09

Si vous repérez une partie qui vous semble mal placée ou étrange ou qui est totalement hors contexte, prévenez moi s'il-vous-plaît ; ce chapitre n'est pas relu + j'ai eu du mal avec la mise en page.

1

Il fut une époque où Monsieur et Madame Yoon vivaient à Séoul et puis avec la naissance de leur fils aîné, ils avaient décidé de s'acheter une jolie maison à la campagne. Ils élevèrent pendant trois ans leur parfait petit garçon dont ils étaient ravis et quand leur fille naquit, ils en furent plus que comblés. La petite famille vivait bien, s'épanouissait bien et il en résulta des deux enfants, deux adultes parfaitement construits et autonomes.

Jeonghan se rappelait son enfance comme si c'était hier. Il se rappelait qu'il pouvait passer des heures dans leur jardin à chercher les cachettes des escargots après la pluie, à jouer avec le chien et à courser le chat pour faire un sieste au soleil avec celui. Il aurait sincèrement aimé que ça dure plus longtemps mais le collège était arrivé et ses parents avaient dû l'envoyer dans une école à internat. Mais en même temps, il ne regrettait pas y être allé puisqu'il y avait rencontré certains de ses amis les plus proches.

« Voilà votre arrêt messieurs. Ça fera soixante-quatre-milles cinq-cents huit wons.

- Tenez, merci. »

Chan sorti en premier pour récupérer les valises dans le coffre, il ne voulait pas que Jeonghan fasse trop d'effort avec sa blessure toujours en cours de guérison. Le châtain le rejoint et prit sa valise à roulette tandis que le plus jeune prenait la sienne. Le chauffeur de taxi avait accepté de l'emmener jusque devant la maison comme ça ils n'auraient pas à marcher sur des kilomètres en espérant croiser une voiture qui accepterait de s'arrêter pour eux et de les emmener à bon port.

Les lieux n'avaient pas changé depuis la dernière fois que Jeonghan était venu (soit un an auparavant). Les feuilles des arbres étaient aussi orangées, les buissons étaient toujours aussi fournis et l'herbe était toujours aussi pâle.

S'approchant du portillon avec sa valise et Chan sur les talons, il sentit son cœur accélérer. Ils allaient être surpris en les voyant ; il ne les avait pas prévenus car il se doutait que s'il l'avait fait, on ne lui ouvrirait pas la porte. Ils passèrent le portillon mais Shetza (le chien) qui avait l'habitude d'aboyer dès que quelqu'un entrait sur le territoire, se contenta de les suivre curieusement du regard. Koyani (le chat) était couché au soleil sur le banc de la terrasse et releva juste une oreille quand le sol en bois craqua sous leur poids.

Jeonghan toqua à la porte et la radio qui jouait des vieilles chansons s'arrêta. Il toqua une seconde fois et cette fois-ci, il y eut du mouvement et bientôt apparut une petite silhouette de l'autre coté de la porte en verre flouté.

Il reconnu les longs cheveux noirs de sa mère et la robe vert d'eau qu'elle adorait porter.

Elle ouvrit la porte, intriguée et comme il s'en doutait, elle fut surprise.

« Jeonghan, Chan... » dit-elle, n'y croyant pas.

Elle prit son fils dans ses bras puis Chan et les fit entrer. Même le salon n'avait pas changé. Tout était à la même place, même les photographies de lui sur les murs.

« Qu'est-ce que vous faites là ? » demanda-t-elle finalement.

« Je voulais te voir.

- Oh... » Elle hocha la tête deux ou trois fois puis lui sourit.

Ils s'assirent tous les trois sur le canapé et elle leur servit du thé qu'elle avait préparer bien avant leur arrivée.

« J'ai entendu pour ton agression, chéri mais je n'ai pas réussi à t'avoir au téléphone. Ils me refusent l'accès sous prétexte que je ne suis pas sur la liste des numéros autorisés. » expliqua-t-elle en resserrant son châle sur ses épaules. « Comment va ta blessure ?

- Ça tire un peu quelquefois mais ça va. Et... Et papa ? Il s'est remis de sa chute ?

- Il boite encore un peu mais le médecin dit que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne puisse remarcher correctement. »

Il eut un silence et ils se sentirent mal à l'aise. Il fut une époque où il y avait des rires et de la musique constamment dans cette maison mais ce n'était plus le cas maintenant. Plus depuis l'annonce de demande en mariage.

« Il est où, là ?

- Parti marcher avec Joohyeon.

- Je ne savais pas qu'elle allait passer aussi.

- C'est une bonne chose, on sera tous réunis comme ça ! »

Sa mère semblait vraiment ravie de ces retrouvailles familiales non prévues. Se détendant un peu, ils commencèrent à discuter de tout et de rien. Quand le soleil commença à se coucher, Madame Yoon se leva du canapé en expliquant qu'il était l'heure d'aller faire le diner. Jeonghan s'apprêta à la suivre dans le cuisine tel l'enfant qu'il se sentait redevenir mais soudainement la porte s'ouvrit et les deux garçons se levèrent pour saluer celui qui rentrait. Monsieur Yoon apparût dans l'entrée et le cœur de Jeonghan s'arrêta. Qu'est-ce qu'il lui avait manqué.

Il était tellement différent. Sa barbe était beaucoup moins soignée qu'avant et ses cheveux plus gris. Il se soutenait d'une canne noire austère et portait un gros pull vert. Quand il se tourna pleinement, il se rendit compte que son visage était aussi plus marqué par la fatigue et les rides. Il semblait beaucoup moins frais que son épouse alors qu'ils avaient tous les deux le même âge.

Monsieur Yoon remarqua enfin la présence de son fils et il ne put cacher sa surprise. Jeonghan allait le saluer en souriant mais le visage de l'homme se referma et il dit sèchement :

« Jeonghan. »

A cette voix, la Lionne se tendit et malgré la déception qui lui écrasa le cœur, elle dit :

« Bonjour Papa. Comment vas-tu ?

- Bien. »

Il ne lui demanda pas s'il allait bien à son tour et disparu dans son atelier à bois. Joohyeon rentra à la suite sans se rendre compte de la situation puisqu'elle disputait le chat qui lui trainait dans les pattes.

« Jeonghan ! Chan ! » s'exclama-t-elle, surprise. Elle se dirigea en trottinant vers eux et leur fit à chacun un câlin. « Je ne savais pas que vous veniez ! Vous m'avez trop manqué !

- On s'est vu il y a deux semaines...

- Il serait temps que tu arrêtes de sécher le travail comme ça. C'est dur de s'occuper du magasin toute seule. »

Ses petits yeux semblables aux siens se plissèrent et elle fit une moue attristée. Il lui pinça les joues et elle lui tapa de la paume de la main l'épaule. Elle lui tira ensuite la langue et s'enfuit avant qu'il n'ait le temps de lui faire quoique ce soit.

« Quelle idiote... » murmura Jeonghan, amusé « Allons ranger nos affaires, Chan. »

Monsieur Yoon n'avait pas dîner avec eux ce soir-là et n'avait pas non plus répondu à son fils quand celui-ci était venu toquer à la porte de son atelier pour lui souhaiter bonne nuit. Madame Yoon avait jeté à son enfant un regard désolé alors que celui-ci avait rejoint la chambre qu'il partager avec Chan.

« Chéri ? Je suis venue t'apporter le dîner. » dit-elle proche de la porte. Il eut un déclique et elle put entrer. Elle posa le plateau sur un bout de table libre de tout outil et s'approcha de son mari. « Tu comptes continuer longtemps à faire la tête à Jeonghan ?

- Notre fils fait n'importe quoi et je refuse d'être celui vers qui il se tournera pour réparer les pots cassés.

- Tu parles de l'adoption de Chan ou bien de ses fiançailles ? Je ne vois pas ce que tu peux lui reprocher dans les deux cas. »

Ils avaient eu cette discussion encore et encore et encore et pourtant, Monsieur Yoon était incapable d'avaler la pilule.

« Tu avais peur qu'il échoue dans ses études en ayant la charge d'un enfant mais il l'a fait. Tu devrais être fier de lui.

- Il l'a fait ? Il n'a rien fait du tout. Il était supposé faire de grandes choses mais il s'est satisfait d'une boutique de fleur tout simplement parce qu'il a réussi l'examen de peu et qu'aucune compagnie voulait de lui ! Tout ça parce qu'il faisait passer un gamin avant lui ! »

Madame Yoon laissa son regard se balader dans la pièce pour se calmer et ne pas lever la main sur son mari qui débitait beaucoup trop de bêtises à son goût. Elle sursauta quand elle croisa le regard bouleversé de Chan caché en retrait de l'encadrement de la porte. Sans le quitter du regard, elle dit à son mari qui n'avait rien remarqué :

« Chan n'est pas n'importe qui, Jeonghyung. Il est le fils de nos défunts amis et le petit-frère de Jeonghan à ses yeux. Le jour de l'accident, nous avons été trop bouleversés pour ne serait-ce songer à ce pauvre petit laissé seul dans ce monde si cruel mais notre fils... Notre tout petit garçon n'a pas oublié lui et il agit en conséquence. Tu devrais être fier de lui et de Chan qui ne lui a jamais mené la vie dure. »

Le garçon disparu dans le salon plongé dans le noir et elle entendit des pas feutrés par la moquette se diriger rapidement vers les escaliers. Elle soupira. Quand est-ce que son mari se rendrait compte du mal qu'il faisait aux enfants de cette famille ?

