06

Chapitre dédié à ma centième abonnée thsmxle21 ainsi qu'aux quatre-vingt-dix-neuf autres ! Merci beaucoup à vous tous !

(Je n'ai jamais dit que le spoiler serait pour ce chapitre ;-) )

1

Une sonnerie de téléphone retentit dans l'appartement silencieux de Joshua. Celui-ci ne prit pas la peine de lever la tête de son oreiller ; il savait qui c'était et il ne voulait pas répondre. Aussi tôt dans la mâtiné, cela aurait pu être Seokmin mais la musique morbide qui s'échappait de l'appareil signalait à son propriétaire qu'en réalité, il s'agissait de Sunjoon.

Il s'était laissé trois jours pour profiter une dernière fois de Sunjoon ; ils étaient allés se balader dans un parc, s'étaient fait quelques séances de cinémas et avaient déjeuner dans différents restaurants. Le dernier soir, Joshua avait cédé aux avances de Sunjoon, symbolisant leur dernier moment ensemble et quand le Duc était revenu le lendemain avec le petit-déjeuner, il s'était retrouvé face à une porte close.

Cela faisait maintenant quatre jours que Joshua évitait le duc. Dès que celui-ci appelait, il laissait sonner, quand il venait le chercher à son travail, Joshua envoyait quelqu'un lui dire qu'il était partie faire une course et quand il venait sonner à sa porte d'entrée, il feignait d'être absent.

Après ce qui semblait être pour Joshua de longues minutes, la sonnerie se coupa nette. Il tenta de se rendormir mais les pincements dans son cœur, sa gorge obstruée et la chaleur qu'il ressentait dans le dos de ses yeux l'en empêchaient.

« C'est pas vrai...» murmurait-il en se redressant. Il balança son oreiller à l'autre bout de la pièce. Il était frustré car il avait beau essayer de s'éloigner de Sunjoon, celui-ci revenait toujours dans son esprit. S'il sortait et qu'il croisait un chien, par exemple, il pensait au duc qui se serait fait une joie de le caresser ; quand il voyait un nouveau film de super-héros à l'affiche, il se rappelait son regard illuminé à la vue du dernier Spider-Man...

Joshua avait l'impression que sa vie se résumait à Sunjoon, que celui-ci avait rempli sa tête de son nom, ses mimiques et ses passions.

« Joshua !» le rosé sursauta à l'entente de son prénom. Sunjoon était de retour devant son appartement. « Je sais que tu es là ! La lumière de ta chambre est allumée !»

Même s'il se savait hors de portée du Duc, son cœur battait la chamade. Un peu comme s'il allait mourir si celui-ci arrivait à rentrer dans l'appartement.

« Tu peux pas juste m'éviter comme ça ! Joshua !» Sunjoon frappa à la porte deux fois avant que le silence revint à cet étage de l'immeuble ; il était parti.

Le concierge quitta discrètement son lit et se dirigea vers le séjour. A pas de loup, il s'approcha de la porte où il colla son oreille. Il n'y avait pas un bruit. Rien du tout. Est-ce que Sunjoon avait abandonné enfin ? Pourquoi cette idée faisait brûler son cœur de déception ? N'était-ce pas l'objectif de toutes ces esquives et de tous ces mensonges ?

Le concierge soupira. Il tourna un regard humide vers l'horloge de la cuisine. Il était huit heures du matin. Il devait se rendre à son travail. À contrecœur, il prit la direction de la salle de bain. L'ampoule du plafond grésillait un peu avant de se stabiliser quand Joshua asséna une ferme tape sur le placard à sa droite ; il devait peut-être penser à appeler un électricien.

Après sa douche, le rosé prit l'initiative de se brosser les dents. À la vue de sa brosse, il fit la moue et murmura : « Elle un peu usée, quand même...»

Heureusement qu'il en gardait de côté. Se baissant, il ouvrit le placard situé sous l'évier et commença à fouiller dedans.

Oh... Il ne se rappelait pas qu'il avait encore de quoi se teindre les cheveux. Tout au fond de la première il y avait tout le nécessaire (gants, brosse, bol et même quelques barrettes...) qu'il avait acheté il y a très longtemps, peu de temps après son arrivée en Corée du Sud. A quand remontait la dernière fois qu'il s'était teint les cheveux ? Il avait son rose depuis tellement longtemps qu'il ne ressemblait même plus à la couleur initiale. Du noir serait bien, non ? Cela ferait plus sérieux, c'est sûr. Et puis Joshua se sentirait un peu plus... Plus entretenu. Il se sentirait meilleur.

« Je serai un peu en retard, aujourd'hui.» dit-il en attrapant le nécessaire.

En arrivant ce matin au travail, tout le monde agissait comme s'il savait que quelque chose n'allait pas avec Joshua. Ils étaient tous inhabituellement précautionneux avec lui. Le concierge n'avait pas eu droit à la discussion habituelle avec les cuisiniers et les responsables de l'aménagement floral, il avait atteint son bureau en un tant record puisque personne ne l'avait arrêté en chemin pour lui poser une question ou lui faire part d'un quelconque problème. Pour la première fois depuis des mois, Joshua avait pu s'assoir à son bureau, savourer une seconde tasse de café et faire quelques tris dans ses documents.

Ce n'est qu'à dix heures passés que l'on vint le déranger. On toqua à la porte puis Joshua autorisa la personne à entrer. Une jeune employée se présenta. Elle était nouvelle au palais et Joshua se dit qu'elle était probablement là pour l'informer de l'absence de sa responsable provisoire ou quelque chose comme ça. Il la salua du regard avant de continuer à trier ses dossiers.

« Monsieur Hong ?
– Hm ?
– Désolée de vous déranger mais... Il y a un nouveau bouquet pour vous.
– Quoi ?!»

La jeune employée sursauta au petit cris de Joshua et faillit lâcher l'énorme bouquet de fleurs rouges qu'elle tenait déjà difficilement dans ses mains. Comment ce fait-il qu'il ne l'avait pas remarqué ? Le concierge s'excusa et saisit frêlement le bouquet. Une carte était coincée entre deux tiges et c'est avec peur qu'il la saisit. Elle était différente des autres ; au lieu d'être rose pâle avec des bordures noirs, elle était blanche et des arabesques dorées soulignaient les bordures. Le message était écrit à la main et Joshua reconnu l'écriture arrondie de Sunjoon.

"L'indifférence est plus douloureuse que la haine. Je ne comprenais pas cette phrase avant mais maintenant, je ne sais que trop bien ce que cela signifie. Ai-je fait ou dit quelque chose que je n'aurai pas dû ? Ton silence est-il ma punition ? Je comprends parfaitement si tu veux couper les ponts. Je te demande juste de m'en donner la raison. S'il-te-plaît, appelle-moi."

Joshua ne savait pas comment réagir à ce mot. Il ne pensait vraiment pas que Sunjoon aurait été si touché par son attitude. Il pensait que le Duc passerait à autre chose rapidement, mettrait la main sur quelqu'un d'autre et finirait par rapidement oublier Joshua.

« Monsieur Hong ?» la jeune femme était toujours là, il l'avait complètement oublié « Devrais-je renvoyer ce bouquet ? L'homme qui l'a apporté doit être encore dans le hall d'entrée.
– Il est venu l'emmener lui-même ?!»

Joshua se leva brusquement et au lieu de se cacher derrière sa chaise comme à chaque fois que passait Sunjoon ici, il se rua dans le couloir, abandonnant l'employée derrière lui.

Il ne savait pas ce qui le prenait. C'est comme si toutes ses résolutions (celles d'éviter Sunjoon et de ne plus jamais entrer en contact avec lui) s'étaient effacées.

Il croisa dans le tournant d'un énième couloir des hommes de ménage mais ne s'arrêta pas à leurs exclamations de surprise ; il ne prit même pas le temps de s'excuser pour avoir surgit comme cela.

La hall n'était qu'à deux couloirs près et Joshua n'en pouvait déjà plus ; sa respiration difficile et ses muscles fatigués ne l'arrêtaient pourtant pas.

Il dirait à Sunjoon qu'il était désolé, qu'il ne voulait pas l'ignorer et qu'il n'avait rien fait de mal ; que tout était de la faute de Joshua. Il lui demanderait pardon et il lui pardonnerait et ils pourraient continuer à se voir !

La petite porte réservée aux employés qui menait au hall était à quelques mètres de lui ! Il allait enfin pouvoir retrouver Sunjoon !

