Chapitre 41

    Si tu n'oses pas tenir la rose par ses épines, nul besoin de la cueillir, et de l'arracher à son foyer.

Assise au sol, j'essayais d'assimiler ce que j'avais fait.

Je n'avais pas les mains ensanglantées, mais j'avais tué. Des personnes inconnues, mais aussi des personnes que j'avais vu comme ma famille. J'étais leur meurtrière, et il ne restait que poussière d'eux. Avaient-ils mérité la mort pour ce qu'ils s'apprêtaient à faire ?

Comment avais-je pu faire cela ? Je tremblais de tout mon corps et m'arrachait les cheveux.

J'avais tué.

Des personnes étaient mortes par ma faute par le passé, et aujourd'hui, j'avais tué, moi-même.

Zeus avait tellement tort, jamais je ne serais une rose blanche. Je ne l'avais jamais été. Nyx avait été déesse de la nuit, mais était pure. Moi, j'étais baignée dans le sang, je ne pouvais être autre chose qu'une rose rouge aux épines destructrice.

Lydia ! Entendis-je au loin.

Lydia !

-Lydia ! Lydia, réponds-moi, entendis-je la voix de celui qui m'était destiné.

-Kairos... ?

Il m'attrapa le visage, et m'attira contre lui, j'entendais ses battements de cœurs saccadés. Le cœur d'un immortel ne battait pas si fort, d'habitude. J'observais ses iris, et lu pour la première fois tant de sentiments dans ce regard, la peur, la colère, l'angoisse, et tant d'autres...

-Tu vas bien ? Que s'est-il passé ?

-Je les ai tués. Je...

-Shhh, tout va bien, tu as fait ce que tu devais faire. Thanatos ?

-Mon roi, ils sont... Détruits. Ils n'ont plus d'âmes, répondit celui-ci.

-Je vois. Ils ne restent plus rien d'eux... Ne restons pas plus longtemps ici.

Le paysage de la mort se dissipa, et je me retrouvais à être dans les bras de Kairos, dans sa chambre.

-Lydia ? demanda-t-il à nouveau.

-Comment ne peuvent-ils plus avoir d'âmes ? Qu'ai-je fait ? demandais-je effrayée par la vérité.

-Tu... hésita-t-il. Tu n'as pas uniquement tué leurs corps, mais aussi leurs âmes, tu les as détruits. Et tu as bien fait, Lydia, c'était ton seul moyen de te défendre, tu n'as rien fait de mal.

J'hochais de la tête, je ne pensais pas avoir fait quelque chose de mal, de toute manière. Mais jamais je ne dirais cela à voix haute. Je ne regrettais pas ce que j'avais fait, mais je ne comprenais pas comment j'avais fait cela.

-Lydia-

-J'ai senti, interrompis-je, que mon corps se défendait, je... J'ai senti que mon corps était prêt à tout pour empêcher qui que ce soit de me séparer de toi, c'était...

Je m'interrompis en voyant du sang sur moi, le sang de ceux que j'avais détruits.

-Je dois me nettoyer, dis-je en m'éloignait de lui. Je vais prendre un bain.

Kairos m'aida à me relever, et me suivit jusqu'à la salle de bain, il semblait bien plus impassible que d'habitude. Mais cela lui donnait un air incertain, du moins, à mes yeux.

-Lydia, ils ne reviendront plus jamais, tu comprends cela, n'est-ce-pas ?

Je me crispais.

-Plus jamais ?

-Ton pouvoir détruit. Il ne reste plus rien d'eux actuellement.

-Mais... C'était des dieux, s'il ne reste plus même leurs âmes... N'est-ce-pas un déséquilibre ?

Les yeux de Kairos s'assombrirent.

-C'est une chose dont je m'occuperais personnellement.

-Mais comment ?

-Nettoies-toi, et reposes-toi.

-Kairos, pourquoi ai-je toujours cette impression que... Que tu caches toujours quelque chose ?

-Je cache beaucoup de choses, répliqua-t-il.

-Oui, mais, tu me cache quelque chose de bien plus important, une chose que tu ne dis à personne. Je le sens, à travers ce lien, tu me bloque de pouvoir voire ce secret, comme en cet instant.

-Je ne pense vraiment pas que nous avons besoin d'avoir cette conversation maintenant.

