08
1
Jihoon voulait mourir. On lui parlait de l'amour comme étant la plus belle chose qui pouvait arriver à un homme mais on ne l'avait pas prévenu de la lame à double tranchant que c'était. Il ne savait plus quoi faire, était complètement perdu et seul. Il ne voulait pas être seul. En temps normal, Wonwoo aurait accourut et il aurait pu vider son sac, pleurer sur son épaule et même si ses sentiments négatifs n'étaient pas partis, ils auraient été beaucoup moins étouffant.
Jihoon avait essayé d'appeler Wonwoo dès qu'il était rentré chez lui mais celui-ci n'avait pas répondu. Se disant qu'il avait peut-être oublié son téléphone quelque part –ce qui arrivait souvent–, il avait appelé Mingyu. Le top model n'avait pas répondu non plus et c'est à ce moment précis que le styliste sentit que quelque chose n'allait pas. Mingyu répondait toujours au téléphone. Un peu paniqué –bien qu'il sût que son inquiétude était irrationnelle–, il avait composé le numéro de Madame Jeon qui lui avait répondu avec un mélange de fatigue et de peine dans la voix que Wonwoo avait eu un accident.
Wonwoo était à l'hôpital depuis deux jours. Son meilleur-ami était à l'hôpital depuis deux jours et Jihoon ne s'en était pas rendu compte. Quel genre de meilleur-ami oubliait son meilleur-ami ? Sûrement pas un digne de ce nom.
Jihoon devait rendre visite à Wonwoo. Il prit une douche –afin de paraître en meilleur état– et après avoir pris son téléphone et son portefeuille, quitta son appartement. En chemin, il avait acheté les fleurs préférées du rappeur ainsi que deux ou trois friandises qu'il le savait adoré. Il avait marché avec assurance jusqu'à la porte de la chambre de Wonwoo mais une fois devant celle-ci, le doute le saisit au ventre.
Était-il dans le droit de rentrer ici alors qu'il avait deux jours de retard ? Wonwoo serait-il furieux contre lui ? Il le serait à sa place. Peut-être même il aurait été blessé. Il priait pour que ce ne soit pas le cas.
« Monsieur ?» à l'entente de cette interpellation, le styliste fit volte-face tout affichant sa mine la plus ennuyée. Une infirmière plutôt âgée se tenait devant lui, un sourire bienveillant collé au visage.
« Vous êtes là pour visiter Monsieur Jeon ?
- Oui.
- Vous ne devriez pas le faire attendre. Je suis sûre que vous voir lui fera le plus grand bien après tout, il ne reçoit plus de visite de son autre ami et doit se sentir bien seul. »
Son autre ami ne lui rendait plus visite ? Quel autre ami ?
« Il est très grand, l'ami dont vous parlez ?
- C'est le cas de le dire !» Elle rit un peu puis afficha une mine contrariée « Ils se sont disputés l'autre jour et depuis, je ne l'ai plus revu. C'est dommage, ils semblaient si proches... »
Pourquoi s'étaient-ils disputés ? Mingyu en temps normal n'aurait jamais pris le risque de se disputer avec Wonwoo, il détestait ça. D'autant plus que celui-ci était blessé. Le top model serait resté à son chevet coûte que coûte.
« Merci beaucoup, Madame.
- Pas de problème. Je ne suis pas loin, si quelque chose ne va pas. »
L'infirmière partit et Jihoon entrait dans la pièce lentement. Wonwoo était installé sur son lit, une lumière froide éclairait le livre qu'il tenait entre ses mains. Il n'avait pas encore remarqué son meilleur-ami. Celui-ci pensait au début que c'était dû au fait qu'il soit en train de lire mais ce n'est pas ce que faisait Wonwoo. Il n'était pas en train de lire, il était plongé dans ses pensées.
Quand il lisait, Wonwoo avait une expression faciale reposée ; comme s'il ne voulait puiser de l'énergie que pour pouvoir s'immerger entièrement dans l'histoire en cours de déroulement.
« Wonwoo ?» dit assez fort le styliste. Le rappeur se tendit un peu, surpris par le soudain son et releva un regard fatigué vers son ami.
« Bonjour, Jihoon. Comment vas-tu ?
- Je devrais être celui qui pose cette question. » Il sourit doucement mais repris plus sérieusement. « Je suis désolé d'avoir deux jours de retard. Ta mère m'a appris ce matin pour ton accident.
- Ce n'est pas grave, les choses ont été un peu... mouvementées, ces temps-ci. C'est pour ça que personne n'a pensé à te prévenir. »
Wonwoo déposa son livre et saisit le bouquet que lui tendait Jihoon. Des Azalées, ses fleurs préférées... Le plus jeune avait vraiment une bonne mémoire pour se rappeler d'un si petit détail.
« Elles sont magnifiques. Merci. » dit-il doucement avant de déposer le maigre bouquet à côté du livre sur la table de chevet. « J'ai entendu dire qu'on avait aperçu à l'agence. Tu t'es rabiboché avec Soonyoung ?»
Au prénom du chorégraphe, le styliste perdit le petit sourire qui était apparu inconsciemment sur son visage.
« Jeonghan est passé me voir hier.
– Oh. Comment va-t-il ?
– Il se remet de sa blessure.
– Quelle blessure ?»
Comment ça, quelle blessure ? Wonwoo était forcément au courant que Jeonghan avait été agressé. Tout la Corée le savait ! En plus, ce n'est pas comme s'ils n'en avaient pas parlé au téléphone une semaine plus tôt.
« Son agression, Wonwoo. Comment peux-tu avoir oublié ça ? » Jihoon s'assit sur la même chaise que Mingyu deux jours plus tôt et chercha le regard du rappeur. Celui-ci semblait soudainement mal à l'aise. « Qu'est-ce qui ne va pas ?
- C'est que... » dit-il en se tordant les doigts « J'ai une amnésie d'après mon rapport médical et... »
Sa voix mourut dans le fond de sa gorge et des larmes coulèrent le long de ses joues. Il tourna son regard vers celui de Jihoon et dit de manière désespérée : « Je suis complètement perdu.
