Chapitre 35

N'écoute pas trop le diable,
Au risque de devenir diable.

-Je ne rentre dans aucune de tes robes, Amphitrite, constatais-je agacée. Je ne sais ni comment tu fais pour échanger ta queue de poisson en deux jambes aussi fines, ni comment tu peux penser que je rentrerais dans l'un de ses tissus étroits. À quoi bon être une déesse avec mes larges hanches et cuisses ?

Cela faisait trois heures qu'elle me faisait essayer des multitudes de robes beaucoup trop serrées pour moi. Et à chaque robe, mon égo perdait de plus en plus de morceaux. Pourquoi ne pouvais-je pas porter l'une des robes dans mon propre dressing ? Ah oui, car je cite : "elles n'étaient pas assez dénudées".

Amphitrite planifiait de me rendre vilaine et tentatrice pour le dîner car bien que j'étais dans un corps de déesse depuis un mois, chaque jour mon âme-sœur devenait plus difficile à atteindre. Notre relation régressait de jours en jours, et je commençais à en avoir ras-le-bol. J'étais morte, il m'avait tué, il n'avait aucun droit à m'ignorer ainsi après cela.

-Ô, je sais ! s'écria-t-elle soudain en claquant ses deux mains. Je vais découper cette robe, dit-elle en tirant une robe bleu pastel cousu de pierres bleus dessus.

Je l'observais faire durant quelques minutes, assise sur mon lit, et lorsqu'elle finissait enfin, j'enfilais la robe. Du moins, ce qui avait un jour été une robe, car je n'avais plus que des morceaux de pierres sur moi...

-Bon sang ! Il est hors de question que je garde ça sur moi ! m'offusquais-je.

-Et pourquoi ça, chère reine ?

-Je ne suis pas encore officiellement reine, et, corrigeais-je, je suis quasiment nue !

Effectivement, j'avais un décolleté beaucoup trop voyant descendant jusqu'au-dessus de mon nombril, et j'avais les hanches vides aussi, et mes jambes... Deux énormes fentes montaient jusqu'au haut de mes cuisses de chaque côtés, et s'écartaient au moindre pas. Je me sentais nue, je ne pouvais pas sortir comme ça en dehors de cette chambre, encore moins devant Kairos !

-Maintenant, les bijoux, puis cheveux et maquillage ! dit-elle en sortant des objets d'un coquillage.

Comment tant d'objets pouvaient sortir d'un fichu coquillage ?!

-Amphitrite, je ne sais pas comment vous, les sirènes, vous habillez, mais je ne peux pas porter cela, dis-je sûre de moi.

-Néréides Lydia ! Les sirènes sont différentes. Et oh que si, tu la portes, tu ne l'enlèveras pas. Lève tes cheveux, ce collier en or et ses bracelets qui vont avec sont parfaits. Pas de strass en plus, juste de l'or pure.

Je la laissais faire jusqu'à la fin, elle me prépara jusqu'au bout des ongles, et le résultat était très satisfaisant, mais je me sentais toujours aussi dénudée.

-Amphitrite, je ne suis vraiment pas à l'aise là-dedans. Je ne suis pas une danseuse orientale, regardes-ça, dis-je en serrant un morceau de graisse de ma hanche, mes bourrelets ressortent !

-Cesses donc de dire n'importe quoi ! cria-t-elle agacée. Si tu ne veux pas voir une néréide énervée, sors et va dîner. Je connais mieux les hommes que toi très chère, ce que toi tu appelles "bourrelet", est une forme magnifique pour certains, et le roi en fait partie.

Je soupirais résignée, et la suivie vers la porte de ma chambre. Elle sortit d'abord, et je vis Thanatos en train de discuter avec Hypnôs, je sortais à mon tour, et les jumeaux dirigèrent leurs regards vers moi.

Hypnôs eu un énorme sourire au début, qu'il perdit aussitôt après m'avoir analysé de haut en bas. Quant à Thanatos, pour la première fois depuis ma rencontre avec lui, il eut une émotion plaquée sur son visage, une expression ahurie...

-Je t'avais dit que cette tenue était horrible ! me plaignis-je en me tournant vers la fichue sirène. Regarde leur tête !

Thanatos toussota et son regard remonta à mes yeux.

-Cette tenue... commença Hypnôs, Cette tenue n'est pas horrible dans le sens péjoratif, mais assurément horrible pour toute personne attirée par toi, c'est-à-dire, un grand nombre de personnes. Ce qui ne plaira pas au roi.

-Je t'avais aussi dit que ça ne plairait pas à Kairos, regardes, il l'a dit, l'accusais-je en pointant Hypnôs du doigt.

Amphitrite roula des yeux, et je vis les joues d'Hypnôs rougirent, pourquoi donc était-il gêné ?

-Avancez, lâcha sèchement Amphitrite, je vais étriper ma propre reine sinon.

