03 pt.1

1

Il faisait à peine jour. Les quelques rayons pâles qui traversaient le rideau de la chambre de Seungkwan tombaient au pied de son lit ; dans moins d'une demi-heure, ils atteindraient la tête puis toute la pièce ainsi que l'appartement, ils seraient inondés d'une lumière claire et fraîche. A cette heure-ci –et surtout le weekend– Seungkwan dormait, habituellement. Mais aujourd'hui et comme plusieurs jours maintenant, il était réveillé. Silencieusement, il tentait d'observer le bout de son lit malgré les larmes qui lui floutaient la vue.

Il s'était encore réveillé en sursaut ; il avait encore rêvé de son agression. Il avait revu le couteau et les doigts blancs l'entourant, il avait ressenti la douleur de sa blessure au bras et sa peur ; cette peur qui le rendait si pâle et tremblant à son réveil. À une époque, le moindre geignement qu'il aurait poussé inconsciemment aurait été entendu par Hansol mais Seungkwan l'avait chassé de sa chambre la veille. Il regrettait maintenant ; il n'aimait plus du tout la solitude.

« Hansol ? » Appelait-il en espérant que celui-ci accourt. Il doutait fort que cela n'arrive, le brun avait le sommeil léger mais la voix faible et étranglée de Seungkwan n'était pas assez puissante pour le réveiller.

« Hansol ? » réitérait-il en quittant ses draps. Il ne s'inquiétait pas de ses pieds sur le parquet froid et quitta rapidement sa chambre. Les stores du salon étaient inhabituellement baissés et les ombres des objets l'effrayèrent un peu plus. Il avait l'impression de ne pas être chez lui ; des images de son cauchemar lui revenaient en tête et sa respiration s'accélérait un peu plus à chacune d'entre elles. A tâtons, il trouva la porte de la chambre du rappeur mais il lui fallait bien dix secondes avant d'abaisser la poignée et d'y entrer. A bout de force, il se laissa tomber sur la personne déjà présente dans le lit.

Dès que Hansol se sentit écrasé, il se réveilla. Il s'apprêtait à se plaindre, croyant que Seungkwan avait encore décidé de le réveiller de la manière forte, quand il entendit les pleures qui emplissaient la pièce assez fortement.
« Kwanie ? Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Il tenta de redresser le blond pour vérifier s'il était blessé ou quoique ce soit mais celui-ci vint se coller un peu plus à lui. Il sentit son haut s'humidifier et son cœur se serra à l'idée que ce soit les larmes de Seungkwan. Puisque celui-ci ne pouvait pas lui dire ce qui n'allait pas, Hansol décida qu'il ferait mieux d'au moins le réconforter. Tout doucement, sans brusquer Seungkwan, il fit passer ses bras autour de lui et le balançait de droit à gauche en lui promettant que tout irait mieux.

Hansol observait Seungkwan marcher quelques mètres devant lui. L'irruption dans sa chambre ne datait que de ce matin mais il aurait pu jurer que rien n'était jamais arrivé. Après un bon quart d'heure de câlin, il s'était levé et avait quitté sa chambre sans lui dire un mot. Le temps qu'il le rejoigne, il s'était mis au fourneau pour leur préparer un petit déjeuner ; il lui avait fait comprendre subtilement qu'il ne voulait pas parler de son irruption.

Hansol ne s'attendait pas à ce que Seungkwan agisse comme si son agression n'avait jamais eu lieu mais il ne s'était pas attendu non plus à ce qu'il s'en sorte aussi mal.

Le Staff, leur manager et même le PDG leur avaient demandé s'ils voulaient prendre une pause et reprendre la promotion plus tard mais le chanteur avait refusé, prétendant être tout à fait apte à exercer son métier. Cependant, Hansol n'était pas dupe. Il voyait bien le teint bronzé du blond pâlir, des cernes se creuser sous ses yeux noirs et ses lèvres s'étirer de moins en moins pour sourire ; il savait qu'il ne dormait plus la nuit, aussi.

« Kwanie ?
– Hm ?
– On a assez travaillé pour aujourd'hui, non ?»

Le blond détourna ses yeux de sa feuille de répétition et déposa le microphone qu'il avait en main. Il ne semblait pas enclin à s'arrêter là. Très doucement, probablement à cause de sa fatigue, il dit : « On a un mini-concert demain. À ton ancien lycée, en plus. Il faut que ce soit parfait, OK ?»