Il lui dirait qu'il était désolé, qu'il ne voulait pas l'ignorer et qu'il n'avait rien fait de mal ; que tout était de la faute de Joshua. Il lui demanderait pardon et il lui pardonnerait... Non. Il ne lui pardonnerait pas.

Joshua s'arrêta devant la porte. Il ne pouvait plus bouger ; il était paralysé.

Sunjoon ne lui pardonnerait pas car il n'en valait pas la peine. Personne ne pardonnait jamais Joshua. Tous ceux qu'il blessait –et même ceux qui le blessaient– n'acceptait jamais ses excuses. Et ils avaient raison, Joshua n'apportait que malheur, plus tôt on se débarrassait de lui, moins de dégâts il y avait. Joshua était hypocrite, menteur, manipulateur et sans coeur ; Sunjoon était honnête, généreux et chaleureux...

Encore un peu et Joshua rompait définitivement sa résolution. Il ne traverserait pas cette porte, il n'irait pas voir Sunjoon, ne lui demanderait pas pardon et ils ne se rencontreraient plus jamais. Pour le bien du Duc, il devait disparaître de sa vie.

Il faisait sombre dans ce petit couloir mais ses yeux le brûlaient comme s'ils avaient été éblouis par une forte lumière. Sa main droite essuya les quelques larmes qui menaçaient de se déverser sur son visage tandis que la gauche lévitait à quelques millimètres de la poignée. Il sursauta quand elle s'abaissa d'elle-même et que de la lumière l'éblouit. La chef du service floral sursauta à son tour quand elle se rendit compte qu'il était juste de l'autre côté ; elle s'excusa pour son retard. Il ne faisait pourtant pas attention à elle.

Sunjoon était debout dans l'entrée. Il regardait sa montre dorée, l'air anxieux. Son costume noir taillé sur mesure lui allait à ravir et Joshua reconnu une création de l'un de ses anciens camarades de classe. Sunjoon aussi avait teint ses cheveux avec une couleur plus sobre –le bleu allait lui manquer– et ceux-ci plus ses lunettes de vue le rendait magnifique. Malgré ses lunettes, Joshua pouvait voir toute la fatigue et la peine que le Duc ressentait. Il était triste par sa faute...

« Sunjoon...» Murmurait Joshua, bouleversé. Il ne s'attendait pas à ce que le Duc se retourne vers lui, étonné.

« Joshua !»

2

« Bonsoir chéri...» murmurait Jeonghan en s'approchant du prince.

Il s'était endormi sur leur canapé dans l'après-midi puis s'était réveillé à l'entente de Seungcheol qui entrait dans l'appartement. Il fit une grimace à l'entente de sa propre voix rauque et se levait en s'étirant.

Il demanda : « Comment c'était, le boulot ?» et Seungcheol vint lui embrasser la joue et le serrer brièvement dans ses bras. Dans le creux de son cou, il répondit : « Une vraie torture, les conseillers savent parler mais pas s'écouter... Et toi ?
– Oh. Je ne suis pas allé bosser.»

Seungcheol releva sa tête et chercha dans le regard de son fiancé une lueur d'espièglerie, en vain. Cela l'étonnait, qu'il ne soit pas allé travailler. Jeonghan était peut-être fainéant mais il adorait travailler à la boutique de fleur de Jeonghyeon, sa soeur. Premièrement parce que c'était anciennement la sienne –il avait dû la léguer à sa soeur pour qu'elle en prenne soin à sa place, puisqu'il pensait ne pas avoir le temps avec ses nouvelles obligations de Lionne– et deuxièmement parce qu'il adorait s'assoir au comptoire pour prendre les rayons du soleil qui entrait par les grandes baies vitrées à midi mais aussi parce que les fleurs et le contact humain étaient toute sa vie. Le visage de Jeonghan brillait tellement quand il parlait de sa boutique ; comment il avait acheté un vieux bâtiment et l'avait rendu magnifique, comment il avait pu faire de l'arrière cours un jardin où il cultivait ses propres fleurs ou encore quand il expliquait le processus de création de bouquet. Jeonghan était fou de sa boutique.

« Tu es malade ?» demandait le prince, inquiet. Jeonghan lui sourit, attendri. Il desserra son étreinte autour du brun et se dirigea vers la cuisine.

« Je n'avais juste pas envie. C'est tout. Tu as faim ? J'ai fais des crêpes mais il y aussi du riz et du poulet, si tu préfères.»

Jeonghan n'était pas un excellent cuisinier. Il se débrouillait mais étant toujours insatisfait du résultat, il avait décidé qu'il ferait le moins souvent à manger ; le fait qu'il ait fait le dîner d'aujourd'hui le rendit encore plus suspect aux yeux du prince.

« Ça a l'air délicieux, Chéri. Je vais aller prendre une douche avant de passer à table, d'accord ?
– Prends ton temps !»

Quand le Lion disparu à l'angle du couloir, le sourire de Jeonghan s'évanouit. Crotte de bique. Il savait que quelque chose clochait. La Lionne sentit son cœur s'emballer à cette idée. Il savait qu'il n'aurait pas dû faire ça ! Il détestait mentir à Seungcheol et l'amadouer comme ça. Surtout quand c'était à la solde du roi.

« Je dois lui dire, de toutes façons...» Même si cela lui déplaisait, il ne pouvait pas laisser Seungcheol continuer à pourchasser la personne responsable de toutes ces agressions. Même Minghao et Junhui qui étaient à l'étranger avaient été agressés ; cette personne avait beaucoup de moyens. Elle était encore plus dangereuse que le châtain ne le pensait. Elle était capable de s'en prendre au prince et Jeonghan ne supporterait pas de voir Seungcheol blessé ou... Ou pire. Il devait le faire pour pouvoir le protéger.

« Me dire quoi ?
– Seungcheol ?!» sursauta Jeonghan en faisant volte face à un prince curieux.  « Qu'est-ce que tu fais là ?
– Je voulais juste déposer mon téléphone... Tu as l'air nerveux, ça ne va pas ?
– C'est juste que... Je ne sais pas comment te l'annoncer...»

Seungcheol avait l'air inquiet, vraiment. Jeonghan n'aimait pas voir ses sourcils se froncer et sa bouche s'arcquer vers le bas et ses yeux devenir subtilement brillants. La pièce fut silencieuse pendant quelques secondes avec que le prince se mette à observer sous toutes les coutures son fiancé.

« Tu es blessé ? C'est ta plaie, c'est ça ?» demandait-il en cherchant la moindre trace de sang sur le bandage de Jeonghan. Celui le força à se redresser et à le regarder dans les yeux.

« Non, Cheol... Écoute, hum...» Il fit ses mains glisser le long des bras de son fiancé jusqu'à ce qu'elles rencontrent ses mains et les saisissent. « J'ai réfléchis à toute cette affaire de voix et de tentative de meurtre et je me disais...
– Oui ?
– Je me disais que ce serait peut-être plus prudent si tu menais l'enquête de loin.
– De loin ? Comment ça, de loin ?
– On ne sait pas à quel point cette personne est puissante et j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose.
– Mais enfin Jeonghan... Il ne va rien m'arriver.» dit tendrement Seungcheol en saisissant le visage du châtain en coupe. Il déposa un léger baiser sur ses lèvres.

« C'est que...
– Hm ?
– Il est fort possible que j'ai demandé au chef de la police de t'interdire l'accès à toute facette de l'enquête ?»

Seungcheol s'arrêta d'embrasser les joues de Jeonghan et se figea. Il relevait une mine incrédule vers son fiancé et il eut beau chercher dans son regard une once de plaisanterie, il n'y trouva que de la culpabilité. Il laissa tomber ses bras le long de son corps. Tel un enfant capricieux, il geint : « Tu ne peux pas m'empêcher de chercher ce psychopathe ! Je veux aider.
– Seungcheol, c'est trop dangereux pour toi !» répliquait Jeonghan, désespéré. Il savait que ça allait finir ainsi. Il est peut-être un peu trop lancé sur son sentiment de peur car il ajouta une peu brusquement : « S'il t'arrive quoique ce soit, qui s'occupera du pays après ton père ?!
– Si je ne protège pas mon peuple, suis-je même digne d'être au trône ?!
– Pourquoi tu ne peux pas faire ce que ton père veut comme d'habitude ?!
– Mon père ? C'est lui qui est derrière ton attitude ?»

Oh non... Jeonghan n'était pas sensé laisser s'échapper cette information. Seungcheol semblait furieux ; sa nuque était précédemment rouge mais là, c'était tout son visage qui l'était.

« Il t'a demandé de me convaincre d'arrêter l'enquête ? Pourquoi ?
– Seungcheol je...
– Pourquoi ?!»