-Pourquoi pas ? Je veux avoir cette conversation maintenant.

Les yeux de Kairos abritaient une colère noire face à mon insistance.

-Tu viens de détruire deux dieux, et les trois oracles, n'est-ce pas une raison suffisante ? demanda-t-il d'une voix glaciale. Ça ne te fait rien ? Car je te rappelle que l'un d'eux été ton père adoptif, et l'autre frère, deux hommes avec qui tu as passé un moment de ta vie, mais cela ne te dérange donc pas ? Tu es hypocrite Lydia, tellement hypocrite.

Je restais béat face à cette soudaine colère, et les paroles de Kairos avaient du mal à traverser ma trachée. Je n'arrivais pas à les avaler, de peur d'être encore plus brûler par cet acide glacial. Face à mon silence, Kairos continua de déverser son acide.

-Tu ne vas pas répondre ? demanda-t-il en riant faussement. Je suis toujours le cruel dans ta tête, je suis un monstre pour ce que je fais, selon toi. Et maintenant, que tu fais encore pire que moi, sans aucun remords, tu penses encore que je suis le seul monstre ? Comprends-tu ce que tu as fait ? Tu as détruit, cinq âmes divines n'existent plus en cet instant, par ta faute ! Tu détruits l'équilibre de nos mondes, et tu oses rester sans remords ?

-Tu tues depuis la nuit des temps ! hurlais-je. De quel droit peux-tu me reprocher quoique ce soit avec toutes ces morts sur ton dos !

Il ricana, et je vis encore une fois le diable en personne face à moi.

-Je tues, mais jamais je n'ai détruit, très chère. Je m'empare des âmes, et les gardes cloitrés dans un monde où je leurs offre bonheur suprême ou malheur pour l'éternité. Mais jamais, jamais, je n'ai détruit. Je crée du chaos, je crée aussi le calme absolu, mais je n'ai jamais causé destruction.

Et moi, jamais au grand jamais, je n'avais été aussi bousculée par des mots. Je pouvais répliquer de nombreuses paroles face aux siens, mais avait-il tort ? J'avais effacé tout trace de Zeus, Apollon, et les oracles. Était-ce la punition qu'ils avaient mérités pour ce qu'ils s'apprêtaient à faire ? J'aurais pu faire autre chose que les détruire pour m'en sortir, si j'avais attendu encore un peu... Kairos et Thanatos allaient arriver.

Mais depuis le début, depuis le tout début, n'était-ce pas ce que j'avais été ? Un monstre sans remords... ? Héra me l'avait aussi dit, que je n'avais rien ressenti pour la mort de mes amis...

Je tournais les talons, et au moment d'entrer dans la salle de bains, Kairos repris.

-Tu vas m'ignorer ? Cela ne va rien changer, tu resteras ce que tu es, je resterais ce que je suis, mais cesses d'ignorer ta nature et de jeter tout sur mon dos ! Cesses d'agir stupidement ! Rien de tout cela ne serait arriver si tu n'étais pas sortie de l'enceinte du palais !

-Je n'allais pas rester à l'intérieur alors que je voyais Hypnôs blessé ! criais-je à mon tour.

-Hypnôs, l'âme d'Hypnôs n'a aucune valeur comparée à la tienne ! Tu ne peux pas te jeter en danger aussi facilement, nom de Cronos ! Tu ne comprends rien.

-Alors expliques-moi ! Comment suis-je sensée comprendre sans explications ?! Tu as raison ! Nous sommes tous les deux des fichus monstres ! Le destin a bien fait les choses d'unir deux psychopathes ensembles ! Je ne regrette aucune mort, aucune destruction sur mon dos, mais je ne comprends pas ce que tu attends de moi, Kairos.

Il soupira et passa une main dans ses cheveux bruns. Il ferma ses yeux, et lorsqu'il rouvrit ses paupières, une couleur verte plus chaleureuse avait pris place à ses yeux coléreux.

-Je veux seulement que tu sois ma reine, et que nous dirigeons les Enfers ensembles. Mais pour cela, tu dois te protéger seule aussi, je ne dis pas que tu avais tort de détruire ce qui t'ont fait du mal, tu t'es protégée, mais tu ne pourras pas détruire tout le monde. Tu dois apprendre à contrôler tes pouvoirs, que ce soit pour donner vie, ou détruire. Tu dois comprendre que tu ne peux plus te mettre en danger.

