Chapitre 45

Ce matin j'ai cueilli une rose.
Blanche.
Douce.
Elle était magnifique.
Mais bien trop pure.
Au soir je chercherais une rose. Rouge.
Aux pétales douces.
Aux épines nombreuses.
J'y mêlerais mon sang,
Et je déposerais mon poison.
Mortel.

Un mariage, un acte unissant deux corps, parfois deux âmes. Un acte sacré, souillé par certains humains. Souillé par certains dieux, en l'occurrence Hadès parmi eux. Et moi, avec.

Je n'avais jamais réfléchi à cela auparavant. Mon mariage. Je n'avais jamais réellement connu l'amour et je n'avais pas vraiment eu la chance de comprendre ce concept de s'unir à quelqu'un que l'on aime ou non. Certains couples de mes familles d'accueils s'aimaient sûrement, car il y avait quelque chose derrière leurs regards, une étincelle. Ils avaient une force invisible qui semblait les attirer, ils semblaient se comprendre à travers de simples regards. Mais d'autres couples... Je voyais clairement qu'il n'y avait pas cette étincelle dans leurs yeux. Eux possédaient des regards souillés par la colère, la jalousie, l'indifférence, mais jamais par ce qui semblait être de l'amour.

Héra et Zeus ? Ce n'était qu'une relation malsaine, un amour à sens unique. Héra semblait encore aimé Zeus, mais il ne lui restait que vengeance et jalousie. Zeus était enivré par la soif de pouvoir.

Cependant... Victor et Sophia s'aimaient. Ils avaient le même regard que Stefanos et Amphitrite. Ils se chérissaient, s'inquiétaient, ils étaient entourés respectivement de l'air que respirait leurs âme-sœurs.

Hadès et moi ne correspondions à aucun de ces cas cependant. Cela éveillait en moi une colère bien trop lourde à porter en moi.

Hadès était un manipulateur, et j'étais une stupide fillette cherchant le moindre grain de sable de ce qui pouvait être de l'amour. Je voulais y goûter, à cette chose si sacrée. Une chose. Ce n'était qu'une chose au final, alors pourquoi étais-je aussi désespérée d'en recevoir ?

Ma mère et mon père me donnaient de l'amour, ainsi que Stefanos et Amphitrite, cela aurait pu être suffisant. Mais j'étais en recherche d'une autre forme d'amour que jamais je n'aurais de la part d'Hadès.

Mon mariage ne serait qu'une union encore plus chaotique. Je ne comprenais même pas pourquoi Hadès voulait de cette cérémonie sacrée. Il aurait pu uniquement vouloir d'une cérémonie de couronnement, les traditions et obligations, avait dit Thanatos. Même lui avait eu un regard grave lors de ses explications il y a quelques heures. Même Thanatos, que je pensais stoïque à jamais, ressentait plus que son roi. Ils avaient tous pitié de moi, je n'en voulais pas de cette pitié qui me rappelais à quel point j'étais faible face à Hadès.

-Les cheveux attachés ou détachés, Lydia ? demanda ma mère avec un regard perdu dans le vide.

Mon cœur se resserra. Je n'apportais que malheur et danger à ceux que j'aimais. Pour quel but existais-je ? Quelle utilité à ne servir que de jouet au dieu des Enfers ?

-Détachés, répondis-je.

-Je peux rajouter une couronne de fleurs imposantes alors... Des roses blanches, avec cette robe...

-Rouges, la corrigeais-je froidement. Je veux des roses rouges.

Nos regards se croisèrent à travers le miroir face à moi et je vis l'incompréhension dans son regard.

-Lydia, si c'est parce que tu penses être impure... Ce n'est pas vraie, tu es la femme la plus pure que je ne connaisse.

Je lâchais un rire amer face à cette remarque.

-Je suis tout sauf pure, maman. J'étais peut-être pure quand j'étais encore avec vous. Peut-être pas même à cette époque, comment aurais-je pu être pure alors que j'étais destinée au dieu des Enfers ?

