12
1
Hansol descendit la pente à toute vitesse. Sentant le vent déranger ses cheveux et caresser sa peau, une joie frétillante lui gonflait les poumons. Il avait l'impression d'être libre, d'être ce même garçon qui descendait cette même pente en courant pour rejoindre son ami quatre ans plus tôt. Même arriver en bas, il continua de courir jusqu'à atteindre la boulangerie-pâtisserie pour sentir encore un peu le vent contre lui.
Une fois arrivé, il frissonna à cause de la climatisation refroidissant sa transpiration. Il fit quelques pas avant de s'apercevoir qu'il n'y avait personne. Même Cassy était absente.
« Il y a quelqu'un ? » murmura Hansol en s'approchant du comptoir. Comme la fois où Seungkwan avait surgit devant lui parce qu'il cherchait des boîtes, Hansol supposa que c'est ce que faisait probablement Cassy. Il se pencha par-dessus le meuble et un petit cri franchit ses lèvres. La jeune-fille était au sol, inconsciente. Heureusement, elle ne semblait pas blessée. Mais que faisait-elle là dans cet état ? Qu'est-ce qui...
« Oh non... Seungkwan. »
Tout ce qu'il lui avait raconté sur les agressions lui revint en mémoire et son corps se tendit d'horreur. Il sursauta quand un bruit sourd venant de l'arrière-boutique se fit entendre. Rassemblant son courage à deux mains, il s'y rendit silencieusement. Son cœur battant la chamade, il risqua un regard vers l'intérieur. Un homme de grande taille se tenait dos à lui. Accroupi, il maintenait Seungkwan sous lui et semblait l'étrangler.
Mourir jeune est une chose à laquelle Seungkwan n'avait jamais songé. Il était un peu comme tout le monde, bien trop occupé pour donner son temps au soucis de la mort. Mais maintenant qu'il commençait à manquer cruellement d'air, il se rendait compte qu'il aurait dû y consacrer un peu de temps. Bien qu'il ait été confronté à celle-ci une première fois, la réalisation ne l'avait pas autant frappé. Mais est-ce qu'un jeune homme de vingt-deux ans devait penser à écrire un testament ? N'était-ce pas trop jeune ?
Il regretta ne pas avoir écrit une lettre à chacun de ses amis accompagnée d'un de ses biens les plus précieux et il regretta ensuite de ne pas été assez fort pour se confesser à Hansol. Celui-ci avait probablement été la plus belle chose qui lui soit arrivée et il n'avait pas eu l'occasion de lui dire.
Ah... S'il avait su que sa vie se finirait ainsi et aussi tôt, il aurait agi au lieu de se cacher. La vie et la mort sont des sœurs bien cruelles ; la première nous berce dans l'illusion que rien ne peut arriver, nous plonge dans sa longévité puis nous ramène violemment à la réalité quand la seconde surgit tel un prédateur pour nous arracher notre âme. Et nous voilà mort et plein de regrets auxquels on ne peut rien y faire.
Hansol ne faisait pas le poids contre ce type mais il ne pouvait pas laisser son meilleur-ami en danger. Aussi silencieusement que précédemment, il saisit l'une des casseroles rangées sur l'étagère à ses côtés et avança doucement vers l'homme. Celui-ci trop pris par la tâche d'en finir avec Seungkwan ne fit pas attention à lui. Hansol prit de l'élan et frappa de toutes ses forces la casserole sur le crâne du type. Sous la douleur, l'inconnu lâcha Seungkwan qui s'écroula au sol, inerte.
L'homme tenta de se relever mais Hansol paniqua un peu plus et lui asséna un nouveau coup. L'agresseur perdit conscience. Le rappeur lâcha ensuite son arme qui fit un bruit sinistre en percutant le sol. Il s'écarta de quelques pas et fut pris d'un sursaut. Se retournant, il se jeta auprès du corps immobile de Seungkwan.
« Seungkwan... »
Il tourna le blond sur son dos et dégagea son visage de ses cheveux. Sa peau était rougie et les traces de pression autour de son cou commençait à bleuir. Hansol l'approcha un peu plus de lui, le faisant monter sur ses genoux. Sa vue se brouilla et bien vite, des larmes dévalèrent ses joues. Est-ce que Seungkwan... Il ne pouvait pas mourir, pas comme ça ! C'était impossible ! Ils n'avaient pas encore atteint leur rêve ! Hansol ne lui avait pas encore dit à quel point il était amoureux de lui...
« S'il-te-plait... Me laisse pas. »
Il cacha sa tête dans le creux de son cou et le serra fortement contre son torse. Il sursauta quand le corps s'agita sous lui à cause d'une quinte de toux.
« Hansol... » murmura Seungkwan dans son oreille. « Tu me fais mal. »
L'américano-coréen se redressa vivement. Seungkwan avait les yeux à peine entrouverts et une expression fatiguée malgré son petit sourire. Les mains tremblante de Hansol prirent son visage en coupe. Un fourmillement de bonheur lui chatouilla tout le corps et il rit. Seungkwan se redressa difficilement, lui aussi riant. Leurs visages ne se retrouvèrent qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.
« Tu es vivant.
