendre fou.

— Kiara est l'exact opposé de Laila, elle n'est ni soumise, ni docile, ni brune, ni mate de peau. Rien de ce que vous recherchez habituellement. Pourquoi subitement vous devenez accro à elle ?

GARDE...TON...CALME...

J'inspire et expire profondément mais il poursuit ses provocations.

— Vous ne vous êtes jamais demandé, si Laila, ne se serait pas tout simplement barrée avec un autre vampire, parce que vous l'insupportiez ?

Qu'est-ce qu'il vient de dire là ?

Ma colère explose. Le véhicule quitte la route dans une grande embardée. Je me jette littéralement sur Esteban. Le véhicule cogne violemment le talus dans un fracas assourdissant et on est tous les deux éjectés de la Bentley. Je me relève indemne et me rue sur Esteban en plein milieu de la chaussée. On échange des coups violents et Esteban me flanque un poing dans le visage. On se déplace à une vitesse effarante dans notre lutte bestiale. Un véhicule s'arrête à notre hauteur avec les warnings allumés. Trois vampires interviennent au bout de longues minutes de lutte pour nous séparer. Je saigne un peu mais Esteban est tout de même beaucoup plus amoché que moi.

— Votre Majesté, calmez-vous, me lance Tom, mon bras droit.

Deux autres vampires me retiennent par les épaules pendant qu'Estéban essuie comme il peut le flot de sang qui coule sur son visage.

— Qu'est-ce que vous foutez-là ? demandé-je en jetant un œil à ma magnifique Bentley, hors d'usage.

L'une de mes voitures préférées !

— Votre père nous a demandé de vous suivre à distance au cas où.

Je secoue la tête, exaspéré.

— Ramenez-moi au château, Tom ! soufflé-je en me dégageant. Allysandre, quant à vous rester sur place et occupez-vous du remorquage du véhicule.

Mon regard se pose à nouveau sur Esteban.

— Quant à vous, inutile de vous préciser que vous êtes renvoyé et banni de mon royaume. Si je vous croise à roder sur mon territoire, je vous ferai exécuter sur le champ. Ne vous approchez plus de Kiara.

Le visage d'Estéban se décompose. Je monte dans le véhicule avec Louis, un vampire de ma garde et ordonne à Tom de démarrer. Laissant Esteban et Allysandre sur place. Je baisse le pare-soleil où se trouve un miroir pour examiner les dégâts sur mon visage. Je grimace même si je sais très bien que dans quelques heures il n'y n'aura plus rien. Arrivé au château, je descends et attend que Tom arrive à ma hauteur.

— Je veux que vous vous occupiez de l'interdiction de séjour d'Estéban sur mon territoire, dès maintenant.

Il approuve.

— Très bien, je vais me charger de l'administratif, de prévenir l'équipe de garde et de sécurité et lancer le recrutement pour son remplacement. Par ailleurs, le roi du territoire nord demande à vous rencontrer rapidement.

— Que me veut Paul ? Il n'y a aucun nouvel accord à signer.

— Il n'a pas précisé le motif de la rencontre, mais il n'avait pas l'air content.

— Hé ben, allez-y à ma place, vous êtes mon bras droit après tout.

— Il a bien précisé que votre présence est indispensable.

Je soupire.

J'ai d'autres chats à fouetter que de me rendre sur le territoire du roi du secteur Nord !

— Très bien. Quoi d'autre ? demandé-je en remontant les marches menant au château.

— Je voulais aussi que vous sachiez que l'on n'a toujours pas réussi à localiser Anna.

— Je n'aurais jamais dû écouter mon père et la tuer quand il en était encore temps.

— Si je puis me permettre, c'est une jeune vampire, elle n'est d'aucun danger pour vous.

— Je sais mais je refuse qu'il y ait des électrons libres sur mon territoire. Retrouvez là.

— Très bien, votre Majesté.

— Tom, je vous ai déjà dit d'arrêter de m'appeler ainsi, vous êtes mon plus fidèle et loyal serviteur, Luke ou Monsieur, ça suffira.

Il hoche la tête en souriant.

— Votre réunion de demain avec les ambassadeurs chinois, vous souhaitez qu'on la reporte ?

— Non, on ne peut pas les faire attendre, leur susceptibilité doit être ménagée si on veut signer les plus gros contrats. Vous me représenterez. Prenez connaissance des dossiers avant la rencontre, ils se trouvent dans mon bureau, dans le tiroir.