-La nuit a besoin du jour pour exister Lydia, dit-elle d'une voix douce.

-Hadès n'a pas besoin du jour, la coupais-je sèchement. Et si j'étais tout simplement un élément baigné dans la nuit ? Tu étais la déesse de la nuit, tu sais mieux que quiconque que la nuit restera intacte même si une étoile disparaît.

-Tu as surement raison... Je me sens juste si impuissante face à cette situation. Je n'arrive même pas à protéger ma propre fille, j'échoue à nouveau à mon rôle.

Un silence s'installa entre nous. Je voulais la rassurer, mais cela n'allait pas effacer ce qu'elle ressentait, alors je préférais garder le silence. Bien que je ne pensais pas ce qu'elle pensait. Ce n'était pas de sa faute si sa fille était uniquement bonne à semer le chaos autour d'elle.

-Je n'aime pas les roses blanches, je sais que tu les adores. C'est la raison pour laquelle je les hais, avouais-je alors qu'elle accrochait des paillettes dans mes cheveux ainsi qu'une couronne de roses bordeaux sublime. Elles me rappelaient constamment le sang les tâchant, ton sang.

-Je vois... J'aurais préférée ne jamais graver ce genre d'images dans ton esprit Lydia, dit-elle en entourant ses bras autour de moi et déposant une joue sur la mienne. J'aurais voulu pouvoir te voir grandir, j'aurais voulu être là à chacun de tes problèmes pour t'aider... Mais ma présence actuelle ne t'aide pas pour autant.

-C'est faux, dis-je en fermant les yeux. Ta présence compte maman. Votre présence, toi, père, Stefanos et Amphitrite, votre amour compte tellement...

Je me laisser réchauffer par sa chaleur afin de savourer ces instants que je ne pourrais peut-être plus jamais avoir. Elle se détacha de moi près quelques minutes qui passèrent bien trop vite, et appliqua du rouge-à-lèvres bordeaux sur mes lèvres.

Je me levais et observais mon reflet. J'étais belle. Plus que jamais. La robe était parfaite, tout était parfait, sauf mon regard. Mes yeux reflétaient peine et haine.

-Un bouquet de roses rouges pour ma princesse, me dit mère en tendant un bouquet.

Je le pris dans mes mains, et inspirait leurs odeurs. Leurs épines avaient étés enlevés et je trouvais cela bien dommage. J'aurais voulu serrer le bouquet jusqu'à m'en faire saigner les mains pour m'accrocher à une douleur physique.

J'entendis la porte s'ouvrir et je me tournais vers elle, voyant les dieux jumeaux entrer.

Aucun des deux n'attarda son regard bien trop longtemps sur moi. Pas même Hypnôs qui m'aurait d'habitude complimenté avec une pointe de moquerie. Par ailleurs, c'était la première fois que je voyais Hypnôs depuis que je l'avais vu blessé... À mort. M'en voulait-il ? C'était de ma faute s'il s'était retrouvé dans cet état après tout. Cela expliquerait sa froideur à mon égard...

-Vous êtes resplendissante, dit Thanatos par ce qui semblait être de la simple politesse.

Il était toujours sur ses gardes, et ses mots n'étaient rien d'autres que des obligations. Mais je ne m'attendais à rien de plus envers l'un des bras droits d'Hadès. Thanatos agissait ainsi avec tout le monde, cela semblait être dans sa nature. Même envers son propre jumeau, il semblait se retenir. Il gardait une muraille autour de lui surplombant chaque individu.

-Si vous êtes prête, nous devrions y aller.

J'hochais de la tête, et alors que nous allions sortir de la salle, Hypnôs toussota. Nos trois paires de yeux se tournèrent vers lui, et je lui lançais un regard curieux.

-Est-ce que je pourrais avoir... Une conversation privée avec la princesse ? demanda-t-il réticent.

Thanatos haussa des sourcils, mais ne broncha pas.

-Bien, j'attends devant la porte, faites vite. Nyx, vous pouvez y aller si vous le souhaitez.

Ma mère hocha de la tête et sorti avec Thanatos.