« C'était un acte irréfléchi qui lui a coûté un avenir brillant, Yoona !

- Il va devenir roi de Corée du Sud ! Ce n'est pas un avenir brillant ça ? »

Il eut un silence et elle sut à quoi il pensait. Bien sûr que oui, c'était un avenir brillant, dommage que ce soit avec un homme.

« Comment sommes-nous supposés avoir des petits enfants comme ça ?

- Je suis sûre que Joohyeon et Chan s'en chargeront très bien. Et puis, il y l'adoption.

- Ce n'est pas pareille.

- Je sais. »

Elle soupira puis avant de quitter la pièce, elle lui demanda de bien mangé et de laver sa vaisselle avant d'aller se coucher. C'est épuisée qu'elle rejoint la chambre parentale pour se blottir dans les draps. A quel moment sa famille était-elle devenue si pleine de conflits ?

Jeonghan ouvrit un œil quand il sentit quelque chose se blottir contre lui. Il reconnut la chevelure toute douce de Chan et le serra un peu plus fort qu'il ne l'était déjà contre lui. C'était inhabituel mais il n'allait pas s'en plaindre.

« Jeonghan ? » dit-il tout doucement, il sonnait malheureux.

« Hum ?

- Tu as déjà regretté d'avoir décidé d'être mon tuteur ?

- Jamais. » répondit-il sans hésiter.

Il sentit le plus jeune se rapprocher encore plus de lui et murmurer un « merci » d'une voix beaucoup moins sombre.

Chan était venu de nombreuses fois chez les Yoon avant que Jeonghan devienne son tuteur et il était certain que l'atmosphère à cette époque n'était pas aussi lourde que maintenant. Et il se demandait souvent ce qui pouvait bien causé cela. Jusqu'à hier soir où il apprit par accident qu'il était une partie du problème. Il y avait une époque où il se promenait librement dans la maison mais maintenant, il avait l'impression qu'il n'en avait plus le droit. Monsieur Yoon l'aimait beaucoup moins qu'il ne le pensait et cela lui brisa le cœur.

« Chan, tu ne manges pas ? »

Joohyeon lui fit une mine inquiète et il saisit maladroitement ses couverts pour commencer à manger. Madame Yoon passa dans la cuisine, fraîchement réveillée et fit le tour de la table pour déposer un baiser sur le front de chacun d'eux en signe de salutations.

« Bien dormis, les enfants ? »

Ils protestèrent tous à leurs surnoms et elle rit. Même si Monsieur Yoon ne semblait pas aimé Chan, il avait les autres membres de la famille pour ça et cela lui suffisait amplement.

Madame Yoon se fit une tasse de thé, quelques tartines à la crème de citron et prit une pomme dans le fruitier ; disposa le tout sur un plateau et souhaita un bon appétit aux plus jeunes avant de quitter la cuisine pour aller s'installer à l'arrière de la maison.

Chan suivit la femme du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'extérieur. Il avisa ensuite le beurre à l'autre bout de la table, à côté de Jeonghan.

« Tu pourrais me passer le... »

Le téléphone du plus âgé se mit à sonner bruyamment et c'est avec curiosité que celui-ci décrocha. Il quitta la table pour s'appuyer contre le plan de travail.

« Allô ?

- Bonjour votre Altesse, c'est Park Joohee.

- Oh ! Bonjour Joohee, comment allez-vous ?

- Bien et vous ?

- Je me sens en pleine forme. Vous avez besoin d'aide ? »

Jeonghan se doutait bien qu'elle n'appelait pas pour rien. Après tout, il lui avait promis de lui rendre un service. Il ne s'attendait juste pas qu'elle le contacte de sitôt.

« Hé bien... » reprit la femme avec hésitation « Je suis la directrice générale d'un magazine.

- Ah bon ? Lequel ?

- Le Royal, vous avez peut-être déjà entendu parler de nous.

- Je devais justement vous joindre pour une demande d'interview mais avec l'agression...

- Figurez-vous que j'appelais justement pour savoir si vous vouliez bien faire une interview pour nous ! »

Jeonghan sourit à l'excitation présente dans la voix de la quinquagénaire. Sa sœur et Chan à côté, l'observaient intrigués. Joohyeon n'avait jamais entendu parler d'une Park Joohee et Chan se demandait de quoi pouvaient-ils bien parler tous les deux.

« Je n'ai entendu que du bien de votre magazine alors je ne me vois pas refuser cette interview. Sur quoi porterait-elle ?

- De vous et de votre quotidien principalement. Vous avez aussi la possibilité de nous soumettre des questions pour que vous puissiez y répondre durant l'interview.

- Ça me paraît bien, j'envoie un message à mon attaché de presse. Il arrangera une heure et une date avec vous.

- Entendu. Merci beaucoup votre Altesse ! A bientôt !

- Au revoir. »

Jeonghan raccrocha et ouvrit l'application messagerie de son téléphone. Il s'en voulait de devoir déranger Minghao durant son voyage en Chine mais c'est lui qui était en possession de son emploi du temps et il devait le prévenir de chacun de ses déplacements non déjà répertoriés.

Tiens ? Il y avait deux messages non lus de sa part. Jeonghan ouvrit le message. Le premier disait : « On s'est fait agresser. Même mode opératoire. Criminelle arrêtée. Coréenne. » et le second : « On la ramène avec nous. »

Comment ça, ils s'étaient fait agresser ?! Même en dehors de la Corée, les gens étaient en danger ? Mais pourquoi s'en prendre à Junhui et Minghao ? Quel était l'intérêt pour la voix de faire cela ? Quel était son objectif final ? Que leur voulait-t-...

« Jeonghan ? »

Il fit volte-face. Les deux plus jeunes le regardaient intrigués et son instinct lui hurla de ne surtout pas les mêler à toute cette affaire d'agressions. Il était venu avec Chan ici dans le but de se ressourcer et de s'éloigner de toutes les obligations et de tous les problèmes qui l'attendaient à Séoul, non ? Il décida donc que pour l'instant, il allait profiter de sa famille et qu'une fois de retour à la capitale, il irait directement rendre visite au trois agresseuses arrêtées puis partirait à la recherche de celle qui s'en était prise à Wonwoo.

« Je meurs de faim ! » s'exclama-t-il en retournant s'assoir en face de sa tasse de café. Il sourit à Joohyeon avant de lui piquer sa tartine et de mordre dedans sans aucune hésitation. Il éclata de rire sous ses cris d'indignation.

Cette semaine, il allait être un jeune adulte comme les autres. Du moins, c'est ce qu'il croyait...

Quatre jours. Cela faisait quatre jours que Jeonghan et son père se fusillaient du regard, s'ignoraient ou se balançaient des hostilités. La lionne avait l'impression d'avoir vieillit de dix ans avec la tension permanente qui étouffait la maison Yoon. Il n'aimait pas ça mais il aimait encore moins la manière dont son père le regardait, le jugeait ou le bousculait. Aujourd'hui était un peu différent, cependant. Ses parents étaient partis au marché plus tôt dans la matinée et Chan et Joohyeon dormaient toujours. Il était assis sur la terrasse, un roman en main et savourait cet instant de tranquillité qui était devenu si rare depuis quelques temps.

Il faisait doux aujourd'hui et Jeonghan soupira d'aise. Il aimait ce temps ni trop froid ni trop chaud et cela faisait un moment qu'il ne s'était pas juste posé quelque part pour passer du temps seul. Il tourna la page de son livre mais sa tranquillité se retrouva perturbée par son téléphone qui se mit à sonner bruyamment. Ayant peur de réveiller les deux endormis malgré le fait qu'ils soient à l'étage, il décrocha avec empressement.

« Allô ?

- Jeonghan ? »

C'était Seungcheol. À sa voix, il semblait un peu fatigué et le cœur de Jeonghan se serra. Il ne s'attendait pas à l'entendre de si tôt.

« Bonjour Seungcheol.

- Tu te sens mieux ?»

Était-il vraiment soucieux de son état ou était-ce juste pour remplir son devoir de fiancé ? Jeonghan n'arrivait plus à savoir. Il joua distraitement avec sa bague de fiançailles qui semblait être devenue légèrement trop grande ces dernières semaines.