- Wonwoo...
- Mingyu me déteste et... Il pense que je ne l'aime pas ! » Son visage devint rouge et ses larmes redoublèrent sur ses joues. Il ne fallut que très peu de temps à Jihoon pour qu'il attrape son meilleur-ami dans ses bras.
Comment ça, Mingyu pensait que Wonwoo ne l'aimait pas ? Ils étaient faits l'un pour l'autre ! Wonwoo contrairement à Mingyu ne pleurait jamais, il était celui qui gardait la tête sur les épaules, qui relativisait, qui cherchait le bon côté dans chaque situation. Il était complémentaire à Mingyu comme Mingyu l'était pour lui.
« Il ne veut plus me voir, Jihoon...
- Quoi ?
- Il n'est pas venu depuis deux jours et... Je ne sais pas quoi faire.
- Ça va aller, Woo. Je suis sûr qu'il va revenir.
- Mais il avait l'air tellement blessé... »
Mais pourquoi tout semblait déraper comme cela autour d'eux ? A quel moment leur paisible vie était-elle partie pour laisser place à ce monstre destructeur ?
Jihoon avait peut-être une vie détruite mais il n'allait pas laisser son meilleur-ami souffrir comme lui. S'il devait confronter Mingyu pour lui faire entendre raison, peu importe à quel point il détestait ça, il le ferait quand même.
« Tout va s'arranger, Wonwoo. Tu vas voir. »
2
Sunjoon était vraiment quelqu'un de doux et compréhensif. Il était resté une demi-heure avec Joshua sur le canapé de son bureau pour le consoler et lui murmurer des mots rassurant à l'oreille en lui caressant les cheveux. Joshua se sentait nettement plus léger après avoir pleuré, un peu comme s'il n'était plus vraiment en lien avec la réalité ; avec son passé et ses sentiments. Pendant cette demi-heure, il n'y avait plus que Joshua, Sunjoon et leurs corps entremêlés dans un chaud cocon de tendresse.
Sunjoon était différent des autres. N'importe qui –hormis ses amis– aurait fui devant un Joshua en pleur mais lui, il était resté et avait même su comment le faire se sentir mieux.
« Joshua ?
- Hm ?»
Ils étaient tous les deux encore sur le canapé mais la pièce n'est plus emplie de sanglots –juste de ces bonnes vieilles interprétations du travail de Tchaïkovski–, le Duc était profondément installé dans le fond du meuble tandis que le concierge était en quelque sorte étalé sur lui, les yeux fermés. La main de Sunjoon se baladait dans ses cheveux et ce délicat frottement répétitif berçait Joshua.
« Tu veux rentrer chez toi ?
- Je dois toujours travailler...
- Tu es épuisé. Je doute fort que tu sois efficace dans cet état. D'autant plus que tu es déjà en train de t'endormir. Je suis sûr que le roi ne t'en voudra pas si tu quittes le travail pour une fois. Que dirais-tu que je te fasse un gâteau pendant que tu fais une sieste. Hm ?»
Le châtain ne répondit pas. Le brun baissa son regard pour constater que le concierge s'était endormi sur lui. Il sourit, attendrit. Joshua avait beau jouer le fort, froid et sérieux jeune homme, il était en réalité tel un petit chat à câliner.
Délicatement, Sunjoon plaçait un bras dans le creux des genoux –fosses poplités– et un autre dans le dos du châtain pour le soulever. Maladroitement, il arrêta l'enceinte et saisit les clés de voitures et d'appartement du concierge.
« Qu'est-ce que vous faites ?!» s'était écrié le secrétaire en quittant son poste derrière le comptoir. Contrairement à ce qu'il pensait, Joshua ne réagit pas. « Déposez Monsieur Hong, maintenant !
- Calmez-vous. Il est un peu malade, je vais le ramener chez lui. »
Le regard du secrétaire quitta le visage du Duc pour observer le concierge. Sunjoon cru enfin pouvoir partir mais il reprit avec suspicion : « Qui êtes-vous déjà ?» Il préférait la demoiselle moins curieuse de la dernière fois...
« Je suis le Duc Lee Sunjoon, son fiancé. »
L'appartement de Joshua n'avait pas vraiment changé depuis une semaine et demie. Certains bouquets de fleurs avaient fané mais sinon rien de plus. Sunjoon alluma la lumière et retira chacune de ses chaussures avec ses pieds ; heureusement qu'il avait pensé à les desserrer avant de reprendre Joshua dans ses bras. Sans faire de geste brusque, il l'emmenait jusque dans sa chambre où il l'installa sur le lit avant de lui retirer ses chaussures. Il ne s'était pas réveillé une seule fois durant le trajet et encore moins une fois que sa tête eut touché l'oreiller. Incroyable.
Joshua était vraiment quelque chose d'autre. Sunjoon en avait eu des relations –hommes comme femmes– dans ses vingt-cinq années de vie mais jamais cela n'avait été si sportif. Sans doute aurait-il laissé tomber depuis longtemps s'il n'est pas joueur. Car des gens au sein du Palais Royal qui auraient pu être sa cible, il y en avait plein. Certes le concierge royal était plus propice à le faire accéder plus rapidement à son but puisqu'il était ami (de source sûre) avec le couple souverain.
Sunjoon avait eu peur quand Joshua avait commencé à le fuir, il avait vu son plan tomber à l'eau et l'image promettant un avenir florissant s'effriter.
Quoiqu'il en soit, il ferait plus attention maintenant. Joshua était une bête sauvage et il fallait que Sunjoon le dompte avec patience et douceur.
« Bon alors... Comment on fait un gâteau ? » dit-il à voix haute en sortant son téléphone de sa poche pour chercher sur internet.
C'est une odeur sucrée qui réveilla Joshua deux heures plus tard. S'asseyant, il étudia des yeux la pièce où il se retrouvait ; c'était sa chambre. Comment était-il arrivé là ? Il était dans son bureau avec Sunjoon... Oh.