Alors que nous n'étions plus que deux dans la salle, et que ce n'était pas la première fois, je sentais une boule dans ma gorge. Je jetais un regard à Hypnôs, l'intimant de briser ce silence inquiétant. Il soupira et passa une main dans ses cheveux plus clairs que son frère, possédant des reflets d'ors.

-Hmm, marmonna-t-il. Je voulais juste racontez une histoire. Non, un fait.

-Oh ? Et bien, je t'écoute mais est-ce vraiment le moment propice pour ? demandais-je curieuse en inclinant ma tête sur le côté.

-C'est absolument le bon moment, affirma-t-il. Je ne raconte pas cette histoire à tout le monde Lydia, je ne l'ai raconté à personne à vrai dire...

Il fronça des sourcils et croisa ses bras, comme pour se réconforter lui-même de ce qu'il s'apprêtait à dire.

-Comme tu le sais, je suis Hypnôs, mais aussi Morpheus. Hypnôs est censé être le dieu des illusions et Morpheus le dieu du sommeil. Il s'agit de deux divinités distinctes de base.

-As-tu... Comme Hadès ou moi, tu as hérité des pouvoirs d'un autre dieu donc ?

-Oui. Thanatos et moi ne sommes pas des jumeaux.

-Quoi ? demandais-je surprise. Mais si, vous...

-Nous sommes des triplés, me coupa-t-il.

-Oh, euh... Mais vous êtes deux.

-Non, trois. Nous avons toujours été trois. Il y avait moi dieu des illusions, Thanatos dieu de la mort, et Morphea déesse des songes.

-Morphea... répétais-je. Mais où est-elle ? Attends, Morphea... Morpheus.

Mon cerveau semblait avoir fait un lien, mais cela ne me suffisait pas à comprendre. Au contraire, j'étais encore plus perdue. Je le laissais alors continuer son récit.

-Nous somme les triplés des sommeils. Le sommeil éphémère, le sommeil trompeur et le sommeil éternel. Nous étions trois corps distincts. Morphea était... Sensible. Quand elle plongeait dans le sommeil, ses émotions semblaient se confondre avec ceux des endormis. Elle perdait le fil au fil du temps. Thanatos et moi étions très protecteurs avec elle, nous voyions qu'elle se détériorait. Mais nous ne savions pas quoi faire. Nous n'avions pas ce problème avec nos pouvoirs, pour nous, la différence entre ce que nous étions et créions était clairement visible. Au contraire de Morphea. Un jour, elle est tombée amoureuse d'un humain. Nous n'étions pas d'accord avec ce choix, mais ne pouvions pas l'arrêter pour cela. Son amant tomba malade, une maladie incurable. Il souffrait de plus en plus, il ne pouvait même plus dormir face à ses douleurs. Morphea utilisait ses pouvoirs sur elle, pour l'aider le plus possible. Mais elle avait l'endormir de plus en plus longtemps, ne supportant pas de voir la souffrance de celui qu'elle aimait. Elle voulait le garder en vie à tout prix, mais elle oublia rapidement certains détails en faisant cela... Un jour, elle laissa son amant dormir trop longtemps. Bien trop longtemps pour un corps humain malade. Il mourra.

-Oh mon dieu... chuchotais-je d'une voix cassée.

-Morphea s'en voulu tellement... dit-il d'une voix tremblante. Elle semblait inerte pendant des semaines. Elle n'osait plus utiliser correctement ses pouvoirs, elle se perdait, se détruisait encore plus. Puis un jour... Elle a décidé de se donner la mort.

Je sentis mon corps se glacer. Je levais des yeux écarquillés vers lui.

-Mais...