Par réflexe, au hurlement de Seungcheol, Jeonghan se laissa tomber au sol et rapprochant ses jambes de son torse couvrit ses oreilles de ses mains. Son coeur battait la chamade et son cerveau lui hurlait "danger !". Il se sentit stupide de penser cela puisqu'il savait que jamais Seungcheol ne le blesserait mais son cri dur lui avait rappelé de mauvais souvenirs et il n'avait plus s'empêcher de réagir ainsi. Au bout de quelques secondes, son coeur ralentit la cadence et il laissa ses mains glisser jusqu'au sol de part et d'autre de son corps.

« Jeonghan...» Seungcheol apparut dans son champ de vision et doucement, comme pour ne pas le briser, il se pencha vers lui pour lui embrasser les joues. « Je suis désolé de t'avoir crié dessus comme ça. Je te demande pardon. Je t'aime.
– Je... Je t'aime aussi ?»

Seungcheol sembla blessé par cette réponse sous forme de question mais ne dit rien de plus. Après tout, c'était de sa faute ; il connaissait le passé du châtain et savait qu'il réagirait comme ça s'il hurlait trop violemment. Il prit Jeonghan dans ses bras puis alla le déposer sur le canapé ou il le fit se coucher.

« Dors.» lui murmurait-il en déposant une multitude de baiser sur son visage. Une fois que le plus jeune eut fermé les yeux, le prince quitta l'appartement à la recherche de son père.

« Jihoon ?
– Jeonghan ? Qu'est-ce que tu fais là ?»

Quand Jeonghan s'était réveillé, la première chose qu'il avait fait était de prendre son porte-monnaie, son téléphone et ses clés puis il avait quitté l'appartement. Il avait besoin de changer d'air. Il avait besoin de parler à quelqu'un et il savait exactement vers qui il pouvait se tourner.

Le styliste se jeta sur son ami qui eut du mal à le réceptionner. Ils manquèrent de s'étaler au sol mais s'y retrouvèrent quand même car Jeonghan n'avait pas supporté le poids de Jihoon. Ils avaient fait toutes leurs études du primaire au secondaire ensemble mais ensuite, Jihoon était parti étudier le stylisme et Jeonghan s'était tourné vers des études commerciales et ils s'étaient plus ou moins perdus de vue. De temps en temps, ils s'envoyaient des messages ou des mails mais leurs professions respectives les empêchaient de se voir.

C'est pour cela que Jihoon était plutôt surpris de rencontrer Jeonghan dans le hall d'entrée de son immeuble.

« Je suis venu te rendre visite. Tu sais à quel point c'est dur de trouver ton adresse ?
– Paparazzis obligent.»

Jeonghan fit un tour sur lui-même quand il entra dans le salon de Jihoon. C'était exactement comme il l'avait imaginé ; Jihoon n'avait pas tant changé que ça, en fait. Le styliste fit du thé –depuis quand savait-il en faire ? Ils prirent place sur le canapé et Jeonghan mit un coussin dans son dos et deux sur ses cuisses ; un soupir d'aise franchit ses lèvres et il accueillit avec plaisir la tasse que lui tendait le plus jeune.

« Quand tu m'as annoncé que tu allais épouser le prince, j'y ait pas cru et puis le lendemain, ton visage était partout à la télé ! Comment ça se fait ?
– Ça paraît fou, ouais...» Jeonghan jouait un peu avec ses cheveux, clairement gêné. Il n'était pas sûr de vouloir parler de Seungcheol alors qu'ils s'étaient encore disputé. « Les parents de Hansol... Tu te rappelles de ce gamin que je baby-sittais au lycée ?
– C'est lui ? Il a dû grandir. Qu'est-ce qu'il devient ?
– Il rappe. Tu sais, le rappeur du duo Boonon.»

Jihoon eut l'air surpris et son expression arracha un rire à la Lionne. Il s'exclama : « J'ai bossé avec eux il y a quelques mois ! Je comprenais pas pourquoi il agissait aussi familièrement avec moi ! Bref. Continue.
– Donc je l'ai embauché à la boutique de fleurs à temps partiel et quand ses parents ont su que c'était moi son patron, ils ont voulu prendre de mes nouvelles. Ils m'ont invité à dîner. Et puis Seungcheol a débarqué pour déposer des documents à Monsieur Chwe –il était l'un de ses employés sur l'une de ses plantations– et il nous a présenté.»

Même s'ils étaient en désaccord, Jeonghan ne pu s'empêcher de ressentir une petite boule de bonheur se former dans sa gorge. Seungcheol était tellement maladroit et adorable à cette époque. Surtout quand il venait acheter des bouquets à la boutique et qu'il chercher une raison pour chacun d'entre eux alors que Jeonghan savait pertinemment que c'était pour venir le voir.

« Et toi, comment tu vas ?
– Oh... Bien, bien.
– Ça n'en a pas l'air. Qu'est-ce qui te tracasse, Hoonie ?»

Est-ce qu'il devait en parler à Jeonghan ? Qu'est-ce qu'il en penserait ? Il était sûr qu'il regretterait d'être venu,  qu'il verrait Jihoon comme étant une grosse déception vivante, qu'il retournerait se cacher entre les solides murs argentés du palais et prendrait la résolution de ne plus jamais venir le voir.

« Hoonie, parle-moi...» Est-ce que Jihoon avait encore ses problèmes de confiance en soit ? Il semblerait que oui.

Jeonghan reprit : « Je suis là pour t'écouter et t'aider, pas te juger. Ok ?
– Hum... Ouais. OK... Je te préviens tout de suite, c'est une histoire très stupide !»

Jeonghan sourit doucement. Quand Jihoon disait que c'était ridicule, c'était généralement tout le contraire. Le styliste expliqua sa situation avec Soonyoung sous l'oreille attentive de la Lionne.

« Tu l'aimes, Jihoon. Et il semble t'aimer aussi. Pourquoi ne te déclarais-tu pas ?
– Non, tu ne comprends pas. Je ne l'aime pas c'est juste que...
– Arrête de faire ça.
– Faire quoi ?»

L'atmosphère agréable laissa place à une autre beaucoup plus froide et Jihoon durcit son regard en réponse à celui désespéré de Jeonghan. Celui-ci reprit :

« Tu as peur donc tu te mets des oeillères et tu déforme la réalité. Tu as peur de te déclarer donc tu renies les sentiments que tu éprouves envers Soonyoung. Sauf que tu ne peux pas fuir tout le temps la moindre difficulté, Jihoon. De temps en temps, il faut que tu fasses face à ce qui te fait peur et l'affronter.
– Tu racontes que des conneries, Yoon.
– Si Mingyu n'avait pas été là, tu serais toujours au chômage ou même probablement mort ! Tout ça parce que tu as refusé d'assumer le fait que tu t'es fait renvoyer de ton boulot ! Je ne racontes pas n'importe quoi et au plus profond de toi, tu le sais. Tu aimes Soonyoung et tu ne dois pas laisser ta peur prendre le dessus sur cet amour, ok ?»

Jeonghan déposa sa tasse sur la table basse et prit à la place les mains de Jihoon dans les siennes. Il était temps que Jihoon se libèrent de ses chaînes.

« Tu l'aimes et ce, depuis beaucoup plus longtemps que tu le penses. Et il t'aime lui aussi depuis tellement longtemps ! Vous êtes fait l'un pour l'autre !
– Jeonghan arrête... Je ne crois pas que...
– Écoute. Va le voir et excuse toi de comment tu as réagis quand il s'est déclaré, puis déclare-toi ! Tout va bien se passer.
– Tu promets ?»

Jihoon n'a jamais eu l'air aussi petit, fragile et plein d'espoir que maintenant. Jeonghan lui sourit avant de le serrer dans ses bras et lui murmura :

« Je te promets que tout va bien se passer.»

3

« Chanie ?»

La chambre du garçon était plongée dans le noir, seul le voyant lumineux de la climatisation éclairait la pièce d'un petit faisceau vert. Seokmin entrait doucement en frissonnant à la différence de température entre la pièce et le couloir. Il s'assit sur le lit et passa une main dans les cheveux du plus jeune. Celui-ci dormait à poing fermé ; il avait tellement moins triste...

« Chanie... Debout, c'est l'heure de se préparer pour l'Université.»

Le jeune homme roula sur le dos et pendant un court instant, Seokmin crut qu'il allait se rendormir. De sa voix cassée matinale, Chan murmurait : « Je veux pas y aller.» Seokmin s'apprêtait à l'encourager, à lui dire qu'il devait le faire et que de toutes façons, c'était vendredi et qu'après ce serait le weekend mais Chan reprit la parole :

« Je veux rester à la maison, Hannie...
– Chan...»