- Il m'en faudrait plus pour y passer. »
Le brun rit encore une fois avant de saisir les joues du blond et de poser ses lèvres sur les siennes. Seungkwan ouvrit grand les yeux, surpris. Est-ce que Hansol était vraiment en train de l'embrasser ? Il n'eut pas le temps de répondre au baiser que déjà le doux contacte de leurs lèvres rompit.
« Merde... »
Le type était de nouveau conscient. Hansol s'écarta vivement de Seungkwan et se remit sur ses pieds. Son adversaire ne tarda pas à vouloir se venger. Il attrapa son pantalon et le tira vers lui. Hansol perdit l'équilibre et s'étala au sol. L'homme prit rapidement l'avantage et tenta de frapper Hansol à plusieurs reprises mais celui-ci bloquait les coups à chaque fois.
L'inconnu avait l'air vraiment fort et voyant son partenaire peiner à se défendre, Seungkwan bien que toujours un peu sonné, bondit sur son dos pour le déstabiliser. Hansol réussi à se dégager de son agresseur grâce à la diversion de Seungkwan. Il récupéra la casserole qui trainait plus loin et asséna un nouveau coup à la figure du type qui cette fois-ci s'immobilisa. Seungkwan glissa de la masse et rampa jusqu'à une boîte sur laquelle il était écrit de sa propre écriture « Noël-Pâques-Halloween » avant dans sortir de la corde.
« Je n'arrive pas à croire qu'à chaque fois que l'on met les pieds ici, tu te bats avec quelqu'un... » commenta-t-il alors qu'il attachait les mains de son agresseur dans son dos puis autour du pied d'une étagère tandis que Hansol le maintenait bien droit.
L'américano-coréen rit et Seungkwan se retrouva à rougir au son. Alors sans réfléchir et parce que l'atmosphère donnait l'impression qu'il s'agissait d'un rêve, il se pencha par-dessus le corps et embrassa le brun.
« Merci de m'avoir sauv... »
Seungkwan reçu un coup de tête dans l'épaule et perdant l'équilibre, tomba sur les jambes de l'inconnu qui s'était mis soudainement à s'agiter dans tous les sens. Il tenta de se relever mais reçu un coup de genoux dans l'abdomen avant d'être propulser par l'autre jambe vers le buste de son agresseur. Il se retrouva face à celui-ci, le souffle coupé.
« Espèce de pute ! » hurla l'homme en crachant sur Seungkwan « Tu n'a pas le droit de l'embrasser ! Tu es à moi ! » Paralysé par la surprise, Seungkwan ne bougea pas des cuisses de son assaillant. « JE SUIS MIEUX QUE LUI ! »
Seungkwan sursauta et s'enfuit à quatre pattes loin de l'homme. Il se releva maladroitement et se blottit contre Hansol. Il avait les yeux écarquillés et la bouche entre-ouverte dans une expression de pure terreur. Cet homme avait essayé de le tuer. Il avait essayé de le tuer parce qu'il voulait que Seungkwan lui appartienne. Il était fou.
« Hansol... » murmura-t-il en essuyant la bave sur son visage avec l'épaule de son t-shirt.
« NE LUI PARLES PAS ! TU ES A MOI ! »
L'américano-coréen poussa doucement le blond vers la sortie mais celui-ci ne pouvait décoller son regard de la figure bouillonnante de rage. De l'homme dont les cheveux gras collés partiellement contre son front moite et le visage rouge se tordait dans tous les sens alors qu'il hurlait. Il hurlait encore et encore. Se débattait. Insultait Seungkwan, Hansol, sa mère et ses sœurs.
« TU NE SERAS A PERSONNE D'AUTRE QUE MOI ! MOI ! »
Hansol referma la porte et soudainement le silence se fit. Il guida Seungkwan jusqu'à la table où ils avaient l'habitude de s'assoir et tout en composant le numéro de la police s'appliqua à réconforter celui-ci.
« Seungkwan ? »
Le blond avait le regard dans le vide, complétement absorbé par ses pensées. Il semblait tourmenté.
Hansol secoua sa main devant son visage et il se redressa subitement. Il approcha sa chaise de la sienne et lui fit un câlin dans lequel Seungkwan s'enfonça. Son visage disparu dans le creux du cou de Hansol et ses mains s'agrippèrent à son t-shirt. Quelques larmes coulèrent dans le cou de l'américano-coréen pour échouer sur le col de son haut ; son cœur se serra un peu plus.
« Tout va bien. C'est fini maintenant. »
Il fallut un quart d'heure à la police pour arriver et en ce laps de temps, ni Hansol, ni Seungkwan n'avaient changé de position. C'est pour cela que le dos de Hansol craqua quand il se leva pour accueillir les policiers et les urgenciers. Ces derniers partirent avec Cassy toujours inconsciente et deux policiers embarquèrent le fou furieux tandis que le troisième s'assit face à Seungkwan pour lui poser quelques questions.
Le chanteur eut une impression de déjà-vu assez déplaisante.
Le temps de régler tout ça, le soleil avait déjà disparu à l'horizon. Hansol avait prévenu la vielle propriétaire pour son plus que grand retard et celle-ci lui avait assuré qu'il pouvait prendre son temps. Alors ils étaient sortis prendre l'air. Ils s'étaient assis sur la terrasse de la boulangerie-pâtisserie, au sol, adossés au bâtiment. Les lumières éteintes, il pouvait observer le ciel et ses millions d'étoiles à merveille.
