Chapitre 42
« La douleur
qui se nourrit
de douleur
n'en devient
que plus amère. »
-Johann Wolfgang von Goethe
☾ ☾ ☾ ☽ ☽ ☽
Le tout.
Le rien.
Ces deux concepts n'étaient pas opposés de base. Ensembles, ils donnaient le chaos.
Il était logique que tout vienne du chaos. Car c'est le seul endroit où il y a tout et rien. Un endroit indescriptible, où personne ne voudrait mettre les pieds. Un endroit qui existait avant les humains, les dieux et les titans. Un endroit dont tous sont sortis, mais seul un est entré.
Le chaos est puissant, le chaos doit partager son pouvoir s'il ne veut pas tout détruire. Le chaos c'est l'échiquier, qui est toujours assis à sa table, en train de bouger et détruire ses pions. Le tout, et le rien. Le blanc et le noir.
Le blanc ou le noir, peut-être.
Le chaos ne laisse pas place au gris, il divise ses créations en deux camps.
Le chaos prévoit tout, car il crée le tout, tout comme il l'abrite.
Si le chaos perd les fils de ses pouvoirs, il penchera plus d'un côté que de l'autre, ce qui le rendra encore plus puissant.
Mais personne ne connait assez bien le chaos, personne ne sera là pour l'empêcher de devenir encore plus chaotique.
* * *
J'étais debout, devant les deux trônes des dirigeants des Enfers. Devant moi, des personnes que je connaissais, les dieux jumeaux, Stefanos, Amphitrite, Aphrodite, et d'autres personnes qui étaient des dieux, vu leur aura. Nyx et Endymion étaient aussi ici. Puis, des âmes, des habitants de ce royaume, étaient-ils vraiment tous venus pour voir que j'étais saine et sauve ?
Car j'avais un étrange pressentiment...
-Comme vous pouvez le voir, votre reine est revenue, annonça Kairos d'une voix grave et emplie de pouvoir.
Des applaudissements en suivirent, et j'essayais de rester droite et stoïque malgré l'étrange sentiment qui me rongeait.
-Cependant, continua Kairos, après ces derniers évènements embêtants, j'ai décidé d'accéder certains de mes plans. Comme vous le savez, habitants des Enfers et invités, le couronnement de votre reine n'a pas encore eu lieu.
Kairos me regarda d'un regard profond mais froid à la fois. Pourquoi ce regard en plein milieu de ce discours ?
-C'est pourquoi, le couronnement aura lieu dans deux semaines, finit-il.
Des cris de surprise s'élevèrent et une déesse, Aphrodite, leva la main avant de prendre parole.
-Est-ce que cela signifie que votre mariage aura également lieu ce même jour ? demanda-t-elle. Car je dois alors m'y mettre pour les préparatifs !
Bon sang, s'inquiétait-elle de ça ? De quel mariage parlait-elle ? Je m'approchais de Kairos et le lui demanda. Il me regarda comme si j'avais perdu la tête.
-Le notre, qui veux-tu que ce soit d'autre ?
Je pouvais jurer que mon cœur avait arrêté de battre pendant quelques secondes. Avais-je bien entendu ?
-Notre mariage, répétais-je.
Je mettais un regard alarmé vers la salle, tout le monde semblait joyeux, et surtout excité. Ce qui n'était strictement pas mon cas. Je devais clairement être en plein rêve. Ou peut-être était-ce Hypnôs qui me jouait des tours ?
-Kairos, dis-je froidement.
-Lydia ?
-Te rends-tu compte que tu viens de me demander en mariage devant ton royaume ?
-Devant notre royaume, rectifia-t-il.
-Sans m'en parler !
-Et bien tu le sais maintenant, dit-il nonchalant.
-Ce n'est pas ainsi qu'on demande quelqu'un en mariage ! m'écriais-je agacée.
Je jetais un coup d'oeil curieux à la salle pour être sûre que notre petite discussion n'était pas sous surveillance. Les invités étaient bien trop occupés à parler entres eux, et ne voyaient pas la querelle entre nous. Fort heureusement...