« Sunjoon ? » appelait-il probablement pas assez fort pour être entendu en dehors de la chambre. Il se leva du lit et avança silencieusement dans le salon. La première chose qu'il vu fut le four dans lequel cuisait ce qui semblait être un gâteau et Sunjoon ne tardait pas à apparaître dans son champ de vision.
En fond jouait une chanson d'un groupe féminin en vogue et le Duc marmonnait les paroles -sûrement pour ne pas réveiller Joshua- en faisant avec application la vaisselle. Il dansait un peu de temps à autre et le concierge le trouva adorable. S'approchant du brun, le châtain saisit le chiffon pour essuyer les couverts fraîchement lavés.
« Ça sent bon. » dit-il en se campant près du Duc. Celui-ci chantonna en même temps que la chanteuse et sourit à Joshua avant de dire :
« Gâteau. Je ne savais lequel tu préfères alors j'en ai fait un avec ce que j'ai trouvé dans les placards.
- Merci, c'est très gentil de ta part.
- Pas de quoi.
- Merci aussi de m'avoir ramené, cette sieste m'a fait du bien. »
Pour une raison inconnue, il rougit. Il n'osa cependant relever le regard vers Sunjoon que quand celui-ci pouffa doucement de rire. Ses petits yeux sombres formèrent des croissants tout comme ses lèvres pulpeuses et le concierge mentirait s'il niait les battements erratiques de son cœur à cette vue.
« Arrête de te moquer de moi. » dit-il en faisant mine de bouder. Il ne s'attendit pas à ce que le Duc pose un baiser sur sa tempe. Les poils de sa nuque se hérissèrent et son cœur se mit à battre encore plus vite ; son visage rougit et il ne put retenir l'expression de surprise qui se peint sur sa face. Sunjoon rit encore un peu avant de murmurer de sa voix caractéristiquement grave : « Tu es trop mignon.
- Tais-toi... » rétorquait-il d'une petite voix tout en poussant le duc avec son épaule. Celui-ci rit encore un peu et le cœur de Joshua sautait de sa poitrine.
C'était une drôle de scène. L'appartement était plongé dans le noir (Sunjoon n'avait pas ouvert les volets roulants) et seuls les leds au-dessus de l'évier procuraient une douce lumière orangée à la cuisine ; les deux hommes, épaule contre épaule, s'occupaient de la vaisselle en silence. Le bruit de l'eau rencontrant les couverts se mêlait à celle de la pluie qui tombait à l'extérieur ; créant ainsi une atmosphère relaxante. C'était inhabituel mais donnait l'impression à Joshua que c'était parfaitement normal. Il pourrait s'y faire : s'occuper de la vaisselle avec quelqu'un, se réveiller et trouver le salon déjà plein de vie... Il ne s'était pas sentit ainsi détendu depuis longtemps, son cœur et sa respiration étaient calmes ; ses mains se déplaçaient calmement pour rincer puis déposer les assiettes. Sunjoon semblait tout aussi posé à ses côtés depuis que la précédente chanson avait laissé place à une autre beaucoup plus calme.
« Joshua ?
- Oui ? »
Il prit une assiette, passa un coup d'éponge sur chaque face et tendit l'objet au concierge qui le passa sous le jet d'eau avant de le poser sur l'égouttoir. Sunjoon s'arrêta soudainement et se tourna vers Joshua en souriant malicieusement.
« J'ai oublié à quel point ton lit est confortable. Ça te dirait de me le rappeler ? »
3
Jeonghan avait le cœur qui battait jusque dans ses oreilles, tout son être fourmillait d'excitation et malgré toute la joie qu'il ressentait il continuait de pleurer. Le désespoir avait fait place tellement vite à l'euphorie que son corps était sous le choc ; il n'était pas le seul. Seokmin qui conduisait à ses côtés ne pouvait s'empêcher de rigoler et de tapoter joyeusement le volant du bout de ses doigts. Wongi de son côté, sautillait sur son siège impatiemment ; il allait enfin revoir celui qu'il aimait !
La voix au téléphone leur avait indiqué une adresse à quelques rues de leur stationnement. Il s'agissait d'un immeuble résidentiel luxueux récemment construit avec un petit parc privé pour les habitants et des installations pour les enfants. Seokmin se gara en face et ils quittèrent rapidement le véhicule. Ils devaient se rendre au cinquième étage à l'appartement numéro treize. L'excitation était palpable dans le petit ascenseur dans lequel ils étaient entrés. Aucun d'eux ne parlait, chacun plongé dans ses pensées.
Quand les portes de l'ascenseur se réouvrirent, ils trottinèrent jusqu'à la porte qui portait le chiffre treize. D'une main tremblante la Lionne appuya sur la sonnette. La porte s'ouvrit.
« Où est-il ?» dit Jeonghan une fois qu'il se retrouva face à une dame d'une cinquantaine d'années. Celle-ci pouffa de rire en faisant rentrer les trois hommes dans son appartement.
« Il dort actuellement. Je m'appelle Park Joohee. » Elle s'avança dans le salon et se positionna devant eux. « Vous avez dû le chercher partout. Désolée de vous avoir contacté aussi t... »
Elle ne put finir sa phrase que Jeonghan se jetait sur elle pour la prendre dans ses bras. D'abord tendue, la femme se relâchait tout en serrant la Lionne à son tour. Elle sentit le tissu de son haut devenir humide et sut qu'il pleurait. Elle lui caressa les cheveux en signe de réconfort avant de l'éloigner d'elle pour essuyer les dernières larmes qui coulaient le long de ses joues.
« Allons... Ne pleurez plus. Tout va bien maintenant. » À ses mots, il hocha faiblement de la tête et sourit doucement ; Joohee en fit de même. « Je vous sers une boisson chaude ?»
Assis sur le canapé, Jeonghan, Seokmin et Wongi tenaient fermement leurs tasses de chocolat chaud, heureux d'avoir quelque chose pour se réchauffer.