— Bien, Monsieur. Me permettez-vous de vous demander comment se porte Kiara ?

— Je pense que ça va mieux, je vais d'ailleurs aller la retrouver. S'il n'y a rien d'autre, vous pouvez disposer, merci Tom. Pouvez-vous prévenir mon père de la situation actuelle concernant Esteban ?

— Oui, je transmets l'information. Bonne nuit, Monsieur.

J'hoche la tête et regagne l'ancienne chambre d'Estéban. Kiara est toujours profondément endormie, la bouche entrouverte. Je file prendre une douche, me sèche et reste en caleçon avant de me glisser sous les draps avec Kiara, en restant à bonne distance. Ça me dégoute d'être dans le lit de se bouffon mais je veux rester près d'elle. Je m'endors rapidement car il est déjà 6h du matin et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit avec toutes ces péripéties. Je suis réveillé quelques heures plus tard quand Kiara roule sur mon torse en gargouillant des paroles incompréhensibles. Une appréhension s'empare de moi,

Est-ce-que je peux la toucher sans lui faire de mal ?

Elle ne se réveille pas, et je pense donc que tout va bien. Je dépose un baiser sur ses cheveux et ferme à nouveau les yeux tandis qu'elle se pelotonne contre moi.

Hum... s'est trop bon !

À 11h, Kiara se réveille pour de bon et pousse un petit cri de surprise en me voyant dans le lit avec elle.

— Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-elle en reluquant avec plaisir mon corps sculpté.

— Ne t'inquiète pas, je n'ai pas abusé de toi, si c'est ça qui te fait peur. On a juste dormi ensemble. C'est toi qui t'es pelotonnée contre moi.

Elle rougit avec un sourire d'excuse puis son visage s'éclaire.

Qu'elle est belle quand elle sourit comme ça, putain !

— Oh, mais ça veut dire que je peux te toucher ! s'extasie-t-elle

J'hoche la tête.

— A ta disposition, bébé.

— N'en profite pas ! Où est Esteban ?

Eh merde !

La question d'Estéban vient trop tôt à mon goût. Je cherche mes mots mais elle m'interrompt.

— Qu'est ce qui est arrivé à ta lèvre ?

Elle se rapproche de moi, pose une main sur mon torse et examine mon visage. J'ai du mal à respirer tant sa présence si proche de moi me rend fébrile. Je passe un bras autour de Kiara et me redresse dos au lit en entraînant Kiara sur mes genoux.

— Bébé, je sais que ça ne va pas te plaire mais je n'ai pas envie de te mentir et...

Des coups à la porte interrompt ma confession. C'est mon père, les bras chargés d'un sac en plastique qu'il pose contre le mur au pied du lit. Il ne cache pas sa surprise de voir Kiara sur moi.

— Comment vous vous sentez, Kiara ? lui demande mon père en s'approchant d'elle.

Elle essaie de se dégager pour retrouver un peu de dignité, mais je la retiens sur moi.

— Ça va mieux, je n'ai plus rien. J'ai dû abuser de l'alcool.

— Pas vraiment Kiara. Je ne sais pas trop si c'est le bon moment pour vous parler de tout ça, mais le problème c'est que vous ne pouvez pas quitter cette chambre sans protection.

— Sans protection ? Que voulez-vous dire ?

— Kiara, quand vous m'avez demandé si j'étais votre père biologique je vous ai répondu que non, mais je ne vous ai pas pour autant précisé que je savais de qui il s'agissait.

— Vous connaissez mon père ? lui demande Kiara, les yeux exorbités de surprise devant cette nouvelle.

— Oui, il s'appelle Tarannon.

C'est quoi ce prénom ?

— Vous êtes sérieux ? Il a un nom à coucher dehors ! dit-elle en riant.

— Kiara, c'est important ce que j'ai à vous dire. Je vous demande un peu d'attention.

Elle retrouve son sérieux.

— Donc votre père s'appelle Tarannon. Il est parti à votre naissance mais avait remis à votre mère la petite fiole que j'ai dû utiliser pour vous soigner hier. Le problème qui se pose maintenant, c'est qu'il n'y en avait qu'une, Kiara et que, sans votre collier, vous êtes vulnérable.

— Vous ne l'avez pas retrouvé ? demande-t-elle.

Avant que mon père ne réponde, elle reprend :

— Mais en quoi la perte de ce collier me rendrait-elle vulnérable ?