-Tu t'attendais à ce que je me mette à genoux peut-être ? Avec un bouquet de roses, et un joli joyeux dans une boite en velours ? se moqua-t-il. Je ne suis pas ce genre d'homme Lydia.
-Tu as sauté toutes les étapes. Toutes, Kairos ! Et tu continues de les sautés, comme si tu étais seul dans cette relation, comme si mon avis ne comptait pas.
-Ton avis n'a jamais compté, Lydia, dit-il froidement.
Son regard émeraude était plus dur que jamais. Et sa voix venait de me glacer sur place. Je sentais la colère prendre possession de moi. Je venais d'être officiellement une meurtrière, je ne regrettais pas mes actes, j'étais instable émotionnellement, et il me disait ça ? Après que je lui ai dit qu'il avait besoin de faire des efforts pour que ça marche, lui et moi ?
-Alors qu'est-ce-que je fais là ? crachais-je pendant qu'il m'attrapait par le coude et m'éloignait des trônes, loin des oreilles et regards.
-Tu deviens ma reine, et femme, bon sang Lydia, combien de fois dois-je tout expliquer pour que tu cesses ces mêmes questions ?!
-Et rien de plus ? dis-je ahurie. Tu attends de moi que je devienne une poupée et figurante ?!
-Oui ! hurla-t-il fou de rage. À quoi penses-tu servir d'autres ?! Tu es incapable à m'aider à diriger ce royaume ! Tu ne me sers que de pouvoir, et de garantie d'une lignée plus puissante que jamais. Que penses-tu valoir de plus ?
Il me balançait les flèches de ses mots droit dans le cœur, perçant ma peau lentement, pour que je sente bien la douleur. Je dégageais mon bras de sa main, et reculais de quelques pas. Mes yeux me brûlaient, de choc, de colère et d'incompréhension totale. Ma gorge était nouée face à ses mots et je n'arrivais pas à avaler ce qu'il m'avait craché au nez. Aucun mot ne semblait vouloir sortir de ma bouche.
-Quoi ? Tu as perdu ta langue ? se moqua-t-il. Je te l'ai déjà dit, c'est toi, dans ton esprit qui espère et croit en une relation possible entre toi et moi. Je ne t'ai jamais donné cette garantie. Je ressens le lien et l'attirance pour toi, mais cet amour que tu espères au fond de toi ne se réaliseras jamais. Pendant que toi tu planifies un avenir romantique entre nous, moi je planifie les enfants et la puissance qu'ils auront. Et en tuant Zeus, tu m'as écarté d'un énorme fardeau. Ton pouvoir, c'est de ça dont je suis éperdument attiré, toi, tu ne vaux pas plus qu'une autre femme à mes yeux. Tu es même plus inutile que certaines, tu as grandi dans un monde humain, et tu es souillée.
Ah... Les mots.
Qu'est-ce qu'ils me faisaient mal. C'était douloureux d'entendre tout ça, encore plus douloureux que tout ce que j'avais enduré. Même Héra avait pris plus de soin lorsqu'elle avait eu mon cœur entre ses mains.
Mon cœur était en train de se déchirer, chaque syllabe du dieu des Enfers arrachaient un morceau de mon organe vital. Mon humanité m'avait clairement trahi, ce dieu n'avait aucun sentiment affectif, aucun. J'y avais tellement cru pendant un moment. Qu'il est besoin de moi pour se nourrir, qu'il se sente attiré par moi... Tout m'avait semblé être un amour naissant. Mais je m'étais trompée de long en large, tout n'était que désirs et illusions.
Tout était faux.
S'il s'inquiétait pour moi, c'était de peur de perdre la clé de son pouvoir suprême. Je l'avais vu avant, alors pourquoi diable avais-je cédée à nouveau ma confiance à cet homme ? Cet homme était le dieu des Enfers, il arrachait l'âme, tout comme il venait de me le faire.