Le jeune homme se tourna violemment vers Seokmin, ses yeux précédemment semi-clos, grands ouverts. Il ne sembla choqué qu'une courte seconde et bien vite, sa mine prit une teinte plus sombre. Il murmura : « Désolé... Bonjour, Minie.» et le porte-parole n'avait jamais eu autant envie de pleurer. Jeonghan avait vraiment brisé Chan...

« Bonjour Chan.» Il lui fit une rapide accolade. « Va prendre une douche pendant que je te prépare ton petit-déjeuner.» Il lui saisit la tête et déposa un baiser sur chacune de ses joues. Il sortit de la chambre pour laisser le plus jeune tranquille.

Seokmin était tellement gentil avec Chan. Il n'avait aucune obligation envers lui et pourtant il restait à ses côtés, il le logeait et le nourrissait... Il avait vraiment la main sur le coeur. Dommage que Chan ne savait pas comment le remercier.

Après avoir pris une bonne douche chaude et son petit-déjeuner, Chan avait pris –à la demande de Seokmin– une veste puis les deux hommes se dirigèrent vers la parking souterrain où était garée la voiture de Seokmin. Le trajet s'était fait en silence, seule les informations matinales diffusées à la radio emplissaient le véhicule.

« Travail bien aujourd'hui Chanie !
– Merci Minie, toi aussi.»

Chan adorait aller à l'Université. Mais à l'idée que c'était grâce à Seungcheol, il bouillait intérieurement. L'Université n'était pas un cadeau mais sa part de l'échange : si Chan allait à l'Université, Seungcheol lui prenait Jeonghan. Dire qu'il avait été assez bête pour ne se rendre compte de rien...

« Chan ?»

C'était lui, le type qui avait traité Jeonghan de prostitué. Ils ne s'étaient plus parlé depuis qu'ils s'étaient battus. Chan supposa que suite au scandale impliquant Jeonghan et lui, il avait compris quel lien les reliait et la raison de sa colère. Le pauvre garçon était bien amoché comparé à Chan ; il avait un hématome sur la joue et un autre dépassait du col de son t-shirt, sa lèvre inférieure était légèrement enflée aussi.

« Que veux-tu, Ahn ?
– Je suis désolé pour tout ce que j'ai dit sur la Lionne. Je ne savais pas que tu...
– Peu importe qu'il soit mon tuteur ou le futur dirigeant du pays, Ahn. Tu ne devrais parler de personne comme tu l'as fait l'autre jour. Être méchant gratuitement ne t'apportera jamais rien si ce n'est que de la haine.» Ahn gigotait un peu, clairement mal à l'aise. Il n'osait rien dire alors Chan reprit : « Je t'apprécies vraiment (Ahn rougit) mais tu es allé trop loin cette fois. Je ne sais pas si j'ai toujours envie de te fréquenter...
– Chan, je...
– Bye.»

En se dirigeant vers sa salle de cours, il eut l'impression qu'un poids quittait ses épaules ; il avait enfin pu dire ce qu'il pensait à Ahn et il espérait ne plus avoir à subir ses paroles acides. Il s'assit à sa table habituelle et sortie de quoi écrire. Une de ses amies, Yongseon, s'assit à ses côtés et ils discutèrent jusqu'à ce que le cours commence. A midi, il mangea seul. Ses amis et Ahn l'avaient épié de loin mais aucun d'entre eux n'avait osé le rejoindre. Il passa l'après-midi avec son autre amie Hyejin qui avait des cours communs avec lui puis il prit le bus avec Hwini. Le trajet était long et le bus, lent. Cela lui laissa le temps de se plonger dans ses pensées.

La vie de Chan n'avait jamais été facile. Ses parents moururent quand il était encore très jeune puis il avait vécu avec Jeonghan dans un petit appartement miteux tout en devant se serrer la ceinture puisqu'ils subsistaient avec le peu d'argent que le châtain gagnait et que ses parents daignaient lui envoyer. En aménageant au Palais Royal il avait pensé que les choses iraient mieux mais là encore, il devait porter le poids du secret de Jeonghan sur ses épaules... Et aujourd'hui, il ne lui restait plus rien. Il n'avait plus de parents, plus de Jeonghan et plus de secrets ; tout ce qui l'avait construit avait disparu en un claquement de doigt, le temps d'une rapide discussion avec le Roi. Chan était jeune mais se faire mettre dehors par le Roi sous l'approbation de la seule personne qui disait l'aimer –Jeonghan– l'avait fait mûrir ; vieillir. Il ne voyait plus les choses sous le même angle. C'est comme si... Comme si son existence était devenue maussade. Il n'y avait plus de surprise. Il voyait les même personnes, les même lieux, les même bâtiments tous les jours et il n'en pouvait plus ; il avait besoin de changer d'air, de fuir son passé et tout recommencer.

C'est ça ! S'il voulait redevenir comme avant, il devait juste recommencer ! Il était habitué à ce qu'on l'abandonne ; c'était son tour d'abandonner !

« Chan !
– Hum ?
– Ce n'est pas ton arrêt habituel...»

Hwini était perspicace, il l'aimait bien. Elle avait raison, il était à un arrêt de l'appartement de luxe de Seokmin. Elle ne savait cependant pas qu'il ne comptait pas rentrer ce soir. Il lui sourit et dit doucement :

« Je sais bien. C'est juste pour changer un peu. A un de ces quatre !»

Quand ses baskettes se posèrent sur le béton noir du trottoire, un sentiment d'euphorie –de liberté– le prit et il se retint d'éclater de rire. Raffermissant sa prise sur son sac, il s'enfonçait dans la rue inconnue.

Fuguer n'était peut-être pas la meilleure idée que Chan ait eue, au final. Il n'avait pas d'argent et il était complètement perdu ; il ne reconnaissait pas la rue où il se trouvait et il n'osait pas aborder les gens pour demander son chemin. Son chemin... Ce n'est pas comme s'il se rendait à un endroit précis de toute façon.

Peut-être que s'il traversait la route pour se rendre à la rue d'en face, il allait reconnaître les lieux ? Jeonghan lui disait souvent qu'il fallait observer les situations sous le plus d'angles possibles avant de porter un jugement. Peut-être qu'il n'était pas si perdu que ça en réalité ?
Regardant à gauche puis à droite, Chan traversa la route avec attention. L'espoir de retrouver son chemin s'évanouit quand il se rendit compte qu'il était encore plus perdu. Les bâtiments semblaient récents, les anciennes brillaient comme si elles venaient d'être activées pour la première fois, les gens portaient des vêtements qui semblait tellement chers que l'on pourrait se croire à un défiler de mode gigantesque... Est-ce que ce quartier avait été rénové depuis longtemps ?

Les gargouillis de son ventre sortirent Chan de ses réflexions ; il avait faim et froid et aucune possibilité de se nourrir ou de s'abriter.

« Qu'est-ce que je vais faire ? » murmurait-il en boutonnant sa veste en jeans pour cacher son torse seulement alors protégé par son fin t-shirt. Il sursauta quand une jeune femme au téléphone surgit en face de lui. Elle ne prêta pas attention à l'adolescent et continua sa route perchée sur ses hauts talons aiguilles, quelques sacs en papier se balançant à son bras. Chan n'avait pas remarqué qu'il se tenait juste devant l'entrée d'une boutique de vêtements. Il pourrait sûrement se réchauffer à l'intérieur.

« Bonsoir jeune homme ! Puis-je vous aider ? » L'accueillit la vendeuse dès que ses pieds touchèrent la moquette noire du magasin. Il ne sut que répondre à cela alors elle enchaîna : « Vous êtes là pour vous acheter des vêtements ou c'est pour quelqu'un d'autre ; votre mère ou votre petite-amie ? Si cela vous intéresse, nous venons de recevoir le dernier parfum du grand créateur TOP, Bang Bang.
– Je, heu... Je suis là pour moi-même, merci.
– Puis-je-vous...
– Non merci... Beaucoup. »

Ne lui laissant pas le temps de répliquer, il s'enfonça entre les rayons et les présentoirs. Les lieux étaient très calmes, la musique était diffusée doucement à travers toute la boutique et à cette heure-ci de la journée, il n'y avait pas grand monde. Chan, pour se réchauffer le bout des doigts fit mine de chercher sa taille parmi des t-shirts qu'il ne pourrait jamais s'acheter. Bientôt un soupir d'aise le prit quand ses dents s'arrêtèrent de claquer et que ses doigts n'étaient plus des bâtonnets de bois.

