10 ; mother.




i fell into love like a sword
































Les mois se succédaient et se ressemblaient, la brise devait plus fraîche chaque matin, le soleil moins présent, mais l'air putride de la capitale ne changeait pas. Baelor ne se ferait jamais à la puanteur de cette ville. Son casque ne lui épargnant rien de ce qui l'entourait. Sa cape dorée devait déjà être tachée de crasse en son bout, il ne songea même à savoir ce que cela était.

Le prince, n'ayant plus aucun intérêt à s'entraîner avec Criston Cole ne pouvant lui apprendre plus, faisait partie des manteaux d'or de Port-Réal. Alicent avait très vite cédé à la requête de Baelor, songeant que côtoyer la violence de Port-Réal pourrait atténuer le goût du sang chez son fils.

L'idée d'intégrer le Guet de la ville ne lui plaisait pas réellement, mais cela occupait ses journées, et lui donnait l'adrénaline manquante.

Bien que Baelor ait été intégré au groupe d'hommes comme l'un des leurs, simplement, il était leur prince. Sans être Lord Commandant, il inspira très vite un respect parmi les soldats en manque de repère depuis le départ de Daemon. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne prenne la relève de son oncle.

Mais être apprécié des manteaux d'or était une chose, être aimé du peuple en était une autre. Chaque instant, et ils étaient nombreux, où l'envie lui prenait de lâcher sa rage sur un malheureux trop insolent, Darla s'invitait à lui. Le dégoût qu'il avait pour eux pouvait être camouflé, mais leur haine pour lui ne serait oublié s'il les traitait mal.

Une diligence passa à côté de lui, alors qu'il évita à un garçon d'être piétiné par celle-ci. D'un regard aux grilles qui protégeaient le membre royal, Baelor reconnut la chevelure dorée de Darla qui semblait prendre le chemin du Grand Septuaire.

Il s'agissait de sa seule sortie de la journée, la seule que lui permettait la reine. 

Baelor donna ses directives à quelques manteaux d'or qui restèrent sur place avant de marcher jusqu'au Grand Septuaire avec les autres. Si Darla était de sortie, la ville resterait calme jusque-là.

Sur tout le chemin jusqu'au lieu de culte, Baelor et les quelques soldats avaient été accompagnés d'habitants, allant porter leur bénédiction à la princesse.

Cela ne le surprit donc pas de voir une foule réunie devant le Septuaire. Nul n'attendait de nouvelles distributions, celles-ci avaient lieu en chaque début de semaine. Ils se tenaient juste devant les grands escaliers menant au Septuaire, jetant louange et prière aux oreilles sûrement sourdes de sa femme. 

            Baelor joua de ses épaules pour traverser la foule, il arrive jusqu'aux marges des escaliers, prêt à les gravir. Un garde bloqua son passage, plaquant son bras sur son torse. Les quelques manteaux d'or firent un pas vers eux, prêt à intervenir.

            - Vous n'avez pas le droit d'entrer, balança le garde, méprisant le manteau d'or.

Baelor retira son casque, voyant l'air suffisant du garde s'évanouir en une honte terrible. Il se confondit en excuse.

            - Puis-je aller voir ma femme, désormais, avança Baelor, ironiquement.

Les gardes retenant la foule se déplacèrent momentanément pour laisser passer le prince, mais une voix perça les autres, retenant Baelor :

            - Mon prince ! Donnez cela à la princesse, pour votre enfant !

Une vieille femme tenait un tissu brodé entre ses mains. La pauvreté de la matière ne lui permettrait jamais de le placer autour de son enfant à naître mais il le prit tout de même, pour les apparences.

            Il gravit rapidement les marches jusqu'au Septuaire et referma l'immense porte derrière lui.

Darla était agenouillée devant l'immense table de pierre, recouverte de bougies, pour la plupart rallumée chaque jour par sa mère. Le bas de sa robe prenait la poussière, ternissant légèrement l'éclat rouge de celle-ci.

            Les mains jointes sur la pierre, une bougie devant elle, Darla n'avait cherché à se retourner pour regarder l'intrus. Baelor pouvait observer son profil, calme et reposé, sa poitrine se soulevant naturellement.

            - Que pries-tu ?

Les ruines du moment de calme furent amusantes à observer, Darla avait brusquement ouvert les yeux et centrer son attention vers lui. Elle détailla son apparence pendant quelques secondes, c'était la première fois qu'elle le voyait dans son uniforme de soldat.