-Je ne me marierais jamais avec toi, crachais-je amèrement.
-Car je ne t'ai pas demandé en mariage comme ce que tu attendais ? Comment as-tu pu penser que tu méritais une telle offre ? As-tu déjà vu des maîtres offrir des joyaux à leurs animaux ?
-Figures-toi, qu'ils le font.
-Et bien, dans ce cas tu n'as même pas autant de valeur qu'un animal.
Quelque chose se brisa en moi en cet instant. C'était les mots de trop. Les mots qui brisaient toute ma carapace, toute ma foi, toute ma confiance en moi. Tout ce que j'avais forgé s'écroulait devant mes yeux. Et je me jetais à son cou comme une cinglée.
Il m'intercepta rapidement et m'envoya balader contre un mur. Il enroula ses longs doigts puissants autour de ma gorge à découvert, et la serra fortement.
-Cette robe que tu portes qui évoque la couleur du sang, dit-il dangereusement en détachant chacun de ses mots, je la souillerais de ton propre sang. Alors réfléchis bien à tes actes, et obéis.
Je suffoquais, et agrippais sa main pour me dégager de son emprise. Mes pieds quittèrent le sol, et il me souleva jusqu'à la hauteur de ses yeux, puis me colla au mur et scella nos lèvres. Tout en gardant sa main me compressant le cou.
Je me débattais, et cherchais désespérément de l'air pour mes poumons. Alors que je commençais à voir des points noirs dans mon champs de vision, il me relâcha. Je m'écroulais au sol, contre le mur, et toussotais violemment cherchant à respirer à nouveau. Lorsque je commençais à contrôler ma respiration, Kairos, me regarda tellement indifféremment que je compris que Kairos, même si j'y avais cru, n'avait en réalité jamais existé. C'était Hadès que j'avais eu face à moi depuis le départ, pourquoi ne l'avais-je pas compris la première fois que j'avais eu ce doute ? Pourquoi avais-je fait la même erreur ?
Hadès m'agrippa le menton violemment, et me perça de son regard.
-Tu refuses ce mariage ? Libre à toi de refuser, mon cœur. Mais je t'ai donné l'amour d'une famille et d'amis, je pourrais reprendre tout ce que j'ai donné en un claquement de doigts. Je tuerais tout ce à quoi tu tiens, et je te briserais en mille morceaux, de tel sorte que tu sois réellement une poupée de chiffon. Et là, tu n'aurais même plus la force de refuser quoique ce soit. Je te fais clémence depuis le départ, je te laisse une liberté, mais ça s'arrêtera là. Alors si j'étais toi, j'accepterais mon destin.
Je sentais mes yeux s'exorbités, et mon cœur battait à tout rompre, prêt à sortir de son emplacement.
-Je peux te tuer, murmurais-je, avec mes pouvoirs. Je te détruirais comme je l'ai fait pour Zeus, Apollon et les oracles !
Je n'avais pas vu venir la claque m'envoyant à nouveau au sol. Je touchais ma joue douloureuse. Cette claque était bien plus douloureuse que celle de Zeus, car ce n'était pas que ma peau, mais mon âme qui avait été meurtrie par la même occasion.
-Me détruire ? Essais donc, ricana-t-il, tu ne peux pas tuer ton âme-sœur chérie, tu es bien trop attachée à moi, car tu as des sentiments.
-Tu me fais bien souffrir, toi, ripostais-je faiblement.
-Ils m'ont offerts une âme-sœur, mais ont oubliés les sentiments. Tu ne peux pas aimer ce qui t'es destiné, si tu ne ressens rien Lydia.
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Bonsoir ! 🤓❤️
Je sais que j'ai quelques jours de retard, MAIS c'est parce que je me suis enfin décidée sur la fin de Roses in the Chaos et que j'ai du recommencer ce chapitre pour le coup 🥀
J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à voter, commenter, et me suivre sur Instagram (ou Twitter si vous préférez) pour plus d'infos que je partagerais (comme des extraits et infos).
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