Soudainement, il sentit un souffle dans son cou et se tendit, paralysé.

« Je suis presque sûre qu'il y mieux pour se réchauffer les mains que des t-shirts. »

Son cœur s'emballait à l'entente de la voix d'une femme et il lui fallut tout le courage du monde pour se retourner et faire face à son interlocutrice. C'était une femme qui devait probablement avoir entre quarante et trente ans, ses yeux ridés cachés derrière sa paire de lunettes rouge étaient souriants, ses lèvres rouges formaient un sourire sur son visage ; elle semblait amusé par l'attitude de Chan.

« Je ne vais rien te faire de mal, petit. Tu es perdu ?
– Comment le savez-vous ?
– Je t'ai vu dehors avec ton air complètement perdu...
– Ne m'emmenez pas à la police s'il-vous-plaît ! » chuchotait-il avec affolement. Elle eut l'air surprise mais rapidement un petit rire s'échappa de ses lèvres.

« Qu'est-ce que la police ferait avec toi ? Tu es majeur, n'est-ce pas ?
– Oui.
– Dans ce cas, elle ne peut rien faire. Tu as de l'argent sur toi ?
– Pourquoi faire ? » demandait-il, suspicieux. Que lui voulait-elle ?

« Je t'aurai bien conseillé un hôtel pour passer la nuit mais je ne pense pas que tu aies assez même pour un vieux motel en ruine. Enfin... C'est pas comme s'il y avait ça dans ce quartier ! Ah ! Tu as faim ? » Il allait répondre que non ça allait merci mais son estomac se manifesta assez puissamment pour qu'elle entende, ce qui lui arracha un nouveau rire.

« Ce que je te propose petit...
– Je m'appelle Chan.
– OK, Chan. Moi c'est Park Joohee mais comme j'ai probablement trois fois ton âge, ce sera Madame Park pour toi. Ok ?
– Ok...
– Donc... Ce que je te propose c'est de dormir chez moi ce soir et demain, tu appelles quelqu'un pour venir te chercher.
– Et si je ne veux pas rentrer chez moi ?»

Ses yeux s'adoucirent et elle lui sourit, attendrie.
« Bien sûr que si, tu veux rentrer chez toi. Mais tu pourras rester chez moi tout le temps qu'il te faudra pour t'en rendre compte.»

Cette femme était un peu louche aux yeux de Chan. Qui invitait un jeune inconnu à venir dormir chez soit aussi spontanément ? Et puis qui sait, il pourrait être un voleur ou quelque chose comme ça et il n'aurait sans doute aucun mal à prendre le dessus sur la femme. Mais ce n'était pas comme si Chan en était un, il n'allait pas l'agresser. Et puis, il était tellement fatigué et il avait tellement faim... Comment pouvait-il se permettre de refuser ? Madame Park avait beau être étrange, elle était si gentille et ses doux yeux profond rappelaient à Chan ceux que sa mère posait sur lui quand elle était encore de ce monde.

« J'accepte. »

Madame Park avait un bel appartement luxueux et chaleureux. Le verrou de la porte d'entrée était électrique et Chan n'avait pas pu réprimer sa surprise –l'ancien appartement de Jeonghan ne se fermait que grâce à une clé et celui au palais s'ouvrait aussi avec une clé et non un pavé numérique– faisant rire Madame Park. Le canapé du salon était immense et la cuisine dégageait une bonne odeur de repas.

« Ma femme de ménage me prépare toujours le diner avant de partir, quelle brave femme. Lavons-nous les mains et passons à table. »

Contrairement à ce qu'avait redouté Chan, Madame Park était vraiment gentille et le dîner s'était déroulé dans les rires et la bonne humeur. Pendant que Chan était allé prendre une douche, son hôte lui avait préparé la chambre d'ami et bien que la nuit soit bien avancée quand il était sortie de la salle de bain, ils étaient tous les deux rester discuter encore un long moment.

Ce n'est cependant qu'à une heure du matin que la langue de Chan se délia complétement.

« Pourquoi as-tu fugué, Chan ?
– Ah Madame Park, si vous saviez... Vous me reconnaissez, n'est-ce pas ?
– Tu es Lee Chan et... Je ne sais pas trop où tu veux en venir, à vrai dire.»

Elle rit doucement et il s'exclama :
« Je suis le garçon dont le tuteur est la future Lionne de ce pays, Yoon Jeonghan !
– Je sais bien, Chan. Mais ça ne me dit pas pourquoi tu as fugué. C'est à cause des accusations ?
– Non... J'aime tellement Jeonghan, Madame Park. Il est mon grand frère et j'ai toujours voulu le meilleur pour lui comme il a toujours voulu le bonheur pour moi mais... Ces temps-ci, plus rien ne va. Et j'ai plus l'impression de ne plus avoir le droit d'être à ses côtés. Il a Seungcheol maintenant et bientôt, ils auront des enfants et un pays à gouverner et moi... Moi je ne serai plus rien à leurs yeux, ils me relègueront au dernier plan et je vais finir seul et oublié.
– Oh Chan, non...
– Si, c'est exactement ce qui va se passer. J'en ai tellement peur que je me suis dit que peut-être... Peut-être qu'en disparaissant, Jeonghan ferait de nouveau attention à moi. C'est stupide parce que je sais qu'il ne m'aime plus et que ma disparition ne lui fera ni chaud, ni froid. Je suis pitoyable.»

Le coeur de Madame Park se serra à la vue des quelques larmes qui glissaient le long des joues de Chan. A aucun moment elle avait imaginé qu'il était si malheureux. Comment pouvait-on rendre si triste un garçon si rayonnant ? C'était cruel. Mais Yoon Jeonghan n'était pas cruel, elle le pressentait. Alors qui était la vraie personne derrière ce malheur. A ce qu'avait pu lui raconter le garçon au cours de la soirée, après l'agression de la Lionne, il avait dû loger chez quelqu'un d'autre pour le protéger à la demande du Roi. C'est à ce moment que Chan avait commencé à avoir des insécurités. C'était donc le roi, le cruel homme derrière l'état du jeune homme.

« Chan, écoute-moi bien. Jeonghan t'aime et t'aimera toujours. Je suis sûre que tout ça n'est qu'un énorme malentendu. Il faut que vous discutiez tous les deux à coeurs ouverts et tout ira mieux. Crois-moi, on ne laisse pas tomber la personne que l'on aime le plus au monde sauf si on ne s'en rend pas compte. Je pense que Jeonghan ne sait pas que tu te sens comme ça.
– Mais Madame Park...
– Tututu ! Quand tu seras prêt, on appellera Jeonghan et tu lui donneras mon adresse pour qu'il vienne discuter avec toi. Tu va voir, tout ira mieux.»

Elle lui déposa un baiser sur le front et l'accompagna jusqu'à la chambre d'ami.

Chan était un jeune homme adorable. Park Joohee était surprise par les capacités de la Lionne à jongler entre élever un garçon, gérer sa boutique de fleurs et flirter avec le prince Seungcheol. Quoiqu'il en soit, il avait fait du bon boulot. Chan semblait aimable, gentil et honnête.

« J'espère qu'il me pardonnera pour ce que je vais faire...»

4

Seungcheol n'était toujours pas rentré. Jeonghan s'inquiétait. Est-ce que le prince et le roi s'étaient disputés ? Et si Seungcheol avait juste décidé de disparaître comme la dernière fois, qu'est-ce que Jeonghan deviendrait ? Non, il ne devait pas penser à ça, il ne devait pas s'effondrer pitoyablement. Si cela se trouvait, Seungcheol n'était pas parti ; il errait dans le Palais en quête d'un coin tranquille pour réfléchir ! Mais... Et si ce n'était pas le cas ?

« Il faut que je m'occupe...» Jeonghan ne pouvait pas rester assis sur le canapé comme une grosse larve en dépression ; il devait rester actif comme cela il ne penserait pas à Seungcheol ou à la Voix. Il se leva du canapé et s'essuya les mains sur son jeans -elles étaient moites. Il observa le salon en quête d'une occupation quelconque. Tiens ? C'était bien un petit mouton de poussière qu'il voyait sous l'étagère ?

Rapidement, il saisit un balais et une pelle dans le placard à balais et commença à dépoussiérer tout l'appartement. En voilà, une bonne occupation ! Il fit d'abord la cuisine mais comme elle n'était pas si sale que cela, il passa au salon. A son désespoir, celui-ci était aussi propre. Il se maudit lui même d'être quelqu'un qui aimait la propreté et l'ordre.