            Elle ignora sa question et demanda à son tour :

            - Qu'est-ce que c'est ? en pointant de la tête le tissu dans ses mains.

            - Une broderie qu'une femme m'a donné, pour le bébé. Pour toi.

Baelor combla l'espace entre eux pour lui donner, s'appuyant sur la table à côté d'elle. Darla détailla les broderies, cela ne valait sûrement pas le travail d'Helaena mais la jonction du lion et du dragon, ainsi que de l'or, du rouge et du noir était bien assez admirable.

            - Ne devrais-tu pas retourner à ton poste ? ajouta Darla en passant son doigt sur le dragon brodé.

Le ton de Darla était bien enjoué qu'avant, qu'avant le tribunal. Tout était moins lumineux chez elle, du moins lorsqu'ils étaient tous les deux. Baelor ignora à son tour sa question, pliant ses genoux pour être à sa hauteur et caressait son ventre arrondi de six mois.

            - Le mestre a-t-il dit quelque chose en particulier ? Il murmura en passant délicatement ses doigts sur les coutures de sa robe.

            - Le bébé va bien, moi aussi, ajouta-t-elle ensuite comme si cela était accessoire.

Il hocha la tête, scrutant la mine neutre de Darla, de plus en plus contrarié par son incapacité à passer à autre chose. Être avec Darla avait toujours été frustrant, comme tenter d'apprendre à un agneau à côtoyer les dragons, toute fragile, foncièrement bonne.

            Maintenant, Darla ne tentait plus de côtoyer leur monde, elle vivait le sien, toujours un peu à l'écart, souvent avec sa sœur.

            - Il y a quelque chose que je voudrais te montrer, que je veux te montrer depuis longtemps déjà, avoua-t-il en se redressant d'un seul coup.

Baelor lui tendit pour l'aider à se redresser, ce qu'elle ne refusa pas. Il marcha rapidement jusqu'à la sortie du Septuaire en gardant sa main dans la sienne, presque euphorique de sa destination. Darla aurait pu s'enjouer de le voir sourire en sa compagnie, mais ce n'était pas pour elle.

            Ils apparurent à la lumière du jour, main dans la main, provoquant le sursaut des acclamations du peuple.

            - Doucement, Baelor, souffla difficilement Darla alors qu'il descendait rapidement les marches, l'entraînant dans son engouement.

Baelor se contenta de relâcher sa main pour la laisser avancer à son rythme alors qui donnait des directives aux gardes de sa diligence. Après quelques salutations enjouées à la foule, Darla pénétra après Baelor le véhicule. Ce fut uniquement à cet instant qu'elle autorisa sa mine à se contracter sous la douleur des mouvements soudains.

            La jeune princesse fixait son ventre en silence, le caressant par instinct. Darla savait qu'elle ne devait montrer à quel point elle se sentait partagée par la grossesse. La reine et les autres dames de la cour n'avaient cessé de lui répéter ses quelques mois qu'être enceinte était neuf mois de long bonheur, de chance et d'apprentissage.

Darla se sentait possédée, contrôlée de l'intérieur. À chaque fois qu'elle sentait ce bébé bougeait à l'intérieur d'elle, la jeune fille était proche de vomir. Il fallait que cela sorte. Darla n'avait qu'une hâte de pouvoir enfin l'aimer, quand son enfant serait autre chose que le parasite se nourrissant d'elle.

            - Tu souris moins, indiqua soudainement Baelor qui la scrutait depuis plusieurs secondes sur la banquette opposée.

Darla garda ses yeux sur son ventre, lui sur elle. Elle pinça ses lèvres, ne sachant quoi répondre. Ne voulant répondre.

            - Je n'ai simplement pas de raison de sourire, murmura-t-elle.

Darla avait l'impression que sa gorge enflait à chaque fois que Baelor était proche. L'air passait difficilement. Sa paranoïa grandissait autant que son enfant, mais elle ne pourrait jamais accoucher de sa terreur.

Il n'y avait pas un jour où elle ne sentait pas le danger au-dessus d'elle. Tout le monde avait lentement tourné la page. Pas elle. Pas même après que Rhaenyra lui ait avoué la croire. Darla ne pouvait pas tourner la page de quelque chose qui la serrait si fort la nuit.