Hansol ne se sentait pas de reprendre les répétitions. Pas qu'il était fatigué ou lassé. C'est juste que Seungkwan l'inquiétait. Est-ce qu'il se surmenait pour oublier ses cauchemars ? Quoiqu'il en soit, il se donnait clairement trop. Surtout pour réviser une chanson qu'il connaissait par cœur ; comme s'il l'avait écrit. Ah, mais c'est lui qui l'avait écrit !

« Je préférai que l'on s'arrête là.
– Mais le mini-concert est de...
– Je sais, je sais ! » s'empressait de répondre le brun « On fait juste une petite pause alors ?» Seungkwan semblait hésiter alors il rajouta : « J'ai vu le glacier se poser dans le parc d'en face. Tu veux une glace ? »

Il faisait beau aujourd'hui. Le soleil ne tapait pas trop fort, des nuages cotonneux faisant barrière à ses rayons trop intenses. Il n'y avait pas beaucoup de monde dans le parc. Juste un vieux monsieur, un jeune couple et le glacier.

À peine avait-il mis les pieds en dehors de l'agence qu'ils avaient sentit leurs peaux se réchauffer et leurs épaules se détendre. Enfin, surtout Hansol. Parce que Seungkwan était toujours un peu tendu. Il fit un sourire crispé au glacier quand celui-ci les salua.

« Qu'est-ce que je peux vous servir, jeunes gens ?
– Une glace chocolat-menthe et une autre vanille-chocolat, s'il-vous-plaît. »

Seungkwan avait insisté pour payer mais Hansol lui avait promis que s'il osait même sortir son porte-monnaie, il ne reverrait jamais sa peluche Kabuki ; il n'avait pas osé désobéir.

« Il fait beau. Tu sens ce soleil ? Ça ne fait pas un bien fou à ta peau ?
– Si, si... »

Contrairement à Hansol, Seungkwan ne semblait pas décidé à se détendre. Cela faisait un moment qu'ils avaient fini leurs glaces et qu'ils se baladaient à travers le parc mais ses épaules ne s'étaient pas déraidirent.

Hansol le bouscula un peu. « Allez, Kwanie ! Sourit un peu !
– Je n'ai pas envie. » Hansol réitéra son geste. Agacé, Seungkwan l'imita.

Bientôt, ils se mirent à se pourchasser à travers le parc. Seungkwan voulait assommer Hansol et celui-ci... ne voulait pas que ça arrive.

Le brun courait en zigzag tout en bondissant de temps en temps quand la main du blond s'approchait dangereusement de lui. Malheureusement, après un énième bond, il ne réalisa pas qu'il sautait dans un petit trou. Se réceptionnant mal, il chuta. Et Seungkwan, allant trop vite, lui tomba dessus.

Yeux dans les yeux, ils ne leur fallut pas longtemps avant d'éclater de rire. Encore au sol, Hansol serra Seungkwan dans ses bras. Il était soulagé de l'entendre rire à nouveau.

« On devrait rentrer, non ? Manager va se demander où nous sommes passés.
– Allons-y. »

Seungkwan, débarrassé de sa mauvaise humeur constante ne put réprimer son sourire et laisser partir la main de Hansol de la sienne.

2

Le bureau vert. Jeonghan le détestait. Son fauteuil "attitré" –à la droite de celui de Seungcheol– et le grand bureau en bois aussi. Il détestait le regard coléreux du roi et ceux froids de ses gardes du corps posé sur lui.

« Je n'arrive pas à croire que tu aies osé quitter le palais sans prévenir personne ou prendre des gardes avec toi. Surtout après avoir fui l'hôpital.
– Je n'en avais pas pour longtemps.
– Pas pour longtemps ? Il n'a pas fallu longtemps à ton agresseuse pour te poignarder, aussi. Est-ce que tu te rends compte de la situation, Jeonghan ? Et où étais-tu aujourd'hui ? Sais-tu dans quel état tu as mis tout le personnel ?»

Jeonghan détestait se faire disputer comme s'il était encore un enfant. Cela faisait bien longtemps qu'il n'en était plus un ; il avait le droit de faire ce qu'il voulait quand il le voulait.

Oui, Jeonghan était la Lionne et oui, il y avait des devoirs et contraintes qui suivaient ce rôle mais il était un esprit libre. Il n'aimait pas être enfermé entre quatre murs tout le temps et ne pas pouvoir dire clairement ce qu'il pensait.

Il avait promis au roi d'épauler Seungcheol quand il accéderait au trône et il le ferait coûte que coûte. Mais pour l'instant, il devait agir pour le bien être de Seungcheol mais aussi de celui de toute la population.