« Il y bien un endroit où je n'ai pas fait le ménage depuis longtemps, quand même ?!» Il tapa du pied le sol et le balais lui échappa de la main. Il perdit l'équilibre et pour éviter de tomber, s'appuya contre le mur à sa gauche. Ou plutôt, la porte à sa gauche. C'était la chambre de Chan, il n'y était pas allé depuis que le jeune homme était parti vivre chez Seokmin. Elle devait avoir accumulé quelques poussières depuis !

Jeonghan ramassa le balais rapidement. Il ne faudrait pas que Chan ne puisse pas retrouver sa chambre quand le Roi lui permettrait de revenir, tout de même !

«C'est partit !» murmurait-il en entrant dans la pièce. Il se figea cependant bien vite.

La chambre de Chan était vide. Il n'y avait plus que les meubles. Les posters, les CDs, Mr.Grrr –son dinosaure en peluche– et même son PC... Jeonghan ouvrit le placard et les tiroirs de la commode ; il n'y avait aucun vêtements, pas une seule chaussette...

« C'est quoi ce bordel ?» Où étaient passées toutes les affaires de Chan. Elles n'avaient pas pu se volatiliser. Est-ce que Seungcheol les avait déplacé ? Impossible, Jeonghan l'aurait vu faire. A moins que cela ait eu lieu quand aucun d'eux n'étaient là. Mais comment avait-on pu rentrer dans un appartement du Palais Royal fermé à clé ?

« C'est impossible.» Il n'y avait que quatre clés pour rentrer ici ; la première était à Seungcheol, Jeonghan avait la deuxième, Chan la troisième et la quatrième était aux mains du...

«Roi. L'enfoiré.» C'est lui qui avait fait ça ! C'est pour ça que Chan avait rejeté Jeonghan l'autre jour sans qu'il ne sache pourquoi. Il pensait probablement qu'il était d'accord avec la décision du Roi.

Jeonghan s'assit sur le lit dépourvu de draps, sous le choc. Après tout ce qu'il lui avait dit, après tout ce que Jeonghan avait fait pour lui, le Roi Choi avait osé le trahir. Comment avait-il osé ? Comment un homme dit aussi sage pouvait faire ce genre de magouille ? Comment pouvait-il blesser aussi librement les personnes de son entourage ? Comment pouvait-il tromper son futur gendre ? Le faire souffrir comme s'il n'était personne à ses yeux.

Le dos de ses yeux piquotait et bientôt des larmes se formèrent, obstruant ainsi sa vue.

Après tout les encouragements et les discussions à coeurs ouverts qu'ils avaient pu avoir tous les deux tard le soir alors que tout le monde dormait mais que le sommeil leur échappait, les quelques rires et après midi de détente et de jeux... Tout ces moments passés ensemble ne comptait donc pas à ses yeux ? Bien. Puisqu'il en était ainsi, Jeonghan ne voyait plus l'intérêt de s'adresser au roi ou de respecter ses ordres. A partir d'aujourd'hui, il ferait ce qu'il voudrait quand il voudrait. Et le Roi n'aurait qu'à se fourrer les doigts dans le nez jusqu'au coude s'il pensait un seul instant pouvoir imposer son autorité à Jeonghan. Pour cela, il aurait fallu qu'il est un minimum de respect aux yeux de la Lionne mais comme ce n'était plus le cas...

« J'vais lui dire ce que je pense à ce sale traitre. Il ne perd rien pour attendre.»

La sonnerie de son téléphone portable sortit Jeonghan de ses pensées colériques. C'était Seokmin. Il s'empressa de décrocher tout en se dirigeant vers sa chambre pour s'habiller et sortir trouver le roi et lui dire deux mots.

« Allô ?
– Jeonghan...» Il semblait bouleversé. Jeonghan s'immobilisa au milieu du couloir. « Chan a disparu.»

5

Il faisait frais ce matin. Seungkwan n'aimait pas ça. Encore endormie, il se tourna face à Hansol s'approcha plus encore de lui. Presque instantanément, une douce chaleur se répandit entre eux et le blond se sentit mieux.

Ils s'étaient remis à dormir ensemble il y quelques nuits de cela et Seungkwan ne s'était pas sentit aussi bien depuis longtemps. Il adorait sentir la présence de Hansol à ses côtés, ses bras entourer son corps et ses cheveux lui caresser la nuque ; son souffle chaud lui réchauffer la joue et son odeur lui chatouiller le nez.

« Déjà réveillé ?» lui murmurait Hansol en le collant à lui.

« Tu sais bien que je ne dors pas aussi longtemps que toi.
– J'avais espéré que l'on reste un peu au lit aujourd'hui.
– On doit respecter notre planning, Solie.»

Le rappeur libéra le chanteur et celui-ci roula sur le ventre afin d'atteindre son téléphone. Il était sept heures du matin, ils avaient une heure pour se préparer. Il passa une main dans les cheveux en bataille de son binôme qui semblait doucement mais sûrement se rendormir.

« Je vais faire le petit-déjeuner et tu te prépares en attendant ?
– Non, non... Toi, va te préparer.
– Que me vaut cette soudaine galanterie ?» rit-il dans son oreiller. Hansol lui sourit et après avoir passé une main dans ses cheveux quitta le lit. Seungkwan resta encore un moment couché avant de se diriger vers la salle de bain.

Aujourd'hui commençait leur premier jour de comédie. Il était prévu qu'ils aillent se balader en ville, histoire d'attiser le plus d'attention sur eux, puis à midi, ils iraient s'assoir à une table de restaurant en terrasse et c'est là que les choses deviendraient amusantes.

Les instructions exigeaient qu'il soit le plus mignon possible donc on lui avait prêté pour l'occasion un pull oversize jaune pastel et un jeans bleu clair avec une paire de baskettes blanches. Effectivement, il était adorable et Hansol ne se priva pas de lui faire remarquer dès qu'il entra dans la cuisine.

« T'es trop chou, Kwanie !
– Arrête de m'embêter...
– Mais c'est vrai ! Tu as l'air tout doux. Laisse-moi essayer.»

Hansol le serra contre lui en soupirant d'aise. Hansol aimait la chaleur et Seungkwan sortait d'une douche bien brûlante ; Hansol aima faire un câlin à un Seungkwan tout doux, tout moelleux, tout chaud.

«Allez, ça suffit...» murmurait le blond en tapotant la tête du brun «Va te préparer.
– Deux secondes...» répondit le rappeur en serrant un peu plus le chanteur contre lui et en fourrant son nez dans ses cheveux.

Seungkwan fit du mieux qu'il pu pour ignorer les battements erratiques de son coeur.

Généralement, quand ils sortaient tous les deux, on faisait rarement attention à eux. Peut-être que l'accident au concert surprise était la raison pour laquelle les gens les avaient aussi facilement repéré. A moins que ce soit à cause du fait qu'ils ne portaient pas de masques.

« Tu veux manger quoi, Kwanie ?
– Je n'ai pas trop faim alors...
– Si tu veux reprendre des forces, il faut que tu manges.» dit Hansol en faisant la moue. Seungkwan entendit quelques personnes s'extasier discrétement et il rougit. Est-ce que le rappeur était même au courant de l'effet qu'il avait sur les gens ?

« Ok... Je vais prendre une demie portion de Bibimbap alors.
– Ce sera une portion pour moi, merci !»

La serveuse se dépêcha de s'enfuir et Seungkwan l'observa disparaître à l'intérieur. Quand il se retourna vers Hansol, il surpris celui le fixant déjà.

« Alors... De quoi pourrait-on bien parler ?» Quand ils n'étaient que tous les deux, il n'y avait aucune gène mais maintenant qu'il y avait une vingtaine de paires d'yeux braquée sur eux, c'était plus difficile.

« Tu as vu cette vidéo du chien habillé en Minnie Mouse ?
– Non, je crois pas.»

Hansol quitta sa chaise pour s'assoir à une autre plus proche de Seungkwan et sortit son téléphone. Ils regardèrent plusieurs vidéos d'animaux aussi adorables les uns que les autres jusqu'à ce que leur déjeuner arrive.

« Et puis ils sont tellement amicaux et leurs yeux sont tellement expressifs ! J'adore les labradores...» finit Hansol après avoir passé cinq bonnes minutes à expliquer pourquoi les labradores étaient la race supérieure de chien. Seungkwan savait ce qui viendrait ensuite mais ne fit rien pour empêcher le brun de continuer.