Baelor se pencha vers elle, ses bras sur ses genoux pour croiser les yeux de sa femme baissés.

            - En avais-tu avant ? demanda-t-il en retour.

            - Non, en effet. 

Elle détourna à nouveau les yeux, ignorant les deux pupilles violacées qui ne l'avaient pas abandonné. Ce fut dans ce silence étrange que la diligence s'arrêta devant Fossedragon, à la grande surprise de Darla.

Elle voulut des réponses dans le regard de Baelor mais celui-ci était déjà entré, pris d'un enthousiasme qu'elle ne lui avait jamais connu.

            Les premiers pas dans Fossedragon provoquèrent la même sensation qu'il y a quelques mois avec Aemond. Ce bâtiment était un endroit étrange, comprimant des bêtes en petit animal bien dressé. Darla réprima une grimace en voyant Morghul et Shrykos se faire reprendre à l'ordre par un coup des dragonniers.

La Lannister aperçut Sunfyre dormant dans un coin, même sous la faible lumière du jour, les écailles d'or du dragon étaient splendides. Baelor se retourna vers elle en l'entendant ralentir, Darla gardait ses yeux rivés sur la bête au couleur de sa famille, toujours aussi happée que la première fois.

            Un voile de colère passa devant ses yeux, un voile de jalousie. Darla ne le remarqua même pas et reprit simplement son avancée vers lui.

            - Où est-ce qu'on va ? demanda-t-elle enfin à son niveau, alors que Baelor fixait maintenant Sunfyre.

            - Par-là, dit-il à son tour, en commençant à descendre les marches vers le sous-sol du bâtiment. Il n'aime pas la lumière du jour.

Les soudaines autres questions de Darla restèrent muettes à ses oreilles, lui qui descendait rapidement les marches de Fossedragon, faisant retentir sa colère dans ses pieds. Une fois arrivé en bas, Baelor dut attendre près d'une minute que Darla ne le rejoigne, les dents de la jeune fille serrée pour ne pas laisser échapper un râle de douleur.

Darla ne voyait pas où elle mettait les pieds, elle tâtonna le mur de pied en murmurant le nom de son mari, comme s'ils leur étaient dangereux d'être entendu. Elle sursauta lorsque sa main qui balayait lentement l'obscurité rencontrant un corps.

            - C'est toi, pas vrai ? s'écria-t-elle, d'une voix tremblante.

            - Non, répondit-il ironiquement.

Il ne put voir la moue sur le visage de Darla alors qu'elle enroula soigneusement son bras autour du sien pour l'aider à marcher. Après quelques temps à marcher, la première torche se dessina, au grand bonheur de Darla.

            Baelor la saisit de son bras libre avant de lentement se détacher d'elle. Les doigts de Darla glissèrent inévitablement sur le fer de l'uniforme, ses ongles grinçant dessus. 

La lumière se déroba d'elle en même temps que lui, Baelor orientait la torche vers les parois, méticuleusement, ne dévoilant rien de plus que la même pierre humide.

            - Qu'est-ce qu'on fait là ? demanda-t-elle après un certain temps.

Car Darla regardait partout où s'agitait la lueur du feu et ne trouvait rien à voir, Baelor s'agitait aussi d'impatience. Elle recula légèrement à un moment où il lui tournait le dos, se collant contre une paroi comme pour disparaître de sa vision.

            Un hoquet traversa ses lèvres lorsque le bas de son corps put toucher le mur mais que le chemin de sa tête fut bloqué.

            - Baelor, murmura-t-elle, comme un appel à l'aide.

Il pensa qu'elle s'impatientait comme lui et continua d'arpenter les longs sous-sols. Darla sentait des écailles contre ses cheveux, sentait quelque chose vibrait contre son crâne. Aucun mot ne put traverser ses lèvres quand la chose bougea réellement, mais un éclat de peur, aigu et sanglotant le fit.

            Baelor se retourna enfin à ce moment et éclaira le mur derrière elle, lui permettant à lui d'apercevoir enfin son dragon, qui se détacha de la paroi pour venir à lui.  

            - Qu'est-ce que c'est ? réussit-elle à demander, s'éloigner des deux à mesure que le dragon allait à Baelor.

Le prince sourit en caressant doucement la tête du dragon qui laissait échapper un étrange son de contentement qui sonnait plus comme un grognement pour Darla.

            - Je ne lui ai pas encore donné de nom.