Leurs mains entrelacées posées sur la cuisses de Hansol, leurs épaules appuyées l'une contre l'autre, leurs cheveux s'entremêlant là où leurs têtes se rencontraient ; seules leurs respirations profondes meublaient le silence. Jusqu'à ce que Seungkwan parle.
« Tout à l'heure... J'ai abandonné.
- Abandonné quoi ? »
Leurs regards se croisèrent.
« Abandonné la vie... » murmura Seungkwan.
Hansol approcha son visage du sien. Leurs lèvres se frôlèrent. Il chuchota :
« Tu as trop de chose à faire... » il l'embrassa « et à découvrir pour ça. »
Hansol avait raison.
2
Jeonghan descendait l'escaliers principal à toute vitesse. A chaque pas qu'il faisait, son cœur se brisait un peu plus. On tenta à plusieurs reprises de l'interpeler mais il ne s'arrêta que pour récupérer une petite valise qu'il avait laissé à la loge avant de repartir en courant. Arrivé dans la cour extérieur, il ne lui fallut que quelques secondes pour repérer le taxi qu'il avait commandé avant de retourner au palais un peu plus tôt. Il s'engouffra dans le véhicule. Le conducteur démarra le véhicule et fit remonter la vitre qui séparait l'avant et l'arrière du véhicule pour laisser à Jeonghan plus d'intimité. Prenant de grandes respirations, il ne fallut que peu de temps au châtain pour qu'il s'arrête de pleurer. Il essuya ses joues avec les manches de son pull.
Il ne devrait pas être malheureux. Il avait bien fait en rompant avec Seungcheol. Non. Il devait arrêter d'y penser. Il ne faisait que se faire souffrir.
Il sortit son téléphone de sa poche et tapa un message adressé de Chan. Il n'avait pas prévenu son petit-frère de son départ et s'en voulait. Il programma l'envoi du message pour le lendemain soir, comme ça, le jeune homme pourrait profiter de sa soirée chez Seokmin en paix.
Au bout d'un quart d'heure, le véhicule s'arrêta devant un grand bâtiment décrépit. Il rassembla les quelques affaires qu'il avait avec lui (c'est-à-dire la petite valise qu'il avait préparé le soir même de l'appel fatidique contenant des vêtements et une paire de basket) et tendit sa carte bleu au chauffeur ; il paya et sortit rapidement.
Trainant sa valise à travers l'allée au béton éclaté par endroit (bloquant les petites roues de temps en temps), il arriva finalement à sur le perron du bâtiment. Il poussa la porte vitrée recouverte d'une fine pellicule de poussière et une scène familière l'accueillit. Derrière un comptoir abimé par le temps et les mites se tenait avachie une vielle dame. Son visage semblait minuscule derrière ses grandes lunettes tordues. Elle tirait distraitement sur une mèche de cheveux qui dépassait de son chignon bien tiré en arrière alors qu'elle jouait de son autre main avec le col de son t-shirt tout délavé. Elle releva vers lui un regard ennuyé qui changea en un autre plus heureux. Elle bondit de sa chaise et contourna le comptoir pour prendre Jeonghan dans ses bras. L'odeur de l'encens qu'elle utilisait depuis toujours emplit son nez et sa gorge se serra sous le poids de la mélancolie.
« Je ne pensais pas te revoir un jour ! » s'exclama-t-elle en s'écartant de lui. Il se pencha en avant et elle lui passa une main dans les cheveux comme elle en avait l'habitude. « Que fais-tu ici, mon grand ? Tu as un autre endroit mieux que celui-ci où aller. »
Elle parlait du palais. Il lui sourit.
« Je dois me rendre quelque part et votre immeuble est sur ma route. Je ne pouvais pas ne pas m'arrêter.
- Comme tu es gentil.
- Il vous reste un appartement de libre ? Je voudrais passer la nuit ici.
- Le tiens l'est, justement ! »
Elle alla se repositionner derrière le comptoir pour fouiller dans une boite en métal toute rouillée. Jeonghan sortit son portefeuille pour payer mais elle posa une main sur la sienne.
« C'est gratuit pour toi, chéri. »
Elle lui tendit une clé qu'il ne connaissait que trop bien. Il la saisit mais ne se dirigea pas pour autant vers les escaliers. Ils discutèrent un peu. Quand la femme s'absenta pour récupérer les dernières photos de ses petits-enfants qu'elle avait reçu, il en profita pour glisser sous son cahier de mots-mêlés une partie du l'argent qu'il y avait dans son portefeuille.
« Les voici ! » dit-elle en brandissant une enveloppe.
Quand il déverrouilla bien plus tard dans la soirée la porte de son ancien appartement, un sentiment de nostalgie le prit. Il avait mal au dos, sa valise semblait beaucoup plus lourdes que plus tôt et il se sentait affreusement sale.
Il laissa ses affaires dans l'étroite entrée et traina des pieds jusqu'à la salle de bain. Personne n'était venu habiter ici après son départ ; rien n'avait changé, rien du tout. Il n'y avait toujours pas d'eau chaude, ni de tapis de bain ou de serviettes mis à disposition (il dû se sécher avec son t-shirt).