« On devrait en adopter un, Kwanie.
– Hansol...
– On le nommerait Éclaire et on pourrait l'emmener partout avec nous ! Je suis sûr que ta mère l'adorerait et demanderait tout le temps des nouvelles de lui.
– On n'appellera pas notre chien Éclaire. Il serait peut-être temps que tu laisses ton obsession pour les éclaires au chocolat derrière toi.
– Mais Kwanie...» dit-il en lui prenant la main. Le blond la fit glisser très doucement loin de celles de Hansol. « Ce sont grâce à tes éclaires que nous nous sommes rencontrés.
– Qu'est-ce que tu peux être nanar quand tu t'y met.»

Ils rirent et la suite du repas se fit en silence. Petit à petit, Seungkwan se détendit et il en oublia même les regards curieux qu'on leur jetait. C'est pour cela qu'il ne se rendit pas compte que sa main s'était dirigée vers la joue de Hansol pour y retirer un grain de riz.

« Tu manges vraiment comme un cochon.» dit-il en mangeant ledit grain de riz.

« Tu ne pourrais pas me piquer mes grains de riz si je mangeais correctement, alors ne te plains pas.» répliquait Hansol en lui tirant la langue.

« Allons nous balader au parc après, d'accord ?
– Faisons ça.»

Leur petite sortie avait fait mouche. On parlait d'eux partout sur les réseaux sociaux, de comment ils avaient agis comme s'il n'y avait personne autour d'eux, comme s'ils étaient dans leur propre monde. Le soir même, leur manager les avait appelé pour le dire que le PDG les félicitait pour cette première journée et qu'il espérait qu'ils gardent la cadence pour les prochains jours à venir.

« Kwanie ?»

Seungkwan leva les yeux de son roman. Hansol se tenait à l'encadrement de sa chambre et fixait le blond avec une mine de chien battu. Cela faisait quatre jours que ce même scénario avait lieu et le blond ne s'en plaignait pas. Il joua le jeu.

« Oui, Solie ?
– Je peux venir dormir avec toi ce soir ?
– Bien s...»

Ils sursautèrent tous les deux quand le téléphone du chanteur emplit la pièce de sa sonnerie d'appel. Le blond se jeta dessus sous le regard curieux de Hansol qui vint s'assoir à ses côtés sur le lits.

« Allo ?
– Seungkwan, Wonwoo est à l'hôpital et je... Je sais pas quoi faire. Viens vite.
– J'arrive !»

6

Mingyu avait beaucoup pleuré dans sa vie. Il avait pleuré quand il avait cassé le vase préféré de sa mère, il avait pleuré quand Seungkwan était tombé lors d'une sortie scolaire, il avait pleuré quand son hamster avait disparu... Mingyu avait beaucoup pleuré et il y était habitué, en quelque sorte. Il ne pleurait plus quand il tombait, se cognait ou cassait quelque chose. Il avait appris à ravaler ses larmes et à agir dans le calme.

Cependant, aujourd'hui il ne pouvait pas s'empêcher de pleurer. Même la main réconfortante de Seungkwan dans son dos n'était pas suffisante.

« Ça va aller Gyu... On sait tout les deux qu'il va s'en sortir.»

Wonwoo était en salle d'opération, inconscient et avec une paire de ciseaux plantée dans la cuisse et une ouverture au crâne. Seungkwan pouvait dire tout ce qu'il voulait, Mingyu ne s'arrêterait pas de pleurer.

Wonwoo était si précieux à ses yeux, si unique... Si parfait. Ils s'étaient rencontrés le jour de l'arrivée de Mingyu à la capitale et depuis, il n'avait cessé de l'aimer. Mingyu était un grand romantique, il croyait au coup de foudre et aux âmes-sœurs. Wonwoo était son âme-sœur ; il y croyait dur comme fer. Peut-être parce qu'il était aussi son premier amour. Ne dit-on pas que le premier amour et aussi le plus beau –le plus dur, surtout ? Wonwoo était son premier amour et sans aucun doute son dernier.

« Gyu ?»

Le modèle essuya ses yeux et les releva vers son meilleur-ami. Le blondinet lui saisit le visage en coupe et il l'approcha de la sienne jusqu'à que quelques millimètres seulement les séparent. Les doux cheveux blonds et épais du chanteur vinrent se mêler à ceux noirs de Mingyu et même caresser une partie de son front. Ses yeux plongés dans les siens traduisaient toute sa détermination.

C'est fermement qu'il dit : « Tu n'aides pas en pleurant, Mingyu.»

C'est vrai. Il n'aidait pas du tout. Mais ce n'est pas comme s'il pouvait aider. On l'avait chassé de la salle d'opération et il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre. Il n'aimait pas se tourner les pouces ; il n'aimait pas attendre.

« Mingyu ?!»

Les deux jeunes hommes sursautèrent sur leurs sièges et le top model se retrouva violemment coincé contre le buste d'une femme. Il reconnut l'odeur caractéristique de la mère de Wonwoo. Il lui  rendit son étreinte. Si lui était dévasté, dans qu'elle état était-elle ?

«Que s'est-il passé ?» demandait-elle en lui caressant les joues. Ses yeux fins exprimaient toute l'inquiétude qu'elle ne voulait pas montrer et Mingyu sentit les siens s'humidifier à nouveau. Madame Jeon était une femme forte. Elle avait élevé seule ses deux fils –le père s'étant enfui avec une jeunette– mais elle s'était débrouillée pour subvenir à leur besoin tout en étant toujours présente pour eux et leur assurer un bonne avenir. Elle serait anéantie si l'un d'eux venait à disparaître.

C'est pourquoi Mingyu prit sur lui pour ne pas éclater une nouvelle fois en sanglot et dit avec sa voix anormalement faible :

« Il s'est fait agresser au karaoké.»

Madame Jeon s'assit à ses côtés, encore plus bouleversé. Son fils aîné la prit des bras du modèle et lui murmurait des mots réconfortant à l'oreille tout en la berçant.

Mingyu observait la scène. Il ne savait pas quoi faire pour consoler la pauvre femme. Il ne savait pas quoi faire pour consoler le frère de Wonwoo, Wonhyuck. Il ne savait pas quoi faire pour se consoler lui-même. Il ne savait plus quoi faire. Une étrange panique le prit. Sa gorge était obstruée comme s'il avait avalé un énorme noyau, sa vision devint flou et le bout de ses doigts fourmillaient comme s'il ne les avait pas bougé depuis longtemps ; il tremblait de tout son corps.

Seungkwan s'en rendit vite compte et il saisit précipitamment les deux mains de Mingyu avant de se mettre face à lui. Il chercha quelques secondes son regard et une fois cela fait, pris sa voix la plus douce profonde.

« Wonwoo va s'en sortir, Mingyu. Il va rester quelque temps à l'hôpital pour bien se rétablir et une fois qu'il pourra sortir, vous irez prendre vos vacances à Jeju. Ta famille va l'adorer et il va adorer ta famille. Dans trois ans, vous vous marierez et vous adopterez deux gosses aussi difficiles et pleurnichard que vous. Et... Et vous serez la famille la plus parfaite au monde.
– La plus parfaite ?» demandait-il d'une voix tremblante.

« Oui. Tellement parfaite que tout le monde sera honteux de sa propre famille !»

Mingyu rit puis prit Seungkwan dans ses bras.

« Merci.» lui murmurait-il et le chanteur le serra un peu plus contre lui.

« Madame Jeon, Monsieur Kim...» Un homme en blouse blanche se tenait devant eux, imperturbé par les quatre personnes en pleure. Il était le chirurgien qui s'était occupé de l'opération de Wonwoo. « L'opération a été un succès.»

7

Soonyoung n'était pas quelqu'un qui faisait les choses à moitié. À sept ans, il avait participé à son premier concours de science et alors que tout le monde s'était contenté de faire des vulgaires volcans en papier, lui s'était tourné vers la réalisation d'un système permettant de faire apparaître un arc-en-ciel en permanence. Il avait travaillé des heures dessus avec sa mère et son frère aîné. Pas la peine de préciser qu'il avait remporté haut la main le concours.

À quatorze, il avait eu son hamster –Stari– et il avait passé des jours à lui construire une extension pour sa cage (avec des tunnels aussi) juste parce qu'il craignait que le rongeur n'ait pas assez de place. À dix-huit ans, il était tombé sous le charme de son meilleur-ami de toujours, Jihoon. Et comme il ne faisait rien à moitié, ce qu'il pensait n'être qu'un petit béguin s'était transformé en un sentiment beaucoup plus fort ; c'était de l'amour.

