La campagne du Gévaudan était comme à son habitude en cette saison, plongée dans une sombre brume matinale qui avait fournit tant de contes à ce pays de mystères. Au milieux des champs couverts de cette brume une voiture noire fonçait à vive allure à travers les champs. A l'intérieur la Princesse de Sang Pur, Lady Silvia Tréïde. La Princesse regardait à travers la fenêtre le paysage brumeux avec inquiétude. Il y a quelques jours, alors qu'elle venait de rentrer à son hôtel particulier à Paris, une fois la semaine de deuil impérial faite, dans le but de pouvoir consommer son chagrin avec quiétude, une lettre l'avait extirpé de force de sa léthargie mélancolique. Une lettre qui provenait tout droit du domaine Impérial en Ecosse : L'Empereur était mort. Et Silvia ne savait que trop ce que cela impliquait. L'Empereur était mort et son unique descendant était mort la semaine précédente. Tant de morts dans une famille de Sang Pur, impériale qui plus est, n'était pas sans conséquences. Les tensions avaient alors d'un seul coup explosés entre toutes les familles de Sang Purs et même chez les nobles vampires. Les circonstances de la mort de l'Empereur étaient telles le paysage : plongées dans la brume. Et ce n'était que le présage d'une chose : Il avait été assassiné. Et en plus de ce grave constat il n'y avait personne au pouvoir. Ce qui signifiait qu'à n'importe quel instant les vampires du monde entier lorsqu'ils apprendraient la nouvelle pourraient se jeter sur tout les humains qui passaient. Pas d'empereur, pas de loi.

C'est la raison pour laquelle dès que Silvia eut vent de la nouvelle elle s'était jeter à la hâte dans un avion puis dans un véhicule pour se rendre au plus vite vers la seule personne qui pouvait l'aider : son frère. Car il était évident que toutes les familles allaient se battre pour prendre le pouvoir. Mais elle, qui était la fiancée de l'unique héritier, était de loin la plus proche parente de l'Empereur et donc l'héritière légitime. Mais encore fallait-il que les grandes maisons acceptent cette décision.

La voiture se dirigeât à toute allure vers d'immenses grilles de fers couvertes de lierre qui s'ouvrirent rapidement devant la voiture qui continuât sa course à travers un immense parc à l'abandon. Au milieu du parc apparut rapidement un grands manoir, aux proportions néanmoins biens simples pour la demeure d'un puissant vampire. Mais c'était ainsi, Lord Alan n'avait jamais aimé les grandes maisons. Tout comme sa soeur d'ailleurs.

La voiture se gara dans la grande allée en face de l'immense battant de bois qui servait d'entrée. Silvia descendit sans plus attendre de la voiture en donnant congé à son chauffeur pour se diriger vers la porte qui s'ouvrit sur une domestique qui s'inclina devant Silvia qui entrait dans la demeure.

- Lady Silvia.

Une humaine ! Silvia regarda la servante avec dédain. Elle n'avait jamais supporté les humains, mais son frère les appréciait tellement que tout son personnel était de cette répugnante espèce.

- Où est mon frère ? Demanda rudement Silvia.

- Il dors ma Dame. Répondit la servante les yeux baissés.

- Depuis combien de temps est-il dans son sommeil ?

- 50 ans ma Dame.

La servante semblait embarrassé. Jamais elle n'avait vu une vampiresse aussi impressionnante que celle que se tenait devant elle. Il fallait dire qu'avec sa chevelure de jais et son regard sombre la vampiresse était des plus impressionnantes.

- Amenez-moi à sa chambre. Tonna la vampiresse d'une voix royale.

Aussitôt la servante lui jeta un regard désespéré qui ne fit qu'augmenter la répugnance de la Sang Pur pour les êtres humains. Si faibles, pensa-t-elle.

- Mais ma Dame... Monsieur avait demandé à ne pas être dérangé et... commença à bredouiller la servante.

- Vous avez entendu ce que je vous ai demandé ?! Tempêta Silvia. Et apportez moi son repas.

La servante esquissa une rapide révérence avant de s'enfuir presque en courant, laissant la vampiresse seule. Imbécile.