Il ouvrit ensuite la grande fenêtre du salon pour laisser l'air entrer et chasser l'odeur de renfermer. Il recouvrit le canapé de son manteau puis s'y coucha.
Cette nuit-là, il rêva de sa vie d'avant et étrangement, songer à la misère dans laquelle lui et Chan avaient vécu pendant quatre ans lui avait redonné le sourire au petit-matin. Probablement parce qu'il n'était pas encore amoureux à l'époque... Son père l'avait prévenu, l'amour amène le chagrin, mais son lui adolescent n'avait pas bien saisit l'importance de cette phrase.
Il décida de reprendre sa route.
« Ce fut un plaisir de vous revoir, madame. » Il déposa sur le comptoir un gobelet de café bien chaud et un pain au chocolat. « Mangez bien et prenez soin de vous.
- Ah... Tu pars déjà. » Elle tristement et il hésita à prolonger son séjour. « A bientôt Jeonghanie. »
Il poussa la porte d'entrée et le froid extérieur lui glaça le visage à nouveau. Son taxi l'attendait déjà. Le chauffeur ne fit aucun commentaire quand il se rendit compte qu'il s'agissait de la future Lionne et entra silencieusement l'adresse qu'elle lui avait indiqué dans son GPS.
Jeonghan s'assit confortablement et laissa le moteur du véhicule le bercer. Quand le taxi s'arrêta, il se réveilla tout de suite. Il avait dormit tout le long du trajet et bien qu'il en soit conscient, il ne put s'empêcher d'être surpris quand il reconnut la maison de ses parents. Avec l'hiver qui approchait à grands pas, les arbres et les buissons déjà bien dégarnis la fois précédente, étaient maintenant dénudés de feuilles, seuls leurs maigres corps résistant d'eux-mêmes au froid persistaient.
Le chauffeur quitta le véhicule en premier pour récupérer la petite valise dans le coffre et lui ouvrir sa portière. Il lui proposa même de porter son bagage pour lui jusqu'au porche d'entrée, Jeonghan refusa.
« Merci beaucoup mais ça va aller. »
L'homme s'inclina et retourna s'abriter du froid dans son véhicule. Jeonghan l'observa s'éloigner avec ce qu'il imagina ses derniers privilèges de Lionne. Il leur fit mentalement ses adieux avant de passer le portail. Shetza n'était pas dans sa niche, ses parents devaient l'avoir rentré à cause de la faible température ; pauvre vieux chien...
Il était tard mais monsieur et madame Yoon ne semblait pas être là alors il resserra son fin manteau autour de son maigre corps et s'assit sur le canapé d'extérieur. C'est la douce et chaude main de sa mère sur sa joue qui le prévint que ses parents était de retour.
Il sourit à sa mère qui lui demandait encore et encore ce qu'il faisait là mais il ne pouvait répondre. Ce qu'il faisait là... il ne savait pas vraiment. Il n'était pas du genre à se réfugier chez ses parents quand ça n'allait pas, il préférait s'isoler. Alors quoi ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à venir ici ?
Sa mère le poussa à l'intérieur et le força à s'assoir sur le canapé. Elle le couvrit de plusieurs couverture pour qu'il se réchauffe et lui servit une tasse de thé.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? Dis à maman. »
Elle avait beau insister encore et encore, lui faire mille caresses et bisous, rien de franchissait ses lèvres. Il se sentait tellement loin de tout. Il avait l'impression d'être un robot, un corps sans âme. Au moment où il avait passé le portail de la propriété, il avait bloqué tous ses sentiments.
Pourtant, la voix grave ébranla toute sa structure, les barreaux qui maintenait enfermés ce qui faisait de lui un homme.
« Jeonghan, que fais-tu ici ? »
Son père apparut dans son champ de vision, il cligna des yeux rapidement et quelques larmes glissèrent le long de ses joues. Dès qu'il sentit la grande main de monsieur Yoon sur sa tête, il éclata en sanglot comme un enfant. Ça faisait combien de temps que son père ne l'avait pas touché ? Combien de temps qu'il ne lui avait pas parlé aussi doucement ? Combien de temps qu'il ne l'avait pas regardé avec des yeux si inquiets ?
Il regretta ne pas lui avoir présenté comme il se devait Seungcheol. Il regretta s'être emporté contre lui quand il lui avait annoncé ses fiançailles et qu'il avait semblé désapprouver. Il regretta les jours heureux où tout allait bien entre eux, où il n'avait aucun problème à aller vers lui et passer du temps ensemble, s'amuser et rire. Il regretta s'être éloigné de lui comme s'ils n'avaient jamais été complices un jour.
« Pourquoi tu pleures ? Ne pleure pas... »
Monsieur Yoon prit son fils dans ses bras et le serra contre lui le plus fort qu'il put sans lui faire mal. Jeonghan ne pleurait pas devant lui (plus depuis qu'il avait dix ans) et il devait avouer que son visage mouillé de larmes et tordu par la tristesse lui brisa le cœur. Il semblait tellement plus jeune ; tellement moins écrasé par les responsabilités. A quel moment son fils avait-il grandit ainsi ?