Oui. Soonyoung aimait Jihoon. Il aimait le voir, l'entendre parler et rire, sentir sa petite et fine main posée sur son bras ou sa tête posée sur son épaule caressant à l'aide de ses cheveux sa nuque. Et Soonyoung aurait aimé que ça dure pour toujours. Malheureusement, Jihoon voyait les choses autrement. Parce que Jihoon n'aimait pas Soonyoung.

Il aurait dû s'en douter. Après tout, il n'étaient pas dans un drama ou un dessin animé. Ce n'est pas parce qu'on aimait quelqu'un que cette personne nous aimait en retour. Ca ne fonctionnait jamais comme ça.

Et parce qu'il avait bêtement cru que c'était une bonne idée de se déclarer au styliste, celui-ci le fuyait comme la peste. Bien sûr qu'il était blessé par son attitude mais est-ce qu'il pouvait lui en vouloir ? Non, il ne pouvait pas. Lui aussi aurait fuit si on s'était soudainement déclaré à lui.

En plus d'être malheureux, Soonyoung s'en voulait aussi parce que par sa faute, Jihoon avait rompu son contrat avec l'agence des Goodbye Kings. Wonwoo ne lui avait rien dit mais il savait qu'il était malheureux que son meilleur-ami disparaisse ainsi. Personne n'avait vu Jihoon depuis qu'il avait surgit chez Wonwoo et Mingyu complétement soul. Ce soir-là, il avait dit quelque chose qui avait encore plus déprimé le chorégraphe. Il avait dit aimer quelqu'un. Quelqu'un qui n'était vraisemblablement pas Soonyoung.

« Je suis sûr que c'est ce stupide Kwangho de la comptabilité...»

Toujours plongé dans le noir du placard à balais qu'il fréquentait plusieurs fois par jour depuis l'écrasant rejet qu'il avait subi, le chorégraphe enfournait une énième cuillerée de glace à l'algue wakamé dans sa bouche. Le pot posé sur ses genoux, sa main droite tenant fermement une cuillère à soupe et sa main gauche piochant des mouchoirs pour essuyer son nez et ses yeux, il avait l'air pathétique.

Alors qu'un nouveau geignement étouffé par la glace allait résonner dans l'étroit placard, on toqua à la porte.

« Monsieur Hoshi ? On vous demande sur le plateau.» cela devait probablement être l'un des nombreux assistants du Chef Exécutif. Le chorégraphe sortit et posa le pot de glace déjà bien avancé dans les bras du pauvre garçon. Il lui demanda de trouver un congélateur pour préserver sa "précieuse enfant" –comme il l'appelait si bien– avant de s'éloigner.

« Monsieur Hoshi, attendez s'il-vous-plaît !» Le pauvre assistant avait reçut l'ordre d'aller chercher Hoshi et de le ramener, le Chef Exécutif Nim aurait prit cela comme de l'impolitesse si Hoshi était arrivé seul.

Après une longue marche sportive -qu'est-ce que Hoshi marchait vite-, ils arrivèrent enfin dans le hangar où était tourné le prochain MV des Goodbye Kings. L'assistant allait demander au chorégraphe s'il avait une préférence en matière de congélateur quand celui-ci bondit derrière lui.

« Oh non... Qu'est-ce qu'il fait là ?» entendit-il dans son dos. Le souffle de Hoshi dans son cou le fit rougir. Pourquoi se collait-il à lui comme cela ?

Soonyoung qui n'était pas au courant de l'état dont il mettait l'assistant, étouffa un juron. Pourquoi Jihoon était là ? Il avait quitté le projet alors pourquoi discutait-il avec le Chef Exécutif aussi amicalement ?

Le chorégraphe ne voulait surtout pas qu'il le voit. Ce serait tellement gênant s'ils venaient à devoir se parler ! Soonyoung n'était pas prêt à ça !

«Assistant ?
– Oui Monsieur Hoshi ?
– Emmène ma précieuse enfant et moi dans la loge des maquilleuse, je dois parler au groupe.
– Oui Monsieur Hoshi.»

L'assistant devait penser à relire son contrat, il était sûr qu'il n'était pas inclus dedans qu'il fasse les espions avec un de ses supérieurs. Peu importe. S'il voulait être payé, il ne devait pas être viré et pour ne pas être viré, il devait éviter de mettre en colère un de ses supérieurs, il ne mettrait pas en colère Hoshi s'il faisait ce qu'il disait. C'est pour cela que le plus furtivement possible, il guida Hoshi à travers le staff et le matériel pour atteindre la loge maquillage. A quelques mètres de leur but, le pauvre garçon ne vit pas un câble à cause de l'énorme pot de glace à l'algue wakamé et se prit les pieds dedans. Il tenta de se rattraper à une pile de carton mais celle-ci étant instable, elle s'écroula entraînant avec elle l'assistant et Hoshi. Le fracas qui s'en suivit fit tourner toutes les têtes dans leur direction dont celle de Jihoon.

Soonyoung se tendit quand ils firent un contact visuel et ni une, ni deux, il était de nouveau sur ses deux pieds et traversait la salle en courant –laissant derrière lui sa précieuse enfant et un assistant paralysé.

« Soonyoung ! Attends !»

Oh non, Jihoon le suivait ! Soonyoung se mit à courir plus vite mais mauvaise nouvelle : Jihoon avait beau être plus petit, il battait toujours Soonyoung à la course. En moins de temps qu'il ne fallait pour dire "Aju Nice !", le chorégraphe se retrouva plaqué au sol par le styliste. Il faut croire que créer des vêtements muscle pas mal puisque Jihoon n'eut aucun mal à retourner sur le dos Soonyoung pour qu'ils soient face à face.

Le chorégraphe déglutit, Jihoon avait l'air en colère. Il dit, tout tremblant : « Hé, Jihoon ! Ça fait un moment, dis-donc ! Comment vas-tu, héhé ?» Mais le plus petit plaqua ses deux mains sur la bouche du plus jeune pour éviter qu'il ne l'interrompt.

« Je suis désolé de t'avoir rejeté de cette manière l'autre soir. Je n'aurai pas dû non plus me retirer du projet Goodbye Kings juste pour ne pas assumer ce que j'ai fait et dit. Je sais que je t'ai fait du mal en te parlant aussi durement que je l'ai fait. Sache que je n'ai pas voulu et ne voudrait jamais te blesser. J'ai réagi aussi froidement sous le coup de la panique.
– Non ! Non, c'est moi qui ait été assez stupide pour te faire une si mauvaise blague.»

C'était un mensonge, Soonyoung s'était vraiment déclaré. Mais puisque Jihoon aimait (peut-être) Kwangho de la comptabilité, il n'y avait aucune raison pour qu'il lui impose ses sentiments.

« Je te demande pardon, Hoonie.
– Tu ne m'aime pas ?»

A la grande surprise de Soonyoung, Jihoon se figea. Ils restèrent dans cette position ce qui sembla être une éternité. Le chorégraphe sursauta quand le styliste plaqua cette fois-ci ses mains sur sa propre bouche et qu'il se mit à pleurer en silence.

Il avait dû se faire tellement de mouron pour Soonyoung puisqu'il ne pouvait pas lui retourner ses sentiments. Il avait dû passer des heures à se rejouer le soir de la déclaration et s'en vouloir d'avoir rendu si triste son meilleur-ami. Il pleurait assûrément à cause de ça.

« Je suis désolé, Hoonie. Pardon.
– Pardon, Soonie.»

Le styliste vint loger sa figure au creux du cou de son ami. Celui-ci passa ses bras son dos et le serrait contre lui doucement. Mais qu'est-ce qu'il avait fait ?

10 523 mots

1) Coucou mes petits Cinnamons !
2) Dans la partie précédente, Tag: The Benefits of a Heartbreak, j'ai donné un spoiler mais sachez que sur Twitter je poste quelques passages de chapitres en cours d'écriture.
3) Je sais qu'une partie de vous tous n'ont pas Twitter et comme j'aimerai plus communiquer avec vous (si vous le voulez bien), je voudrais savoir quel réseau social vous préférez.
4) J'ai aussi un compte KakaoTalk pour ceux qui veulent discuter en privé (ID : CCM1204) !
5) SEVENTEEN COMEBACK SFNQZOIHDJQZI Comment le trouvez-vous ?
6) Je faisais la mise en page de ce chapitre mais je me suis endormie (nuit blanche LOuL), héhé ^^'
7) Je vous aime ! Prenez soin de vous ! À la prochaine !

CuteCatMint

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top