En y repensant, le roi n'avait jamais eu l'air de s'intéresser à l'avancée de l'enquête –Jeonghan supposait qu'il devait être occupé avec des affaires étrangères ou il ne savait quoi d'autre–, il n'avait même pas demandé à voir la fille ou parler au chef de la police ; il passait ses journées enfermé dans son bureau avec ses conseillers et gardes du corps.

« Quoiqu'il en soit, je m'inquiète de l'enquête, moi. Et en plus, je trouve des choses intéressantes à son sujet.
– Comme quoi ?
– Rien ne m'oblige à vous en parler, votre Majesté.
– Je suis le roi.
– Et un simple humain, pas un dieu. Sur ce, je vais retourner à mes appartements. J'ai deux ou trois choses à faire. Bonne après-midi, votre Majesté. »

Jeonghan se leva et quitta le bureau. Tout le long de son avancée vers la porte, il sentit le regard furieux du roi. Il espérait que tout irait bien pour lui ; il ne voulait pas de représailles.

De toutes façons, il n'avait pas de temps pour ça. Il devait trouver un moyen de convaincre la fille de parler. Il lui avait promis protection, il devait tenir sa promesse.

« Seokmin ! Attends !»

L'adulte filiforme se retourna à l'appel de la Lionne en retirant ses lunettes de son nez. Il sourit quand il reconnut Jeonghan. « Hey, ça va ?
– Oui et toi ?» il ne lui laissa pas le temps de continuer, il rajouta « J'aurai besoin de garde du corps.
– Il y a un problème ?! Quelqu'un t'en veut encore ?
– Non ! Non... C'est pour quelqu'un d'autre.
– J'ai quelques numéros en stock. Je te les envoie ce soir.
– Merci ! À plus tard. »

Premièrement, Jeonghan trouvait des gardes pour la fille. Ensuite, il allait la faire libérer sous surveillance et pour terminer, elle l'aiderait à trouver le cerveau derrière tout ça en entrant en contact avec lui ; c'était aussi simple que ça. Ce plan était simple et parfait ; comme il les aimait.

3.1

Quand Joshua se réveilla, il n'y avait personne à ses côtés ; juste le bouquet que Sunjoon avait apporté la veille et un morceau de papier déchiré. Il ne prit pas la peine de leur jeter un second regard et se leva.

« Bordel... Mais qu'est-ce qui m'a pris ?»

Jamais. Jamais Joshua n'avait failli à sa règle. Et ce type, ce Don Juan de seconde classe l'avait incité à le faire !

Il saisit son téléphone pour s'informer de l'heure et paniqua quand il tomba nez à nez avec une notification l'informant qu'il avait cinq appels manqués de Seokmin. Il n'était que vingt heure –il n'avait donc fait qu'une petite sieste–, il avait encore le temps de se préparer pour aller chez lui pour tenir sa promesse. Mais avant cela, il devait l'appeler pour lui informer que le diner aurait bien lieu en sa présence.

« Oui, je sais. Je suis désolé de t'avoir inquiété. » dit-il distraitement en fouillant son placard pour choisir de nouveaux vêtements « Pour me faire pardonner, je m'occupe de faire le repas de ce soir, d'accord ? Super ! Je suis là dans un peu moins d'un quart d'heure. A plus tard ! »

Seokmin n'habitait pas si loin de l'appartement de Joshua ; juste en face de son immeuble, plus précisément. Il n'était donc pas rare qu'ils finissent par dîner ensemble chez l'un ou chez l'autre. Joshua aimait l'appartement de Seokmin. Il y avait plein de plantes vertes partout et c'était chaleureux avec tous les meubles en bois et la moquette jaune.

« Coucou Chanie, comment vas-tu ?
– Ça va... Qu'est-ce que tu fais pour le dîner ?
– C'est une surprise. »

Joshua lui sourit à et jeta un regard amusé à Seokmin quand le plus jeune se laissa tomber comme une masse sur le canapé par dépit.

Après le repas, Seokmin avait insisté pour faire la vaisselle seul. "Tu as fait le dîner, il faut bien que je serve moi aussi à quelque chose." avait-il argumenté avec en prime un clin d'œil. Joshua n'avait pas insisté, après tout, il n'aimait pas avoir les mains en contact avec du produit vaisselle et des restes d'aliments. C'est alors avec joie qu'il laissa sa place au plus jeune. Chan s'était réfugié dans sa chambre dès le repas achevé mais Joshua n'avait pas oublié la discussion qu'il avait eu plus tôt dans la journée avec Seokmin ; il devait aller voir Chan pour lui parler.