« Je vais... mieux. Ouais.

- Je suis désolé d'être parti aussi subitement... Cette rencontre politique était totalement imprévue.

- Ça se passe bien jusque là ?

- On n'a pas encore attaqué le problème, on visite le pays et on mange en compagnie des chefs.

- Je vois... »

La Lionne ne le voulait pas vraiment mais sa voix était plus froide que d'habitude. Seungcheol sembla s'en rendre compte puisqu'il demanda d'une petite voix timide :

« Tu es fâché ? »

Jeonghan allait dire non mais il réalisa qu'il n'était pas fâché. Il était furieux. Et il avait plein de choses à hurler au téléphone à Seungcheol. Pourtant, il ne dit rien. Il détailla le champ en face de leur maison puis le bleu ciel rempli de nuage cotonneux et enfin les arbres fruitiers cependant cela ne le calma pas pour autant.

« Jeonghan ? » répéta le prince avec une pointe d'inquiétude dans la voix. Ce qui énerva un peu plus le châtain. Comment osait-il paraître inquiet alors que c'était lui qui avait fui comme d'habitude ? N'était-il pas supposé être courageux et attentif comme tout le monde le disait ? Pourquoi s'obstinait-il à agir comme s'il n'était pas en tort ? Pourquoi ne s'excusait-il pas alors qu'il savait très bien qu'il avait blessé celui qu'il disait aimé ?

Il jeta un regard à Koyani qui dormait à se côtés et appuya sur le symbole rouge pour raccrocher. Il posa une main sur la tête du chat et de l'autre, reprit sa lecture. Se plongeant dans l'histoire qu'il lisait, il tenta de faire abstraction de la vive douleur qui brûlait ses poumons, sa gorge et ses yeux.

Monsieur Yoon semblait de bien mauvaise humeur en rentrant et il était déterminé à se défouler sur son fils. Il allait de remarques acerbes et remarques acerbes sans jamais perdre le rythme. Il avait critiqué sa tenue d'aujourd'hui, l'état de ses cheveux qu'il jugeait trop longs et même la manière dont il avait mis la table. La manière dont il avait mis la table !

« Comment ça se passe au Palais en ce moment ? » demandait sa sœur alors qu'ils étaient tous réunis dans le salon, ayant pour objectif d'adoucir l'atmosphère. Il faut dire que Jeonghan n'avait pas vraiment eu l'occasion jusqu'à présent de leur raconter sa vie au château.

« Les choses sont plutôt désordonnées en ce moment. Il y a le mariage a préparé mais tout a été reporté à cause des agressions et...

- Tu n'aurais jamais été agressé si tu n'avais pas décidé de draguer le prince. » intervint son père

Il rétorqua : « Comme si je savais qu'il était prince à l'époque... Bref. Seungcheol est à l'étranger en ce moment pour régler un conflit. D'après le roi, c'est la meilleure solution pour qu'il impose le respect aux autres dirigeants.

- Quel homme ! » ironisa Monsieur Yoon « Il préfère jouer les durs ailleurs au lieu de rester auprès de son (il mima des guillemets avec ses indexes) fiancé !

- Je peux savoir pourquoi tu as mis « fiancé » entre des guillemets ? Qu'est-ce que tu insinue ?

- J'insinue que c'est du n'importe quoi. A qui tu veux faire croire que vous vous aimez vraiment ? La crise d'adolescence, c'est fini Jeonghan. »

Chan, Joohyeon et leur mère observaient la scène, complètement paralysés. Ils n'osaient pas s'interposer entre les deux hommes qui semblaient vouloir régler leur compte maintenant. Ils sursautèrent quand un rire amer quitta la gorge de Jeonghan qui était maintenant rouge de colère.

« La crise d'adolescence ? Tu déconnes j'espère !

- Surveille ton langage, jeune homme !

- Jeune homme ? Jeune homme ?! » Jeonghan n'en croyait pas ses oreilles « J'ai un travail, ma propre maison et une famille ! Je ne dépends plus de toi alors arrête de me traiter comme un enfant.

- Tu n'as rien de tout ça, Jeonghan. Tu as laissé la boutique à ta sœur, tu n'as pas de famille et ta maison ne t'appartient pas ; tu vis au crochet d'un autre comme un parasite. Je pensais avoir élevé un enfant intelligent, pas un mauvais au point de jouer la comédie et manipuler quelqu'un pour vivre la belle vie sans problème. »

Jeonghan retira brusquement le pull qu'il portait pour dévoiler son buste. Il avait toujours un bandage à son coté, là où il avait été poignardé et on pouvait voir quelques bleus parsemer sa peau bronzée. Il tapa à plusieurs reprises sur son diaphragme de la paume de sa main et dit avec rage :

« J'ai des problèmes ! J'ai plus de problèmes que tu ne peux l'imaginer ! Tout n'est pas tout beau et rose là-bas mais je m'accroche quand même et tu sais pourquoi ?! Parce que...

- Ne me dis pas que c'est parce que tu l'aimes. Tu as juste besoin de son argent parce que tu sais que seras mis à la rue sinon. »

Jeonghan sembla perdre toute force et un soupir lasse traversa ses fines lèvres.

« Bon. Ça suffit. J'en ai marre de toutes ces conneries que tu déballes.

- Jeonghan... » c'était un avertissement. Il ne le prit pas en compte. S'il devait venir aux mains avec son père, qu'il en soit ainsi.

« Je suis gay et tu ne peux rien y faire. » dit-il avec conviction. C'était fini, il ne laisserait plus jamais son père le traiter comme ça. Il était temps qu'il fasse face à la menace. Il ne pouvait plus se cacher entre ses mains. Il répéta plus fort : « Je suis gay ! Je suis gay et je vais me marier au prince de la Corée du Sud ! Ce n'est pas en me hurlant dessus que ça va changer ! Ça ne changera jamais. »

Il tremblait de partout et son coeur était près de s'arracher de sa poitrine tellement il battait fort mais il se sentait assez puissant et confiant (et probablement inconscient) pour se défendre. Son père garda sur lui un regard dur mais il ne flancha pas. Ils se fixèrent dans les yeux de manière menaçante et au bout de quelques secondes, Jeonghan dit d'une voix sans appel :

« Chan, on y va. »

Le plus jeune ne se fit pas prier et quitta le salon pour aller dans la chambre qu'ils partageaient remplir leurs valises. Jeonghan allait le suivre mais s'arrêta à mi-chemin dans l'escalier. Il tourna un regard déçu vers son père et dit de sorte à être entendu par celui-ci :

« J'étais venu en espérant que toi et moi puissions régler nos problèmes calmement, comme des adultes mais je suis déçu de savoir que ce n'est pas possible. Tu restes invité au mariage mais je t'interdis d'y mettre les pieds temps que tu n'auras pas changé de mentalité. Je suis amoureux de Seungcheol et Seungcheol est amoureux de moi ; tu ne peux rien y faire. »

Jamais Jeonghan avait été aussi heureux de voir le Palais Royal. Cette semaine passée chez ses parents s'était avérée moins revigorante qu'il ne l'avait pensé. Ils passèrent l'entrée principale et les deux gardes qui y étaient postés les saluèrent dès qu'ils les eurent reconnu. Ils prirent l'ascenseur qui les mena jusqu'au troisième étage où se trouvait l'appartement du couple princier. Une fois devant la porte d'entrée, Jeonghan sortit ses clefs de sa veste et la déverrouilla.

Jeonghan ne s'attendait pas à trouver Seungcheol déjà là à leur retour. Il ne l'aurait pas su, d'ailleurs, si ses cheveux ne dépassaient pas de l'accoudoir du canapé sur lequel il avait reposé sa tête pour dormir. Le déjeuner était prêt dans la cuisine, l'appartement sentait les produits ménager à l'amande et l'air était libéré de toute pollution ; depuis combien de jour astiquait-il la maison de fond en comble ? Il voulait vraiment se faire pardonner cette fois.

Chan, sans jeter un regard au prince se dirigea vers sa chambre pour déballer ses affaires. Jeonghan s'approcha discrètement du canapé et se pencha en avant pour observer de plus près le visage du Lion qui sembla s'agiter un peu dans son sommeil. Il lui caressa les cheveux, une boule de tendresse réchauffant son cœur.

« Hanie... » murmura Seungcheol avant d'ouvrir les yeux. Leurs regards se croisèrent et Jeonghan reçut comme un choc électrique ; c'était comme la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. Comme un second coup de foudre. Cela sembla avoir le même effet sur le prince qui frissonna.

Ils s'étaient manqués.

« C'était bien chez tes parents ? »

Il hocha la tête en réponse et se mit à rougir furieusement. Les yeux sombres de Seungcheol parcouraient son visage encore et encore comme s'il voulait graver chaque détail dans sa mémoire. Au bout de quelques secondes de silence confortable, Seungcheol approcha son visage de celui de Jeonghan et déposa un baiser sur ses joues et son front.