« Merci vraiment d'avoir pris soin de lui.
- Ce n'est rien. Pas contre ça a dû être quelque chose de le chercher partout...
- Très éprouvant. » dit Jeonghan « Pourrais-je aller le voir ?»
Madame Park se leva de son fauteuil et fit un geste pour qu'il la suive. Ils arrivèrent dans un couloir qu'ils longèrent en silence. Face à une énième porte, la quinquagénaire dit : « Il n'est pas couché depuis longtemps mais il dort déjà profondément. »
La lionne hocha la tête et ouvrit la porte tout doucement. Bien que plongé dans le noir, le châtain pouvait repérer Chan enveloppé dans une couette. Son cœur s'accéléra à cette vision et tout son corps se remit à trembler. Enfin il avait retrouvé son cher petit frère. Il s'avança plus près du lit et s'y assit. Passant une main dans les cheveux du jeune homme, il découvrit le visage de ce dernier avec l'autre. Bien qu'il dormait profondément, la main qui passait à répétition dans ses cheveux le réveilla un peu.
« Chanie, réveilles-toi... » murmurait Jeonghan affectueusement. Le petit brun s'enroula un peu plus dans la couette en grognant.
« Encore cinq minutes, Seokmin... »
Jeonghan rit un peu à l'attitude du garçon ; qu'est-ce qu'il lui avait manqué. Entendant ce son si particulier, Chan sursauta et se releva d'un coup. Jeonghan sembla tout aussi surpris que lui. Ils se figèrent.
Chan était complétement choqué. Qu'est-ce que Jeonghan faisait là ? Comment l'avait-il retrouvé ? Pourquoi se sentait-il si heureux de le voir ? Était-ce parce qu'il avait pris la peine partir à sa recherche malgré ses nouvelles occupations princières ? Parce qu'il avait fait exactement ce qu'il voulait qu'il fasse ?
« Chan, j'ai eu si peur. » murmurait Jeonghan précautionneusement en prenant le plus jeune dans ses bras. « Pourquoi tu as fait ça ?
- J'étais en colère... Et désespéré aussi. » répondit-il sur le même temps. Cette fois-ci, il n'eut pas la force de le repousser.
« C'est le roi qui a tout manigancé. Je ne savais pas qu'il t'avait expulsé.
- Oh mon dieu... » Il ne put retenir les larmes qui menaçaient de s'échapper de ses yeux et serra un plus fort Jeonghan dans ses bras. Cette nouvelle le bouleversait un peu plus. Mais qu'avait-il fait ? « Oh mon dieu... Jeonghan je... »
Jeonghan essuyait les quelques larmes qui coulaient sur le visage de Chan tout en observant celui. Son visage était rouge et bouffi comme celui de la Lionne une quinzaine de minutes plus tôt. Ses cheveux noirs étaient plaqués sur son front et ses sourcils de la même couleur se confondaient avec ceux-ci. Il était adorable avec ses yeux encore larmoyants et sa lèvre inférieure qui tremblait.
« Je t'aime Chan et jamais je t'éloignerais de moi, tu comprends ?
- Oui. » il renifla un peu et rit doucement « J'ai été stupide de partir comme ça, désolé. »
Il revint se fondre dans cette étreinte si particulière qui lui avait tant manqué. Il sentit Jeonghan fourrer son nez dans ses cheveux et le bercer doucement en lui chuchotant des mots réconfortants.
Il leur fallut une demi-heure pour revenir dans le salon bras-dessus bras-dessous.
Seokmin et Wongi qui étaient toujours assis sur le canapé s'étaient levé à la vue du plus jeune. Wongi, plus rapide que Seokmin, se jeta sur Chan pour le serrer dans ses bras. Seokmin se renfrogna.
« J'ai eu tellement peur ! Tu n'es pas blessé au moins, Chan ? » demandait-il en prenant le visage de son camarade entre ses grandes mains fines pour l'examiner de tous les côtés. Ne voyant aucune blessure, il le reprit dans ses bras pour un second câlin. « Ne refais plus jamais ça, d'accord ? On était tous super effrayés ! Même que Jeonghan...
- Tu l'appelles Jeonghan maintenant, Ahn ? » dit Chan en se dégageant doucement des bras de Wongi. Celui-ci comprit le message : il ne voulait toujours pas entendre parler de lui.
« Wongi a insisté pour nous aider à te chercher malgré le froid, Chan. Il t'a cherché trois heures dans le froid. » intervint la Lionne « Naturellement, je l'ai autorisé à m'appeler par mon prénom. Ce n'est pas toi qui disais que « votre Altesse » fait un peu trop pompeux ? »
Wongi sourit maladroitement à Chan qui posa un regard indescriptible sur lui. Mal à l'aise sous ce regard pesant, il finit par rougir et fuir ; retournant s'assoir sur le canapé.
« Chanie, ne fais plus jamais ça, d'accord ? » dit Seokmin à son tour en prenant le plus jeune dans ses bras « J'ai eu la peur de ma vie. Je ne sais pas ce que je serais devenu si tu avais disparu pour toujours.
- Désolé, Minnie... » Il enfouit son visage dans le cou du plus âgé. Il lui avait manqué.
Jeonghan observait la scène, attendrit. Madame Park porta à ses lèvres sa tasse de thé, le sourire aux lèvres. Elle avait attaché ses cheveux récemment teint en blond en un chignon net et avait enfilé une veste rose par-dessus son pyjama aux motifs de fleuri. Jeonghan observa la femme envers qui il vraiment reconnaissant. Il se pencha vers elle et dit :
« Merci encore de nous avoir contacté. Je ne sais ce que j'aurai fait s'il avait disparu...
- Pas la peine de me remercier, je suis sûre que vous auriez fait pareil pour moi. J'ai égaré mon fils une fois dans la foule quand il n'avait que dix ans... Inutile de dire que ça a été la panique ! » Elle rit gracieusement et il sourit un peu plus. Quelle femme plaisante.