« Chan ? Je peux entrer ?» un "oui" étouffé lui répondit et il ne se fit pas prier. « Le dîner t'a plu ?» le jeune homme était couché sur son lit, quelques livres universitaires posés ouverts à côté de lui. Joshua s'assit au bout du lit.

« Seokmin m'a dit que ça n'allait pas fort. Le palais te manque ?» Chan soupira en se redressant. « Je n'en ai rien à faire du palais. C'est juste que... que Jeonghan me manque. » afin de s'occuper les mains, il commençait à rassembler ses livres. « Je ne sais pas comment il va. Si le roi n'est pas trop dur avec lui. Est-ce que sa blessure guérit correctement ?» Joshua acquiesça « Même réussir à le joindre est impossible ! Il refuse tout appel de l'extérieur même en sachant mon numéro de téléphone et mon identité ! Il est enfermé là-bas et... il est entouré de gens pas comme nous. »

Jeonghan lui avait fait part une seule fois de son mal-être mais Chan n'oublierait jamais. Il avait dit que tous ces gens avec leurs exigences trop élevées et leurs vêtements et coiffures outrageusement chers, leurs manières soutenus, étaient difficiles à confronter. Tous deux n'étaient pas comme ça, ils ne roulaient pas sur l'or et étaient bien heureux comme ça. Et soudainement, on les balançait dans un monde fait de diamants.

« Chan ?
– Oui ?
– Tout va bien pour Jeonghan. On sait tous les deux qu'il est fort et qu'il peut s'en sortir. Il faut que tu te relaxe ; essaye de penser à toi. »

Joshua fit un sourire rassurant au jeune homme en espérant que celui-ci applique son conseil.

3.2

Chan adorait aller à l'Université. Il s'y était vite fait des amis et la plupart de ceux qu'il avait au lycée était là aussi. Il aimait le cursus qu'il avait choisi –langues et littérature étrangère–, on y apprenait plein de choses et ses camarades étaient de vrais passionnés, rendant ainsi la classe encore plus vivante qu'il ne l'avait espéré. Bien sûr, il y avait toujours ce groupe d'élèves un peu turbulent mais Chan ne pouvait pas vraiment s'en plaindre ; c'était une partie de ses amis.

À la pause déjeuner, il rejoignait ses amis à la cafétéria et ils discutaient de tout et de rien en tentant de s'entendre le mieux possible par-dessus le brouhaha ambiant.

« Vous êtes au courant du dernier scandale ?» demandait l'un de ses amis. Tous levèrent la tête de leurs plats en attendant la suite. Ne voyant pas la suite arrivée, Chan demanda :
« De quoi tu parles ?
– Il paraît que la Lionne est de la classe moyenne. »

Chan n'aurait certainement pas pu s'offrir une éducation dans cette université privée s'il n'avait pas reçu le financement de la part de Seungcheol lui-même. Le maigre salaire de Jeonghan n'aurait clairement pas suffit. Tous les amis de Chan, par pur hasard, s'avéraient toujours issus de familles aisées, ils étaient donc destinés à intégrer cette école. Se séparer d'eux lui aurait brisé le cœur.

Chan doutait des intentions de Seungcheol car il avait du mal à assimiler le fait qu'un prince tombe amoureux d'un simple prolétaire. Quand il s'était présenté pour la première fois à leur porte, la surprise passée, Chan s'était méfié. Puis, après un certain temps, Seungcheol ne portait plus son attention exclusivement sur Jeonghan mais aussi sur lui. Il l'emmenait au cinéma, en magasin et venait même le récupérer au lycée ; il semblait sincèrement l'apprécier. Alors quand pour son anniversaire –en Février dernier– il lui avait offert sa première année de scolarité à l'Université, Chan n'avait jamais été aussi heureux d'avoir laissé Seungcheol entrer dans sa vie.

« Il y a un problème avec ça ?» Ce n'est pas la première fois que ce garçon-là parlait de Jeonghan et comme ce n'était jamais en bien, Chan préférait se méfier à cet instant.

« C'est quelqu'un de la classe moyenne, Chan. » Il n'aimait pas le dégoût avec lequel il disait ça.
« Et alors ? Je suis de la classe moyenne, moi aussi. »

Il eut silence à table. Chan savait bien ce que pensaient ses amis. Ils se demandaient comment il pouvait avoir payé les frais d'inscription. Ils n'osaient et n'avaient jamais osé lui demander comment. Peut-être avaient-ils peur de la réponse ? Tant mieux. De toutes façons il n'avait pas le droit de le dire et ne se sentait pas non plus de leur mentir.

