Chapitre 44

Souffrir ?
Oh non, je suffoque
face à cette douleur.
Je ne souffre pas,
je me brise.
Je me brise à l'infini,
encore et encore,
c'est ça l'enfer.

Naître du chaos. Naître du chaos était une chose, mais créer à partir du chaos relevait un autre pouvoir bien plus puissant.

Être celui qui a forgé les dieux, être celui qui a partagé ses pouvoirs suprêmes en plusieurs âmes, pour crée un équilibre. C'est un pouvoir bien immense, tellement que personne n'aurait deviné que le chaos était en fait une âme, lui aussi.

La solitude, le Chaos la connaissait mieux que quiconque. Et il était déterminé à y mettre fin.

Peu importe le prix à payer.

* * *

Paye-t-on des conséquences de nos actes, ou est-ce simplement le destin qui nous frappe ? J'avais beau réfléchir, beau repasser les disques de souvenir en boucle dans ma tête depuis mon tout premier souvenir. Mais rien qui aurait conclu à cette situation n'existait. Je n'avais jamais rien fait de mal au point de subir ce jeu malsain, rien d'aussi tordu.

Qui décidait du destin au final alors ? Qui avait causé tout cela ? Apollon était dieu de l'avenir, les oracles ses yeux pour cela. Je les avais tués, le savaient-ils ? Apollon ne semblait pas savoir que j'allais le mener à sa mort, car continuer ce plan, en sachant qu'il y perdrait non seulement la vie, mais aussi l'existence... C'était du suicide, et c'était irrationnel.

Mais alors qui contrôlait le destin ? Qui était le destin ? Je voulais demander à cette personne pourquoi elle avait tiré les fils de mon destin de la sorte. Je voulais comprendre pourquoi je devais subir cela, il devait bien y avoir une raison, pour que ce soit moi qui subisse cela.

Le destin m'éloignait de l'amour à chaque fois, comme pour me prouver que je n'aurais jamais l'amour. Mais je vivais sans amour, je le pouvais, pourquoi diable continuer de me briser en mille morceaux, en me faisant croire du contraire ? Jusqu'où pouvais-je me briser ?

Si je frottais plus fort, le toucher d'Hardés allait-il disparaitre ? Je voulais effacer de ma peau sa trace, son odeur, ses sensations, tout. Je le sentais imprégné sur moi, en moi, étais-je encore moi-même ou m'avait-il entièrement englouti en sa propre existence ?

Il n'avait eu aucun remords, il y avait pris du plaisir, il m'avait murmuré des paroles écrasantes, tout en éveillant chaque parcelle de mon corps. Si seulement ce n'était que mon corps qui avait réagi... Mais même mon âme avait succombé. Je me haïssais toute entière.

Je l'avais laissé faire, en y prenant du plaisir. Et maintenant ? Après m'être endormie dans ses bras, chaire contre chaire, sang contre sang, je m'étais levée dans un lit froid, seule. Nous n'avions fait plus qu'un pendant quelques temps, puis il m'avait à nouveau abandonné à moi-même.

Je nettoyais le toucher de cet homme de mon corps, mais aussi ma propre lâcheté. Pouvais-je me purifier si seul le sang était visible sur chaque parcelle de mon corps ? Je pouvais creuser mon épiderme, mais je ne pourrais jamais atteindre mon âme. Hadès n'avait pas tatoué sa signature sur mon corps uniquement, il s'était entièrement ancré en mon âme. Et ça, c'était irrécupérable.

Jamais je ne me sentirais propre à nouveau. Jamais je ne serais Lydia à nouveau. J'étais souillée jusqu'à l'âme.

Je le savais, mais je continuais de gratter ma peau avec le gel douche, en faisant saigner ma peau, en remplissant mes ongles de ma peau. Tout ça pour effacer cette impureté quelques secondes. L'eau qui me tombait dessus me donnait l'impression que la souillure s'écoulait de mon corps. Dès que l'eau brûlante allait arrêtait de frapper mon corps à pleins fouets, j'allais à nouveau me rendre compte que j'étais imprégnée.

Je pouvais encore le sentir, son odeur, son toucher. Sur moi. En moi.

Je n'avais jamais autant souhaité mourir. Je voulais mettre fin à mes jours, mais il avait tout calculé. Il avait attendu que je ne puisse plus mourir, avant de briser la dernière chose à laquelle je m'accrochais.

Il n'y avait plus rien à prendre maintenant. Il était vicieux, il prenait tout mais ne donnait rien. À bout de force, mes bras glissèrent à terre. Je ne savais pas si mes larmes coulaient ou bien si c'était l'eau qui coulait. Si je m'endormais, j'oublierais un peu tout cela... Mais j'étais une hypocrite, je réussissais à dormir dans les bras de celui qui m'infligeait tout cela, mais pas seule. Mon esprit ne voulait pas céder à Morphée lorsque j'étais seule.