            - Tu as un dragon..., souffla-t-elle finalement, confuse. Depuis quand ? Comment ?

Darla avait ses deux mains contre son ventre, comme si sa chair protégerait sa chair.

            - C'était un dragon sauvage, je l'ai trouvé, avoua-t-il en continuant de se mouvoir autour de la bête, on s'est trouvé.

Le sourire et la douceur, l'attention que portaient Baelor à cette bête brûlait les yeux de Darla. C'était donc cela qu'il fallait être pour le faire sourire, pour le rendre heureux.

            Envieuse d'une bête à écailles, si Darla n'était pas atteinte par la déception, elle rirait de sa propre situation.

            - Quand notre fils sera né, je pourrais voler avec lui autour de la ville, ajouta-t-il en posant son front contre le cou de son dragon, apaisant les deux bêtes. Pour le présenter à la ville comme le prince Targaryen qu'il sera.

Elle hocha la tête, même s'il ne la regardait pas.

             - J'ai aussi trouvé un œuf, pour notre fils.

            - Helaena voulait boire le thé avec moi pendant la sieste des jumeaux, je devrais rentrer maintenant, annonça-t-elle en lui tournant directement le dos pour retrouver les marches.

Elle ignorait pourquoi il l'avait fait venir ici, exposant son bonheur à ce qui n'avait jamais su le contenter. Elle ignorait tout autant pourquoi le voir apaisé fut si spécial, voir un véritable sourire sur ses lèvres.

            Peut-être était-ce un signe pour elle d'aller trouver ailleurs ce qui la ferait sourire comme cela ?

(...)

Darla connaissait la sensation de s'écorcher les genoux, ou la paume des mains. La douleur des nœuds de ses cheveux après avoir nagé dans la mer bordant Castral Roc. La douleur des saignements.

            Mais Darla ne connaissait la douleur.

L'écho des cris de sa mère aurait dû lui faire comprendre, ou peut-être qu'encore, cela aurait hors de sa portée. Elle aurait prié toute une vie pour que cela le reste.

Ses cris perçaient ses propres tympans et entre eux, elle ne cessait de s'excuser pour cela auprès des sages-femmes, d'une voix tremblante. Ils ne devaient qu'à peine comprendre ses paroles.

Son petit corps se tordait sur le lit, s'accrochant à ce qu'elle pouvait sans pouvoir réellement sentir de soutien. Darla se sentait simplement fondre dans un supplice lancinant. Les brefs moments où les contractions s'arrêtaient ne servait qu'à reprendre son souffle et prier pour que ce soit la fin. 

            - Faites que ça s'arrête, soupira-t-elle les yeux fermés.

Parlait-elle aux sages-femmes, aux dieux, à tout le monde ? Peu importait qui entendait ses plaintes, nul ne pouvait répondre à ses attentes.

Le temps de calme fut si court et les sages-femmes lui répétaient qu'elle était parfaite, mais Darla s'en fichait. La princesse continua à soupirer des prières sourdes, la sueur comme deuxième peau, elle ne pouvait plus s'accrocher à rien

            - On voit la tête !

Darla retenu un hoquet de dégout en sentant le crâne passé entre ses cuisses. Elle poussa plus fort pour que cela disparaisse, la sensation d'entre deux. Qu'elle soit libre. Les épaules passèrent dans un énième cri de terreur de Darla, qui reprenait contrôle de son corps dans un puissant sanglot.

            Elle n'entendit pas Baelor entré dans la chambre, la jeune fille s'était allongée entièrement sur le lit, les sages-femmes l'apaisant en essuyant son visage suintant.

            - C'est une fille !

Darla voulut réagir, sourire au moins mais la douleur la rattrapa brutalement. Baelor prit alors son enfant dans ses bras, tendu par l'une des sages-femmes qui se précipita ensuite vers sa femme.

            Ce n'était pas ce qu'il voulait, mais elle était là tout de même, comme lui l'avait été. Cela restait la chair de sa chair, son enfant mais pas son fils. L'amertume que sa mère avait gravé sur sa peau était plus forte.

            - Je veux ma mère, cria d'un seul coup Darla en se tordant mollement sur le lit, répercutant la même douleur qu'il y a peu.

            - Qu'est-ce qu'il se passe ?! Pourquoi a-t-elle aussi mal ?