« Personne de la classe moyenne n'accède à un rang si élevé, Chan ! C'est là qu'est le problème. »

Il n'avait jamais emmené aucun d'eux chez lui ; aucun d'eux n'avaient vu Jeonghan. Ils ne savaient pas que ce Jeonghan et le Jeonghan qui était son tuteur étaient la même personne. Est-ce ce que leur point de vue aurait changé s'il avait fait en sorte à ce qu'ils le rencontrent ? Probablement que non ; Jeonghan restait prolétaire et ils ne supportaient pas les prolétaires –sauf lui, il semblerait.

« Je ne comprends pas où tu veux en venir. S'ils s'aiment et le roi leur a donné sa bénédiction, peu importe sa classe, non ?»

Dès que le garçon rouvrit la bouche, Chan sentit l'agacement monter progressivement en lui. Il ne pouvait pas juste s'arrêter là ? Abandonner le débat ? Hugh.

« Je suis sûr qu'il vient de beaucoup plus bas que ça. À coup sûr, il a dû faire du chantage auprès de la famille royale. Coup classique : le prince sort "s'amuser" –si vous voyez c'que j'veux dire–, il rencontre une prostituée et celle-ci se sert de preuves de leurs ébats pour l'obliger à l'épouser.
– Jeon... La Lionne n'est pas une prostituée.
– Non mais t'as vu toutes ces photos de lui d'il y a un ou deux ans ? Il avait les cheveux longs ! Tu connais beaucoup de gars qui ont les cheveux longs, toi ?
– Un ou deux.
– Oh, arrête Chan. Tout le monde sait que les mecs aux cheveux longs sont soit des hipsters, soit des prostituées. Ce n'est pas parce que vous venez de la même classe sociale que tu dois le défendre.
– Ce n'est pas une question de classe. Tu ne peux pas te balader et raconter à tout le monde que l'un des futurs dirigeants de notre pays est une prostituée. Tu ne peux pas déformer la vérité comme ça. »

Chan tira un peu sur le col de son t-shirt en espérant que l'air vienne le refroidir ; toute cette affaire lui donnait chaud. Le reste de leurs amis sentaient bien que tout ça l'agaçait mais ils ne semblaient pas enclin à intervenir ; tant pis, puisque personne ne voulait l'aider, il se débrouillerait.

« Arrête de dire ça à tout bout de champs, s'il-te-plait.
– Oh, j'ai compris. » Chan soupira de soulagement « Notre petit Chanie est amoureux de la Lionne !» Quoi ?
« Mais qu'est-ce que tu racontes comme conneries ? Tu n'y es pas du tout.
– Plus la peine de nous le cacher ! Tu n'as pas à avoir honte d'aimer une prostituée. Il est plutôt pas mal, après tout.
– Quoi ?
– Moi aussi, je me le serait bien fait.
– Arrête.
– Et puis tu as vu ses mains ?
– Je t'ai dit d'arrêter !
– Et c'est lèvres... Je les verrais bien... »

Trop, c'était trop. Chan se jeta sur lui.

« Chan ? Chan ?»

Ah. Il ne se rappelait pas avoir décroché de la discussion.

« C'est parce que je me suis battue ?
– Quoi ?
– Je ne peux pas rester au palais parce que je me suis battue, c'est ça ?»

Le roi eut l'air confus quelques secondes avant de comprendre.

« Non, ça n'a rien à voir. Moi aussi, j'étais bagarreur dans ma jeunesse, tous les garçons le sont, n'est-ce pas ?
– Hum... Oui. Mais si ce n'est pas ça, alors pourquoi ?»

Chan suivit des yeux le roi qui se baladait doucement à travers la pièce ; il avait quitté son trône pour s'approcher un peu plus de Chan.

« Le problème, vois-tu, c'est que tu ne peux pas loger indéfiniment ici puisque tu n'as aucun lien avec qui que ce soit ici. C'est comme si nous hébergions un étranger.
– Mais... Jeonghan est mon tuteur. Je ne peux pas juste...
– Tu as vingt-et-un an, Chan. Tu es majeur et il serait temps que tu prennes ton envol. »

Chan avait toujours trouvé la salle du trône ridiculement grande et vide. Rien n'y était jamais organisé et il n'y avait plus l'accès au public ou même de recueil de doléances. Seungcheol lui avait dit une fois que quand ce serait son tour de régner, il ferait rouvrir les grandes portes plus souvent ; mais il semblerait que jamais il ne pourrait être là pour y assister.