Les deux hommes nous laissèrent avancer, en restant à nos pattes, et les trois créatures me laissèrent devant la porte de la salle à manger seule. Je respirais un grand coup pour rassembler mon courage, je priais pour ne pas sortir de cette pièce humiliée. Kairos m'ignorait vraiment depuis quelques jours, comme si ma présence était fantomatique, inutile aussi. Du moins, c'est ainsi que je le sentais...

Je tournais la clenche et entrais, pour ne voir que des servantes, aucun roi en vue. Étrange... Il était toujours là avant moi pourtant...

Je me plaçais à ma place habituelle, et attendis.

Les plats avaient l'air très bon...

Et j'attendis encore un peu.

Les couverts avaient-ils changés ?

Puis j'attendis encore.

Et encore plus.

J'avais eu le temps de compter les perles sur ma tenue, de compter le nombre de petit pois dans le plat au centre de la table. J'avais eu le temps de compter le nombre de pièces qu'avait l'énorme lustre siégeant au-dessus de ma tête aussi...

Mais Kairos ne semblait pas arriver.

Lorsque je vis que la fumée émanant des plats avait cessé depuis longtemps, et que tout à table était froid, que j'entendis mon ventre gargouiller, et qu'une bonne me demanda si je ne voulais pas commencer mon dîner, je me levais de la chaise, les larmes aux yeux.

Jamais je ne m'étais sentie aussi humiliée. Pourquoi était-il si froid avec moi ? Qu'avais-je fait de mal ? Tout allait bien à mon réveil, alors pourquoi s'était-il éloigné de moi les jours qui ont suivis ?

Je sortis, croisant Hypnôs et Amphitrite devant la porte. Je détournais tout de suite mon regard et marchais vers ma chambre. Ils ne dirent rien, me laissant seule dans mes larmes, ce dont je leur étais reconnaissante. Je me sentais déjà assez honteuse ainsi.

À cause de ma vision brouillée par mes larmes, je ne vis pas la personne sur qui je fonçais, et faillis tomber à la renverse. Mais, de grands bras puissants m'attrapèrent et me remirent en place.

Je reconnue son odeur et releva la tête. Il avait les sourcils froncés, mais ma tristesse se transforma en colère et je le poussais pour entrer dans ma chambre. Amphitrite entra derrière moi, et j'entendais Kairos demander ce qu'il s'était passé, d'une voix colérique, à Hypnôs.

-Lydia... murmura doucement Amphitrite, Ne sois pas triste, il... Il doit bien y avoir une raison, ne t'inquiètes pas.

Soudain, une horrible pensée traversa mon esprit.

-Est-ce-qu'il... Se pourrait-il qu'il y ai quelqu'un d'autre ? demandais-je en hoquetant.

Je n'avais jamais pensée à cette option, mais elle était possible... Peut-être qu'il y avait une autre femme... Ô mon dieu... Non, non, non...

-Qu-Quoi ? s'écria Amphitrite. Nom de Cronos ! Bien sûr que non ! Arrête de dire des choses aussi insensées !

-Mais il ne m'approche plus ! Il me fuit ! Il y a absolument quelqu'un d'autre.

Avant qu'elle ne puisse répliquer, la porte s'ouvrit en un fracas, et l'homme en question fit son entrée. L'air de la pièce chuta de quelques degrés, et j'eus des frissons glacés qui prirent possession de mon corps.

-Sors, ordonna-t-il d'une voix ferme à Amphitrite.

Elle ne se fit pas prier, et après une révérence, elle sortit.

-Lydia, dit-il calmement.

J'essuyais mes larmes du revers de la main avant de répondre.

-Oui ?

-Je peux savoir ce qu'il se passe ?

-C'est à moi de poser cette question, répliquais-je d'une voix cassée. Tu es celui qui m'évite depuis presque un mois.

Il fronça des sourcils et s'approcha de moi.

-Qu'est-ce-que tu racontes ? demanda-t-il surpris.

-Tu ne m'approches pas depuis que je suis...

Son regard changea brusquement, ses yeux émeraudes se noircirent, et j'en oubliais mes mots. J'avais l'impression qu'il me brûlait du regard, il semblait me déshabiller par la pensée plusieurs fois, et ses muscles se crispèrent. Je vis sa pomme d'Adam monter et redescendre.

-Quelle est cette tenue ?

-Je... Quoi ?

-Lydia, est-ce que tu essayes de me faire perdre la tête ? dit-il frustré en passant une main dans ses cheveux soyeux.

Il recula en arrière et soupira. Pourquoi restait-il ici si je l'agaçais autant ? Il n'avait qu'à sortir de ma chambre et aller faire ce que bon lui semblait. Ou bien aller aux bras d'une autre femme ?

-Je vais renvoyer Amphitrite de là où elle vient, brailla-t-il. Tu t'es baladée comme ça dans tout le château ?