-Et après ? Je ne peux pas faire ça en claquant des doigts Kairos, dis-je plus calmement. Tu dois me laisser le temps de m'adapter à cette nouvelle vie. Et tu dois comprendre que... Tu dois comprendre qu'on ne peut pas vivre ainsi, toi et moi, on ne peut pas faire un pas en avant, et dix en arrière. Tu dois faire face à certaines choses, comme notre relation. Nyx et Endymion, Poséidon et Amphitrite, je vois leurs relations, et je vois que deux âmes-sœurs agissent différemment de nous. Je ne peux pas vivre à tes côtés pour l'éternité si c'est pour que tu m'attire et me repousse sans arrêt.

Kairos devint stoïque face à mes mots. Cette fois, c'était à lui d'avaler l'acide.

-Hypnôs est vivant, prends ta douche, nous continuerons plus tard cette discussion.

-Donc tu fuis ? Attends, quoi ? dis-je comprenant soudainement. Hypnôs n'est pas mort ?

Mes paroles partirent dans le vide, car il était déjà parti.

* * *

Devrais-je mettre cette robe en velours bordeaux, ou la robe prune en soie ? Avais-je envie de me vêtir de la couleur du sang pour rappeler la réalité de mes actes, ou bien la prune, pour les cacher ?

-Tu as l'air perdue, entendis-je une voix féminine dans mon dos.

Je me tournais en cachant mon corps vêtu uniquement de mes sous-vêtements avec les deux robes à mes mains, et fit face à Amphitrite.

-Amphitrite ? dis-je étonnée de la voir ici, face à moi, après ce que j'avais fait.

-Je voulais venir voir comment tu allais, dit-elle timidement, pas que je m'inquiète pour toi, évidement. Je ne voulais juste pas rester en froid avec une déesse capable de me détruire à tous jamais.

Sa remarque me fit rire malgré moi. Et cela me détendit en quelques sortes.

-Et bien, je suis heureuse de te voir, j'espère que je ne subirais pas de crise d'hormones ? Je ne suis pas vraiment apte à gérer cela en cet instant.

Elle ria à son tour. Et mon cœur s'apaisa.

-Je mettrais celle en velours, si j'étais toi, dit-elle les yeux rivés sur la robe bordeaux.

-Pourquoi donc ?

-Montres à ton peuple que tu es fière de porter du sang sur toi, car s'ils pensent que tu regrettes tes actes, personne ne te respectera.

-Et si je n'en suis pas fière ? demandais-je.

-Oh, mais tu l'es, déesse de la naissance et destruction, je peux le voir à tes yeux. Nous néréides voyons à travers l'âme.

-Tu as raison, cela ne semble pas repoussant de porter du sang sur soi, ça a même un côté plaisant...

Je me tournais à nouveau face à la glace, tenant la robe en velours sur moi. Je l'enfilais, sans plus de pudeur sous les yeux d'Amphitrite, et elle m'aida à me coiffer et maquiller.

Je voulais un maquillage doré pour mes yeux, pour rappel que j'étais reine.

Je voulais des joues roses pour la vie.

Je voulais des lèvres noires pour la mort.

Je voulais cette robe bordeaux pour le sang.

-Tu es prête, laissons le peuple se prosterner face à sa reine, tout le monde sera là pour voir que leur reine est saine et sauve.

-J'ai soif, dis-je en agrippant ma gorge.

-Tu veux que je donne un verre d'eau.

-J'ai soif de sang, Amphitrite, dis-je froidement.

Oh oui, j'avais soif de sang. Après un tel effort de pouvoirs, je devais me nourrir.

De sang.

Bonsoir meilleur(e)s lecteurs/lectrices ! ❤️

Je reviens avec ce chapitre hehe 🤓(non-corrigé pour l'instant >.<).

J'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à voter et partager vos opinions. Je ne sais pas si vous sentez la petite évolution personnelle de Lydia à travers ce chapitre...

En espérant que l'imagination me vienne plus rapidement pour le chapitre prochain, je vous fais des câlins virtuels.

Si vous voulez jetez un coup d'œil à mon autre histoire Ruby, libre à vous ❤️ Je vais publier le chapitre 9 demain.

insta : _eceem

-xoxo ❤️🥀

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