Plusieurs employés étaient arrivés dans le couloir principal dès qu'il avait quitté la salle du trône, tous avec au moins un carton dans les bras ; ils avaient vidé la chambre de Chan et avait mis toutes ses affaires –livres, vêtements etcetera– dans une valise et lesdits cartons.

Ils avaient emprunté un véhicule utilitaire et l'avait chargé, puis, le forçant à monter dedans, ils l'avaient conduit jusqu'à l'appartement de Seokmin et l'avaient laissé à l'extérieur avec sa dizaine de carton.

Le roi lui avait dit qu'il était majeur, cela sous-entendait qu'il était grand maintenant. Il devait s'occuper de lui-même et quitter l'aura protectrice de Jeonghan.

Est-ce que Jeonghan était au courant de cela ? Bien-sûr que oui, le roi ne le mettrait pas dehors sans en avoir parlé avec lui. Peut-être voulait-il plus d'intimité avec Seungcheol ? Après tout, qui n'en aurait pas marre de se traîner un orphelin dans le dos tout le temps ? Chan comprenait mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir blessé. Jeonghan ne lui avait même pas dit au revoir. Il n'avait même pas pris la peine de l'aider à transporter ses cartons ou de juste être là pour son départ. Il pensait que Jeonghan l'aimait mais ce n'était clairement pas le cas. Avait-il fait sa demande de tutelle par pitié ? Pourquoi n'avait-il pas fait comme le reste de la famille Yoon et l'avait laissé à la rue et sans famille s'il allait le regretter plus tard ?

Le roi lui avait déjà dit de ne pas pleurer –quand son chien préféré de la garde royale était mort–, que les adultes ne pleuraient plus. Mais à cet instant, le cœur lourd de peine et de trahison, il ne put retenir ses larmes.

« Chan ? Qu'est-ce qui t'arrive ?!»

Le jeune homme leva la tête en direction de Seokmin qui se précipita vers lui. Il essayait vainement d'essuyer ses larmes et ne rejeta pas son étreinte.

« Jeonghan ne veut plus de moi... »

4

« On m'a dit t'avoir vu sortir ce matin. » Au ton plat de sa voix, Jeonghan sut que Seungcheol n'était pas content. Il maudit celui ou celle qui l'avait dénoncé – probablement le roi lui-même. « Déjà que tu t'es permis de quitter l'hôpital bien avant la date de sortie et maintenant tu sors du palais alors que père t'a ordonné d'y rester. Tu veux vraiment qu'il perde patience, hein ?» Il avait déjà subi les remontrances du père cette après-midi, il ne pensait pas avoir la patience pour se taper celle du fils.

« C'est ton père, Cheol. Pas le mien. » Jeonghan savait qu'il ne devait pas aller sur ce terrain mais il ne pouvait plus supporter l'abus de pouvoir dont faisait preuve le roi. « J'en ai marre de lui obéir.
– C'est pour te protéger, qu'il fait ça. » Un rire amer lui échappa, il lâcha ses baguettes ; tout ça lui avait coupé l'appétit.

« Je ne vois pas en quoi Chan est une menace, en quoi je suis une menace pour moi-même. Me garder enfermé dans une chambre d'hôpital puis dans un palais... Je sais qu'il a demandé à rajouter des jours de garde. C'était écrit sur le papier que j'ai dû signer pour pouvoir sortir. Tu es sûr qu'il veut me protéger, moi ? Parce que j'ai plus l'impression qu'il veut protéger l'extérieur, toi et tout le monde, de moi. Ça me fatigue ; tout ça me fatigue. Je fais ce qu'il me dit depuis le premier jour, la première fois que l'on s'est rencontrés. Je n'ai même plus l'impression d'être entièrement moi-même. »

Son père était précieux pour Seungcheol, c'était son modèle, son héros ; il ne lui voyait aucun défaut, que des qualités ou des maladresses, mais jamais de mauvaises intentions. Il ne fallait jamais le remettre en question, toujours adhérer à ses décisions, quand on était en présence de son fils. Sinon, celui-ci nous mettait sur sa liste noire. Et Jeonghan était à deux doigts d'y atterrir ; il le sentait.