« Je suis désolé d'être parti sans te prévenir.

- Et moi de t'avoir raccroché au nez. »

Ils sourirent tous les deux.

« Je t'aime.

- Moi aussi, je t'aime. »

2

Seungkwan n'en revenait pas. Il y avait de fortes chances pour que la Voix pioche ses larbins forcés au sein même du Royal ! Cela voulait dire que chaque femme travaillant là-bas était une potentielle victime.

Il sorti du commissariat après avoir salué le chef de la police et prit soin de remettre ses lunettes et son masque correctement. Arrêtant un taxi, il s'apprêta à lui donner l'adresse du Royal quand il se rendit compte que cela faisait une bonne heure déjà qu'il était sorti de l'appartement. Hansol devait probablement s'inquiéter maintenant et connaissant sa manie de toujours trop réfléchir à tout, Seungkwan se douta qu'il était capable de lui imaginer le pire. Tant pis, il lui enverrait un message, c'était trop urgent pour reporter.

Il donna rapidement l'adresse au chauffeur qui s'empressa de démarrer à l'air pressé de son client. Le bâtiment du Royal se dessina très vite et Seungkwan tandis précipitamment sa carte au bleue au chauffeur. Une fois qu'il eut payé, il se précipita vers l'entrée du bâtiment. Passant les grandes portes, il ne prit pas la peine de se présenter à l'accueille qu'il se dirigea toujours en courant vers les bureaux. Il grimpa un étage puis deux en hurlant le nom de la directrice.

Finalement, il reconnu son imposante stature au milieu d'un rassemblement. Elle semblait parler d'un sujet important tout en donnant en même temps des directives à droite et gauche. Il ne réfléchit pas et se précipita vers Madame Park.

« Madame Park ! » elle se retourna vers lui, sous le choc « Il faut que je vous parle d'urgence !

- Mais enfin, mon Cœur, que se passe-t-il ? »

Toute l'attention était porté sur eux mais il s'en fichait. Il lui attrapa le poignet pour l'emmener dans un coin plus discret mais toujours surprise, elle ne se laissa pas faire.

« Vous êtes en danger ! C'est ici que la Voix vient prendre ses...

- Pas si fort ! » Elle lui plaqua une main sur la bouche. Elle avait senti la gravité de la situation et ne voulait pas que les membres de son équipe s'inquiètent. « Allons parler dans mon bureau. »

Madame Park déverrouilla la porte de son bureau et fit entrer Seungkwan avant de l'inviter à s'assoir en face d'elle à la longue table qui trônait au milieu de la pièce. La salle était différente depuis la dernière fois qu'il était venu mais il ne s'en étonna pas, ce n'était pas la première fois qu'elle refaisait son bureau, une affaire de chakra ou quelque chose comme ça.

« Pourquoi as-tu l'air si bouleversé, Chéri ?

- Vous savez, pour les agressions...

- Oui ?

- En fait, il n'y a pas qu'un seul agresseur mais plusieurs. Ce sont systématiquement des filles et toutes celles qui ont été arrêtées jusqu'à présent ont un lien avec le Royal.

- Comment ça ?

- La première a fait un stage et la seconde a décroché un contrat ici qui aura lieu à la fin de ses études. »

Elle sembla comprendre et murmura avec effroi : « C'est la petite Eunjung. Oh mon Dieu... Elle avait l'air si gentille pourtant.

- Aucune d'elles ne font de leur plein gré, le cerveau derrière tout ça leur font du chantage et elles sont forcées de coopérer si elles ne veulent pas voir leurs vies gâchées.

- Les pauvres... Qu'est-ce que je peux faire pour aider ? »

Elle lui saisit la main et il en fit de même. On aurait dit qu'elle était sur le point de tomber dans les pommes. Elle devait être bouleversée par le fait que sa compagnie fasse office de marché pour un criminel.

« Il faudrait que vous surveilliez vos employées. Serait-il possible de leur donné des congés le temps que l'affaire soit réglée ?

- Je ne sais pas... Je peux alléger les horaires et voir si je peux en congédier certaines. Merci beaucoup de m'avoir prévenu Seungkwan. »

Elle se leva de son fauteuil et vint lui faire un câlin.

« Je ne veux pas qu'il arrive malheur à une autre de mes filles.

- Je ferai tout pour que ça ne se reproduise plus. »

Ils restèrent dans la pièce un quart supplémentaire, le temps qu'elle se calme et reprenne ses esprits. Elle tint à le raccompagner jusqu'à l'entrée. Elle lui fit une seconde accolade et cette fois-ci, murmura dans son oreille : « Les murs ont des oreilles Seungkwan... et de mauvaises intentions, aussi. Soit plus discret d'accord ?

- Oui Madame Park.

- Je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit de mal à toi non plus. Tu es comme un second fils pour moi. »

Il rougit un peu, honoré du statu qu'il avait dans son cœur et monta dans le taxi qui l'attendait patiemment. Il l'observa retourner dans l'immeuble avant de donné son adresse au chauffeur. Pauvre Madame Park qui voulait bien faire et qui se retrouvait mêlée indirectement à des affaires de tentatives de meurtres...

« Hansol ? » appelait-il dès qu'il rentra dans leur appartement. Le salon était vide alors il prit la direction de la chambre du brun. Il n'y était pas. « Hansol ? » réitéra-t-il en sentant une peur non-identifiée ramper de son estomac à sa gorge. Il se dirigea vers salle de bain. Vide. Les toilettes. Vides. La cuisine. Vide. Le balcon. Vide.

Mais où pouvait-il bien être ? Pourquoi ne lui avait-il pas dit qu'il sortait ? Il ne voulait pas qu'il le sache ? Pourquoi ne voulait-il pas qu'il le sache ? Il voulait partir sans qu'il ne le sache, c'est ça ? Partir pour aller où ? pour faire quoi ? avec qui ? Et s'il était seul ? Et s'il était en danger ?

« Hansol ? » Sa voix se brisa et ses yeux s'humidifièrent. Il ne voyait que des formes floues colorées quand il se déplaça maladroitement dans l'appartement jusque dans sa chambre où il se laissa tomber au sol. Il ne se sentait pas bien, son cœur battait trop vite dans sa cage thoracique, il respirait à vive allure.

« Seungkwan ? » entendit-il par-dessus ses pleurs. Quelqu'un le prit dans ses bras et il reconnu Hansol à travers ses larmes. « Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Hansol ? » Le blond essuya maladroitement ses larmes et releva un regard dubitatif vers son meilleur-ami. « Où... Où étais-tu ?

- Je me suis endormi sur ton lit... Que t'est-il arrivé ? »

Rien. Il ne lui était rien arrivé. Pourquoi réagissait-il comme ça, alors ? Était-il si stressé pour qu'il devienne sujets à des crises d'angoisse ? Non, ce n'était pas ça. Il n'avait pas peur que Hansol le quitte ou le déteste ; il avait peur que celui-ci meurt. S'il mourait, que deviendrait-il ? Que ferait-il seul face au reste du monde ? Qui pourrait-il aimer comme il aimait Hansol ? Avec qui aurait-il une relation aussi intense que la leur ? Personne. Parce que Hansol était unique et qu'il n'aimait et aimerait probablement que lui jusqu'à son dernier jour. Parce que personne ne pouvait remplacer l'être merveilleux qu'il était. Personne n'était aussi bon, gentil, attention et drôle.

« Je vais bien.

- Seungkwan, tu pleures. Tu ne vas vraiment pas bien. »

Hansol dégagea le visage du blond de ses cheveux et celui-ci sentit un nouveau flot de larmes glisser sur ses joues.

« C'est juste... Promet moi de toujours faire attention et de ne pas rester seul dehors, OK ? »

Le regard du rappeur sembla s'éclairait comme s'il avait compris ce qu'il se passait. Il s'approcha tout doucement du visage de Seungkwan et déposa un tendre baiser réconfortant sur son front avant de le serrer plus fort contre lui.

« Je te le promets Seungkwan. »

Aujourd'hui, Seungkwan était déterminé à travailler sur leur prochain mini-album. A cause de toute cette affaire d'agression, leur dernier retour était passé à la trappe et s'il voulait vite se défaire du plan du PDG, il devait faire en sorte à ce que la popularité de leur duo soit de nouveau dû à eux-mêmes et leur travail musical ; pas leur pseudo relation. Quand ils pénétrèrent l'agence en mâtinaient, quelque chose le perturba.

Les regards que les collègues posaient sur eux étaient différents des précédents. Ils étaient moins plaignants et compatissants et plus froids et dégoûtés. Seungkwan s'en était très vite rendu compte mais pour une raison inconnue il s'était dit que tout était dans sa tête et que c'était probablement dû à la fatigue. Cependant, dans l'après-midi les regards étaient devenus plus appuyés et les gens étaient plus froids.