— Ce collier est un talisman que votre père a confié à votre mère pour qu'elle vous le remette. Ce collier est vital pour vous Kiara. Je ne sais pas comment vous l'annoncer Kiara et je ne pense pas qu'il y ait une bonne façon de le faire.

— Allez-y Samuel, crachez le morceau !

— Votre père est un fée, Kiara.

Bordel, ma chieuse est une fée ?

Elle fixe mon père pendant de longues secondes avant d'exploser de rire. Elle n'en croit pas un mot.

— Samuel, sans vouloir vous manquer de respect, vous avez fumé la moquette ce matin ?

Kiara pouffe à nouveau.

— Vous ne vous êtes jamais demandé d'où pouvait vous venir ce don de télépathie ?

Kiara redevient sérieuse en dévisageant mon père.

— Vous voulez dire que si j'arrive à lire dans les pensées, c'est à cause de mon père ?

— C'est plutôt grâce à lui, en effet, Kiara.

— Samuel, c'est intéressant votre théorie mais il y a un petit hic. Ma mère lisait aussi dans les pensées. Donc si ce don venait de mon père, il faut que vous m'expliquiez !

J'écoute avec le plus vif intérêt la discussion tout en caressant avec douceur le dos de Kiara dans un geste affectueux.

— Votre mère n'a eu ce don qu'à votre naissance, Kiara. Votre père a partagé son sang féerique avec elle, et le lien sanguin créé avec sa grossesse a accentué le phénomène.

Kiara sourit et lance :

— Un fée, c'est les petits machins avec des ailes qui volent comme dans Peter pan ? glousse-t-elle.

Mon père remet à Kiara un petit bracelet tressé dans du fil rouge et doré. Il était tout usé par le temps et effiloché.

— Que voulez-vous que je fasse avec ça ? Ça ne répond pas à mes questions !

— Appelez votre père. Il saura mieux vous expliquer les choses.

— Vous voulez dire que je peux joindre mon père avec ce bracelet ?

Mon père approuve d'un hochement de tête et Kiara éclate de rire à nouveau.

— Je dois le coller à mon oreille et dire allô ? C'est bien ça ?

Mon père ne relève pas la blague. Il semble avoir du mal à lui faire prendre au sérieux cette partie d'elle-même.

— Caressez le trois fois, Kiara.

Elle sourit et caresse le bracelet sans vraiment y croire. Un nuage blanchâtre envahit aussitôt la pièce avant de s'estomper, laissant la place à un homme très grand avec des cheveux grisonnants. C'est l'homme de la photo. Son visage porte les signes de l'âge. Kiara porte la main à son cœur, bouche bée et il s'approche d'elle.

Oh putain, cette odeur de confiserie que dégage Kiara, là c'est puissance mille avec son père.

Mes canines s'allongent sans même que j'y réfléchisse.

— Bonjour ma fille, lâche Tarannon calmement en la regardant dans les yeux, les mêmes yeux perçants que Kiara.

Kiara se lève et frappe de ses poings toutes les parcelles de son corps accessibles. Je tente d'intervenir mais c'est un grognement sourd et profond qui sort de ma bouche. Je n'ai plus qu'une idée en tête :

Le vider de son sang !

La seconde d'après sans rien comprendre je me retrouve propulsé dans un grand fracas contre le mur à l'opposé. Tarannon n'a pas bougé et Kiara pousse un cri de stupeur. Mon père se précipite sur moi.

— Contrôle-toi Luke, bloque ta respiration ! ordonne mon père.

Me contrôler ? Impossible, je ne réponds plus de rien.

Je suis comme enivré par l'odeur attractive de fée dans la pièce. Je n'ai plus aucune conscience, comme si j'étais drogué. Je me relève en grognant comme une bête enragé prêt à revenir à l'attaque et Tarannon lève la main dans ma direction. Une traînée dorée tourbillonne au cœur de sa paume de la main gauche.

— Non, Tarannon, c'est mon fils ! Je m'occupe de lui, s'exclame mon père en s'interposant devant moi.

Je me débats avec mon père violement. Je le chope à la gorge brutalement et je perçois Kiara amorcer un pas vers moi mais Tarannon lui saisit l'épaule pour la retenir à distance.

— Lâchez-moi, crache-t-elle en se dégageant.

— Partez ! ordonne mon père à Tarannon en sentant que la situation allait lui échapper tant je devenais fou.

Il n'hésite pas une seconde. Il attrape Kiara par le bras et un nuage de brume s'empare d'eux.