« Papa... » Dit-il en se relevant son visage. Il semblait si petit et fragile malgré cela un sourire tremblant fleurit sur ses lèvres. « Tu m'as manqué. »
3
Soonyoung arrêta la musique et Pil Sook descendit de sur ses pointes. Le chorégraphe applaudit, satisfait. Ils auraient bien continué longtemps mais il se faisait tard et contrairement à lui, la jeune femme travaillait le lendemain. En plus, leurs taxis respectifs ne tarderaient pas à arriver.
« Bon travail ! » s'exclama-t-il et sa voix résonna dans la grande salle récemment silencieuse.
Il rassemblèrent leurs affaires et sortant de la salle d'entrainement, ils longèrent le couloir jusqu'à être arrivés au bout où se trouvait une porte en métal. Soonyoung l'ouvrit et Pil Sook se mit à descendre qui se présentaient face à eux sans faire remarquer qu'il y avait un ascenseur juste à côté ; elle commençait à saisir cette partie de sa formation. C'est-à-dire profiter de chaque occasion pour se dépenser un peu.
« Il faudrait retravailler la partie du bridge si tu as le temps.
- Je ne travaille pas demain après-midi.
- N'oublies pas de te reposer. »
Ils arrivèrent au parking souterrain.
« Ton taxi sera bientôt là.
- Ok ! Ah ! J'ai une petite question... »
Elle ne lui posa qu'une seule question mais plusieurs sur l'enchainement et il finit par lui faire une démonstration avant qu'elle ne s joigne à son tour pour mieux saisir chaque pas. Pil Sook était l'une des meilleurs élèves que Soonyoung n'ait jamais eu. Elle était passionnée par la danse et le chant et semblait prendre un plaisir sincère à venir tous les soirs à l'agence pour rester trois à quatre heures enfermée dans une salle de danse à bouger encore et encore au rythme de la musique au point d'en avoir des courbatures monstrueuses le lendemain matin.
Alors qu'ils s'apprêtaient à faire une partie de pierre-feuille-ciseaux une voiture entra sur le parking. Ils pensèrent qu'ils s'agissait d'un de leur taxis mais ce n'était pas le cas. La voiture était blanche et luxueuse, le dernier model de Kia sujet de toutes les publicités en ce moment. Le véhicule se gara proprement pas loin d'eux et la porte s'ouvrit. Une magnifique femme de la cinquantaine, grande, élancée et magnifique en sortie. Elle avait ses longs cheveux noirs noués en un chignon chiquement décoré d'une barrette sertie de diamants et sa longue robe blanche ondulait autour de ses jambes au rythme de sa marche ; son manteau tout aussi blanc protégeait son dos et ses épaules dénudés et ses talons claquaient durement au sol. Elle s'approcha d'eux, déterminée.
« Madame Park ? Que faites-vous ici ? »
Soonyoung jeta un regard à Pil Sook. Alors c'était elle, sa chef. Il s'inquiéta de la voir ici. La dernière fois que lui et la jeune femme avaient discuté de son travail, celle-ci avait avoué ne pas avoir prévenu la directrice de son changement de carrière. Peut-être était-elle là ce soir à cause de cela ? Peut-être avait-elle tout découvert et était là pour rendre des comptes ?
Soonyoung aurait pu continuer à penser pendant longtemps si un éclat lumineux n'avait pas attiré son attention. Il blêmit.
« Pil Sook, recule. »
Il lui saisit le poignet et la fit passer derrière lui. Elle se laissa faire sagement, n'ayant pas encore saisit l'ampleur de la situation.
Madame Park était presque arrivé à leur niveau ; son visage affichait toujours une expression déterminée. Elle fixait Pil Sook. Elle voulait tuer Pil Sook.
Soonyoung ne pouvait pas la laisser faire. Il était mort de peur mais sa volonté de protéger son apprentie était assez forte pour lui donner du courage.
« Madame. » dit-il en espérant éviter la confrontation. « N'approchez pas plus, s'il-vous-plait. »
Elle l'ignora. Sa marche devint plus rapide et brutale. Son expression figée, gela Soonyoung qui sentit son cœur s'emballer un peu plus à chaque pas. Son regard changea de cible et se posa sur lui. Le couteau qu'elle tenait refléta encore la lumière d'un spot lumineux et l'éblouit. Il se sentait comme un animal pris entre deux feux.
Elle s'arrêta face à lui et même s'il savait se battre (comme l'attestaient les différentes coupes qu'il avait chez lui), il ne put rien faire face à se regard effrayant. Il se prit un coup de manche de couteau dans la tempe et s'écroula au sol ; ses jambes l'avaient abandonné.
« Madame Park ! » s'écria Pil Sook en s'accroupissant aux côtés de son professeur. « Pourquoi faites-vous ça ?! »
Mais la quinquagénaire ne répondit pas. Au lieu de cela, elle saisit la jeune femme par les cheveux et l'éloigna de Soonyoung qui était encore beaucoup trop sonné pour intervenir. Effrayée, Pil Sook s'agita dans tous les sens jusqu'à ce que ses cheveux soient libérés et rampa loin de la directrice ; elle ne put aller bien loin. Une seconde fois Park Joohee attrapa ses cheveux et la força à s'arrêter.