« Monsieur le PDG vous attends. » dit sèchement la réceptionniste quand le duo repassa la porte d'entrée après être sortis pour déjeuner. Ils se jetèrent un regard intrigué avec de prendre la direction de l'ascenseur pour se rendre au dernier étage.

« Qu'est-ce qu'il veut d'après toi ? » demanda Hansol en s'approchant plus de son partenaire.

Seungkwan haussa les épaules. Il ne savait pas ce qu'il leur voulait mais il espérait que ce soit en rapport avec l'enregistrement publié dans What a Beautiful Couple. L'ascenseur se réouvrit et ils se dirigèrent vers le bureau du PDG.

« Hansol ! Seungkwan ! Bonjour mes petits. Asseyez-vous ! »

Le vieux monsieur semblait étrangement de bonne humeur aujourd'hui et c'est avec méfiance que les deux artistes s'assirent. Il chantonna en tapant rapidement sur son ordinateur et au bout de quelques minutes, il tourna l'écran vers eux. Il était affiché une maquette représentant de grandes bannières suspendu à ce qui semblait être le bâtiment principal de la compagnie.

« J'ai décidé de faire de vous les visages de notre entreprise ! »

Ils restèrent interdit face à cette annonce. Ça n'avait aucun rapport avec What a Beautiful Couple.

« Quoi mais...

- Vous et les Goodbye Kings êtes les groupes qui rapportent le plus d'argent à la compagnie depuis deux ans et la qualité de vos fandoms respectives semble particulièrement bonne. C'est pour ça que faire de vous nos visages officiels nous rapporterait encore plus d'argent.

- Ça ne risque pas de contre-carrer vos plans, monsieur ?

- Je ne pense pas. » il se pencha un peu plus sur son bureau « Vous n'avez rien à perdre si vous acceptez. Les Goodbye Kings ont déjà accepté l'offre ; on attend que le retour de Wonwoo pour commencer le photo shoot. D'ailleurs savez-vous comment se porte Kim Mingyu ? Il me semble que vous êtes amis avec lui.

- Je dois lui rendre visite ce soir. » dit Seungkwan.

« Je voudrais lui communiquer un contrat, peux-tu lui donner pour moi ?

- Oui. »

C'était probablement en rapport avec leur relation amoureuse. Un tas de papier contenant une multitude d'obligations, de règles et de conditions ; Mingyu devrait sûrement demander l'aide de son avocat pour tout comprendre et déchiffrer.

Quand ils quittèrent le bureau, ils croisèrent deux filles qui se mirent à chuchoter quand elles les remarquèrent. Ils les observèrent disparaitre à l'angle du couloir et furent surpris quand l'une des deux fit demi-tour. Elle vint se poster face à eux.

« Vous êtes vraiment mignons ensemble. Ne laissez pas les autres vous rabaissez, d'accord ? »

Seungkwan s'apprêta à expliquer qu'ils n'étaient pas un couple quand il sentit le bras de Hansol entouré sa taille.

« Merci beaucoup pour ton soutient. Ça fait du bien d'avoir une alliée qui brille au milieu de tous ces regards noirs. »

Alors Hansol les avait remarqué lui aussi... Seungkwan avait espéré que non car il savait que le plus jeune était toujours mal à l'aise à l'idée d'être haï par quelqu'un. Mais il semblait l'accepter si bien maintenant. Et en y réfléchissant, il semblait plus à l'aise quand il s'agissait de parler à des inconnus. Hansol avait grandi. Est-ce que Seungkwan avait grandi, lui ? Pas vraiment, si vous voulez son avis. Il avait l'impression d'être toujours ce même gamin capricieux et bruyant.

« Je crois bien que Seungkwan est trop ému pour te répondre. » il rit légèrement et elle l'imita. « Seungkwan ?

- Ah ! Oui ? Hum... Je suis très heureux que tu sois venu nous dire ça. C'est très gentil de ta part. Merci beaucoup. »

Il se pencha en avant rapidement en signe de remerciement et lui dit que si elle avait besoin de quoique ce soit, de le contacter. Ressentant l'envie urgente d'aller se cacher dans leur studio, il laissa Hansol et la fille discuter.

Une fois assit sur son fauteuil, il laissa échapper un énorme soupir. Il saisit son carnet de note et alluma son ordinateur. Ce mini-album n'allait pas s'écrire tout seul. En plus, il avait une interview prévu ce vendredi avec le Royal pour parler de ce futur projet. Il n'avait pas de temps à perdre !

« De quoi va-t-il parler ? Le dernier était centré sur les vacances d'été et l'amour... » réfléchit-il à voix haute. Ça l'aidait toujours de faire ainsi alors il profita de sa solitude pour s'en donner à cœur joie. « On approche des vacances d'hiver... Pourquoi pas quelque chose comme l'hiver et la... »

Son téléphone se mit à vibrer et cela fit un bruit monstrueux contre le bois du bureau. Un peu paniqué, il le saisit et appuya sur le symbole vert en forme de téléphone pour répondre à l'appel.

« Allô ? »

On respira de l'autre bout du fil quelques secondes et alors qu'il s'apprêtait à raccrocher –pensant qu'il s'agissait d'un canular–, une voix difforme se fit entendre.

« Arrête tes recherches. »

C'était la Voix. Un frisson grimpa dans son dos et il resserra sa prise sur le téléphone. Il rétorqua vaillamment :

« Je vous trouverai et vous mettrai en prison.

- Je ne crois pas. Tu ne voudrais pas que l'une de tes amies soient blessée, n'est-ce-pas.

- Quoi ? »

Elle raccrocha et il reçut un SMS qui contenait une photo. Le cœur battant la chamade, il attendit que la pièce jointe charge.

« Oh non... »

C'était un cliché qui montrait Pilsook souriant dans ce qui semblait être les locaux du Royal. Elle tendait à l'une de ses collègues des documents, elle avait au poignet cette montre rose qu'elle avait tout le temps et son chignon habituellement impeccable expliquait par son état dégradé que la journée touchait à sa fin. Elle n'était pas au courant de ce cliché, elle n'était pas au courant qu'elle était en danger.

Il écrivit : Si j'arrête de poursuivre l'enquête, vous la laisserez tranquille ?

La voix répondit : Bien sûr. Mais au moindre mouvement suspect, elle devient ma prochaine victime.

Il sentit tout son corps se tendre à l'idée de la pauvre et innocente Pilsook les mains tachées de sang pour toujours.

Il tapa : Bien. Je ne ferai plus rien.

Elle n'était pas vraiment son amie (Il ne connaissait même pas sa couleur préférée) mais même s'il mourrait d'envie de découvrir qui se cachait derrière la voix modifiée pour lui arracher la peau du visage, il n'avait pas la force de sacrifier quelqu'un. Il n'avait pas si peu de morale. Il n'était pas aussi cruel que la Voix l'était en forçant des personnes innocentes à travailler pour elle.

« Seungkwan ? C'était qui au téléphone ? »

Il sursauta quand Hansol posa une main sur son épaule et il pressa de verrouiller son téléphone. Il se recomposa et lui sourit doucement. Il fit glisser sa main de ses cheveux à sa joue tendrement et dit :

« Faux numéro. Ça te dirait qu'on aille à Jeju ce weekend ? »

3

Des respirations désordonnées, des peaux brûlantes, des vêtements dispersés sur le sol, des draps froissés. Des gémissements, des regards désireux échangés ; des mains caressant des corps entremêlés. Des noms tantôt murmurés tantôt criés, des prières exaucées...

Joshua avait presque oublié ce sentiment de liberté qu'il ressentait après avoir fait l'amour avec Sunjoon. Il avait mal à la gorge et aux poumons et tous ses muscles étaient tendus mais malgré ça, il était heureux. Ça aussi, il l'avait oublié ; le bonheur.

« Bon sang, Josh'. » dit le duc dans son oreille « T'es incroyable. » sa voix rendue encore plus roque par leurs ébats s'évanouit dans sa respiration erratique.

« Toi aussi, tu l'es. » répondit le concierge en déposant un baiser sur les lèvres du duc. Il allait quitter les draps et prendre une bonne douche quand celui-ci lui attrapa le poignet pour le resserrer contre lui.

« Restons au lit, hum ?

- Si tu insistes. »

C'était étrange d'être encore dans le même lit que Sunjoon alors qu'ils avaient fini leurs ébats depuis longtemps. Normalement, ils se levaient juste après, prenaient une douche l'un après l'autre et passait à autre chose. Mais même si c'était inhabituelle, Joshua n'allait pas se plaindre, il aimait ça en quelque sorte.

Sunjoon lui caressait les cheveux d'une main et avait son autre main posée sur sa hanche. Son visage était perdu au creux du cou de Joshua. Il se sentait partir vers un sommeil léger, bercé par l'odeur et la respiration du concierge.