La vampiresse montât rapidement les marches du manoir vers la suite de son frère. Elle ouvrit la porte de la chambre qu'elle ferma rudement, faisant trembler les murs du manoir entier. Ca devrait le réveiller.

Dans le lit à baldaquin plongé dans la pénombre une silhouette s'étendait sur un lit. Comme un mort, le corps était fripé et sec.

- Qui vient troubler mon repos ? Fit lentement une voix faible et sèche.

- C'est moi mon frère. Lui répondit Silvia à quelques mètres du lit.

Un silence accueillit la voix douce de Silvia puis son frère lui répondit avec cette voix qui lui demandait un immense effort d'un ton irrité :

- Laisse moi en paix Silvia.

- Alan. Dit Silvia avec rudesse.

Un soupir imperceptible sortit du corps immobile du jeune frère qui se forçat à continuer cette stupide conversation qui troublait son repos.

- Depuis combien de temps je dors ?

- 50 ans.

- Laisse moi 50 ans de plus et tu pourras revenir.

Silvia sentit que son frère était en train de replonger dans son sommeil.

- Nous n'avons pas 50 ans. L'heure est grave et j'ai besoin de toi. Maintenant.

- Rien ne vaut que je me régénère avant l'heure ma chère soeur.

- L'empereur est mort Alan.

La déclaration tomba dans le vide. Il va enfin bouger, pensa Silvia.

- Je vois, fit Alan résigné. Où est mon repas ?

La Sang Pur ouvrit la porte sur une jeune fille d'une beauté rayonnante qui entra dans la chambre avec confiance pour se diriger vers le lit de Lord Alan. Alan leva lentement son bras à la peau légèrement fripée vers le visage poupon et juteux qui lui faisait face.

- Merci ma chère amie de m'offrir ta vie.

L'humaine lui souri puis se penchant vers lui, et offrit son cou au vampire assoiffé qu'il était.

- Je t'attend dans le boudoir. Lança Silvia en sortant.

Pendant que son frère se régénérait Silvia regarda le parc à l'abandon qui entourait le manoir. Son frère dormait trop. Il avait cette lubie de dormir des siècles et des siècles durant. Il disait toujours que la vie l'ennuyait et que plutôt que de s'ôter la vie comme le faisait la plupart des vampires de leur rang il dormait. Mais ces sommeils prolongées n'étaient pas sans conséquences et sa croissance avait pris du retard par rapport à celle de sa soeur. De tel que le beaux jeune homme au corps d'humain de vingt ans qu'il devait être était remplacé par le corps svelte et presque fragile d'un humain de 17 ans. Pourtant, et Silvia le savait, il n'avait rien de fragile. Aucun membre de la prestigieuse famille des Tréïdes n'était fragiles. Mais il faudrait qu'un jour elle parle de la façon dont son frère gérait sa dépendance, il semblait que personne ne s'était occupé du jardin puis qu'il s'était endormit.

Une porte s'ouvrit alors sur un beau jeune homme aux cheveux blonds, et au regard d'or. La peau revigorée par le sang de la jeune fille Alan arborait une chemise portée large qui tombait sensuellement sur ses épaules, laissant apparaître la musculature fine et forte de son torse. Son pantalon noir porté haut, quant à lui, mettait en valeur ses jambes fines et élégantes.

Tout le portrait d'un aristocrate, pensa Silvia.

Et même si Alan était profondément agacé par son réveil prématuré il affichait sur son visage un fin sourire qu'il possédait depuis toujours et s'adressa à sa soeur avec une voix toute aussi énergique presque joviale:

- Alors comme ça l'empereur est mort ?

- Oui.

Alan ausculta sa soeur avec ses yeux de rapace. Il voyait derrière ses yeux que son regard s'était durcit, exactement comme lorsque leurs parents étaient morts. Il devaient s'être passé quelque chose de très grave pour que sa soeur se comporte ainsi.

- Mais ce n'est pas tout n'est-ce pas ? Je le vois dans tes yeux ma chère soeur. Que ce passe-t-il ?

- Pieter s'est suicidé.