« Madame... » pleurait Pil Sook à chaudes larmes, ses cheveux emmêlés et ses genoux ensanglantés. « Madame, arrêtez... »
Malgré ses vêtements blancs, Joohee posa ses genoux de part et d'autre de son employée et s'assit sur elle pour l'immobiliser. Pil Sook ne pouvait plus bouger et c'est avec horreur qu'elle vit Joohee lever son couteau bien haut au-dessus de sa tête, prête à l'abattre dans son buste.
Leurs regards se croisèrent et Joohee sentit sa prise autour du couteau se relâcher.
« S'il-vous-plait... »
Sa gorge se serra et ses yeux s'humidifièrent. Elle sentit tout son corps se refroidir et ses poumons brûler. Finalement, elle abaissa l'arme et la lâcha. Elle ne pouvait pas faire ça.
Pil Sook était... Elle avait intégré la compagnie si jeune... Elle l'avait vu grandir, évoluer, s'améliorer dans son métier. Elle l'avait formé, aidé à s'en sortir autant dans le monde du travail que dans sa vie personnelle. Joohee avait placé tous ses espoirs en cette petite. Elle la savait capable de tant de choses, elle lui avait déjà montrer par le passé. Pil Sook était comme son deuxième enfant. Elle ne pouvait pas lui faire du mal.
Elle se glissa sur le côté et s'assit au sol. Sa robe banche commença à s'imprégné de l'eau sale du parking après la pluie.
« Madame ? »
Elle se tendit. Pil Sook s'assit face à elle.
« On vous a forcé à faire ça ? »
Cette petite était si intelligente. Elle hocha la tête et plus de larmes coulèrent de ses joues. Elle avait l'impression d'être un monstre. Comment se sentaient toutes les autres avant elle ? Ces filles se sentaient-elles pires encore ? Comment vivaient-elles avec ce poids sur le cœur ?
Soonyoung empêcha Pil Sook de toucher Joohee. Il la songeait probablement toujours capable de faire du mal. La vérité est qu'elle ne pouvait même pas se résoudre à reprendre son couteau, la culpabilité risquait de lui brûler la main au contact de l'arme.
« Madame ? » Elle leva vers les yeux vers Pil Sook, ses larmes lui offrirent une mosaïque de couleurs. « Rentrez chez vous, reposez-vous et demain, appelez la police ou n'importe qui qui pourra vous aider. Je ne porterai pas plainte, je sais que tout ça ne se fait pas de votre plein gré. »
Se dégageant de la prise de son mentor, elle encercla son ainée dans une étreinte. Joohee pleura encore plus fort. Pil Sook l'aida à se lever et en même temps, l'un des deux taxis attendus entra sur le parking. Elle l'aida à monter à l'arrière du véhicule, prenant soin à ne pas laisser le bas de la robe ou du manteau dépasser. Elle donna l'adresse au chauffeur et paya même.
« A lundi. » murmura-t-elle avant de fermer la portière.
Dès que la voiture disparue à l'extérieur du parking, la jeune femme eut un vertige. Soonyoung se précipita vers elle et l'empêcha de tomber en la serrant contre lui. Elle venait enfin de réaliser ce qui s'était passé.
« Pil Sook ? Ça va ? »
Elle hocha la tête mais ne se redressa pas pour autant. Elle semblait épuisée.
« J'ai besoin de me reposer. » murmura-t-elle.
Le deuxième taxi arriva et il porta la jeune femme jusqu'à celui-ci. Il eut un peu de mal à l'assoir dans le véhicule et se cogna même le crâne quand quelqu'un se râcla la gorge dans son dos.
Il fit volte-face, effrayé que ce soit un nouvel agresseur. Ce qu'il vit lui fit encore plus peur.
« Alors c'est ce que tu fais... » dit Jihoon avec amertume « Tu couches avec quelqu'un puis tu retourne voir ta petite copine comme si rien ne s'était passé.
- Jihoonie, ce n'est pas... »
La chauffeuse lui tendit son terminal de paiement et il y inséra sa carte bleu avant de saisir son code.
« Ce n'est pas ça. C'est Pil Sook. Tu sais, la nouvelle...
- Tu sors avec ton élève. » il était tellement déçu « Pourquoi tu me fais ça ?! Notre amitié n'était que si peu importante pour toi ?! »
Soonyoung récupéra sa carte et le taxi s'enfuit. Il était maintenant seul avec la boule de rage qu'était Jihoon. Comment était-il même arrivé ici ? Connaissait-il si bien son emploi du temps ? Et puis, le chorégraphe ne pensait pas le revoir de sitôt, pas après qu'il ait fuit son appartement.
Jihoon rit sèchement.
« Et dire que Wonwoo m'avait convaincu que peut-être tout ça n'était qu'un énorme malentendu. Que tu n'étais peut-être pas un salaud. Que tu avais juste paniqué. Mais il s'est trompé et moi j'ai espéré. C'est ridicule. Penser me déclarer est ridicule. Tout ça est ridicule ! Tu es ridicule !
- Jihoonie...
