1.1 ; the dragonless



the corruption begins with the mouth, the tongue, the wanting. the first poem in the world is I want to eat
























[L'an 121]

Baelor fixait le feu dans l'âtre qui englobait son œuf. Il était sûrement assis trop proche, ses cheveux commençaient à coller à son front et à sa nuque par la chaleur. Il voulait pourtant se rapprocher un peu plus de la coquille immobile, jusqu'à ce qu'il puisse apercevoir entre les écailles si quelque chose bougeait encore.

Il se pencha un peu plus. Trop.

- Baelor, s'exclama une voix non loin de lui.

Sa mère le trouva bien aussi vite puisqu'elle savait où regardait. Le jeune prince ne bougea pas d'un pouce à l'approche de sa mère, continuant de fixer les flammes lécher les écailles bleuâtres de son œuf. Il attendait quelque chose. Qu'il éclose ou qu'il tombe en morceau.

- Ton frère et Sir Criston te cherchent, ajouta sa mère après son manque de réponse, ton entraînement va bientôt commencer.

- Il ne va jamais éclore, pas vrai ? murmura-t-il, ne s'adressant pas réellement à sa mère, sachant la réponse.

Alicent ne sut quoi répondre, ne voulant entailler plus son fils d'une blessure déjà suintante. Le silence fut pire. Il se mit à serrer les dents, comme il le faisait quand rien d'agréable ne pouvait sortir de sa bouche, souvent. Baelor ignorait l'habituelle démangeaison de ses canines, il était mieux que de mordre.

- Cela peut prendre du temps, Baelor. Tes frères et ta sœur n'ont pas vu éclore leurs œufs mais ils ont eu des dragons tout de même.

Il se redressa, abandonnant l'œuf à sa chaleur, abandonnant celle-ci. Il se retourna pour planter ses yeux dans ceux de sa mère. Le miroir de sa douleur était difficile à encaisser pour la reine. Ses grands yeux violets étaient peut-être la seule caractéristique Targaryen que les dieux lui aient accordés mais le ressentiment qui y résidait, c'était le sien.

Alicent avait accouché de ses espérances bafouées et celles-ci la fixaient maintenant, réclamant justice, rétribution.

Si Baelor ne pouvait pas avoir l'apparence du sang du dragon, il devait avoir le dragon lui-même. Si même cela lui était nié, que pourrait-il bien réclamer ?

Alicent fit un pas vers son fils qui recula aussitôt. Baelor détourna les yeux, il ne voulait pas de la pitié qu'elle avait offert à Aemond du temps où il n'avait pas de dragon. Quelques années auparavant, cela aurait pu l'aider mais à present, il n'y avait plus aucun dragon vivant à clamer. La reine pinça ses lèvres à l'éloignement de son fils.

- Aemond n'avait pas de dragon pendant des années et monte maintenant Vhagar, essaya sa mère, compatissant au mieux.

Le jeune garçon s'était attendu à ses paroles là. Baelor ne pouvait pas réellement en vouloir à sa mère de tenter de comprendre ce qu'il pouvait ressentir, ou de tenter de le réconforter.

- Les dieux ne te donneront que ce que tu nécessites réellement.

Ses deux rangées de dents restèrent unies, fermement, pendant un temps. Il n'avait pas besoin que cet œuf éclose. Cet œuf devait le faire. Il devait avoir un dragon, c'était la nature des choses.

- Les dieux m'ont privé des caractéristiques valyriennes, et maintenant d'un dragon, balança-t-il, incapable de refréner sa colère, je n'ai pas l'air de nécessiter beaucoup de chose selon eux.

Elle fut incapable de réfuter. Alicent ne pouvait pas comprendre et Baelor le savait. Et à l'intérieur de lui, il ne pouvait ignorer cette pensée qui lui assurait que s'il ressemblait plus à un Targaryen, son œuf aurait éclos.

Il soupira, regardant une dernière fois dans l'âtre la chose immobile dans les flammes. Baelor pourrait aisément se voir au travers des écailles : immobile, pourri.

- Je ne vais pas faire attendre Sir Criston.

Il quitta ses appartements ignorant les dernières paroles de sa mère.





[...]





[L'an 122]

Plus il approchait ses appartements, moins les retentissements du banquet arrivaient à ses oreilles pour son plus grand bien. Le mariage d'Aegon et d'Helaena était bien le dernier endroit où Baelor voulait se trouver. Chaque bref moment où sa famille était réunie réussissait à lui montrer à quel point nul ne se préoccupait réellement des autres.