Alan sursauta. Il n'était pas rare que les nobles vampires se suicident par dégout de la vie mais... Pieter ? L'amour de Silvia ? Se tuer ? Ce n'était pas son genre et pourtant Alan ne pouvait que y croire. Il était on ne peut plus abasourdi par la nouvelle.

- Quand ?

- Il y a une semaine.

Alan détourna son regard de Silvia qui parlait comme un mort. Cette nouvelle l'avait profondément affectée.

- Et maintenant l'empereur est mort... Comment c'est arrivé ?

- On ne sait pas.

Alan sentit la colère battre dans ses veines.

- Comment ? Comment ça on ne sait pas ?! Mais enfin c'est l'empereur ! Un empereur ça ne meurt pas comme ça sans raison !

- Pour le moment on n'en sait rien, trancha Silvia. Mais une chose est certaine : il n'est plus que poussière de cristal.

Lord Alan soupira en regardant sa soeur qui affichait toujours la même allure distante et mutine. Et sans hésiter il dit la question qui lui brûlait les lèvres :

- Pour Pieter... Tu tiens le coup ?

- Non.

Silvia avait prononcé ce "non" avec une terrible douleur qui transcendait sa voix. Cette douleur fit presque peur à son frère qui n'avait jamais entendu pareille émotion dans sa voix.

- Et avec tout ces chacals qui me tournent autour maintenant... ajouta-t-elle en tremblant comme si elle allait exploser.

- Calme toi ma soeur. Nous allons trouver une solution comme nous le faisons à chaque fois. Mais pour l'heure concentrons sur l'essentiel.

Alan changea de sujet avec délicatesse et continua.

- Lempereur et mort et son unique descendant on périt. Et maintenant toutes les maisons Nobles de Sang pur vont se battre pour prendre la couronne. Enfin tu me diras qu'elles n'avaient même pas besoin de prétexte avant pour se faire la guerre avant mais bon... Il faut donc que quelqu'un se mette sur le trône et rapidement. Et c'est là que tu viens me voir : toi l'unique fiancée du Prince de Sang pur, fils unique de l'empereur : Pieter, a besoin de mon aide pour monter sur le trône.

- Je suis juste la Princesse de Sang pur la plus légitime. Et que tu le veuilles ou non tu es concerné si jamais je monte sur le trône.

- Dis plutôt que si tu ne montes pas rapidement sur le trône ce sera la guerre, rétorqua Alan d'un air taquin.

- Entre autre.

Silvia esquissa un sourire. Son frère avait toujours eu le don de rendre n'importe quelle situation plus légère.

- Toutes ces maisons rêvent depuis longtemps de prendre cette place. Et elles sont prêtent à tout. Mais tu es la plus légitime dans cette histoire. Toi seule peux éviter une nouvelle guerre qui mettrait encore le monde à feux et à sang.

Silvia lança un sourire à son frère avec une once de soulagement dans le regard. Il allait l'aider.

Alors qu'elle s'apprêta à continuer une silhouette sombre traversa la vitre, la brisant en milles morceaux, pour se jeter sur Lady Silvia avec un poignard de bois. Silvia qui n'avait pas eut le temps de réagir tomba à la renverse sous le poids de son agresseur. Alors qu'il s'apprêtait à la transpercer de son arme deux mains prirent son visages masqué pour le tuer en un craquement de cou.

Alan jeta le corps de l'assassin en arrière et après avoir vérifié que le danger était écarté il se pencha vers sa soeur.

- Tout va bien ?

- Oui. Merci Alan.

Alan jeta un oeil au corps qui jonchait le sol avant de le reporter sur Silvia.

- C'était un humain. Tu es fatiguée ma soeur. En temps normal tu l'aurait vu arriver de loin.

Silvia détourna les yeux de honte. La mort de Pieter l'atteignait plus qu'elle de voulait laissait paraître. Alan réfléchit rapidement avec des yeux pleins de sérieux avant de lancer à sa soeur, encore sous le choc, un air d'excitation dans le regard:

- Ce n'était qu'un avertissement. Mais une chose est sûre, certains ne te veules pas pour Impératrice. Tu as bien fait de me réveiller. Les prochains jours risquent d'être palpitants.