- Tu n'as plus le droit de prononcer mon prénom, Kwon. Les gens comme toi qui jouent avec les sentiments d'autrui méritent de finir seuls. J'espère que tu finiras seul et pathétique. Ne m'approche plus. »
Ne laissant pas le temps au plus âgé de répondre quoique ce soit, il fit volte-face et se dirigea vers l'ascenseur. Soonyoung ne réfléchit pas deux fois et le rejoint en quelques grandes enjambés. Il lui attrapa la main et le fit faire demi-tour. Jihoon manqua de tomber et il le rattrapa en le serrant contre lui. Il ne lui laissa pas le temps de protester qu'il posa un chaste baiser sur ses lèvres. Malheureusement, le plus petit s'écarta comme s'il avait été brûlé.
Il pointa un doigt furieux vers Soonyoung.
« Je t'ai dis de ne plus jamais me toucher ! »
Soonyoung en avait marre de se cacher. Il en avait marre de n'être qu'un salaud aux yeux de Jihoon. D'être incompris.
« Jihoon, on se connait depuis toujours. Tu es celui avec qui j'ai tout vécu. Qui m'a vu grandir et que j'ai vu grandir. On a mûrit ensemble. On a découvert nos rêves et on les a atteint ensemble. »
Il s'approcha du plus petit.
« Tais-toi... » murmura celui-ci au bord des larmes.
« Tu es celui qui a toujours été près de moi et le seul avec qui je peux m'imaginer vieux. Tu es mon meilleur-ami et même si je t'en ai confié des choses, je n'ai jamais pu t'avouer que... Je t'aime.
- Tu mens... »
Le styliste posa sa tête sur le buste du chorégraphe et passa ses bras dans son dos. Soonyoung le serra contre lui et le berça. Il posa un baiser sur le sommet de sa tête.
« Lee Jihoon, je t'aime. »
4
Seungcheol était désespéré. Depuis le départ de Jeonghan, il ne savait plus quoi faire. Cela faisait deux jours qu'il se morfondait, qu'il pleurait puis hurlait et finissait par s'endormir sous la fatigue. Il était misérable. Pourtant c'est lui qui avait décidé de laisser partir Jeonghan et il savait pertinemment qu'il lui suffisait d'un mot, d'un simple « reste » pour qu'il ne soit plus question de se séparer. Cependant, il avait vu ses yeux, il avait vu la prière silencieuse mais aussi l'énorme tristesse qui s'y reflétaient. Il savait qu'il devait le laisser partir. Avoir libéré Jeonghan était la bonne chose à faire.
« Cheol... »
On posa une main sur son épaule. C'était Chan.
« Tu as mangé depuis ce matin ?
- Non. »
Etonnamment, Chan était resté avec lui. Quand il était rentré de chez Seokmin, il avait trouvé le prince anéantit aussi au sol, au milieu du salon plongé dans le noir et sans poser de question, l'avait trainé jusqu'à sa chambre où il décida qu'il allait l'aider à se remettre sur pieds. Chan ne savait pas pourquoi Jeonghan était partit et pourquoi il ne l'avait prévenu que le lendemain matin mais il était sûr que ce n'était pas la faute de Seungcheol. Il avait reçu un message dans lequel il lui demandait pardon pour l'avoir laissé au palais et qu'il irait le chercher bientôt mais Chan avait répondu que ce n'était pas la peine de revenir, qu'il préférait rester là où il était. Il n'avait pas reçu de réponse.
« Tu dois manger.
- Tu ne devrais pas être avec Jeonghan ?
- Je ne m'inquiète par pour lui. » Il s'inquiétait pour Seungcheol. Jeonghan était fort. Seungcheol l'était beaucoup moins. « J'ai demandé au cuisine de la soupe et du riz. Ça ne devrait pas tarder à arriver. »
Chan était un garçon impitoyable. Depuis qu'il avait servit une portion de riz et un bol de soupe à Seungcheol, il ne le lâchait plus du regard. Observant la cuillère aller et venir entre le récipient et la bouche de Seungcheol, comptant le nombre de bouchée et refusant que Seungcheol s'arrête dès que celui-ci songeait à peine à le faire. De même, quand il envoya le prince prendre une douche, il resta de l'autre côté de la porte à l'écouter pour le surveiller.
Il crut enfin être tranquille quand le lendemain matin le plus jeune ne se pointa pas à la porte de sa chambre pour être sûr qu'il se lève mais son repos fut de courte durée. A peine avait-il posé sa tasse de café sur la table de la cuisine que le garçon apparu. Il s'assit face à lui, un air gêné sur le visage.
« Tu ne penses pas... » commença-t-il avec hésitation « que tu devrais dire à ton père que Jeonghan est parti ?
- Comment lui dire ? Il ne... Ce n'est pas une nouvelle qu'il aimerait entendre.
- Tu ne peux pas lui cacher plus longtemps. Ça fait déjà trois jours et plus tu attendras, plus ce sera dur.
- Mais...
- C'est ton père. Qui de mieux pour te confier que lui ?
- Quelqu'un qui n'a pas réussi à conserver son couple jusqu'au bout ? »
Chan leva les yeux au ciel, sa gêne partie depuis longtemps et but une gorgé du café de Seungcheol.
« De toute façon, tu dois lui dire. Personne ne le fera à ta place. Et puis qui sait, peut-être qu'il te consolera mieux que moi.