Baelor tenait sa fille, incapable de calmer ses pleurs incontrôlés. Elle aurait dû être donné à Darla, elle aurait su quoi faire.

            - Un deuxième enfant, mon prince, s'écria avec joie l'une des sages-femmes.

Baelor se sentit coupable de cet espoir grandissant en lui, de voir un fils être amené dans ses bras en tenant le petit corps de sa fille.

            - Non, non, s'il vous plait, pas encore ! Je veux que ça s'arrête !

Les supplications de Darla étaient terribles à entendre. Il déglutit en s'éloignant du lit, avant de sortir totalement de son appartement. Sa mère était la seule autorisée dans le couloir vint à lui immédiatement. Elle l'aida à calmer sa fille, et lui assura en le voyant fixer le mur de ses appartements avec crainte :

            - Le premier accouchement est le plus difficile, Baelor, c'est normal.

C'était ce qu'il aurait dû faire, craindre pour la santé de Darla, pas pour le sexe de son second enfant. Après de longues minutes d'agonie, la porte s'ouvrit sur une sage-femme.

            - Une autre fille, mon prince, annonça-t-elle en tenant le bébé soigneusement, elle releva les yeux vers lui et compléta, je suis navrée. Lady Lannister aura besoin d'un long repos, elle a perdu beaucoup de sang.

Ce fut sa mère qui hocha la tête et fit appel à plus de mestres pour s'occuper de sa femme, tout autant elle qui fit amener un deuxième berceau pour sa deuxième fille. Baelor attendit d'être seul dans le couloir pour s'éloigner légèrement, jusqu'au jeune dragonnier qui attendait de déposer l'œuf.

            - Faites ramener l'œuf à Fossedragon, ordonna-t-il avant de retourner dans la chambre.

Il observa longuement Darla se faire amener ses deux enfants, elle semblait sur le point de mourir à chaque souffle mais souriait faiblement en leur donnant le sein. Les draps furent changés et la princesse nettoyée avant d'être forcée de se reposer, ce qu'elle ne put combattre.

            Plongée dans un long sommeil, ses filles furent présentées à la cour, à sa famille sans qu'elle ne soit là. Sans qu'elles n'aient de prénom puisqu'il n'avait songé qu'à des noms masculins.

Ce fut finalement au milieu de la nuit que Darla émergea, lorsque les pleurs de ses filles eurent raison de son sommeil. La douleur s'était légèrement atténuée, laissant simplement à un inconfort presque supportable. Elle put se redresser et marcher jusqu'aux berceaux qu'elle avait expressément demandé dans leur chambre.

            Dans le silence reposant de la nuit, elle leur donna le sein pour les calmer et les sentir proche d'elle. Même après les avoir bercées et bordées, Darla resta agenouillée devant leurs lits.

            - Vous n'étiez pas ce qui était voulu, mes jolies princesses, murmura-t-elle en caressant les joues de ses filles endormies. Mais vous êtes exactement ce que je désirais...

            - Darla, qu'est-ce que tu fais ? demanda la voix endormie de Baelor.

Elle se figea, comme prise sur le fait d'aimer quelque chose qui ne devrait qu'être une déception.

            - Daella et Alyssa, répondit-elle simplement, en continuant d'observer ses filles. Puisque tu n'as pas semblé nécessaire de les nommer.

Baelor ne pouvait rétorquer, il se redressa simplement. Darla était agenouillée devant le berceau de leur fille, brillantes à la lueur de la lune. Il se sentait comme une anomalie, répugnante et lancinante dans leur clarté et douceur. Il se sentait sous leurs peaux, il le voyait dans les yeux de Darla à présent vers lui.

            Le dégoût, mais l'attachement. Il s'était attaché à elle, et maintenant à elles. Cela signifierait sûrement leur perte.

            - Tu ne leur donneras pas l'œuf, pas vrai, finit par dire, sachant déjà la réponse.

L'œuf aurait été là, sous l'un des deux berceaux.

            - Elles sont deux.

Quelle piètre excuse, pensèrent-ils tous les deux. Elle hocha la tête et détourna les yeux de Baelor. Ses filles étaient là, et à ses yeux, cela était amplement suffisant.






























JE SAIS ça fait un bail...sorry. le chapitre était prêt depuis longtemps mais j'avais la flemme de poster en sachant que j'en avais pas d'autres en stock...
j'espère que ça vous a plu !!!

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