« Joshua, ce n'est pas un nom d'ici ça. Tu es étranger ? » demandait-il doucement et sa respiration réchauffa le cou du châtain.

« Né en Amérique de parents coréens. J'ai vécu là-bas jusqu'à mes dix-huit ans.

- Je vois... Je suppose que tu devais être un vrai délinquant alors. » Rigolait-il.

« Même pas, j'ai appris à me battre ici d'ailleurs.

- Tu sais te battre ?

- Oui.

- J'y crois pas ! T'es trop mignon pour ça.

- Ne me sous-estime pas... »

Il ne put finir sa menace que le ventre de Sunjoon gargouilla bruyamment. Ils s'échangèrent un regard surpris avant d'éclater de rire.

« Je crois bien que ton ventre à un message à nous faire passer. » chuchota Joshua, la voix légère.

« On sort manger ?

- Au Grand Palais ?

- Pourquoi pas. Allez, viens ! »

Joshua adorait définitivement arriver au bras de Sunjoon au Grand Palais, il se sentait puissant et important comme ça. Surtout quand ils passaient à côté d'un employé qui les reconnaissant (ou du moins reconnaissant Sunjoon) s'inclinait sous forme de respect. Oh, détrompez-vous, Joshua préférait le fait qu'il soit avec Sunjoon ! Mais disons que tout ce cirque au Grand Palais était un petit bonus fort plaisant.

« On se met à la même table que la dernière fois ? » murmura le duc dans son oreille de sa voix grave.

Ce genre de petit échange privé lui plaisait et il gloussa stupidement avant de hocher la tête en signe d'affirmation. Un autre réceptionniste que la dernière fois vint les accueillir et les emmena à leur table. Joshua sentit une petite boule de mélancolie se former dans sa gorge quand ses yeux se posèrent sur la vue lumineuse de la ville que leur offrait la baie vitrée ; elle n'avait pas changé depuis la dernière fois. Ils commandèrent du bœuf et leur meilleur vin.

Sunjoon était décidément un homme cultivé et argumenté ; Joshua aimait ça. Le duc semblait tellement passionné par ce qu'il disait que Joshua ne pouvait s'empêcher de sourire avec tendresse. Les traits brute de l'homme en face de lui mouvaient rapidement en accord avec ce qu'il disait, ses yeux fins et noirs brillaient sous la passion et ses lèvres pleines rougissaient au fur et à mesure qu'il parlait. Il était magnifique.

« Joshua ? Tu ne m'écoutes pas, c'est ça ? » demanda au bout d'un moment le duc et tous ses muscles faciaux se relâchèrent, arrachant un gémissement de contestation au concierge royal.

« Ce n'est pas ma faute... » il sembla se vexer et il se dépêcha de continuer « Tu ne t'es jamais vu quand tu es à fond dans ce que tu dis. Tu es vraiment... C'est dingue... »

Le duc rougit, bouche-bée par ce qu'il venait d'entendre. Il ne put rien répondre et bafouilla quelques syllabes avant de quitter la table, prétextant devoir aller aux toilettes. Le rire de Joshua le poursuivit jusqu'à ce qu'il passe la porte des sanitaires.

Joshua tourna son attention vers la vue, toujours amusé par la réaction de Sunjoon. De là où il était, il pouvait identifier trois bâtiments différents : le Palais Royal, l'immeuble dans lequel lui et Seokmin vivaient et les deux immeubles entre lesquels il avait été abandonné. Il reconnaissait leur couleur rouge si caractéristique, il n'y en avait pas quinze mille des comme ça, à Séoul. Il sentit sa gorge se serrer et ses yeux s'humidifier. Difficilement, il força son regard à se poser sur la table face à lui.

« Ça ne va pas ? »

Oh. Il n'avait pas entendu Sunjoon revenir.

« Oui, ça va. Pourquoi tu me demande ça ? » Il fit comme s'il ne comprenait pas et attrapa son verre de vin duquel il but une gorgée avant de se remettre à manger. Sentant le regard du brun toujours sur lui, il dit : « Donc... Ré-explique-moi ton projet vert, je promets de ne pas te regarder et de t'écouter attentivement. »

Sunjoon rit et fit ce que lui demanda Joshua.

Sunjoon était décidément un homme drôle et doué avec sa langue ; Joshua adorait ça. Le duc semblait tellement heureux à chaque fois qu'il entendait le rire du concierge qu'il se donnait à fond dans chacune de ses blagues... et aussi à chaque fois qu'il venait fourrer sa langue dans la bouche de son rendez-vous.

Ils avaient quitté le restaurant depuis un quart d'heure maintenant mais ils n'avaient toujours pas réussi à rentrer dans la voiture du duc. Ils étaient appuyés contre la capot et discutaient encore de choses et d'autres ; l'ambiance plus légère dû à l'alcool.

« Et là, elle m'a vomi sur les pieds ! » s'exclama Joshua et Sunjoon éclata de rire. Au bout de quelques secondes, ils se calmèrent et il posa sa tête sur l'épaule de son vis-à-vis.

« J'ai encore envie de t'embrasser. » dit celui-ci.

« Rien ne t'en empêche... »

Sunjoon gloussa et se positionna en face de Joshua. Il colla le deux corps et saisit son visage en coupe. Il posa doucement ses lèvres sur les siennes mais cela ne sembla pas satisfaire le plus jeune qui intensifia le baiser. Quelques gémissements traversèrent le leurs lèvres et ils y prirent un malin plaisir.

« Joshua ? »

Ils sursautèrent à l'entente d'une voix grave provenant d'à coté d'eux. C'était un homme qui semblait se diriger vers la trentaine. Son visage carré bien que marqué par la surprise, resta froid et en quelque sorte cruel. Il portait un costume noir, une montre argentée d'un grand horloger et des chaussures en cuir noir, montrant qu'il était assez aisé. Un homme plus âgé et habillé dans une tenu similaire semblait observer la scène d'un peu plus loin. A la vue de l'homme, Joshua ressentir un grand coup au cœur et tout son être se mit à trembler violemment.

« Alors c'est bien toi. J'ai failli ne pas te reconnaitre. A ce que je vois, tout va bien de ton côté. » dit-il en observant avec mépris Sunjoon « Il te paye combien ? »

A ces mots, le châtain chercha à tâtons la portière de la voiture et en s'enfonçant un peu plus dans les bras du duc qui ne comprenait toujours pas ce qu'il se passait.

« Comment tu appelles ta profession maintenant ? Est-ce que c'est toujours « passe-temps » ? Ou alors tu fais dans quelque chose d'un peu plus professionnel ? Comme « Escort-boy » ?

- Ça ne te regarde pas. » rétorqua-t-il d'une voix tremblante. Il trouva la poignée et tira dessus d'un coup sec et maîtrisé malgré ses tremblements. Il allait demander à Sunjoon de monter dans le véhicule quand l'indésiré lui attrapa l'autre main.

« Est-ce qu'il est aussi bon que moi ? Je suis sûr qu'il ne te fait pas monter au septième ciel comme moi.

- Lâche-moi.

- Ou quoi ? Tu vas me faire qu... »

Il ne put finir sa phrase qu'il fut poussé brutalement. Sunjoon fit passer Joshua dans son dos. Il fixa l'individu de son regard le plus haineux.

« T'es qui ? Tu veux quoi ?

- Je suis quelqu'un de meilleur que toi et je veux récupérer ce qui est à moi. Pousse-toi gros lard. »

Il essaya d'attraper de nouveau Joshua qui s'accroupit au sol sous la peur d'être de nouveau touché par lui mais il se fit de nouveau repousser. Sentant la colère monter, il s'apprêta à frapper le brun quand celui qui était resté au loin l'appela d'une voix autoritaire.

« Puisque nos copains sont tous deux des riches cons... » commença-t-il en reculant doucement « On se reverra à coup sûr, Jisoo. Et je te récupérai, on en pas fini toi et moi. »

Quand il se fut éloigné d'une distance favorable, le châtain se remit maladroitement sur ses pieds et poussa le duc sur le siège passager avant de s'assoir derrière le volant. Il démarra et quitta le parking souterrain à toute vitesse. Il ne ralentit qu'une fois arrivé devant son immeuble. Il coupa le moteur, lâcha les clés dans le véhicule et couru jusqu'à l'entrée où il appuya brutalement sur le bouton d'appel de l'ascenseur.

« Joshua ! Attends ! »

Il s'engouffra dans l'ascenseur et Sunjoon eut à peine le temps de passer les portes avant que celles-ci ne se ferment.

« C'était quoi, ça ? C'est qui ce type ? »

Mais le concierge semblait profondément plongé dans ses esprits. Il avait une mine torturée ; comme s'il vivait un cauchemars les yeux ouverts. Quand l'ascenseur se réouvrit et qu'il le quitta sans n'avoir rien dit au duc, celui-ci perdit patience et l'arrêta dans sa marche fragile.