« Je tiens quand même à vous remercier. » dit-il en prenant une serviette en papier et un stylo qui trainait par là. Il y griffonna une suite de chiffre. « Voici mon numéro de téléphone, contactez-moi si vous avez besoin de quoique ce soit. »
Madame Park avait l'air surpris. Elle rougit en saisissant le carré de papier et bafouilla, troublée : « C'est trop d'honneur, votre Altesse. Je ne peux pas accepter...
- J'insiste vraiment. Si je peux vous aider d'une manière ou d'une autre, n'hésitez surtout pas.
- Merci beaucoup, votre Altesse. »
Il était presque deux heures du matin quand les quatre garçons se décidèrent à laisser la femme seule chez elle. Bien sûr, Chan ne manqua pas de la serrer dans ses bras en signe de remerciement. Il lui murmura un merci et elle renforça leur câlin en lui assurant que c'était tout à fait normal.
« Je vais devoir parler au roi... » disait sérieusement Jeonghan à Seokmin dans l'ascenseur. Wongi et Chan, debout derrière les deux plus âgés, restaient silencieux.
Wongi était gêné d'être dans un espace aussi étroit avec un Chan qui lui en voulait encore. Il était tellement heureux et soulagé de le voir mais en même temps, il s'en voulait de l'avoir frappé. Sur le moment, il avait répondu au coup qu'il avait reçut mais maintenant qu'il avait toute les cartes en main, il comprenait parfaitement la réaction de Chan. Il aurait réagi de la même manière si on avait traité sa sœur de prostituée...
« Chan ? » dit-il, hésitant.
« Quoi ?
- Je peux te parler en privé ? »
L'autre garçon se contenta d'hocher la tête et quitter l'ascenseur quand celui-ci s'ouvrit. Il ne marcha, cependant pas aussi vite que les adultes qui ne tardèrent pas à les distancer. Une fois que ceux-ci furent sortis de l'immeuble, il s'arrêta de marcher. Le hall d'entrée était vide, il n'y avait qu'eux. Wongi sentit son visage s'échauffer à cette pensée.
« De quoi tu veux me parler ?
- Je... Hum. » Le regard perçant de Chan posé sur lui le rendait incapable d'aligner deux mots correctement. Il rougit encore plus sous l'embarras.
« C'est incroyable comme tu peux être bruyant quand il s'agit de raconter des conneries, Ahn. Et soudainement, quand il faut être sérieux, tu n'as plus de voix. Je suis fatigué, je n'ai pas de temps à perdre. Si tu n'as rien à dire, je vais y aller.
- Chan... » Mais déjà le brun se retournait pour partir. Wongi paniqua et lui hurla d'attendre. « Je comprends que tu es furieux, je le serai aussi à ta place. Surtout que Jeonghan ne mérite pas du tout ce que j'ai dis sur lui. Il est merveilleux et tellement gentil et patient et... Et courageux.
- Je sais déjà tout ça, tu radotes. Ce n'est pas parce que tu complimentes mon frère que je vais te pardonner aussi facilement.
- Tu ne comprends pas, Chan ! » Wongi avait envie de pleurer. La froideur avec laquelle Chan le traitait le blessait tel des morceaux de glace lui transperçant le cœur. « J'étais jaloux de lui ! Il a toujours l'air tellement sûr de lui, tellement beau et honnête et... lui-même. »
Pour la première fois depuis le début de leur conversation, Chan eut l'air intéressé par ce que disait Wongi. Celui-ci essuya ses yeux avec une manche de son pull mais ça ne suffit pas ; d'autres arrivaient sur son visage encore et encore. Ses lèvres tremblèrent quand il soupira et Chan aperçut son appareil dentaire. Ses cheveux sombres sont ébouriffés et maintenant qu'il y fait attention, c'est la première fois qu'il les voit aussi dérangé. Il est dans des vêtements de maison avec juste son pull par-dessus et une paire de basket tout abimée à ses pieds. Chan n'avait jamais vu Wongi aussi mal présenté.
« J'ai été stupide de laisser parler la jalousie que je ressentais envers lui et je te demande encore pardon pour ce que j'ai dit. S'il-te-plait, ne me rejettes plus ! »
Wongi se courbait, suppliant. Chan était sous le choc. Jamais Wongi Ahn ne s'était abaissé devant qui que ce soit.
« Je compte autant pour toi, Wongi ? » demandait Chan doucement.
« Beaucoup. »
Le trajet se fit dans le silence, chacun profitant en silence du chauffage de la voiture. Une fois devant l'immeuble des Ahn, Jeonghan insista pour raccompagner le garçon. Il ne fit aucun commentaire quand seul Seokmin salua l'étudiant et ils se dirigèrent vers un ascenseur. Une fois devant la porte d'entrée, Madame Ahn les accueilli avec du thé mais seul Wongi en prit. Jeonghan s'excusa, expliquant devoir rentrée d'urgence au palais royal.
« Jeonghan ? » dit le jeune homme en accompagnant la Lionne à la porte d'entrée.
« Oui ?
- Je n'ai pas été un très bon ami pour Chan. On s'est battu, il te la dit ?
- Oui. » Jeonghan cacha sa surprise. Il ne s'était pas douté une seconde que le gentil petit Wongi pouvait être celui qui l'avait insulté au point d'en énerver Chan. « Il me l'a dit. Où veux-tu en venir ?
- Je regrette tout ce que j'ai dit ce jour-là, je te demande pardon.
- Je t'ai déjà pardonné. Ce ne sont que des mots sans réel impact.
- Vraiment ? » Jeonghan hocha la tête et Wongi eut de nouveau l'envie de pleurer. Au lieu de cela, il rit. « Je suis vraiment le pire des amis. Il ne veut plus me voir et il a raison...