Il avait tout pris, je n'avais plus rien à perdre. Et je ne pouvais pas mourir, aucun obstacle ne me retenait de me faire payer pour ma stupidité. Je baissais ma tête en avant, de sorte que mon menton touche la naissance de mon torse. Puis je rejetais violemment la tête en arrière.

Le carrelage du mur de la douche entra en collision avec mon crâne, j'avais l'impression que mon cerveau était sorti de ma tête. La douleur était si forte, mais pas assez.

Alors je répétais l'action, de plus en plus fortement. Je sentais l'odeur de mon sang, et je vis que l'eau pure se mélangeait à mon sang, pour donner une couleur rosâtre.

Je n'avais jamais été une rose blanche, voilà que je me tâchais. Je me transformais en cette rose rouge que j'étais depuis le départ. Mon nez semblait saigner aussi, je n'arrivais plus à respirer par le nez.

Je me levais chancelante du sol blanc, et ouvrit la porte de la douche. J'ouvrais l'eau brûlante de la baignoire et laissait l'eau monter jusqu'au niveau qu'il me fallait. La salle de bain n'était plus qu'un endroit flou, décoré de buée. L'eau coulait sur le marbre blanc, mélangée à mon sang, je respirais de manière saccadée par ma bouche.

Si seulement je pouvais me liquéfier, et disparaitre comme cette eau...

Je mettais un pied dans l'eau bouillante, et lâchait un cri de douleur malgré moi. Mes plaies étaient à vif, mais au moins la douleur m'empêcher de me focaliser sur autre chose. Une fois allongée dans la grande baignoire, je plongeais ma tête dans l'eau, et aspirais le plaisir d'étouffer.

La journée où j'avais failli me noyer à la mer me revint à l'esprit. Si j'étais morte le jour-là, si je n'avais pas lutté pour rester en vie... Je n'aurais jamais vécu tout cela. Je regrettais amèrement de m'être attachée à la vie ce jour-là.

Mon esprit ne se brouillait pas aussi rapidement que je l'aurais souhaité, mais je restais sous l'eau. Je profitais de la douleur de mes poumons se contractants, cherchant désespérément de l'air. Je pouvais jurer avoir sentie cette même chose hier soir, avec Hadès.

Je ne serais jamais médecin. Je n'y avais pas repensé depuis un moment. Il avait arraché tous mes rêves... Mais avais-je assez lutter ? Je sortis ma tête de l'eau lentement. Je toussais violemment à crachais du sang. J'entourais mes mains autour de ma gorge comme si cela allait apaiser ma trachée.

Je ne serais jamais une mariée heureuse non plus. Je n'y avais jamais pensé à cela, je n'avais jamais imaginé mon mariage. J'aurais quand même voulu être une mariée heureuse...

Je ne serais jamais aimé. C'est ce qui faisait le plus mal. Je ne pouvais plus rien faire pour moi, mais je pouvais encore me battre pour ceux que moi j'aimais.

Je me nettoyais et sorti de ce bain. Je voulais que mes parents ai une paix éternelle, je voulais que mon frère et Amphitrite vivent heureux jusqu'à la fin des temps avec leurs enfants à venir. Je n'aurais jamais une vie de contes de fée, mais je la leurs donnerais. Je n'avais jamais cru aux contes de toute manière.

J'enroulais une serviette bleu marine plus douce que ma peau, et sortie de la salle de bain.

-Lydia ?

Amphitrite et Nyx, ma mère, se tenaient debout dans la pièce. Elles ne s'étaient pas assises sur le lit cassé, et regardaient les recoins de la pièce toutes les deux aberrants une mine terrifiée. Dévastée.

-Tu... Tu vas bien ? demanda ma mère d'une voix tremblante.

Puis leurs yeux se posèrent sur les parties de mon corps à découvert. Et un son de stupeur leurs échappèrent. Amphitrite porta une main à sa bouche, et planta son regard en pleurs sur moi.

-Je vais bien, dis-je fermement.

Je me dirigeais vers le dressing, et piochais une robe longue en mousseline noire. Car j'étais entièrement enterrée en enfer.

-Est-ce qu'il t'a fait ça ?

-Je crois bien que je me suis plus infligée de blessures physiques que lui, dis-je en enfilant la robe.

-Lydia...

-Je vais bien, répétais-je.

-Mais...

-Pourquoi êtes-vous là ? demandais-je en leur souriant.

Elles semblaient prises de dépourvues, complètement perdues face à mes réactions inattendues.

-Hadès... commença Amphitrite.

Elle éclata en sanglots sans pouvoir continuer sa phrase.

-Je suis désolée je...

-Ce n'est rien Amphitrite, les hormones te jouent des tours, la rassurais-je.

Ses pupilles bleus m'observaient comme si j'avais complètement perdue la tête. Je l'avais sûrement perdue d'ailleurs.