« Joshua...

- Laisse-moi... Laisse-moi le temps de prendre une douche. » dit-il finalement en se dégageant de l'étreinte du plus âgé. Il rentra dans son appartement et se dirigea immédiatement vers la salle de bain ; laissant Sunjoon perdu au milieu du salon. Quand Joshua réapparut un quart d'heure plus tard, fraichement douché et qu'il se dirigea vers sa chambre sans même lui jeter un regard, il se décida à la suivre.

Le concierge était assis sur son lit où il fixait ses mains d'un air absent. Sunjoon le rejoint et caressa ses cheveux.

« C'est lui.

- Lui qui ?

- Mon démon. »

Sunjoon écarquilla les yeux de surprise. Et dire qu'il avait l'occasion parfaite de venger Joshua ! Si seulement il avait su...

« Tu veux m'en parler ? » Tenta-t-il dans l'espoir de soulager un peu le plus jeune. Celui-ci se laissa glisser jusqu'aux cuisses du brun où il posa sa tête. Il prit une main de celui-ci et commença à jouer avec ses doigts.

Une éternité silencieuse sembla s'écouler avant qu'il dise très doucement :

« Je suis arrivé en Corée de manière imprévue. Ma mère m'a surpris avec un garçon et on s'est disputés. J'avais peur qu'elle me mette dehors alors j'ai rassemblé toutes mes affaires et j'ai pris le premier vol pour Séoul. Je parlais presque couramment donc je n'ai pas eu de problème en arrivant. Enfin si, j'en ai eu... Je n'avais pas de maison, il fallait que je trouve une université et je savais que je n'allais pas tarder à manquer d'argent. Ce n'est pas un garçon de dix-huit ans sans expérience comme moi qui allait dégoter un travail facilement. J'ai erré dans les rues de Séoul une semaine entière, je me nourrissais de la tonne de bonne nourriture que jetait un fastfood tous les jours puis j'ai participé à des combats de rue où de l'argent était remis au vainqueur pour pouvoir m'acheter de la nourriture chaude. « Un soir, j'ai rencontré un type et j'avais beau être prudent, j'étais tellement désespéré que j'ai baissé ma garde face à lui. Il avait deux ans de plus que moi, il était beau et il me traitait avec douceur. Il m'a trouvé un travail. Je devais tenir compagnie à de vieux riches en tout genre qui en échange me donnaient de l'argent. Au début, je devais juste les écouter parler, jouer aux jeux de cartes ou aux échecs avec eux et puis un jour Seiwong a décidé qu'il fallait que je passe au niveau supérieur. J'étais complètement manipulé par lui et je pensais qu'il détenait la vérité absolue ou quelque chose comme ça. « Alors j'ai accepté de coucher avec certains des riches ou juste les distraits. On s'est fait encore plus d'argent. J'ai loué un appartement et ait pu me payer l'Université. Mon quotidien a changé. Je ne faisais plus la navette entre l'appartement de Seiwong et ceux des clients, je sortais, je me faisais des amis ; j'évoluais et je changeais de mentalité. Je voyais de moins en moins Seiwong mais toujours autant les clients. J'ai fini par douter de ce que je faisais, je me dégoûtais moi-même. J'ai fait part de mes pensées à Seiwong en espérant pouvoir me reposer sur lui. Après tout, il disait m'aimer. Mais c'était un mensonge. Il a eu peur que je balance aux flics le proxénète qu'il est ou un truc dans le genre et il m'a piégé. Il a mis dans mon casier à l'Université de la drogue et m'a reporté à la police. J'allais me faire arrêter quand Seungcheol s'est interposé pour leur dire avoir vu quelqu'un d'autre mettre la drogue là. Il ne sait pas que je me suis prostitué. Pour lui, je suis le pauvre innocent garçon à qui on a tendu un piège... Bref. J'ai fini l'Université, il m'a embauché au poste de Concierge au palais et puis voilà.

- Et Seiwong qu'est-ce qu'il est devenu ?

- Je l'ai revu le soir même de l'arrestation. On s'est retrouvé dans une ruelle, il pleuvait ce soir-là. Je lui ai dit que l'un de ses gars a essayé de me piéger, il a rétorqué que c'était lui-même. On s'est disputé et j'avais beau lui dire que je l'aimais, il n'a jamais répondu qu'il m'aimait aussi. Il m'a laissé seul sous la pluie et je ne l'ai plus jamais revu du moins... Jusqu'à aujourd'hui. »

Joshua sentit une nausée le prendre et il enfouit sa tête dans son oreiller pour ne plus voir la pièce tournée autour de lui ; il avait mal à la tête et une sueur froide remonter tel un prédateur le long de son dos en direction de son cou innocent. Sunjoon passa une main dans son dos pour le réconforter mais quand il se mit à trembler plus encore, il le força à se dresser. Il était en larme et le duc n'avait rien vu d'aussi moche (comment un visage si fin pouvait-il s'écraser autant ?) mais malgré la petite pointe de répugnance qu'il ressentit, il saisit le visage du plus jeune entre ses grandes mains chaudes.

« Joshua, tout va bien. Respire...

- Et s'il me retrouve ? Qu'est-ce que je fais ? Il va me tu...

- Rien n'arrivera, OK ? Je suis là maintenant, cet enfoiré ne pourra rien te faire.

- Sunjoon... C'est un monstre, tu ne pourras rien contre lui. Je l'ai vu faire des choses...

- Il ne peut pas s'attaquer à moi et il le sait. Je suis un duc, il n'aura pas le temps de me frôler qu'il sera immobilisé. »

Sunjoon semblait tellement sûr de lui que Joshua n'eut pas la force de s'opposer. Il essuya du revers de son pull toutes les larmes et toute la morve qui avaient coulé de son visage et se blottit contre le brun. Il serra les yeux fort, au creux de son cou et fit quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps. Il pria. Il pria pour que tout se finisse bien et qu'il puisse enfin vivre heureux. Il pria pour que jamais Sunjoon ne le quitte.

4

Le corps de Mingyu vibrait au rythme de la musique. Il faisait chaud et l'excitation de la foule alourdissait l'air. La boite du nuit était pleine à craquer de jeunes qui cherchaient à s'amuser, de collègues qui fêtaient leur vendredi soir, d'amis de longue dates qui s'étaient organisés une petite sortie en l'honneur du bon vieux temps ; et il y avait les gens comme Mingyu qui étaient au plus profond du gouffre et qui comptaient sur l'alcool et sur la musique assourdissante pour oublier tous leurs soucis.

« Salut beau gosse ! »

Il jeta un regard désintéressé derrière lui où se tenait une jeune femme qu'il ne connaissait pas ; c'était au moins la vingtième qui venait le voir depuis qu'il s'était assis au bar. Pour se débarrasser d'elle, il fit comme avec toutes les autres : il lui sourit, désolé et cria bien fort qu'il n'était pas de ce bord-là. Presque simultanément, le sourire charmeur de la demoiselle se fana et elle retourna s'amuser sur la piste de danse sans lui dire quoique ce soit.

Il demanda au barman une dernière bière qu'il sirota en observant les gens se défouler. Il n'avait jamais été comme ça, lui.

Quand il habitait à Jeju, la chose qui se rapprochait le plus d'une boite de nuit était les moments où il se retrouvait chez Seungkwan avec celui-ci et Seokmin pour chanter à plein poumons toutes les chansons qu'ils pouvaient avant d'être à bout de souffle. Séoul avait été un vrai dépaysement. Il était un garçon qui venait d'une île, qui allait à l'école et qui rentrait ensuite pour aider ses parents avec leur commerce de fruits et légumes, qui s'occupait soit en allant jouer au football sur un terrain vague soit en allant à la plage. Les premiers jours à la capitale avaient été éprouvants, il s'était perdu en cherchant la compagnie qui l'avait recruté, il avait renversé accidentellement la glace de la tête d'affiche (de l'époque, c'était lui maintenant) de la compagnie qui l'avait par conséquent menacé de détruire sa carrière et il y avait des cafards dans le petit appartement miteux qui lui avait été loué. Et parmi tout ce chaos, il y avait ce garçon d'un an de plus que lui au regard tranchant et à la mine sérieuse. Est-ce que Mingyu était tombé raide dingue de lui au premier regard ? Oui, un vrai coup de foudre. Il était devenu son rayon de soleil au milieu de la tempête et plus les jours passaient et plus ce rayon était puissant. Ils ne s'étaient plus quittés depuis. Du moins jusqu'à hier...

Mingyu décida qu'il avait trop bu quand le monde autour de lui se mit à tourner dangereusement. Il glissa difficilement de son tabouret haut et se dirigea vers la sortie.