- Tu es un très bon ami, Wongi. Tu es le seul qui s'est proposé pour venir le chercher avec nous et tu n'as pas abandonné non plus. Peu de personne braverait le froid pour chercher une tête de mule comme Chan. Je suis sûr qu'il finira par te pardonner. Laisse-lui le temps de réaliser que tu as de bonnes intentions et à quel point tu es formidable. »
Jeonghan lui sourit une dernière fois avant de faire quelques pas en arrière et se diriger vers l'ascenseur. Pour une raison inconnue, il se sentait léger. Avoir eut cette discussion avec le noiraud lui fut le plus grand bien. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et il entra. Wongi réapparût dans son champ de vision, les joues rouges et les yeux grands ouverts. Il dit presque en chuchotant -probablement de peur que quelqu'un l'entende- :
« Je l'aime. »
Et de la même manière, Jeonghan répondit :
« Je sais. »
Comme il s'y attendait, l'appartement était vide à son retour. Seungcheol devait probablement être encore en discussion avec son père -avec du vin et des amuse-gueules, parce qu'ils s'étaient sans doute réconciliés depuis longtemps. Jeonghan posa ses clés sur le comptoir de la cuisine et fit glisser son manteau de ses épaules. Machinalement, il se dirigea vers la salle-de-bain. Il ne put l'atteindre que son téléphone vibrant à côté de ses clés, le força à faire demi-tour. Tout en ronchonnant, il fit glisser le symbole vert pour décrocher.
« Allô ?
- Votre Altesse Jeonghan, secrétaire Lee Yeeun à l'appareil.
- Il y a un problème ? » Les secrétaires n'appelaient jamais Jeonghan directement et encore moins à des heures aussi tardive, cela l'inquiétait.
« Son Altesse Seungcheol à un message pour vous.
- Je vous écoute.
- Il dit que son téléphone est cassé, qu'il ne peut vous joindre pour l'instant. Il avait l'air un peu inquiet, votre Altesse... » Savoir Seungcheol encore soucieux de lui, réchauffa son cœur et un sourire tendre peint ses lèvres. Il passa une main dans ses cheveux dans l'espoir de paraître plus détendu aux oreilles de la secrétaire.
« Dites-lui que je suis rentré et de ne pas s'inquiéter, s'il-vous-plait.
- Je ne suis pas sûr de pouvoir le contacter, son vol pour le Japon doit partir dans un quart d'heure... » Jeonghan eut l'impression que le sol s'écroulait sous ses pieds. Sa gorge sembla se resserrer et son ventre se tordit. Il dit d'une voix étranglée :
« Son quoi ?
- Son vol pour le Japon, Votre Altesse. Il doit rencontrer l'empereur et le chef du gouvernement. Vous ne le saviez pas ? »
Jeonghan observait Chan assis à quelques pas de lui. Le jeune homme assis à même le sol du salon, travaillait à la table basse ; une multitude de documents en face de lui, il semblait s'amuser.
Il était revenu hier. Il avait passé une dernière nuit chez Seokmin et dès le lendemain matin, il avait rempli quelques cartons et une valise de ses affaires et Jeonghan était venu le chercher pour qu'ils réaménager sa chambre dans leur appartement. Depuis, tous les deux ne s'étaient pas quittés ; ils avaient passé leur temps ensemble à rattraper les quelques semaines perdues.
« Jeonghan ?
- Hum ?
- Seungcheol est où ? J'aimerai m'excuser auprès de lui aussi.
- Il est au Japon.
- Oh. Il rentre quand ? »
Jeonghan n'en avait aucune idée, il se contenta de hausser les épaules. Chan le rejoignit sur le canapé et saisit la télécommande avant d'allumer la télévision et de poser sa tête sur les cuisses de son ainé. Par réflexe, celui-ci lui caressa les cheveux en posant un regard désintéressé sur l'écran.
Jeonghan en avait marre de tout ça ; de cette vie royale, des tromperies du roi, des tentatives de meurtre, de la presse et autres médias. Il voulait redevenir quelqu'un de libre avec une vie posée. Il voulait revoir sa mère et sa sœur, la maison dans laquelle il avait grandi. Et il voulait surtout revoir le Seungcheol qui l'avait séduit, celui qui le regardait avec amour et qui le faisait sentir comme s'il était à sa place à ses côtés. Malheureusement, c'était impossible.
« Chanie ?
- Hum ?
- Ça te dirais qu'on aille rendre visite à maman ce week-end ? »
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Internet s'en donnait à cœur joie. Sur tous les réseaux sociaux, l'hashtag Verkwan était en tête des classements. Seungkwan bien que toute cette situation le rendît malade, ne pouvait s'empêcher de faire défiler les réseaux sociaux. Ça hurlait au scandale partout et les avis étaient clairement partagés. Certains étaient choqués que ces images aient fuité, d'autres criaient au véritable amour tandis que certains ne cachaient pas leur dégoût.
« Qu'avez-vous convenu avec les producteurs de l'émission ? » demandait Seungkwan, à peine installer sur son siège.
« Rien pour l'instant. Je ne suis pas allé les voir. » répondit le PDG.
- Quoi ? Monsieur, cette affaire dure depuis trop longtemps à mon goût ! Vous devez faire quelque chose ! Les gens vont se méprennent sur la nature de notre relation et...
- C'est le but, Seungkwan. Depuis l'épisode de What a Beautiful Couple, le nombre de vues sur vos MVs a doublé ! Vous êtes encore plus populaire qu'avant. »
Seungkwan n'en pouvait plus de cette affaire de popularité. Fallait-il vraiment passer par là pour réussir dans ce métier ? Ce n'était vraiment pas possible de faire de la musique et gagner de l'argent tranquillement ? Il détestait cette situation.
Se levant du fauteuil sur lequel il y était assis, il s'apprêta à quitter la pièce. Hansol à ses côtés, suivi le mouvement et rejoint le blond près de la porte. Seul le rappeur prit la peine de saluer le PDG avant de partir.
« Seungkwan, attends ! »
Le blond marchait rapidement devant le rappeur et leur manager, tellement furieux qu'il ne semblait pas entendre les appels. Hansol jeta un coup d'œil inquiet à leur manager qui lui rendit. Le chanteur disparu dans leur studio après avoir pris le temps de claquer violemment la porte. Il fallut quelques secondes pour qu'il l'ouvre.