« Tu insinues qu'il joue le marionnettiste avec toi ?
– Avec tout le monde. » C'est au tour de Seungcheol de lâcher ses baguettes. Il avait l'air à la fois offusqué et énervé. « Je n'arrive pas à croire que tu parles comme ça de mon père, Jeonghan, mon père.
– Je ne dis pas que c'est comme ça qu'il est. Juste que...
– Ah bon ? Parce qu'on aurait dit que c'est exactement comme ça que tu le vois.
– C'est juste comme ça que je sens les choses... »
Jeonghan était probablement allé trop loin. Son avis ne serait jamais au-dessus de celui du roi pour Seungcheol, peu importe à quel point il disait l'aimer.
« Cheol... »
Mais le brun s'était déjà levé et avait disparu rapidement dans leur chambre. Jeonghan soupira et se leva à son tour pour débarrasser. Aucune des deux assiettes n'était finie.

Plus tard dans la soirée, après avoir pris une longue et chaude douche, le châtain rentrait doucement dans leur chambre. Seungcheol avait déjà éteint la lumière et on pouvait le distinguer sous les draps.

Jeonghan le rejoint ; à sa respiration, il savait qu'il ne dormait pas encore.

« Cheolie
– Qu'est-ce que tu veux ?» Le ton n'était pas très amical ; Jeonghan ne s'en formalisait pas, il se doutait bien qu'il serait encore fâché.

« Tu es toujours fâché ?» Question bête. Il avait déjà la réponse. Il tenta de poser une main sur l'épaule du brun. Il voulait essayer de lui communiquer son envie de parler, de s'expliquer. Mais il ne semblait pas enclin à, puisqu'il le rejeta d'un coup d'épaule brusque.

Jeonghan n'était pas quelqu'un qui s'énervait facilement, tout le monde le savait et il aurait parfaitement compris la réaction de Seungcheol s'il avait assez dormis et s'il n'avait pas passé une si mauvaise journée. Alors il ne put refréner le sentiment d'injustice qui gonflait dans sa poitrine et obstruait sa gorge ; ni la chaleur qui grimpait le long de son dos jusqu'à ces joues.

Il voulait juste... Il voulait juste passer une bonne soirée. Cela faisait combien de temps que son fiancé et lui n'avait pas passé un moment tranquille, à ne rien faire d'autre que se câliner ? Depuis cette affaire de classe moyenne, rien n'allait pour eux et il avait espéré que ce soir, pour une fois depuis longtemps, qu'ils fassent comme avant.

« Tu es énervé parce que je suis sortie sans en parler. Mais suis-je vraiment en tort ? Je ne sais pas si tu as remarqué (et il en doutait fort) mais l'enquête n'avance pas. Je ne t'ai pas dit que j'étais au poste de police car je savais que tu m'aurais empêché d'y aller. Et en plus, tu penses que je vois ton père comme un monstre. Très bien. Pense ce que tu veux. Mais est-ce que tu sais qu'il m'a fait venir dans son bureau et m'a disputé aussi ? Il te l'a dit ? Non. Demande-toi pourquoi. Je lui ai répondu que moi, au moins, je me préoccupe de l'enquête. Car, au cas où tu l'aurais oublié, Seungkwan est toujours bandé au bras et moi, à la taille. Personne ne se bouge le cul alors je m'en charge. »

Il eut un silence. Aucun d'eux ne bougeait, comme si le temps s'était suspendu. Jeonghan ne voulait vraiment pas s'énerver. Il voulait juste... qu'ils se réconcilient.

Seungcheol ne répondait toujours pas, il supposa que le dénouement de cette affaire ne serait pas pour aujourd'hui.

Jeonghan essuya furieusement les quelques larmes qui coulaient le long de ses joues et se coucha dos à son fiancé.

Tant pis. Puisque c'est comme ça, il allait se débrouiller seul.

5.1

Jihoon courait dans tous les sens. Il était chargé d'habiller les Goodbye Kings pour le tournage de leur prochain MV mais l'un de ses assistants –du moins, ancien assistant ; il l'avait viré– avait perdu les costumes lors du trajet et il devait en préparer de nouveaux en moins d'une heure. Seule bémol, il avait besoin de matériaux pour cela et bien sûr, il n'y avait rien qui en valait la peine ici.

« Vous n'avez pas une ceinture noire à paillettes ?
– Désolé, Monsieur Lee. »

Jihoon allait s'arracher les cheveux. Bien sûr, tout au long de sa carrière, il avait rencontré des difficultés de ce genre mais il se serait bien passé de celle-ci. Il était fatigué et rêvait juste de dormir tout un weekend ; cela ne serait possible que s'il trouvait une foutue ceinture coordonnée avec celle des membres du groupe en ayant déjà une.

« Lee Jihoon !»

Le styliste de renommée internationale fit un tour sur lui-même et se retrouva nez à nez avec une ceinture noire à paillettes. Sans même jeter un regard à la personne qui la lui tendait, il lui arrachait des mains et courut rejoindre Wonwoo dans les vestiaires.