- Tu te débrouilles très bien. »
Chan s'apprêta à rétorquer quand il se rendit compte du sourire sincère que Seungcheol lui adressait. Il ne l'avouerait jamais mais il avait rougis à ce moment précis, enfin conscient de tout ce qu'il avait fait en trois jours pour son ainé.
Seungcheol finit calmement sa tasse et l'abandonna dans l'évier puis il alla se changer et se brosser dents et cheveux. Vers neuf heures, il quitta l'appartement. On lui avait dit que son père avait déjà pris place dans la salle du trône et qu'il y serait probablement jusqu'à l'heure du déjeuner. Il alors tout son temps en traversant les couloirs. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas pris le temps d'observer la beauté du cadre dans lequel il avait grandi.
Les couloirs étaient toujours décorés de bouquets de fleurs contrastant avec les murs beiges qui brillaient sous les rayons de soleil matinaux et quand ledit soleil par les grandes fenêtres atteignaient le sol couvert de carreaux bleus, les murs se retrouvaient éclairés de reflets céruléens ; c'était magnifique. Cette vue rappelait toujours l'océan à Seungcheol, un lieu qu'il aimait particulièrement par sa couleur et sa profondeur, son mystère. Les yeux marrons de Jeonghan lui donnait cette même impression de gouffre sans fond. C'était, outre l'amour, l'une des raisons pour lesquels il aimait les observer.
Les grandes portes de la salle du trône le stoppèrent des ses rêveries. Sans demander à être annoncer, il ouvrit l'une d'entre elle et s'infiltra dans la pièce. Il voulait rejoindre son père rapidement avant que sa détermination ne s'évapore mais il fut éblouit. La pièce était baignée d'une lumière éblouissante. Les hautes fenêtres n'étaient plus cachées par leurs grands rideaux rouges et le soleil pouvait s'infiltrer à sa guise. Le phénomène des couloirs se reproduisait ici, dans cette gigantesque salle vide et si là-bas c'était magnifique, ici c'était merveilleux.
Il fit un tour sur lui-même.
« Mon prince ? Vous allez bien ? »
Il porta son attention de force sur l'un des conseillers de son père qui semblait peiné, à cause de son vieux dos, à emmener son siège aux pieds du trône.
« Oui. Dites à vos collègues de revenir un peu plus tard, je dois parler urgemment avec père.
- Bien, votre Altesse. »
Le temps qu'il traverse la pièce, les conseillers étaient déjà partis. Le roi et lui ne s'étaient pas vraiment reparlés depuis leur dispute mais contrairement à d'habitude, il ne se fit pas renvoyer sèchement ; les cernes monstrueuses sous ses yeux et son teint pâle avaient sûrement convaincu le roi de l'écouter. Il s'assit à son trône et se tourna vers son père. Celui retira ses lunettes rectangulaires de sur son nez.
« Que se passe-t-il ?
- C'est Jeonghan... Il est parti.
- Parti où ? Faire quoi ?
- Je ne... Je l'ai laissé partir. Je ne pouvais pas continuer à le garder enfermé ici. Il tombait malade. »
Le roi resta figé. Il lui fallut quelques secondes pour assimiler l'information. Il était déçu... et triste. Car il avait placé en Jeonghan tout ses espoirs. Le jeune homme avait un fort caractère et un esprit malin qui avaient résulté à un certain attachement du roi. Il était un bon partenaire de jeux stratégiques et de discussions chuchotées à quatre heures du matin quand le sommeil a décidé de plier bagages plus tôt que prévu...
Jeonghan était-il parti à cause de lui ? Avait-il décidé que ses maladresses, sa décision de chasser Chan, étaient la goutte de trop ? Il s'en voulait terriblement pour cet épisode. Il avait mal interprété les soupirs de fatigue de Jeonghan quand il lui confiait ses inquiétudes envers son cadet et maintenant, il n'avait plus ni l'occasion de s'expliquer, ni celle de lui demander pardon.
« Sais-tu où il est allé ?
- Chez sa famille, je pense... Père, n'essayez pas de le ramener ici.
- Je...
- Laissez-le partir. Vous le savez aussi bien que moi, c'est un esprit libre qui doit le rester. »
Seungcheol semblait anéantit mais une certaine tendresse brillait derrière ses larmes. Est-ce que le roi avait cette même lueur dans le regard quand il parlait de la reine ? Son fils lui ressemblait-il à ce point ? Certainement.
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2) Verkwan ! YAY ! Soonhoon ! YAY !
3) Seungcheol réapprend à vivre sans Jeonghan et celui-ci se rappelle de son père comme il l'aimait. Cela me semblait... important ???
4) ROYAL prend une direction bien différente de celle initiale mais j'aime ça en quelque sorte :)
5) A propos des TAG : j'aime bien en faire alors n'hésitez pas à me taguer, je trouve ça drôle :3
6) J'ai enfin appris à faire des chapitres plus courts sans m'en vouloir ! YAY ! Au prochain chapitre, on retrouvera Seungkwan et Hansol, Seokmin et Wongi, Minghao et Junhui ainsi que Johsua, Sunjoon et notre meilleure-amie Suzy !
7) Pour ceux qui ont déjà repris les cours : Courage ! Vous pouvez le faire ! Pour ceux qui sont encore en vacances : N'oubliez pas de vous détendre et de vous reposez ! Bisous ♡
CuteCatMint
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