Il faisait froid dehors. Il resserra sa veste autour de ses épaules et entreprit de marcher jusqu'à chez lui. Il arrivait dans la rue voisine à la sienne quand une pluie rafraîchit l'espace précédemment bondé malgré l'heure tardive. Tout le monde était parti se réfugier des larmes du ciel. Il n'en fit pas de même. En quelques secondes seulement, il se retrouva seul. L'eau lui plaquait les cheveux sur le front et les vêtements sur la peau, refrénant ainsi ses mouvements. Des gouttes coulaient le long de son visage et il décida de faire quelque chose quand trop d'entre elles s'étaient amassées sur ses cils et qu'il ne vit plus devant lui si ce n'est la lumières floutées des lampadaires, magasins et appartements.

Se joint à la pluie un vent fort et il se mit à claquer des dents. Ça lui rappela toutes ces fois où lui, sa famille et ses amis étaient allés à la plage ensemble et que le soir, peu avant dix-sept heures, il sortait de l'eau tremblant de partout à cause du froid et pour qu'il ne tombe pas malade, sa mère l'enroulait dans une grande serviette de plage.

Il continua sa route jusqu'à arriver à son immeuble. Il monta les marches qui le séparaient de la porte menant sur le hall d'entrée et s'apprêta à entrer le code de sécurité quand il eut l'impression qu'on l'appelait. Il fit volte-face mais il n'y avait d'autre dans la rue que de l'eau qui tombait du ciel de plus en plus fortement.

« Mingyu ! » entendit-il à nouveau et cette fois-ci, il sortit du perron. Une petite figure mouvante se dessiner sous les trombes d'eau. Il lui fallut un moment avant de reconnaitre Jihoon. Il descendit les marches et plissa les yeux à cause de la pluie.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il en se penchant un peu plus en avant pour entendre ce qu'allait lui dire son ami.

Il ne s'attendit pas à recevoir un coup de poing dans la mâchoire. Il s'étala sur les marches avant de relever un regard surpris vers le plus petit.

« Mais ça va pas ?! »

Jihoon profita du fait qu'il ne se relevait pas pour ensuite lui donner des coups de pied dans les cuisses et les tibias. Le top model lui attrapa la cheville et tira dessus tellement fort que son assaillant tomba à son tour. Il lui passa dessus et lui mit une baffe. Le styliste sembla encore plus en colère que précédemment et il gigota comme si sa vie en dépendait et même s'il était en position de faiblesse, il put quand même frapper à nouveau le plus jeune.

« Mais pourquoi tu me frappes ?!

- Parce que tu es stupide ! Tu n'as pas le droit de faire du mal à Wonwoo ! »

Mingyu sembla comprendre et il s'écarta de Jihoon.

« J'ai trop bu pour ce soir... » murmura-t-il en se dirigeant vers la porte principale de l'immeuble. Il saisit le code de sécurité et sous les appels enragés de Jihoon, entra dans le bâtiment.

« Il t'aime ! » hurla une dernière fois le styliste avant que la porte ne se ferme.

Quand Mingyu buvait ainsi (ce qui était rare en soit) il dormait jusqu'à midi le lendemain. Il s'était étalé la veille sur son canapé en espérant pouvoir dormir un maximum avant que les chats n'aient faim et le réveille. Étonnamment ce ne furent pas les chats qui le réveillèrent mais la répétition incessante de la sonnette de son appartement. Il se força à quitter le canapé malgré la lourdeur de son corps et se dirigea difficilement vers la porte d'entrée.

« Bonjour Gyu ! » s'exclama joyeusement Seungkwan en agitant sous son nez deux gros sacs en plastiques. « Prêt à faire de la pâtisserie ?!

- Moins fort, s'il-te-plait...

- Tu as bu ? » le blond posa sur lui un regard inquiet et Mingyu sentit une boule de culpabilité se former dans sa gorge. « Qu'est-ce qui ne va pas ? C'est à cause de l'agression de Wonwoo ? »

Au nom de son ex-petit-ami, Mingyu éclata en sanglots. Seungkwan réagit tout de suite. Il posa ses sacs et pris son ami dans ses bras. Le top model en fit de même. Ils restèrent ainsi un moment.

« Ça va aller. » murmura Seungkwan. Pour son ami ou pour lui-même ? Il ne savait pas. Il espérait juste que tout s'arrange pour tout le monde.

5

Soonyoung observait avec curiosité le CD posé sur le table de sa cuisine. Il l'avait trouvé dans sa boîte aux lettres en allant récupérer son courrier habituel ce matin et depuis il passait et repassait devant en lui jetant encore et encore des regards curieux. C'est en début de soirée qu'il se décida à l'étudier. Le CD était dans un boitier transparent avec seulement un petit morceau de papier déchiré, sur lequel il était écrit une adresse e-mail et un numéro, collé à la va-vite dessus. Qu'est-ce que le CD pouvait bien contenir ?

Il voulait savoir mais en même temps, il avait peur de ce qu'il pouvait trouver.

« Ça ne peut pas me faire de mal, hein ? » Il retourna la boite dans tous les sens mais rien ne lui indiquait ce qu'il contenait. « Au pire, le jette... Mais et si... Oh et puis zut ! »

Il remonta les manches de son sweat qui lui couvrait les mains tant il était grand et ouvrit son ordinateur. Tapant son mot de passe avec conviction, il inséra le CD dans le lecteur et patienta. Enfin un onglet apparut contenant trois éléments ; une vidéo, une piste audio et un document Word.

Il ouvrit le document. C'était un tableau qui regroupait le nom et prénom, l'âge, la taille et le poids, les expériences professionnelles et les hobbys de la personne qui lui avait adressé le CD ; suivit d'une lettre dans laquelle elle lui demandait de bien vouloir prendre en considération son travail et de la contacter s'il était intéressé par celui-ci.

Il décida d'écouter la piste audio et il retint une exclamation de surprise. C'était une voix féminine très douce et avec un potentiel incroyable. Elle sonnait jeune et en même temps pleine d'expérience. Elle était magique.

Il envoya par mail l'audio à Jihoon. Celui-ci avait beau être styliste, il avait de grandes connaissances musicale et Soonyoung ne faisait confiance qu'en son jugement. Seul lui pourrait lui dire s'il devrait contacter la jeune fille qui lui avait envoyé ça.

Par pure curiosité, il appuya sur la vidéo. Une femme se tenait au milieu du pièce, immobile. Soudainement, une musique genre R&B s'éleva et elle se mit en mouvement. Il fut impressionné par ses gestes. Elle semblait totalement contrôlé son corps et elle était parfaitement en rythme avec la musique. Il aurait pu la prendre pour une professionnelle si elle n'y avait pas quelques fautes dans sa routine.

Se forçant à quitter la vidéo des yeux, il saisit le boitier et enregistra l'adresse e-mail dans son téléphone et envoya un message au numéro. « Je viens de voir ce que vous avez produit. Je vous contacterai plus tard cette semaine pour vous annoncer ma décision. » avait-il écrit.

Il ne manquait plus que l'avis de Jihoon et s'il s'avérait positif alors Soonyoung avait trouvé la prochaine super star de son agence !

« J'espère que tu feras des merveilles, Kim Pil Sook. »

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1) Hola ! Como estas my little Cinnamons ?!

2) CuteCatMint en Août : Les chapitres seront plus courts, désolée.

CuteCatMint en Octobre feat. le chapitre 09 : Héhé, LOL B-).

Je ne sais pas me refréner, c'est incroyable :')

3) La première parti de ce chapitre a vraiment été la plus dure à écrire car je ne voulais pas m'attarder sur le séjour de Chan et Jeonghan chez les Yoon mais en même temps, il fallait quand même y consacrer une partie conséquente pour exposer la relation de Jeonghan avec son père. C'est plus comme une sorte de "filler" qui a son importance, quoi :/ Pareil pour la partie 2. 

4) Normalement, il devrait y avoir un magazine entre le chapitre 09 et le chapitre 10 ! Ah et aussi : La suite va être tragiiiiiiiiiiiiiiiique ! (et un peu dégueu' aussi, désolée !)

5) Seokmin et Wongi auront peut-être une partie qui leur seront dédiée parce que... Why not ?

6) Il m'a fallut plus d'un mois pour poster la suite, je suis vraiment désolée. J'ai été retardé autant par les cours que par des obligations familiales, c'est pourquoi. Il me reste encore à poster le prochain chapitre de Moonlight Melody et la seconde (et dernière) partie de The Idea of You et je dois encore finir d'écrire le One-Shot de la première place du Concours été 2018. J'ai trop de retard, tuez-moi (ne le faites pas s'il-vous-plait, j'aime la vie).

7) Prenez soin de vous ! Allez vous coucher tôt, manger bien et éviter de tomber malade en cette période fraîche de l'année ! Je vous aime fort !

8) Bisous !

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