« J'ai trouvé... Une ceinture. Bonjour Mingyu. » Le mannequin s'éloigna du but de Jihoon et lui sourit maladroitement.
« Coucou Jihoon. Comment vas-tu ?
– Ça irait mieux si tu arrêtais de tripoter Wonwoo et que tu partais pour de bon de nos vies. » Habitué à ce genre de petites méchancetés, Mingyu rit un peu et Wonwoo l'imita plus discrètement. « Toi, enfiles ça et dépêches-toi de retourner sur le plateau de tournage. »

« Coupez ! On recommence la scène du meurtre et on sera bon pour aujourd'hui. En place !»

Jihoon soufflait sur la vapeur que dégageait sa tasse de café, adossé à un mur dans un coin sombre de la pièce ; il observait les Goodbye Kings et tout le staff se mouvoir sous les directives du réalisateur. Il faisait frais dans le hangar aménagé pour le tournage et Jihoon n'avait pas pensé à prendre quoique ce soit pour se réchauffer. Heureusement, le grand dadais à ses côtés le réchauffait inconsciemment.

« Wonwoo a l'air de bien supporter la pression.
– Quoi ? Oh, à cause des accusations ?
– Oui. Le connaissant, je pensais qu'il serait tout tendu et en alerte mais c'est tout le contraire, en fait.
– Comment peut-on oser les accuser de triche ? Ils ont travaillé si dur !
– C'est vrai. Quoiqu'il en soit, merci de le soutenir. »

Au début, Jihoon n'aimait pas Mingyu. C'était un gamin qui venait de la cambrousse, qui ne savait rien à la dynamique de Séoul et qui avait atterri la juste grâce à sa belle gueule. Pour Jihoon qui avait fournis de grands efforts pour intégrer le monde de la mode, voir ce grand sot débarquer et faire tourner les têtes de tout le monde lui avait fait friser les cheveux. Il lui avait dit, entre deux shooting photo, qu'il ne l'aimait pas et ne comptait pas l'aimait mais Mingyu avait juste rigoler avec de dire qu'il était mignon. Jihoon l'avait alors mis sur sa liste noire ; il lui faisait des croches pieds, mettait du sel dans son café et ce genre de petites vengeances. Puis, un jour Wonwoo, son meilleur-ami était venu le voir pour lui dire qu'il sortait avec le tout fraîchement mannequin et d'arrêter de l'embêter. Jihoon était tombé des nus à la suite de cette nouvelle. Il était condamné à passer deux fois plus de moment avec Mingyu et rien que d'y penser, il en avait des démangeaisons. Et puis un jour, alors que le patron de Jihoon l'engueulait car des vêtements avaient été saccagés, Mingyu s'était dressé face à cet homme pour lui demander de ne pas rejeter la faute sur Jihoon. Tous deux avaient été mis dehors et Jihoon avait essayé de tuer Mingyu. Quelques jours plus tard, le mannequin avait trouvé une nouvelle agence pour lui mais aussi pour Jihoon. Car pendant que celui-ci se noyait dans l'alcool, l'autre n'avait eu cesse de leur chercher du travail. Et il avait réussi. Même s'il ne l'avouerait jamais, Jihoon lui serait reconnaissant à vie.

« Wonwoo et moi, on part devant. On se voit demain ?
– Ouais. Bye Mingyu, salut Wonwoo pour moi. »

Personne n'était jamais fichu de ranger correctement les costumes après utilisation alors Jihoon se retrouvait toujours à rester après tout le monde pour ranger les accessoires et mettre sur des cintres étiquetés les vêtements.

Alors qu'il ronchonnait à voix basse, un main se posa sur son épaule. Il sursauta et s'écria : « Putain, Mingyu ! Mais c'est quoi ton... » Mais contrairement à ce qu'il croyait, ce n'était pas Mingyu qui était derrière lui.

5731 mots

1) Je suis désolée de mon énoooorme retard. Je galère dans ma vie mais tout va bien !
2) Ce chapitre est outrageusement court. Ça craint.
3) Je voulais poster hier mais y'a eu la maintenance et donc voilà.
4) Kabuki est mon personnage préféré d'Animal Crossing !
5) J'espère que ce truc vous aura plus si toutefois il y a encore des lecteurs.
6) Je ne fais jamais ça mais... Laissez un com' s'il-vous-plaît. Ça me donne de la force.
7) Je vous aime.
8) Bisous !

CuteCatMint

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