-Il veut que tu choisisses ta robe de mariage, lâcha ma mère du but au blanc.

Ma main qui brossait mes cheveux trempés s'arrêta brutalement. Puis elle temps repris son cours, et je les brossais, mais laissais l'eau s'écouler d'eux. Car je me souvenais de ses mains les touchants, les caressants, leurs déposant des baisers, il leurs avaient donné un amour illusionniste.

-Nom de Chronos ! s'écria ma mère. Tu saignes de la tête ! Lydia... Qu'a-t-il fait ?

Sa voix se brisa et elle se jeta sur moi, m'enlaçant délicatement, comme si je n'étais rien d'autre qu'une poupée fragile.

-Je vais bien maman, dis-je en lui retournant son étreinte.

Le choc se lisait sur son visage. Je ne l'avais jamais appelé aussi naturellement ainsi. Ce mot n'avait jamais traversé mes lèvres d'une manière fluide jusque-là.

-Alors, cette robe ? rappelais-je à l'ordre.

-C'est de la torture ! cria Amphitrite en larmes. Il la torture, il nous force à être complice de son enfer !

-Amphitrite, c'est ton roi, nous ne pouvons pas refuser ses ordres, dit calmement ma mère.

-On peut ! Je refuse nom de Chronos ! Je ne vais pas l'aider à détruire mon amie !

Amphitrite avait-elle conscience de l'ampleur de ses mots ? Savait-elle à quel point elle attendrissait mon cœur ? Je ne pouvais pas mettre au péril l'existence de ces personnes que j'aimais.

-Amphitrite ! cria mère les larmes aux yeux. Je ne prends pas plaisir à détruire moi-même l'existence de ma fille ! Il nous détruira si on va à l'encontre de ses ordres ! Je ne laisserais pas ma fille seule à nouveau, jamais.

Mes propres larmes, que je pensais avoir drainé jusqu'à la dernière goutte s'écoulèrent à nouveau. Je m'avançais vers ces deux femmes dont j'étais tout de même reconnaissante au destin d'avoir croisé mon chemin avec elles. J'enroulais un bras autour de chacune d'elles, et les serrais contre moi.

-Je vais bien, dis-je en reniflant. Je ne veux pas vous perdre non plus, alors faisons ce que nous avons à faire. Il n'a pas de notion de limite, il fera tout pour accomplir ses souhaits de toute manière.

-Lydia...

-Puis-je encore porter une robe blanche ? demandais-je en m'éloignant d'elle. Je ne suis plus pure, mais j'aimerais bien une robe blanche...

-Lydia, tu n'es pas... commença Amphitrite mais je la coupais.

-Comment vas-t-on choisir cette robe ? demandais-je.

-Amphitrite peut créer la robe, tu as une idée de ce que tu veux ?

-Je n'y avait jamais vraiment réfléchi mais... J'avais vu une fois, une robe d'un grand couturier. La robe était gracieuse longue, à manches longues et avait des très petites fleurs partout sur elle.

Amphitrite leva sa main sur moi, et ma robe devint une magnifique robe ressemblant à celle que j'avais en tête.

-Avec plus de paillettes peut-être ? proposa mère.

J'hochais de la tête, et après plusieurs autres retouches des mains de la néréide, j'avais sur moi une robe de rêve. Cette petite scène m'avait fait penser à Cendrillon.

La bonne fée confectionnant la robe de bal de Cendrillon. Je n'allais pas avoir le même destin que la jolie Cendrillon cependant... Si elle, avait pu s'échapper avant les douze coups de minuits en laissant uniquement une chaussure en verre derrière elle, moi j'allais devoir attendre minuit. Puis y survivre.

Si je fermais les yeux, je pouvais m'imaginer dans un autre monde. Un monde où ma mère et ma demoiselle d'honneur m'aidaient à choisir ma robe de mariée pas parce qu'elles y étés forcés. Un monde où j'étais une mariée heureuse, prêt à m'unir à un homme qui m'aime en retour.

Mais ce monde n'existait pas.

Je rouvris les yeux et observait mon reflet dans le grand miroir en or décorés de joyaux colorés. Je laissais ma mère et Amphitrite enlever la robe et la poser sur un mannequin apparu sans que je ne le remarque.

Et j'observais ma peau meurtrie. Ça, ces traces, ce sang séché, c'était le seul avenir après mes douze coups de minuit.

Bonsoir ! 🤓 Comment allez-vous ?

J'espère que vous avez aimé le chapitre, n'hésitez pas à donner vos avis et votes hihi🧚🏻‍♀️

Hadès a-t-il fait le pire de ce qu'il pouvait faire à votre avis ?

On se rapproche à grand pas de la fin... 🤓

-xoxo❤️

Instagram : _eceem
Twitter: HizarciEcem

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top