« Kwanie ? »
Le blond était installé à sa place habituelle, la tête cachée entre ses bras et sa peluche Animal Crossing dépassant de l'un d'entre eux. Hansol entra doucement dans la pièce et prit place sur son fauteuil. Il fit rouler ledit fauteuil jusqu'à celui de Seungkwan pour lui caresser le dos.
« Tout va s'arranger. Ça va aller...
- Je ne comprends pas pourquoi il ne fait rien ! » répondit brusquement Seungkwan en se redressant.
« Si ça avait été d'autres artistes, il aurait bondi au coup du producteur, il aurait dépouillé leur compagnie de leur argent ; il les aurait détruits ! Mais comme c'est nous, il laisse passer ! Et ça, ça m'énerve ! Ils n'avaient pas le droit de diffuser ces images et à cause d'eux notre carrière est en danger. Ils devraient payer pour ça !
- Mais ça nous aide mine de rien à gagner en popularité...
- On ment, Hansol. Et je n'aime pas ça. On ne sort pas ensemble toi et moi. Les gens nous voient comme des parias ou comme leur héro. Imagine qu'on devienne un symbole de la communauté LGBTQ+ coréenne, qu'est-ce qu'on fera si tu viens à sortir avec une fille et que cette fausse affaire de relation est révélée au public ?! Ils vont tous nous détester !
- Je peux très bien dire que je suis bi. Ecoute... Je sais que tu n'aimes pas mentir (moi non plus, d'ailleurs) mais il faut qu'on le fasse si on veut accomplir notre rêve. Après, on peut toujours « rompre » tout en continuant à travailler ensemble. On est ensemble sur ce coup-là et comme à chaque fois, on va s'en sortir. »
Seungkwan eut l'air beaucoup plus calme à ses mots et Hansol le prit dans ses bras pour le réconforter un peu plus. Le blond blottit son visage dans le cou du brun et resta ainsi un moment. Après un certain temps, Hansol l'entendit murmurer qu'il voulait rentrer chez eux, il fit donc signe à leur manager d'appeler un taxi pour eux.
L'appartement était tel qu'ils l'avaient laissé ce matin ; le canapé était plein de coussins rangés un peu n'importe comment, le lave-vaisselle n'était toujours pas vidé et il faisait tout aussi sombre puisqu'ils n'avaient pas remonté le store.
Seungkwan s'était couché sur le canapé, un coussin sur la tête et un autre coincé dans ses bras. Il était mal à l'aise, Hansol le savait. Il n'aimait pas s'énerver.
« Tu veux du thé, Kwanie ?
- Si tu mets du poison dedans, j'en veux bien.
- Seungkwan... Tu as le droit d'être énervé à cause de tout ça. » Le rappeur saisit le coussin qu'il y avait sur la figure du chanteur et le posa ailleurs. Il dégagea son visage de quelques mèches blondes et lui sourit. « C'est que le PDG ne fait pas grand-chose et c'est frustrant. » Il le poussa légèrement et s'allongea à ses côtés. « C'est normal que ça t'énerve. » finit-il en l'encerclant de ses bras.
Hansol était vraiment proche de Seungkwan, leurs visages étaient beaucoup trop près ; assez pour que le blond sente le souffle du brun se poser sur ses lèvres. La main qui se baladait dans ses cheveux le rendait plus tendu que détendu et son cœur dans sa poitrine menaçait de s'échapper à tout moment. Il se demanda si Hansol pouvait sentir les battements contre sa propre poitrine. Être aussi proche du rappeur était trop dangereux pour le chanteur et quand il lui sourit, il se mit à paniquer.
Il se redressa rapidement et passa au-dessus de Hansol pour quitter le canapé. Il saisit ses affaire sur la table basse et dit tout doucement :
« Je vais prendre l'air, à plus tard.
- Fais attention à toi. » répondit le rappeur encore sous le choc.
Seungkwan remonta son masque sur son visage et posa une paire de lunettes de soleil sur son nez.
Il n'était pas allé au commissariat depuis longtemps. Et s'il allait rendre visite à Eunjung et Kwangja.
Le commissariat était toujours aussi bruyant et odorant. Seungkwan ne s'y plaisait pas mais il devait s'y rendre. Il avait promis à Hansol d'arrêter de s'absenter aussi longtemps sans lui dire où il se rendait mais cette fois-ci ne devrait pas poser de problème puisqu'il ne comptait pas rester.
« Le chef va vous recevoir dans un instant. Veuillez patienter s'il-vous-plait. » dit l'une des policière qu'il avait arrêté en entrant. Hochant la tête et murmurait un petit merci, il alla s'assoir sur un banc. Une couverture de magazine attira son attention. C'était le dernier numéro du ROYAL, Wonwoo faisait la couverture avec un appareil photo dans les mains. Il avait appris pour le scandale qui avait eu lieu après les multiples victoires des GOODBYE KINGS durant la MAMA mais comme ce n'était pas allé bien loin, il n'avait pas vu l'intérêt d'en parler à Wonwoo. Il lu l'article concernant le rappeur et s'apprêta à lire celui sur Lee Jihoon mais il fut interrompu.
« Monsieur Boo, le chef est prêt à vous recevoir. Suivez-moi. »
Prenant inconsciemment le magazine, Seungkwan suivit la policière. Il se contenta d'échanger quelques mots banals avec le chef de police avant que celui-ci le laisse seul avec Kwangja. Celle-ci sourit en le voyant entrer dans la pièce où elle avait été transférée quelques jours plus tôt. Il y avait un lit, une table et deux chaises ainsi qu'un lavabo. Dans un coin près du lit reposait son sac de cours avec quelques livres appuyés contre et sur une petite commode en piteux état, étaient correctement pliés quelques vêtements. La jeune fille n'était d'ailleurs plus en uniforme scolaire mais en survêtements.
« Bonjour Monsieur Boo.
- Bonjour Kwangja. Je ne suis pas venu depuis un moment, désolé.