-Amphitrite, m'a uniquement aidé, sauf qu'un certain roi n'a pas daigné montrer sa présence au dîner, ce qui a conduit ses efforts en vains.

Il m'étudia pendant un long moment, et s'approcha lentement de moi.

-J'avais des choses importantes à régler, répliqua-t-il, je suis le roi, comme tu l'as précisé.

-Et je suis- commençais-je en me levant énervée, mais je me tus.

Je n'allais pas jouer à ce jeu. S'il ne voulait plus de moi... Je pouvais partir d'ici, et continuer ma vie ailleurs, non ? Je n'allais pas rester dans un endroit où je n'étais pas désirée.

-Tu es ? demanda-t-il.

-Si tu ne veux plus de moi, laisses-moi partir tout simplement, lâchais-je froidement.

-Quoi ? demanda-t-il encore plus surpris. Bon sang, de quoi est-ce-que tu parles Lydia ?

-Tu m'ignores depuis que tu m'as tué ! Tu étais celui qui disait que le lien allait être complet et que l'on deviendrait encore plus assoiffé l'un de l'autre ! Mais tu me laisses seule, avec ce nouveau corps et... Tu apparais quelques minutes par jours, et agis comme si je n'étais qu'un poids trop lourd dont tu voudrais te débarrasser !

Lâcher les mots que j'avais sur le cœur n'enlevèrent pas le poids à ma poitrine, et je tremblais de colère et frustration. Je ne relevais pas la tête vers lui, et des mots qui ne devraient pas sortir s'échappèrent de mes lèvres.

-Il y a quelqu'un d'autre, c'est ça ?

-Pardon ? demanda-t-il ahuri.

-J'ai compris, dis-je calmement, sors, et va retrouver cette foutue personne, je m'en fiche, mais laisses-moi partir dans ce cas !

Ma voix résonna puis le silence s'abattu dans la pièce. Je relevais la tête ne voyant plus de réaction de la part de Kairos, et je fis face à deux émeraudes scintillantes de paillettes d'or. Il paraissait choqué, puis sa mâchoire se contracta et il serra ses poings.

Après un temps qui me parut interminable, il avança à quelques centimètres de moi, de pas lourds, mais assurés. Nos regards s'ancrèrent l'une dans l'autre, mais aucun de nous deux ne parla jusqu'à que Kairos leva sa main vers mes cheveux et détacha une perle accrochée à eux.

-C'est ce que tu penses ? murmura-t-il mesquin. Que je vois une autre personne ?

Il explosa de rire, mais n'avait pas du tout l'air très amusé pour autant.

-Tu oses me sortir ce genre de stupidité habillée ainsi ? Comment peux-tu penser cela alors que... Lydia, continua-t-il plus sérieusement, je t'ai seulement laissé du temps pour t'adapter petit à petit à ton nouveau mode de vie. Tu as vomi après avoir bu mon sang, ton corps et esprit avaient besoin de temps, ce que je t'accordais. Du temps.

-Quoi ? demandais-je surprise.

-Si je restais éloigné quelques temps, tu n'allais pas avoir besoin de boire mon sang, durant un temps limité. J'attendais juste que tu arrives au point où tu comprends que tu as besoin de mon sang.

-Oh, murmurais-je. Mais, tu aurais pu me le dire, je pensais que...

-Que je ne voulais plus de toi ? Que tu ne m'attirais plus ? susurra-t-il au creux de mon oreille.

Des frissons de plaisir m'envahirent le corps, et je fermais les yeux face à cette proximité qui m'avait tant manquée.

-Donc...

-Donc, j'ai tout simplement envie d'arracher cette robe qui ne recouvre rien, et qui en plus fait ressortir les plus belles parties de ton corps, dit-il en caressant mon bras.

Oh.

Donc...

-Lydia ?

-Kairos ?

-Tu es très mignonne avec ta jalousie mais, ça ne colle pas beaucoup à cette image tentatrice que tu m'offre accoutrée ainsi, pourquoi ne pas jouer à un jeu ?

-Quel genre de jeu ? demandais-je alors qu'il nous allongeait sur le lit.

-Le genre où...

Je n'entendis pas le reste, car la fatigue m'emporta et je m'endormis dans ses bras qui m'avaient manqué. Son odeur et voix avaient eu l'effet d'une berceuse, et ma conscience m'avait peu à peu quittée.

Cependant, j'aurais juré l'avoir entendu lâcher un juron avant de me laisser complètement sombré dans le sommeil.

                                                                                     ☾

Hiii !

Je suis désolée je n'ai pas pu publié le chapitre plus tôt....

J'espère que vous le chapitre vous a plu ! Lydia fait des siennes encore 😂

N'hésitez pas à envoyer une étoile fiante et des commentaires !

-xoxo❤️🦋

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