Sa mère était tant aveuglée par l'idée de protéger sa famille et sa fille chérie du monde extérieur qu'elle ne réalisait pas qu'Aegon était sa plus grande menace. Lui-même était ivre à l'heure qu'il est, cherchant à éviter ce moment, ou du moins à le rendre le plus oubliable possible. Quant à Aemond, il n'avait pas souri de la journée.

Leur père, malgré le mal qui rongeait son corps, était présent. Au cours de la soirée, Viserys l'avait fixé durant une longue minute, ne parvenant à se rappeler de son prénom. Baelor aurait voulu blâmer la détérioration du corps et de l'esprit du roi, mais il n'arrivait pas à blâmer quelque chose d'aussi immatériel, quand il avait un objet de haine devant les yeux.

Le roi l'avait finalement appelé « fils ». La seule chose dont il pouvait être sûr.

Lorsque le verrou de sa porte fut enclenché et que la musique fut trop loin pour empoisonner son esprit, Baelor se sentait bien mieux. Instinctivement, le prince approcha sa cheminée où quelques braises survivaient encore.

Il se figea pourtant devant la scène. L'œuf qu'il avait laissé dans les flammes il y a quelques heures encore, l'œuf qui n'était plus.

Des écailles étaient éparpillées partout dans l'âtre et au-devant, comme si au lieu d'éclore, l'œuf avait implosé. Baelor s'approcha. Quelque chose bougeait encore et des couinements étranges retentissaient parmi ce qui constituait il y a peu son œuf.

Le prince s'agenouilla devant les débris. Il ne pouvait voir très clair mais il discerna aisément la chose difforme qui était sortie de son œuf. Ça n'avait d'écailles que sur certaines parties de son corps, le reste était au contact de l'air, à vif. Baelor pouvait voir le feu à l'intérieur de la créature, comme si elle se consumait d'elle-même. Il n'avait presque pas d'os, seul son crâne semblait en être pourvu. Du peu d'écailles que cette chose avait, Baelor pouvait voir le même vert de son œuf.

Le reptile avait des yeux, Baelor doutait qu'il puisse réellement voir, mais il pouvait entendre. Les deux billes vitreuses fixaient Baelor par instinct, les couinements continuaient. Ça ne demandait qu'à être achever, puisque quelle raison de vivre aussi déformée, aussi inapte à supporter chaque respiration.

Baelor se sentait malade rien qu'à regarder cette chose. C'était son dragon.

Lorsqu'ils étaient jeunes, Viserys, échappant encore à son mal, avait emmené les tous jeunes Aegon et Baelor à Fossedragon. Il leur avait appris que plus le lien avec un dragon était puissant, plus le dragon devenait le reflet de nous-mêmes. Aegon avait très vite eu Sunfyre, Helaena avait eu Dreamfyre, Aemond avait Vhagar.

Baelor fixait la chose. Son reflet ?

Il fallait qu'il l'achève, Baelor le savait. Quelque part, il l'avait toujours su. Tuer cette chose, c'était achever l'espérance d'avoir un jour son dragon, c'était accepter. C'était renaître.

Baelor serra les dents alors que sa main s'approchait de l'un des tisonniers de sa cheminée. L'autre stabilisa l'être déjà mourant, grimaçant au contact de sa peau visqueuse et brûlante. Il hésita mais finit par relâcher le tisonnier.

Au lieu de cela, Baelor saisit le corps du dragon d'une main et de l'autre sa tête. Il tourna d'un coup sec et brut, laissant la chose retombait mollement entre ses doigts. Ses mains garderaient des brûlures du contact. Il resta longtemps face au cadavre de ce qu'il avait toujours voulu, se demandant ce qu'il pouvait bien espérer avoir maintenant.

Il n'avait rien mangé ce soir-là au banquet, et il était né affamé. Maintenant avide, inassouvi, bafoué, il ne pouvait cesser de se nourrir.


—-

voilà, c'est une petite mise en bouche du personnage de Baelor pour se mettre pleinement dans l'histoire, le même genre de chapitre sera posté pour Darla soit demain soit après-demain pour que je garde un peu d'avance dans cette histoire

dites moi votre avis sur le petit débile en commentaire !!

merci beaucoup d'avoir lu, à très vite !!

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