- Ce n'est rien. Vous devez probablement avoir pas mal de chose à régler dehors. J'ai entendu deux policier parler d'un scandale vous concernant, une vidéo qui aurait fuité ou quelque chose comme ça...
- Un truc sans grande importance, crois-moi. » Il s'assit d'un côté de la table et elle se positionna en face de lui sur une seconde chaise. « Jeonghan est passé te voir récemment ? » elle secoua la tête de droite à gauche.
« Il a promis de me sortir d'ici si je l'aidais mais pour l'instant, je ne vois rien venir. C'est un peu décevant, vous comprenez ?
- Je vais le contacter, d'accord ?
- Merci. »
Il déposa le magazine sur la table pour sortir son portable et Kwangja le prit pour le feuilleter. Elle avait beau avoir essayé de tuer la Lionne de Corée du Sud, elle restait une adolescente très plaisante et Seungkwan avait fini par apprécier sa présence.
« Ta famille ne t'a pas encore rendu visite ? » demanda-t-il distraitement en écrivant un message à l'adresse de Jeonghan.
« Non... Je crois bien qu'ils ont honte de moi. Ou peur ?
- Ne t'inquiète pas trop. Je suis sûr qu'une fois qu'ils auront compris la situation, ils reviendront vers toi. »
Elle lui sourit tristement avant de continuer à lire l'article qu'elle lisait. Seungkwan fini de rédiger son message et appuya sur la touche envoi. Il allait déposer son téléphone quand il décida d'envoyer un message à Wonwoo pour le féliciter et un autre à Mingyu pour lui demander s'il voulait passer à l'appartement plus tard dans la semaine ; Seungkwan avait envie de faire quelques pâtisseries.
« Je suis dégoûtée de ne pas avoir pu assister à la remise des prix de la MAMA mais je suis contente que les GOODBYE KINGS aient gagné. Vous les connaissez ?
- Wonwoo est l'un de mes amis.
- Trop cool... » elle ferma le magazine et le rendit au chanteur « J'ai fait un stage au ROYAL il y a quelques mois. J'avais espéré qu'ils m'embauchent en tant que rédactrice dans quelques années mais maintenant, avec un casier judiciaire rempli d'une tentative de meurtre, jamais ils ne me prendront...
- Tu seras forcément innocentée, Kwangja. Jeonghan ne voudra jamais que tu ailles en prison. »
Il était tard maintenant et Seungkwan devait encore prendre des nouvelles d'Eunjung, il ne pouvait pas rester plus longtemps avec la jeune fille. Il lui dit qu'il reviendrait la voir dès qu'il aurait une réponse de la part de la Lionne et quitta la cellule. Celle de Eunjung n'était pas loin mais très différente de celle de Kwangja. Elle était beaucoup moins lumineuse et la jeune fille n'y semblait pas à l'aise, elle aussi avait de nouveaux vêtements et ses affaires de cours. Pour éviter qu'il n'y ait de répercussions sur leurs vies avant de se faire arrêter, des agents de police s'étaient fait passer pour des parents au téléphone et avaient contacté les écoles respectives des deux filles pour les dire malades. Des camarades de classe déposaient donc régulièrement des devoirs chez leurs parents qui avaient la décence de les remettre au commissariat plus tard.
« Bonjour Eunjung.
- Salut Boo. Que me vaut l'honneur de ta visite ?
- Toujours aussi polie à ce que je vois. Je venais prendre des nouvelles et te donner ça. »
Il lui tendit un paquet qu'elle ouvrit avec précaution. C'était un grand gilet rose. Il ne lui appartenait pas. Elle releva un regard surpris vers lui.
« Qu'est-ce que c'est ?
- Ce n'es pas moi qui te l'ai offert, si c'est ce que tu veux savoir. Ça faisait partie des affaires rapporter par tes parents. Mais ce n'est pas d'eux non plus, ils l'ont trouvé parmi tes feuilles de cours. »
Elle ne dit rien mais Seungkwan vit bien une lueur de compréhension éclairer son regard.
« Tu sais qui te l'a envoyé ?
- Peu importe. Tu n'es pas là pour me poser des questions ?
- Kwangja est plus gentille que toi.
- Kwangja ne survivra pas longtemps en prison.
- Elle n'ira pas en prison... Et toi non plus. »
Il y eut un silence et Eunjung hocha doucement de la tête en resserrant le gilet contre elle. Au bout de quelques secondes, elle soupira et saisit le magazine que Seungkwan venait de poser sur la table. Elle tourna les pages avec ennui.
« Mon père a réussi à décrocher un contrat pour que je puisse travailler en tant que rédactrice dès que j'aurai fini l'université mais je suis sûre qu'il l'a rompu maintenant que je croupis ici. Dire que j'ai fais un stage de deux mois durant les grandes vacances pour le convaincre...
- Toi aussi tu as fait un stage là-bas ?
- Toi aussi ?
- Non, pas moi. Kwangja. »
Seungkwan se leva de sa chaise et se dirigea vers la porte précipitamment sous le regard intrigué de l'étudiante.
« Il faut que j'y aille. Je repasserai bientôt ! »
Seungkwan avait une nouvelle piste et il ne devait surtout pas la laisser s'échapper.
7 630 mots
Coucou mes chers Cinnamons !
1) Comment allez-vous ?
2) Je suis désolée du temps que ça a prit pour publier ce chapitre. Je viens tout juste de finir de m'installer dans mon nouvel appartement et j'ai commencé les cours il y une semaine et demi. Comment cette rentrée se passe de votre côté ?
3) Le chapitre est plus court que les précédents et certain personnages n'apparaissent pas. Ils seront probablement présent la prochain ;)
4) Dans ma tête, Wongi ressemble au membre Hyunjin des Stray Kids (parce qu'il est mignon et Wongi est mignon aussi).
5) Brefi Brefou, il ne m'est pas arrivé grand chose depuis la dernière fois donc je n'ai pas grand chose à raconter ^^'
6) Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Il vous a plu ?
CuteCatMint
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