-Hadès est notre roi, elle lui supplia de lui accorder cela. Elle ne voulait plus vivre face à son erreur. Elle avait causé la mort de son amant sans le vouloir, et elle n'arrivait plus à vivre avec. Hadès n'accepta pas au début, Thanatos et moi l'avions supplié de refuser. Mais Morphea s'est montrée plus intelligente, elle a supplié devant tout le royaume Hadès de la tuer. Car c'était sa punition pour avoir échoué son rôle de déesse, elle avait causé la mort d'un humain. Normalement, cette erreur ne lui aurait pas coûté la vie, mais devant tout le royaume... Hadès n'avait pas d'autres choix que d'accepter, il aurait paru faible au royaume et aux autres dieux s'il refusait et montrait des sentiments qu'il ne possédait pas.

-Quoi ? dis-je le souffle coupé.

-Il a tué votre sœur car il ne voulait pas paraitre faible ?

J'explosais de rire, un rire moqueur.

-Comment peux-tu le défendre Hypnôs ? Il a préféré garder son image propre, il n'est qu'un salaud insensible !

Hypnôs me scruta et le sourire le plus déchirant que j'avais vu jusque-là pris place sur son beau visage. Mon cœur se tordit face à cette vue. Le bel Hypnôs, courageux, loyal, et moqueur, heureux était plus sérieux et triste que jamais.

-Tu es bien trop gentille pour un tel monde, dit-il doucement. Ma sœur voulait mourir Lydia. Hadès le savait, elle aurait eu recours à tous les moyens. Elle avait pris sa décision. Hadès a aidé ma sœur, en lui donnant une mort digne.

-Digne ?! m'offusquais-je.

-Morphea est morte des mains de notre roi, sur son souhait, et son âme existe encore. En moi.

-Tu... Tu es Hypnôs et Morpheus, car l'âme de ta sœur...

-J'abrite son âme en même temps que le mien, oui. Mais il est scellé, car Hadès sait que vivre avec plus d'une âme est une folie.

-Je suis désolée pour ta sœur... dis-je en baissant mon regard au sol.

Je n'aurais jamais pensé qu'Hypnôs et Thanatos avaient une si lourde souffrance en eux. Un poids si lourd à porter.

-La raison pour laquelle j'ai partagé cela avec toi... continua-t-il. C'est non seulement pour montrer ma confiance en toi, mais aussi que je tiens à toi, princesse. Tu me fais énormément penser à ma sœur, Thanatos le penses aussi. Quand tu m'as retrouvé en sang, je t'entendais. J'ai cru entendre Morphea, j'ai senti ta peur pour moi. Je me nourris de la peur pour créer des illusions, et tu étais telle Morphea s'inquiétant pour ses frères.

-Hypnôs... commençais-je.

-Il y a toujours un moyen d'y échapper Lydia, me coupa-t-il plus sérieux que jamais. J'ai déjà perdue ma sœur une fois sans adieu car je n'ai pas su comprendre que parfois vivre était un terrible fardeau. Tu peux toujours échapper à cet avenir.

Mon souffle se coupa, et mon corps se glaça. Le regard d'Hypnôs se noircissait, me montrant qu'il était extrêmement sérieux.

-Qu'est-ce-que tu veux dire ? Bon sang Hypnôs, si c'est un autre des jeux tordus d'Hadès...

-Tu peux détruire Lydia, qui te dit que tes pouvoirs sont uniquement pour l'extérieur ? Tu peux te détruire.

Ma respiration devenait saccadée. Entendais-je réellement cela ? Était-il sérieux ? Hypnôs tenait cette conversation avec moi, qui allait à l'encontre de ce qu'il devait faire selon les ordres de son roi.

-Hadès te tuera pour avoir uniquement exprimés ces mots avec moi, dis-je prise de peur.

-Il ne le saura jamais. Je sais que tu ne veux pas de tout ça. C'est une solution Lydia, je voulais juste que tu le saches. Que tu t'en rendes compte. Personne en t'en voudra pour cet acte. Tu peux te tuer. Tu peux y échapper.

Y échapper.

Oui, je peux.

Bonsoir !

Que pensez-vous de tout cela hehe ? 🤓

N'hésitez pas à donner vos avis et votes ! On approche vraiment de la fin du tome car il ne reste plus que deux chapitres...

-xoxo❤️

Instagram: _eceem
Twitter: HizarciEcem

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top